Avec DiGiCo

Le dernier train pour Londres est parti du quai SD7

Le printemps dernier a vu le retour sur scène d’Electric Light Orchestra et son leader producteur Jeff Lynne, pour une série de shows en Angleterre incluant quatre nuits au célèbre O2 de Londres. Comme pour cette tournée le groupe a embarqué en plus de Richard Tandy et Jeff une partie des musiciens de Gary Barlow de Take That, les deux techniciens officiant pour ces derniers Gary Bradshaw à la face et Steve Lutely aux retours, ont logiquement suivi, accompagnés de leurs SD7 respectives.
Comme l’a fait remarquer Onno Ooms le directeur technique de la tournée, c’est l’ensemble de l’infrastructure audio fournie par Skan PA à Take That, dont les consoles DiGiCo et un système d&b en J, qui a repris la route.

Digico SD7

“Je me sers d’une SD7 car il ne me viendrait pas à l’esprit d’employer autre chose” précise le frontman Gary Bradshaw. “Sur une tournée de cette jauge, il n’y a rien de mieux. J’ai beaucoup utilise cette console, autant dire que j’en connais les moindres recoins d’autant que je m’en sers toujours de la même manière ce qui me simplifie la vie et me permet de travailler plus vite.

Gary Bradshaw

Gary Bradshaw

Nous avons un patch de 80 entrées et trois sorties pour le système en gauche / droite / sub avec ces derniers pour partie accrochés et le reste au sol. Ajoute quelques front fills, des délais et c’est tout. Rien de bien compliqué.” A la demande de Jeff Lynne, Gary enregistre absolument tout et a choisi de travailler en 96 kHz.
“ Il y a un détail qui m’a marqué et qui est pour le moins inhabituel.
La toute première fois que j’ai rencontré Jeff, ce qui a eu lieu lors du show à Hyde Park de septembre 2014, avant même de me saluer il m’a dit : est-ce que tu peux avoir la gentillesse de n’employer absolument aucun effet ? Plus spécifiquement il a insisté sur les réverbérations et surtout sur les cordes.
Puis il a ajouté : Salut, comment ça va ? C’est vraiment son style. On doit avoir un ou deux délais courts mais en dehors de ça, c’est le vide total, quelque chose à laquelle il faut se faire, mais comme il aime le son précis et défini et que la SD7 est renommée pour ça, cela me convient.”

Ci-après la vidéo de Mister Blue Sky, un titre d’ELO interprété par Jeff Lynne à Hyde Park lors de ce premier concert depuis la mise en sommeil du groupe près de 30 ans plus tôt.

« Steve Jay, l’ingé son travaillant dans le studio de Jeff, nous accompagne en tournée. Il connaît précisément le son d’ELO. C’est très agréable de l’avoir avec nous car nous essayons d’être aussi proches que possible du son d’époque. »
Steve Lutley, ingé retours de la tournée, emploie lui aussi une SD7, car comme Gary, il pense que c’est la meilleure console disponible pour cela. Son setup comporte 14 mix stéréo pour des in-ears à disposition des artistes comme des techniciens et un dernier mix stéréo pour les wedges du guitariste Milton McDonald.

Steve Lutley

Steve Lutley

« Je m’occupe aussi des talks de l’ensemble du plateau à même la console pour faciliter la communication entre les différents membres de l’équipe artistique et technique » ajoute Steve. « Le fait d’avoir passé Jeff aux ears pour la première fois signifie que, encore plus pour cette tournée, je dois disposer d’une console capable de fournir un son « produit » avec toute la subtilité et la variété d’inflexions sonores qu’un producteur de la trempe de Jeff est en droit d’attendre, et ce titre par titre. Et il faut que ça sonne !
La SD7 me donne tout cela avec l’assurance d’y parvenir à coup sûr grâce au fait que je la connais par coeur mais surtout parce que l’ergonomie est très bien pensée. De toute évidence mon choix a été le bon puisque Jeff n’a pas tari d’éloges sur ce que ses oreilles ont reçu. »

Avec une telle équipe, tout s’est bien passé mais est-ce que Jeff a été pleinement satisfait ?
“Il a écouté attentivement notre travail durant les répétitions et chaque soir, je lui fournis un enregistrement du show » nous précise Gary. « Mais pour vraiment le savoir, il faut demander à Steve, car s’il est heureux, Jeff l’est aussi. » « Je suis ravi » nous dit Steve en souriant.

D’autres informations sur le site Digico et sur le site DV2

 

Pour ses 50 ans

Happy birthday mister SM58 !!

SM58 50 ans

On ne sait pas s’il est content d’être à quelques années des cartes de réduction de la SNCF, le fait est que le SM58, sans aucun doute le micro le plus employé et la plus grande cash machine sur terre, fête ses 50 ans.
Né en 1966 pour assurer en studio, il a vite conquis les scènes du monde entier et a été copié comme le riff de Smoke on the water. Pour l’occasion Shure nous sort une édition spéciale 50è anniversaire.

Tout arrive, et pour la toute première fois, le SM58 va exister en une finition alternative au gris anthracite appelée SM58-50A. Argenté et comportant une bague « 50th Anniversary » il n’en est pas moins strictement identique d’un point de vue électrique au modèle qu’on connait tous. Présenté pour la première fois au NAB de mars 66 à Chicago, il a traversé les années, les musiques et servi des générations d’artistes en évoluant discrètement en termes de matériaux ou de process de fabrication.

Shure SM58 50 ans limited edition silver

Shure SM58 50 ans limited edition silver

Descendant direct du 565, il en a repris la boule et les avantages en termes de filtrage des bruits de vent, mais en y a ajoutant un capteur plus évolué en termes de directivité et de recul au Larsen dérivé du SM57, et en découplant cet élément sensible du corps du micro via une suspension pneumatique très innovante pour l’époque.
50 ans après, le SM58 n’a pas pris une ride et représente toujours un choix parfaitement cohérent sur de nombreuses voix en version filaire comme HF, malgré le nombre important de modèles concurrents plus modernes et disposant par exemple d’aimants au néodyme, y compris chez Shure.

La réponse en fréquence du SM58, un modèle du genre avec l’atténuation de l‘extrême grave mais qui sera compensée plus que largement par l’effet de proximité, la large bosse dans le haut médium et enfin la pointe dans l’aigu qui apporrte le croustillant nécessaire

La réponse en fréquence du SM58, un modèle du genre avec l’atténuation de l‘extrême grave mais qui sera compensée plus que largement par l’effet de proximité, la large bosse dans le haut médium et enfin la pointe dans l’aigu qui apporrte le croustillant nécessaire

A part à 8 kHz où une petite point vient chatouiller les wedges à -10dB, le reste de la polaire démontre la qualité de la réjection arrière, gage de bonne conduite face à des bains de pieds.

A part à 8 kHz où une petite pointe vient chatouiller les wedges à -10dB, le reste de la polaire démontre la qualité de la réjection arrière, gage de bonne conduite face à des bains de pieds.

S’il existe un produit audio qui mérite le terme de légende c’est bien ce micro qui a su rester sage question prix sans sacrifier le moins du monde à sa réputation d’extrême solidité. Je me demande pourquoi les deux lettres SM qui signifient Studio Microphone, ne sont pas changées par Shure en Standard Microphone. Rendez-vous dans 8 ans pour les 58 ans du SM58 !

D’autres information sur le site Shure et sur le site Algam Entreprises

 

STM Sounds Too Much

Après une première partie nous ayant permis de comprendre la philosophie anticonformiste de Nexo, de mieux connaitre ses produits, ses techniciens et un peu son histoire, attaquons nous à un gros morceau, le STM qu’avec humour et votre collaboration nous avons rebaptisé Sounds Too Much.
Forcément atypique, diablement efficace et sonnant très bien, il a tordu le cou à une réputation un peu GEO Trouvetout des hommes de Plailly, désormais vus comme des faiseurs de gros son malin mais aussi comme étant très disponibles et pédagogues.
Le futur est en marche chez Nexo et on n’a pas fini d’écrire et de décrire tout ce qu’ils mijotent un pied en Ile-de-France et l’autre en Picardie !

L’ensemble de l’équipe ayant travaillé sur le STM et photographiée au P+S 2012 lors de sa première présentation. De gauche à droite on a David Hochstenbach qui s’est chargé des setups, François Deffarges le responsable du R&D de l’époque, Christophe Givre qui a dessiné et réalisé le B112 et le M28, Didier Isambard qui a défini l’environnement des enceintes comme par exemple les dollies, Rémi Vaucher qui a programmé les filtres à phase linéaire pour l’ensemble des enceintes Nexo, dont le STM, Eric Ecosse qui a dessiné et réalisé le M46 et le S118, Mathieu Pobeda qui s’est occupé du développement des haut-parleurs, Julien Dorel qui a travaillé sur toute la conception du rack NUAR avec son patch haut-parleurs numérique automatique, Matthias Larrieu qui a fait le design acoustique de toutes les enceintes et enfin Joseph Carcopino qui a implanté dans les NXAmp toute la partie firmware des presets et notamment tous les FIR, et qui a fait en sorte de pouvoir charger un preset différent par canal ce qui est indispensable avec un système modulaire.

L’ensemble de l’équipe ayant travaillé sur le STM et photographiée au P+S 2012 lors de sa première présentation. De gauche à droite on a David Hochstenbach qui s’est chargé des setups, François Deffarges le responsable du R&D de l’époque, Christophe Givre qui a dessiné et réalisé le B112 et le M28, Didier Isambard qui a défini l’environnement des enceintes comme par exemple les dollies, Rémi Vaucher qui a programmé les filtres à phase linéaire pour l’ensemble des enceintes Nexo, dont le STM, Eric Ecosse qui a dessiné et réalisé le M46 et le S118, Mathieu Pobeda qui s’est occupé du développement des haut-parleurs, Julien Dorel qui a travaillé sur toute la conception du rack NUAR avec son patch haut-parleurs numérique automatique, Matthias Larrieu qui a fait le design acoustique de toutes les enceintes et enfin Joseph Carcopino qui a implanté dans les NXAmp toute la partie firmware des presets et notamment tous les FIR, et qui a fait en sorte de pouvoir charger un preset différent par canal ce qui est indispensable avec un système modulaire.

SLU : Comment un jour est né le STM, qui en a eu l’idée, quand en avez-vous parlé la première fois en réunion…

[private]

François Deffarges : Elle a duré un an et demi la réunion…(rires !) On est passé par plein d’itérations. On a commencé par faire un GeoT en 12’’, après on a fait un modulaire au format Alpha mais en 15’’ et donc trop gros. Ensuite on est passé par le classique double 15’’ qui était encore plus gros car on voulait qu’il délivre beaucoup de pression y compris dans le bas et là, on a décidé de faire une pause. Il fallait qu’on détermine mieux ce vers quoi on voulait aller sachant que le marché et nos clients nous demandaient un système « stadium capable » mais aussi versatile ce qui nous va bien à Nexo.
Ensuite nous avons réfléchi à comment baliser cette versatilité car pouvoir tout faire ne signifie pas forcément tout bien faire et on voulait éviter que cette polyvalence ne soit un frein ou soit mal perçue par nos utilisateurs. On a défini le minimum comme étant un club de 500 places et le maximum comme un très grand stade et on s’est mis au boulot avec très vite le retour de la notion de modularité.

Urban Peace 3, une des premières grosses opérations pour le STM en France à St Denis avec Melpomen. Ici ce sont des M46 et des B112 qui se préparent à monter.

Urban Peace 3, une des premières grosses opérations pour le STM en France à St Denis avec Melpomen. Ici ce sont des M46 et des B112 qui se préparent à monter.

Si on y réfléchit bien, l’histoire du renforcement sonore est un peu curieuse et connait une sorte de fonctionnement cyclique cadencé sur des périodes de 10 ans où l’on a enchaîné un modulaire, un intégré, à nouveau un modulaire, encore un intégré et enfin un modulaire.
En d’autres termes, cela a commencé par le système de Martin Audio très modulaire, tellement qu’un jour ils ont trouvé que c’était chiant de le rentrer dans le camion et ils ont créé les premières boîtes triangulaires ou parallélépipédiques qu’on appelait compactes ou intégrées comme les MSL chez Meyer, le KF850 d’EAW ou le système intégré chez Nexo.

Nous sommes rendus au début des années 90 et apparaît le Flashlight de Turbo, le premier système à directivité très contrôlée, les fameuses boîtes bleues qui ont envahi les tournées pendant une dizaine d’années. Tout le monde a suivi, de d&b à Nexo avec l’Alpha en passant par Adamson et la série 200 et c’est reparti pour du modulaire même si accroché.
En 92 arrive le V-Dosc mais il faudra attendre 98 pour qu’il soit connu à l’échelle du monde, et qu’est-ce que c’est qu’un line array si ce n’est une enceinte large bande intégrée.
Nous voici en 2010 et que fait-on pour concevoir notre nouveau système ? Au lieu de se référer au GeoT, on s’est tourné vers l’Alpha, notre système modulaire vieux de 20 ans car rien n’était plus pratique que l’Alpha pour aller de petit à grand, de peu par côté à beaucoup de boîtes. Un line array ne peut pas faire ça.  

SLU : On ne sait toujours pas qui a eu l’idée du STM (sourire)

François Deffarges : Tout le monde chez Nexo, et bien au-delà du simple bureau d’études, tous les services ont participé. On a pris un an et demi à définir ce qui allait devenir le STM et sa conception a aussi pris un an et demi en déployant l’ensemble de nos ressources de R&D à temps plein.

SLU : Vous avez eu des clients partenaires à qui vous en avez parlé ?

L’accroche intégrée vue par Nexo, une demande de François Deffarges à son R&D qui a synthétisé les vœux des clients en cahier des charges.

L’accroche intégrée vue par Nexo, une demande de François Deffarges à son R&D qui a synthétisé les vœux des clients en cahier des charges.

François Deffarges : Oui absolument. On a eu des partenaires de développement, des prestataires avec lesquels nous avons énormément échangé car lorsque nous avons remis la copie à zéro après nos divers essais, on s’est dit que ce n’était pas le double 12 ou 15 qui était important mais bien de répondre à la question : qu’est-ce que ça doit faire ?
Une fois défini le champ d’application, on avait fait le plus difficile car trouver des solutions, on sait comment faire chez Nexo !
De nombreuses innovations sur le STM découlent de cette réflexion.
L’accroche intégrée et uniquement à l’arrière, la possibilité de servir en tant que sidefill pour DJ avec une seule boîte par côté, le fait de pouvoir passer une porte. Notre cahier des charges des fonctions nous a aidés à valider notre copie.

SLU : On imaginait la naissance d’un nouveau produit comme le STM plus linéaire et balisée.

François Deffarges : En toute humilité on ne prétend pas être les meilleurs ou avoir effectué les meilleurs choix, mais on prétend donner une équation de valeurs différente de celle qui est apportée par nos concurrents principaux.

SLU : Le STM est assemblé, les premiers essais ont lieu et son concluants et la signature acoustique de Nexo n’est plus la même avec cette boîte qui d’une certaine manière rentre dans le rang, celui qualitatif et recherché sur les scènes du monde entier. Que s’est-il passé…

François Deffarges : Elle est la même que le GeoD et au GeoT de seconde génération, du moins de ses presets. Il y avait déjà cette signature qui globalement est une réponse assez plate en revanche, attention, je vais la ramener un peu, le STM est un système qui est extrêmement bien conçu. Il a du génie partout dans ces enceintes, dans le sub, dans toutes les bandes de fréquence, des idées, des brevets, des solutions que d’autres n’ont pas su trouver, et cela me permet de rendre hommage à l’acousticien qui a dessiné et conçu toutes les enceintes du STM et nous a hélas quittés l’année dernière victime d’un accident de voiture, Matthias Larrieu.

Matthias Larrieu

Matthias Larrieu

On l’a beaucoup pleuré chez Nexo, mais l’industrie toute entière a perdu un garçon extrêmement brillant qui est arrivé chez nous à ses 20 ans et est décédé à 27, et dans ce laps de temps, a contribué à la création de tous nos derniers produits les plus innovants. Je n’ai jamais vu quelqu’un avec une intuition pour l’électro-acoustique aussi élaborée.
Je connais des tonnes de gens qui en savaient beaucoup plus que lui d’un point de vue théorique, mais qui n’avaient pas le dixième de son intuition et de la manière dont fonctionnaient les choses.

Joseph Carcopino : Il avait aussi et surtout un oeil neuf et la faculté d’apporter de nouvelles solutions, là où quelqu’un qui a beaucoup de bouteille va forcément suivre le fil de ses connaissances et risquer de tourner en rond. C’était aussi un mécanicien hors pair.

Joseph Carcopino : Pour revenir à la question précédente, il y a deux choses qui ont permis d’atteindre ce que tu considères comme une rupture sonore et que je pense être surtout une évolution. D’abord on a beaucoup travaillé avec Rémi Vaucher sur le processing, et le STM a été le premier à bénéficier à 100% des possibilités offertes par le NXAmp qui jusque-là était utilisé à 30% de ses ressources DSP.

Les racks utilisés par le R&D pour les écoutes. Una partie du moins, en fonction de ce qui est accroché un ou plusieurs NUAR sont mis en batterie.

Les racks utilisés par le R&D pour les écoutes. Une partie du moins, en fonction de ce qui est accroché un ou plusieurs NUAR sont mis en batterie.

On a bossé beaucoup d’algorithmes avec des filtres très longs et nous sommes arrivés à des résultats très cohérents entre le point de mesure en chambre anéchoïque, le processing dans l’ampli et les écoutes une fois accroché, avec en plus la possibilité de corriger le tout rapidement. Dès que quelque chose ne nous plaisait pas, on était en mesure de générer un setup très vite, bien en dessous du quart d’heure d’avant qui semble anodin, mais devient vite pénible. L’autre raison qui est un point tout bête mais bien pratique, c’est notre super champ d’écoute qui nous permet d’avoir à demeure un système STM de 12 boîtes par côté avec beaucoup de recul et un excellent environnement.

Ces deux avantages ont fait que le travail a avancé vite et nous avons surtout pu éviter les habituelles campagnes d’écoute sur un site spécifique ce qui est très consommateur en temps et ralentit beaucoup les modifications nécessaires. Nous avons pu laisser accroché un système de longs mois en affinant jour après jour le rendu d’autant que les boîtes sont en composite et ne craignent pas l’eau. Comme en plus le STM est un système essentiellement de plein air, on n’a pas besoin d’une salle pour travailler et affiner le fine tuning.

Le champ d’écoute de Nexo, situé à l’arrière du R&D. 8 moteurs de 2 tonnes et 65 mètres de recul gazonné en pente douce.

Le champ d’écoute de Nexo, situé à l’arrière du R&D. 8 moteurs de 2 tonnes et 65 mètres de recul gazonné en pente douce.

SLU : Vous n’avez pas de voisins dans l’axe de tir ?

François Deffarges : Non, mais nous avons des voisins quand même (rires) et quand le vent est latéral on embête des gens placés à 3 kilomètres. On a fait des fonctions de transfert pour prédire quelque peu les niveaux en fonctions du vent et du temps et puis on sait que ce ne sont que les essais impliquant des subs et à haut niveau qui génèrent de la pollution sonore. Heureusement on ne fait pas du fine tuning à 110 dB.

SLU : Est-ce que l’électronique fait beaucoup dans le son du STM ?

Un graphique qui démontre simplement la façon avec laquelle peuvent s’assembler les 4 éléments qui composent le STM. Les niveaux indiqués le sont à titre…indicatif, de même que l’écart entre la tête M46 et la 28.

Un graphique qui démontre simplement la façon avec laquelle peuvent s’assembler les 4 éléments qui composent le STM. Les niveaux indiqués le sont à titre…indicatif, de même que l’écart entre la tête M46 et la 28.

Joseph Carcopino : Pas tout non, chez Nexo une bonne enceinte doit sonner dès le début, sans processing d’aucune sorte, il ne faut pas se rater dans la conception. Cela dit si on prend un produit de génération antérieure comme un GeoT ou un GeoS8 et qu’aujourd’hui on applique les algorithmes qu’on développe pour le STM et on emploie la même méthodologie de préparation de setup, on arrive au même genre de résultat. C’est vrai qu’avec le STM et de par les moyens humains qu’on a employé, le guides et les évents sont encore plus raffinés et donc le résultat meilleur.

SLU : Comment est pensée la modularité du STM ?

François Deffarges : Assez simplement. La tête est la M46, elle descend à 85Hz et peut sous certaines conditions et types de musiques, être employée seule. Le montage standard pour reproduire rock et pop fait appel à une tête pour un renfort de basses B112. Enfin il y a quelques cas de figure où le montage double basse est choisi avec un niveau de grave surdimensionné.

Le S118, une vraie petite brute

Le S118, une vraie petite brute

SLU : Vos charges ne sont pas à radiation directe.

François Deffarges : Non. Sur le S118, le sub à proprement parler qui embarque un simple 18’’, nous exploitons un brevet de l’université Pierre et Marie Curie dont on a acquis la licence d’exploitation, ce qui fait que cette enceinte dispose d’une tuyère et pas d’un évent, un profil concave là où nos confrères emploient des profils convexes pour réduire les vitesses et donc les turbulences.
Ce montage nous permet de disposer de 6dB de plus en sortie de tuyère par rapport à un profil classique ce qui est énorme car ça signifie que sinon l’évent limite ce que le haut-parleur est capable de donner.

SLU : Pour le B112 ?

François Deffarges : Pour le renfort de basses on a le couplage d’une charge expo et bass reflex. L’acoustique peut être simple. Plus tu réduis la bande passante plus tu augmentes l’efficacité. Le Bass va de 50 à 200Hz et par rapport au volume de charge, il a un rendement spectaculaire surtout comparé à un caisson en radiation directe. On sort plus qu’un double 15’’ comme notre RS15. Si on le place côte à côte et sur la même bande donnée, le B112 qui dispose d’un 12 avec un très gros moteur et une énorme excursion, délivre plus de SPL.  

SLU : Vous avez évoqué des brevets dans le M46.

François Deffarges : Oui, notamment des membranes en polymère de Ketone dans l’aigu qui n’ont pas de breakup mode, fonctionnent en piston jusqu’à 19KHz et se révèlent indestructibles puisque depuis que nous avons démarré cette enceinte, nous avons un taux de panne de zéro. Nous avons aussi un très beau brevet pour notre évent. Tous les évents présentent des résonnances dans le médium via des harmoniques du grave, et ces pics de résonnances parasites viennent abîmer la couverture horizontale. On a trouvé une parade brevetée via une échancrure dans l’évent qui permet d’absorber ces résonnances.

Si vous regardez bien derrière la patte métallique au premier plan, on distingue l’échancrure, une sorte de V qui fait très avion furtif, et qui est le secret de la belle polaire de la M46 !

Si vous regardez bien derrière la patte métallique au premier plan, on distingue l’échancrure, une sorte de V qui fait très avion furtif, et qui est le secret de la belle polaire de la M46 !

Le résultat du travail effectué sur les évents est bien visible.

Le résultat du travail effectué sur les évents est bien visible.

SLU : Vous y avez pensé dès le départ ?

François Deffarges : Non, c’est une fois l’enceinte assemblée et lors des premières mesures où l’on a trouvé qu’horizontalement, quelque chose qui n’allait pas. On a pris trois ou quatre mois de retard à cause de ça mais avons trouvé et c’est Matthias qui a phosphoré et eu l’idée du brevet et pourtant cela fait plusieurs années que tous les constructeurs cherchent. Depuis nous l’appliquons systématiquement à toutes nos enceintes.

SLU : Vous avez parlé de la faculté qu’on les enceintes Nexo à fonctionner sans presets, ce qui revient à dire qu’elles naissent bien, Marcel Dassault disait qu’un bel avion vole bien…

Joseph Carcopino : François Deffarges dit ça sur les enceintes (rires)

François Deffarges : Il avait raison. Les objets « well engineered » bien conçus, sont beaux et c’est vrai pour les avions, les voitures comme les enceintes. Curieusement on trouve beaucoup d’enceintes avec des formes très géométriques, alors que le son aime bien les formes courbes.

SLU : En termes de haut-parleurs qu’avez-vous déniché ou fait fabriquer pour le STM ?

François Deffarges : Le 18’’ on l’avait déjà, un très, très bon haut-parleur, le 12’’ en revanche a été développé car il est très particulier. Il a une excursion gigantesque, une bobine de 4’’ et admet 3000 Watt. Il soulève un bonhomme (rires). Les 4 haut-parleurs de 6,5’’ de la M46 ont aussi une particularité, leur membrane plate. Cela évite toute diffraction sur l’aigu qui est contrôlé par un très grand guide d’onde dans lequel sont enchâssés ces 4 haut-parleurs. Sans cette solution la réponse horizontale mais aussi verticale est très abîmée. Certes on alourdit un peu la membrane, mais l’amélioration sur l’aigu est spectaculaire.

Une vue de près de deux M46. En bas un prototype avec des haut-parleurs de 6’’ coniques classiques et en haut un M46 de série avec les 6’’ avec la membrane aplatie par un cache noyaux spécifique. Ce montage évite d’abîmer la couverture horizontale, mais aussi sur le plan vertical et qui à 15 kHz peut ne pas être négligeable.

Une vue de près de deux M46. En bas un prototype avec des haut-parleurs de 6’’ coniques classiques et en haut un M46 de série avec les 6’’ avec la membrane aplatie par un cache noyaux spécifique. Ce montage évite d’abîmer la couverture horizontale, mais aussi sur le plan vertical et qui à 15 kHz peut ne pas être négligeable.

Une fois encore la validité de cette solution technique ne fait pas l’ombre d’un doute et ces polaires parlent d’elles-mêmes.

Une fois encore la validité de cette solution technique ne fait pas l’ombre d’un doute et ces polaires parlent d’elles-mêmes.

SLU : OK, vous disposez d’un système de qualité, de super haut-parleurs, de trouvailles en pagaille mais ça, vous saviez le faire depuis toujours… le son, le nouveau son STM, il vient d’où ? Ne me dis pas que t’as pas entendu la différence ou alors l’heure de la retraite a sonné pour toi ! Vous avez benchmarké ?

François Deffarges : (mort de rire) Nous avons commencé par obtenir par nous-mêmes ce que nous voulions entendre du STM en exploitant ses qualités propres et les moyens DSP dont nous disposons et ensuite, bien entendu, nous avons effectué des écoutes comparatives avec les systèmes concurrents mais sans dénaturer les qualités intrinsèques du notre. Nous avons fait des choix forts et une grande partie du mérite en revient David Hochstenbach.
Dès 2006, quelques années après son arrivée, il a été chargé du calage fin de tous nos systèmes. Je dois dire qu’avant sa venue, on avait souvent des coups de fil ou des demandes pour monter le 20 KHz, baisser le 2 et évidemment toujours contradictoires. Depuis qu’il a pris ce travail en main en commençant par le GeoD, le 45N12, les RS et surtout le STM, il n’y a pratiquement pas eu de modifications après la sortie des produits ou alors minimes. Merci David !

SLU : La question suivante est assez logique. Pourquoi n’avez-vous pas produit ce rendu très touring, punchy et moderne avant

Les deux gros moteurs de Nexo, le 4x1 et ses 3U au-dessus et le 4x4 au-dessous. On le reconnaît à ses 4U et à ses grilles de ventilation en face avant. Ils sont depuis peu accompagnés des deux DTD Amps.

Les deux gros moteurs de Nexo, le 4×1 et ses 3U au-dessus et le 4×4 au-dessous. On le reconnaît à ses 4U et à ses grilles de ventilation en face avant. Ils sont depuis peu accompagnés des deux DTD Amps.

François Deffarges : Parce que c’est le fruit d’une enceinte bien pensée, d’un calage réussi, de l’exploitation des ressources du NXAmp et aussi de l’adoption de la phase linéaire. Dans un guide d’ondes il y a entre autres des modes longitudinaux, ce qui veut dire une partie de l’énergie renvoyée vers la membrane.
Le fait de disposer de filtres à phase linéaire nous a permis de corriger en calcul temps réel et sans artefacts les modes du guide d’onde, un peu comme si la membrane avait absorbé d’elle même ces réflexions. Sur le papier cela n’a l’air de rien, mais le rôle pris par le DSP dans l’absorption des résonances actives propres au système est proéminent.

SLU : Sur la PS10 c’est flagrant. 

François Deffarges : Je trouve même ça spectaculaire, et les mêmes effets que tu as décrits comme étant du punch dans le grave, sont dûs aux relations de phase qui sont bien faites et aux traînages qui sont enlevés. Nous avons enfin très bien dimensionné l’aigu, mieux que sur les systèmes précédents et on doit être dans les niveaux de distorsion les plus faibles de l’industrie. Le STM est un système qui est pratiquement impossible à faire tordre, en particulier les moteurs d’aigu.

