On a beau faire le plus beau métier du monde avec nos oreilles, les outils aussi ont leur importance et leur charme. Certains les appellent « mes jouets » et aiment bien en changer. C’est précisément ce qu’on va vous raconter avec la complicité de Laurent Midas et Stéphane Plisson, grands défricheurs devant l’éternel, et qui viennent d’en découvrir un tout nouveau dont ils se sont équipés.
Mériadeck transformé en plateau télé et en piste de danse…sans glace !
La rencontre a lieu au cours d’une date de Danse Avec Les Stars à la Patinoire de Mériadeck, pour sans doute l’un des derniers reportages sur glace avant l’ouverture début 2018 de la superbe Bordeaux Métropole Aréna de 11 000 places. L’espace a été transformé en un immense plateau télé où prennent place les juges de l’émission éponyme et l’orchestre accompagné par les chanteurs choristes.
Yves Jaget et Laurent Midas à la régie retours
Devant, un large espace couvert de lumière, de son et de fumée tient lieu de piste de danse pour les stars qui participent à la tournée. L’équipe technique comporte un « petit nouveau » qui remplace Stéph Plisson à la face en la personne d’Yves Jaget, et c’est enfin Laurent Midas qui tient les retours. C’est ce dernier qui nous accueille et nous guide à sa régie.
SLU : Salut Laurent. Au fait, as-tu commencé sur analogique ou bien directement sur numérique ?
Laurent Midas : Je ne suis pas si jeune que ça (rires) J’ai fait mes armes sur des vieilles analogiques, cela dit c’est vrai que je suis de la génération 02R. Dès le début j’ai eu le nez dans des numériques, même si mes premières tournées je les ai faites en analogique avec des Paragon.
SLU : les avantages du numérique sont innombrables…
Laurent Midas : Le numérique a facilement 20, 25 ans, la 02R est sortie en 1995, mais jusqu’à il y a une dizaine d’années j’ai eu un doute. Je suis même parti en tournée avec Calogero an analogique et…je me suis emmerdé la vie avec des multis énormissimes, des petites pannes tous les jours et au bout d’un moment, j’ai regretté. Aujourd’hui tout ce qui nous a manqué d’analogique lors des débuts du numérique est derrière nous. Sur la dLive on a une latence de 0,6 millisecondes et je pense qu’il existe à peine mieux mais pas en live, du coup on est tout près de la phase parfaite entre son de tête et retour dans les oreillettes. On n’a plus de problèmes de latence avec les artistes et les musiciens.
SLU : J’imagine que les entrées et sorties…
Laurent Midas : 160 entrées et 64 sorties pour la dLive, aucune analogique n‘offre ça. Il faut l’avouer, l’analogique est dernière nous et on n’y reviendra plus.
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SLU : Comment êtes-vous arrivés à Allen & Heath avec Stéph ?
Laurent Midas : Septembre dernier on s’est dit justement avec Stéph qu’il était temps de remettre à jour le test de consoles que nous avions effectué il y a 7 ans avec Madje dans le studio de Potar à Bièvre. Ce test de 6 consoles avait fondé ce qu’allait être notre choix sur les années suivantes.
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Laurent devant son tout nouveau jouet
On a décidé de refaire la même chose en septembre avec Steph, Max (ime Ménélec NDR), Vlad (imir Coulibre NDR) et moi, mais cette fois avec 8 consoles et chez Planet Live. La dLive n’est pas arrivée en tête dans tous les domaines, mais en faisant une moyenne et en intégrant son prix, elle a largement gagné.
SLU : A la 60 millions de consommateurs !
Laurent Midas : Oui car avoir la table qui sonne le mieux mais qui pêche sur d’autres domaines ne sert à rien, pareil pour celle qui est la plus puissante mais n’est pas à l’aise dans le live ou celle qui a l’ergonomie qui tue mais ne sonne pas…La dLive a la meilleure ergonomie, la meilleure automation et un bon son.
