Placebo en tournée avec Ian Nelson et l’AiRay de Coda Audio

Placebo AiRay Coda Audio

Tout le monde s’accorde pour dire que tous les gros systèmes se valent et qu’il n’y en a plus de mauvais, mais force est de constater qu’un certain nombre d’entre eux sont beaucoup plus « bankables » et spécifiés pour des raisons qui souvent tiennent plus à l’habitude qu’à une analyse objective. C’est dans ce contexte que Coda Audio France travaille sa marque et a bénéficié du passage de Placebo à Bercy en pleines JTSE pour faire découvrir son gros système en action, l‘AiRay. SLU y était.

Philippe Pelmelle sur la SD7 de Ian Nelson. Promis juré, il n’a touché à rien !!

Philippe Pelmelle sur la SD7 de Ian Nelson. Promis juré, il n’a touché à rien !!

Le moins que l’on puisse dire c’est qu’AdLib, le prestataire de Liverpool qui accompagne Placebo en tournée dans toute l’Europe, a mis les moyens.
Pas le temps de compter le nombre de boîtes qui entourent en l’air et au sol la très grande scène érigée pour le groupe, Ian Nelson et George Puttock, respectivement ingé son façade et ingé système nous sont présentés par Philippe Pelmelle le PDG de Coda Audio France et inévitablement la première question fuse.

SLU : Qui a décidé de partir avec du Coda Audio sur une tournée aussi grosse que Placebo ?

Ian Nelson : AdLib et Coda, c’est une vieille histoire car nous en avons en parc depuis 7 ans. Nous avons beaucoup utilisé du LA12 et ensuite du ViRay et avons notamment embarqué le LA12 pour une grosse tournée où cela s’est très bien passé.

Ian Nelson le front man à gauche et George Puttock le system tech. Beaucoup de gros son à eux deux !

Ian Nelson le front man à gauche et George Puttock le system tech. Beaucoup de gros son à eux deux !

Quand nous avons appris la prochaine arrivée de l’AiRay, un ViRay en plus gros, nous avons été très intéressés car nous avons parfois eu des problèmes de poids avec le gros système et je me souviens d’une salle d’une jauge de 2500 personnes que nous avons sonorisée avec 9 ViRay par côté. Moi le premier j’ai douté avant d’admettre que non seulement nous l’avions fait, mais qu’en plus j’avais dû baisser mes généraux tellement ça envoyait.
Lorsque nous sommes partis chez Coda en Allemagne pour écouter les premiers AiRay, nous avons veillé à prendre avec nous quelques disques durs avec des titres live en multipiste afin de pouvoir juger sur pièces cette nouvelle boîte et on a pris notre claque. Que ce soit la taille et le poids ridicules ou encore le rendu, on a tout de suite su qu’on voulait cette enceinte.

Du AiRay en pagaille dans le ciel de Bercy avec, les plus observateurs l’auront remarqué, 3 ViRay en downfill et beaucoup de SC2 pour pousser du grave fort et loin.

Du AiRay en pagaille dans le ciel de Bercy avec, les plus observateurs l’auront remarqué, 3 ViRay en downfill et beaucoup de SC2 pour pousser du grave fort et loin.

SLU : Que lui trouves-tu en termes de qualité de restitution ?

Ian Nelson : L’AiRay a une projection phénoménale et l’atténuation du haut à grande distance est minime. C’est un système vraiment, vraiment réussi. Quand il a fallu décider de l’acheter ou pas, on ne s’est absolument pas posé la question. Il ne prend pas de place dans le camion, sonne super bien, …

SLU : Ce qui n’empêche que cela peut être difficile de convaincre un client désireux d’avoir ses habituelles et au demeurant très bonnes marques.

Ian Nelson : Absolument, mais Andy qui dirige la boîte (Andy Dockerty, Managing Director d’AdLib) s’est fié à ses oreilles le jour où à Francfort, lors d’une écoute en extérieur, il a été emballé par un système qu’il ne connaissait absolument pas, le LA12. Il était en train de quitter le terre-plein et a littéralement fait demi-tour pour aller au bout de la démo. Andy a choisi Coda car il a fait confiance à ce qu’il a entendu. Allons au bout des choses. Nous avons des marques qu’il faut avoir en parc faute de quoi nous n’aurions pas de travail et elles sont par ailleurs excellentes, mais Coda nous l’avons acheté uniquement en vertu du coup de foudre d’Andy lorsqu’il l’a entendu pour la première fois et bien nous en a pris, l’AiRay est encore meilleur.

