Festival soirs d’été de la Carrière de Normandoux

Le trio Khalifé capté en Audio-Technica

Le Trio Khalifé

Depuis maintenant quatre ans, le festival Soirs d’Eté prend ses quartiers de la mi-juillet à la fin août dans le cadre bucolique de La Carrière de Normandoux*, à une vingtaine de kilomètres de Poitiers. La programmation très éclectique de Jérémy Verrier, de l’association de la carrière de Normandoux, va de la musique tzigane à des quartets de Salsa, en passant par la musique électronique contemporaine, la musique latine, des soirées Tango et comme lors de notre venue à la musique actuelle libanaise avec le trio Khalifé.

Audio-Technica, dont les micros sont très utilisés à l’étranger (notamment par Lenny Kravitz) n’est bizarrement pas très implanté en France dans la prise de son Live. Peut-être parce que les techniciens français sont très conservateurs. La marque a donc envisagé de mieux faire connaître son catalogue auprès de techniciens français via des partenariats où elle met à disposition des kits complets à l’essai, cas du festival des soirs d’été au Normandoux.

Nous avons donc rendez-vous ce 29 août avant la balance avec Joachim Olaya qui a la charge de la régie son pendant toute la durée du festival pour nous parler des essais et des choix qu’il a effectués parmi les micros du kit mis à sa disposition.

La configuration de diffusion

SLU : Joachim, commençons par la configuration que tu utilises pour le concert du trio Khalifé ce soir.

La salle de la Carrière de Normandoux

La salle de la Carrière vue de l’entrée vers la scène. On distingue les APG VS3 de la diffusion principale placée sur les subs 118S et en accroche les PSX12 de renfort et de rappel au premier plan. Sur la droite devant la régie une des VS1 d’ambiance sur pied.

Joachim : En général (sur ce festival), je travaille en stéréo, donc gauche/droite en frontal. Avec une console comme celle dont je dispose (Yamaha LS9/32), je fais mon mix sur le bus stéréo. Ensuite je matrice le bus stéréo sur toutes les enceintes de la face, les PMX12 (Amadeus), les VS3 (APG) placés sur les subs (2 x118S APG par coté) plus les rappels (PMX12 retardées) et les deux front fill PMX8 (Amadeus) sur le nez de scène. On gère (Clément et moi) les subs toujours séparément, même sur les très grosses configurations, pour choisir ce que l’on envoie dedans. Sur des formations comme celle du trio Khalifé, j’envoie trois instruments sur les subs, un peu de piano, le cajon. Ca donne un peu plus d’air. Bon, il y a quand même une « micro-configuration » multi avec les deux points latéraux en VS1 (coax APG) et les deux points arrière en VS1que je gère indépendamment du matriçage et des voies stéréo. C’est vraiment un bus séparé.

L'équipe technique

L’équipe à la régie. A droite, Joachim Olaya derrière la LS9, Clément Marie s’occupe de l’enregistrement. Pedro Hebras gère la lumière. Tout à gauche Samuel Lemaire, assistant son et lumière au plateau. Bertille Watrelot dans le même temps s’occupe de la captation vidéo qui est projetée sur la falaise.

SLU : D’accord, tu le travailles séparément, mais tu envoies quoi dedans ?

Joachim : Pour le concert de ce soir, je n’envoie pas d’instruments en direct, que les traitements. Si je les coupe, on sent qu’il manque quelque chose et si je les mets, on ne les entend pas vraiment. L’objectif est d’améliorer l’acoustique du lieu qui n’est pas facile, pour agrandir un peu l’espace mais il n’y a pas vraiment de notion de mix multipoint comme on l’a fait notamment ici sur des projets plus contemporains. Disons que ça aide dans des lieux semi-ouverts comme la salle de la Carrière.

SLU : Les retours sont gérés de la façade, quelles ressources y as-tu consacré ?