Joseph Carcopino : Pour revenir sur le phénomène de punch, bien sûr l’excursion du haut-parleur est essentielle, mais il ne faut pas oublier le NXAmp dans l’équation. D’accord il fait 4U et pèse très lourd, mais utilisé en bridge sur un 18’’ il sort 350 V, et il n’y a pas beaucoup d’amplis sur le marché capables de le faire. Il vaut mieux ne pas mettre les doigts dans la Speakon (rires).

SLU : Tu tires combien avec cet ampli, car il n’a pas de PFC… 

Joseph Carcopino : Si, mais il est passif (rires). Si tous les canaux sont chargés sous 2 Ohm, tu tires deux fois 16 A car il a deux alimentations avec deux prises. D’accord c’est le double de ce qu’absorbe un ampli moderne avec un PFC, mais c’est essentiellement le marketing qui le réclame. Une bonne alimentation bien conçue s’en passe, même en présence de secteurs un peu défaillants. Le PFC est utile quand on veut avoir un ampli qui fonctionne partout dans le monde, ceci étant il y a malgré tout moyen de faire autrement.

François Deffarges : C’est plus un avantage fabricant qu’un avantage utilisateur car il n’y a pas tant de systèmes que ça qui traversent les océans et doivent s’adapter à des secteurs différents. Il y a le cas spécifique du Japon où les amplis sont fabriqués pour ce pays et y restent. Il y a juste l’Amérique latine ou de pays en pays on peut changer de secteur.

La puissance nécessaire à satisfaire 27 000 personnes en plein air lors du festival Rock’n’Heim, sonorisé par les allemands de Satis&Fy en 2014.

La puissance nécessaire à satisfaire 27 000 personnes en plein air lors du festival Rock’n’Heim, sonorisé par les allemands de Satis&Fy en 2014.

SLU : Et un nouvel NXAmp avec PFC ? 

Joseph Carcopino : Aujourd’hui on ne pourrait pas le faire. A performances égales il coûterait le double ou il ferait la même taille dix ans après… Un nouvel ampli se doit d’être plus petit et plus économe en énergie. Le standard est 2U et 4 canaux. On va donc travailler pour chercher d’autres techniques et apporter quelque chose de différent dans ce gabarit.

SLU : En termes de puissance impulsionnelle et RMS, il en était où le NXAmp ? 

Joseph Carcopino : Une des raisons qui rendent compliqué le fait de lui trouver un successeur, c’est que comme il n’a pas de PFC, la limite RMS de l’alimentation est due juste à sa très grosse alimentation à résonance ce qui fait qu’on est très au-delà de ce que peuvent délivrer à prix égal les amplis actuels en puissance long terme. On est peut-être même sur-dimensionné par rapport à l’application demandée mais à la fois beaucoup mieux que certains autres qui ne tiennent que peu de temps en puissance impulsionnelle avant de descendre au second palier…

Surpris lors de ce même festival Rock’n’Heim en Allemagne à la rentrée 2014, Joseph Cacopino assure le support technique derrière ses écrans.

Surpris lors de ce même festival Rock’n’Heim en Allemagne à la rentrée 2014, Joseph Cacopino assure le support technique derrière ses écrans.

SLU : Parfois très bas !  

Joseph Carcopino : Oui mais la technologie de l’époque permettait de ne pas se soucier de ce problème pour un coût raisonnable, mais cela obligeait à avoir des modèles 110, 220, un certain poids et une taille de 4U.

SLU : En revanche vous aviez prévu du lourd question DSP, car même si aujourd’hui vous êtes à 100% avec le STM, pour un ampli conçu vers 2004 et commercialisé en 2007, il est loin d’être obsolète.

Joseph Carcopino : On avait fait le plein c’est certain, mais grâce au savoir-faire de Yamaha y compris au niveau de la rationalisation des coûts, on a pu rester compétitif. On n’est cela dit pas tout à fait au taquet des ressources DSP, il nous en reste encore un peu pour satisfaire les demandes de nos clients et quelques idées de développement qui pourraient arriver, mais c’est vrai qu’on aimerait en avoir toujours plus.

SLU : A propos de NXAmp, comment jugez-vous votre maison mère Yamaha qui par ailleurs le fabrique. Disposez-vous d’un partenaire qui vous laisse vous exprimer ?

La poignée de main entre Eric Vincenot le Président de Nexo à gauche et Shuji Ito, le président de Yamaha, qui a scellé son entrée au capital de Nexo en juin 2005. Trois ans plus tard, Yamaha s’est porté acquéreur de la majorité des actions.

La poignée de main entre Eric Vincenot le Président de Nexo à gauche et Shuji Ito, le président de Yamaha, qui a scellé son entrée au capital de Nexo en juin 2005. Trois ans plus tard, Yamaha s’est porté acquéreur de la majorité des actions.

François Deffarges : On a un partenaire de rêve. Yamaha nous protège énormément et notamment notre initiative, nos idées. On a une boite qui a pratiquement 150 ans d’histoire dans l’audio, des gens qui sont très en avance pour tout ce qui concerne le transport du signal, le DSP, le traitement du signal et j’en passe et un management que j’apprécie tout particulièrement car il repose sur le dialogue qui amène les décisions.
Nous avons la chance de faire partie de ce groupe et cela nous apporte l’assise sur laquelle voir sereinement l’avenir. Ils nous aident dans nos process, ou bien sur la façon de nous structurer.

SLU : Vous collaborez à mettre au point les produits électro acoustiques de Yamaha ?

François Deffarges : Non, très peu et en tant que consultants quand on nous sollicite. Nous avons donné un coup de main sur les DXR mais ils restent concepteurs de leurs enceintes.

SLU : Tu nous as dit que la M46 est la boîte polyvalente par excellence, pourquoi alors avoir développé une M28 ?

François Deffarges : Dans le projet c’est un downfill et va de 0 à 15° là où la 46 va de 0 à 10° et puis cette dernière est un gros système très puissant là où dans la 28 il n’y a que deux moteurs d’aigu contre quatre, les mêmes soit dit en passant.
Elle est légère, sonne très bien, est configurable en directivité à 90 et 120° et si tu veux faire du rock avec, tu peux ajouter des B112, avec la limitation classique d’une petite boite pas prévue pour un plein air face à 50 000 personnes. On a conçu le STM comme un système modulaire, la 28 est l’équivalent d’un module médium-aigu sur le système Alpha e.

SLU : Quand on compare le STM à d’autres enceintes, il paraît un peu lourd. Quelle en est la raison ?

François Deffarges : Attention d’abord à bien comparer. Notre ensemble M46 et B112 génère le SPL d’un gros système arena/stadium, soit le plus gros chez chacun de nos concurrents, et dans ce cas précis, nos 118 kilos ne dénotent pas tant que ça, même si je te l’accorde, on est un peu lourd. Ce poids est essentiellement dû à la solidité du STM, à sa résistance au feu et à sa résistance à l’eau, cette dernière ayant été réclamée par nos clients qui veulent pouvoir accrocher les enceintes et les laisser sur une tour non bâchée et non protégée.
On ne parle pas d’IP car les évents sont libres et donc, sous certaines conditions, l’eau peut atteindre des parties électriques, mais si les boîtes sont à 0 ou avec un angle négatif, elles peuvent rester dehors en permanence sous la pluie ou au soleil. On est aussi un peu lourd puisque dans l’ébénisterie il y a des éléments anti-feu pour être classé V1.

La différence de taille entre une M28 et des B112 et pourtant, la petite tête avec ses deux petits 8’’ et son volume de charge assez restreint arrive à générer un grave très crédible.

Un détail des ébénisteries en composite imputréscibles, solides, anti-feu et parcourues par des armatures en acier d’une M28 et plusieurs B112. Solide mais forcément un peu plus lourdes que la moyenne.

SLU : Ce n’est pas fréquent qu’une enceinte prenne feu..

François Deffarges : Sans doute, mais cela fait des années que Nexo travaille sur cet aspect d’un point de vue de la responsabilité de la société, et ce malgré le fait qu’il n’y ait pas encore de règlementations dans notre métier. Des feuilles de bois et surtout si elles sont assez fines, ne peuvent prétendre à aucun classement. L’avantage aussi de nos coffrets moulés par injection c’est leur extrême solidité. J’ai été chez Morris Light & Sound qui a été notre premier client américain pour le STM au début 2013 et près de 4 ans après, les boîtes sont comme neuves.

SLU : Est-ce vous avez pour vos enceintes des procédures d’entretien à respecter ? Quand on imagine ce que doivent subir les membranes et les suspensions, notamment le 12’’ du B112…

François Deffarges : Il y a un service manuel très complet qui donne les procédures de révision du système avec tout ce qu’il faut faire en termes d’entretien régulier.

Joseph Carcopino : Nous avons des tests de vieillissement qui sont assez originaux et qu’on a mis en place en cherchant au départ à évaluer la compliance des HP et, pour gagner du temps, en même temps leur performance thermique. On a pour cela mis au point un ensemble de macros. On s’est donc rendu compte qu’en associant dans un test le maximum d’excursion et l’échauffement le plus élevé avant destruction, on parvient en une semaine à le vieillir à un point tel qu’il dépasse tout qu’il connaîtra en utilisation réelle.
On a comparé pour cela avec des haut-parleurs exploités « normalement ». On le rince vraiment bien et en 500 heures de test, on lui fait subir un vieillissement équivalent à 10 ans de vie. Cela nous a permis de beaucoup progresser sur la compliance des spiders et des surrounds et d’être très confiant sur la tenue dans le temps du STM, surtout le B112 dont le HP a bénéficié des avancées liées à ce test et l’adoption de nouveaux matériaux pour ces deux suspensions et sur lequel nous n’aurons aucun problème de vieillissement.

La salle de torture de Nexo, l’endroit où l’on pousse dans ses derniers retranchements tout HP, enceinte ou électronique et si destruction et incendie se produisent, elle y résiste.

La salle de torture de Nexo, l’endroit où l’on pousse dans ses derniers retranchements tout HP, enceinte ou électronique et si destruction et incendie se produisent, elle y résiste.

SLU : En plus vos presets maintiennent les HP dans leur zone de sécurité…

Joseph Carcopino : Avec nos presets on est certain que nos HP seront en deçà de la limite que nous avons déterminée.

François Deffarges : Nous disposons chez Nexo d’une chambre de torture pour ça.

SLU : L’idéal serait de pouvoir connaître le temps d’utilisation d’un HP et les efforts qu’il a endurés… Peut-être que sur votre prochaine gamme d’amplis vous disposerez d’une mémoire.

Joseph Carcopino : Oui mais pour cela il faudrait que tel patte d’ampli soit toujours raccordée à tel haut-parleur or dans les faits on sait bien que c’est impossible. Théoriquement le plus simple serait que l’ampli soit dans l’enceinte.

François Deffarges : C’est vrai que tant que l’enceinte est un élément passif, c’est difficile à tracer à part avec une courbe d’impédance et ce n’est même pas dit qu’elle te renseigne correctement car même si la compliance a énormément bougé, si tu mesures dans la charge de l’enceinte, ce n’est pas garanti que tu constates une différence.

Radiation directe, passe-bande, qu’importe le caisson pourvu qu’on ait l’ivresse

SLU : Depuis toujours Nexo est le spécialiste des subs à charges complexes et rares sont les modèles à radiation directe qui pourtant plaisent pas mal en France. Comment vous expliquez cela ?

Le RS18, un sub malin et capable de très bien guider son énergie, même utilisé seul.

Le RS18, un sub malin et capable de très bien guider son énergie, même utilisé seul.

François Deffarges : Mais nous avons un excellent sub à radiation directe, le RS18 (rires) un double 18’’ lancé en 2012. Pour bien répondre à ta question, il faut suivre les tendances de la musique. Aujourd’hui, avec le traitement du signal, les différences qui existaient entre une charge complexe et une radiation directe ne sont plus si importantes que ça et à 50 mètres de la scène, je ne pense pas qu’on soit capable de distinguer à l’oreille la nature du sub.
Le marché est de toute façon devenu plus exigeant et le tas de bois posé à jardin et cour et une power alley à vomir au centre n’est plus accepté. Aujourd’hui le design des subs s’est beaucoup sophistiqué et on panache fréquemment entre subs accrochés et au sol afin d’arriver à un résultat plus homogène. Je ne vois plus trop de débat sur la nature de la charge mais surtout en termes d’homogénéité. Il reste vrai que nous avons depuis toujours une bonne réputation sur les charges !

Joseph Carcopino : On ne fait pas du bandpass par dogmatisme, on parvient à des résultats excellents et à SPL égal en réduisant la taille des subs et le nombre de haut-parleurs embarqués ce qui est recherché par le marché.

SLU : Comment coupez-vous vos subs, au cas par cas ou bien avez-vous standardisé l’ensemble ?

Joseph Carcopino : Aujourd’hui on a homogénéisé les fréquences de coupure pour tous les subs pour que tout le monde soit toujours en phase et puisse raccorder n’importe quel sub avec n’importe quelle tête. On a donc 60, 85 et 120 Hz, en revanche tous nos systèmes et tous nos subs peuvent être au choix sur l’une de ces fréquences pour faire par exemple de l’overlap.

On peut mélanger librement les subs sans que cela ne pose de problème. Si tu prends un RS18 et un S118 et tu les fais jouer côte à côte, tu obtiens 6dB de plus et quand tu les mesures, tu as une réponse en fréquence très proche. Il suffit d’aligner les subs quels qu’ils soient, de leur appliquer une valeur de délai par rapport au système et c’est immédiatement en phase.

Un mur de subs pour le Hellfest 2014 en montage cardioïde. A raison de 3 S118 par paire de canaux bridgés, tout ce petit monde demande un rack NUAR et demi, ou trois NXAmp 4x4.

Un mur de subs pour le Hellfest 2014 en montage cardioïde. A raison de 3 S118 par paire de canaux bridgés, tout ce petit monde demande un rack NUAR et demi, ou trois NXAmp 4×4.

SLU : Ce qui revient à dire que vous avez dû aligner tous vos subs sur le plus « lent » du royaume. Qui est le vilain petit canard ? (rires)

La bonne vieille soufflante CD18 avec son look de clapier à lapins mais capable de diriger très efficacement de l’infra et du grave vers l’avant en 120°x120° et grâce à la qualité de sa charge, avec une sensibilité de 105 dB SPL et un SPL max de 145.

La bonne vieille soufflante CD18 avec son look de clapier à lapins mais capable de diriger très efficacement de l’infra et du grave vers l’avant en 120°x120° et grâce à la qualité de sa charge, avec une sensibilité de 105 dB SPL et un SPL max de 145.

François Deffarges : Le CD18. S’il n’était pas encore là et on avait voulu l’exclure des presets, on aurait pu baisser le délai de groupe.

Joseph Carcopino : Maintenant si on voulait bien faire les choses on pourrait retravailler le preset de ce vénérable sub qui date de plusieurs années (rires)

François Deffarges : Voire considérer qu’il n’a plus à être compatible avec tous les autres, mais à la fois c’est important de ne pas laisser tomber nos clients et mériter leur loyauté à la marque en continuant à développer des presets pour des vieux produits.

SLU : Est-ce que les clients de Nexo sont fidèles ??

François Deffarges : Oui assez. Ceux qui nous aiment, nous aiment bien et longtemps, et peu sont partis. Un peu comme le turnover interne à Nexo, nous avons beaucoup de clients historiques qui sont là depuis toujours et aiment ce que nous avons décrit comme l’ADN de Nexo. Je pense à Vincent Tempels d’Arto en Belgique ou Thierry Tranchant chez Melpomen en France pour n’en citer que deux, et cette fidélité dure depuis l’Alpha et date donc de 20 ans, mais nous avons aussi des nouveaux venus y compris en France comme Texen dans le sud et West Evénement qui vient de rentrer du STM. Pour la deuxième année consécutive nous allons avoir de jolis chiffres en termes de croissance ce qui trahit l’arrivée de plus de clients.

L’iD24 avec une des innombrables accroches et couleurs disponibles.

L’iD24 avec une des innombrables accroches et couleurs disponibles.

Joseph Carcopino : Nous disposons par ailleurs en plus du STM de nouveau produits qui intéressent pas mal le marché comme l’iD24. Des sociétés qui ont des gros systèmes d’autres marques, peuvent craquer sur ce petit système qui est imbattable pour des applications bien précises et qui, à taille égale, en fait plus que la concurrence.

François Deffarges : Par rapport à ta question sur l’ADN Nexo, l’iD24 c’est à 100% un produit Nexo. Tu ne le trouveras pas ailleurs, il est compétitif de par son prix mais aussi de par ce qu’il offre vis-à-vis de la concurrence à prix égal et pas besoin de logiciels compliqués. On les branche et ça marche.

Joseph Carcopino : C’est comme une PS mais sans concurrents (rires !)

SLU : Quand vous réfléchissez au futur, vous voudriez améliorer quoi…meilleur guidage, plus de SPL, distorsion plus basse, cohérence sur la portée…

François Deffarges : Fiabilité, qualité des produits, tenue au temps, tenue aux intempéries…

Joseph Carcopino : Rapport poids / rigidité des matériaux et puis surtout le grand saut qui interviendra dans le futur et qui sera le contrôle actif des haut-parleurs.

SLU : C’est vrai qu’on touche là à la limite du NXAmp en termes de ressources DSP et surtout de par sa capacité à amplifier de nombreuse enceintes à la fois..

Urban Peace 3 en 2013, avec la prédiction façade obtenue grâce à NS-1, le logiciel Nexo. Il s’agit d’une prédiction large bande 32Hz à 16 kHz mais pondérée A, il manque donc quelque dB de S118 ! Une régularité quasi parfaite et la plus grand partie du public tenue dans un gabarit de 6dB d’écart..

Urban Peace 3 en 2013, avec la prédiction façade obtenue grâce à NS-1, le logiciel Nexo. Il s’agit d’une prédiction large bande 32Hz à 16 kHz mais pondérée A, il manque donc quelque dB de S118 ! Une régularité quasi parfaite et la plus grand partie du public tenue dans un gabarit de 6dB d’écart..

François Deffarges : Enceintes dont l’impédance est prévue pour ça. Il ne faut pas oublier que nous avons optimisé le STM pour tirer le meilleur parti du NXAmp et limiter le nombre d’amplis ce qui a une incidence positive sur le prix final de l’ensemble qui est un paramètre très important.
Pour en revenir à ta question sur le futur, je ne peux pas ici encore exclure le prix. On a vu ce que certains ont fait en termes de processing via leurs contrôleurs, mais le nombre d’unités requises pour obtenir un guidage efficace oblige à doubler le nombre d’amplis et le coût de l’ensemble explose.

Joseph Carcopino : Au-delà du guidage du front d’ondes, nous nous dirigeons vers des systèmes « feedbackés ».

SLU : On pourrait tout corriger.

François Deffarges : Tu sais que c’est l’un des premiers brevets de Nexo, la correction de la distorsion…

Joseph Carcopino : Je sais, ce n’est pas parce que je n’étais pas encore là que je ne m’y intéresse pas (rires)

SLU : On parle de gain en SPL ou de linéarité ?

François Deffarges : On parle d’abord de linéarité augmentée et pas forcément qu’en termes d’extension de la membrane.

Un coup d’œil à l’intérieur de la M46 où l’on découvre les 4 moteurs d’aigu de 2,5’’ solidaires des quatre guides d’onde hyperboliques et l’on aperçoit aussi un des quatre 6,5’’en charge de tout ce qui est situé en dessous de 1,5 KHz, un sacré boulot pour des HP aussi petits.

Un coup d’œil à l’intérieur de la M46 où l’on découvre les 4 moteurs d’aigu de 2,5’’ solidaires des quatre guides d’onde hyperboliques et l’on aperçoit aussi un des quatre 6,5’’en charge de tout ce qui est situé en dessous de 1,5 KHz, un sacré boulot pour des HP aussi petits.

SLU : Revenons à notre client. Il est ravi du STM, mais il veut plus le jour où il va le remplacer. A quoi rêve-t-il.

François Deffarges : Il lui faudra un son aussi bon que le système actuel, voire meilleur, et cela est vrai pour tout fabricant. Il faudra aussi lui offrir une facilité de mise en œuvre et d’exploitation malgré des performances en hausse. Il faut lui faire gagner du temps car dans l’équation du coût, s’il faut deux personnes et une demi-heure d’un côté contre 4 et trois heures de l’autre pour le mettre en oeuvre, ce n’est plus du tout le même discours. Enfin les problématiques de contrôle de la directivité, constance de couverture, taille, poids et prix ne sont pas à oublier.

SLU : La couverture du STM me semble déjà excellente, quoi faire de plus…

François Deffarges : Il le faut, sinon comment permettre à l’ingé système de caler sa diffusion si à chaque fois qu’il s’éloigne de l’axe, la réponse en fréquence varie. Elle peut décroître, elle le fait d’ailleurs, mais en restant homogène. On fait beaucoup, beaucoup de polaires pour ça ici chez Nexo (rires)

Une partie des HP qui, tels des ingrédients, rentrent dans la recette du STM

Une partie des HP qui, tels des ingrédients, rentrent dans la recette du STM

Joseph Carcopino : Les outils de simulation ont énormément changé depuis la génération précédente. Aujourd’hui on peut simuler une enceinte avec deux haut-parleurs en les plaçant comme on veut.
On lance la simulation sur ordinateur et ce dernier va calculer toutes les couvertures pour toutes les fonctions en éléments finis sur une semaine ce qui nous permet de choisir à coup sûr un angle précis. On gagne un temps fou par rapport à quatre générations de prototypes où on essayait avec deux planches et une charnière de faire varier le montage.

SLU : Et les guides d’ondes ?

Joseph Carcopino : C’est pareil. Si le STM est aussi efficace c’est aussi parce que dans un laps de temps assez raisonnable on a pu simuler toute une variété de modèles là où à l’époque on ne pouvait pas.

SLU : Tu as pu facilement quand ton imprimante 3D est arrivée.

François Deffarges : Cela fait 15 ans qu’on a une imprimante 3D sauf qu’à l’époque elle ne s’appelait pas comme ça mais « Machine à prototypage rapide ». Aujourd’hui, et c’est une tendance dans l’industrie surtout de pointe, la part de prototypage et de mesure se réduit au bénéfice de la simulation d’autant que cette dernière devient de plus en plus pertinente, voire moins entachée d’erreurs que la mesure.

Conclusion 2è partie

Il souffle un vent nouveau à Plailly et cette longue interview démontre à quel point Nexo est en train de changer en intégrant désormais l’écoute des réels besoins du marché avec l’ADN de cette société, la créativité et l’anticonformisme. Le résultat s‘appelle STM, mais aussi iD24 ou DTD Amp et DTD Controller.
Tous ces produits sont originaux, fonctionnels, sonnent et surtout apportent une plus-value par leur caractère novateur et répondent à un désir fort de la clientèle, sans que cela ne se ressente sur l’addition finale ou plutôt si, à la baisse. Nexo rentre dans le rang ? Non, clairement pas, et les portes qui sont restées fermées, les phrases qui se sont interrompues et les photos que l’on n’a pas pu prendre trahissent l’activité incessante du R&D pour préparer les systèmes du futur, forcément différents.

Le bureau d’études de Nexo, là d’où tout sort, y compris Eric Ecosse en train de fumer sa clope et à jamais immortalisé sur le perron du labo !

Le bureau d’études de Nexo, là d’où tout sort, y compris Eric Ecosse en train de fumer sa clope et à jamais immortalisé sur le perron du labo !

En guise de troisième et dernière partie de cette longue après-midi chez Nexo, on vous prépare une balade entièrement faite de photos et d’explications sous chacune d’entre elles. Une balade en images dans les ateliers, les chambres sourdes, les stocks de vieux HP, les protos, le champ d’écoute, comme si vous y étiez. Comme aurait dit un hebdo bien connu, « le poids des mots, le son des photos »

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A l’AES 2016 de Los Angeles

L-Acoustics dévoile l’AVB sur ses contrôleurs X

Le LA4X désormais capable de recevoir le format AVB/TSN et LA Network Manager qui via sa version 2.5 gère le flux audio et y ajoute les données nécessaires au pilotage et au monitoring à distance.

Le LA4X désormais capable de recevoir le format AVB/TSN et LA Network Manager qui via sa version 2.5 gère le flux audio et y ajoute les données nécessaires au pilotage et au monitoring à distance.

L-Acoustics qui est présent entre le 29 septembre et le 2 octobre au Convention Center de Los Angeles pour l’édition 2016 de la Convention de l’AES, va non seulement offrir des démos de ses dernières enceintes Kiva II, KS28 et l’ensemble de la série X, mais en profitera pour le faire en transportant son signal au format AVB/TSN * que la firme de Marcoussis a implémenté sur ses deux derniers contrôleurs amplifiés LA4X et LA12X.

Le LA12X, le tout dernier contrôleur amplifié de forte puissance de L-Acoustics très prochainement certifié AVB/TSN

Le LA12X, le tout dernier contrôleur amplifié de forte puissance de L-Acoustics très prochainement certifié AVB/TSN

Les démos se dérouleront dans la salle 506 du West Hall les jeudi 29 et vendredi 30 septembre à 11h, 13h, 15h et 17h et le samedi 1er octobre à 11h, 13h, et 15h.
Les signaux audio employés lors de cette démo seront stockés et envoyés par un Mac mini équipé de Q-Lab. 20 canaux à 24 bits et 96 kHz vont prendre la direction d’un réseau Ethernet Gigabit AVB/TSN sous la forme de trois flux de 8 canaux. LA Network Manager qui dispose dans sa prochaine version 2.5 d’une librairie AVDECC 1722.1 AVB/TSN va router ces derniers à destination de 5 contrôleurs amplifiés LA4X et LA12X mis à jour pour accepter ce format de transport. Chaque piste audio alimentera un canal de contrôleur.

Le 1248 de MOTU, une interface Thunderbolt disposant de tout type d’entrée et sortie dont l’AVB/TSN mais aussi 4 entrées micro et un mélangeur intégré 48 canaux.

Le 1248 de MOTU, une interface Thunderbolt disposant de tout type d’entrée et sortie dont l’AVB/TSN mais aussi 4 entrées micro et un mélangeur intégré 48 canaux.

Enfin un 1248 MOTU lui aussi au standard AVB, va insérer dans le réseau le flux issu du micro de l’animateur de cette présentation afin qu’il rejoigne un LA4X. L’ensemble des flux va transiter par un switch AVB/TSN MOTU.
Le protocole ouvert AVB facilite le transport du signal en ajoutant à l’audio les données nécessaires au pilotage et au monitoring à distance.

« Nos équipes de R&D ont travaillé sur l’AVB/TSN depuis que nous avons rejoint l’Alliance AVNu l’année passée » nous explique Stéphane Ecalle, le directeur du markéting de L-Acoustics. « Dans l’attente d’une prochaine certification, nous avons le plaisir de montrer à nos visiteurs de l’AES nos premiers produits AVB/TNS. Nous sommes certains que le choix que nous avons fait pour ce protocole de transport va se traduire en économies de temps et d’argent grâce à la simplification dans le déploiement du réseau pour nos clients. »

A l’AES vous aurez l’opportunité d’écouter :

La famille X au grand complet. Aussi légère que puissante.

La famille X au grand complet. Aussi légère que puissante.


La nouvelle version de la ligne source ultra compacte, la Kiva II

La nouvelle version de la ligne source ultra compacte, la Kiva II

  • 5XT, enceinte ultra-compacte
  • X8, moniteur de proximité
  • X12, enceinte de renfort et retour
  • X15 HiQ, retour de scène
  • Kiva II, ligne source ultra-compacte
Le dernier sub fraîchement sorti des ateliers de Marcoussis, le KS28. Attention, ça arrache.

Le dernier sub fraîchement sorti des ateliers de Marcoussis, le KS28. Attention, ça arrache.

  • KS28, subwoofer à haut rendement
  • SB15m, subwoofer compact
  • LA4X, LA12X, contrôleurs amplifiés AVB

* AVB/TSN : Audio Video Bridging / Time Sensitive Networking. Technologie de réseau déterministe (voir articles Soundlightup sur les réseaux), à latence faible et prédictible et synchronisation en « temps réel », développé et standardisé par l’IEEE et promu par l’Alliance Avnu.

 

Nexo sort du bois, vive le composite !