Placebo AiRay Coda Audio

George Puttock : On parle d’une nouvelle marque s’agissant de Coda mais cela n’est pas tout à fait exact. La technologie mise en œuvre aujourd’hui est le fruit d’un long travail. Comme tu le sais, Coda fabrique ses propres haut-parleurs via BMS qui est une excellente marque, très réputée et employée parmi les grands fabricants d’enceintes, mais avant tout ils sont partis du raisonnement suivant : nous avons de bons DSP et de très bons amplis, comment allons-nous faire, construire des enceintes satisfaisantes et les rendre bonnes grâce à l’électronique ? Cela n’est absolument pas leur philosophie.

Une image du double moteur coaxial au catalogue de BMS, le BMS4507ND et qui doit être extrapolé de celui équipant l’AiRay.

Une image du double moteur coaxial au catalogue de BMS, le BMS4507ND et qui doit être extrapolé de celui équipant l’AiRay.

Coda conçoit et fabrique les meilleurs HP et ensuite les assemble avec le meilleur montage possible. Les DSP ne font plus que finaliser un produit très bien né. Si l’on prend la LA12, près de 15 modèles de transducteurs ont été testés avant de trouver le bon. Avec l’AiRay au contraire l’enceinte a été conçue autour d’une idée précise et les transducteurs ont été conçus spécifiquement pour elle.

Ian Nelson : Et c’est une réussite. L’AiRay avec les Linus 10 dispose d’une marge dynamique phénoménale et cette réserve de potentiel fait que la section médium-aigu qui a la capacité de générer un front d’onde parfaitement plat, dispose d’une portée supérieure à d’autres modèles.

George Puttock : Ce headroom et le fait que les deux transducteurs d’aigu de chaque boîte démarrent très haut (6300 Hz NDR), nous permet de pousser le 25 kHz pour faire encore mieux respirer le système et malgré ça, on garde à 101 dB(A) LEQ 10 minutes, 12 dB avant l’entrée en service du limiteur.

SLU : Vous avez quand même un très joli kit dont on reparlera après et surtout beaucoup de membrane dans le bas. Entre les 12” des AiRay, les 15” de la colonne de SC2 et les subs SCP au sol, il y a de quoi faire…

Placés derrière les AiRay, douze SC2 et leurs deux 15’’ asservis viennent renforcer le travail des deux 12’’ des têtes.

Placés derrière les AiRay, douze SC2 et leurs deux 15’’ asservis viennent renforcer le travail des deux 12’’ des têtes.

Ian Nelson : On ne recherche pas le SPL pour le SPL, notre stratégie avec les basses fréquences est bien précise. Les SC2 accrochés en antenne derrière les AiRay nous servent à arroser largement dans l’ensemble de la salle. Dans des arenas comme celle-ci, on a constaté que le grave issu des subs stackés a tendance à rester sur le parterre et ne monte pas bien, il se perd sous les gradins. On peut faire un excellent pied très complet et bien chargé à la régie mais quand on monte, on le retrouve sonnant un peu « clac-clac ». Les renforts de grave accrochés évitent cela et gardent un son très cohérent où que l’on soit.
Un autre phénomène qu’on corrige avec les subs accrochés est l’absorption des basses fréquences par les spectateurs présents en grand nombre dans la fosse. Certains affirment que l’énergie des subs passe au travers des gens. Je ne suis pas de cet avis. On ne travaille pas aux alentours de 30 ou 35 Hz mais plutôt vers 50, là où se concentre le pied et son punch, et ce sont précisément ces fréquences qui sont les plus absorbées par le public. A salle vide, on peut réussir un magnifique pied, mais quand les spectateurs ont pris possession des lieux, ce n’est plus la même musique (c’est le cas de le dire ! NDR). On n’a dans ce cas qu’à pousser les SC2, et l’attaque, le punch reviennent.