Joachim : j’ai cinq circuits, c’est suffisant. Dans la configuration adoptée, on peut monter à sept mais je dois avoir la main sur la diffusion de la falaise et je suis déjà à 24 bus de mix. C’est un trio mais j’ai trente voies au plateau entre le piano (4), l’oud (4), les voix (3), les percussions, les boucles, le clavier, le synthé… Je duplique certaines voies pour les retours. Par exemple, pour la voix de Marcel, je fais un traitement pour la façade que je ne peux pas utiliser dans les retours. En gros, je duplique les voies de l’oud et la voix de Marcel. Et sur le piano, je reprends un micro que je traite spécialement pour les retours. C’est l’intérêt du numérique sans passer par des Y.

Le préampli Daking

Le préampli Daking est dévolu à l’AE5400 dédié à la voix de Marcel Khalifé. Joachim le préfère aux préamplis de la console.

SLU : La Yamaha LS9/32, c’est la console résidente pour le festival ?

Joachim : oui, j’aimerais bien avoir plus gros, car souvent c’est limite. Personnellement mes préférences vont vers les consoles Vi Soundcraft aussi bien d’un point de vue son qu’interfaçage et ergonomie mais je n’ai pas vraiment de chapelle. On vient d’un milieu (l’IRCAM, Clément et moi) où on donne la priorité à la prise de son avec de bons capteurs. Ça ne me dérange pas d’avoir n’importe quel type de console à la régie tant que ça fonctionne.

La prise de son réalisée en Audio-Technica

SLU : Venons-en donc à la prise de son et au choix des micros de la gamme Audio-Technica que tu as utilisés durant le festival et plus particulièrement aujourd’hui. Comment procèdes- tu ?

Le micro de Marcel Khalifé

L’AE5400 dédié à la voix de Marcel Khalifé. Rami et Bachar ont également chacun le leur pour la voix. Marcel l’a trouvé excellent comme d’autres interprètes pendant tout le festival. Une nouvelle référence pour la voix ?

Joachim : Je n’ai pas de recette spéciale. Chaque instrument est différent et chaque musicien est différent. Je choisis les micros en fonction de la musique. Tu ne dois pas avoir à « tordre dans tous les sens » quand il y a une volonté de retransmettre un son acoustique. Donc, j’essaie de corriger un minimum sauf quand il s’agit de faire un tout autre son. Les capteurs et leur choix ont une grande importance. Je dois dire que je connaissais peu les micros Audio -Technica avant ce festival et que j’ai été agréablement surpris. En premier lieu par le micro utilisé sur les voix, l’AE5400, condensateur à large diaphragme qui a fait l’objet d’éloges de la part de nombreux chanteurs lors du festival, et notamment de Marcel Khalifé qui le trouve excellent et me l’a tout de suite dit. Lorsque les musiciens aiment et le disent de suite, ça ne trompe pas … Ensuite, j’ai apprécié l’ATM350 que j’utilise sur le piano, l’oud, les percussions, un très bon micro instrument qui me fait penser à un d’une marque réputée, sauf qu’on parle d’un micro vendu aux alentours de 250 euros. J’ai essayé beaucoup de micros de la gamme sans a priori. Il y a un choix énorme. Tu sens qu’il y a un gros travail chez Audio-Technica pour apporter des solutions ciblées au meilleur prix. Il y a un beau choix de capsules également.

SLU : L’oud, j’imagine que ça doit être difficile à restituer correctement ?

L'oud de Marcel Khalifé

Le dispositif de captation mis en place sur magnifique luth oriental (oud) de Marcel Khalifé. Deux micros AKG C411 collés à la table, un AT831 dans l’axe des cordes derrière le chevalet et un ATM350 fixé à une ouie au dessus de la rosace pour enrichir le médium.

