Véronique Sanson chouchoutée par Nicolas Maisonneuve

Waouh, quelle claque ce concert ! Les musiciens sont excellentissimes, la patronne a du peps, une énergie dingue qui nous emporte pour plus de 2 heures dans l’intimité de l’Olympia. On doit se ressaisir, penser à analyser la lumière de Nicolas Maisonneuve qui a mis tout son talent à tisser un ensemble cohérent : scénographie et conception lumière.
Cette série de 6 concerts à l’Olympia (et 3 à Pleyel) clôturait la tournée « Dignes, Dingues, Donc » des festivals et Théâtres 2017 avant d’attaquer les Zéniths en ce mois de février 2018.

L’équipe lumière de la tournée avec de G à D, Jérôme Nizet, Nelly Beloux-Chaurand, Nicolas Maisonneuve, Fabien Duchossoy et Julien Recoque

Nous avions deux missions en réalisant ce reportage, retrouver Nicolas Maisonneuve et découvrir son utilisation du MegaPointe Robe, la nouvelle coqueluche des éclairagistes. Encore aujourd’hui, ceux qui peuvent en disposer sont équipés par des prestataires qui l’ont commandé les yeux fermés. C’est le cas de MPM qui fournit l’équipement son et lumière de Véronique Sanson. C’est aussi le cas de Lampion Mécanique qui signe ici le décor.
Nicolas Maisonneuve écrit une grande page de la lumière. Avec son talent de sculpteur d’espace scénique, et sa capacité à creuser les ombres pour créer du relief, il créé de la lumière vivante sans pour autant accentuer les mouvements de faisceaux. Son secret ? Un recalage précis des projecteurs dans chaque salle et surtout un contrôle en live des paramètres de gradation, des zooms et du travail des poursuites. Nicolas restitue lui-même la lumière en live.

En arrivant à l’Olympia avec Jonathan Grimaux, responsable de la communication de Robe Lighting France, nous sommes accueillis par Julien Recoque de Lampion Mécanique, régisseur lumière pour les dates parisiennes de la tournée. Nous visitons le plateau.

Un décor sur mesure signé Lampion Mécanique

Les rampes fabriquées par Lampion Mécanique : ruban de leds à l’extérieur et lampes à l’intérieur positionnées entre les panneaux de tissu…

En fond de scène, pas d’écran vidéo mais des panneaux de tissu noir et de tissu blanc montés sur 7 Media Spiner Robe donc asservis à 360°en DMX.
Pour jouer la transparence et le contraste, sont montées une ligne de 6 Martin Mac Aura XB à contre, à mi-hauteur, puis 15 rampes verticales accueillant 6 ampoules carbone côté intérieur, et enfin un tube de leds côté extérieur, ce dernier coiffé d’un dépoli afin de casser l’effet pixels, alors que 7 Arcaline 3G Ayrton douchent les panneaux.

Julien Recoque : « Les rampes d’ampoules et de leds sont fabriquées par Lampion Mécanique. On utilise du ruban RGBW monté sur un profilé. On assemble nous-mêmes les rampes avec la connectique, on choisit les alimentations et drivers qui correspondent au ruban led et que l’on intègre dans des boîtiers. Ces rampes sont prévues en 2 m de long pour être démontables et transportables et elles se contrôlent par 4 canaux DMX.

SLU : Comment Lampion Mécanique est-il arrivé sur cette tournée ?


… et en latéral pour apporter de la profondeur à la scène.

Julien Recoque : C’est Nicolas qui a fait appel à Lampion. Nous sommes un peu spécialistes du bricolage professionnel et nous ne sommes pas nombreux en France à savoir le faire. On fabrique tout, c’est notre savoir-faire. MPM, choisi par la production, gère le son, la lumière, la structure.
On s’entend très bien avec les grands groupes car nous sommes tous éclairagistes chez Lampion donc on travaille tous quelque part avec leur matériel et ils savent que nous en prenons soin.
Les artistes de Lampion sont les artistes de Nicolas ou d’autres éclairagistes affiliés à Lampion mais pas que. On fait la tournée Lavilliers par exemple en ce moment. C’est Laurent Chapot qui fait le design. Il y a comme lui des éclairagistes extérieurs qui ont envie de travailler avec nous.