Un calage qui fait la part belle au pied

SLU : Comment calez-vous votre système ?

Ian Nelson : Nous calons la partie grave du système pour le pied. Le son le plus fort dans le grave va être la grosse caisse donc on se cale dessus et on corrige les éventuels modes de la salle pour qu’il soit gros et avec beaucoup d’attaque.

Le plateau sans aucun décor autre que des amplis, des instruments, des lights et du son. Beaucoup de son. On aperçoit distinctement les lignes principales et leurs renforts, les latéraux et les subs au sol.

Le plateau sans aucun décor autre que des amplis, des instruments, des lights et du son. Beaucoup de son. On aperçoit distinctement les lignes principales et leurs renforts, les latéraux et les subs au sol.

On commence quoi qu’il en soit par le système seul et puis avec les subs au sol. Quand ils sont OK, on les mute et on cale les subs 15’’ accrochés. Quand on obtient le son désiré, on ouvre les deux et on effectue les dernières corrections liées à leur couplage.

Douze SCP, des subs en double 18’’ asservis offrant une sensibilité de 103 dBA et admettant 3 kW AES et 12 kW en crête ce qui conduit à un SPL max de 144 dB. Ils passent comme il se doit le 25 Hz à -6 dB. A Bercy ils sont au nombre de 28 !

Douze SCP, des subs en double 18’’ asservis offrant une sensibilité de 103 dBA et admettant 3 kW AES et 12 kW en crête ce qui conduit à un SPL max de 144 dB. Ils passent comme il se doit le 25 Hz à -6 dB. A Bercy ils sont au nombre de 28 !

SLU : Vous avez donc pas mal de recouvrement dans votre montage. Quelles sont les fréquences de fonctionnement par groupes d’enceintes ?

George Puttock : Pour les subs au sol, 20 à 70 Hz, et pour les SC2 accrochés 35 à 160 Hz.

SLU : Vous avez donc potentiellement beaucoup de recouvrement !

George Puttock : Oui beaucoup, mais avec le Sensor (senseur analogique solidaire du support de la bobine et dialoguant avec l‘ampli NDR), la phase du système ne tourne que d’un cycle, de la fréquence la plus haute à la plus basse. De 20 kHz à 45 Hz, la variation de phase du système n’est que de 180° et les derniers 180° en dessous de cette fréquence. L’explication tient dans le délai de groupe qui est très faible et les filtres FIR implémentés dans les amplis.

SLU : Y’a-t-il aussi du recouvrement à même l’AiRay ?

George Puttock : Bien sûr ! Il y en a entre les médiums et les 12” (dans chaque enceinte on retrouve un montage constitué de deux transducteurs coaxiaux à double diaphragme DPP). Si je ne m’abuse, l’AiRay attaque à 50 Hz et les 12” montent jusqu’à 700 Hz, mais le médium rentre à 300 Hz et monte jusqu’à 6 kHz où les aigus prennent le relai.

Un éclaté d’un AiRay. L’apparente simplicité dans la mise en œuvre de ses transducteurs cache une somme de trouvailles peu commune mais explique d’un coup d’œil la compacité et la légèreté de l’ensemble. Fonctionnant sur deux pattes d’ampli, chaque boîte qui est une trois voies est équipée d’un filtre passif que l’on aperçoit au fond à droite et qui alimente la partie aigüe du moteur coaxial.

Un éclaté d’un AiRay. L’apparente simplicité dans la mise en œuvre de ses transducteurs cache une somme de trouvailles peu commune mais explique d’un coup d’œil la compacité et la légèreté de l’ensemble. Fonctionnant sur deux pattes d’ampli, chaque boîte qui est une trois voies est équipée d’un filtre passif que l’on aperçoit au fond à droite et qui alimente la partie aigüe du moteur coaxial.