Deux fois plus pour deux fois moins. Ou presque.
SLU : Le ratio prix/capacités paraît dur à battre.
Laurent Midas : Il est improbable ! J’ai aussi le sentiment que les produits de la concurrence sortis dans les derniers 18 mois sont un peu réchauffés et que leurs prix sont exagérés par rapport à ce qu’on nous propose en plus. Avec Allen & Heath on a pas loin de deux fois plus pour presque deux fois moins cher…Appelons cela une belle façon de rentrer dans le marché du touring !
SLU : Allen & Heath existait bien avant la dLive, ce sont des vieux briscards du numérique et avec le temps ils ont imposé la iLive…
Laurent Midas : Je connaissais de nom mais je ne l’avais jamais vue ! Pour être franc et si j’avais un seul défaut à trouver à la dLive c’est qu’elle ne fait pas encore grosse table, alors que c’est une pure console ! Je l’ai depuis novembre où j’ai tourné avec durant quelques dates pour faire des essais, suite à quoi j’ai prolongé avec Danse avec les stars (DALS) en me disant que « oui mais non, elle est vraiment bien, on a dû passer à côté de ce qui n’est pas bien » et puis au bout d’un mois et demi, je suis à court de reproches !
SLU : Tu ne vas pas nous dire qu’elle est déjà finie !
Le show bat son plein, la fumée est de sortie et le calme règne à la régie retours
Laurent Midas : Non, il me manque quelques trucs. Elle a à peine un an. Par exemple, un reste de l’époque Paragon, j’aimerais bien avoir la possibilité d’avoir le pré/post dynamique, de pouvoir choisir le point pre par tranche et par départ. Il paraît que c’est long à programmer car chez d’autres cela a pris trois ans, mais comme ce n’est que de l’informatique, je suis certain qu’ils vont y arriver.
Il me manque aussi la multi sélection ou les VCA d’aux, mais je suis certain que ça va être vite corrigé, d’autant que c’est déjà au cahier des charges. Un peu de patience et ça va arriver. La patience n’est pas mon fort (rires) Il y a aussi des trucs qu’il faut améliorer mais c’est mineur.
SLU : Qu’est ce qui est arrivé tout de suite et qui généralement prend du temps ailleurs ?
Laurent Midas : La belle surprise est que tout ce qu’elle fait, marche parfaitement. Les Safe fonctionnent et du premier coup. L’automation est super. La propagation relative des valeurs aussi. Elle a tout ce que j’aime. Cette console a une particularité, c’est d’être une sorte de gros réseau autour duquel tu mets ce que tu veux. Bientôt tu pourras mettre deux tables ensemble, mettre plusieurs ordinateurs en réseau sur une console, plusieurs iPad avec un administrateur et des postes verrouillés. Un musicien peut par exemple avoir sa tranche et son click et interagir directement avec le cœur de la console, sans pour autant pouvoir aller ailleurs et il ne s’agit pas d’une extension ou de paires en parallèle, voire de direct out ! Ce qui est génial c’est qu’ils te l’annoncent, donc tu demandes « oui mais quand ? » et eux « mais ça marche déjà ». C’est rare.
La surface S7000. Il ne lui manque que la ronce de noyer ;0)
SLU : Tu as pris quel modèle ?
Laurent Midas : La S7000, le gros bac, le moteur est le même puisqu’il est dans le stage. Regarde la tranche. Je la mets là, hop, je la déplace là, ou encore là. Cette simplicité de configuration, nous l’avons attendue très longtemps, et sur cette table ça marche du premier coup. Tu construis ta console exactement comme tu le veux, du coup, avoir une petite surface n’est pas gênant. Et puis (il cherche dans ses boutons…NDR)
SLU : Tu cherches tes petits là.
Laurent Midas : Un peu encore, mais ce sont des onglets en anglais et je ne suis pas fan (rires). Regarde, je viens de prendre huit tranches et je les ai passées sur une surface additionnelle, huit télécommandes IP que tu peux gérer de l’extérieur de la console.