Quand les panneaux sont ouverts, Nicolas gagne 2 mètres de profondeur marquée par les Mac Aura XB de contre et du relief grâce aux rampes d’ampoules et de lampes.

SLU : Tu es associé à Nicolas Maisonneuve ?

Julien Recoque : Oui depuis 2010. Nicolas est dans l’artistique, moi je suis dans la direction technique et je fais un peu de design aussi pour mes artistes. »

Le plan de feu musclé

Les BMFL Blade et B-Eye K20 de contre, câblés par Julien Recoque.

Poursuivons l’inventaire. Avec à contre 5 BMFL Blade Robe et 4 B-Eye K20 Claypaky, sur ponts qui répondent à 4 BMFL et 5 B-Eye K20 au sol. Nicolas en a sous la semelle même pour la tournée des Zéniths.

Au centre 6 MegaPointe, 3 B-Eye et 2 Atomic 3000 Martin se partagent une perche, et 6 Mac Aura XB Martin et un MegaPointe sont sur une autre perche, alors que 9 MegaPointe suivent le dessin des praticables au sol.

La face sera tout aussi efficace assurée par 9 BMFL Blade, 2 MegaPointe en régie (ils servent à faire des ponctuels et de l’habillage), 5 Mac Aura au manteau, alors qu’au sol, l’avant-scène est bordée par 6 Mac Aura XB et 1 Atomic 3000 Led.

Implantation grill

Implantation Sol

Legende plan

Une dizaine de miroirs asservis Deflector Studio Due s’incrustent entre les Mac Aura XB au manteau et au sol. Nicolas a aussi prévu 2 poursuites Aramis Robert Juliat en HMI 2500, une au pigeonnier et une au baquet jardin.
Enfin, 17 PAR 20 assurent les ponctuels musiciens et 3 BMFL Blade de chaque côté de la scène, garantissent des latéraux musclés.

SLU : Quelles sont les difficultés techniques pour toi sur cette tournée ?

Julien Recoque : Il n’y a pas d’énorme difficulté technique, si ce n’est qu’il faut être précis, très précis sur le positionnement du décor comme pour tous les plans de feu un peu exigeants. La lumière c’est précis et c’est notre philosophie depuis des années avec Nicolas. Plus on est précis dans toutes les strates du métier, moins on a de problèmes et plus le visuel est cohérent tous les jours. Donc l’installation, c’est au centimètre près.

Le plan de feu en lumière. C’est Fabien qui a affecté des couleurs différentes par types de projecteurs pour s’y retrouver. En blanc froid les MegaPointe, en vert d’eau les BMFL Blade, les B-Eye sont en ambre.

MegaPointe, un hybride propre

SLU : Tu penses quoi du MegaPointe ?

Julien Recoque : C’est une très bonne machine, son flux est élevé, il ouvre large, ferme serré et son étal est très correct. Contrairement à d’autres hybrides qui font tout mais pas très bien, dans cette machine, tout est propre.

Un superbe tableau où les MegaPointe en faisceau ultra serré rivalisent avec les tubes à Led de lampion mécanique. La ligne de Mac Aura à contre apporte de la profondeur

Nicolas Maisonneuve qui nous a rejoints enchaîne.