La France peut s’enorgueillir d’avoir des fabricants d’enceintes et de systèmes audio-professionnels innovants, mondialement réputés et très rentables. Nexo en fait partie et il nous a semblé important d’aller à sa rencontre pour effectuer un large tour d’horizon de la société, des produits, des applications mais aussi des projets et des hommes qui forment le capital et la philosophie de l’entreprise.
Résultat, assez de matière pour vous offrir 3 épisodes complets dont voici le premier : « Il faut de la matière grise pour faire des enceintes en couleurs »

Trois hectares de terrain à Plailly abritent le siège social, l’unité de production et les bureaux et les ateliers de R&D de Nexo depuis 10 ans.

Trois hectares de terrain à Plailly abritent le siège social, l’unité de production et les bureaux et les ateliers de R&D de Nexo depuis 10 ans.

Dire qu’on a été bien reçu serait encore loin de la vérité. Quand on a proposé à Nexo de nous ouvrir ses portes, on ne s’attendait pas à un tel accueil et ce ne sont pas moins que Joseph Carcopino, le Directeur de la R&D et François Deffarges le Responsable de la stratégie de développement et un peu la mémoire de la maison qui nous ont consacré un après-midi entier contre un gros sac de cerises et d’abricots pour nourrir leurs méninges et un non moins gros sac de questions pour aider à les vider.

A gauche Joseph Carcopino, la relève, la force tranquille, à droite François Deffarges, l’âme bouillonnante d’idées de Nexo. A eux deux une puissance de calcul peu commune et pourtant si abordable.

A gauche Joseph Carcopino, la relève, la force tranquille, à droite François Deffarges, l’âme bouillonnante d’idées de Nexo. A eux deux une puissance de calcul peu commune et pourtant si abordable.

Commençons par laisser dire quelques mots à chacun des deux et, place aux jeunes. Joseph Carcopino fête ces jours-ci ses 40 ans. Arrivé chez Nexo en sortant du bahut en 2001, une école d’ingénieur en électronique, il s’attaque d’abord aux processeurs de la marque, les NX241, NX242 et de fil en Speakon aux NXAmp à partir de 2005 avec l’arrivée de Yamaha.
En 2010 il prend la responsabilité du pôle Electronique et nouvelles technologies car, comme il le raconte avec humour, étant plus de deux, cela devient forcément un pôle. En 2015 c’est le grand saut vers la Direction du bureau d’études et donc l’électro-acoustique en plus de l’électronique et l’informatique avec une dizaine de collaborateurs.

SLU : Que comporte exactement ce bureau d’étude en termes de compétences ?

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Joseph Carcopino : Un acousticien, deux mécaniciens, une personne en charge de la documentation et de la certification, deux programmateurs de soft, deux hardeux et moi.

SLU : Qui s’occupe des fluides, des évents ?

Joseph Carcopino : L’acousticien avec les mécaniciens, chacun tire de son côté pour le bien du produit. Les limites d’influence sont volontairement floues.

SLU : Comment en es-tu venu à l’acoustique ?

Joseph Carcopino : Cela fait 15 ans que je baigne dedans, et même si à la base je n’ai pas de formation en acoustique, je me suis formé sur le tas avec mes collègues. Je pense qu’un directeur qui n’est pas un spécialiste de la technique, peut avoir un regard plus ouvert sur d’autres aspects et ne pas se focaliser sur le dernier quart de dB que l’acousticien voudra forcément avoir en doublant pour cela le prix du produit (sourires).

Laissons maintenant François Deffarges se présenter. Avec tout son humour.

François Deffarges : Une petite décennie de plus que Joseph (rires) mais moins de bouteille chez Nexo que lui puisque je suis entré dans la boîte en 2003. Avant j’étais ingé son sorti de Louis Lumière avec un cursus en acoustique au CNAM.

Les dalles du plafond du labo, rien de tel pour y enficher de vieilles cartes électroniques

Les dalles du plafond du labo, rien de tel pour y enficher de vieilles cartes électroniques

SLU : Tu as toujours utilisé les systèmes Nexo, on a l’impression que tu fais corps avec cette société.

François Deffarges : On peut dire que j’ai été utilisateur quasiment dès l’origine de la boîte en 83 (Nexo est officiellement né en 79 NDR) et je me suis beaucoup rapproché de Nexo lors du projet du Stade de France qu’on a gagné ensemble en 1996..

SLU : Et regagné en 2010

François Deffarges : Exact. A l’époque j’étais consultant et fraichement diplômé du CNAM, et comme on s’entendait bien, j’ai rejoint le bureau d’études en 2003 et pris sa direction en 2005 ou 2006. Je l’ai dirigé pendant dix ans avant de passer la main à Joseph l’an dernier pour m’occuper d’un département de support d’ingénierie nouvellement créé et où on offre du support aux clients, le mot client devant être pris dans un sens très large. On est le plus possible dehors et on en profite pour remonter aux différents départements de la boîte et surtout le R&D les commentaires et autres désirs du terrain.

SLU : Back to tes premières amours et peut être une bouffée d’air après beaucoup de labo.

François Deffarges : Non, pas exactement. Il m’a surtout semblé qu’il était important de mieux remplir la fonction de support où nous étions un peu défaillants, disons pas assez structurés. J’en ai toujours fait un peu et David Hochstenbach aussi, mais quand j’ai poussé assez fort afin que soit monté ce département, il est paru évident que je n’aurais pas pu m’occuper de ça en plus de la R&D. Le bon moment s’est donc présenté pour passer le témoin à Joseph.

SLU : D’autant que tu dois beaucoup bouger..

François Deffarges : Beaucoup, de sorte à être avant et après les ventes, en formation et en support d’exploitation. On remonte aussi pas mal d’infos quant aux besoins, aux tendances, aux améliorations à porter aux produits. On alimente pas mal aussi notre service de marketing en plus de la R&D.

SLU : Vous apportez une dimension de service.

François Deffarges : C’est indispensable et depuis 10 ans Nexo évolue vers cela. Nous restons avant tout un fabricant, mais vendre du matériel qui devient de plus en plus pointu d’un point de vue technologique, nécessite un accompagnement au plus près des prescripteurs, des utilisateurs et des distributeurs, c’est pour cela que je parlais avant de clients au sens large.

SLU : Combien êtes-vous dans le département ?

François Deffarges : 9 quand nous l’avons créé et 10 aujourd’hui. J’ai un collaborateur basé à Melbourne, un à Hong Kong, un troisième au Panama… Nous sommes 4 en France et 6 en dehors.

Le support d’ingénierie gagne ses lettres de noblesse.

Nexo 1ere partie

SLU : On te sent très en forme François, après cette très rapide présentation démarrons notre balade au sein de Nexo avec ton département de support d’ingénierie d’autant qu’on sent qu’il te tient à cœur. Quels pôles brassez-vous ?

François Deffarges : Trois. Tout d’abord la formation ou Education Training Certification avec différents niveaux, de l’initiation à la certification de haut niveau pour les ingés système confirmés.
Rien que la première année, nous avons dispensé dans le monde entier 27 formations et ce pôle est dirigé par Nicolas Poitrenaud qui est notre responsable de la pédagogie.
Le deuxième pôle s’occupe de support Touring et particulièrement le STM. Il est dirigé par Val Gilbert, un anglais, enfin, franco-anglais basé à Londres.
Le troisième et dernier pôle touche à l’installation fixe et est dirigé par David Hochstenbach.

Nicolas Poitrenaud

Nicolas Poitrenaud

Val Gilbert

Val Gilbert

On accompagne les projets où qu’ils soient, en phase de conception, d’installation ou d’exploitation, du théâtre à l’église, de la boîte de nuit au stade. On est très attentifs à toutes les installations qui sont aussi exploitées pour l’évacuation. On est en conformité EN 60849 et EN 54 sur les enceintes et nombre de nos systèmes sont utilisés en Europe comme en dehors pour gérer l’évacuation.

Je suis très attentif à ce que dans notre département dédié au support, les activités soient transversales et que si quelqu’un a besoin de se renforcer dans un domaine spécifique, il puisse être mis à niveau, ce qui permet à n’importe lequel de nos membres de gérer une installation fixe, une réception de système ou un séminaire de formation partout dans le monde. On partage nos données, nos connaissances et on se forme tout le temps.

SLU : Vu de l’extérieur, la mise en place de ce département paraît une nécessité et une très bonne réponse à une image de marque innovante pour Nexo mais qui demande une vraie technicité dans la mise en œuvre de ses systèmes.

François Deffarges : Ce n’est pas exactement la vision que nous avons de l’intérieur mais pour mieux te répondre, repartons un peu en arrière. Depuis 1979 Nexo a grandi grâce à son réseau de distribution qui aujourd’hui représente 80 à 90 distributeurs dans le monde. Il est donc vrai que la société s’est historiquement posée sur son rôle de fabricant et s’est appuyée sur son réseau de distribution pour assurer le support client, et c’est encore vrai aujourd’hui. La plus grosse partie de la formation est assurée localement. Il nous a semblé important d’encore mieux structurer le travail de nos distributeurs avec notre département de support.

Nexo STM festival rock de 80000 personnes

Un festival rock de 80 000 personnes en STM, le type de prestation qui demande une parfaite connaissance du système, voire une assistance technique du fabricant.

SLU : Tu parles d’histoire. Pour nous Nexo est apparu en 82 pour le Grand Orchestre du Splendid.François Deffarges : (sourire) Oui, oui…

Joseph Carcopino : C’est vrai qu’il n’y avait pas grand-chose avant.

François Deffarges : C’est effectivement le premier système qui a été construit rue des Cascades par Eric Vincenot, le créateur avec Michael Johnson de Nexo en 79. Il s’agissait d’un cluster mono accroché au Gymnase. Dans un théâtre à l’italienne ça marchait d’enfer !

Une image des éléments composant le système Alpha

Une image des éléments composant le système Alpha

SLU : Que s’est-il passé après, quels ont été les systèmes de référence de la marque ?

François Deffarges : Les premiers produits qui ont fait faire un vrai bond en avant à Nexo et ont été fabriqués en de grosses quantités vers le début des années 90, ce sont les PS10 et PS15.
On peut même parler d’un succès international puisqu’on exporte 85% de notre production et que ces enceintes se vendent très bien. L’étape de l’α (Alpha) a été très importante.

Une photo d’un déploiement tel que réalisé par Hibino PA en 1999, un prestataire toujours fidèle à Nexo près de 20 ans plus tard.

Une photo d’un déploiement tel que réalisé par Hibino PA en 1999, un prestataire toujours fidèle à Nexo près de 20 ans plus tard.

Il est sorti en 97 en étant le dernier des systèmes modulaires issus du Flashlight de Turbosound et il a fait un carton en ouvrant les portes du Touring à Nexo qui n’y avait pas sa place avant.
Des groupes comme Metallica, Oasis et plein d’autres, de nombreux festivals comme l’Hellfest, Solidays ou Bourges ont employé l’Alpha et encore aujourd’hui il est dans l’inventaire de certains prestataires qui ne veulent pas s’en séparer. C’est grâce à l’Alpha qu’on a pénétré le marché américain.

SLU : Et puis arrive le line-array car comme tous les autres, vous y êtes venus.

François Deffarges : Faisons ici aussi un bref résumé. A la fin des années 90 il y avait évidemment le V-Dosc qui était largement accepté et demandé, précurseur sur les systèmes line array haut de gamme, un fait incontestable. JBL est arrivé avec le Vertec, Meyer avec le M3D, Adamson avec le Y18 et début 2000 l’offre de systèmes haut de gamme a inondé le marché.
Toutes les marques ont commencé par les gros systèmes. Nous n’avons pas voulu suivre la mouvance avant de disposer d’un guide d’onde capable de générer une onde isophase et quand on l’a mis au point avec dépôt d’un brevet en 2001, on a décidé de prendre tout le monde à contre-pied et de sortir le Geo S8, le format de la plus petite enceinte du catalogue Nexo de l’époque, la PS8, mais converti en ligne source. Je pense que par ce modèle nous avons démocratisé le line array en lui ouvrant les portes des événements plus petits ou bien demandant un moindre SPL, un gros marché qui était totalement oublié.

La Geo S805, la version longue portée car il existe aussi la 830 ouvrant plus largement.

La Geo S805, la version longue portée car il existe aussi la 830 ouvrant plus largement.

Quand nous sommes arrivés avec ce modèle nous avons été les premiers et les gens du marketing appellent cela un océan bleu. Il y avait déjà quelques modèles plus compacts, mais le Geo S8 avec son poids de 10 kg et ses cotes de 40x25x22 (cm) était la seule un peu comme Yamaha avec les consoles numériques, et cela a duré suffisamment pour qu’on en écoule des dizaines de milliers.

SLU : Après vous êtes montés en gamme…

François Deffarges : Oui, avec le GeoT et encore une fois en travaillant différemment en choisissant quatre 8’’ et implantant le cardio là où nos confrères préféraient deux 15’’.

SLU : Toujours ce besoin de faire autrement…

L’art du travailler autrement illustré par le Geo T, ici le module à longue portée est cardioïde par l’adoption de deux HP de 8’’ en face arrière.

L’art du travailler autrement illustré par le Geo T, ici le module à longue portée est cardioïde par l’adoption de deux HP de 8’’ en face arrière.

François Deffarges : C’est vrai qu’on aime bien chez Nexo prendre les chemins de traverse (rires). On réfléchit toujours à positionner nos produits d’une manière un petit peu alternative à ce que présente la concurrence.
Quand en 2010 sont arrivés les gros systèmes de nouvelle génération en double 15’’, une fois encore nous avons choisi de ne pas prendre ce chemin avec notre STM et pourtant nous avons travaillé nous aussi sur ce format (que nous avons pu voir dans le dépôt de Nexo où il est conservé comme nombre de prototypes qui n’ont pas abouti NDR) mais nous avons pensé que la valeur ajoutée par Nexo sur un double 15 aurait été trop faible. Notre but est de donner de la valeur au-delà de ce que font nos concurrents.

SLU : Vous êtes donc tout sauf des suiveurs…

François Deffarges : Très rarement, ce n’est pas dans nos gênes. On a aussi été les premiers à construire un ampli quatre canaux de forte puissance avec son processing.

Joseph Carcopino : Je pense malgré tout que le marché du touring est désormais mature et tout en gardant notre image de société innovante, on ne peut plus, à l’instar de l’industrie automobile, sortir des produits trop originaux ou que les décisionnaires et surtout les techniciens qui les exploitent n’auront plus le temps ou l’envie de comprendre. Nexo doit chérir son image de société qui ne fait pas forcément comme les autres pour le bien du résultat final…

François Deffarges : Et avec l’amour de la science !

Joseph Carcopino : Mais en même temps doit entendre et écouter ce que nos clients disent. Notre première réponse est d’aller vers plus de support et de pédagogie.

Une immense tournée d’un artiste qui l’est tout autant aux USA, Kenny Chesney. Une des plus belles vitrines Touring pour Nexo.

Une immense tournée d’un artiste qui l’est tout autant aux USA, Kenny Chesney. Une des plus belles vitrines Touring pour Nexo.

L’ADN de Nexo : the best value for money

SLU : Chaque société a son ADN. Pouvez-vous définir le vôtre et surtout nous dire si les gênes de Nexo sont en train de muter (sourires)?

Joseph Carcopino : Je ne pense pas qu’on puisse parler de mutation. Le bureau d’études est formé de gens en place depuis longtemps avec, tout de même des arrivées, mais peu de turnover. Pour moi l’ADN d’une société c’est son personnel donc non, il y a une évolution nécessaire mais pas une mutation.

Le S12 en mode touring avec 5 boîtes S1210 et une S1230 en bas de ligne.

Le S12 en mode touring avec 5 boîtes S1210 et une S1230 en bas de ligne.

François Deffarges : Nexo est historiquement et du fait même de sa création par Eric Vincenot, une société basée sur le profil d’ingénieurs qui aiment l’acoustique et l’électro-acoustique, des gens qui aiment la science, progresser, résoudre un problème et déposer des brevets. Avec beaucoup de modestie, on aime l’innovation et l’expérimentation et quand on convertit en produit cet amour pour la technique et l’électro-acoustique, on obtient des produits de qualité égale ou supérieure, mais pour des budgets moindres. Si on traduisait cette vision de l’ADN de Nexo en anglais, on aurait : the best value for money.
On parlait avant de modèles qui ont jalonné notre histoire. Le S12 est l’exemple typique de produit qui a très bien été vendu, et a surtout comblé ses utilisateurs par le rapport entre le niveau de performance et l’investissement consenti. Quand on parvient à créer ce genre de produit, on est comblé. Notre passion est forte mais économiquement raisonnée. Comme l’a dit Joseph, on ne construira pas une enceinte deux fois plus chère pour gagner un demi-dB.

SLU : Comment un nouveau produit, ampli, enceinte, processeur, arrive à surface et à maturité pour qu’on dise « Il faut qu’on le fasse ».

François Deffarges : Cela fait partie des missions dévolues, en tous cas sur les remontées terrain, au support d’ingénierie dont je m’occupe et je suis très exigeant sur la qualité de cette collecte d’informations et la manière dont ces dernières sont structurées. On surveille le marché au Japon, en Europe ou aux USA et par la suite on passe l’info et le relai à Joseph et son équipe qui seront force de proposition. On croise et structure des demandes qui nous paraissent pertinentes pour les cinq prochaines années et si cela nous paraît porteur, on appuie sur le bouton vert et on ne fait plus demi-tour.

Joseph Carcopino : Cela peut aussi venir du bureau d’études où des idées ou des nouveaux composants peuvent être à l’origine de produits très innovants. Il faut aussi savoir que lorsqu’on doit s’équiper de machines à 300 K€, cela se fait toujours avec un produit en tête.

François Deffarges : Si c’est pour sortir 10 enceintes par an, cela ne sera pas très raisonnable (rires)

Quatre Geo T faisant partie d’un lot « tombé du camion » mais au sens propre du terme, en Autriche. Après expertise, ils ont été retirés du marché car ne présentant plus la garantie d’intégrité mécanique. Ils coulent une douce retraite dans le hall d’entrée du R&D de Nexo.

Quatre Geo T faisant partie d’un lot « tombé du camion » mais au sens propre du terme, en Autriche. Après expertise, ils ont été retirés du marché car ne présentant plus la garantie d’intégrité mécanique. Ils coulent une douce retraite dans le hall d’entrée du R&D de Nexo.

SLU : Nexo fabrique donc des produits de qualité, malins, techniquement innovants et pourtant pendant des années, vous n’avez pas figuré en haut des fiches techniques, surtout en France jusqu’à l’avènement du STM. Pourquoi ?

François Deffarges : D’abord on a déployé beaucoup de ressources pour développer et pousser le STM, on va en reparler, mais c’est aussi vrai qu’on a aussi travaillé pour passer de la simple position de fabricant à celle actuelle où l’on met du service et on accompagne, on pousse les produits sur le terrain.
C’est quelque chose que nous avons insuffisamment fait avec le GeoT, le prédécesseur du STM, où l’on s’est un peu trop reposé sur notre réseau de distributeurs pour en faire la promotion.
Sur des systèmes haut de gamme,tu ne peux pas ne pas aller sur le terrain, rencontrer les ingés son, remonter les infos et améliorer ce qui peut l’être par le biais des setups ou via des fonctions supplémentaires.

Joseph Carcopino : Il existe selon moi une distorsion assez forte entre l’image du GeoT en France et celle à l’étranger où, sur certains continents, il fait l’unanimité encore aujourd’hui.
Nous ne l’avons sans doute pas assez expliqué, montré et on a le sentiment d’avoir sauté en France une génération pour arriver au STM où nous connaissons un gros succès.

François Deffarges : Pour mieux répondre à ta question, je pense aussi qu’avec le STM on a pris un chemin peut-être moins de traverse qu’avec le GeoT.

SLU : Est-ce que vous ne pensez pas qu’avec 85% de la production qui part à l’export, Nexo a du retard d’image en France ?

François Deffarges : Oui sans doute, surtout quand on compare avec celle qu’on a aux Etats Unis où on est positionné très haut de gamme. C’est vrai aussi qu’en France nous sommes essentiellement deux et dont un est leader mondial sur le marché de la tournée et des grands événements. Il faut se battre.

La sainte parole porterait-elle mieux et plus loin en Nexo ? Au Mexique on en est convaincu !

La sainte parole porterait-elle mieux et plus loin en Nexo ? Au Mexique on en est convaincu !

Comment va le « bizness » ?

SLU : Parlons un peu chiffres. Comment se répartit le marché de Nexo et comment vont les affaires ?

Jean Mullor, le nouveau PDG de Nexo arrivé au tout début 2015 et pose devant un mur où quelques signatures et commentaires sonnent très bien, notamment celle de Jacob Devarrieux l’empereur du zouk ou celle d’Akira Jimbo, un batteur pour le moins expressif !

Jean Mullor, le nouveau PDG de Nexo arrivé au tout début 2015 et pose devant un mur où quelques signatures et commentaires sonnent très bien, notamment celle de Jacob Devarrieux l’empereur du zouk ou celle d’Akira Jimbo, un batteur pour le moins expressif !

François Deffarges : D’abord il fait savoir qu’il est difficile de connaître précisément les chiffres par application car par exemple le Touring fait partie du Rental et il y a un grand nombre de sociétés de taille moyenne qui ne font pas de Touring du tout.
Il faut aussi savoir que nombre de produits atteignent leur maturité de vente et leur notoriété, par exemple sur le marché de l’installation, une fois qu’ils ont été adoubés par le Rental ou le Touring qui restent les leaders d’opinion. Le pourcentage d’un produit va beaucoup varier en fonction du moment où tu le prends dans sa durée de vie.

Denis Baudier, le Directeur commercial de Nexo

Denis Baudier, le Directeur commercial de Nexo

Globalement on doit être à 60% du chiffre d’affaires de Nexo pour le Rental et 40% pour l’installation fixe avec une croissance à deux chiffres en 2015 qui est quand même véhiculée majoritairement par l’installation fixe et beaucoup grâce aux Etats Unis.

SLU : Dans ces 40% d’installation fixe, où en sont les clubs ? Il me semble qu’on vous y voit peu…

François Deffarges : Nous sommes très présents et appréciés en Asie du Sud-Est et historiquement nous y sommes bien implantés avec la Chine où nos produits sont bien employés dans les karaokés et les boîtes de nuit. En Europe on a quelques belles références dont une belle installation qu’on a réalisée au Palais de Tokyo à Paris en S12, PS10 et S118 avec une conception très fine du délayage de l’ensemble. Il faut de vrais experts pour concevoir les clubs car cela n’a rien à voir avec le design des salles moins spécialisées, spécialement la nature et le dimensionnement du grave.

Une image de notre star hexagonale David Guetta bien entourée par un « casque » composé d’un S118, B112 et M46, bref, un système STM complet. Souhaitons juste que ce jour-là, il n’ait pas eu la main en direct sur le volume de ses retours ;0)

Une image de notre star hexagonale David Guetta bien entourée par un « casque » composé d’un S118, B112 et M46, bref, un système STM complet. Souhaitons juste que ce jour-là, il n’ait pas eu la main en direct sur le volume de ses retours ;0)

Dans un club et donc dans des petits volumes on est en interaction, la répartition du grave et la façon dont il fonctionne est largement autant gouvernée par les murs de la pièce que par l’enceinte elle-même et donc c’est pratiquement impossible de modéliser et donc de prédire un résultat. Il faut essayer et heureusement on a des méthodes pour le faire durant le chantier, mais ça reste très complexe et les designers, surtout en Asie, sont bons.

SLU : Mais vous avez eu votre heure de gloire au début de Nexo..

François Deffarges : Oui en Italie il y a une trentaine d’années. Les grosses boîtes ouvraient en périphérie des grandes villes et Nexo était leader dans la fourniture de ces complexes qui ont depuis tous fermé au profit d’établissements mieux placés et plus petits, et de bars avec de la musique live.

SLU : Vous disposez d’une imprimante 3D pour valider vos calculs et vos modèles. Quels outils informatiques utilisez-vous ?

Joseph Carcopino : En éléments finis on utilise Comsol, et c’est ce même soft qui a permis d’entièrement développer l’iD24, c’est une première. Abec en éléments de frontière et le tout est couplé à Matlab.

Une fois ôté le cache, on découvre l’astuce qui rend l’iD24 trop maligne, son moteur et son guide d’ondes rotatifs. Dans ce mode l’iD24 est parfaite en lip fill.

Une fois ôté le cache, on découvre l’astuce qui rend l’iD24 trop maligne, son moteur et son guide d’ondes rotatifs. Dans ce mode l’iD24 est parfaite en lip fill.

SLU : Beaucoup de formation j’imagine pour tirer parti de ce genre de logiciels…

François Deffarges : Permanente, et deux ans d’apprentissage avant d’être opérationnel sous Comsol.

Joseph Carcopino : Des formations en ligne chaque semaine, des séminaires trois fois par an…

François Deffarges : Et coût de licences très cher (rires !)

SLU : Où en êtes-vous de votre offre line array, que reste-t-il au catalogue Nexo ?

François Deffarges : On a « discontinué » le Geo S8 qui avait 15 ans, on a lancé le M6 il y a deux ans, et on a encore au catalogue le S12. En résumé on a STM, M6 et S12.

SLU : Les anciens c’est sur demande, si on vous le demande…

Joseph Carcopino : S’ils sont arrêtés non… enfin… si deux ou trois aéroports nous le demandent, on peut faire un effort (rires).

François Deffarges : On vient d’inaugurer l’aéroport d’Hong Kong, un nouveau terminal entièrement en S8 et nous sommes en train d’équiper aussi le second terminal en S8 car, je les cite, ils n’ont jamais entendu un son aussi beau dans un aéroport ! On a, quoi qu’il en soit, l’obligation de disposer de pièces de rechange pendant une durée de 10 ans après la date de livraison du dernier produit donc on est en mesure de suivre.

SLU : Quels sont les projets à venir de Nexo, ceux dont on peut évidemment parler…

Joseph Carcopino : Je vais rester naturellement assez vague mais je peux dire que l’image de Nexo telle que tu l’as décrite au cours de cet entretien est quelque chose dont on a conscience et avec laquelle on va composer lors de la création de nos futurs produits. On va donc gagner en simplicité, en lisibilité, tout en gardant l’esprit maison, notre savoir-faire et notre son.

François Deffarges : On va plus et mieux accompagner nos clients surtout sur des gros systèmes. On doit être présent, réagir vite et être plus sur le terrain pour écouter les éventuels reproches et traduire ça pour les générations de produits à venir. C’est une grande ambition pour Nexo.

Il fallait un gros, gros niveau de grave. Voilà comment faire avec le STM en montage double B112.

Il fallait un gros, gros niveau de grave. Voilà comment faire avec le STM en montage double B112.

SLU : Comment vivez-vous votre légendaire concurrence avec vos amis de Marcoussis ?

François Deffarges : C’est un concurrent qui réussit et fait un chiffre exceptionnel. Ce sont des gens qu’on respecte, qu’on connait et, pour mieux structurer ma réponse, on ne peut que respecter ce que L-Acoustics a apporté de science et de technique, d’autant que chez Nexo nous sommes aussi créatifs à notre façon. Nous n’avons pas inventé le line-array, mais nous avons déposé nombre de brevets et on existe dans cette industrie, un peu chacun son tour. Quand j’ai parlé du Flashlight, cela a été un concept que tout le monde a suivi.
Chacun contribue à sa façon dans cette industrie. Etre un joueur dans notre secteur, c’est apporter quelque chose qui va interpeller et d’une certaine manière inspirer les autres. Même si nous n’avons pas connu la même croissance que L-Acoustics au cours des dix dernières années, Nexo tient son rôle et représente une marque forte, connue et appréciée dans le monde entier.

« Tu souffres Joseph ? » Une des innombrables explosions de rires en compagnie de Joseph Carcopino et François Deffarges au 1er étage du R&D.

« Tu souffres Joseph ? » Une des innombrables explosions de rires en compagnie de Joseph Carcopino et François Deffarges au 1er étage du R&D.

SLU : Et être le numéro 2 au quotidien ?

François Deffarges : Tu souffres Joseph (explosion de rires !)

Joseph Carcopino : Je préfère de loin être dans la position du challenger surtout au R&D car cela motive pour se dépasser, faire évoluer ses outils de production et ses concepts.

François Deffarges : La concurrence génère l’émulation. Par ailleurs on nous parle souvent de L-Acoustics et d&b mais nous sommes vraiment différents de par notre intégration dans le groupe Yamaha, de notre équipe humaine et de notre histoire.

SLU : En tout cas le STM vous place désormais sur un pied d’égalité pour prendre votre part de gâteau sur le marché du touring et des grands événements.