L’IP8, une façon simplissime de pousser les murs et bosser à plusieurs.
Un exemple. Sur Priscilla (folle du désert, la comédie musicale NDR) un assistant HF dispose de sa petite surface additionnelle IP avec son propre réseau de PFL. Il peut écouter des tranches sans que cela ne gêne le mixeur à la console.
SLU : Ca peut aller loin ?
Laurent Midas : Ca va aller loin. Sur M. Pokora je veux que tous les intervenants techniques soient autonomes sur la console et interagissent sans me gêner. Bien sûr la dLive est une console de live donc un peu figée par son ergonomie mais c’est ce qui la rend facile d’accès. D’un autre côté, Allen & Heath l’a dotée d’une puissance broadcast avec par exemple une matrice de 800×800.
SLU : Une latence aussi basse est un plus aux retours ?
Une vue de la matrice qui se manipule du bout des doigts avec une fluidité très rassurante.
Laurent Midas : Bien sûr et ça faisait un bail que j’attendais. Cela fait par exemple 4 ans que Sennheiser me propose les micros numériques de la série 9000 mais le hic c’est qu’ils ont 3 millisecondes de latence et les consoles numériques comme celle que j’ai utilisée pendant des années 2,2 ms.
Le total devient gênant. Quand tu t’écartes trop du son direct, tu finis par ressentir un malaise sans même savoir ce qui cloche. J’ai donc refusé d’inclure de tels micros dans le parc d’une tournée. J’ai même eu un bassiste avec un pur groove qui m’a dit que ce n’était pas possible, ça ne répondait pas normalement. « OK, tu m’as grillé » (rires !) Grâce à la dLive on va travailler en numérique sur Pokora.
Le fait en plus d’être en 96 kHz fait baisser la latence et depuis le 3732, tous les Sennheiser travaillent en 96. Enfin je disposerai des nouveaux émetteurs ears WisyCom à entrée AES et liaison analogique. Grâce à ça je n’aurai plus de convertisseurs en cascade et le son y gagnera en précision et en dynamique.
SLU : Pour ce qui est la base même de la console dont préamps, filtres, égaliseurs, dynamiques et mélangeur…
La page du compresseur opto avec, juste en dessous de ses réglages et sur fond noir, la visualisation des 10 dernières secondes de son action. A gauche et en vert et rouge, les courbes du side-chain.
Laurent Midas : Je kiffe. Le préamp de base marche bien. Je l’ai comparé à d’autres modèles et marques connus pour me demander sur quelle source j’allais placer des racks externes sans entendre vraiment de différence et nous avons une première émulation de tube très jolie. D’autres arrivent avec des générateurs d’harmoniques. Le compresseur dispose de plusieurs couleurs et en ce qui me concerne, je suis fan de l’opto. Autre détail qui est grand et habituellement réservé au broadcast, on dispose d’une mémoire de 10 secondes, yeah, yeah, check one, two, regarde !! Tu peux visualiser son action dans le temps et c’est super pratique.
Le traitement de dynamique octuple et d’une puissance de traitement assez redoutable. Il s’appelle le Dyn8.
Les EQ sont efficaces et très bien et nous disposons depuis dix jours de nouveaux jouets, 64 EQ dynamiques à 8 bandes. Plus précisément 4 égaliseurs dynamiques et 4 compresseurs dynamiques sur deux couches.
Le résultat ce sont huit bandes qui travaillent ensemble par exemple sur une voix. Autant te dire que je peux faire ce que je veux et c’est facile à mettre en œuvre.
SLU : Les effets ?
Laurent Midas : Bons avec un bémol sur les réverbérations qui sont évidemment moins belles qu’une 480 mais absolument tout peut être employé. Le Hypabass est top, parfaitement en phase et Plisson Approved (rires). Les serveurs de plugs qu’on utilise depuis quelques années ont une certaine latence qui oblige à remettre derrière le signal en phase. Avec les effets internes de la dLive on n’a aucun problème de ce type. Le voice doubler est très bien, idem pour le multitap, du coup regarde mon Eclipse, il est éteint.