Joachim : Il faut plusieurs micros pour un résultat correct. J’en ai mis quatre dont deux micros ”contact” sur la table qui permettent d’assoir le grave et que je coupe assez tôt dans le haut. Le petit micro sur les cordes (AT831C) est celui que j’ai trouvé le plus droit et j’ai juste coupé le grave avec un coupe-bas. C’est le capteur principal et j’ai fait au moins cinq essais de placement avant d’obtenir le meilleur résultat. Je l’ai placé dans les ouies, dessus, dessous, dans la rosace et finalement dans l’axe des cordes derrière le chevalet. C’est la position qui apporte le plus de transparence. L’ATM350 au-dessus des cordes est là pour donner de la dynamique et renforcer le médium, en complément, mais avec sa position je suis obligé de le corriger au paramétrique sur plusieurs bandes. C’est ce que j’ai testé en final tout à l’heure (durant la balance). Si tu écoutes chaque micro seul, c’est horrible, mais le mélange des trois, ça marche bien ! Coté traitement de dynamique, je fais un pré-mix sur deux groupes que je compresse en multi-bande.

SLU : Je vois à l’écran des petits « notches » que tu positionnes à trois fréquences ?

Joachim : Ça, tu le verras sur tous les micros. C’est à cause de la salle. Ses dimensions, celles de la scène et la grosse poutre jaune juste derrière ramènent des résonances (des modes privilégiés) que je retrouve partout et que je corrige plus ou moins sur tous les micros. J’ai du 150, 300, et 450 Hz environ.

SLU : Autrement, tu n’as pas par exemple de correction particulière pour les attaques ?

Joachim : Pas sur l’Oud, en revanche sur le piano je duplique une tranche, un des micros ATM350, celui dirigé vers les cordes graves, pour garder uniquement le bas et n’exciter que les subs. Quand Rami joue un peu lead, un peu doux, pas besoin de sub mais quand il force un peu et joue dans le grave, je l’ouvre. Parce que si je l’ouvre quand il joue doux, la mécanique ressort. C’est un dosage. Je suis de toute façon un pro-actif de la console (rires). Je ne suis pas du genre à mettre droit, surtout sur des musiques où on va passer de ballades traditionnelles à du synthé ou à des titres un peu électro et là, c’est ouverture et fermeture en permanence.

SLU : Revenons sur les micros et leur placement. Pour les percussions, quels sont tes choix ?

Joachim : Pour le Tom basse, j’ai pris un micro voix mais un dynamique, un AE4100 parce que je voulais un micro peu sensible. Il sert sur un seul morceau et je voulais un son précis. Je n’avais plus d’ATM 350 (NDR : c’est manifestement son micro à tout faire). Le gros avantage des micros voix d’Audio-Technica, c’est qu’ils respectent le spectre. Ce n’est pas du tout fermé, ni dans le médium, ni dans le grave. Je le gère comme un dynamique pour le gain, mais il est plus chargé en hautes fréquences.

Un ATM 450 en overhead

En overhead sur les cymbales, le choix de Joachim s’est porté sur un ATM450, statique cardioïde à capture latérale qui encaisse 152 dB SPL. Pour le Tom grave à droite, c’est un AE4100 dynamique.

Pour les percussions, j’ai deux sortes d’overhead dont un ATM450 pour les cymbales avec la capsule placée latéralement. Il est très bon dans ce rôle. Dans le Cajon, j’ai remis un Shure Beta 91. Ca marche tout seul dans un Cajon. C’est super clair, super grave, pas de pollution extérieure… J’ai été bête de ne pas demander de micro de surface PZM  à Audio-Technica. J’aurais dû car pour le Cajon, c’est ce qui marche le mieux.