François Deffarges : On a un peu souffert dans le passé, mais nous disposons là d’un système qui plait. Je n’ai pas eu un mauvais retour d’un ingé son. Enfin la force de Nexo aujourd’hui, c’est sa taille et le fait d’être globalisé. Si un pays passe par une crise, il y en a un autre qui prend le relai. Notre croissance est très stable et je prends cela comme une grande chance de faire partie de cette société.

Top of the Mountain en 2014 en STM et CD18, ou comment laisser au repos les ventilos des NXAmp mais rendre difficile la tâche de Robbie Williams pour chauffer la salle !

Top of the Mountain en 2014 en STM et CD18, ou comment laisser au repos les ventilos des NXAmp mais rendre difficile la tâche de Robbie Williams pour chauffer la salle !

SLU : Une dernière question. Le nom Nexo vient d’où ?

François Deffarges : L’idée était que ce nom n’ait aucune connotation géographique et qui change d’Eric Vincenot Acoustics ou d’autres noms par trop classiques. En se baladant sur un atlas, le nom Nexø est apparu sur une petite île située juste en dessous de la Suède et a été immédiatement adopté.

Conclusion 1ere partie

Refermons provisoirement les portes de Plailly après cette belle introduction à l’esprit maison qui y règne et ce saupoudrage de passé dispensé avec un humour communicatif par François et Joseph.
Nexo dépense 6% de son CA en R&D et ça se voit, mais au-delà de cet aspect comptable, ce sont bien les collaborateurs de cette société qui font ce qu’elle est aujourd’hui et parviennent à sortir un best seller comme le STM dont on reparlera de fond en comble dans quelques jours, sans pour autant renoncer à innover et déposer des brevets. Une manie chez eux !

STM, STM, au fait, ça veut dire quoi ? On a quelques idées à SLU, mais si vous en avez d’autres encore plus éloignées de la réalité mais proches de ce qu’on ressent face à ces enceintes, on est preneur et on titrera notre deuxième partie avec. Ne tardez pas à nous poster sur notre page FaceBook vos idées ;0)

  • STM Super Truc Moderne
  • STM Son Très Musical
  • STM Simplement Très Méchant
  • STM Stupéfiant Truc de Malades
  • STM …..

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Au Tokyo Dome

Le KS28 offre un final majestueux à Kyosuke Himuro

Kyosuke Himuro, l’une des plus grandes stars de la pop japonaise a donné un show très particulier à 50 000 fans, son tout dernier sur scène. Grâce à l’association K1, K2 et surtout l’apport des nouveaux subs KS28 de L-Acoustics, le Tokyo Dome affichant complet a offert la plus belle sortie possible à un artiste à la carrière bien remplie.
Intitulée “La dernière tournée de Kyosuke Himuro” cette série de shows s’est terminée au Tokyo Dome, un stade ayant accueilli entre autres Michael Jackson, les Stones, Prince ou Céline Dion. Les prestataires nippons Hibino Sound et Tokyo Sanko ont joint leurs forces pour fournir les systèmes en K1 avec les tout derniers subs KS28.

Une vue de la scène et du système dans son ensemble. 72 K1, 24 K2, 24 KS28 et 32 SB28 plus 16 Kara pour faire vibrer 50 000 spectateurs.

Une vue de la scène et du système dans son ensemble. 72 K1, 24 K2, 24 KS28 et 32 SB28 plus 16 Kara pour faire vibrer 50 000 spectateurs.

“Hibino Sound se devait de reproduire parfaitement la moindre inflexion du chant de Kyosuke Himuro car le public n’aura plus la chance de le voir se produire sur scène” precise Takayuki Ozaki, le directeur opérationnel de Bestec Audio, le ditributeur japonais de L-Acoustics. Ce dernier a proposé à Akitsugu Kemmotsu de Measurement Works Co. Ltd en charge du design et du choix du sysème pour ce show, d’utiliser le KS28. “Nous voulions qu’il reste dans les annales.”
L’un des choix architécturaux du Tokyo Dome lui donnant toute son originlité, un toit gonflé par la pression regnant dans la salle, lui confère aussi des limites de charge qui compliquent toujours le déploiement d’une diffusion capable de couvrir ses 50 000 sièges. Le système pour ce show a été conçu par Mitsunari ‘Saiji’ Gengoromaru, un ingénieur système d’Hibino Sound avec la collaboration de Kevin Elson, l’ingé façade de Kyosuke Himuro.

De gauche à droite Akitsugu Kemmotsu de Measurement works.co.Ltd’s, Kevin Elson l’ingé son face de Kyosuke Himuro et Mitsunari ‘Saiji’ Gengoromaru d’Hibino Sound. Co. Ltd’s.

De gauche à droite Akitsugu Kemmotsu de Measurement works.co.Ltd’s, Kevin Elson l’ingé son face de Kyosuke Himuro et Mitsunari ‘Saiji’ Gengoromaru d’Hibino Sound. Co. Ltd’s.

“Saiji” qui a une carrière d’ingénieur système bien remplie avec notamment de nombreuses tournées de stades a toujours considéré difficile l’obtention d’une réponse en fréqunce homogène dans l’infra. Pour ce show il a proposé d’associer des antennes de KS28 en accroche à des stacks de SB28 posés à même le sol, un montage qui n’avait jamais été tenté avant dans cette salle.
Soundvision prévoyait une couverture optimale et régulière et une fois le système en l’air, cela s’est révélé exact. “C’est la première fois que j’obtiens une couverture et une pression aussi homogène sur toute l’étendue du spectre au Tokyo Dome” nous precise Akitsugu Kemmotsu de Measurement Works Co. Ltd et Kevin Elson d’ajouter “J’ai vraiment apprécié cet excellent système.”

Le système était composé en principal d’un gauche / droite de 20 K1 prolongé par 4 K2 en guise de downfills. Les antennes de subs comportaient par côté 12 KS28 et 16 SB28 en stack complétaient l’arsenal infra. Pour les côtés de la salle ce ne sont pas moins de deux lignes de 16 K1 et 8 K2, une par côté qui ont été accrochés. Enfin pour redescendre l’image et déboucher les premiers rangs, 18 Kara ont été soit stackées soit accrochées. L’ensemble a été amplifié et contrôlé par des LA12X et des LA8

Une vue de la ligne principale de jardin, 20 K1 et 4 K2 avec en second plan l’antenne de 12 KS28 et encore derrière le renfort latéral composé de 16 K1 et 8 K2.

Une vue de la ligne principale de jardin, 20 K1 et 4 K2 avec en second plan l’antenne de 12 KS28 et encore derrière le renfort latéral composé de 16 K1 et 8 K2.

Une des raisons qui a rendu possible l’accroche du KS28 est son poids. Ses 79 Kg lui ouvrent les portes des nombreux lieux où des restrictions de charges sont la norme. De plus, l’accroche des subs n’est pas répandue au Japon à cause des normes rendues nécessaires par la fréquence des tremblements de terre, mais le KS28 a prouvé la validité de cette formule en abaissant la charge totale que doit supporter la structure ce qui a des répercussions positives sur l’addition finale.

En outre poussé par le LA12X, chaque KS28 délivre 3dB de SPL en plus de son prédécesseur le SB28. En additionnant ces avantages, il n’av pas été necessaire de déployer des rappels, et même à 160 mètres où ont pris place les spectateurs les plus distants, le bas du spectre et l’infra étaient encore de bonne facture. “Le reproduction du grave du KS28 est magnifiée par la nouvelle alimentation à decoupage gavée par un DSP à commande numérique du LA12X qui est capable de donner sa pleine puissance sur des periodes plus longue et ce même sur un secteur ne délivrant que 100 Volt” dit Takayuki Ozaki, le directeur opérationnel de Bestec Audio.
“Le fait d’accrocher des KS28 et du K1 côte à côte a généré un grave puissant et constructif. Malgré un public de 50 000 personnes, le système a délivré un bas du spectre très précis dans chaque recoin de la salle, quelque chose d’inédit au Tokyo Dome créant un vrai –son rock- qui a cimenté les spectateurs et la vedette sur scène tout au long du show.”

Takayuki Ozaki conclut : “ Sans les avantages des systèmes L-Acoustics comme le poids réduit, la facilité d’accroche, la qualité du son et la precision de Soundvision, le show n’aurait sans doute pas été aussi réussi pour les nombreux spectateurs.”

 

La Rivage brille avec Radio France. 2ème partie

Photo Yamaha Music Europe.

Photo Yamaha Music Europe.

Retour à Montpellier pour le Festival de Radio France avec des techniciens chevronnés, passionnés par leur métier et par le son, et forcément amoureux de leurs outils. Leur dernier joujou en date s’appelle Rivage ou encore PM10, ce qui en dit plus sur sa filiation avec son ancêtre la PM1D.
Qu’est-ce qui a changé ? Tout en mieux sauf un détail d’importance. Le bandeau de ronce de noyer cher à Yamaha est bien sur la nouvelle venue. Matthieu Leroy, Chef opérateur du son à Radio France nous donne longuement son avis sur la PM10 et il sait de quoi il parle.

Yamaha Rivage Radio France à Montpellier

Radio France renouvelle ses consoles de sonorisation

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SLU : Votre PM10 est en prêt, vous êtes en chasse de l’oiseau rare ?

Matthieu Leroy : Radio France a lancé le processus de renouvellement de ses consoles de sonorisation. Nous avons travaillé pendant de longues années avec Innovason. C’est un produit qu’on adore mais qui vieillit et se fait rare sur le marché malgré le rachat par Lawo, une marque qu’on utilise beaucoup dans nos cars car ses tables sont assez magiques mais pas vraiment orientées sonorisation.
Donc oui, on cherche une gamme de consoles allant de la plus petite à la plus grosse en passant par la moyenne pour équiper des lieux en fixe et pouvoir sonoriser des extérieurs comme ici.

Matthieu Leroy Chef Op Son à Radio France

Matthieu Leroy Chef Op Son à Radio France

SLU : Qu’avez-vous déjà testé ?

Matthieu Leroy : En gros les SSL, la Midas ProX, la DiGiCo SD7 mais qui n’est pas de la première jeunesse, la nouvelle Allen & Heath DLive… On teste et on vote entre nous sans perdre de vue qu’après, se met en place comme il se doit un appel d’offre. J’ai bien aimé la ProX et la PM10, en sachant que cette dernière est extrêmement simple à utiliser surtout quand on pense à la puissance dont elle dispose.

SLU : J’imagine que vous prenez aussi en compte les qualités sonores des consoles.

Matthieu Leroy : Bien sûr, mais je ne peux pas me prononcer sur la PM10. Certes le système de l’Amphid’O est très bon et bien calé, mais le style musical assez haut de gamme avec des super micros et les niveaux quasi confidentiels auxquels on tourne, font que nous ne poussons absolument pas la console et j’ai du mal à me rendre compte de sa couleur.
Je vais demander à Yamaha de la tester une seconde fois mais lors d’un plan que j’appellerai « hostile » où le temps manque, et derrière le line check on envoie directement. Si elle passe cette épreuve un peu « festoche », ce sera parfait.

La PM10 face au plateau et à la diffusion, une bananette de 6 Kiva venant renforcer le rendu central pile dans le nez du mixeur.

La PM10 face au plateau et à la diffusion, une bananette de 6 Kiva venant renforcer le rendu central pile dans le nez du mixeur.

SLU : Où tu te rends compte que ça fait trois titres que t’es dans le rouge et que pourtant ça sonne impec.

Matthieu Leroy : C’est ça. La L500 SSL par exemple a un son incroyable, mais au niveau pratique n’est vraiment pas évidente. Certaines fonctions essentielles ne sont pas accessibles assez rapidement et pour nous c’est problématique. Mais je répète, elle sonne comme une SSL. A ce niveau-là c’est une réussite et on le connaît bien ce son à Radio France.

SLU : En dehors du rendu que tu pourras décortiquer bientôt, la PM10 te satisfait ?

Mais que serait un bijou de technologie comme la PM10 sans un bon micro d’ordre Grundig, GDM 313 celui perso de Matthieu, datant des années 70 et qu’on trouve parfois sur des sites marchands pile au prix de vente d'époque, 34 Deutsche Marks !

Mais que serait un bijou de technologie comme la PM10 sans un bon micro d’ordre Grundig, GDM 313 celui perso de Matthieu, datant des années 70 et qu’on trouve parfois sur des sites marchands pile au prix de vente d’époque, 34 Deutsche Marks !

Matthieu Leroy : Oui bien sûr, et même au niveau du son, mes collègues qui sont dans le car, enregistrent régulièrement du jazz et reçoivent les pré-amplis de la PM10, ne s’en sont pas plaints ce qui est un bon signe. Il lui manque quelques fonctions qui vont être implémentées au fur et à mesure dans le soft, mais pour le reste elle a un très gros potentiel.

SLU : C’est la politique de cette marque. Ce qui est livré marche.

Matthieu Leroy : Exactement. Ce que l’on aime tous, c’est la fiabilité. On a une centaine de DM1000 et quand il y en a une qui plante, c’est nous qui généralement avons fait une mauvaise manip.

SLU : J’imagine que vous faites absolument tout avec les DM1000…

Matthieu Leroy : TOUT ! A partir du jeu des 1000€ jusqu’à des configurations vraiment chargées avec 48 micros en ajoutant les éléments nécessaires pour y parvenir. Je me suis même envolé à Brazzaville avec deux DM1000 linkées pour tenir les retours d’un concert. C’est un peu rock’n’roll mais ce qui fait son charme et on ne pouvait partir que très légers… On aime beaucoup la CL3 qui marche très bien même si certaines fonctions de l’Innovason nous manquent encore mais soyons patient, ça va venir.

Photo Yamaha Music Europe.

Photo Yamaha Music Europe.

SLU : Vous utilisez l’option Dan Dugan (automix) ?

Matthieu Leroy : Beaucoup et nous avons la carte dans les DM1000. C’est extrêmement pratique. J’ai testé ça aussi sur de l’opéra. On avait à Radio France des méthodes internes pour arriver au même résultat que Dugan en 4 fois plus compliqué. Certains collègues ont été longs à convaincre mais beaucoup s’y sont mis. Personnellement je ne lui reproche que l’absence d’un Key Listen pour pouvoir sélectionner le micro à partir duquel je déclenche ou un bon vieux make-up pour mieux doser son action mais à part ça, on arrive à obtenir de bons résultats. J’ai même essayé de mettre en groupe les micros par directivité sur des groupes et de les « duganiser » sur un multipiste ! (rires)

SLU : Le renouvellement de votre parc est prévu pour quand ?

Matthieu Leroy : 2017 et probablement 2018. Nous avons déjà rentré pas mal de CL3 ou CL5 et les DM1000 vont sans doute prochainement être remplacées par des QL qui sont très proches des CL et permettent de simplifier la formation des équipes. Je ne m’engage pas au-delà de ce sentiment personnel car je ne suis pas décisionnaire et tout est possible, mais il y a des chances qu’on prenne cette direction. Avec la PM10 j’ai retrouvé le même type de logique, même si elle offre un grand nombre de possibilités en plus. Du coup, c’est vrai qu’on peut être tenté par une logique de gamme. Autre gros avantage de cette marque, la prise en compte des réseaux est poussée très loin via de nombreuses cartes qui facilitent les conversions. Je ne te cache pas que Yamaha est en train de gagner de très nombreux points chez nous, en plus ils sont présents avec un vrai support.

Tout ou presque sur la PM10, des écrans à la surface, des plugs, aux alims

Photo Yamaha Music Europe.

Photo Yamaha Music Europe.

SLU : Revenons à la PM10. 144 voies c’est déjà copieux et pour un seul opérateur plus que suffisant mais qu’en est-il des sorties ?

Le panneau de la PM10 correspondant peu ou prou à une tranche où l’on dispose en sus des basiques gain, eq, dynamiques et délai, de 12 rotatifs pour attaquer les départs de 1 à 12 et ainsi de suite jusqu’à 72

Panneau de la PM10 correspondant peu ou prou à une tranche où l’on dispose en sus des basiques gain, eq, dynamiques et délai, de 12 rotatifs pour attaquer les départs de 1 à 12 et ainsi de suite jusqu’à 72

Matthieu Leroy : On dispose de 144 channels par console, mais sur le réseau TWINLANe on peut en véhiculer 400, ce qui permet par exemple à trois tables de faire leurs courses sur les signaux disponibles et s’échanger des mix, d’autant qu’on en a 72 disponibles ainsi que 36 matrices. C’est avec ces matrices et les commandes Group Define que j’ai pu monter notre réseau d’ordres.Quand la carte Dantemarchera comme il se doit dans les stages et donc sortira les pré-amplis même avec le DSP et la surface éteints, on sera en mesure de faire de très chouettes configurations.

SLU : Est-ce que tu disposes d’une touche qui te montre le trajet d’un signal depuis la source jusqu’aux différentes sorties ?

Matthieu Leroy : Non, mais on peut tout visualiser au travers de la grille, on a l’habitude et cela va très vite, et on se sert en plus du Dante Controller pour voir tout ce que le réseau PM10 ne véhicule pas.

SLU : Qu’en est-il des effets internes ?

Matthieu Leroy : Ils sont des très bonne qualité. Yamaha a eu la licence tc Electronic et bientôt Eventide avec, ils l’ont promis, un plug de H3000, plus beaucoup d’effets Yamaha et de Neve Portico qui sont aussi de très belle qualité. Pendant des années je n’ai pas été fan des plugs dans les consoles car on a tendance à en mettre partout et parfois ils ne sont pas très proches des vrais effets, mais là j’ai chargé la NonLin tc Electronic et c’est juste parfait, les compresseurs Portico sont simples, agréables efficaces et sonnent bien. Pour les passionnés de plugs, en peut en mettre 8 par tranche, en plus de ce que la console offre en standard de corrections et de dynamiques. Il y a notamment un égaliseur dynamique qui me fait furieusement penser au DPR901 BSS qui est pour moi une machine magique.

L’égaliseur dynamique Yamaha, certifié « 901 like » par Matthieu avec la fameuse touche Below et la non moins fameuse touche Listen qui, ici, n’arrivera jamais dans les généraux mais bien au casque uniquement !

L’égaliseur dynamique Yamaha, certifié « 901 like » par Matthieu avec la fameuse touche Below et la non moins fameuse touche Listen qui, ici, n’arrivera jamais dans les généraux mais bien au casque uniquement !

Les effets alignés comme à la parade, des copies de compresseurs Portico 5033 ou d’Urei 1176, entre autres.

Les effets alignés comme à la parade, des copies de compresseurs Portico 5033 ou d’Urei 1176, entre autres.


J’ai eu l’occasion de mixer des pianos les jours passés. On a un beau piano et de beaux micros. Je me suis contenté d’un coupe-bas, d’un EQ dynamique dans les graves et un autre dans les aigus, où je compresse les aigus dans les graves et inversement. Je n’ai jamais réussi aussi bien un piano et surtout aussi simplement depuis bien longtemps et pourtant on en a de beaux périphériques externes à Radio France !

SLU : Que penses-tu de la commande Texture ?

Matthieu Leroy : C’est une simulation de pré-ampli Neve qui offre deux couleurs, la Blue et la Red. Sur la notice, la Blue donne des harmoniques dans les basses et Red dans les aigus.

Silk Texture en mode rouge, les aigus sont ravis

Silk Texture en mode rouge, les aigus sont ravis

Silk Texture en mode bleu, les basses vous disent merci, et c’est approuvé par Rupert himself !

Silk Texture en mode bleu, les basses vous disent merci, et c’est approuvé par Rupert himself !


SLU : Tu peux enclencher les deux ensemble ?

Matthieu Leroy : Non, c’est l’un ou l’autre. On peut en doser la quantité et cela permet réellement d’aider une source à sortir du mix. Au lieu de se servir d’early refs ou de délais courts, ce paramètre texture parvient plus finement au même résultat. Je m’en suis beaucoup servi, mais il ne faut pas oublier qu’étant situé dans les pré-amplis, elle modifie le son pour tous ceux qui sont sur le réseau.

SLU : Est-ce que l’accès à la PM10, son ergonomie, est assez dirigiste ou bien laisse-t-elle la possibilité de parvenir au même résultat en empruntant des chemins différents ?

Une vue de détail de la commande Input A/B

Une vue de détail de la commande Input A/B

Matthieu Leroy : Non il y a plein de façons de travailler et chacun trouve sa méthode. On peut faire beaucoup de Customs sur les banques de faders, ou pas, en ayant un accès direct aux sources. Chaque bac de la PM10 peut être indépendant de même que les écrans, ce qui lui permet d’être prise par quatre mains de manière optimale pour les opérateurs.
On peut aussi éteindre les écrans, quelque chose que j’ai fait hier car « voir le son me le fait mal entendre » et retrouver une console, disons à l’ancienne, est quelque chose de très agréable d’autant que Yamaha n’a pas lésiné sur la qualité des faders. Retrouver des sensations analogiques ne serait-ce que par l’ergonomie et l’absence de l’image me ramène au son.

SLU : Tu me parlais de grille. Tu peux afficher quoi sur cette console ?

Matthieu Leroy : Avec le paramètre System Config, tu affiches tout ce qui est branché sur le réseau : Stages, consoles, DSP et tu peux définir qui est maître pré-ampli par pré-ampli. Si dans ta programmation ou dans ton montage, tu commets une erreur, on te dit où et on t’aide à le résoudre. Quand on est à la bourre c’est un énorme gain de temps.

SLU : Tu as deux écrans et trois bacs de faders…

Matthieu Leroy : Oui, mais on peut en brancher un troisième externe où l’on peut afficher le troisième bac, soit le rack d’effets, les Vumètres, les snapshots.. Chaque écran peut être configuré librement et suivre ou pas la sélection. C’est d’autant plus vrai que cette table dispose de deux Cue, A et B qui peuvent être assignés par fader ou bac et sortent au niveau casque des deux côtés, autant te dire que travailler à deux est encore plus simple. Autre chose de très pratique, la PM10 offre 144 canaux de traitement mais chacun d’entre eux dispose de deux entrées A et B. On peut donc avoir très facilement un micro de spare en B et retrouver l’ensemble des traitements en basculant dessus.

Une vue arrière de la PM10 avec ses deux prises secteur facilitant l’interposition d’un onduleur. Oui, il est très sérieux Georges.

Une vue arrière de la PM10 avec ses deux prises secteur facilitant l’interposition d’un onduleur. Oui, il est très sérieux Georges.

On ne gâche plus de voies pour y laisser dormir une source. On peut aussi mettre un retour multipiste sur B, par exemple dans le cadre d’une comédie musicale bien time-codée, et basculer à la volée entre le direct et l’enregistré en cas de problème. Quand on parle de customisation, Yamaha va très loin. Chacun des trois bacs de 12 faders peut prendre toutes les entrées, les mix, les matrices, les DCA et tous les customs de la console. Uniquement deux tranches sont dédiées, les 36 autres sont libres.

SLU : Est-ce que la PM10 dispose d’une compensation automatique de latence ?

Matthieu Leroy : Oui ! Elle dispose de bus de compensation et leur utilisation est très simple. Il faut juste éviter de les activer durant le show car ils engendrent une micro-coupure. Trois niveaux sont prévus : entrée, bus et sortie et c’est un bonheur car la corrélation est fondamentale en audio mais loin d’être gagnée avec le numérique à moins d’y passer beaucoup de temps. Nous aimons la mesure et mesurons tout, mais quand la console nous aide à oublier les vieux tableurs Excel d’antan, c’est mieux. Le Dante par exemple, on l’a verrouillé sur une ms de latence pour être tranquille mais on pourrait le descendre sur 0,250.

Matthieu Leroy et Sébastien Huel à droite, sur le PC qui commande le Dante, l’AVS et embarque un analyseur et le recorder. Un peu important pépère !

Matthieu Leroy et Sébastien Huel à droite, sur le PC qui commande le Dante, l’AVS et embarque un analyseur et le recorder. Un peu important pépère !

SLU : Vous êtes réputés pour la mesure à Radio France…

Matthieu Leroy : Surtout François Ragenard, notre référent technique.
C’est une sommité que les constructeurs écoutent et qui mesure et analyse vraiment de fond en comble chaque appareil.

SLU : J’ai vu un onduleur..

Matthieu Leroy : Il y en a un à la face et un en bas aux machines. La PM10 notamment dispose de deux alimentations sur tous ses éléments.
J’en passe une sur onduleur, la A, et l’autre pas ce qui permet d’être prévenu en cas de coupure.

Quelques mots de Pascal Charousset

Il ne croit pas si bien dire Matthieu. Clap de fin, il doit assister Sébastien Huel qui est à la face le soir de notre reportage et va se coltiner face et retours. Avide de rincer une bonne fois pour toutes les batteries du dictaphone, on se tourne vers Pascal Charousset histoire d’en savoir un peu plus sur Texen, un prestataire très bien implanté dans le sud de la France sur ses deux sites d’Aix-en-Provence et Montpellier.

SLU : Nous vous avons découvert à Aix avec du Nexo et ici vous installez du L-Acoustics. Vous aimez bien les marques françaises.

Pascal Charousset à gauche et Sébastien Huel durant les balances.

Pascal Charousset à gauche et Sébastien Huel durant les balances.

Pascal Charousset : Oui, d’autant qu’on travaille toujours beaucoup avec Amadeus. On fait en sorte d’être proche de nos clients et de leur fournir ce qu’ils souhaitent en représentant trois marques de qualité. Pour Amadeus on a aussi leurs gros line-arrays Diva XS, Diva M et Diva XL. On fait partie des derniers à avoir ces systèmes en grande quantité.
Depuis trois ans, Nexo et L-Acoustics sont rentrés en force dans nos parcs mais nous continuons à travailler en Amadeus dès lors que nous sommes décisionnaires dans le choix de nos ressources techniques, et on peut toujours compter sur l‘aide de Michel Deluc qui est le concepteur des systèmes.


SLU : Texen, ce sont deux sites et deux parcs différents ?

Pascal Charousset : Texen est bicéphale, nous avons deux agences et des navettes qui en cette saison vont de l’une à l’autre deux fois par semaine. On raisonne en parc commun pour les systèmes et pour les automatiques. Ici à Vendargues, tout près de Montpellier, nous disposons essentiellement de L-Acoustics et un peu moins de Nexo, à Aix c’est l’inverse. On investit raisonnablement (rires).

L’AVBx7 dont on devine les deux ports Dante primary et secondary connectés »

L’AVBx7 dont on devine les deux ports Dante primary et secondary connectés »

SLU : Tu parais aimer beaucoup les Audio Tool Box..

Pascal Charousset : Oui, cela a été une découverte. On en installe beaucoup car c’est un bel outil, très souple et qui rend de grands services.
On dispose d’un support monstrueux de la part d’AuviTran et, le hasard fait bien les choses, Antoine Zores qui fait partie de l’équipe de R&D de la marque et fait des formations, habite à deux pas d’ici !

Et Georges alors !

Nous avons eu la chance d’écouter comme il se doit au casque ce que ses oreilles entendent et c’est tout simplement stupéfiant. Son du casque mis à part, un modèle fermé dont le grave est par trop expressif, on retrouve exactement le rendu du système avec notamment la réponse polaire reproduite au pouillème près et la nette impression « d’y être » et pas d’être « face à ».

Non, ce n’est pas un Sonotone mais bien un capteur Neumann que Georges plus connu sous la référence KU 100 se coltine dans chaque conduit auditif.

Non, ce n’est pas un Sonotone mais bien un capteur Neumann que Georges plus connu sous la référence KU 100 se coltine dans chaque conduit auditif.

La tête de Sébastien Huel qui découvre son mix au casque après que George l’ait repiqué pour lui. J’ai dû faire exactement la même !

La tête de Sébastien Huel qui découvre son mix au casque après que George l’ait repiqué pour lui. J’ai dû faire exactement la même !

Ecoutez les deux films avec les liens ci-dessous, il s’agit de prises réalisées par Matthieu à l’aide de Georges et amusez-vous avec le détail, l’immersion et l’explosivité de la dynamique. Même le Cessna de Mac DeMarco paraît plus vrai que nature !

Conclusion

Rendons d’abord à César ce qui appartient à Pascal Charousset. Le système est bien dimensionné, bien calé et le rendu est clair et très défini, où que l’on se place. Tout en haut des gradins, la première Kara lutte contre les cigales (véridique, mais après leur dernier chant au coucher du soleil, elles passent en stand-by NDR) bien relayée sur les bords par l’Arcs Focus qui mérite à 100% son nom. On sent lorsqu’on rentre dans sa zone de couverture ! Le raccord dans les textures d’aigu n’est pas parfait avec un système en Kara qui est plus velours que ce que propose le moteur de l’Arcs, mais on chipote et Matthieu n’aime pas ça ;0)

Photo Yamaha Music Europe.

Photo Yamaha Music Europe.

