Stroboscope à LED

SGM X-5 : the StrobFather ?

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SGM X-5

Les Leds ont remplacé la plupart des lampes dans nos projecteurs de spectacle, avec certes plus ou moins de réussite. Il existait encore un type de produit dans lequel personne n’avait songé à en installer : le stroboscope. Peter Johansen, qui signe son retour aux commandes de SGM, a eu cette bonne idée et nous propose son X-5, stroboscope boosté aux Leds blanches. Enfilons nos lunettes noires et regardons ça de plus près.

SGM, entreprise italienne fondé en 1975, mena une carrière prolifique dans la lumière asservie avant d’être rachetée par le groupe RCF en 2009. Si, en France, SGM se fait discret, le connaisseur se souviendra peut-être de quelques machines innovantes comme la Synthesis, son afficheur avant-gardiste (pour l’époque) sur batterie et son déverrouillage de bras par électro-aimant ; ou encore la digital 1500 et ses gobos … digitaux. Bref, la preuve d’un bureau d’étude affuté. Moi je garde un souvenir ému du contrôleur Pilot 2000, qui fut la première console que j’ai eue entre les mains et toutes les premières restent, quoi qu’on dise, solidement ancrées dans un coin de cerveau.

De son côté, le danois Peter Johansen, après son départ de Martin en 1998 dont il fut fondateur et patron, développait des turbines à vent et des systèmes audiovisuels pour des yachts de luxe quand il rencontra Arturo Vicari, président du groupe RCF. Celui-ci réussi à le convaincre de reprendre les rênes du bureau d’étude de SGM en 2010. Peter Johansen s’installa alors rapidement au Danemark avec d’anciens ingénieurs de son équipe et ceux de l’équipe SGM et prit la tête du nouveau consortium SGM en 2012 pour se lancer dans le développement de produits à LED avec voracité. Les visiteurs du Plasa ont pu découvrir à Londres en septembre un stand très innovant et un Peter en pleine forme. Entre un plafond animé en 3D grâce à ses tubes graphiques LT-100 et ses murs blindés de produits à Led, SGM réveilla cette rentrée. Deux produits originaux retinrent notre attention, deux strobes très innovants : le X-5, plus puissant et exclusivement en LED blanches, et le XC-5, fonctionnant en trichromie RVB.

2970 LED blanches à 5700K

HD-008

Le canevas impressionnant des 2970 leds. Vous pouvez recompter. En haut et en bas, apparaissent une fois la vitre ôtée les résistances de puissance en CMS.

Enchâssé dans un rectangle noir d’aluminium de 50 cm de large pour un peu moins de 6 kg, le X-5 marque d’entrée de jeu les esprits avec sa matrice démesurée de 2970 leds blanches calibrées à 5700K. Une véritable broderie de CMS sertie sur un substrat alu, que l’on devine être en contact direct avec un radiateur passif, lui aussi en fonte d’alu, recouvrant tout le dos du projecteur. Nous n’en dirons pas plus, car ce bloc circuit/radiateur n’est pas démontable. Les diodes sont privées d’optiques bien sûr, inutile pour un strobe où l’on cherche le maximum d’impact lumineux, mais protégées sous une solide plaque de verre entourée d’un beau joint caoutchouc. Cette vitre se remplacera relativement facilement, (8 vis Torx à enlever), par une plaque frostée par exemple. En l’absence de modification, l’ouverture du « faisceau » est de 110°, de quoi arroser correctement l’espace scénique. Une fine et solide lyre rectangulaire en alu entoure la tête du X-5, le réglage en tilt du projecteur offrant un débattement de 110° – exclusivement manuel – grâce aux deux papillons de serrage de chaque côté. Ceux-ci sont étonnamment en plastique et dénotent un peu dans l’ensemble purement métallique du projecteur mais cette relative fragilité n’empêche cependant pas le parfait blocage du strob dans toutes les positions.

Câblage et menu. Sobre et fonctionnel.

Câblage et menu. Sobre et fonctionnel.

