Au Zénith de Paris

Les dix ans de STAR 80… en Full Midas avec Stéphane Plisson

Nous retrouvons toute l’équipe de MAWIP avec Stéphane Plisson en capitaine pour l’étape Parisienne de la tournée STARS 80 2017 ou les régies audio Façade /Retour font la part belle aux Midas PRO Séries…

La XL8 en façade

Bonjour Stéphane, merci de ton accueil sur ce concert de la tournée Stars 80 qui fait ce soir étape au Zénith de Paris. Les consoles Midas y sont à l’honneur…

Stéphane Plisson : Oui deux régies Midas façade et retour. XL8 en façade et PRO X en retour. L’avantage avec Midas est de pouvoir utiliser des racks splitters numériques évitant les traditionnels splitters analogiques ou les systèmes à gain partagé. Avec les DL431, un connecteur XLR alimente trois circuits de pré amplification avec leur conversion A/D indépendante, deux de ces circuits sont pilotés individuellement par l’XL8 et la PRO X.

Les racks DSP XL8 et les Splitters Préamplis DL431. Le gros son !

Je vois un grand nombre de racks autour de ta console, peux-tu m’en dire plus sur l’architecture de votre système ?

Stéphane Plisson : Sur ce spectacle nous avons un patch en 72 entrées, nous utilisons donc trois DL431 pour gérer les entrées avec un DL451 en complément, ainsi qu’un DL351 entièrement dédié à des départs vers la distribution plateau pour les retours et les talks d’Axel Vivini. A la régie, façade nous avons quelques traitements en insert analogique et numérique via des convertisseurs Klark Teknik DN9650 AES50/ MADI.

Effectivement je vois apparaître un Multirack Waves sur l’un des écrans et je vois aussi quelques machines analogiques dans tes racks à portée de main.

Stéphane Plisson : Oui, un autre avantage de l’XL8 est d’offrir cinq écrans dont deux peuvent ici recevoir des sources d’ordinateurs externes dont le pilotage peut être directement effectué via le trackball de la console. Cela me permet d’avoir le visuel et le contrôle sur quelques plug-ins Waves qui complètent les effets et traitements internes de la console.
En termes de transfert audio nous utilisons le DN9650 équipé avec une carte MADI nous permettant d’utiliser ces effets que j’affectionne sans soucis de latence et synchronisés en MIDI pour tous mes changements de mémoire durant le show. Pour cette partie, le meilleur du numérique !

La vaisseau Midas XL8 en façade. Sur le 4e écran en partant de la gauche est affiché le Multirack Waves et sur le 5e le RTA Flux…

Le rack RPM audio est lui ici pour assurer la passerelle avec le MAC en Thunderbolt. Il est dédié à l’enregistrement ou la lecture multipiste avec une ultra faible latence. Avec ses trois cartes Lynx il peut gérer directement soixante-douze canaux bidirectionnels. Néanmoins, nous avons inséré un processeur Warm Audio analogique pour le traitement global des voix, le résultat est très intéressant et participe au grain analogique et ce côté masterisé que je recherche.

Mariage du numérique et de l’analogique

L’autre avantage de l’XL8 est son format. Lorsque je bascule tous les écrans en mode interne, nous avons un contrôle total sur un grand nombre de tranches ce qui est important sur ce spectacle où il y a autant de changements et d’intervenants sur scène. Je dis « nous » car effectivement avec les Midas PRO X et XL8 nous pouvons travailler à deux simultanément sur la console.
Nous avons 22 chanteurs qui interviennent durant le show dont beaucoup de tableaux de type collégial. C’est Alex qui me seconde et qui durant ces collégiales gère individuellement les micros des chanteurs pendant que je me concentre sur le mix global et orchestre.

Le capitaine Stéphane Plisson et son assistant Alexandre Ly

On réussit cela sans passer par un sous mix externe, directement sur la console, dont on peut sur l’XL8 définir un bac de huit tranches totalement indépendantes avec leurs propres accès traitements et envois. Là ou la PRO X est limitée à quatre tranches fader en zone B, c’est vraiment pratique.
De plus la fonction POP (permettant de rappeler instantanément un nombre choisis de tranches sous les doigts) nous permet de rappeler un déploiement de tranches adapté et différent sur chaque titre qui compose le spectacle STARS 80 et d’avoir ainsi un contrôle précis et permanent suivant les chansons. Cela à ma connaissance c’est une vraie particularité Midas.

On s’active et on peaufine les réglages à la face

Sur la PRO X on retrouve tous ces avantages mais dans un format un peu plus compact adapté aux régies retours qui doivent souvent s’inscrire dans des endroits plus exigus, sur le sujet je te laisse rejoindre Axel pour en parler…

Bonjour Axel, tu es au centre d’une belle régie.