Excellent grave présent, bien prolongé par les subs et consistant du haut au bas des gradins. Les colonnes coupées à 100 et les stacks coupés à 60 s’accordent bien. Bravo Fred. Il y a de quoi s’amuser et vraiment faire du son qualifiable de haute-fidélité, et les amis de Radio France se régalent avec une variété et une richesse de modèles de micros que seule la Maison Ronde possède et met à disposition de ses équipes fixes comme itinérantes.
On ne s’avancera pas à parler du son de la PM10. Un peu comme Matthieu, il faudrait pour cela écouter et comparer à partir de sources fiables et connues, mais le fait est que nous avons été très agréablement surpris par la dynamique, l’aigu et l’extrême silence du rendu, de même que par les effets où il devient de plus en plus possible de partir avec la seule console sans souffrir d’un manque quelconque, sauf à vouloir avoir absolument une Lexicon, une Bricasti ou tout autre joujou du même acabit. L’ergonomie paraît très aboutie et la profondeur de programmation et de customisation, pour parler en bon français, assez insondable. Les écrans gardent une lisibilité plus que correcte en plein soleil.

Un dernier petit mot pour Matthieu Leroy, il le mérite amplement tant cet homme est multitâche, compétent et disponible et cela déteint sur le reste de l’équipe que nous avons eu le plaisir de côtoyer lors de ce reportage. Il fait honneur à Radio France et bat en brèche l’image d’Epinal du technicien poussiéreux de la maison ronde. Parlez réseau avec lui, écoutez ses prises de son ou regardez-le configurer une PM10 de prêt en 5 minutes chrono pour assurer face et retours suite à une défaillance de la console retours et on en reparle.

Equipe Radio France (par ordre alphabétique)
David Abécassis, Maintenancier – Chef de car
Thomas Bauduin, Stagiaire
Pierre Bornard, Chef opérateur du son, – Mixeur
Laurent Cesard, Chef opérateur du son – Assistant mixeur
Adrien Gazza, Chef opérateur du son – Mixeur
Jean-François George, Maintenancier – Chef de car
Sébastien Huel, Chef opérateur du son – Sonorisateur
Alexandre James, Chef opérateur du son – Sonorisateur
Matthieu Leroy, Chef opérateur du son – Sonorisateur, Ingénieur système
Bruno Lompech, Directeur technique sonorisation
Christophe Lukaszewski, Responsable logistique
Gilles Maney, Chef opérateur du son – Sonorisateur
Jean-Michel Manière, Maintenancier – Chef de car
Patrick Muller, Chef opérateur du son – Assistant mixeur

Configuration du système :
Console face : Yamaha Rivage PM10
Console retours : Yamaha CL3
Console régie broadcast : Studer 950
Racks sur scène : DSP-R10, Rio3224-D, RMio64-D
Liaisons scène – plateau : CAT5 x 3
Liaisons scène – car régie : MADI

Sites web à consulter pour plus d’informations :

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La Rivage brille avec Radio France. 1ère partie

Photo Yamaha Music Europe.

Photo Yamaha Music Europe.

Depuis toujours Radio France et ses commandes sont scrutées par l’ensemble de la profession car lorsque la maison ronde aime et achète, c’est le signe que l’équipement en question est de qualité, polyvalent et ne sera pas obsolète à Noël. On ne joue pas avec l‘argent public.
Arrivé tardivement avec la PM10 Rivage sur le marché de remplacement de ses grosses consoles, Yamaha semble marquer des points et séduire tous azimuts. Nous avons découvert cet été à Montpellier le nouveau fleuron nippon grâce aux équipes techniques de la Maison Ronde qui l’ont eu en prêt durant le festival de Radio France. On vous offre ce long reportage en deux parties.

Pascal Charousset de Texen, Matthieu Leroy Chef Op Son à Radio France et en fond, en train d’essayer de travailler, Sébastien Huel aussi Chef Op Son et en charge du mixage salle de Michel Benita & Ethics, l’ensemble programmé le soir du reportage

Pascal Charousset de Texen, Matthieu Leroy Chef Op Son à Radio France et en fond, en train d’essayer de travailler, Sébastien Huel aussi Chef Op Son et en charge du mixage salle de Michel Benita & Ethics, l’ensemble programmé le soir du reportage

Le hasard faisant bien les choses, nous y avons retrouvé aussi Texen par le biais de Pascal Charousset, un prestataire que nous avons déjà mis à l’honneur il y a deux mois dans ces colonnes (voir lien ici Nexo et Texen au service du festival d’aix en provence) et qui fournit à l’Amphithéâtre d’O accueillant ce festival, une très belle installation en Kara, Kiva & Arcs L-Acoustics.

Matthieu Leroy, Chef Opérateur Son à Radio France, super technicien et grand amateur de son bien au-delà de la « pauvre » stéréo est notre guide. Il est venu avec une équipe de techniciens de la Maison Ronde ainsi que Georges dans sa valise. Son pote de toujours ;0)

L’Amphid’O juste avant le get in. Les subs sont encore emmaillotés de bleu de même que la CL3 qu’on devine à cour en fond de scène. Ce lieu est aussi difficile à salle vide que plaisant une fois les sièges garnis de public. Le mur de fond est assez réfléchissant, peut être qu’une végétalisation, comme le suggère Pascal Charousset de Texen, atténuerait son influence.

L’Amphid’O juste avant le get in. Les subs sont encore emmaillotés de bleu de même que la CL3 qu’on devine à cour en fond de scène. Ce lieu est aussi difficile à salle vide que plaisant une fois les sièges garnis de public. Le mur de fond est assez réfléchissant, peut être qu’une végétalisation, comme le suggère Pascal Charousset de Texen, atténuerait son influence.

SLU : Les consoles modernes ne sont plus que des serveurs qui sonnent bien, brassent, dialoguent en différents formats. Tu m’as évoqué un synoptique assez complexe pour cette opération. On s’y plonge ?

Matthieu Leroy : L’installation que je vais te décrire est opérationnelle ici à l’Amphi d’O en plein air mais a aussi été utilisée à l’Hôtel de ville de Montpellier il y a quelques jours. La console façade est une PM10 avec aux retours une CL3 Yamaha, mais nous avons aussi un car équipé en Studer et une dernière console DM1000 pour réaliser des interviews en direct à l’antenne dans un lieu légèrement déporté de l’Amphi.
Comme la PM10 est une excellente console mais dont le développement logiciel n’est pas encore totalement fini (interview réalisée fin juillet 2016 NDR), nous avons été contraints de réaliser une installation un peu « ésotérique » et pas conforme avec ce qu’on pourra faire par la suite. Autre choix fort, nous avons décidé d’utiliser ses seuls pré-amplis pour alimenter tout le réseau.

Yamaha Rivage Radio France à Montpellier

SLU : Cela paraît normal quand on a ce type de table…

Matthieu Leroy : Non, pas à Radio France où nous avons la chance de disposer de « spliteurs » qui permettent à chaque console d’avoir ses propres pré-amplis, ce qui est bénéfique au niveau de la sécurité. Dans 95% de cas on travaille de cette façon.

SLU : J’ai pourtant vu le stage de la Studer en coulisse…

Matthieu Leroy : Oui, mais il sert à autre chose. C’est bien celui de la PM10 qui reçoit les micros et renvoie les paires sur les différents réseaux et en plus, si on peut le faire et éviter en cet été assez chargé pour Radio France de louer des ressources supplémentaires, autant se lancer !

Plus fort que le plan du réseau ferré de Paris

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SLU : Combien de réseaux cohabitent ?

Synoptique Amphi d'O

Synoptique Amphi d’O

Matthieu Leroy : Trois différents. En natif la PM10 travaille avec le sien qui s’appelle TWINLANe, la CL3 est en Dante et le car de direct en MADI, trois réseaux qu’il a fallu regrouper. Sur le papier, la PM10, si on insère une carte Dante au niveau des stages, sort normalement les pré-amplis tout droit. Hélas l’intégration de cette carte n’est pas encore effective (au 22 Juillet 2016 NDR) dans le stage et nous oblige à la placer dans le DSP de la console, dans un slot bien particulier, le N°4 qui est habituellement dévolu au recording et au virtual sound check.
Du coup on ne splite pas des pré-amplis, mais bien des canaux de la table. Si l’opérateur à la console fait des patchs croisés, cela va croiser chez tout le monde. Disons que cela demande de l’organisation et nous oblige à déporter le DSP sur le plateau, et au lieu de tirer de la fibre jusqu’à la console, on se retrouve sur un réseau etherCON pour relier la table au DSP.

SLU : Vous avez eu des problèmes de longueur ?

Le DSP de la PM10 caché dans les coulisses de l’Amphid’O et encore éteint. Son placement aussi loin de la console n’a pas posé de problème de liaison prouvant la maîtrise de Yamaha dans ce domaine.

Le DSP de la PM10 caché dans les coulisses de l’Amphid’O et encore éteint. Son placement aussi loin de la console n’a pas posé de problème de liaison prouvant la maîtrise de Yamaha dans ce domaine.

Matthieu Leroy : Nous avons bien sûr eu un doute car normalement console et DSP sont séparés de 3 mètres et là on se retrouve à 85, mais Yamaha a certifié cette longueur et cela fonctionne. Autre problème lié aux parties de soft encore en développement, il n’est pas possible de se mettre sur un Wordclock externe sur le réseau Dante.
Comme je souhaite que tout le monde soit référencé sur une même horloge, on en a placé une sur le réseau principal qui vient d’un côté alimenter la console Yamaha sur une entrée Wordsynch, et d’un autre côté alimenter une machine sur le Dante qui devient le Preferred Master, ce qui les rend parfaitement synchrones.

SLU : La console accepte une horloge en direct ?

Deux des éléments clé du synoptique imaginé pour le déploiement de la PM10 au milieu d’autres consoles parlant un langage différent, tout d’abord un RMio64-D convertissant 64 canaux Dante en MADI et une horloge Studer D19 Master Synch

Deux des éléments clé du synoptique imaginé pour le déploiement de la PM10 au milieu d’autres consoles parlant un langage différent, tout d’abord un RMio64-D convertissant 64 canaux Dante en MADI et une horloge Studer D19 Master Synch

Matthieu Leroy : Oui, mais pas encore sur le Dante, mais ça viendra rapidement. La machine que j’ai choisie en Preferred Master est un convertisseur Dante vers MADI pour pouvoir alimenter la console de prise de son.

SLU : Du coup ton talon d’Achille c’est l’horloge..

Matthieu Leroy : En quelque sorte. Disons que l’on préfère ne jamais référencer un car sur une horloge externe pour éviter que, justement en cas de panne de cette unité, on perde même momentanément le mix musique pour l’antenne. Raison pour laquelle le car envoie une horloge sur le plateau qui vient alimenter le convertisseur Dante to MADI par une entrée SRC.

SLU : Deux horloges dans un même convertisseur ?

Matthieu Leroy : C’est prévu par le constructeur. Une sert pour le Dante et l’autre pour le MADI et il peut faire du SRC (conversion de fréquence d’échantillonnage) entre les deux, ce qui garantit une parfaite isolation.

SLU : On te sent très à l’aise avec les différents formats de transport audio.

Un stage Studer qui en a vu des plateaux et qui, une fois n’est pas coutume, est sevré de micros ou presque, ne subsistent que les ambiances

Un stage Studer qui en a vu des plateaux. Une fois n’est pas coutume, il est sevré de micros ou presque, ne subsistent que les ambiances

Matthieu Leroy : Il le faut car nous sommes assez fournis à Radio France. En plus du TWINLANe, du Dante et du MADI que nous avons ici, on a des cars régie en Ravenna et d’autres en MediorNet, sans oublier l’Ethersound des consoles Innovason, donc oui, on se balade régulièrement d’un réseau à l’autre.

SLU : Reprenons nos canaux.

Matthieu Leroy : Une fois qu’ils sont convertis en Dante, on rentre dans un réseau classique qui va vers la CL3 en ajoutant deux stages pour une raison simple à comprendre. Nous disposons de 12 wedges sur le plateau qu’on attaque en AES via les XTA qui précèdent les amplis, ce qui est préférable à l’analogique. Comme le stage de la CL3 n’a que 8 sorties AES, on en a pris deux.

SLU : Elle a combien d’entrées votre PM10 ?

Matthieu Leroy : Elle nous a été livrée en 48 paires, ce qui ici à l’Amphid’O ne pose pas de problème puisque nos patchs dépassent rarement 20 paires, mais nous a obligés à ruser lors du concert à l’Hôtel de Ville qui en nécessitait 64. Du coup de 1 à 48 c’est la PM10 qui alimente le Dante et de 49 à 64 on se sert du stage de la CL3 pour compléter. Ensuite c’est grâce au Dante Controller qu’on a refait une grille droite pour toutes les consoles qui acceptent cette subtilité. Mais, mais…ce n’est pas si simple car notre PM10 reçoit le Dante par le port dédié au recording, il ne faut donc pas oublier de basculer les voies 49 à 64 en virtual soundcheck pour qu’elles l’acceptent.

Les wedges bi-amplifiés à la sauce Radio France. On ne plaisante pas question patate avec des FP10000Q lab.gruppen et un processeur XTA DP444 soit deux wedges par rack. Bien servis.

Les wedges bi-amplifiés à la sauce Radio France. On ne plaisante pas question patate avec des FP10000Q lab.gruppen et un processeur XTA DP444 soit deux wedges par rack. Bien servis.

SLU : La console accepte ce genre de panachage ?

Matthieu Leroy : On fait ce que l’on veut canal par canal, ce qui est très pratique malgré le fait qu’avec 144 canaux, la PM commence à être grosse. Enfin je me suis inquiété des temps de traitement différents. J’ai écouté avec un micro dans deux entrées sans entendre de soucis de phase liés à des latences plus ou moins longues, ou alors négligeables ce qui est un très bon point.
Je n’ai pas mesuré, mais mes oreilles ne le demandaient pas. On a aussi profité de la puissance en ressources et canaux de la PM10 pour créer un réseau d’ordre entre les différentes consoles plus l’opérateur plateau, soit 5 points. Les 5 micros rentrent dans la PM10 et on ressort avec la matrice de la table le signal vers 5 enceintes différentes placées aux endroits nécessaires, sans besoin de louer de matériel spécifique.

Photo Yamaha Music Europe.

Photo Yamaha Music Europe.

Enfin on a fait remonter un brin du réseau Dante jusqu’à la régie face pour y connecter le Dante Controller et intervenir plus facilement sur sa configuration, pour y raccorder un enregistreur multipiste stockant des concerts et les rejouant en virtual soundcheck et enfin pour y injecter le signal pour la diffusion car les gros systèmes sont les seuls éléments que nous ne gérons pas à Radio France.

Ce n’est pas tout de capter et mixer, il faut reproduire.

SLU : Vous avez pourtant des retours et pas mal de petites et moyennes enceintes…

Débusqué dans les coulisses de l’Amphid’O, le stock de M12 et M15 Adamson de Radio France avec un intrus dans ce monde canadien, une 8Xt…

Débusqué dans les coulisses de l’Amphid’O, le stock de M12 et M15 Adamson de Radio France avec un intrus dans ce monde canadien, une 8Xt…

Matthieu Leroy : Des wedges et de la petite diffusion, mais on loue la grosse diffusion. Nous ne faisons pas assez d’opérations dans l’année pour disposer d’un parc de systèmes et au sein de Radio France, on n’a quasiment pas d’ingés système donc autant externaliser.

SLU : De quoi disposez-vous comme petite diffusion ?

Matthieu Leroy : Je crois qu’on doit avoir à peu près tout le catalogue Fohhn. Ce sont des enceintes assez incroyables, y compris leurs subs.
En moyenne/grosse diffusion nous avons du SX18 Adamson et des subs MDC2. Les subs MDC sont d’ailleurs mes préférés !

SLU : Et en retours ?

Matthieu Leroy : Essentiellement de l’Adamson M12 et M15 car ça marche très bien. On est assez proche d’Adamson et de DV2 d’autant que nous avons des amplis lab.gruppen en Dante, que Pascal Guillaume nous forme bien et que l’ensemble est très cohérent.

SLU : On parle du système de l’Amphid’O ? Il y a encore de la « bidouille » car les LA8 ne parlent pas le Dante !

Pascal Charousset (Responsabe Texen site de Vendargues) : On passe par un réseau secondaire toujours en Dante via des Toolbox AVBx 7 d’AuviTran entre la régie, les amplis à jardin et ceux à cour. On a 4 fibres, deux en primaire et deux en secondaire qui partent et à l’arrivée le signal est converti en AES.

Les switchs installés en fixe par Texen et permettant en mode split de travailler en primaire et secondaire vers tous les départs en laissant la place pour des VLAN, et en dessous l’Audio ToolBox AVBx7 d’AuviTran utilisé pour effectuer les conversions nécessaires.

Les switchs installés en fixe par Texen et permettant en mode split de travailler en primaire et secondaire vers tous les départs en laissant la place pour des VLAN, et en dessous l’Audio ToolBox AVBx7 d’AuviTran utilisé pour effectuer les conversions nécessaires.

SLU : En 48 KHz ?

Matthieu Leroy : Oui, nous sommes restés en 48 car en Dante la CL3 nous y oblige, mais si nous n’avions pas eu cette console dans le réseau, on aurait basculé en 96. La quantification est de 24 bits. A France Musique de toute manière le stockage et la diffusion sont en 24 bits.

SLU : Que descends-tu dans le Dante pour la diffusion ?

Matthieu Leroy : On reçoit des artistes de jazz et je préfère qu’on se concentre sur le son et pas sur le niveau des subs ou du point central. J’ai donc choisi de n’envoyer qu’un gauche/droite que Pascal ventile au mieux dans son calage avec LA-Network. On envoie aussi le mix en AES et en analogique. Nous avons testé ces trois signaux. Le passage de Dante à AES est totalement inaudible. En revanche le retour à l’analogique ne laisse aucun doute quant à la nature de la liaison. C’est assez imparable (rires)

Pascal Charousset : On a passé du temps ensemble le premier jour pour mettre au point cette configuration qui simplifie la vie aux preneurs de son de Radio France.

Une vue du plateau durant les balances de Michel Benita & Ethics. Très visible le système est composé en principal et par côté de 12 Kara et 4 SB18 en montage cardioïde et sur le plateau de 2 SB18 et une Arcs Wide venant compléter le travail des dernières Kara. On aperçoit aussi deux 8Xt sur l’avant-scène. Manquent à l’appel deux Arcs Focus placées dans la toiture de la scène.

Une vue du plateau durant les balances de Michel Benita & Ethics. Très visible le système est composé en principal et par côté de 12 Kara et 4 SB18 en montage cardioïde et sur le plateau de 2 SB18 et une Arcs Wide venant compléter le travail des dernières Kara. On aperçoit aussi deux 8Xt sur l’avant-scène. Manquent à l’appel deux Arcs Focus placées dans la toiture de la scène.

SLU : C’est Radio France qui vous a demandé spécifiquement cette configuration ?

Pascal Charousset : Non, nous avons installé nos boîtes en début de saison à l’Amphid’O et elles vont servir pour l’ensemble des festivals et des concerts qui auront lieu ici de mai à fin juillet. Du coup, tout a été prévu afin de répondre à l’ensemble des requêtes comme le point central en Kiva, les Arcs Focus pour aller chercher les derniers spectateurs tout en haut sur les côtés de l’amphi, les Wide pour combler le bas des gradins et les débouchages en 8Xt au sol. Il y a deux enceintes et la prochaine fois on en installera quatre car elles sont très utiles. Certains ingés veulent avoir tout et en séparé, d’autres pas, donc on s’adapte.

Une vue de la restitution en large bande des seules Kara. Rien à ajouter, c’est plus qu’uniforme et plus que puissant pour une boîte de taille intermédiaire.

Une vue de la restitution en large bande des seules Kara. Rien à ajouter, c’est plus qu’uniforme et plus que puissant pour une boîte de taille intermédiaire.

Le système L-Acoustics au complet ou presque. Il manque les deux 8Xt sur l’arrondi de la scène et les Arcs wide posées sur les deux SB18 à même le plateau ont été couchées.

Le système L-Acoustics au complet ou presque. Il manque les deux 8Xt sur l’arrondi de la scène et les Arcs wide posées sur les deux SB18 à même le plateau ont été couchées.


Matthieu Leroy : Je sais toujours à l’avance ce que je souhaite avoir. Pour ce festival un gauche/droite est suffisant, mais cela nous arrive de demander à avoir la main sur les départs séparés. Dernier gros avantage avec Pascal, comme on s’entend très bien, il nous laisse le LA-Manager, ce qui nous permet par exemple de couper à la demande d’un ingé son le point central d’un clic. On a de toute manière tout prévu puisqu’on sort le mix à la régie comme sur scène, il y a toute sorte de formats et on envoie même notre mix salle vers le car au cas où ce dernier aurait une panne, car le direct prime. Ce n’est pas l’idéal mais c’est mieux que rien !

Le bois marron du bas comme dirait Pascal Charousset, bois dont il faut saluer le calage très réussi de Fred Bailly.

Le bois marron du bas comme dirait Pascal Charousset, bois dont il faut saluer le calage très réussi de Fred Bailly.

SLU : Venons-en au bois. Tout d’abord, pourquoi avoir accroché du « marron » à l’Amphid’O ?

Pascal Charousset : Parce que le « marron » fait l’unanimité et tous les artistes sont ravis. Nous étions en Amadeus les autres années et c’est la première saison où nous avons décidé d’accrocher du Kara. Je dois en plus reconnaître que Soundvision est d’une extrême précision, surtout en installation où nous devons beaucoup tenir compte des contraintes architecturales. Tout ce qui est prédit se retrouve à la mesure.

SLU : Tu arrives à avoir du grave tout en bas alors que tu as installé deux antennes de 4 SB18 en montage cardio ?

Pascal Charousset : Nous avons deux stacks de deux SB18 en bas, aux coins de la scène qui tournent avec un preset 60 ce qui fait que la projection cardio des SB accrochés est bien reprise en bas. Là-haut on est en preset 100 pour apporter au Kara toute l’assise nécessaire, mais même sans l’antenne de subs, 12 Kara par côté cela commence à générer pas mal de bas. On n’est pas du tout ridicules.

Accrochée à sa potence une Arcs Focus apporte du réconfort sonore aux spectateurs perdus tout en haut de l’Amphid’O et qui plus est sur le côté, là où, malgré ses 110° d’ouverture, la Kara n’envoie plus grand-chose.

Accrochée à sa potence une Arcs Focus apporte du réconfort sonore aux spectateurs perdus tout en haut de l’Amphid’O et qui plus est sur le côté, là où, malgré ses 110° d’ouverture, la Kara n’envoie plus grand-chose.

C’est Fred Bailly (ingénieur application touring L-Acoustics ND) qui est venu cailler, non caler le système. Remarque, le jour où il a fait ça, il s’est bien caillé aussi (rires). Nous avons opté pour un montage cardioïde essentiellement pour ne pas trop polluer la scène lors des pièces de théâtre et plus généralement pour faciliter les captations.

SLU : Tu bouges tes subs au sol en fonction des spectacles, j’imagine ?

Pascal Charousset : Oui, si besoin est on les pose sur des supports qui les désolidarisent et les écartent de la scène, en revanche pour certains concerts de musiques actuelles, on ajoute une paire de SB28 pour renforcer encore le bas du spectre.

Le toit de l’Amphid’O tendu d’une toile aussi étanche que réfléchissante mais que des cylindres en gomme sur fil protègent en cassant une partie des ondes qui vont la frapper. Economique et efficace. Au centre et protégée par une housse maison, la bananette de renfort central constitué de 6 Kiva.

Le toit de l’Amphid’O tendu d’une toile aussi étanche que réfléchissante mais que des cylindres en gomme sur fil protègent en cassant une partie des ondes qui vont la frapper. Economique et efficace. Au centre et protégée par une housse maison, la bananette de renfort central constitué de 6 Kiva.

SLU : Pourquoi avez-vous fait appel à Fred pour le calage, c’était trop délicat ?

Pascal Charousset : Non, on sait le faire, mais comme c’était la première année où on l’accrochait à l’amphi, on a préféré bétonner la chose. Nous disposons d’un ingé système très qualifié, Antoine Lenfantin, qui est agréé L-Acoustics, Nexo comme Amadeus.
Et moi-même je suis un vieil utilisateur de marron, de noir, de bleu, d’ailleurs tellement vieux que je vais aller faire un recyclage à Marcoussis cet automne à la demande de L-Acoustics (rires !). On réalise 98% de nos calages, mais dans un lieu comme ça où il faut tenir compte d’un nombre très important de paramètres, l’apport de Fred est juste énorme et même pour lui cela n’a pas été particulièrement aisé.

Matthieu Leroy : Le calage parfait n’existe pas et je ne suis pas un inconditionnel du point central, j’ai donc essayé de le « bouger » ou de le couper, mais je suis vite revenu aux réglages de Fred et je suis heureux qu’ils soient là ces 6 Kiva, ils remplissent parfaitement bien leur rôle. Les deux 8Xt en plus redescendent l’image. A moins de se balader à la recherche du plus petit défaut ou changement de couleur par exemple entre les Kara et les deux Focus, le système dans son ensemble est très bon et nous satisfait pleinement.

Photo Yamaha Music Europe.

Photo Yamaha Music Europe.

Basta le bois, retour express dans les réseaux

SLU : A propos de simplification, avec votre montage dantesque, qui tient les gains ?

Matthieu Leroy : Pas facile (rires) De 1 à 48 c’est la PM10, et il faut vraiment se parler car c’est l’opérateur à la face qui tient aussi les gains de la captation pour le direct antenne. On peut finement ajuster avec le trim numérique mais on doit être très attentif d’autant que cet amphithéâtre avec son grand mur arrière, modifie beaucoup le ressenti des musiciens et le différentiel habituel entre niveau durant les balances à salle vide et celui durant le concert, explose. Hier j’ai dû baisser entre deux titres de 10 dB le gain sur une caisse claire car j’ai vu qu’on était au taquet rien qu’avec des petits « ziguiguis » et j’ai eu raison, après il a tapé !

Le stage de la CL3 des retours avec pas mal de sources non musicales qui sont routées sur le stage de la PM10, notamment le N-1 antenne et les talk-backs.

Le stage de la CL3 des retours avec pas mal de sources non musicales qui sont routées sur le stage de la PM10, notamment le N-1 antenne et les talk-backs.

SLU : Vous ne travaillez pas en compensation de gain ?

Matthieu Leroy : Non et pour deux raisons. D’abord pour le moment c’est impossible car on mixe avec du Dante mais aussi du MADI en partage donc cela ne marcherait pas, et puis chez nous on préfère débrayer en balance quitte à parfois ré-enclencher cette option durant le concert. Parfois seulement, on préfère toujours se parler car du gain analogique et du gain numérique ne sont pas du tout pareil.

SLU : Et pour les autres paires 49 à 64 ?

Matthieu Leroy : C’est la CL3 des retours qui a la main mais via R Remote le soft de Yamaha, on peut le faire aussi depuis la régie façade et tout ça en fichant la paix à mon camarade des retours qui parfois ne se sert même pas de certains micros qui sont utiles à la face ou en captation.

Photo Yamaha Music Europe.

Photo Yamaha Music Europe.

SLU : Vous êtes combien aux manettes ?

Matthieu Leroy : Nous sommes quatre et on alterne, retours, façade et direct. Une des spécificités de notre maison est que peu importe quel groupe est sur scène, c’est toujours nous qui mixons. On accepte bien volontiers l’ingé son de l’artiste à nos côtés quand il y en a un, mais c’est nous qui sommes aux manettes. Deux raisons à ça. Tout d’abord le but de ces concerts c’est d’alimenter l’antenne et donc de faire la meilleure prise de son, ce qui fait qu’on n’oublie jamais nos confrères qui travaillent dans le car. Si ces derniers se manifestent, je vais faire le nécessaire, ce qui ne sera pas toujours le cas avec les techniciens des artistes. La deuxième raison est que nous allons passer du temps pour faire une balance pour la salle mais aussi pour la prise de son, ce sont deux étapes importantes.

SLU : On dit Radio France, mais vous travaillez pour qui lors de ce festival ?

Matthieu Leroy : France Musique. Le programmateur de ce festival et que l’on appelle un producteur dans notre langage interne est issu de Musique. Nous alimentons donc cette antenne cet été. Mais nous sommes à la disposition de toutes les antennes. Nous faisons partie avec mes collègues du DPR, le Département du Reportage, avec à charge pour nous de travailler le son en extérieur. Cela peut être de la musique ou de vrais reportages partout dans le monde.