Pour la Derbouka et le Djembé, j’ai mis un AE5100 devant pour les peaux, un seul pour les deux. C’est un micro cardioïde à condensateur qui marche bien en proximité, très dynamique, et qui encaisse beaucoup de niveau, genre impact. Derrière, sur les futs, j’ai placé deux ATM 350, un pour chaque. J’ai un autre AE5100 sur le glock vers le clavier et un autre micro voix qui sert pour la pédale de loop (boucle). C’est pour le coup un dynamique, un des rares et le moins cher de la gamme AT car il me fallait un micro peu sensible et pas forcément de bonne qualité parce que sur les boucles de voix et d’instrus, on amplifie le son ambiant de la scène. Il faut un micro le moins sensible possible avec une bonne rejection et pas trop d’aigus parce que c’est toujours dur à travailler.

AE5100

L’AE5100 pour la prise des peaux du djembé et de la derbouka. « C’est un micro qui offre une grande dynamique (faible bruit propre, 11 dB), accepte de très forts niveaux (158 dB avec atténuateur 10 dB) et qui fonctionne bien en proximité ».

Derrière le fût du djembé

Derrière le fût du djembé et de la derbouka, Joachim a utilisé « ses » fidèles ATM350.


SLU : Et pour le piano, quelle est ta recette ?

Joachim : Joachim : J’ai utilisé trois ATM350 (et un AT4021) mais ils n’ont pas le même rôle. Un a un rôle de lead, mixé au centre. C’est celui qui est dans l’axe des cordes graves parce que, dans cet axe là, c’est un peu comme pour l’Oud, il arrive à prendre à la fois beaucoup d’aigu et les cordes graves. Il n’y a pas non plus trop de résonances de grave, tout est assez équilibré.
Les deux autres (ATM350) qui sont plus vers le médium-aigu, je les « panoramise » complètement gauche-droite, ce qui donne un piano très large et qui n’est pas non plus éclaté quand Rami joue aigu d’un côté ou grave de l’autre.
Quant au quatrième micro, l’AT4021, je le place aussi dans une position centrale un peu « lead » surélevé juste pour donner un peu d’air et d’ampleur quand j’en ai besoin mais il est au mieux ouvert à 20 %. Côté corrections, je corrige en bande étroite les inévitables bosses qui dépendent de la hauteur de la table d’harmonie par rapport à la scène.

la prise de son du piano

la prise de son du piano avec les deux ATM350 et l’AT4021. Le troisième ATM350 (qu’on ne voit pas) est placé à droite dans l’axe des cordes graves. Celui du centre prend l’intersection des cordes. Noter l’inclinaison des micros (environ 45°) et la couverture d’amortissement.

SLU : Quels traitements de dynamique et effets appliques-tu ?

Joachim : Sur le piano je pourrais me passer de compression parce que très étonnamment les ATM350 montrent une sorte de limitation naturelle en encaissant beaucoup. Sur les voix, c’est de la compression. Je n’ai aucun noise-gate sur scène, ce n’est pas vraiment nécessaire avec les micros dont je dispose.
Donc j’ai activé les compressions partout mais à des niveaux différents et je mets un peu de gain derrière. C’est tout l’intérêt d’avoir une console numérique. C’est bien surtout sur les voix car Marcel est un chanteur, il sait exploiter son micro, mais Rami et Bachar sont moins habitués et font juste des chœurs ; il faut contrer l’effet de proximité, ça me permet d’écraser de gros écarts.
Sur l’Oud, pour le faire un peu ressortir et grossir, je mixe sur un groupe stéréo mes trois types de micros. Après, en insert sur les groupes, je fais une compression multi-bande qui permet de redonner du corps assez facilement et d’équilibrer les bandes de fréquence. C’est bête mais il y a un petit effet de présence qui marche vraiment bien car les Khalifé jouent de la musique qui n’est pas vraiment dans le répertoire habituel de l’oud. Il y a aussi de la musique actuelle qui nécessite de faire un son plus gros.
Au plan effets, je n’ai hélas pas de réverb multicanal. Généralement j’utilise des plugins. Il y a de supers outils avec peu de latence. Je ne l’ai pas fait ce soir car mon ordi est sur scène pour gérer les synthés. Et celui de Clément sert à l’enregistrement (rires). On n’a pas beaucoup de moyens. Donc j’utilise deux réverbs de la console : une « plate » et une « hall », plus un delay. Le piano va dans le delay, l’Oud également. Par moment les voix y vont aussi. J’accompagne les musiciens, je joue un peu avec eux. La « plate » est dédiée à l’Oud et à la voix de Marcel et la hall fait tout. L’idéal serait d’avoir une réverb multicanal genre TC. Mais ça marche quand même.

