DAC et ampli casque pour iDevices

Fostex HP-P1

L’HP-P1 Fostex révolutionne réellement le triste rendu des appareils Apple. Cette association convertisseur N/A et ampli casque dédiée à Apple pourrait bien vous faire enfin aimer le MP3 à condition de choisir le bon casque.

Fostex-HPP1-avant

De gauche à droite, le port USB d’entrée de flux audio (appareils Apple), l’entrée analogique ligne en mini jack, la sortie casque et la diode indiquant la mise en marche et l’état de la batterie : vert tout va bien, rouge il est temps de la recharger.

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La face arrière bénéficie d’une sérigraphie complète et très explicite. Tout à droite le port d’entrée mini USB pour la recharge de la batterie.

De vous à moi, que peut-on reprocher aux iPods et autres iPhone. Ils sont désirables, fonctionnels, innovants et savent quasiment tout faire sauf que… quand la pomme passe, le son trépasse !! Pour une société qui a bâti sa réputation sur la musique et sa nouvelle manière de nous la faire consommer en tube à 0,99 €, les modèles Apple se suivent et se ressemblent.
Convertisseurs bas de gamme, amplis casque très moyens, bridage certes indispensable pour nous garder quelques clients après 40 ans mais qui aplatit encore plus le rendu des iPod, iPhone et autres iPad, on a beau ne jouer que du FLAC, le son s’apparente à une crêpe. Tout ceci est fini, l’appareil remplaçant le beurre, l’argent du beurre et le Nutella de la crémière, est arrivé chez Fostex et s’appelle le HP-P1. Surtout ne lisez pas ce banc d’essai, vous finiriez par aimer les MP3 !

Un format portable

Fostex-HPP1-iPhone

L’HP-P1 raccordé à un bon vieux iPhone 3GS via le cordon fourni. Le logiciel visible sur le mobile est le Sonic Max Pro de BBE Sound, un player générateur de brillance et gonfleur de basses, un plug nettement moins utile avec l’ampli Fostex.

A peine plus grand qu’un iPhone 4 et épais à peine moins du double, l’HP-P1 est un convertisseur DAC portable, autoalimenté et équipé d’un ampli casque performant, et il est exclusivement prévu pour fonctionner relié à un appareil mobile Apple de type iPod Classic, Touch ou Nano, iPhone et iPad. Pour cec faire, il récupère les data directement depuis le connecteur dock à l’aide d’un port 30 points fourni et évite donc entièrement l’étage de conversion et d’amplification d’Apple ne laissant aux appareils à la pomme que ce qu’ils savent faire le mieux, l’ergonomie, le stockage et l’affichage. Une entrée ligne est malgré tout prévue pour relier l’HP-P1 à des références Apple plus anciennes et non compatibles car ne délivrant pas le flux numérique (voir fiche de compatibilité en bas de l’article) ou bien à toute autre marque de baladeur. Une sortie ligne analogique est aussi prévue tout comme une sortie au format S/PDif pour interfacer des enregistreurs, un ampli domestique ou de la diffusion sans quitter le domaine numérique. Raccordé à un iPhone ou iPod, ce dernier est pleinement fonctionnel tant que l’HP-P1 est éteint, mais il suffit de le mettre sous tension en tournant la commande de volume pour qu’il prenne la main en coupant l’audio du player, ce dernier émettant la classique note aigrelette de connexion à une unité externe. La complicité entre Fostex et Apple est évidente puisque l’HP-P1 s’affiche dans les menus du lecteur et on peut même connaître sa version de micro logiciel. Toujours au niveau des commandes, l’HP-P1 dispose pour l’ampli casque d’un triple choix de gain extrêmement bien pensé. La position 3 est celle qui donne le niveau de sortie le plus important et est à réserver aux casques à moyenne ou haute impédance. La seconde convient aux casques de type baladeur déjà conçus pour les étages anémiques des lecteurs les plus répandus. La première est à réserver aux intras, surtout ceux disposant de transducteurs à basse impédance et haut rendement. L’avantage de cette commande de gain est l’optimisation du rapport signal/bruit (de la dynamique), une quête essentielle tant par exemple l’usage d’in-ears moulés isolant du bruit ambiant met en exergue le léger souffle des étages de sortie de l’H1-P1 si vous laissez le gain en position 3. Ce même petit souffle se révèle en revanche pratiquement inaudible avec un casque fermé de studio comme le K271 AKG. De la même façon le silence est quasiment total avec des ears comme les EM3-Pro Earsonics sur la position 1 du gain de sortie tout en disposant déjà d’un niveau quasi insoutenable à trois quarts du volume. Une seconde commande donne accès au filtre numérique du convertisseur et offre deux réglages. La position 1 est celle standard avec une pente de coupure raide classique. La seconde proposée par AKM, le fabricant des convertisseurs équipant l’H1-P1 se révèle être bien plus intéressante et musicale en limitant le temps de retard de groupe, ce qui a pour effet d’assouplir, de chauffer et à la fois de rendre plus précis le rendu. Bien entendu le réglage du filtre n’a d’utilité que si le convertisseur est mis à contribution en l’alimentant via l’entrée USB, et son effet ne s’entend que sur la sortie casque et ligne, pas sur celle S/P DIF qui ne fait que répliquer après conversion de format le signal numérique rentrant.