Une partie de l’équipe technique de Radio France en charge de la captation, le mixage salle, retours et antenne, sans parler de la sonorisation. De gauche à droite et avec son titre et sa ou ses fonctions en plus lors de cet extérieur : Alexandre James, Chef opérateur du son – Sonorisateur, Thomas Bauduin, stagiaire qui va pouvoir crâner avec ses potes, Patrick Muller, Chef opérateur du son - Assistant mixeur, David Abécassis, Maintenancier - Chef de car, Sébastien Huel, Chef opérateur du son – Sonorisateur, Matthieu Leroy, Chef opérateur du son – Sonorisateur et Ingénieur système et enfin Pierre Bornard, Chef opérateur du son – Mixeur.

Une partie de l’équipe technique de Radio France en charge de la captation, le mixage salle, retours et antenne, sans parler de la sonorisation. De gauche à droite et avec son titre et sa ou ses fonctions en plus lors de cet extérieur : Alexandre James, Chef opérateur du son – Sonorisateur, Thomas Bauduin, stagiaire qui va pouvoir crâner avec ses potes, Patrick Muller, Chef opérateur du son – Assistant mixeur, David Abécassis, Maintenancier – Chef de car, Sébastien Huel, Chef opérateur du son – Sonorisateur, Matthieu Leroy, Chef opérateur du son – Sonorisateur et Ingénieur système et enfin Pierre Bornard, Chef opérateur du son – Mixeur.

SLU : On est en plein air et en plein été, que se passe-t-il s’il pleut pour la console ?

Matthieu Leroy : Elle est sur un chariot donc on la recule dans la régie mais qui est trop petite pour y travailler. J’ai eu le cas de figure il y a quelques jours. J’ai donc sorti Georges et j’aurais mixé avec lui. C’est bluffant le rendu de cette tête artificielle. Je m’en sers souvent sur des opérations binaurales spécifiques et la fidélité du repiquage est telle qu’elle pourrait permettre de mixer dans un casque.

La régie technique de l’Amphid’O protégée par des portes vitrées pouvant s’ouvrir et laisser sortir deux plateformes sur roues suivant des rails qu’on devine au sol.

La régie technique de l’Amphid’O protégée par des portes vitrées pouvant s’ouvrir et laisser sortir deux plateformes sur roues suivant des rails qu’on devine au sol.

La même régie une fois les plateformes roulées en place. Il est aussi possible de dérouler un store pour se protéger du soleil ou d’un léger crachin mais gare au mistral…

La même régie une fois les plateformes roulées en place. Il est aussi possible de dérouler un store pour se protéger du soleil ou d’un léger crachin mais gare au mistral…


Comme il a arrêté de pleuvoir, on a pu rouler la console et travailler normalement. On enregistre en multipiste tout ce que l’on fait pour retravailler après en studio et s’entrainer. Notre vrai mix stéréo part en direct sur les ondes, mais je me fais un plaisir d’enregistrer aussi les deux micros de Georges comme souvenir pour écouter ce qui s’est passé chaque soir. On travaille beaucoup de formats en ce moment à Radio France, du WFS, du binaural et du 5.1.

Yamaha Rivage Radio France à Montpellier

Conclusion 1ère partie

On a parlé réseau, bois, son, bref, la vie quoi, oui mais voilà, Matthieu Leroy nous a surtout décrit la PM10 à la perfection, un peu comme s’il l’avait fréquentée depuis toujours. Appelons ça la force de l’habitude, une certaine appétence pour la marque aux trois diapasons et surtout un talent évident pour la technique et le son.
On vous propose de retrouver cette seconde partie totalement Rivage avec Matthieu en metteur en son dans quelques jours, le temps de digérer toutes ces fibres, ce cuivre et ce bois !

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Pour le défilé du 14 juillet - 3e partie

Le Mixage, 6 consoles DiGiCo en double réseau

Troisième et dernière partie du grand reportage sur l’un des fleurons de notre pays, le défilé du 14 juillet. Après Eric L’Herminier qui a donné le tempo et Julien Périlleux qui l’a passé en HF (c’est une seconde nature chez lui), voici arrivant au pas les fidèles grognards de la république, Patrick Benoit, Matthieu Moreau, François Veys trois mixeurs et un ingé système, Philippe Szewczuk, certains d’entre eux ayant connu la ligne 100 volts.
Captation, mixage, matriçage, redondance, en route pour le plus grand plateau du monde, les Champs Elysées et la plus petite tribune qui soit, celle Présidentielle.

Le Chœur de l’Armée Française. Je vais les surnommer « les poils ». Ecoutez-les une fois de près, regardez vos bras et vous comprendrez. Ils disposent chacun d’un émetteur qui a permis de tirer la quintessence de leur remarquable chant.

Le Chœur de l’Armée Française. Je vais les surnommer « les poils ». Ecoutez-les une fois de près, regardez vos bras et vous comprendrez. Ils disposent chacun d’un émetteur qui a permis de tirer la quintessence de leur remarquable chant.

François Veys, sa SD7 et ses HF

SLU : Ton travail consiste en quoi ?

François Veys : Je mixe les HF, tous les HF sans exception.

SLU : Comment les récupères-tu ?

François Veys

François Veys

François Veys : Sur une boucle Optocore qui relie toutes les consoles. Julien (Périlleux NDR) dispose sous ses racks de HF des stages DiGiCo et nous met à disposition les sources qu’ensuite on se partage. Avec ces 200 HF je créé des groupes. Par exemple je prémixe les 147 micros de la chorale et je les réinsère dans la boucle sous la forme de 10 stems. Ils qui sont repris sur la SD7 de Matthieu (Moreau NDR) qui effectue le mix final adressé aux diffuseurs télé et à la tribune présidentielle, entre autres.

SLU : Chaque console a son rôle…

François Veys : C’est ça. On a une console pour la HF, une pour le filaire, une pour le mix final et deux en redondance pour la diffusion sur les Champs avec leurs différents pas de programme.

SLU : Qu’appelles-tu des pas de programme ?

François Veys : Cela veut dire que ces consoles, enfin, une seule, l’autre est en miroir de la première, envoie au bon moment et dans la bonne enceinte, le mix orchestre d’une des fanfares afin que les troupes marchent bien au pas. Pour schématiser, des snapshots sont enchaînés, chacun ayant un certain nombre de sorties matricées.

SLU : Les télés reçoivent aussi la boucle Optocore pour se servir ?

François Veys : Non, juste un mix stéréo final. C’est d’ailleurs le seul départ stéréo que nous créons, le reste est en mono.

SLU : Vous avez donc deux réseaux audio. Pourquoi ne pas en avoir un seul…

François Veys : D’abord l’Optocore est cher et puis notre configuration est simple et fonctionne bien, un réseau pour la régie et un second pour la diffusion.

Le calage du Président, tout un programme

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Un autre personnage travaillant au calage de la diffusion de la tribune présidentielle et ne quittant jamais sa tablette, fait son entrée dans la régie son. On l’avait épargné jusque-là, mais l’heure de Philippe Szewczuk est venue !

Philippe Szewczuk avec sa tablette. Comme un vrai militaire, il n’abandonne jamais son arme!

Philippe Szewczuk avec sa tablette. Comme un vrai militaire, il n’abandonne jamais son arme!

SLU : Si j’ai bien compris ton travail est de faire en sorte que le rendu du président soit le meilleur possible.Philippe Szewczuk : J’ai 100 mètres de tribune sous ma responsabilité. 

SLU : Tu commandes les 11 X12 ?

Philippe Szewczuk : Pas qu’elles, j’ai aussi la main en volume sur les Bose 802 placées au sol sur la place de la Concorde et tournées vers la tribune.

SLU : Tu délaies donc les différents points d’émission en fonction des fanfares…

Philippe Szewczuk : Je cale chaque point d’émission car le musoir où se trouvent les musiciens étant sur un côté de la place, il est nettement plus proche du côté gauche de la tribune que du droit. Mais lorsqu’une fanfare joue en avançant vers la tribune comme la Légion, il faut modifier le calage.

SLU : Il n’y a donc pas de point 0.

Philippe Szewczuk : Non, à partir du moment où les orchestres peuvent être trois sur le musoir et d’autres défiler, on ne peut pas déterminer un point de référence à partir duquel calculer son délai. Pour schématiser, tout dépend de « qui joue où ».

Philippe Szewczuk, tablette en main, peaufine le calage de la diffusion de la tribune présidentielle. On le devine de dos tout en bas avec une veste bleue BS Technology. Il profite de la Marseillaise complète interprétée par les chœurs et l’orchestre pour optimiser son calage.

Philippe Szewczuk, tablette en main, peaufine le calage de la diffusion de la tribune présidentielle. On le devine de dos tout en bas avec une veste bleue BS Technology. Il profite de la Marseillaise complète interprétée par les chœurs et l’orchestre pour optimiser son calage.

SLU : Tu as donc plusieurs mémoires de délai que tu enchaînes.

Philippe Szewczuk : C’est exactement ça. J’ai des mémoires en fonction des événements. Il y a une mémoire de déplacement, une pour le musoir, des mémoires pour sortir de la place après être passé devant la tribune présidentielle et une dernière pour le final avec le chœur des enfants qui est complètement différente. Il y a aussi un point important qui est le niveau des enceintes de la tribune présidentielle. Comme elles sont accrochées très haut, il faut veiller à ne pas jouer fort pour éviter que le son ne tombe du ciel. Je fais donc beaucoup varier le niveau en fonction de la présence ou pas du son direct des fanfares et de ce que les Bose, qui sont à 40 mètres, me donnent, tout ceci pour faire redescendre l’image.

Les années passent, les 802 restent. Eric l’Herminier les connaît bien, il en avait une tripotée au début des années 80 dans le petit dépôt d’ATS à Issy les Moulineaux, enfin, du vieux modèle !

Les années passent, les 802 restent. Eric l’Herminier les connaît bien, il en avait une tripotée au début des années 80 dans le petit dépôt d’ATS à Issy les Moulineaux, enfin, du vieux modèle !

SLU : Tu te sers de quel outil pour régler le délai et l’égalisation des X12 et des Bose 802 ?

Philippe Szewczuk : D’un Galileo ! C’est ce que j’ai trouvé de plus pratique et performant pour disposer de suffisamment de sorties afin de piloter tous mes points de diffusion et créer les groupes pour suivre les déplacements.Pour le moment je suis en wifi mais le 14 je n’aurai la main qu’en filaire.J’ai tout ce que je veux avec Galileo pour régler mon son dont la sonde de température qui est très pratique.
On travaille le jour mais aussi le matin très tôt voire la nuit, nos réglages se doivent donc d’évoluer en suivant les conditions atmosphériques. Je suis sûr comme ça d’avoir un son très proche de celui que j’ai calé avec 10° de moins, voire plus. Le LA4X n’offre pas cette fonction.

SLU : Quand tu n’es pas sur la Tribune Présidentielle, que fais-tu ?

Philippe Szewczuk : Cela fait une dizaine d’années que je suis chef de projet audio pour l’événementiel, ingé son et système et je me suis ingénieur dans la fibre optique, un titre obtenu chez Riedel et qui me permet d’être très à l’aise sur leurs produits, entre autres le RockNet. Je tire du réseau pour tout ce qui est événementiel aussi bien pour l’audio, la vidéo ou l’intercom, surtout si elle est matricielle. Enfin j’œuvre comme chef de projet événementiel pour des entreprises. J’ai monté ma société pour cela. Je m’insère entre les entreprises qui montent en interne leur événement et les prestataires techniques. Le reste du temps je suis intermittent.

Alors que le chœur des enfants quitte la place de la Concorde pour repartir au dais rendre ses équipements HF, on aperçoit trois des onze X12 L-Acoustics accrochées sous la toile protégeant la Tribune Présidentielle, la TP en langage de pros ;0)

Alors que le chœur des enfants quitte la place de la Concorde pour repartir au dais rendre ses équipements HF, on aperçoit trois des onze X12 L-Acoustics accrochées sous la toile protégeant la Tribune Présidentielle, la TP en langage de pros ;0)

Comme en cuisine avec une brigade qui prépare, place au Chef qui assemble.

Attention, changement de cavalier, voici Matthieu Moreau, le mixeur final, l’homme qui reçoit les différents stems et alimente la tribune présidentielle mais aussi les télés et les radios qui retransmettent le défilé, avec un mix qui n’oublie personne, charge à chaque diffuseur de le compléter par plus d’ambiance et des talks.

Matthieu Moreau : Mon rôle est d’unifier un peu toutes les formations et créer un flux continu et cohérent de musique. A partir des stems par pupitre, je sors un mix stéréo pour les diffuseurs et mono pour la tribune présidentielle.

SLU : Etant une sorte de finisseur, tu dois avoir un max de monde en intercom ?

Matthieu Moreau : Pas beaucoup de monde. En intercom privée et interconsoles j’ai mes pré-mixeurs et j’ai aussi un fil avec les télés, mais on se parle très peu avec ces dernières. Dès lors qu’on leur envoie quelque chose de propre, on ne les entend pas. Ce qui m’intéresse en priorité, c’est Gilles Million qui est en relation directe avec le commandement dans le shelter et nous envoie les tops en fonction de l’avancement du défilé.

A gauche Gilles Million, comme un million à six 0 (véridique, et il a dû le dire un million de fois le pauvre Gilles NDR) l’homme qui relie les hommes en vert et ceux en bleu de BS Tech. A droite Matthieu Moreau, le mixeur final sur sa SD7.

A gauche Gilles Million, comme un million à six 0 (véridique, et il a dû le dire un million de fois le pauvre Gilles NDR) l’homme qui relie les hommes en vert et ceux en bleu de BS Tech. A droite Matthieu Moreau, le mixeur final sur sa SD7.

SLU : Il paraît que vous êtes tous fidèles au poste. Cela fait combien d’années que tu travailles pour le défilé ?

Matthieu Moreau : A ce poste là c’est la 6e année. J’ai pré-mixé une année où il avait aussi beaucoup de chanteurs et quelques années auparavant j’avais tenu quelques régies sur les Champs.

SLU : Et entre deux défilés tu fais quoi (rires) ?

Matthieu Moreau : Bonne question. Je suis intermittent du spectacle et je bosse plutôt dans l’événementiel, les one man show…

SLU : Mais le 14 juillet, c’est quoi pour toi, un chouette moment qui te colle une étiquette ?

Matthieu Moreau : Non c’est cool et ça ne m’empêche pas de temps en temps aussi de bosser dans la musique, mais je suis assez proche de Lumière et Son Paris, je travaille donc pour pas mal de politiques, et je m’occupe aussi d’autres événements militaires. J’étais récemment en accueil à Verdun pour De Préférence, donc oui, je suis un peu connu pour mes relations avec les militaires, le commandement ou la politique.

SLU : Que se passe-t-il si une console plante ?

Quatre Stage racks DiGiCo placés sous les baies de Fréquence et recevant l’audio issu des liaisons HF. 4 fois 56 entrées.

Quatre Stage racks DiGiCo placés sous les baies de Fréquence et recevant l’audio issu des liaisons HF. 4 fois 56 entrées.

Matthieu Moreau : On sécurise beaucoup et en tous cas assez pour que si quelque chose plante on puisse prendre le relai. Si par exemple une des consoles de premix plante, je peux reprendre la main et les lignes dont elle s’occupe pour sortir quand même un mix. Tout est prêt et testé. Il y aurait une coupure de quelques secondes le temps qu’on réagisse, mais c’est prévu. Le propre de la SD7 est d’avoir suffisamment de ressources pour permettre cela. Les consoles de prémix envoient aussi leur programme à la régie son des diffuseurs si la mienne a un problème.

SLU : Comment sort le mix final ?

Matthieu Moreau : Par la boucle Optocore qui réunit toutes les tables, les micros HF comme ceux du musoir. J’injecte un mix télé stéréo et un mono adressé aux consoles de distribution qui se déversent enfin en MADI dans la boucle RockNet qui sonorise les Champs. On sécurise aussi la boucle Optocore par le placement intelligent des stage racks. Ils ne sont pas à une extrémité pour éviter de tout perdre. Si on doit avoir des problèmes, on gardera suffisamment de matière et de communication pour travailler. Il faudrait une véritable catastrophe, un attentat, mais ça marcherait encore par sections.

SLU : C’est toi qui as pensé cette architecture ?

Matthieu Moreau : Oui, c’est moi qui l’ai imaginée et implémentée au départ, mais depuis elle a été collectivement améliorée. Tous les ans on essaie de franchir une étape pour optimiser ce qui peut ou doit l’être. On a déjà des idées pour l’année prochaine et pour la distribution des micros HF. Julien qui investit a très envie de passer en Dante et on va tenter de développer ça pour le défilé 2017 en fonction des moyens qui seront mis à notre disposition.

SLU : Quand tu conçois une architecture aussi complexe et intriquée, comment fais-tu à l’avance pour valider tes choix ?

Matthieu Moreau : On fonctionne en nombre de lignes. Il y a les certitudes : le défilé, la diffusion sur les Champs, les trois musiques sur le musoir, et le reste on le découvre. L’expérience joue pour savoir par exemple ce que peut gérer un technicien sur une console donc schématiquement on sait comment sera architecturée la régie et combien de consoles il faudra prévoir. L’Optocore est très flexible et le fait d’avoir dû augmenter le nombre de stage racks pour accepter les liaisons de la chorale n’a pas posé de problèmes et n’a pas révolutionné notre façon de travailler.

Quand on aime on ne compte plus trop. Côté mix et matriçage, on trouve une SD7, deux SD8, une SD10 et encore une SD7. Une ultérieure SD5 pour les PFL de Julien prend place dans l’autre semi où se trouvent aussi les stages, les récepteurs HF et les arrivées fibre des antennes. Une dernière console mixe la Brigade des Sapeurs Pompiers de Paris au Rondd-Point des Champs.

Quand on aime on ne compte plus trop. Côté mix et matriçage, on trouve une SD7, deux SD8, une SD10 et encore une SD7. Une ultérieure SD5 pour les PFL de Julien prend place dans l’autre semi où se trouvent aussi les stages, les récepteurs HF et les arrivées fibre des antennes. Une dernière console mixe la Brigade des Sapeurs Pompiers de Paris au Rondd-Point des Champs.

SLU : A quelle fréquence travaillez-vous ?

Matthieu Moreau : Nous sommes en 96 kHz depuis trois ans. Cela aère le rendu. C’est peut-être du luxe mais on aime ça. Je l’ai fait parce que je trouvais que les mix au départ étaient vachement serrés et assez étouffés. Comme les stage racks le permettaient et que je ne perdais pas de ressources, cela aurait été dommage de ne pas exploiter cette possibilité.

SLU : Qu’avez-vous en termes d’horloge pour synchroniser toutes ces ressources numériques ?

Matthieu Moreau : Le moteur A de ma console qui est branché au circuit Optocore, donne le wordclock à tout le monde, mais il a une horloge maître car je suis obligé de délivrer une clock à la boucle RockNet qui ne veut pas se synchroniser au MADI.

SLU : Cette horloge maître te vient du car régie TV ?

Matthieu Moreau : Non, pas besoin, ils se reprennent en analogique en sortie du RockNet. Cette année j’ai mis deux horloges externes asservies l’une à l’autre, pour en avoir une de backup qui tourne quoi qu’il arrive. Julien (toujours Périlleux NDR) a acheté une Antelope OCX-HD qui est placée en frontal avec ma table. Je la trouve très bien, et même si je coupe la Rosendahl NanosyncsHD qui est maître de l’Antelope, cette dernière continue de tourner sans aucun décalage. Ça nous laisse le temps de nous retourner. Il en va de même avec mes deux serveurs Waves pour les plugins. Ils sont redondants. La console elle-même dispose bien entendu de deux alimentations.

Deux racks très importants puisque contenant les invisibles chefs d’orchestre du numérique omniprésent sur le défilé. A droite, la très moderne Antelope OCX-HD qui fait face à la console maître, la SD7 de Matthieu, et la cadence. A gauche la NanosyncsHD de Rosendahl qui sert d’horloge maître et alimente l’Antelope. Comme on dit, c’est ceinture ET bretelles. Sous la Nanosyncs, on aperçoit les deux Server One Waves, ici encore en redondance et connectés à la SD7 de mix final.

Deux racks très importants puisque contenant les invisibles chefs d’orchestre du numérique omniprésent sur le défilé. A droite, la très moderne Antelope OCX-HD qui fait face à la console maître, la SD7 de Matthieu, et la cadence. A gauche la NanosyncsHD de Rosendahl qui sert d’horloge maître et alimente l’Antelope. Comme on dit, c’est ceinture ET bretelles. Sous la Nanosyncs, on aperçoit les deux Server One Waves, ici encore en redondance et connectés à la SD7 de mix final.

SLU : Tu enregistres ton travail pour rejouer le mix hors répétitions ?

Matthieu Moreau : Oui, je me sers de MT128 et en 96KHz je dispose de 64 pistes. C’est très important de disposer d’un enregistreur car, contrairement à un orchestre civil, les militaires jouent pour faire défiler des troupes, pas pour nous au son ou pas suffisamment pour que nous puissions travailler finement nos mix.

SLU : Est-ce que les stems te permettent de, par exemple, favoriser l’ensemble rythmique d’une fanfare par rapport aux autres ? Je pense au final où les percussions ont logiquement du mal à être à l’unisson.

Matthieu Moreau : Oui je peux, et je le ferai sans doute au final où les trois fanfares jouent en même temps car, comme tu l‘as dit, c’est impossible vu la conformation des lieux, de parvenir à jouer parfaitement ensemble. Les musiciens sont physiquement trop loin les uns des autres. Mais ils le savent (rires !) et j’atténue de quelques dB seulement. Je voulais aussi tirer mon chapeau au chœur des enfants. Ils ne sont pas pros, n’ont pas beaucoup répété et baignent dans une ambiance sonore constituée par les fanfares en acoustique, quelques retours et la tribune présidentielle. Cela ne doit pas être facile du tout pour eux et pourtant ils s’en sortent très bien !

Les aiguilleurs des Champs

Patrick Benoit, dit Papy, enchaîne pour quelques explications et je peux vous assurer qu’il sait enchaîner puisqu’il a la responsabilité de faire jouer les retours des fanfares de boîte en boîte afin d’accompagner les troupes dans leur descente.

SLU : Il parait que tu as créé des snapshots qui te permettent de lisser le passage d’une enceinte ou d’un groupe d’enceintes au suivant.

Patrick Benoit : Absolument. Avec un fondu de 2 secondes entre deux pas de mémoire.

SLU : C’est donc toi qui récupères le mix stéréo et qui le ventile.

Patrick Benoit : Pas LE, mais LES mix car, outre le musoir et ses trois fanfares, nous avons aussi la BSPP (Fanfare de la Brigade des Sapeurs-Pompiers de Paris NDR) qui joue depuis le Rond-Point des Champs-Elysées et est mixée par Antoine (Lalbat NDR). J’enregistre d’ailleurs ce qui sort de chez Matthieu et ce que je reçois de la BSPP pour garder une trace de ce qu’on envoie.

A gauche Gilles Million, au centre Patrick Benoit et à droite Matthieu Moreau.

A gauche Gilles Million, au centre Patrick Benoit et à droite Matthieu Moreau.

SLU : Tu distribues vers beaucoup d’enceintes…

Patrick Benoit : Oh oui, depuis la Tribune Présidentielle, à la place de la Concorde avec les Bose posées au sol, jusqu’à Apha 1, la toute première boîte accrochée à un arbre à hauteur de l’Avenue Georges V. Plus haut sur les Champs, les troupes et les moyens mécanisés attendent et ne défilent pas. Cela fait 14 ans que je m’en occupe et à ce niveau-là, rien n’a changé.

SLU : La distribution du son est plus moderne non ?

Patrick Benoit : C’est désormais un système moderne et efficace. On a quitté le cuivre pour la fibre et on a gagné beaucoup de finesse dans le découpage. Le gain s’entend aussi en termes de qualité de diffusion car lorsqu’on faisait passer notre signal dans deux kilomètres de cuivre, on récupérait parfois au bout, des petits buzz qui chantaient, sans parler du signal qui s’écroulait un peu. Aujourd’hui c’est parfait et il en va de même des intercoms où l’on s’entend clair, net et précis.

SLU : En réalité, ton métier c’est de faire des retours…

Patrick Benoit : En quelque sorte oui (rires) ! Avec beaucoup de circuits ! Je travaille pour que ça défile en rythme. Le public peut aussi entendre du son lors du passage des troupes s’il est placé à cour quand on regarde l’Arc de Triomphe. Celui à jardin n’aura que l’onde arrière des boîtes (rires) !

SLU : Tu accompagnes les troupes qui descendent avec les trois fanfares du musoir

Patrick Benoit : Ahhh mais nooon, pas que. Je le fais aussi avec celle de la BSPP qui prend en compte les troupes entre leur point de départ disons à Georges V et jusqu’au Rond-Point des Champs où elles basculent sur celles du musoir, mais parfois ce même orchestre des Pompiers de Paris accompagne ses propres troupes jusqu’à Concorde et enfin il y a la Légion qui fait tout toute seule. Il faut harmoniser tous ces mix et les faire arriver au bon moment au bon endroit. Le mix de la BSPP m’arrive d’ailleurs du Rond-Point et pas de la console de Matthieu. Et je reçois aussi les premix pour laisser le temps à Matthieu de trouver sa panne au cas où cela se produirait.

Une vue insolite du Rond-Point des Champs Elysées protégé des voitures par une rangée de P4 et quelques motos. C’est ici que prend place la Musique de la BSPP dont il faut saluer le mix très réussi à l’antenne.

Une vue insolite du Rond-Point des Champs Elysées protégé des voitures par une rangée de P4 et quelques motos. C’est ici que prend place la Musique de la BSPP dont il faut saluer le mix très réussi à l’antenne.

SLU : Tu es en réalité très stratégique car c’est toi qui as la main sur la diffusion et as potentiellement la main sur les premix. D’où les deux consoles !

Patrick Benoit : Je peux en effet pas mal dépanner mais j’ai aussi une sorte de rôle de chef d’orchestre car en faisant avancer mes retours en liaison avec des assistants, qui les suivent et me parlent, je renseigne beaucoup les autres, et leur annonce ce qui va se passer. Yann Giannetty qui est en miroir avec moi, gère le trou sonore, disons qu’il regarde derrière, là où de mon côté, je regarde devant. Notre régie est assez complexe par le rôle qu’elle joue, les signaux qu’elle brasse et le découpage temporel qu’elle opère, sans oublier que le 14, cela doit fonctionner. Quand il est parti, rien n’arrête le défilé.

Les deux plateaux communicants et servant à héberger la régie HF pour celui à gauche de l’image, et les consoles de mix et matriçage pour celui de droite dont on distingue les feuilles de plexi laissant une vue imprenable sur la Concorde et le dispositif. L’ensemble peut être camouflé à l’aide de filets teintés ou à feuilles. Pratique de travailler pour les militaires, on ne court pas après des lais de coton griffé ou des pendrillons !

Les deux plateaux communicants et servant à héberger la régie HF pour celui à gauche de l’image, et les consoles de mix et matriçage pour celui de droite dont on distingue les feuilles de plexi laissant une vue imprenable sur la Concorde et le dispositif. L’ensemble peut être camouflé à l’aide de filets teintés ou à feuilles. Pratique de travailler pour les militaires, on ne court pas après des lais de coton griffé ou des pendrillons !

SLU : Si le temps est clément, vous ouvrez les bâches des deux semis pour respirer un peu des yeux ?

Patrick Benoit : Oui, on aime bien respirer tout court aussi, avoir une visu directe de la place de la Concorde et pouvoir entrevoir l’arrivée de la Légion et de la Garde Républicaine à cheval.

SLU : Où tu coupes tout !

Patrick Benoit : Oui, tout en sachant qu’elle se débrouille vraiment toute seule car elle n’est absolument pas repiquée contrairement à la Légion.

Conclusion

Quoi ajouter après un reportage aussi dense. Pas grand-chose si ce n’est la fierté d’avoir pu accéder aux équipes qui permettent à nos armées de recevoir chaque année les applaudissements qu’elles méritent, et le plaisir de journaliste d’avoir été initié à l’une des grandes messes techniques comme Les Victoires, les Enfoirés, les Jeux Olympiques ou l‘Eurovision. On ne les voit pas, ils travaillent comme toujours dans l’ombre mais il faut saluer civils comme militaires qui en parfaite symbiose, fournissent un show d’une parfaite minutie.
Les mix sont précis, les transitions réussies et les ambiances un poil fortes, mais impossible d’en vouloir aux techniciens de BS Technology, ce sont les télés qui « humectent » à leur guise le signal de Matthieu, parfois trop, les traitements antenne finissant de remonter les bas niveaux. Bien aussi le rendu sur la Tribune Présidentielle où l’on ne se rend pas forcément compte de ce que l’on entend. Naturel, amplifié ? Croyez-moi sur parole, notre président est gâté. J’ai entendu aussi les retours « platanes » des Champs et, sans être l’égal des fanfares, ils délivrent un rendu convaincant et suffisamment incisif pur que les soldats puissent verrouiller leur pas dessus.