La base de la lyre, plus volumineuse, tout en complétant parfaitement le design sobre et net du X-5, accueille les divers branchements, l’alimentation et l’électronique de contrôle de l’appareil DMX 5 points en entrée/sortie et embase Neutrik Powercon pour le courant. Une recopie électrique en Powercon permettra de chaîner quatre X-5 sur une simple PC16, ce qui ne manquera pas de laisser rêveurs les électros qui laisseront leurs câbles 32 mono au placard. Pour les réglages de l’appareil, un petit écran accompagné de ses 5 boutons OLED complète la face arrière. Le socle au-dessous offre 4 embases ¼ de tour judicieusement disposées de façon à installer un seul crochet central ou deux autres espacés symétriquement pour les installations plus acrobatiques. Enfin si ce stroboscope tient naturellement debout, une platine en aluminium se fixant par 4 vis Torx sous l’appareil lui assure un maximum de stabilité tout en laissant l’accès aux deux embases ¼ tour du milieu.

Les 4 fixations ¼ tour pour crochets et les 4 filetages pour fixer la platine de sol. Il manque cependant une élingue de sécurité et une petite patte de fixation pour être vraiment complet.

Le X-5 tient naturellement debout

Le X-5 tient naturellement debout quand la platine est fixée par les quatre vis fournies


Un choix de canaux DMX intelligent

Les entrailles

Les entrailles, accessibles en enlevant 10 vis Torx, avec de gauche à droite l’alimentation à découpage, le fusible de protection caché derrière le fil de terre, les MOS de puissance au milieu et le micro-processeur.

Le menu est très simple. Heureusement car la navigation n’est pas évidente dans un premier temps (c’est à dire sans lire la notice, comme tout bon technicien). On choisi son adresse DMX avec indication de la prochaine adresse libre s’il vous plait, son mode de fonctionnement (de 1 à 7 canaux), le tout complété par un menu test et d’info et un témoin indiquant la présence de DMX.

Tout ce processus s’effectuant en un temps record, le stroboscope est prêt à fonctionner avant même que ma console de test ne finisse de s’allumer. Je potasse donc enfin la notice et m’aperçois de trois particularités très intéressantes. D’une part le choix des canaux DMX et de leurs paramètres me rappelle étrangement un cultissime strobe Danois lancé il y a plus de 10 ans et je soupçonne fortement M. Johansen d’y avoir été pour quelque chose à l’époque. Par fainéantise j’utilise donc la librairie correspondante et tout concorde parfaitement !

Et des nouvelles fonctions

Deuxièmement on peut piloter indépendamment l’intensité des 3 tiers contigus de la matrice de LED blanches du X-5 ; je rajoute donc simplement 3 paramètres à ma librairie. Si vous utilisez le stroboscope couleur XC-5, ces 3 paramètres correspondront simplement aux intensités des LED rouges, vertes et bleues.

Enfin n’espérez pas utiliser ce projecteur pour de l’éclairage fixe. Comme son nom l’indique c’est un stroboscope et si un effet « blinder » existe bien, c’est en associant la fréquence des flashes avec une durée judicieuse (par exemple 4 flashes par seconde d’une durée de 25 ms) mais l’électronique de l’appareil diminuera rapidement l’intensité des flashes… exactement de la même manière qu’une lampe Xénon d’un stroboscope traditionnel voit son courant diminuer lorsque l’on la sollicite en continu !

Simulation d’une lampe Xénon

L’explication est simple, et on s’aperçois alors des choix judicieux de fabrication : Chacune des 3000 LED blanches est donnée pour 50 000 heures de fonctionnement, la consommation moyenne totale étant de 360 W. Devant cet amoncellement de LED, on s’interrogera évidemment sur les capacités de refroidissement de ce projecteur. Pour pouvoir générer de grandes intensités lumineuses avec autant de LED, celles-ci s’échauffant très rapidement suivant le courant crête les alimentant, au risque de se consumer, il faut prévoir un refroidissement conséquent, soit passif avec de lourds et volumineux radiateurs, soit actif avec d’onéreux systèmes de ventilation ou de refroidissement. Mais en partant du principe que l’utilisateur est habitué depuis près de 15 ans à utiliser des strobes traditionnels en flash et que leur utilisation en continu à pleine charge diminue radicalement le flux lumineux de leur lampe Xénon en quelques secondes, il suffit de simuler ce mode de fonctionnement pour protéger les Leds. Ainsi en bloquant électroniquement les courants d’alimentations des Leds lorsqu’elles sont trop sollicitées, SGM simule avec brio le fonctionnement d’un « vrai » strob tout en réduisant fortement le poids, les dimensions, la complexité et les coûts de son produit !