A gauche le pont de contre en BMFL et B-Eye et deux mètres devant les MegaPointe cotoient B-Eye et Atomic 3000 Led

Nicolas Maisonneuve : A 22 kg, le rapport poids /puissance du MegaPointe est excellent. C’est pour ça que les prestataires se l’arrachent. 22 kg ça monte partout dans les perches, parce que le BMFL c’est bien mais il y a des endroits où son poids et son volume compliquent les choses. On est aussi soumis aujourd’hui, quand on fait un design, à des limites de volume de camion.
Ce qui est drôle c’est que tout le monde a acheté du MegaPointe sans jamais l’avoir vu (rire) ! Ici BMFL et Mega sont côte à côte, J’ai une ligne de contres en BMFL et juste deux mètres devant une ligne de MegaPointe. Ils sont tous lampés neufs. Un novice est quasiment incapable de dire lequel des deux est le gros.
J’ai des BMFL Blade pour d’autres raisons comme la linéarité de la lumière sur la durée de vie des lampes, la linéarité de fonctionnement en général, la qualité de trichromie et aussi ses couteaux, même si je ne m’en sers pas dans ce design. Les deux produits s’assemblent très, très bien. Comme je dirige Lampion Mécanique aussi, j’ai acheté 18 MegaPointe et commandé encore une dizaine. On en aura « bientôt  » 28, plus encore des BMFL.

Un des deux MegaPointe utilisés en poursuite au niveau de la régie lumière.

SLU : As-tu vu une différence de température de couleur importante entre la lampe du BMFL et celle du Mega

Nicolas Maisonneuve : Non, ce n’est pas énorme. Les optiques des Mega ont leur meilleur rendement car les machines sont neuves, ce qui n’est pas le cas des BMFL.
Pour l’instant je constate que la lumière des Mega ne s’affaisse pas. Mon seul bémol c’est l’ouverture d’un prisme. Il s’ouvre par le centre comme des couteaux et ça me dérange, mais j’avoue ne pas avoir eu encore le temps de trifouiller dedans.
La trichro par contre est superbe. Je l’utilise pour la palette pastel et ça me va parfaitement. Il y a beaucoup de cyan, beaucoup de CTB dans ce show. Il y a de la couleur aussi mais beaucoup de titres sont dans les bleus et les lavandes.

Cette harmonie de bleus, MegaPointe et barres de leds en clair, alors que BMFL Blade et Mac Aura teintent les panneaux d’un bleu profond qui accentue le relief et apporte de la profondeur.

La scénographie calée au centimètre

SLU : Tu as une actualité florissante ces derniers temps…

Nicolas Maisonneuve : J’ai fait le design de l’Huma, Vincent Delerm, deux concepts pour les Kids United et bientôt un troisième, Véronique Sanson, Dany Brillant à partir de mars et Feu Chatterton, des jeunes mecs qui ont un talant fou. Avec Lampion on a fait Sanseverino avec Julien, Lavilliers avec Laurent… C’est la deuxième créa que je fais pour Véro, et ça se passe bien quand on travaille ensemble. Entre sa gentillesse et son talent… Il y en a beaucoup qui voudraient être à ma place. Et puis il y a de bons échos sur la musique, la scénographie, la lumière. C’est un spectacle dans son ensemble. Il y a unanimité sur la globalité du show. Je suis content.

Nicolas Maisonneuve joue en live à tirer dans les miroirs avec les faisceaux redoutables des MegaPointe

SLU : Elle a un œil sur la scénographie et la création lumière ?

Nicolas Maisonneuve : Oui, tout passe par elle, c’est la patronne, mais pour la scénographie et le design lumière elle se laisse porter. Je lui fais des propositions et on en parle. Il y a juste deux paramètres sur lesquels elle ne lâche rien quand on travaille pour elle. Elle veut voir absolument ses musiciens et elle veut voir son public. Elle n’envisage pas la scène autrement et je trouve ça logique. Ca me dérange toujours un peu quand les musiciens sont dans le noir.

SLU : Les voir tous ? Mais ils sont nombreux les musiciens sur ce petit plateau !

14 musiciens sur scène, plus la chanteuse, la face est parfaite et la scène garde du relief.

Nicolas Maisonneuve : Oui, c’est là toute la problématique, ils sont 14. Toute ma scénographie va dans ce sens et c’est moi qui ai fait l’implantation. C’était un tel casse-tête qu’à un moment donné j’ai expliqué à Véro que, à part se mettre avec moi dans la salle, je ne voyais pas comment disposer les musiciens de telle sorte qu’elle puisse voir tout le monde. J’ai donc obtenu que les cuivres soient dans son dos. Tous les autres sont placés pour qu’elle puisse les voir. Elle a besoin de jouer avec eux. C’est très live, il n’y a aucun Protools, aucun magnéto, contrairement à ce qui se pratique sur de nombreux concerts.