Je voudrais enfin tirer un coup de chapeau à la dernière animation, la Marseillaise interprétée par les jeunes choristes soutenus par le Chœur de l’Armée Française. Pour l’avoir entendue en direct lors des répétitions, le rendu à l’antenne est très réussi et l’interprétation des 30 choristes militaires est remarquable de force et de profondeur, mettant au garde à vous chacun de vos poils.
Pour découvrir ou redécouvrir le défilé 2016 en entier avec, il est vrai, la patte de la télévision sur le rendu final mais sans aucun commentaire, cliquez donc sur la vignette ci-dessous. Je parie que vous fredonnerez à 116 bpm tout le reste de la journée !

Plus d’infos sur :

Equipe principale BS Technology
Christophe Labonde = Régisseur technique global
Matthieu Moreau = Mix final & conception audio régie
Patrick Benoit « Papi » = Distribution du mix sur les Champs
Yann Giannetty = Gestion de l’envoi du mix sur les Champs
Philippe Szewczuk = Ingé système tribune présidentielle
Gilles Million = Interface militaires / BS Technology
François Veys = Prémix des micros HF
Stéphane Morelli = Prémix des fanfares au Musoir
Antoine Lalbat = Mixage de la BSPP au Rond-Point
Julien Périlleux = Responsable HF

Equipe BS Technology au complet
M. Barach / R. Bénard / P. Benoit / S. Benoit / L. Boudrahem / Y. Delahaye / D. Devaux / J. Ferreira / J. Ghislain / Y. Giannetty / J.J. Guillaumat / Y. Hamidi / O. Immler / C. Labonde / A. Lalbat / X. Larre / J. Latarewicz / J. Lebois / R. Lhommet / C. L’Herminier / C. L’Herminier / E. L’Herminier / P. Mary / G. Million / M. Moreau / S. Morelli / M. Nguyen / J. Périlleux / A. Rouahi / A. Saussez / P. Szewczuk / R. Thirion / M. Varin / C. Verriez / F. Veys / S. Walter

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Pour le défilé du 14 juillet - 2e partie

Avec plus de 200 liaisons RF, tout est Périlleux, sauf le résultat

Suite de notre reportage au cœur du dispositif technique du défilé du 14 juillet. Avec 200 liaisons RF simultanées et des portées atteignant les 250 m, il est temps de s’attaquer à un gros morceau, Julien Périlleux, l’homme qui veut vous fait croire que la HF c’est simple, enfin, il essaie ! Il y avait les dresseurs de puces, découvrez celui des ondes.

Jérôme Hardy et à droite son client Julien Périlleux, shootés dans la régie HF soigneusement camouflée !!

Jérôme Hardy et à droite son client Julien Périlleux, shootés dans la régie HF soigneusement camouflée !!

SLU : C’est la première fois que tu as autant de liaisons RF ? (Question bateau mais quand vous voyez des racks verticaux aussi pleins de récepteurs, vous ne pouvez pas vous en empêcher NDR)

Julien Périlleux : Autant simultanément non.

SLU : Mais on a là tout ton parc…

Julien Périlleux : Ahh non, il n’y a là qu’une seule marque, Shure, mais j’ai aussi beaucoup de liaisons Sennheiser qui sont louées sur des opéras jusqu’au 16 juillet, et j’ai beaucoup d’ears monitors qui sont au dépôt. J’en ai quand même sur les Champs pour des descentes d’intercom où il y a deux personnes qui les parcourent pour donner l’ordre ouvrir les enceintes les unes après les autres. Ces personnes sont sur un système Overline et je les prends à partir du Fouquet’s (angle Champs Elysées et Avenue Georges V NDR) pour les ramener jusqu’ici à la Concorde grâce à des antennes avec liaison fibre Wisycom.

SLU : Précisément il y a combien de liaisons ?

Julien Périlleux : J’en compte 220 opérationnelles et uniquement deux canaux en spare en cas de problème HS sur un pack.

Ce ne sont que 6 racks dans le fond, dont deux doubles tout de même avec des récepteurs à deux canaux, mais parfois aussi à quatre…bref, de mémoire de journaliste je n’en avais jamais vu autant… Peut-être Shure non plus !!

Ce ne sont que 6 racks dans le fond, dont deux doubles tout de même avec des récepteurs à deux canaux, mais parfois aussi à quatre…bref, de mémoire de journaliste je n’en avais jamais vu autant… Peut-être Shure non plus !!

SLU : J’ai déjà posé la question à Eric L’Herminier mais autant le faire à l’intéressé. Tu es en mono marque pour des questions de facilité, de prix avec ladite marque ?

Julien Périlleux : (serein), Non, je le suis car en ce moment il y a une course à l’ultra large bande sauf chez les constructeurs américains qui ont gardé la philosophie d’une bande de programmation de 60 à 80 MHz de large, ce qui nous permet de filtrer à l’émission comme à la réception sur des bandes de 60 à 80 MHz en fonction des fréquences utilisées. C’est très intéressant car cela nous crée des intermédiaires. Le filtre d’entrée des ultra large bande n’est pas assez costaud par rapport au filtre de tête de chaque appareil. J’avais déjà constaté ça l’année dernière où j’avais des large-bande de 470 à 640 MHz et j’avais trouvé ça assez moyen.

La chasse aux interférences est ouverte !

SLU : Qu’est-ce qui te pose problème précisément ?

Julien Périlleux : Ce sont les interférences, l’énergie qui arrive aux antennes qui sont à 17 ou 18 mètres de haut. J’ai déjà des niveaux de TNT qui sont très forts puisque j’arrive à -60, -55 dBm. Comme nous sommes limités maintenant à 700 MHz et que les large-bande sont grosso modo entre 470 et 700 MHz, on a beaucoup d’énergie qui rentre dans les systèmes et c’est ce qui me bloquait. J’utilise donc en amont des filtrages par bande, des filtres de 60 MHz par les appareils eux-mêmes et au-dessus des appareils pour vraiment casser en réception toutes les énergies qui rentrent.
Le but c’est de faire le plus possible chuter le bruit de fond pour qu’on soit le mieux possible en réception. Il faut savoir que le premier micro qu’on capte est à 100 m. On reste sur des puissances standard de 50 mW pour les analogiques et 20 mW pour les numériques, or pour l’animation finale il y aura 650 personnes massées sur la Concorde avec 178 micros émettant simultanément, donc il y aura un phénomène de masquage rien que par les gens, même si on est quasiment à vue des antennes.

Une image de la moitié du bas des Champs Elysées que la Légion Etrangère va descendre « plein RF » mais à son tempo à elle à 88 pas par minute, là où le reste des troupes défile à 116

Une image de la moitié du bas des Champs Elysées que la Légion Etrangère va descendre « plein RF » mais à son tempo à elle à 88 pas par minute, là où le reste des troupes défile à 116

SLU : Et pour la Légion Etrangère ?

Julien Périlleux : C’est tout aussi difficile car on doit les capter jusqu’à la rue Royale en standard, et je les prends à hauteur du Pavillon Ledoyen avec des antennes à liaison fibre. Elles sont positionnées le long des Champs, dans l’autre sens (directivité de 90°) que celles qui captent l’intercom Overline, et je les ouvre juste pour la Légion.

SLU : Quelle est la portée typique entre émetteur et récepteur ?

Julien Périlleux : 100 à 200 m. Le mieux que nous ayons réalisé il y a quelques jours tourne autour des 250 mètres puisque nous avions encore du signal, alors que les émetteurs accrochés à la Légion étaient rue Royale en sortie de défilé.

SLU : Tes antennes sur fibre, tu les actives à la demande ?

Julien Périlleux : C’est ça, et c’est grâce à elles que je parviens à capter la Légion aussi loin; on parle de 400 à 500 mètres de distance avec la régie. Je les « allume » en fonction des zones que je veux avoir grâce à une matrice et je les « éteins » quand je ne veux plus les avoir. La transition se fait grâce à la matrice Wisycom avec laquelle je peux router 8 diversity vers deux appareils différents, donc deux sorties.
J’ai configuré 4 antennes vers 2 appareils différents. On a une sortie qui alimente la totalité des récepteurs HF via un distributeur et l’autre qui est routée vers l’Overline qui gère l’interphonie avec les deux assistants qui suivent le défilé pour permettre de sélectionner quelles enceintes seront actives. Grâce à cette matrice, je sépare mes réceptions.

Un rack stratégique de l’arsenal HF de Fréquence, celui comportant les récepteurs des antennes fibrées et le matriçage de sortie, tout en WisyCom. De haut en bas, la matrice recevant 6 paires d’antennes, deux paires locales et placées en haut d’une nacelle au pied de la régie HF et 4 paires fibrées sur les Champs. En dessous on trouve un spliteur classique un vers huit, bien entendu en deux canaux qui alimente les huit racks de récepteurs. Les quatre racks identiques sont les récepteurs des antennes fibrées des Champs avec possibilité de monitorer et de faire les gains. Encore en dessous on trouve un ampli pour booster le signal de l’Overline qui part dans toutes les fibres et encore en dessous avec sa couleur bleue caractéristique, le rack émetteur récepteur Overline UHF Essential.

Un rack stratégique de l’arsenal HF de Fréquence, celui comportant les récepteurs des antennes fibrées et le matriçage de sortie, tout en WisyCom. De haut en bas, la matrice recevant 6 paires d’antennes, deux paires locales et placées en haut d’une nacelle au pied de la régie HF et 4 paires fibrées sur les Champs. En dessous on trouve un spliteur classique un vers huit, bien entendu en deux canaux qui alimente les huit racks de récepteurs. Les quatre racks identiques sont les récepteurs des antennes fibrées des Champs avec possibilité de monitorer et de faire les gains. Encore en dessous on trouve un ampli pour booster le signal de l’Overline qui part dans toutes les fibres et encore en dessous avec sa couleur bleue caractéristique, le rack émetteur récepteur Overline UHF Essential.

SLU : Et comment tu passes d’une antenne à l’autre ?

Julien Périlleux : En appuyant sur un bouton. Aucun bruit, aucun décrochage. Si on met deux zones en même temps on a en revanche 3 dB de bruit de fond en plus mais ça marche et les antennes sont équilibrées.

SLU : Tu pourrais donc suivre un HF jusqu’en haut des Champs.

Julien Périlleux : Oui bien sûr, techniquement c’est possible, mais cela fait beaucoup de fibres à tirer et d’antennes à placer. Mes antennes pour l’intercom par exemple sont espacées de 600 à 700 mètres du fait de la puissance importante des émetteurs. Avec des micros HF, il faudrait que je resserre le maillage autour des 200 mètres. Comme les Champs s’étirent sur 1800 mètres, cela conduirait à installer 9 antennes …

SLU : Si c’est possible, un jour on te le demandera !

Julien Périlleux : Pour le moment je n’en vois pas l’intérêt mais ce n’est pas moi qui décide et s’il faut le faire, on le fera !

Le gardien du plan et de ses fréquences

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SLU : Revenons à ton plan de fréquences. Il paraît que tu joues le gardien des fréquences.

Les antennes passives principales en haut d’une nacelle à pantographe placée au plus près la la régie HF

Les antennes passives principales en haut d’une nacelle à pantographe placée au plus près la la régie HF

Julien Périlleux : Je gère le mien et celui de la télé, TF1 et France2 via AMP. Pour te donner une idée, cette année la télé va exploiter 85 fréquences en tout. Ils disposent d’équipes légères type ENG équipées de micros main ou de serre-tête. Ils ont des retours antenne et des relais.
Derrière la tribune présidentielle une grue va monter à 35 mètres l’ensemble de leurs émissions qui sont de l’ordre de 1 W. Comme ils savent qu’on n’a plus beaucoup de place, ils passent dans des flux caméra pas mal de choses, mais malgré ces efforts, ils gardent 85 fréquences (pour l’audio) donc j’ai déposé en tout 325 fréquences à l’ANFR.

SLU : Pas de risque d’une mauvaise surprise avec un livreur qui emploierait un talky …

Julien Périlleux : Non, ça ne me gêne pas. Les fréquences ne sont pas les mêmes et les pertes d’énergie sont très importantes vu les distances donc même des harmoniques ne seraient pas problématiques. Le vrai souci serait un journaliste qui arrive à la dernière seconde et n’a pas pensé à s’enregistrer auprès de l’ANFR.

SLU : De toute façon, tu « scannes »…

Julien Périlleux : Oui, via les récepteurs HF et avec mon Rohde & Schwarz (un analyseur de spectre FSH4 qui va de 9 KHz à 3,6 GHz. Joli bébé à 12 000 €… NDR). Mais visuellement ça marche tout aussi bien. Le gros de mes récepteurs va servir pour la chorale. Les émetteurs de la chorale vont être éteints jusqu’au début du défilé. Si je commence à voir un peu de RF qui rentre malgré mon filtrage, c’est louche. Dans ce cas j’ai deux choix. Soit c’est un émetteur non enregistré, soit c’est le bruit de fond de la télé. Il faut savoir que les harmoniques et surtout les produits (d’intermodulation) de ces divers émetteurs de 1 W, sont plus visibles. J’ai donc prévu d’exclure tous les harmoniques qui sont générés et qui sortent pile en face de mes antennes.

SLU : Tu fais ça avec quoi ?

Une vue du Rohde & Schwarz de Julien, dans une zone où l’on ne met plus ses ondes car les opérateurs de téléphonie ont payé cher pour y être

Une vue du Rohde & Schwarz de Julien, dans une zone où l’on ne met plus ses ondes car les opérateurs de téléphonie ont payé cher pour y être

Julien Périlleux : J’ai commencé avec le Workbench pour voir la faisabilité en système Shure et j’ai d’autres logiciels pour en venir à bout. Il faut que je prenne en compte des intermodulations créées par la grue mais qui n’intermodulent qu’avec une partie HF du chœur des enfants car il y a au moins 40 à 60 mètres de distance entre les deux. Il n’empêche que mes antennes voient les deux émissions.
Je n’ai toujours pas trouvé le logiciel parfait mais j’avance par petits bouts. Enfin j’ai un logiciel qui me permet de voir que je n’ai pas de fréquences qui arrivent dans le spacing des autres. Cette année c’est différent car avec un micro numérique j’ai un encombrement spectral légèrement supérieur à celui d’une porteuse analogique.

SLU : De quel ordre ?

Julien Périlleux : Les ULX-D ont 350 kHz d’encombrement (largeur de bande de modulation) par fréquence porteuse et l’ANFR a l’habitude de donner des fréquences tous les 200 kHz. On a donc dû modifier leur « masque » pas plus tard qu’hier pour qu’ils incorporent le fait que tous mes micros ont besoin de 350 kHz. Je ne détaille plus leur nature analogique ou numérique, cela deviendrait un casse-tête et j’en ai désormais beaucoup plus en numérique, mais je dispose maintenant d’un espacement de 350 kHz. Si un journaliste demande une fréquence à l’ANFR, je suis certain qu’elle sera à 350 kHz et donc sans risque pour moi.

Quelques-uns des packs émetteurs Shure ULX-D utilisés pour la chorale des enfants et de l’Armée Française

Quelques-uns des packs émetteurs Shure ULX-D utilisés pour la chorale des enfants et de l’Armée Française

SLU : Qui décide entre toi et l’ANFR ?

Julien Périlleux : Eux bien sûr, ils représentent l’autorité. On se connaît bien, ce qui est un avantage mais je propose et ils disposent. Le fait d’avoir cette proximité simplifie en revanche nos relations. On va se voir mutuellement grâce aussi au fait que leur camion est à 30 mètres de notre régie. Outre l’ANFR, les militaires sont aussi présents au niveau du suivi HF mais ils s’intéressent plus au bas du spectre UHF qu’au haut et bien entendu à toutes les menaces comme les drones.

SLU : On parle de brouillage…

Julien Périlleux : Il y en a un qui peut rentrer sur les remotes Showlink des Axient qui sont en 2,4 GHz et est dû aux fusils impulsionnels anti-drones. Heureusement comme ces derniers envoient des salves HF de 10 secondes, je peux me permettre de perdre l’accès à mes micros sur des laps de temps aussi courts.
J’ai aussi deux liaisons sécurisées sur le colonel de la garde qui va rendre les honneurs au Président de la République qui peuvent souffrir. Outre ces deux fréquences « main » il en a 8 de spare donc la continuité est garantie. C’est le même dispositif que l’année dernière qui a donné pleine satisfaction.

La HF c’est simple comme un fil que tu ne roules pas à la fin…

SLU : C’est drôle, avec toi la HF paraît simple

Julien Périlleux : Quand on y réfléchit un peu, la HF n’est que de la physique, et durant les cours que je donne à l’INA ou au CFPTS, je rappelle que ce n’est qu’un phénomène physique modélisable mathématiquement et qui marche pour peu qu’on respecte bien la totalité des paramètres. Depuis le début des répétitions, nous n’avons pas connu un seul problème de HF ou une fréquence perturbée. Bien sûr l’expérience joue aussi son rôle.

SLU : Tu travailles avec le seul Workbench. Tous les modèles de micros cohabitent ?

Julien Périlleux : Absolument, les ULX-D, UHF-R et Axient sont tous sur un seul et même réseau avec ce logiciel pour prendre la main et visualiser les états.

SLU : Cela fait beaucoup de monde pour lui non ?

Julien Périlleux : Il rame c’est vrai, et cela malgré un macBook Pro tout neuf. Il faut dire que sans les Axient, il voit 101 dispositifs. On aura une discussion et une remontée d’expérience avec Shure à l’issue de cette prestation.

L’équipe de Fréquence au grand complet avec Julien Périlleux, Charlotte Verriez et Pauline Mary

L’équipe de Fréquence au grand complet avec Julien Périlleux, Charlotte Verriez et Pauline Mary

SLU : On est bien d’accord, un dispositif (device) c’est un rack…

Julien Périlleux : Qui peut contenir 2 ou 4 récepteurs ! Je compte aussi dans les « devices » les splits et notamment les splits Axient qui me permettent de faire beaucoup de choses comme filtrer ou agir en termes de PAD avec un pas d’un dB sur ce qui rentre dans le rack, utile dans la gestion des bruits de fond.

SLU : Le gain tu peux le régler aussi ailleurs ?

Julien Périlleux : Tout à fait. J’ai le gain de mes antennes pour compenser le câble (les pertes). Dans la matrice, comme dans celle d’intercom, je peux faire des gaps entre guillemets par crosspoint entre chaque rack et enfin dans chaque rack je peux refaire un gain. Je ne m’autorise pas plus de 3 dB pour éviter des rapports difficiles. Le plus dur c’est de construire les racks (rires) ! On s’y est mis à trois.


SLU : A propos de personnes, tu es seul pour t’occuper de ta régie HF ?

Julien Périlleux : Non, je suis assisté de Charlotte Verriez et Pauline Mary, et elles sont sur ce projet depuis deux semaines. Elles ont commencé avec moi tout le design et depuis elles s’occupent de la gestion de tout ce que je ne fais pas. De mon côté je suis sur mon interface pour écouter les liaisons, une SD5 DiGiCo.

SLU : Tu sors tout en numérique ?

Julien Périlleux : Les Axient sont en AES, le reste en analogique. C’est un besoin des consoles qui gèrent les micros et n’ont pas assez d’entrées numériques. Comme j’adore l’ULX-D, c’est presque mon dada ce produit, et qu’il dispose d’un port en Dante, il se pourrait que l’année prochaine nous travaillions tout en Dante. C’est quand même dix fois mieux !

Une paire d’antennes Sennheiser perdues en haut d’un réverbère. Julien a dit vrai !

Une paire d’antennes Sennheiser perdues en haut d’un réverbère. Julien a dit vrai !

SLU : La latence de l’ULX-D ne te gêne pas comparé à celle de l’Axient ?

Julien Périlleux : De mémoire l’ULX-D a 2,8 ms en Dante et 3,2 ms en analogique là où l’Axient retarde de 0,57 ms. Non, je ne ressens pas de gêne mais tu sais, je ne fais pas de son, je gère de la HF et puis il ne faut pas oublier qu’il s’agit de sonorisation.
Il y a un panachage entre les différentes technologies mais avec du bon sens. Les systèmes les plus rapides sont placés face à des sources très sonores qui impliquent peu de gain et donc moins de repiquage du son ambiant.

SLU : Et pour les antennes ?

Julien Périlleux : De l’hélicoïdale Shure classique et de la Wisycom en fibre ; cette dernière est sans doute ce qui se fait de mieux. A 1500 € pièce elle est chère mais derrière tu n’as plus aucun problème. J’ai aussi quelques Sennheiser actives car il m’en manquait !

L’interphonie new look est arrivée

SLU : Et pour l’interphonie ?

Julien Périlleux : J’ai une matrice télé Clearcom Eclipse HX Médian, avec des cartes analogiques, MADI et FreespeakII et j’ai mis des panneaux à tout le monde. Cela me permet de simplifier les communications car les talkies et les Overline arrivent dessus. Les assistants son qui se trouvent sur le musoir et s’occupent des fanfares ont des FreespeakII en 1,9 et 2,4 GHz. J’ai énormément investi dans cette technologie du DECT pour les Victoires de la Musique où, cette année, j’ai retiré beaucoup d’HF.

Le rack qui fait parler tout le monde avec tout le monde et, sentant bon le neuf, un Clearcom Eclipse HX Médian, matrice intercom dernier cri, à peine rentré dans l’inventaire de Fréquence.

Le rack qui fait parler tout le monde avec tout le monde et, sentant bon le neuf, un Clearcom Eclipse HX Médian, matrice intercom dernier cri, à peine rentré dans l’inventaire de Fréquence.

SLU : Faisons un point interphonie au sens large. On a les liaisons de régie en régie dans la boucle Optocore, un grand classique…

Julien Périlleux : Ensuite dans la boucle RockNet, on a des interfaces C44 (Riedel) avec des beltpacks C3 pour toutes les sous-régies. Je récupère les signaux ici en régie avec un C44 et je les réinjecte dans la matrice Clearcom pour séparer toutes les liaisons.
J’ai fait des party lines avec le Riedel, l’Overline et les talkys parce que cela permet de synchroniser la descente des troupes; j’ai les panneaux d’intercom placés aux points stratégiques qui font qu’il est possible de parler aux assistants.
J’ai une liaison en 4 fils avec la tente où les jeunes choristes reçoivent leur pack et leur micro et enfin l’Overline qui sert à donner toute leur liberté aux 2 assistants qui descendent les Champs et font ouvrir et fermer les enceintes au bon moment.
L’avantage de ce dernier système, que j’ai loué, réside dans sa puissance d’émission qui me garantit que malgré les feuilles et les branches pleines de flotte qui entourent mes antennes dans les arbres et qui créent une absorption maximum, je n’aurai pas de coupures.

SLU : Peut-on dire que tu as créé une sphère de réception HF qui englobe la Concorde et remonte de 400 mètres sur les Champs ?

Julien Périlleux : Euuhhh, oui, c’est à peu près ça. On capte la Légion 400 mètres avant notre régie. On les équipe en ULX-D à Clemenceau et je peux vérifier chaque émetteur dès qu’ils sont allumés même s’ils ne sont pas plein RF. Dès qu’ils déboulent sur les Champs, je les revérifie tous un par un, et dès que je les ai tous pleine balle en HF, je donne le top à l’audio prémix et mix et ces derniers peuvent, sur ordre des militaires, les faire apparaître dans le mix final, ce qui déclenche les premiers plans des télés.

SLU : Si tu as une liaison qui plante de manière vilaine, qui l’isole ?

Julien Périlleux : Pas moi. Je le signale dès que je détecte un pain et c’est à l’audio qu’elle sera mutée. Je pourrais le faire avec le Workbench mais ça va plus vite comme ça. Si en plus c’est un faux contact du micro et que j’ai de la RF, je peux ne pas le voir. Ils s’en occupent de leur côté. Ce sont des bons cas d’école pour l’INA (rires) !

Le rack des ULX-D, des récepteurs très sobres car conçus initialement par Shure pour l’installation et existant en 2 ou 4 unités par rack.

Le rack des ULX-D, des récepteurs très sobres car conçus initialement par Shure pour l’installation et existant en 2 ou 4 unités par rack.

SLU : A quoi te sert justement le Workbench sur ce genre d’énorme production ?

Julien Périlleux : D’abord pour toute la programmation, la visualisation de mon spectre et bien sûr le monitoring RF. L’audio je le suis grâce à ma console où passent tous les HF. Je scanne aussi avec mon Rohde & Schwarz qui est branché sur les antennes de réception afin qu’il me renseigne précisément sur le problème et le niveau qui rentre dans les récepteurs, sinon cela ne sert à rien (il tapote sur son analyseur NDR). Tu vois, la TNT atteint -60 dBm là où en salle on la retrouve plutôt à -80.

Sur le Rohde & Schwarz de Julien, une balade dans le spectre présent à 18 mètres de haut dans ses antennes, les mêmes qui captent les quelques mW des émetteurs micro. Ici nous avons la 4G à 800 MHz, plus exactement de 790 à 823 MHz. Ce que l’on visualise sont les faisceaux descendants, pylône > mobile.

Sur le Rohde & Schwarz de Julien, une balade dans le spectre présent à 18 mètres de haut dans ses antennes, les mêmes qui captent les quelques mW des émetteurs micro. Ici nous avons la 4G à 800 MHz, plus exactement de 790 à 823 MHz. Ce que l’on visualise sont les faisceaux descendants, pylône > mobile.

La totalité du spectre allant de 470 à 868 MHz avec à gauche la TNT et à droite bien collés les uns aux autres, nos 3 opérateurs et la 4G. Les micros HF se faufilent entre les canaux TNT et Julien place dans un canal TV de 8 MHz jusqu’à 16 micros en fonction de leur présence ou pas sur une même zone.

La totalité du spectre allant de 470 à 868 MHz avec à gauche la TNT et à droite bien collés les uns aux autres, nos 3 opérateurs et la 4G. Les micros HF se faufilent entre les canaux TNT et Julien place dans un canal TV de 8 MHz jusqu’à 16 micros en fonction de leur présence ou pas sur une même zone.


SLU : Nous sommes le 12, vas-tu effectuer quelques essais une fois qu’AMP, le prestataire des diffuseurs TV, aura déployé ses propres antennes ?

Julien Périlleux : Je coordonne la HF des deux donc ça ira sans problème, mais comme je connais Pierre Chenot (Monsieur HF chez AMP NDR) et qu’on s’entend très bien, demain (le 13 juillet NDR) je vais mettre en place une centaine d’émetteurs sur le musoir pour qu’on puisse générer les éventuelles interférences qui le gêneront dans la réception de ses signaux sur les antennes qu’il va placer dès cet après-midi à 35 mètres de hauteur derrière l’obélisque et contre ses cars régie.
L’énergie développée par les 100 émetteurs du test et a fortiori par les 178 qui émettront simultanément lors de l’animation finale, va lui faire un énorme nuage électromagnétique au-dessus de la chorale des enfants – même si ces derniers vont en absorber une partie – qu’il va prendre en plein dans ses antennes (avec du gain) placées à quelques dizaines de mètres. S’il a pris trop de gain, cela pourrait être gênant, d’où cet essai.

La Tribune Présidentielle le 12 juillet au matin. Dès l’après-midi AMP va prendre possession de l’arrière de la Condorde et va y déployer une nacelle à 35 mètres de haut, 12 de plus que l’Obélisque de Louxor qui l’orne.

La Tribune Présidentielle le 12 juillet au matin. Dès l’après-midi AMP va prendre possession de l’arrière de la Condorde et va y déployer une nacelle à 35 mètres de haut, 12 de plus que l’Obélisque de Louxor qui l’orne.

SLU : Est-ce que tu laisses tes émetteurs allumés le jour J pour être certain d’avoir tes fréquences libres ?

Julien Périlleux : Non. Je suis contre cette façon de faire car il faut laisser de la place à tout le monde. Je ne suis pas le seul à avoir besoin d’émettre. Je laisse en revanche mes récepteurs allumés pour voir ce qui arrive sur les fréquences.

C’est Shure que je t’aime très fort. Plein RF !