Axel Vivini aux commandes de la régie retour entouré des quelques HF…

Axel Vivini : Oui, ici se trouve le cœur DSP de la console XL8 de façade sur la gauche à côté du rack des préamplis DL431 que nous nous partageons Stéphane et moi. Sous la console se trouve le cœur Neutron de la PRO X sur lequel sont également connectées différentes passerelles pour mon réseau d’ordre et de talk via les deux DN9650 équipés en MADI. Je fais cela en attendant la nouvelle carte Neutron-NB qui intègre désormais deux slots passerelles (MADI, DANTE ect) dans le rack Neutron de la PRO X.

Quel est ton sentiment sur la PRO X ?

Axel Vivini : Cela fait deux ans que je travaille avec la PRO X et si je pouvais avoir cette console sur tous mes shows, je la prendrais sans hésiter. D’abord j’ai le son, ce qui est quand même primordial, et je suis sûr de pouvoir répondre à 99% de mes besoins en termes de ressources. Si j’apprécie les PRO6 et 9 qui font le boulot dans la plupart des cas où je dois gérer un ou deux chanteurs avec un groupe traditionnel, ici je serais trop à l’étroit vu le plateau d’artistes et de musiciens.

La régie retour Midas PRO X , DL431, DN360 , DL371

Avec 144 entrées et 99 Bus, j’ai toute la puissance DSP dont j’ai besoin, mais je dois néanmoins matricer, car mon nombre de HF et de lignes de départ Ears est limité bien que déjà conséquent. Il n’y a qu’à regarder les racks de HF et de Ears…
Sur cette tournée STARS 80 nous utilisons pour les chanteurs 14 micros HF et 14 lignes de départs Ears. Mais vu que nous avons 22 chanteurs qui alternent suivant les tableaux, je suis obligé de matricer différemment suivant les titres.

Les 14 micros HF sont donc splittés vers 22 tranches et mes 30 mix de ears partent vers 14 lignes qui alimentent 24 émetteurs stéréo (sauf l’animateur qui garde toujours une oreille libre pour la salle). Toutes ces modifications d’affectations de patch sont bien sûr en recall.
Justement la partie patch originale de la PROX me permet également quelques astuces de réinsertion en interne de mes sorties de PFL vers des tranches matricées sur certains départs sans avoir besoin de connexions physiques externes induisant de la latence.

La latence n’est-elle pas l’ennemie au poste des retours ?

Axel Vivini : Effectivement c’est un point que je surveille et j’apprécie que la PRO X travaille en 96 kHz et utilise le protocole AES50 pour un résultat d’ensemble ayant une latence infime, qui plus est avec un gros son dynamique et riche en détail. Raison également pour laquelle tu ne verras pas de traitements externes, à l’exception d’une réverb Lexicon 480, car une vraie 480 reste une 480…
Je l’utilise pour donner cette couleur et cet air particulier pour la batterie. Coté traitements, ce que j’apprécie avec la PRO X est de n’utiliser que ceux de la console qui sonnent vraiment. Et puis avec 22 moteurs d’effets, je ne manque pas de ressources d’autant que certains comme la M350 peuvent être doubles ! Tous mes effets sont bien sûr en recall vu le nombre sur chaque chanson. J’utilise aussi le dé-ésseur en insert sur chaque voix directe et les six pistes d’accompagnement du ProTools.

Vous avez dit Recall…..


La PRO X a-t-elle d’autres particularités que tu affectionnes ?

Axel Vivini : Oui les VCA et les MCA. Associés aux fonctions POP que l’on peut aussi utiliser en mode « User » pour une liberté totale d’agencement de la console pouvant changer à chaque titre, les DCA sont une manière de travailler en mode live et non en total recall permanent. De plus les Midas Pro Séries bénéficient (sauf la PRO1) de la fonction MCA me permettant d’ajuster des niveaux d’envois de groupe DCA vers les aux, différents suivant les chansons du show.
Et quand tu regardes bien, pas un départ n’a les mêmes niveaux d’envois DCA suivant chaque titre. A partir d’un mix de base, après un ajustement de mixage de chaque tranche d’une section vers un bus, la gestion des envois d’ensemble DCA en live me permet d’être plus réactif et efficace durant le show. Les MCA sont en SAFE, contrairement au prémix de chaque section et ne seront pas en « Recall scope » pour une autonomie de suivi Live pendant le spectacle. Comme beaucoup d’autres paramètres ainsi que tu peux le voir.

Justement si on fait un tour dans ta gestion des mémoires de scènes cela semble bien rempli…comment appréhendes-tu cela ?