Fostex-HPP1-housse

Le montage type de l’HP-P1 plus iPhone bien emballé dans la housse noire sur mesure livrée avec le boîtier. Ce sac dispose de deux anneaux métalliques pour dragonne (non fournie) mais surtout d’un passant de ceinture (le port conseillé).

On reviendra plus loin sur une analyse plus précise même si subjective de l’effet du filtre, son influence n’a pu être mise en évidence au travers de nos mesures vue la façon dont l’H1-P1 s’interface uniquement via un baladeur Apple. Assez économe en énergie malgré une puissance de sortie de 80 mW à 32 ohms, l’HP-P1 tient jusqu’à 7 heures en marche et se recharge en 5 au maximum branché sur le port USB d’un PC ou d’un mac voire moins sur un bloc secteur délivrant 5 Volt. Deux diodes précisent l’état de la batterie de bord et son chargement.

Le son retrouve du relief

Fostex HP1 open

La carte imprimée supporte l’ensemble de l’électronique et de la connectique. La batterie est montée sur un support qui s’insère dans un rainurage du châssis.

Livré avec une pochette sur mesure noire prévue pour l’emporter en toute sécurité à la ceinture avec un iPhone voire un iPod, l’HP-P1 révolutionne réellement le triste rendu des appareils Apple. Pour vous la faire brève le son retrouve une largeur, une profondeur et un relief insoupçonné, y compris sur de pauvres MP3 à 128 kbps que j’ai convertis pour l’occasion. On a très souvent critiqué, raillé le son des fichiers compressés sans trop se rendre compte qu’on les écoute rarement dans de bonnes conditions et qu’on met toujours sur le dos de ce format tous les maux. Loin de moi l’idée de tenter de vous convaincre qu’une compression psycho-acoustique destructrice comme celle intervenant lors de l’encodage d’un MP3 peut être « rattrapée » par l’HP-P1, mais il est certain que jouer ce type de fichier dans d’excellentes conditions le rend moins pénible et surtout si l’on évite comme la peste le 128 kbps et qu’on opte pour un sage 192 voire plus, les micro informations dans le haut, la spatialisation et la banane dans le grave permettent un rendu de grande qualité.

De bas en haut, le grave retrouve délié et articulation, sècheresse et dynamique, délaissant enfin le côté surcompressé et « mélasseux » habituel. Le médium s’ouvre de droite à gauche et de bas en haut avec, je trouve, une légère touche couleur entre 1 et 4 kHz mais rien qui puisse faire de l’ombre à la remarquable amélioration du rendu. L’aigu enfin est sur certains morceaux transfiguré par la dynamique, la profondeur et la précision diabolique de micro informations qui remontent à la surface avec une insolente facilité et s’étalent dans une image stéréo d’une largeur inédite. Comme tout bon convertisseur qui se respecte, l’HP-P1 apporte aussi une grande fluidité au son où chaque note retrouve sa place, chaque instrument peut à nouveau être isolé mentalement dans le mix, une sensation jouissive quand on retire son mini-jack du player pour le brancher dans le Fostex. La position 1 du filtre renforce le sentiment de fermeté et de précision, peut-être un peu trop et peut se révéler décevante sur certains titres déjà rêches. La seconde en revanche apporte un supplément d’âme, un grave plus enveloppant, un médium à peine plus doux et un aigu franchement plus beau et plaisant à l’écoute sans pour autant dénaturer en quoi que ce soit le rendu. La puissance disponible est intenable avec des ears, confortable avec des casque ouverts ou fermés de faible à moyenne impédance et se révèle un poil limite avec des casques de studio à rendement moyen où certains utilisateurs recherchant des niveaux importants risquent de se retrouver une fois encore au taquet. Rappelons tout de même que le volume dépend intrinsèquement du niveau et de la dynamique des fichiers audio qui peut varier grandement en fonction de l’âge du titre et du master. À fond les ballons, l’HP-P1 rappelle qu’on ne peut pas faire de miracles avec une simple batterie de 3,7 Volt. Ecouté par exemple avec un AKG K271 en position de gain 2 et à plein volume, on arrive à obtenir une pression encore supportable (pas longtemps me concernant) mais déjà entachée de distorsion même si cette dernière reste acceptable. Passer en position 3 n’apporte qu’un gain apparent dû à l’écrêtage de l’ampli, surtout si le titre est fortement compressé. Rien de tout cela avec les intras où je mets quiconque au défi de résister, voire de mettre le volume au maxi. Un coup d’œil à l’intérieur et au travers du banc de mesure confirme cette bonne impression générale.