Coda est ainsi en mesure d’utiliser l’Ai Coupler comme une sorte de baffle infini pour l’aigu et évite les réflexions sur les membranes des 12” et la distorsion d’intermodulation qui en découle avec un gain additionnel de 3 dB puisque la charge correspond à un demi-espace.
Le recouvrement entre le grave et le médium sert aussi à garantir une directivité horizontale très homogène, où que l’on se place entre 0 et 50 °, et un gain important en SPL.
Le ViCoupler et l’AiCoupler sont brevetés et quand tu ôtes la grille de protection d’une enceinte, tu comprends pourquoi. Cela paraît de prime abord un peu « bizarre » (rires NDR) !
Ces coupleurs et à la fois guide d’ondes occupent entièrement la face avant en chargeant aussi symétriquement les deux HP de grave à l’aide de slots espacés de façon à améliorer le couplage en permettant un guidage du grave jusqu’à 250 Hz. Pour le reste, les HP de grave sont chargés en bass reflex.

Un grave sous contrôle

SLU : Puisqu’on parle de basses fréquences, quel est l’avantage de disposer d’un senseur analogique connecté aux amplis ?

Ian Nelson : Il évite grandement la distorsion et le traînage, en permettant au grave de devenir beaucoup plus percutant et maitrisable, beaucoup plus…

Le groupe de 4 subs SCP placés au centre de la scène et surplombés par deux ViRay pour redonner espoir aux spectateurs placés devant

Le groupe de 4 subs SCP placés au centre de la scène et surplombés par deux ViRay pour redonner espoir aux spectateurs placés devant

George Puttock : Le problème avec le grave est un problème temporel. Un HP de grave est par définition très rigide et ne veut pas bouger car il est retenu par une suspension qui le maintient en position médiane.
Sa masse engendre de l’inertie. Pour le faire passer de la position de repos à celle de la pleine élongation pour reproduire, par exemple, l’attaque d’une batte sur la peau d’une grosse caisse, « le senseur » ou plus précisément l’asservissement dans l’ampli va l’aider.
De la même manière, quand le noise gate sur la console « ferme » la tranche dévolue au micro sur le pied, ce système va arrêter le HP. Sur un montage classique, il y a un traînage car le haut-parleur, qui doit reproduire un signal, ne peut stopper de délivrer de l’énergie d’un coup. Le système amplifie la différence qui existe entre ce que le haut-parleur est en train de faire et qu’il devrait être en train de faire. Si une différence existe, il la corrige immédiatement.

L’image d’une impulsion reproduite par les SCP et leur senseur. Parfaitement. Autour de cette impulsion ce n’est que du bruit de fond.

L’image d’une impulsion reproduite par les SCP et leur senseur. Parfaitement. Autour de cette impulsion ce n’est que du bruit de fond.

Ian Nelson : Bien entendu cela protège le transducteur, mais là où ce procédé se révèle le plus intéressant, c’est dans le rendu acoustique du grave et de l’infra qui devient sec et particulièrement musclé et contrôlé.
Dans des salles difficiles, nous avons été en mesure de délivrer de la pression dans le bas beaucoup mieux que ce que nous avons pu faire par le passé en gagnant en précision et en impact et en parvenant à reproduire de belles et longues notes entre les 30 et les 35 Hz.
Un exemple probant est le Palais des Sports d’Anvers où le TR à 30 Hz est de 7 s et malgré tout nous avons réussi à garder un bon pied défini et nerveux.


George Puttock, un redoutable ingé système, aussi compétent que généreux de son temps.

George Puttock, un redoutable ingé système, aussi compétent que généreux de son temps.

George Puttock : L’autre avantage de disposer d’un système aussi « rapide » est que, comme l’ensemble de l’énergie acoustique parvient au spectateur en même temps, y compris l’infra qui est parfaitement en phase avec les têtes et les renforts de grave, il n’y a pas le même besoin en termes de puissance pour un niveau SPL ressenti identique.
Mon discours n’intéresse nullement Ian qui de toute manière ne sacrifiera jamais un dB sur ses subs (rires) ! Cela est bénéfique une fois encore en termes de qualité de rendu car moins de pression délivrée par le système signifie une salle moins excitée et donc moins de réflexions et de réverbérations et plus de son direct.

SLU : Que recherchez-vous précisément dans un système en termes acoustiques.