SLU : Du coup tu n’as aucun effet externe pour DALS.
Laurent Midas : Non, franchement pas besoin, en revanche pour M. Pokora j’aurai une 480 avec un moteur pour Matthieu et l’autre pour la batterie. Ceci étant, j’ai chargé la simulation de 480 durant la résidence. J’ai passé du temps et peaufiné les réglages pour qu’elle ressemble à la vraie et je m’en sers sur les cœurs. Ca fait très bien la farce et je suis certain que personne ne viendra me charrier !
Autre détail important, la dLive est livrée avec des presets d’effets bien fichus et triés par instruments à partir desquels tu travailles. Tu ne pars pas d’une feuille blanche, ce qui est pratique quand on te demande d’envoyer fissa une guitare, et ça peut dépanner ceux qui n’ont pas trop l’habitude de tripatouiller les algorithmes.
Hypabass, ou comment gonfler intelligemment un bas du spectre avec des réglages très complets.
Yves Jaget passe comme un astre, pétant la forme et le verbe acéré. Les bises claquent tout autant que son envie de ne pas se prononcer sur une console et une tournée qu’il découvre à peine. Oui elle marche bien, mais ni la nature du spectacle et des sources audio parfois enregistrées, ni la salle et le placement de la régie sur le balcon arrière, ne lui permettent de porter un quelconque jugement précis.
Il nous renvoie en rigolant vers patron Plisson qui a la responsabilité technique de la tournée et connait très bien la dLive. Ca tombe bien, nous avons été à sa rencontre au Casino de Paris en pleine répétition de la comédie musicale Priscilla folle du désert dont il a en charge la mise en son. On le retrouvera à la fin de ce reportage.
SLU : Mais au fait Laurent, vous avez déjà bossé ensemble avec Yves ?
Laurent Midas : Tu parles ! Ce sont des retrouvailles puisque c’est avec lui que j’ai fait mes premières armes il y a 17 ans de cela. C’était pour Vanessa Paradis. Comme ce soir il était à la face et moi aux retours, mais avant ça, je l’ai assisté en 97 ou 98 sur Zazie.
On est prêt à dégainer une nouvelle question quand… ON Y VA ! Fin de la première partie de l’interview, le show démarre sous nos yeux et chacun retrouve sa console pour de vrai.
Les SPL 9629 qui reçoivent le signal analogique pour l’éventuel pré traitement des sifflantes.
Disposant d’un pack Sennheiser, je peux savourer le travail et les blagues de Laurent, excellents tous deux. J’ai un bon aperçu de la qualité du Dyn8 avec la voix d’un des juges qui déclenche à la fois le déesseur analogique SPL 9629 avant de donner du travail à la section numérique. Le résultat est stupéfiant de naturel alors que les bargraphs s’affolent pas mal. On n’ose penser à cette même voix, sans les traitements…
Les danses s’enchaînent ce qui nous donne la possibilité de savourer le mix de Laurent qui fait la synthèse entre le confort et l’efficacité. Malgré une liaison HF, l’aigu sonne très finement et justement dans mes EM32. La stéréo est très ample et chaque instrument ou voix trouve sa place en dynamique et en timbre. L’ensemble est très agréable, ample et extrêmement propre. A la fin du premier des deux shows de la journée, on retrouve LoMid pour la fin de son interview. On achève bien les sondiers !
Le rack des récepteurs micro, ici des WisyCom MRK960
SLU : Comment cela se fait-il que tu utilises des liaisons WisyCom ?
Laurent Midas : En analogique c’est ce que j’ai entendu de mieux. Le compander n’est pas du tout pareil et l’aigu est infiniment plus naturel. Les émetteurs à main peuvent embarquer tout type de tête. J’emploie par exemple des Sennheiser 5500.