Les 3 segments contrôlables indépendamment, façon passage piéton.

Les 3 segments contrôlables indépendamment, façon passage piéton.

Cela compris, je commence à piloter l’engin. J’augmente les 3 paramètres d’intensité de chaque segment au maximum et augmente le dimmer général. Un simple flash se produit si la vitesse du strobe est nulle, me permettant de déclencher manuellement des impulsions avec le fader de dimmer général. Le résultat est bluffant ! Le flash blanc est pur, pas trop blafard, couvrant une large surface sans problème. Si en mode aveuglant on perd la fameuse empreinte rétinienne horizontale en crayon des lampes Xénon, en projection on s’approche suffisamment d’un stroboscope standard pour ne plus vraiment faire la différence à l’œil.

Sorti du carton avec sa notice, son câble d’alim, sa platine alu et ses vis de fixation.

Sorti du carton avec sa notice, son câble d’alim, sa platine alu et ses vis de fixation.

Je règle la vitesse de 0,5 à 25 Hz sans soucis, la durée d’éblouissement peut, elle, varier de 0 à 650 ms. Tout répond parfaitement à l’exception du dimmer général, pas dès plus précis, mais vu l’utilisation de ce type d’appareil, cela n’est pas vraiment dommageable. Lorsque l’on augmente de trop la durée des flashes, l’électronique limite automatiquement l’intensité, en lui appliquant une courbe similaire à celle d’un stroboscope à lampe. En poussant le projecteur à ses limites, par exemple des effets « blinder » rapprochés, je m’aperçois d’une limitation de l’intensité générale si je n’observe pas un délai d’une quinzaine de secondes entre deux flashes continus de plus de 3 secondes. Là encore c’est une copie parfaite du fonctionnement d’un stroboscope commun soumis au même régime. A la différence près que les radiateurs du X-5 atteignent rapidement les 55° Celsius, mais pas de quoi se brûler néanmoins. La séparation en 3 zones est plus anecdotique, à moins d’aligner une grande quantité de machines, surtout qu’il n’existe pas pour le moment d’effet aléatoire sur ces 3 zones. Enfin je retrouve dans le paramètre effets les courbes archi-connues de « ramping », aléatoire, « lighting » et « spike ». Les valeurs de chaque paramètre du stroboscope de SGM sont à ce point identique à celles de notre atomique préféré qu’on pourrait remplacer son kit de strob de tournée sans pratiquement toucher à la console lumière ! Bien sûr la puissance lumineuse du X-5 est encore légèrement en retrait pour le moment, il lui manque l’aura dorée et l’effet si particulier de la lampe Xénon. Certains pourront même regretter le léger bruit de cigale des très vieux stroboscopes où encore trouver trop « High-tech » l’impressionnante matrice de led dans des kits traditionnels, mais ce remake d’un standard de l’éclairage scénique est vraiment abouti.

Conclusion

Alors à 1750€ HT (prix liste), mais avec de réelles économies de lampe et de fonctionnement et pour des effets très similaires à ceux d’un stroboscope classique, j’imagine qu’un certain nombre de prestataires s’intéresseront à ce stroboscope ultra-moderne. Si son petit frère, le XC-5, fonctionnant en trichromie s’avère aussi percutant, cela marquera vraiment le retour du « parrain » Peter Johansen dans les affaires, pour le plus grand bien de SGM et des fous furieux du flash que nous sommes tous un peu derrière notre console.

mesures X5

 

Crédits -

Texte et photos : Tristan Szylobryt

2 réflexions au sujet de « SGM X-5 : the StrobFather ? »

  1. Pas loin, en terme de puissance pure l’atomic est encore un peu devant, mais l’ergonomie du X-5 le détrône aisément. Après c’est une question de goût, entre les sources LEDs et la lampe stroboscope l’éclairagiste fera son choix suivant le reste de son kit.

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