Ian Nelson : Pour moi le rendu des voix est la chose qui compte le plus. A chaque fois qu’on te fait écouter une enceinte, on joue un CD et tout roule, mais le vrai test est de brancher un micro et d’écouter la façon dont sonne la voix. C’est l’élément du mix qui va être placé au sommet, qui sera le plus fort en SPL et qui doit parfaitement ressortir. Si ce n’est pas le cas, on est loin du compte. Avec ce système, quand tu ouvres le VCA de la voix, elle sort naturellement et trouve bien sa place. Je me retrouve à placer le fader 3 dB plus bas que ce que je fais habituellement parce que la phase est vraiment très bonne et du coup la voix claque sans effort.

Placebo AiRay Coda Audio

SLU : Et question rigging ?

Ian Nelson : Facile et rapide !

George Puttock : Une personne suffit pour le mettre en œuvre. Simple, rapide et, une fois encore, léger. Le ratio poids / SPL est imbattable. On les transporte sur des dollies de 4 têtes, et on peut en rouler une dans chaque main. Quand on a un sol comme celui de Bercy, il vaut mieux rouler léger (rires) !

Un bon coup de pied du groupe et on reprend l’inter avec George

Ca s’anime sur scène, les balances approchent et à peine le temps d’ouvrir… Poum, je découvre le pied le plus immense que je n’ai jamais entendu et encore, à salle vide. C’est manifeste que Ian Nelson bâtit sa diff autour de ce fût et il faut reconnaitre qu’en plus, il sait comment le rendre titanesque, sans parler du batteur du groupe qui envoie.
Ah bon ? Il tape encore plus fort durant le show ? Tout seul, il est presque trop énorme, sec et dur. Heureusement que le reste du groupe le rejoint. Quelques titres plus tard nous reprenons notre discussion avec George Puttock.

SLU : Tu sembles connaître parfaitement Coda, comment est-ce possible…

George Puttock : Je travaille chez AdLib où nous en avons beaucoup. En fait nous offrons deux marques à nos clients, L-Acoustics et Coda, je me partage donc équitablement entre ces deux très bons fabricants.

L’équivalent d’un Linus Rack 40 monté par AdLib, 4 Linus10 délivrant chacun 2 x 5 kW d’où la référence 40.

L’équivalent d’un Linus Rack 40 monté par AdLib, 4 Linus10 délivrant chacun 2 x 5 kW d’où la référence 40.

SLU : Quelle différence verrais-tu entre l’asservissement de Powersoft et celui choisi par Coda.

George Puttock : Je n’ai pas entendu l’iPal mais je sais que ça marche aussi très bien. J’ai malgré tout une préférence pour le système de Coda basé sur une bobine solidaire de l’équipage mobile de chaque HP et fonctionnant en analogique car cela ne peut être que plus rapide et réactif que le pressostat de Powersoft, même si leur DSP est effectivement véloce.

Le comparateur dans le Linus 10 reçoit l’information d’élongation et de vitesse de l’équipage mobile et la met en rapport avec le signal présent dans l’ampli en ajustant en temps réel la tension, pour que le transducteur « colle » au signal. Mais je le répète, je n’ai pas entendu le système Powersoft donc je n’évoque que des principes.

SLU : En termes de fiabilité, où se situe Coda ?

George Puttock : Bien. Les systèmes quelle que soit la marque sont de toute manière désormais très fiables. Depuis le début de la tournée européenne, et nous en sommes à la 28e date, nous n’avons eu qu’une casse, un câble NL4 qui s’est fait rouler dessus par un dolly, le reste fonctionne sans problème. Je touche du bois ! (rires)

SLU : Vous sortez cette marque pour quel type d’artiste ou de programme ?

George Puttock : Tout. A partir du moment où la distorsion est basse, la phase droite, le son précis et bien sec, il n’a pas de limites. Ca marche bien aussi sur du classique.

SLU : Combien de boîtes avez-vous en parc ?

George Puttock : Question piège…Je crois que nous avons entre 72 et 96 anciens modèles de line-array, le LA12. A ce propos, ils sont à vendre et pour un prix très attractif. Si cela intéresse quelqu’un… Nous avons 36 subs SC8, une super enceinte équipée de quatre 18”, des SC3 qui sont des double 15” qu’on accroche derrière les LA12, bref, plein de choses à vendre (rires).