SLU : Tu héberges le stage et le moteur de la console de la face ?
Laurent Midas : Absolument, mais dans la dLive, le DSP est dans le stage. Le rack en plus est dû au fait que nous avons sur nos consoles un ou deux DX32, des racks d’extension qui peuvent contenir jusqu’à 32 entrées en 4 modules de 8 et sont librement panachables au gré des besoins entre entrées analogiques ou numériques et sorties analogiques ou numériques.
Le rack contenant le stage et les deux DX32 de la console de Laurent qui a besoin d’une grosse quantité d’entrées mais aussi de sorties. A gauche on entrevoit la config de la face avec un stage et un DX32 en plus. Entre les deux prennent place les générateurs d’harmoniques SPL et les émetteurs Sennheiser et Shure pour les ears, ainsi qu’un Eclipse assez éteint ;0)
SLU : Si tu as deux configurations complètes, tu passes donc par un split…
Laurent Midas : Oui, un split analogique. On est comme avec deux consoles indépendantes et c’est donc d’ici que part l’AES qui va aux amplis de la diffusion. Le protocole avec les surfaces est du réseau appelé GigaAce dans lequel passent les commandes et aussi de l’audio. Ils arrivent à faire remonter et descendre 512 canaux. C’est monstrueux.
Comme dirait Laurent en pleine explication: « c’est monstrueux »
Sur le papier cela ne sert à rien mais en fait oui. Si tu as une carte Waves, une MADI et une Dante, tu es ouvert au monde et surtout tu peux gérer 128 allers et retours en 96 kHz ! La carte MADI va arriver et la Dante un peu plus tard.
SLU : C’est quoi le carton que je vois posé sur ton rack ?
Laurent Midas : Ce sont les cartes au protocole FibreAce qu’on vient de recevoir. La connexion RJ45 est donnée pour 80 m, ce qui dans pas mal de salles est un peu court. Cela n’a pas posé de problème durant le show car moteur et stage sont l’un à côté de l’autre, mais Steph a eu quelques clics dans son enregistrement qui est effectué à la régie. L’idée d’Allen & Heath est de permettre de véhiculer les canaux jusqu’à la console de façon fiable, et c’est le cas puisque nous avons deux slots accessibles à l’arrière de la D7000 avec pour chacun 256 canaux et qu’on peut ainsi parcourir 500 m…
Noël avant l’heure ! Les cartes FibreAce à peine arrivées. 128 canaux à 96 kHz en montant et descendant en fibre, bien sûr aussi en RJ45 et avec la possibilité d’en tirer 500 m, sans oublier la capacité de servir de passerelle entre RJ et Fibre.
SLU : Au niveau puissance tu es servi..
Laurent Midas : Au-delà du raisonnable. Cette console dispose d’un très gros FPGA qui fournit 160×64 voies, le processing de course et le travail en full 96 kHz et 96 bits sur le mixeur.
SLU : Tu arrives à faire la différence entre les vieux mélangeurs et ceux actuels ?
Laurent Midas : Non, 32 ou 96 bit pour moi c’est assez abstrait, en revanche ce que j’apprécie c’est par exemple quand tu as une voix bien pleine et bien forte. La batterie rentre et ta voix ne recule pas, ce qui est pourtant le cas de quasiment toutes les consoles. Je n’ai pas mesuré cette aptitude car je ne suis pas un électronicien et cela reste très subjectif, mais en tant qu’utilisateur j’ai un bon feeling. Je trouve que cela fait du bon son. Pense que sur les 128 voies, j’ai le processing complet avec le super compresseur et je peux insérer 64 dynamiques à 8 cellules…
Laurent en plein travail avec son habituelle paire d’enceintes de proximité complétées par un petit sub afin de le rapprocher du rendu plus « physique » qu’ont les artistes sur scène, sinon « c’est trop smooth ».