SLU : Tu as utilisé un logiciel de LAO pour t’aider ?

Nicolas Maisonneuve : Non, ça ne marche pas. Je m’assois à sa place. Parfois ça se joue à pas grand-chose. Je décale les choristes pour qu’elle voie le percu, ou le clavier. C’était compliqué. J’ai mis presque 3 semaines à trouver la solution concrète qui lui convienne. Ce sont des salles qui n’ont pas énormément de profondeur. Pour moi il manque 2 mètres. Je suis un peu tassé. J’ai beaucoup de musiciens. Des plateaux de 14 mètres d’ouverture avec 15 personnes… Il faut rentrer le paquebot comme on dit.
Je n’ai pas d’air sur les côtés, pas d’air derrière. Avec les panneaux qui tournent j’occupe 2 m à l’arrière. Du coup c’est un peu tassé, mais ça va, ça fonctionne. Je flippais un peu, car on a joué à Pleyel il y a 15 jours, c’était encore plus tassé et compact, et du coup, même pour les sorties de faisceaux, les ouvertures étaient compliquées. C’est rare qu’il y ait autant de matériel sur de si petits plateaux.

Les faces de proximité en PAR 20 sur les musiciens

SLU : Ce sont de vrais retours lumière ! Tu as combien de projecteurs pour l’éclairage des musiciens ?

Nicolas Maisonneuve : Il y a 9 BMFL Blade à la face, 12 Aura XB au manteau sur deux lignes et les MegaPointe de régie. J’ai aussi beaucoup de latéraux ce qui les embête pas mal, ils en prennent plein les yeux mais ils ont compris pourquoi. Les BMFL en latéral il y en a 3 par côté. Sur 3 plans, ça décrasse bien quand même et je peux donner de la profondeur aussi. Je m’en sers souvent pour les faces musiciens. J’ai aussi des petits PAR 20 pour chacun d’eux. C’est un vieux truc que j’utilise depuis des années et que j’adore. Ca fait une face de proximité sur certaines chansons, ça creuse et puis ça donne une autre température de couleur et un peu de chaleur.

SLU : Il ne te gêne pas le plexi autour du batteur ?

Nicolas Maisonneuve : Si, si mais on s’en arrange. C’est impossible autrement car le 1er violon est à côté de la batterie… Je vais en avoir un mieux bientôt. Pour le son ça marche bien, pour la lumière c’est une verrue. Ici j’ai un angle mais le prochain sera parfaitement vertical.

SLU : Pour l’éclairage du public ?

Nicolas Maisonneuve : J’ai les BMFL, les Aura XB et les Mole bien sûr.

SLU : Pour les Zéniths tu vas ajouter des machines ?

Nicolas Maisonneuve : Non, il n’y a aucune raison. Le kit est pensé pour toute la tournée, y compris les Zéniths. Et puis ça marche très bien avec les MegaPointe, c’est l’avantage de ces machines.

La restitution, du vrai live à l’ancienne

Nicolas Maisonneuve au premier plan et Fabien Duchossoy son pupitreur.

SLU : Tu accompagnes Fabien au pupitre pendant le show ?

Nicolas Maisonneuve : J’envoie tout, Fabien s’occupe du contrôle et de l’encodage car j’en suis incapable d’encoder. C’est aussi Fabien qui me remplace quand je suis absent et je n’ai aucune inquiétude. On a déjà collaboré sur plusieurs affaires, Circus avec Calo, Cœur de Pirate et c’était un des 3 opérateurs sur Les 3 Mousquetaires.
J’ai une manière de travailler qui est un peu particulière dans la mesure où je ne suis pas geek. Je travaille à l’ancienne. J’ai besoin de faders, et boutons. J’ai toujours ma veille Light Commander à côté de moi.