Venant apporter un peu de vie à l’avalanche de basses générée par les SCP qu’on devine, un des 6 AiRay en front

Venant apporter un peu de vie à l’avalanche de basses générée par les SCP qu’on devine, un des 6 ViRay en front

Pour le reste nous avons rentré 48 AiRay, 24 renforts de grave SC2 et plus d’une soixantaine de ViRay, le petit frère de l’AiRay et plein de TiRay, le bébé line-array. Sonore lui aussi, surtout pour 9 kg ! Il ne fait pas de grave, mais il a un magnifique bas médium et un très bel aigu.

Le système à l’AccorHotels Arena

Il est temps de prendre sa douche ! 6 ViRay s’en chargent. Une fois encore le calage très soigneux rend leur action efficace et discrète.

Il est temps de prendre sa douche ! 6 ViRay s’en chargent. Une fois encore le calage très soigneux rend leur action efficace et discrète.

SLU : Venons-en à ton système accroché et posé à l’AccorHotels Arena…

George Puttock : Nous avons en principal 18 AiRay par côté prolongés par trois ViRay en down. Pour les côtés, les lignes sont composées de 10 AiRay et 5 ViRay. Au centre un renfort de 6 ViRay en douche vient boucher le petit trou sur les premiers rangs.
Derrière le système principal est accroché un renfort de grave composé de 12 SC2 par côté. Tous les AiRay sont montés avec un guide en 90°.
Au sol nous avons trois stacks de subs, des SCP. Douze à cour et à jardin en 4×3 et 4 au centre de la scène en 2×2. Enfin 6 ViRay en 3×2 débouchent depuis les subs le centre et les côtés.
Pour amplifier l’ensemble de ce que je viens de citer nous avons 62 Linus10.

12 Linus 10. Pour la petite histoire, les 4 premiers ont chargé le preset des SCP et les 8 autres de l’AiRay avec guide à 90°

12 Linus 10. Pour la petite histoire, les 4 premiers ont chargé le preset des SCP et les 8 autres de l’AiRay avec guide à 90°

SLU : Ce ne serait pas plus pratique de disposer d’amplis de même puissance mais à 4 canaux ?

George Puttock : Oui bien entendu, mais je crois qu’ils y pensent très fort chez Coda (rires). Cela étant dit, le Linus10 restera indispensable pour bouger les subs. Il est alimenté en 32 ampères et sort deux fois 5 kW en régime continu. Au début du concert, on doit être à quelques dB des limiteurs dans le médium-aigu. Tu regarderas les amplis dans le grave, ils en ont encore sous la semelle !

SLU : 5 kW de puissance en régime continu ? Les derniers amplis sont capables de tenir 200 ms la puissance crête ce qui paraît suffisant…

George Puttock : Oui, quatre cycles à 50Hz, mais le Linus 10 dispose d’un comparateur et il se doit donc d’être en mesure de sortir toute la puissance nécessaire et le temps qu’il le faut, c’est pour ça qu’il dispose de plus de réserve de puissance. Le Linus10 est construit par Camco et dispose d’un PFC. On l’a mesuré chez AdLib et il tient longtemps (mais pas en continu NDR).

Avec son humour tout british, voici l’EQ du système « very embarassing » tel que montré par Georges. Essentiellement quelques points entre 2 et 4 kHz.

Avec son humour tout british, voici l’EQ du système « very embarassing » tel que montré par Georges. Essentiellement quelques points entre 2 et 4 kHz.

SLU : Est-ce que tu as dû travailler beaucoup sur le système pour le caler ce soir ?

George Puttock : Oh non, mais je n’ose pas te le montrer, c’est very embarassing (rires). Je n’y ai quasiment pas touché et les seuls points d’EQ ont été décidés entre Nelly (surnom de Ian Nelson NDR) et moi.
Il ne modifie rien avec sa console, c’est moi qui suis en charge de le faire avec le Lake. Il pourrait cela dit puisque lorsqu’il ne mixe pas pour Placebo, il s’occupe comme moi des systèmes chez AdLib.

Placebo AiRay Coda Audio

Le poids des mots, le choc des graphos

Une phase de course. Sans aucun doute une partie des bonnes performances du système Coda en découle.

Une phase de course. Sans aucun doute une partie des bonnes performances du système Coda en découle.