SLU : Tout est enregistré ?

Le trio

Joachim : Oui, de manière générale tous les concerts. On le fait pour les artistes, mais aussi pour nous. Normalement mon mix est assez correct, j’ajoute deux micros d’ambiance gauche –droite, une petite compression et une égalisation à l’enregistrement et franchement on a un joli son car il n’y a pas trop de niveau sur scène. Sur ce concert j’enregistre en stéréo. Mais sur certains projets, je suis en multipiste. Là je ne peux pas, la console est « full ».

Les choix de systèmes de diffusion

SLU : Revenons à la diffusion. C’est toi qui as choisi les systèmes APG ?

Joachim : Tout ce qui est en Amadeus (PMX 8 et 12, sub, Diva(s) sur la falaise) appartient au site en fixe. Pour le festival on complète avec un parc en APG provenant du matériel de Pedro (Hébras) qui fait partie de l’équipe technique, en tant que régisseur lumière, mais qui fait également un peu de presta. Il y a 6 subs (TB118S), quatre VS3, six DS15, des VS1 et six amplis Lab Gruppen plus les processeurs APG.
Les amplis Lab Gruppen alimentent les VS3 et les subs avec des processeurs APG. Pour le reste il s’agit des amplis (P3500 et 7000) et des processeurs Yamaha du site, notamment pour les PMX 8 et 12 Amadeus. Pour les retours, les PMX8 (coaxiales) sont super pratiques car petites : on peut les surélever sur des petits tabourets et les mettre où on veut. Elles sont dix fois plus pratiques à utiliser que des grosses boîtes. Pour Marcel, en retours, j’ai placé deux DS15 (coaxiale) APG.
Nous avons passé beaucoup de temps à assembler les systèmes et les égaliser avant le début du festival car nous sommes là pour un mois et demi. Au final, on a une configuration qui fonctionne bien.
Les VS3 ont un rôle de proximité en façade, relayées par des PMX12 en accroche et en rappel. Les VS1 sont en « surround ».
Pour ce soir, la jauge n’est que d’environ 300 sièges mais on arrive à couvrir un bel espace correctement. C’est homogène en niveau du premier au dernier rang. Sur certains concerts, il nous arrive de faire des spatialisations avec les falaises (les parois entaillées de l’ancienne carrière qui encadrent la salle de part et d’autre du plan d’eau).

SLU : Dans ce cas les enceintes sont fixes ?

Joachim : Oui ce sont des Diva Amadeus en fixe, la distribution est en Ethersound via des processeurs DME ES Yamaha du site.

SLU : Combien de Diva couplées par source ?

Joachim : Une seule tête à chaque fois. Cela a été pensé pour de la diffusion d’ambiance. Ce sont des points localisés, pas de la face. Par exemple la semaine dernière on a fait un ciné/concert avec une scène sur l’eau et une projection vidéo sur la falaise, tout le public dans le noir. J’ai mis deux jours à tout caler à cause de problèmes de délai. Il y a beaucoup de réflexions mais « elles sont jolies » (rire) et ça créé un bel espace très aéré.

SLU : Et pour la HF ? Je vois à ta régie des récepteurs AEW R4100 et 5200 Audio-Technica.