Axel Vivini : Effectivement tu peux voir que le spectacle intègre au total 58 scènes différentes et dans chaque scène des événements MIDI et des crossfades me permettent d’automatiser le déroulé du spectacle. Trois scènes de recall MIDI sont dédiées à un recall pour ma X32 afin de ne pas oublier de changer un état de talk entre et pendant une chanson et aussi pour rappeler les presets programmés sur la 480 en fonction des chansons. A cela tu noteras la présence d’un crossfade entre chaque titre pour adoucir les transitions entre les mémoires. Ce qui est beaucoup plus agréable pour les artistes notamment avec l’utilisation des micros d’ambiance. Sur ce sujet, j’utilise des Sennheiser MKH60 pour récupérer l’ambiance public un peu éloignée et des ME80/40 pour l’ambiance de proximité que je réinjecte dans les circuits des ears suivant les échanges avec le public. S’il y a beaucoup de scènes en mémoire, je travaille au final avec beaucoup de « Safe » pour une vraie gestion « Live » du Show.
Pour le groupe des musiciens, il est important de conserver un univers sonore stable non seulement sur chaque représentation mais aussi entre chaque date. Cet univers audio doit rester cohérent afin que chacun d’entre eux puisse savoir comment se placer dans le mix en termes de dynamique de jeu, de choix des sons et d’interprétation. Ils savent ainsi que s’ils s’entendent trop fort cela signifie qu’ils envoient trop de niveau à la face et retour au risque de perturber les copains et le rendu d’ensemble. Ils se réajustent ainsi facilement. Pour cela je travaille avec un mix de base et des presets de mix de sections que je fais évoluer avec les MCA au cours du show. Cette mise à plat équilibrée est mon fil de référence pour la continuité du spectacle et m’a même permis une fois de sauver le show…

Ah Bon ????

Axel Vivini : Un jour malgré nos remarques, l’organisateur avait imposé un trajet de câble entre console façade et retour insuffisamment protégé…et ce qui devait arriver est arrivé …les câbles ont été écrasés et la liaison définitivement coupée sans alternative…Nous avons donc fini le spectacle avec mon mix de base dans la diffusion principale et la fin du show a ainsi été assurée.

L’équipe plateau Axel Vivini Ingé retour entouré de Thibaut Peyrat assistant retour et Charles Henri de la Fourcadière assistant HF

Je vois aussi une X32 Rack dans ton rack…on n’est plus 100% Midas ?

Axel Vivini : Si si, j’aurai bien mis une version Midas M32 dans le rack mais question d’espace…La version cousine X32 Rack m‘assure un gain de place. Cette matrice me permet de gérer l’intégralité des ordres et des circuits talk et de décharger un peu la PRO X mais, surtout, je voulais une indépendance totale pour ce poste « talks » afin de toujours avoir une possibilité rapide de conserver la communication avec les musiciens même si je dois être amené à éteindre ma PRO X pour quelques raisons que ce soit. Et que tout le monde puisse communiquer avec tout le monde. Je récupère ainsi tous les bus de « talks » que je réinjecte dans les bus d’auxiliaires de la PRO X pour les chanteurs, musiciens, techniciens et moi-même. Sur ce type de prestation, la partie « talks » est devenue le nerf de la guerre, on ne peut plus travailler sans un réseau de communication qui fonctionne.

Houlà l’heure tourne, ça va démarrer…

Axel Vivini : Pour conclure, la PRO X est pour moi la console avec la surface idéale en termes de taille et d’accès. Contrairement à certains qui disent qu’il n’y a que douze fadeurs de tranches à gauche (ils oublient la touche « extend » et quatre à droite en zone B), au final avec les POP et les DCA, j’ai des accès à toutes mes tranches aussi rapidement que sur d’autres consoles avec lesquelles je pourrais avoir plus de fader disponibles mais où ma vision pourrait être perdue. Avec la PRO X, je conserve tous les contrôles et accès directs dans un champ de vison restreint et sous les doigts pour des interventions au final plus rapides et efficaces.

Aujourd’hui on voit de plus en plus de consoles avec tous les boutons autour de l’écran, avec la PRO X on semble dans une vision plus Vintage avec des touches d’accès direct dédiées non ?

Axel Vivini : C’est la digne héritière des XL4 et plus directement de l’XL8. Si au début cela peut paraître déroutant quand on vient d’autres consoles numériques, au final une fois que l’on est rentré dans la logique, cela devient carrément agréable et on en redemande. Le truc qui pourrait la rendre encore plus agréable serait de pouvoir personnaliser la partie centrale de la console et de pouvoir la configurer à sa convenance…Une PROX MKII ? affaire à suivre…

D’autres informations sur le site Midas et sur le site EVI Audio france

 

Crédits -

Texte et photos : EVI France

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