SLU : Tu nous as parlé de la phase comme étant absolument parfaite, aurais-tu un exemple à nous montrer ?

George Puttock : Bien sûr. Sur la photo (ci-contre NDR) en rose nous avons la phase de l’AiRay, droite entre 90 Hz et 20 kHz.
En bleu les renforts de grave SC2 et en rouge c’est la phase des SCP. A 45 Hz, on est à 180° et on tourne d’encore de 50° au mini qui est à 30 Hz donc au total 220° donc bien en dessous d’un cycle.

Placebo AiRay Coda Audio

SLU : Aurais-tu un graphique qui montre la polaire de l’AiRay ?

En rose on est à l’ouverture nominale soit 45° hors axe et enfin en bleu clair on mesure au-delà du maximum puisque le guide qui équipe notre système est un 90° et malgré tout cela reste cohérent.


Le système complet mesuré à 64 mètres de distance dans l’axe.

Le système complet mesuré à 64 mètres de distance dans l’axe.

Le même système mais à 84 mètres. On constate une normale chute de l’énergie générée par les subs et une atténuation à partir de 10 kHz.

Le même système mais à 84 mètres. On constate une normale chute de l’énergie générée par les subs et une atténuation à partir de 10 kHz.


Placebo AiRay Coda Audio

SLU : Comment transportes-tu le signal entre la régie et les très nombreux amplis ?

George Puttock : Je commence par récupérer les sorties AES et analogiques des deux consoles et j’alimente mes Lake. Je pars ensuite en Dante et en analogique jusqu’au plateau à cour sur un Lake qui fournit à son tour le signal en Dante et en analogique à un ultérieur Lake à jardin.

Les deux racks de périphériques et de drive du système avec force Lake LM44. Là où certaines marques poussent à n’employer que les ressources des contrôleurs pour éviter la superposition de traitements, AdLib préfère la bonne vieille solution.

Les deux racks de périphériques et de drive du système avec force Lake LM44. Là où certaines marques poussent à n’employer que les ressources des contrôleurs pour éviter la superposition de traitements, AdLib préfère la bonne vieille solution.

Ce sont donc les Lake qui distribuent le signal en analogique et en numérique aux Linus. Tout est secouru et redondé.

SLU : Les amplis Coda n’acceptent pas le Dante ?

George Puttock : Non, Coda dispose de son propre protocole de transport appelé Linet qui est de l’AES sur du Cat5 et qui a la particularité de faire la part belle au courant à très basse impédance ce qui lui permet d’attaquer des câbles de 500 mètres, et je peux te dire que ça marche, on s’en est servi un jour où nous avions des délais placés très loin et on a tiré 600 mètres de fil sans la moindre anicroche.

Le mot du président Pelmelle

On profite de la présence de Philippe Pelmelle de Coda Audio France sur place pour faire le point sur la marque en général et son travail pour l’implanter sur notre territoire.

Philippe Pelmelle : Beaucoup de travail mais aussi le plaisir d’avoir accueilli Yves Guégan pour m’accompagner dans le démarchage avec sa sensibilité et sa compétence. Beaucoup de plaisir à avoir pu accueillir des futurs clients lors des 4 dates de Placebo en France et enfin beaucoup de bons contacts lors des JTSE où Coda Audio France a pu exposer pour la première fois. Nous avons aussi réalisé un certain nombre d’installations dont la Marbrerie à Montreuil et d’autres en Picardie.

Placebo AiRay Coda Audio

SLU : Dans le line-array vous avez des touches ?

Philippe Pelmelle : Oui. De manière assez inattendue pour un début de distribution, nous avons une petite dizaine de projets pour du AiRay sur l’ensemble du territoire. Cela prend pas mal de temps mais à la fois c’est normal vu qu’il s’agit d’un gros système et la tournée de Placebo nous aide beaucoup. Il faut, cela dit, qu’on continue notre travail sur les prescripteurs, que ce soit dans le touring comme l’installation.

SLU : Avez-vous du stock ?

Philippe Pelmelle : Oui, nous avons fait le choix d’investir pour être en mesure d’être plus réactifs. Nous avons 8 enceintes de chaque en 5”, en 8”, en 12” et en 15” et nous avons aussi des subs et une dizaine d’amplis. Nous sommes un peu victimes de notre succès et les délais ont augmenté, d’où ce stock de petits modèles.