Joachim : Rien ce soir (bien sûr) mais par exemple demain oui. On a fait cinq concerts en HF dont un avec un violoncelliste perché sur la falaise… On a simplement quatre canaux avec les antennes déportées (préampli de distribution UHF AEW-DA660D). Ici, il n’y a pas de problèmes de plan de fréquences, de brouillages. Ce système fonctionne bien, surtout que les émetteurs main sont équipées des mêmes capsules que les 5400. Mais je t’avouerai que ni Clément, ni moi, sommes des fans de HF et même un peu paranos. Quand tu commences à faire de la régie HF, il faut quelqu’un pour s’en occuper. Pour ce qui me concerne, si je peux m’en passer, je suis content, même sur les gros concerts. Le câble ne me dérange pas et ça sonne toujours mieux.

Une ambiance sympathique et conviviale

SLU : je constate que l’ambiance est bonne à la carrière et j’imagine que l’équipe éprouve du plaisir à y travailler ? Jérémy (Verrier) est aux petits soins pour « ses » artistes et ses techniciens.

La vidéo du concert est projetée sur la falaise durant la prestation

La vidéo du concert est projetée sur la falaise durant la prestation. Attention, faut poser et pas bouger ! C’est sympa les reflets sur le plan d’eau.

Joachim : Oui, nous n’avons pas beaucoup de moyens mais on s’en sort bien. Les artistes repartent avec le sourire et les spectateurs sont contents. C’est vraiment un plaisir de travailler ici. On n’est pas riche techniquement, c’est l’artistique qui prime. On travaille vraiment avec et pour les artistes. C’est plus important que les ”grosses machines”. Pour ma part, c’est la deuxième année que je fais ce festival Soirs d’Eté à la Carrière du Normandoux en tant que régisseur son et je suis partant pour les éditions à venir.

Ajoutons qu’il est plaisant pour les spectateurs de pouvoir dîner sur place avant le concert en profitant des lieux, et en goûtant à la cuisine de Richard Truong qui lui aussi « suit » le festival tous les étés. Atmosphère décontractée et conviviale au rendez-vous, avec de la bonne musique et qui plus est un répertoire éclectique étalé sur presqu’un mois et demi du 20 juillet à la fin aôut.

Place à la musique…

A l’écoute du concert, j’ai été agréablement surpris par le son naturel et équilibré sans masquage des détails, d’une grande clarté, et surtout de la bonne homogénéité sur toute la zone d’écoute autour du parterre et dans la profondeur. Le système de diffusion a été bien calé, comme quoi on peut obtenir un bon son avec du matériel de diffusion qui n’est plus up to date. Bien sûr, le niveau sonore était plus que raisonnable, adapté au style de musique électroacoustique, mais ample et dynamique. L’oud et la voix de Marcel Khalifé** remarquablement captés, c’est magique, à la fois sur les morceaux traditionnels de la musique libanaise emprunts de nostalgie ou en réplique et en symbiose avec le jeu de Rami au Piano ou plus électro de Bachar. Ce trio, c’est beaucoup plus que la somme de musiques différentes qui se rejoignent. Un lien entre un passé mouvementé et le présent, avec, on le ressent, le réel plaisir du père et de ses deux fils, de se retrouver pour jouer ensemble de nouvelles compositions. Une musique parfaitement retranscrite qui vous émeut, ce qui au delà de la maîtrise des interprètes, est certainement aussi en grande partie imputable à la qualité des capteurs utilisés et aux choix techniques et artistiques de Joachim et Clément. Bref un bon moment pour profiter encore des nuits d’été dans la tiédeur d’un mois d’août déclinant.

Les micros utilisés par Joachim sur le concert Khalifé

AT831 (Artist Series)

Utilisation de Joachim : reprise des cordes derrière le chevalet sur l’Oud

Micro cravate à pince cardioïde électrostatique (électret, plaque de charge fixe)
Réponse : 40-20 000 Hz avec coupe-bas 80 Hz à 18 dB/oct.
Alimentation fantôme (11-52 v, 2 mA) ou pile avec module séparé (connecteur XLRM 3)
Sensibilité : 6,3 mV (94 dB SPL) ou – 44 dBV
SPL max : 135 dB (alim fantôme) à 1% THD
S/B : 65 dB (1 kHz)
Impédance : 200 ohms (270 sur pile)

Particularité : Micro voix et instruments, particulièrement guitare acoustique.
Grand gain avant accrochage.