La régie de Nicolas avec un max de faders et de boutons. La ScanCo est juste une télécommande de la GrandMA2 Light

Les fabricants ont une fâcheuse tendance à sortir des consoles à 3 millions de dollars avec des milliards de possibilités mais seulement 10 tirettes. C’est pour ça que j’ai deux consoles, parfois même j’en ai trois. Je n’aime pas tout ce qui est prévu en GO. Il y a des go pour le découpage des morceaux bien sûr, il faut avoir les bases car il y a beaucoup de machines, on ne peut pas tout faire à la main. Mais quasiment toutes les lampes sont envoyées en live. Et c’est cette approche qui fait vivre la lumière.

Si tu mets tout sur la même mémoire, tu ne tiens pas compte des différentes formes de salles. Un jour tu as un balcon, le lendemain il n’y en a pas, le jour suivant le plafond est blanc. Eh bien non. Moi si je décide qu’il faut monter à 50, je monte à 50. Maintenant si tu as tout mis en go, que tu as 10 tirettes et 200 machines, bien sûr tu es battu. Tu envoies et si c’est moche, c’est trop tard. Je veux vraiment faire le spectacle tous les soirs en fonction du lieu, y compris les axes. C’est comme ça que je conçois le truc. C’est pareil pour les poursuites, parce qu’il n’y aura jamais la même densité de fumée en salle. J’aime bien aussi que toute l’équipe soit investie pendant le spectacle, je parle avec tout le monde. Ce ne sont pas des techniciens qui montent du matériel et qui attendent la fin du spectacle ou la panne. Je ne conçois pas de travailler de cette façon.

J’ai une manière particulière de travailler et c’est dur pour eux. J’ai de grandes idées mais je n’écris rien. Quand on attaque la créa, c’est noir salle et on y va. Je sais un peu ou je vais mais j’invente plein de choses pendant la création en tirant parti des contraintes des produits ou de leurs avantages. Un défaut va amener un effet auquel jamais je n’aurais pensé…
C’est ça que je trouve génial dans une créa. Sinon on finit tous avec les mêmes gobos, les mêmes prismes, toujours les mêmes machines qui font toujours les mêmes effets. C’est fatigant. Pour chaque artiste je fais une lumière différente. Un morceau de 3 minutes peut prendre 3 heures à encoder et je vais au bout, je les emmène au bout. C’est plutôt cool, j’ai une bonne équipe. Et si je ne sais pas me servir d’une Grand MA, c’est parce que je ne veux pas savoir.

La concentration de tirs de MegaPointe sur un seul miroir asservi formes des axes déterminés et un bouquet de faisceaux autour de véronique Sanson

L’histoire de Nicolas Maisonneuve

SLU : Comment es-tu arrivé dans ce métier ?

Nicolas Maisonneuve : Sur un coup de tête, j’ai plaqué mes études. J’aimais bien organiser la sono des soirées étudiantes et tous les potes me demandaient. J’étais en BTS robotique et assez brillant dans mes études. Mes parents me voyaient déjà entrer en école d’ingénieur. En faisant des stages en entreprises, j’ai vu ce que j’allais devenir et j’ai eu peur. Cette année-là, en rentrant de vacances de Pâques, j’ai décidé de tout plaquer pour travailler dans le spectacle.
J’ai démarché tous les studios pour trouver un emploi. J’étais prêt à faire n’importe quoi, même vider les cendriers s’il le fallait. Et puis un jour, j’ai croisé un mec dont le tonton avait une boîte de presta. Il m’a filé son numéro, j’ai appelé et je me suis pointé le lundi matin à Bièvres. J’étais stagiaire. On est parti dans sa voiture pour discuter car il n’avait pas le temps de s’occuper de moi. On est arrivé dans un gymnase où il y avait 2 semis de matos et c’était le jour du démontage. On a démonté le truc et voilà. J’y suis retourné tous les jours.