Fabrication

L’électronique répartie sur une seule carte imprimée époxy à trous métallisés est implantée des deux côtés du substrat avec des composants de surface pour l’essentiel. La carte occupe la totalité d’un élégant coffret en alliage d’aluminium extrudé anodisé noir, étudié pour s’adapter au profil d’une hanche lorsque l’appareil est porté à la ceinture dans sa housse. La batterie Li-ion de 3,7 V ultra plate insérée dans un film isolant se positionne au-dessus de la carte imprimée grâce à un support venant s’insérer dans un rainurage de maintien opéré dans le profilé. C’est la seule liaison filaire avec la carte, les connecteurs d’entrées-sorties étant directement placés sur la carte. C’est toujours mieux, tant pour la fiabilité dans le temps que pour les performances. Un connecteur au lieu du soudage direct des fils sur la carte aurait malgré tout été le bienvenu. De part et d’autre du profilé, deux plaques d’alu brossé vissées (par Torx) ferment le coffret avec des orifices ménagés pour l’ensemble de la connectique. Le design permet un assemblage rapide avec un minimum d’intervention manuelle.
Fostex a opté pour des composants de qualité. La partie amplification de puissance analogique fait notamment appel à un circuit Texas instruments TPA6120 à contre-réaction de courant, probablement ce qui se fait de mieux aujourd’hui en structure intégrée. Il est alimenté en symétrique grâce à une conversion de tension DC-DC. La conversion numérique/analogique fait appel à un DAC AK4480 AKM qui présente la particularité de disposer de filtres numériques (32 bits en sur-échantillonnage à 8 fs) commutables forte pente ou temps de retard de groupe minimum. Positions que l’on retrouve en face arrière avec une sélection par commutateur.

Les mesures

Nous avons procédé à deux catégories de mesures, dans le domaine purement analogique : entrée ligne vers sortie casque et en numérique/analogique avec lecture de fichiers de test au format .wav (en 44,1 kHz/16 bits) depuis un iPad via le connecteur de docking/USB. Les premières caractérisent donc uniquement la section analogique (l’ampli casque lui-même) alors que les secondes prennent en compte toute la chaîne avec le traitement numérique.
Tout d’abord concernant la puissance, on retrouve les spécifications du constructeur avec 82 mW par canal sur 32 ohms (1,62 VRMS) à un peu moins de 1% de distorsion (THD) à 1 kHz. Sur haute impédance (600 ohms), on obtient 8 mW (2,2 VRMS), la limitation provenant des rails d’alimentation (probablement +/- 5V DC).
C’est plus qu’amplement suffisant pour une écoute nomade avec les sensibilités des casques actuels. Signalons que le HP1 acceptent par ailleurs des impédances de 16 ohms avec les mêmes prestations.
La réponse en fréquence (sur 32 ohms) quel que soit le gain reste parfaitement plate de 10 Hz à plus de 80 kHz (figure 1).

Fostex HP1 rep3gains

Figure 1 : Réponse gain/fréquence, entrée ligne vers sortie casque (32 ohms) des deux canaux aux trois gains commutables.