SLU : Vous serez au PL+S ?

Philippe Pelmelle : Oui mais cela n’est pas de notre ressort, c’est la maison mère qui expose et choisit sa stratégie. Il y aura aussi un stand Coda Audio à l’ISE et j’irai à ce salon en plus de Francfort qui reste malgré tout la référence.

SLU : Des nouveautés ?

Philippe Pelmelle : On devrait avoir rapidement le Linus 14, un ampli 4 canaux de forte puissance, une sorte de double Linus10. J’aimerais bien avoir aussi une enceinte qui est au catalogue de nombreuses autres marques et qui ouvre par exemple à 30° ce qui permet, en les associant, de couvrir facilement et rapidement des espaces bien définis.

A près de 100 mètres de distance, la scène inondée de lumière.

A près de 100 mètres de distance, la scène inondée de lumière.

CONCLUSION

Après la découverte du système lors des balances, on le retrouve plus amorti et pour tout dire bien meilleur dès les premiers titres envoyés par le groupe. Le niveau apparent est très impressionnant, et comme souvent avec des enceintes bien calées et un bon mix, on a beau être à 102 dB, on a l’impression d’en avoir beaucoup plus dans le cornet. L’association tête, renfort en 15” accroché et sub en 18” stacké fonctionne bien sans que personne ne se marche sur les pieds ou presque. Un grand bravo à Georges Puttock pour le calage, c’est vraiment un bon.

Placebo AiRay Coda Audio

Le niveau de grave est parfaitement homogène et la portée est garantie par le montage en antenne des deux fois douze SC2. Même en fond de salle, le rendu est cohérent et agréable tel quel. A ce propos, nous sommes montés exprès dans le tout dernier rang de sièges placé tout au fond et tout en haut de l’AccordArena à 98 mètres du système et y avons même fait une mesure qui se passe de tout commentaire. Bien sûr le grave et l’aigu sont atténués, mais l’information délivrée reste précise, agréable et suffisamment équilibrée pour se passer d’un renfort. Chapeau Coda.

Placebo AiRay Coda Audio

Quelques minutes après cette mesure, nous en avons refait une sur le parterre à 60 mètres environ avec un titre très proche. La différence est visible mais ne bouscule pas l’équilibre du rendu qui grimpe tout là-haut. Nous avons aussi apprécié la directivité horizontale régulière et sans aucun accident audible. Les 90° sont plus que disponibles et l’atténuation au-delà est linéaire.
Certes le mix et le calage, tout comme le style musical et le jeu de bûcheron du batteur de Placebo ont leur responsabilité, mais j’avoue avoir été renversé par le pied et son rendu allant de l’infra au haut médium. Comme le dit si bien Ian Nelson, « il faut que ça tape là, dans le haut de ton buste » On peut aimer ou pas son style de mix, mais on ne reste pas insensible à tant d’impact et de précision, et le système y est pour quelque chose aussi.

Ian et George en plein show

Ian et George en plein show

Placebo AiRay Coda Audio

Adieu les subs qui bavent et le grave qui arrive après le spectacle, c’est tout le contraire qui se produit. On a aussi été positivement impressionné par le délié et la facilité avec laquelle chaque instrument trouve sa place avec beaucoup de finesse mais aussi, mix anglais oblige, du mordant entre 2 et 6 kHz.
Ian mixe avec du gras et de la chair, et on sent bien qu’il est le garant du son du groupe qu’il transmet au public avec toute la puissance nécessaire, bien aidé enfin par l’acoustique de feu du POPB devenu l’AccorHotels Arena et ayant gagné un chouette traitement acoustique au passage.

On pourrait en faire encore des pages tant la surprise est belle et corrobore l’impression qui avait été la nôtre lors de la démo en plein air à Francfort l’année dernière.
L‘AiRay est un très bon système bien secondé par des renforts et des subs nerveux et précis comme jamais. Neutre, juste et pourtant dynamique, le son Coda a sans aucune hésitation sa place dans le peloton de tête des systèmes professionnels.

 

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