Cette harmonie de couleurs pastel est superbe et ce gobo des MegaPointe créé de magnifiques faisceaux sur le fond ambre des B-Eye étoilé grâce aux lampes

Il y a des mecs super qui m’ont appris. J’ai fait un peu de tout au début, un peu de son, de lumière. J’ai fait mes armes sans trop gagner d’argent, plein de plans de roadies, pas mal d’événementiels qui est une super école, mais je voulais faire du spectacle. Et j’ai eu la chance de récupérer une affaire qui est devenue très grosse, très vite. J’étais très jeune et je me suis retrouvé à faire mon premier Zénith de designer. C’était avec NTM, avec Stéphane Plisson qui faisait le son. C’était aussi son premier Zénith. On était les stagiaires de l’époque.

Ensuite je suis parti comme assistant sur une tournée de Khaled où je remplaçais un gars au bloc. Ils ont viré l’éclairagiste et la semaine suivante ils m’ont proposé de prendre l’affaire au moment où Khaled a sorti Didi. J’ai fait le tour du monde avec lui pendant huit ans. C’est un coup de chance aussi et ça a fait boule de neige. Ensuite j’ai travaillé avec toute la génération de chanson française Thomas Fersen, Sanseverino, Arthur H…
j’évolue dans ce que j’appelle la VFQ, la variété française de qualité. C’est moi l’inventeur du label (rires) ! Bruel depuis 12 ans, Souchon Voulzy, Sanson. Il y a des gens avec qui je travaille depuis très longtemps comme Bruel ou Dany Brillant, des vieux potes que je connaissais avant leur succès. J’ai travaillé pendant 18 ans avec Fugain. J’ai de la chance, il y a beaucoup d’artistes qui m’apprécient.

Jeu de contrastes, projection de gobos pour la profondeur alors que les rampes de leds élargissent la scène

SLU : Et Lampion Mécanique ?

Nicolas Maisonneuve : J’ai monté Lampion par défaut on va dire. Je commençais à avoir pas mal d’artistes et un jour on a eu l’idée de monter une boutique à nous, mais pas pour en faire une grosse boîte, juste pour réaliser quelques affaires, un truc familial. J’avais un associé Jean-Paul Roos qui est décédé il y a 5 ans. On a monté Lampion Mécanique en 98 en achetant 12 Mac 500 et une superbe console Case. Mais oui, c’était la grande époque !
De mon côté je ramenais les affaires en continuant à bosser avec Dushow, Régie Lu… Et Jean-Paul s’occupait de Lampion. J’ai une autre boîte, de design (Elégance Mise en Lumière) et je sépare vraiment les deux activités. Je ne veux pas faire du design en fonction des produits qui sont sur les étagères. Je ne veux pas tomber dans ce panneau, même si parfois les deux activités se recoupent. Quand je peux placer ma boîte sur des affaires, je fais un devis. S’il est compétitif et que ça fonctionne, c’est tant mieux, sinon, c’est le concurrent qui l’emporte.

Déchainement de jolies couleurs vives et chaudes que Nicolas fait vivre en jouant sur les dimmers des B-Eye et Mac Aura. Les faisceaux orange des MegaPointe sont magnifiques.

Quand mon associé est décédé d’une embolie cérébrale en rentrant de tournée, je me suis retrouvé avec la boîte que je ne gérais pas et les gars qui tournaient dans la boutique. Donc j’ai proposé à certains de racheter des parts et de continuer. Aujourd’hui nous sommes 4 associés. Ca se passe comme avant. On fait des petites affaires sans chercher à démarcher pour ne surtout pas être dans la compète.
On ne fait chier personne et en gros, on nous laisse tranquilles. On n’a pas envie de devenir une world company. On achète le matos que l’on peut acheter en fonction de ce que l’on gagne et on a du matos qui est plutôt sérieux car quand tu es une petite boîte, il ne faut pas te tromper. On a de l’Aura, du BMFL Blade, du Viper, du Jarag dont je suis fan, des GrandMA, des Sharpy, et maintenant du MegaPointe.

SLU : C’est quoi ta philosophie de création lumière.