On note sur cette courbe, les trois valeurs de gain offertes (+5, +1 et – 5 dB) qu’on utilisera selon la sensibilité du casque. Pour le gain médian, à 1 VRMS en sortie, le rapport signal/bruit atteint respectivement 106 dB en non pondéré et 109 dB (A).
La distorsion harmonique, mesurée à mi – puissance max sur 32 ohms, reste inférieure (sur les 2 canaux) à 0,0015 % à 100 Hz et 1 kHz et 0,0025 % à 10 kHz (bande de 80 kHz), ce qui est excellent.
D’entrée USB (iPad) vers sortie casque (20 mW/32 ohms) avec lecture de fichiers 44,1 kHz/16 bits, on obtient 0,015 % à 40 Hz, 0,007 % à 1 kHz et 0,065 % à 10 kHz. La distorsion d’intermodulation (SMPTE) dans les mêmes conditions ne dépasse pas 0,012% (figure 2).

Fostex HP1 IMDtot

Figure 2 : taux d’intermodulation relevé sur les deux canaux, entrée USB (flux audio 44,1 kHz/16 bits) vers sortie casque (32 ohms), puissance 20 mW.

Le spectre de sortie (FFT sur une bande de 500 kHz) pour un signal numérique à 1 kHz (- 6 dBFS) montre que l’harmonique 2 est prépondérant dans la distorsion harmonique et qu’au delà de la coupure du filtre, les bandes latérales de la fréquence d’échantillonnage à 44,1 +/- 1 kHz, 88,2 +/-1 kHz, 176,4 +/-1 kHz, etc., sont rejetées à plus de 80 dB. Il n’y pas de différence notable entre les deux positions du filtre (figure 3), hormis dans le domaine temporel, ce que nous ne pouvons pas appréhender à la mesure par lecture de fichiers .wav (sans synchronisme générateur/analyseur).
On peut dire que globalement les résultats sont très bons.

Fostex-HP1-FFT filtre 1 et 2

Figure 3 : Spectres de sortie sous 32 ohms avec un signal à 1 kHz (- 6 dBFS) lu depuis un iPad. Les raies hors bande restent à plus de 80 dB du fondamental. Très correct. Difficile de distinguer la différence entre les 2 filtres.

Pour conclure

Bien pensé, bien fabriqué, sonnant remarquablement bien pour un appareil nomade, l’HP-P1 a tout pour plaire et devrait être cofinancé par Apple tellement il donne à ses appareils leurs lettres de noblesse. Je ne peux malgré tout pas passer sous silence deux défauts et une lacune. Tout d’abord son prix. A 589 € TTC, Fostex met la barre trop haut et risque de ne pas trouver son public, et Dieu sait si le marché potentiel pour cet appareil est vaste. Ensuite la puissance. Bien entendu nous ne cautionnons pas les excès, mais puisqu’on parle de prix, il aurait été bien que l’HP-P1 soit en mesure de faire face à tout casque quelle qu’en soit l’impédance ou l’efficacité en l’équipant d’une batterie plus grosse.
Texas Instruments donne une échelle de tensions d’alimentation allant de +/-5V à +/-12V pour son ampli TPA6120 ; autant vous dire qu’à +/-12V ce serait une toute autre histoire. Enfin j’aurais aimé qu’il puisse être branché aussi sur un ordinateur en USB, transformant le plus basique Mac et PC en une superbe machine audiophile. Alors, achat ou pas. Oui sans hésiter. Fostex a apparié dans un même boîtier un bon convertisseur avec un très bel ampli casque, et rien que pour ça le jeu en vaut la chandelle sauf si vous espérez vous balader dans la rue avec un Sennheiser HD650 ou d’autres bijoux aussi durs à « bouger ». J’ai l’air de me répéter mais l’écouter, c’est l’adopter.

 

Crédits -

Texte : Ludovic Monchat et Claude Ducros
Photos : Ludo

3 réflexions au sujet de « Fostex HP-P1 »

  1. Joli teasing avec un juste équilibre entre commentaires audiophiles pertinents et rigueur des mesures …ça donne envie sauf que ce qui dépasse vraiment la mesure chez Fostex, c’est le prix… juste dissuasif.
    Au fait, le « Free Lossless Audio Codec » mériterait un petit article dans la rubrique comprendre…

  2. Ecouter sa discothèque avec cet appareil c’est se dire que son casque n’est pas si mauvais, qu’un iPhone ça peut jouer de la musique (ce qui est faux, mais bon…) que les MP3 en définitive ça roule, que les FLAC c’est *LA* solution et que portabilité et qualité peuvent faire bon ménage.Bravo Fostex, très joli jouet.

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