ATM350 (Artist Series)
Utilisation de Joachim : piano, luth oriental (oud), percussions

Micro instrument cardioïde électrostatique (électret, plaque de charge fixe)
Réponse : 40-20 000 Hz avec coupe-bas 80 Hz à 18 dB/oct.
Alimentation fantôme 11-52 V (3,5 mA)
Sensibilité : 3,5 mV (94 dB SPL) ou – 49 dBV
SPL max : 149 dB à 1% THD
S/B : 67 dB (1 kHz)
Impédance : 50 ohms

Particularités : idéal pour la captation des cuivres, instruments à anche, pianos, contrebasse, toms et violons. Réponse neutre très plate.
Capsules interchangeables omnidirectionnelle, cardioïde et hyper cardioïde.

ATM450 (Artist Series)
Utilisation de Joachim : overhead percussions

Micro instrument cardioïde électrostatique (électret, plaque de charge fixe)
Réponse : 40-20 000 Hz avec coupe-bas 80 Hz à 18 dB/oct.
Alimentation fantôme 11-52 V (3,5 mA)
Sensibilité : 8,9 mV (94 dB SPL) ou – 41 dBV
SPL max : 152 dB à 1% THD
S/B : 69 dB (1 kHz)
Impédance : 200 ohms

Particularités : Capsule à 90° latérale, idéal en overhead de percussions et prise d’instruments acoustiques. Brillance dans les aigus (+ 3 dB entre 4 et 14 kHz).

AE5400 (Artist Elite)
Utilisation de Joachim : voix lead de Marcel Khalifé et voix de Rami et Bachar

Micro cardioïde électrostatique, condensateur vrai
Réponse : 20-20 000 Hz avec coupe-bas 80 Hz à 12 dB/oct.
Alimentation fantôme 11-52 V (4 mA)
Sensibilité : 10 mV (94 dB SPL) ou – 40 dBV
SPL max : 147/157 dB à 1% THD (atténuateur 10 dB)
S/B : 80 dB (1 kHz) (dynamique de 133 dB)
Impédance : 150 ohms

Particularités : Capsule à grand diaphragme, faible bruit propre, système antichoc pour réduire les bruits de manipulation. Brillance dans les aigus (+ 4 dB sur une octave centrée sur 10 kHz), réponse étendue dans le bas.

AE5100 (Artist Elite)
Utilisation de Joachim : percussions peaux (Djembé et Derbouka)

Micro cardioïde électrostatique haute sensibilité (électret, plaque de charge fixe)
Réponse : 20-20 000 Hz avec coupe-bas 80 Hz à 12 dB/oct.
Alimentation fantôme 11-52 V (3,2 mA)
Sensibilité : 15,8 mV (94 dB SPL) ou – 36 dBV
SPL max : 148/158dB à 1% THD (atténuateur 10 dB)
S/B : 83 dB (1 kHz) (dynamique de 137 dB)
Impédance : 150 ohms

Particularités : Capsule à grand diaphragme, très faible bruit propre (11 dB), réponse plate étendue dans le bas très naturelle. Pour instruments acoustiques et percussions, voire en overhead.

AE4100

Utilisation de Joachim : captation Tom basse

Micro dynamique cardioïde
Réponse : 90-18 000 Hz
Sensibilité : 1,7 mV (94 dB SPL) ou – 55 dBV
Impédance : 250 ohms

Particularités : excellente rejection sur scène. Très faible bruit de manipulation.

 

Crédits -

Texte et photos : Claude Ducros

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