Nicolas Maisonneuve : C’est profondeur, relief et jouer sur tous les axes avec beaucoup de latéraux. Créer de vrais univers tout en éclairant l’artiste.

En régie

Direction la régie où nous retrouvons Fabien Duchossoy, le pupitreur de Nicolas.

Le rack réseau en régie, tout Luminex

SLU : Tu as quoi comme réseau entre la régie et la salle ?

Fabien Duchossoy : Un réseau classique en fibre avec 2 Gigacore qui transportent du MA-Net et Art-Net, sachant que le MA-Net est en spare. On n’a pas trop de paramètres même si on utilise tous les projecteurs en mode full à l’exception des B-Eye.
On a 2 Gigacore et 2 nodes Luminex pour 10 univers qui ne sont pas pleins mais on a séparé les projecteurs à lampe et les projecteurs à leds pour, en cas de problème, repasser sur un autre splitter.

SLU : Quelle est ta mission sur cette tournée ?

Fabien Duchossoy : Je fais tout le calage des salles, et c’est compliqué de s’adapter dans les petites salles car on a besoin de 12,5 m de profondeur et de 15 perches. Nico nous donne ensuite ses recommandations. C’est lui qui envoie le show et je suis là pour l’assister. J’envoie les changements de macros ou je lance les go de changement de mémoires quand il a les deux mains prises. Je le suis vraiment en assistanat attentif.

Magnifique tableau final, posé. Une harmonie de teintes chaudes et beaucoup de relief.

Noir Salle

Le concert va démarrer. Pour Nicolas le noir salle est sa plus belle mémoire, l’instant où il va réunir l’artiste et son public. C’est pour lui une chance inouïe. Sur plus de 2 heures de show, il joue quasi tout en live, sur les dimmers pour accompagner l’énergie musicale, sur les effets de prisme, les zooms pour une lumière chatoyante support d’émotion et de poésie.
Il nous transporte d’une scène rock inondée de lumière violente et de larges sorties de faisceaux, à l’intimité d’un cabaret parisien rétréci par le décor à géométrie variable, toujours juste, au plus près de l’intention de l’artiste, toujours élégant. Le talent, l’énergie et générosité de chacun, l’artiste, les musiciens, les techniciens, le public font de ce concert un authentique moment de plaisir.

Equipe technique lumière
Designer lumière / Eclairagiste : Nicolas Maisonneuve
Opérateur Lumière/ Wysiwyg : Fabien Duchossoy
Blockeur : Jérôme Nizet
Technicienne Lumière / Poursuite : Nelly Beloux-Chaurand
Technicien Lumière. (sur les dates parisiennes) : Julien Recoque

Prestataire Son, lumière, structure : MPM
Prestataire Décor : Lampion Mécanique

Equipe technique son
Ingé façade : Jean-Marc Hauser
Ingé retours : François Brely
Asistantant son scène : Alexandre Point
Responsable système : Clément Poisson en alternance avec Loïc Ravazy
Backliner : Julien Hébert

Musiciens
Basse : Dominique « Dodo » Bertram
Violon : Anne Gravoin
Guitare : Christian « Basile » Leroux
Batterie : Loïc Pontieux en alternance avec Jean Baptiste Cortot
Percussions : François Constantin
Claviers : Franck Sitbon
Trompette : Steven Madaio
Trombone : Bertrand Luzignant
Saxophone : Yannick Soccal
Chœurs : Mehdi Benjelloun
Chœurs : Guillaume Eyango Jacquot

Equipement lumière
24 BMFL Blade Robe
18 MegaPointe Robe
12 B-Eye K20 Claypaky
23 Mac Aura XB Martin
4 Atomic 3000 Led Martin
7 Media Spiner Robe
11 Deflector Studio Due
7 Arcaline 3G Ayrton2 Aramis Robert Juliat
2 MDG Atmospere
1 GrandMA2 Light
1 LightCommander MA Lighting
2 Gigacore 14R Luminex
1 GigaSwitch 8 Luminex
2 nodes Ethernet DMX 8 MK2 Luminex
10 splitters Luminex

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