SLU : A ce propos, ton patch sur DALS est de combien ?
Laurent Midas : 61 plus les talks, ce qui explique le besoin de racks d’extension. Sur la console, les talks vont de la voie 98 à 127.
SLU : Ca fait plus que ressembler à une émission télé !
Laurent Midas : Je te confirme que c’en est une car il a fallu caler tout ce petit monde. La première année cela a été du sport mais maintenant j’ai pris l’habitude et c’est un exercice intéressant.
J’ai programmé les soft touchs pour faire en sorte de parler directement avec telle ou telle personne sans risque d’erreur, c’est très pratique. Il a 26 commandes programmables et surtout elles étaient fonctionnelles dès la sortie de la console. C’est TRES rare.
Stephane Plisson
Comme nous l’a conseillé Yves Jaget, nous avons été à la rencontre de Stéphane Plisson pour recueillir ses impressions, et plutôt que de le faire par téléphone, nous avons fait un saut dans un Casino de Paris débordant de plumes et de disco.
SLU : Salut Steph et merci de prendre du temps en plein montage de Priscilla. Tu peux nous reparler de cette écoute de consoles, ta marque de fabrique, et nous expliquer ce que tu cherches en l’organisant ?
Stéphane Plisson : Je cherche à savoir où on en est avec nos outils, quelles sont les nouveautés qui en valent la peine, celles qui ne sont pas encore prêtes et surtout à ne pas passer à côté de technologies nouvelles.
Evidemment, je n’ai pas les mêmes besoins que Laurent. A la face il ne me faut pas des dizaines de mix ou plein de faders, mais surtout un super sommateur et une bonne tenue audio. Aux retours, en revanche, ils veulent le moins de latence possible et plein de départs. Le cahier des charges n’est pas le même, donc le même produit peut ne pas exactement correspondre aux deux utilisations. Notre essai grandeur nature sert aussi à trouver celui qui peut faire cette synthèse.
SLU : Comment Allen & Heath t’a tapé dans l’œil ?
Le cœur de la dLive, version DM64 repris à l’ISE, et chargé à bloc avec la carte Dante, la carte Fibre et la carte Waves.
Stéphane Plisson : J’ai entendu parler l’été dernier d’une console qui allait travailler en 96 kHz et 96 bits, j’ai été voir sur le web et cela m’a interpellé. J’ai pris contact avec A&H qui m’a renvoyé vers Algam qui venait d’en reprendre la distribution et discuté avec Bruno Dabard. Après j’ai appelé Laurent pour lui en parler car j’imaginais déjà le nouveau test de consoles où elle a bien figuré.
SLU : Comment s’est déroulé ce test ?
Stéphane Plisson : Simplement dans un bel espace de Planet Live. On a écouté avec le matériel de Vlad qui a des têtes L-Acoustics et un KS28 (!!) et deux équipes se sont formées avec d’un côté Max et Vlad plutôt sur les mesures et de l’autre Laurent et moi surtout sur les écoutes (rires). Ce qui est important c’est qu’on est toujours tous tombé d’accord sur chaque produit. Plutôt que se parler nous avons opté pour la saisie sur papier de nos impressions.
SLU : Laurent nous a dit que la A&H s’est révélée être la plus équilibrée dans ses performances.
Stéphane Plisson : C’est vrai. On a écouté des consoles qui sonnent mieux, mais coûtent entre 5 et 10 fois plus ou ne sont pas aussi l’aise en live. A quoi bon dépenser plus d’autant qu’A&H tout comme Algam sont à fond derrière, le produit est archi sain, et quand on a un problème ou un doute, ça pulse.
Pour résumer, la dLive bosse en 96 kHz natifs, la carte Waves marche tout de suite, le soft est mortel, les écrans sont impec, les snapshots sont mortels, le recording aussi, la fibre marche du premier coup, je demande un truc « oui pas de problème » et la semaine d’après c’est développé et surtout tout ce qui doit fonctionner, fonctionne.
Laurent a branché un micro, ses ears et… quasiment pas de latence. Il est tout de suite tombé sous le charme. C’est la seule et surtout à ce prix, à en avoir aussi peu. Ca lui a retourné la tête car cela lui ouvre plein de possibilités nouvelles. Du coup il en a eu une en prêt sur six dates de TOP50 pour la découvrir et a été emballé. On partait sur DALS et dans la foulée on a pu trouver un deal avec Algam pour vraiment en tester deux à fond. J’ai encodé le show en un jour et demi sans même la connaître et avec un recording en 96 pistes et 96 kHz. Le lendemain on jouait à Nantes. C’est ce que j’appellerai un outil d’aujourd’hui.
C’est même plus une console, c’est un outil
SLU : Tu nous expliques ça ?
Stéphane Plisson : Par exemple mes prises de notes de conduite, je les mets sur l’écran en deux secondes. Tu branches une prise USB en face avant et tu enregistres ton show en 24/96. Quand tu enclenches un compresseur il est déjà réglé. Sur d’autres marques tu l’enclenches et il est à moins infini.
Si tu ne sais pas utiliser la console, tu loades un show 48 entrées 16 sorties, load FOH et paf, tu commences ton mix. Tu l’organises aussi super facilement. On m’a rajouté 4 chanteuses l’autre jour. En 2 minutes elles arrivaient dans la table pile là où je le voulais sans *aucun* problème et pareil pour Lolo.
Cette console est pensée, créée et réalisée par des utilisateurs. C’est fluide, simple et ça répond très bien aux problématiques d’un mixeur. Tu peux tout faire avec, face, retours, télé, c’est un véritable outil au-delà d’être une console qui fait du son.
SLU : Mais t’as pas d’entrée AES sur le stage…
Stéphane Plisson : Oui, il faut juste ajouter des DX32. Dans le stage tu as déjà 64 entrées, 32 sorties, trois slots de libres et surtout il y a dedans le gros DSP. Imagine qu’avec la surface à 32 faders et le gros stage, tu t’en sors en prix public à 25k€. C’est imbattable.
Les petites unités de faders A&H que l’on ajoute à la table, soit 8 linéaires soit, visible à gauche de la photo, 6 rotatifs.
SLU : Et ce sommateur à 96 bits alors…
Stéphane Plisson : Ca n’écrase rien et quand tu charges vraiment la mule, ça devient épais, gros crado dans le bon sens du terme sans aucun bruit ou saturation numérique. J’ai mis mes tranches au taquet, les VCA à fond, j’ai baissé le master de 40 dB et j’ai écouté. C’est sale mais ça le fait.
SLU : C’est une synthèse cette table ?
Stéphane Plisson : Oui, cela fait des années qu’on demande un certain nombre de choses et des consoles comme la M5000 Roland ou la dLive d’Allen & Heath sont une très belle réponse à nos besoins. C’est d’ailleurs drôle que cela nous vienne de marques qui n’ont pas une réputation pro très marquée. Par contre, le bât blesse du côté de certains plugs. Les réverbérations courtes sont pas mal mais les longues ne valent pas un rack externe.
SLU : Vous avez donc investi avec Laurent dans MaWip.
Stéphane Plisson : Oui, Laurent a pris deux dLive S7000 et il n’est pas inenvisageable que j’en prenne une aussi. Cela dépendra de mes projets. Cela dit j’ai toujours mes deux Midas dont j’adore le son et qui tournent sur mes autres projets.
Prestataire son : Melpomen
Régies son face et retour : MaWip
En guise de clin d’œil, deux mots pour conclure ce reportage, deux mots pas sérieux pour deux ronds mais on n’a pas pu s’en empêcher. Appelons ça des souvenirs bordelais ;0)
Monsieur et madame Lestartines ont une fille…
Monsieur et madame Laté ont une fille…
Monsieur et madame Talu ont 4 fils…et ils ont le même prénom…
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