SLU : Tu me sembles un peu raide dingue de Shure toi…

Julien Périlleux : Je vais te dire pourquoi. Outre l’aspect technique qu’on a déjà évoqué, il y a aussi les relations que j’entretiens avec Algam qui les distribue et qui n’a rien à voir avec celles que je peux avoir avec les constructeurs. D’abord il y a du stock en France, ce qui est extrêmement rare…(Du stock…presque un gros mot NDR). Combien de fois je les appelle le vendredi à 19 heures et je leur demande s’ils peuvent livrer le lundi ou le mardi matin. Lorsque j’ai rentré les nombreuses nouvelles liaisons pour le défilé, j’ai été livré comme convenu trois jours avant le début du montage.

SLU : Quel est ton parc Shure ?

Julien Périlleux : J’ai 100 ULX-D, 24 Axient…

Les racks de récepteurs Axient avec leur affichage sur fond noir et des bons vieux UR4 tout autant analogiques mais presque préhistoriques comparés à leurs illustres hybrides de cousins

Les racks de récepteurs Axient avec leur affichage sur fond noir et des bons vieux UR4 tout autant analogiques mais presque préhistoriques comparés à leurs illustres hybrides de cousins

SLU : C’est peu pour un produit aussi chouette…

Julien Périlleux : C’est le plus gros parc français d’Axient, et si ça ne dépendait que de moi j’en aurais plus car c’est LA liaison, seulement son prix est à l’image du produit. Prix public, ça coûte 8500 € le récepteur soit 4 fois le prix de l’ULX-D. Les émetteurs sont abordables, à part ceux à main, mais les récepteurs… La technologie, le contrôle à distance, le filtrage, la sélectivité…
Pour moi c’est LE produit phare de la HF, il n’y a pas mieux aujourd’hui que l’Axient. Des gens dont l’audio est le métier pourront dire que tel modèle ou telle autre marque sonne mieux, mais en HF hybride, on ne fait rien de mieux. Mon préféré reste malgré tout l’ULX-D car, lorsque tu fais partir un kit pour un client, tu peux y aller les yeux fermés. Ca se programme très facilement. En RF c’est top. En audio, latence mise à part, c’est parfait, et puis aucun constructeur ne parvient à descendre sous la barre des 2 ms. Le récepteur coute le même prix qu’un UHF-R.

SLU : C’est désormais un vieux produit l’UHF-R…

Julien Périlleux : J’attends avec impatience son remplaçant. Il devrait se positionner entre l’Axient et l‘ULX-D en empruntant aux deux. Je le sens bien numérique avec les capacités de gestion de réseau de l’Axient. Je sais que tu vas m’objecter la latence, mais de nombreux artistes finissent par s’y faire, et non des moindres. C’est vrai aussi que certains l’entendent et que je fais attention à ne pas trop mélanger analogique et numérique. Au pire, comme tu le dis, il suffit de retarder les analogiques pour les aligner sur les numériques et retrouver une phase cohérente.

SLU : Tu n’as pas dit une seule fois que le resserrement des fréquences lié à la TNT et à la vente aux opérateurs de tranches de spectre te pose problème. C’est rare dans la profession.

Julien Périlleux : Je n’ai aucune fréquence en parc qui va au-dessus de 698 MHz et jusqu’en 2019 on a l’autorisation d’aller jusqu’à 702. Il y a encore de quoi travailler mais en numérique. En analogique j’aurais eu un peu de mal à caser 200 fréquences en dessous de 700 MHz ! L’autre avantage du numérique tient dans ses puissances d’émission plus faibles et donc à la baisse de la distorsion d’intermodulation entre deux émetteurs.
Pourquoi ? Un émetteur analogique est comme ta vieille télé. Si tu n’’es pas pile sur la bonne fréquence (et même si, NDR) t’as du bruit, mais tu gardes un peu de signal. Avec la TNT ça commence par des damiers et ça se termine par un « no signal », le noir. Les micros HF c’est pareil. Quand l’ULX-D n’a plus assez de RF, il coupe, mais comme on ne véhicule que des 0 et des 1, par définition très différents, on peut émettre beaucoup moins fort. Si j’émets moins fort, j’ai moins de produits générés, sans oublier les modulations numériques qui sont beaucoup moins assujetties aux intermodulations. On peut espacer de 350 kHz.

Une partie des racks de Fréquence avec en noir et blanc des récepteurs ULX-D numériques et en noir et jaune/vert des UR4 analogiques.

Une partie des racks de Fréquence avec en noir et blanc des récepteurs ULX-D numériques et en noir et jaune/vert des UR4 analogiques.

SLU : Pour finir, Fréquence ta société va bien ?

Julien Périlleux : Je suis petit mais dès la rentrée Il y a des gens qui vont rentrer en fixe et cela ne fait que 4 ans que j’existe sous mon nom et avec mon label.

SLU : Que dit ton banquier de tels investissements, t’as fait très fort en 2016!

Julien Périlleux : Honnêtement il s’en moque, 14 juillet ou pas. Le précédent était fan de foot donc il était content quand je lui disais que je collaborais aux retransmissions, mais à part ça, business is business !

Conclusion 2ème partie

Les ondes vous donnent le mal de mer et vous ne jurez que par le cuivre et la fibre, pas de problème, dans quelques jours, la troisième et dernière partie de notre reportage au cœur des équipes de BS Technology, ne portera que sur du filaire.
Captation, mixage, matriçage, redondance à tous les étages, vous saurez tout sur la semi DiGiCo avec ses 6 consoles et autant de techniciens rompus à l‘exercice et mixant au pas. Hop deee, hop deee…

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Pour le défilé du 14 juillet 1ère partie

BS Technology et Shure battent le pavé et le record de liaisons actives

On ne le sait pas devant sa télé, mais le défilé du 14 juillet est une véritable prouesse qui nécessite un immense travail en amont, un dévouement de tous et une organisation parfaite où militaires et civils ne font qu’un.
Cette année BS Technology avec la complicité de Fréquence a réalisé l’exploit de faire cohabiter 204 liaisons HF Shure et 60 autres fréquences occupées par les autres prestataires, sans la moindre anicroche. On appelle ça un record du monde et on vous le raconte en trois parties !

BS Technology et Shure 14 Juillet

1ère partie, l’interview d’Eric L’Herminier

« Je t’attends à la régie son, en bas des Champs à 5 heures du matin. » Le mail de Jérôme Hardy technico commercial IDF pour Algam, claque comme un deuxième classe qui croise un général.
C’est parfois dur la vie de reporter chez SoundLightUp, jusqu’au moment où l’on découvre une ville libérée des voitures et des parisiens, d’une infinie beauté grâce au soleil qui l’éveille en caressant ses monuments, et qu’un café chaud atterrit dans vos mains en guise de bonjour.

Eric l’Herminier et à droite Jérôme Hardy photographiés sur la Tribune Présidentielle. C’est ce dernier qui porte un blouson BS Technology et Eric n’a pas celui Shure…

Eric l’Herminier et à droite Jérôme Hardy photographiés sur la Tribune Présidentielle. C’est ce dernier qui porte un blouson BS Technology et Eric n’a pas celui Shure…

Comme toujours avec les professionnels rompus à l’exercice, Eric L’Herminier le boss de BS Technology est d’une sérénité contagieuse.
Ce n’est pourtant pas une mince affaire le défilé du 14 juillet, et la longue matinée de répétitions auxquelles on va assister ce 12 juillet, va en être la preuve éclatante.
Encore plus qu’ailleurs, rien n’est laissé au hasard. Sa barbe a blanchi mais pour le reste rien n’a changé chez Eric que j’ai le plaisir de connaitre depuis le début des années 80, surtout pas son énergie communicative et son franc parler.

SLU : C’est une véritable ruche les coulisses du défilé.

Eric L’Herminier : Normal, le défilé est l’une des émissions de télé les plus regardées avec les jeux olympiques et la finale perdue de l’Euro (rires) !

SLU : Comment es-tu arrivé à décrocher cette presta ?

Eric L’Herminier : Par un appel d’offres, tout simplement. Cela fait presque 20 ans que je collabore à cet événement, et je travaille pour l’armée depuis 1980.

Le jour se lève sur Paris et des soldats Maori répètent le défilé pieds nus…applaudis par les personnes présentes sur une tribune présidentielle emballée comme une voiture neuve

Le jour se lève sur Paris et des soldats Maori répètent le défilé pieds nus…applaudis par les personnes présentes sur une tribune présidentielle emballée comme une voiture neuve

SLU : Ça crée des liens…Tu n’étais pas BS Technology à l’époque.

Eric L’Herminier : Non, c’était Référence dont j’étais directeur technique et BS Technology depuis 2007 dont je suis gérant. On travaille le son, la lumière et la vidéo et on est très actif sur le Maghreb et l’Afrique noire avec une base en Tunisie. Nous équipons des plateaux télé et faisons de la prestation dans beaucoup de pays.

SLU : Vous êtes combien chez BS Technology ?

Eric L’Herminier : Quatre. Je suis de permanence ici et les trois autres sont à la société car nous n’avons pas que le défilé (sourire).

SLU : Savoir gérer ce genre d’événement et d’équipe, ce n’est pas banal…

Il fait corps avec son véhicule, le seul, le vrai, le Chef Michael Delorme, le runner qui connaît chaque pavé des Champs-Elysées

Il fait corps avec son véhicule, le seul, le vrai, le Chef Michael Delorme, le runner qui connaît chaque pavé des Champs-Elysées

Eric L’Herminier : Ça s’apprend, sur le tas. On est parti de zéro avec, bien sûr des compétences, et puis d’année en année on a évolué au gré des demandes et des avancées techniques.
Quand nous avons pris cette affaire, elle tournait par exemple en ligne 100 volts donc en tout ou rien. Il y avait des cabines Algeco avec des techniciens qui isolaient manuellement des zones des 300 mètres en disjonctant des amplis…
Les militaires nous ont demandé dans les années 90 de moderniser l’ensemble et petit à petit nous en sommes arrivés à ce que l’on propose aujourd’hui.

Sans doute Elysées mais un peu aussi Electromagnétiques ces Champs

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Pour bien saisir la nature du dispositif technique et pour le plaisir de l’avoir fait, nous avons eu la chance de parcourir en P4 le bas des Champs-Elysées entre le Rond-Point et la Concorde en compagnie de Jérôme Hardy.

SLU : Il y a toujours des enceintes agrippées aux platanes et aux réverbères !

Une des innombrables enceintes accrochées dans les platanes des Champs et diffusant la musique militaire indispensable aux troupes à pied

Une des innombrables enceintes accrochées dans les platanes des Champs et diffusant la musique militaire indispensable aux troupes à pied

Eric L’Herminier : Oui, mais elles sont désormais en basse impédance et portent chacune un nom de telle sorte à les alimenter en signal depuis la console de matriçage placée dans la régie son à la Concorde au travers de sous-régies qui hébergent les amplis.
Des amplis Carvin qui acceptent des charges très « particulières » liées à des longueurs de câbles peu communes (rires) ! On dispose d’une enceinte tous les 25 mètres.
On les accroche à la nacelle à partir du 10 juin. Il y en a environ 120, des PL15, un 15’’ et un moteur. Elles sont très solides et surtout ne craignent pas l’humidité. Peut-être vais-je les prochaines années tout passer en Bose.
Le signal est transporté grâce à plusieurs fibres sur un réseau RockNet de Riedel qui est totalement redondé. Il n’est évidemment pas question qu’un tel événement puisse subir la moindre panne.

Une régie 100 % DiGiCo

SLU : Comment s’est fait le passage au numérique ?

Eric L’Herminier : Ici aussi avec le temps. Au départ nous étions en analogique et depuis six ou sept ans nous avons basculé dans le numérique. Aujourd’hui nous sommes 100 % DiGiCo.

SLU : Pourquoi le choix de cette marque ?

Eric L’Herminier : Parce que quand nous avons commencé à prospecter, la seule marque qui a été vraiment intéressée à ce challenge a été DiGiCo, certaines autres et non des moindres, n’ont pas donné suite. Nous avons utilisé ce qui était le plus puissant en termes de voies donc SD7, SD8, SD5 et le feeling reste très bon avec eux. On connait désormais ces tables, et on ne va certainement pas prendre de risques à changer pour le plaisir, même si certaines autres marques et modèles pourraient faire le job aussi bien.

Les départs fibre en RockNet dans la régie son à la Concorde

Les départs fibre en RockNet dans la régie son à la Concorde

SLU : Et le RockNet ?

Eric L’Herminier : Nous avons opté pour ce système car lorsque nous avons décidé de numériser le transport du signal, c’était le seul disponible. Aujourd’hui on pourrait avec de l’Optocore ou bien d’autres mais pas à l’époque et une fois encore, c’est fiable, on connaît le système, on a un excellent support technique avec Riedel et on gère avec aussi bien l’interphonie que la vidéo en plus de l’audio.

SLU : La vidéo ?

Eric L’Herminier : Oui, nous avons une caméra sur la ligne de départ du défilé qui nous donne une image des Champs, en régie son comme dans le bocal des militaires et nous sert à suivre en temps réel le déroulé du défilé. Nous avons aussi un système de feu rouge piloté à distance et qui sert à freiner le départ ou le passage des troupes. Tout ça passe par le RockNet.

Une rare image du PC Concorde prise depuis la P4. Il s’agit du bocal depuis lequel est cadencé à vue le défilé par une équipe de militaires rompus à cette tâche, un lieu hautement stratégique avec une vue des Champs, de la Concorde comme du ciel pour voir arriver les moyens aériens. A l’instant où cette image a été prise, la diffusion a attaqué un morceau. On peut vous certifier que sur les Champs il y a du son, fort et clair. Bien entendu peu ou pas de basses, mais le reste du spectre est parfaitement reproduit.

Une rare image du PC Concorde prise depuis la P4. Il s’agit du bocal depuis lequel est cadencé à vue le défilé par une équipe de militaires rompus à cette tâche, un lieu hautement stratégique avec une vue des Champs, de la Concorde comme du ciel pour voir arriver les moyens aériens. A l’instant où cette image a été prise, la diffusion a attaqué un morceau. On peut vous certifier que sur les Champs il y a du son, fort et clair. Bien entendu peu ou pas de basses, mais le reste du spectre est parfaitement reproduit.

SLU : On imaginait les militaires plus dans leur monde et leurs systèmes.

Eric L’Herminier : Non, on travaille en étroite collaboration et on se connaît très bien puisque ce sont les mêmes équipes qui ont en charge le défilé chaque année. Nous avons pris des habitudes de travail en commun qui marchent bien.
Il y a eu des incompréhensions au début entre les deux ce qui est normal mais aujourd’hui on dialogue très bien et quand nous avons des propositions techniques à leur faire, ils nous écoutent, là où au tout départ ils achetaient même leur matériel son. A leur décharge, nous ne connaissions pas leurs impératifs, et Dieu sait qu’il y en a, ne serait-ce qu’au niveau de la sécurité.

SLU : Comment peut-on définir le défilé, comme un spectacle avec des variables chaque année ?

Eric L’Herminier : En quelque sorte. Il y a le tronc commun qui est le défilé à proprement parler, et un certain nombre d’animations au début et à la fin, qui changent chaque année suivant ce que le Ministère de la Défense et la Présidence souhaitent mettre en lumière.

SLU : Y a-t-il des similitudes entre un gros spectacle et le défilé ?

Eric L’Herminier : Oui, il peut y avoir des changements de dernière minute comme dans un show. En revanche tout est minuté à la seconde près. Un avion ne fait pas marche arrière ! Je me souviens d’une année où les cavaliers ont un peu traîné place de la Concorde au moment où les hélicos passaient pile à l’heure. Certains se sont retrouvés assis par terre devant la tribune (rires) !
Tout est topé et répété ici chaque matin et bien avant sur la piste de Villacoublay où les Champs-Elysées sont tracés chaque année. Le défilé aérien est répété sur la base de Châteaudun. Le 14 cela doit être impeccable, et si des doutes subsistent, on peut aussi répéter le 13 juillet.

Les troupes néo-zélandaises en pleine répétition. Une des variables du défilé 2016

Les troupes néo-zélandaises en pleine répétition. Une des variables du défilé 2016

SLU : Autour de nous des troupes répètent et défilent. Sommes-nous en train de vivre un vrai filage ?

Eric L’Herminier : Non justement, c’est encore une différence avec un vrai spectacle. Les militaires ne répètent que morceau après morceau de défilé, ce qui complique encore notre tâche puisque nous ne pouvons pas travailler dans les conditions identiques à celles du 14. Ce que tu entends dans les enceintes c’est le début du défilé où les avions sont passés (il faut un peu d’imagination NDR) et c’est la Musique des Sapeurs Pompiers qui joue depuis le Rond-Point des Champs.
Hop, on enchaîne dans le tempo avec celle de la Garde Républicaine depuis le musoir (esplanade terminant la descente des Champs Elysées et se trouvant à jardin de la tribune présidentielle NDR). Le tempo est soigneusement gardé pour les troupes qui défilent. (Transition parfaitement dans le tempo et à tempo constant ! NDR) Honnêtement, ce sont tous d’excellents musiciens.

La Garde Républicaine à gauche, la fanfare de l’Armée de l’Air au centre et celle de l’Armée de Terre à droite, sans oublier celle des Sapeurs-Pompiers qui joue au rond-point Clémenceau. Les fanfares s’entendent l’une l’autre par proximité ou bien via un retour mis à leur disposition aux pieds du chef de musique pour garder le tempo quand elles font la bascule.

La Garde Républicaine à gauche, la fanfare de l’Armée de l’Air au centre et celle de l’Armée de Terre à droite, sans oublier celle des Sapeurs-Pompiers qui joue au rond-point Clémenceau. Les fanfares s’entendent l’une l’autre par proximité ou bien via un retour mis à leur disposition aux pieds du chef de musique pour garder le tempo quand elles font la bascule.

Un défilé, un marché comme les autres ?

SLU : BS Technology décroche l’affaire. Quel est exactement le marché ?

Eric L’Herminier : Tout ce qui concerne la captation audio HF et filaire des fanfares, musiques, chœurs, ordres et éventuellement présentation, le mixage de tout ça, le matriçage et la diffusion sur les Champs pour les troupes et sur la place de la Concorde pour la tribune présidentielle et enfin la fourniture des signaux aux télévisions. Un mix stéréo complet.

SLU : Les ordres, tu parles du réseau d’ordres ou bien d’ordres donnés par les militaires dans le cadre du défilé ?

Eric L’Herminier : Non, des ordres par exemple de garde à vous qu’un gradé donne quand le Président de la République arrive en haut des Champs pour accéder à la Command Car avec laquelle il passe en revue les troupes. Ce type d’ordre est donné au pied de l’Arc de Triomphe et doit être répercuté jusqu’en bas des Champs par l’ensemble de la diffusion. Mais certains ordres peuvent n’être diffusés qu’à des endroits ponctuels, d’où un maillage sélectif des points de diffusion.

Le camion « balai » qui vient installer et retirer les quelques enceintes sur pied ou posées à même le sol nécessaires à garantir une couverture homogène. Le rôle de ce véhicule est essentiel puisqu’au moment où la circulation est rendue à des parisiens très impatients, il est arrivé que des Bose 802 soient vite fait chargées dans le coffre. Il ne faut donc pas traîner à tout remballer

Le camion « balai » qui vient installer et retirer les quelques enceintes sur pied ou posées à même le sol nécessaires à garantir une couverture homogène. Le rôle de ce véhicule est essentiel puisqu’au moment où la circulation est rendue à des parisiens très impatients, il est arrivé que des Bose 802 soient vite fait chargées dans le coffre. Il ne faut donc pas traîner à tout remballer

SLU : Indispensable pour les Légionnaires qui ont leur musique !

Eric L’Herminier : Exactement. Il faut les repiquer et les diffuser en lieu et place des trois fanfares qui s’alternent et qui animent le défilé depuis le musoir de la place de la Concorde.
On suit la Légion durant leur lente descente en fermant la musique d’ambiance devant eux et en rouvrant derrière. Et on diffuse leur son dès qu’ils sont en vue depuis la place de la Concorde et la Tribune Présidentielle. Il y a donc un gros boulot de matriçage et de suivi dynamique.

SLU : Cela doit être coton techniquement comme humainement le Défilé…

Eric L’Herminier : Il y a 50 personnes réparties sur les différents sites.

SLU : Comment as-tu pu fédérer une équipe que je soupçonne n’être composée que de cadors ?

Eric L’Herminier : Ce sont toujours les mêmes et ils viennent depuis le début. L’expérience pour ce genre d’événement est indispensable. Il s’agit d’intermittents que je connais parfaitement et je peux t’assurer qu’ils réservent déjà leur place pour l’année prochaine. Personne ne laissera la sienne (rires) !

SLU : Et si le Président veut prendre la parole ?

Eric L’Herminier : Généralement on le sait à l’avance et un filaire et un HF sont prêts, sinon il y a le micro du colonel de la garde qui présente son régiment. On a toujours une solution, il le faut.

SLU : Revenons à la diffusion de votre mixage. Peut-on dire que sur les Champs vous faites des retours et Place de la Concorde de la face ?

Eric L’Herminier : C’est exactement ça. La diffusion des Champs n’est pas pour le public, d’autant qu’elle ne provient que de Jardin quand on regarde l’Arc de Triomphe, mais sert aux troupes pour marcher au pas. La diffusion à la Concorde sert en partie pour maintenir la cadence des troupes mais aussi et surtout à créer une bulle de son très qualitative pour la tribune Présidentielle où tout se doit d’être parfait. Ah bonjour mon général… (Il baisse la voix). C’est mon client !

Tu en as beaucoup ? Ce n’est pas assez ! Il m’en faut trop !

Un aperçu des racks de récepteurs Shure déployés par Fréquence

Un aperçu des racks de récepteurs Shure déployés par Fréquence

SLU : Allez on attaque. Combien de filaires et d’HF gérez-vous ?

Eric L’Herminier : On a environ 300 HF et 100 filaires. Peu de filaires par rapport à certaines années où nous avons par exemple un symphonique à repiquer en plus. Nous avons aussi une tache extrêmement importante et qui est de créer et tenir à jour le plan de fréquences pour tout le monde, y compris les prestataires vidéo, ce qui évite les problèmes. C’est Julien Périlleux de Fréquence qui s’en charge.
Pour la petite histoire, au début des années 2000 on avait déjà battu le record du plus grand nombre de liaisons simultanées. On va en faire de même cette année. Le numérique permet cela, si nous étions encore en analogique pur, ce serait absolument impossible. Déjà on a eu du mal (rires) !

Le dais où les 300 jeunes choristes sont équipés et déséquipés de packs émetteurs. Un micro par groupe de 4 enfants. Il s’agit d’élèves de différentes académies qui ont gagné des concours de chant de l’éducation nationale. Ils viennent de la France entière. Les jeunes du Service Civil les ont épaulés et ont aidé à l’organisation toute entière du défilé.

Le dais où les 300 jeunes choristes sont équipés et déséquipés de packs émetteurs. Un micro par groupe de 4 enfants. Il s’agit d’élèves de différentes académies qui ont gagné des concours de chant de l’éducation nationale. Ils viennent de la France entière. Les jeunes du Service Civil les ont épaulés et ont aidé à l’organisation toute entière du défilé.

Ne cherchez pas, sauf si vous faites partie de l’équipe de BS Technology, vous n’avez jamais vu autant d’émetteurs Shure. Bien entendu, chacun est repéré pour savoir qui a oublié de le rendre et pour pouvoir le retirer du dispositif au cas où il présente un souci de fiabilité durant les répétitions

Ne cherchez pas, sauf si vous faites partie de l’équipe de BS Technology, vous n’avez jamais vu autant d’émetteurs Shure. Bien entendu, chacun est repéré pour savoir qui a oublié de le rendre et pour pouvoir le retirer du dispositif au cas où il présente un souci de fiabilité durant les répétitions

SLU : Quand on parle de centaines de micros et de bodypacks, j’imagine que des personnes ne s’occupent que de cela.

Eric L’Herminier : C’est impossible autrement car en plus on équipe et déséquipe parfois plusieurs fois des personnes, voire on partage une liaison entre deux orchestres qui ne jouent pas ensemble. Certains micros comme des ambiances dont on se sert dans le mix final en revanche restent en place, ce qui n’empêche pas les télés d’en ajouter d’autres pour avoir encore plus la main sur le rendu final et l’habillage de la retransmission.

Des régies à l’abri de tout sauf du talent

SLU : Le mix et le matriçage des sorties sont exécutés ici dans les deux semi ouvertes et camouflées…

Eric L’Herminier : C’est ça. On mixe les différents signaux, les filaires, les HF et chacun le fait sur sa console en prélevant et alimentant une boucle qui réunit tout le monde. On travaille tous au casque. Il y a juste un jour, le 8 juillet, où nous avons réellement mixé. Nous avons passé en revue les différentes fanfares et chœurs pendant un temps donné et avons donc encodé les consoles et effectué une vraie balance. Ce que nous faisons après c’est de l’amélioration ponctuelle et du brassage.

La régie abritant deux SD7, une SD10 et deux SD8, plus une infinité d’autres goodies dont des techniciens de haut vol.

La régie abritant deux SD7, une SD10 et deux SD8, plus une infinité d’autres goodies dont des techniciens de haut vol.

SLU : Combien de consoles y a-t-il en tout ?

Eric L’Herminier : Une dizaine en tout. On part de la captation pour aller à la diffusion finale. Julien par exemple (Périlleux de Fréquence NDR) écoute ses micros HF avec une SD5 au lieu de se balader avec un casque sur les récepteurs. Dans notre régie principale il y a une SD7 qui gère les HF, une SD10 qui est dédiée au musoir où s’alternent trois fanfares, deux SD8 qui œuvrent pour matricer les départs et éviter les trous sonores et une autre SD7 pour le mix final.

Caché derrière les trois fanfares, le stage rack DiGiCo qui reçoit les micros filaires déployés sur le musoir, bien protégé des intempéries comme des fortes chaleurs grâce à des extracteurs qu’on devine en haut à droite et à gauche.

Caché derrière les trois fanfares, le stage rack DiGiCo qui reçoit les micros filaires déployés sur le musoir, bien protégé des intempéries comme des fortes chaleurs grâce à des extracteurs qu’on devine en haut à droite et à gauche.

Au-delà de cette régie, il y a 6 sous régies où on retrouve en plus des amplis, des micros d’ordres, des boucles en fibres et d’autres SD8 et SD9 qui servent à capter d’autres fanfares ou micros qui sont répartis au rond-point des Champs ou ailleurs.
Tout revient ici où l’on centralise, mixe et brasse sauf la fanfare des Pompiers qui l’est au Rond-Point des Champs. On n’a pas trouvé comment faire différemment même si certains signaux parcourent des kilomètres. Mais dans d’excellentes conditions.

SLU : Où trouves-tu tout ce matériel ?

Eric L’Herminier : C’est une bonne question dans la mesure où cela n’est jamais simple et ça change d’une année sur l’autre. La seule constante c’est le fait que nous sommes en période de festivals. Les SD8 sont à nous, le reste il faut le trouver. Pour la HF nous avons établi un partenariat avec Julien Périlleux et sa société Fréquence depuis l’année dernière car il fallait répondre au changement du spectre par l’emploi massif de liaisons numériques.
Sur ce point et d’autres, Julien s’est révélé être le plus performant. Nous avons malgré tout eu une autre personne très efficace durant des années mais j’ai fait un choix que j’assume. La HF est essentielle et ne fait qu’un avec le reste. Julien s’est parfaitement intégré à l’équipe.

La forêt de micros sur pieds repiquant les trois fanfares sur le Musoir une fois les musiciens partis. On distingue les enceintes au sol facilitant l’enchainement dans le tempo, quelque chose de fondamental car leur jeu cadence le pas des soldats qui descendent les Champs. A l’arrière, en rouge, on aperçoit les deux semi-remorques abritant les régies et la nacelle à pantographe, elle aussi bien rouge, portant les antennes de réception des micros

La forêt de micros sur pieds repiquant les trois fanfares sur le Musoir une fois les musiciens partis. On distingue les enceintes au sol facilitant l’enchainement dans le tempo, quelque chose de fondamental car leur jeu cadence le pas des soldats qui descendent les Champs. A l’arrière, en rouge, on aperçoit les deux semi-remorques abritant les régies et la nacelle à pantographe, elle aussi bien rouge, portant les antennes de réception des micros

Shure shot ! Un choix mono marque bien réfléchi

SLU : Pourquoi avoir fait le choix de n’avoir qu’une marque pour la HF cette année ?

Eric L’Herminier : C’est un choix qui convient cette année par rapport au plan de fréquences et au matériel dont dispose Julien. D’autres années nous avons mélangé les marques. Rien n’empêche de le faire et on aurait pu trouver du Sennheiser ou du Sony. Il se trouve que ça simplifiait la vie de Julien d’être 100% Shure. Je crois que c’est la 1ère année que nous sommes mono marque.

SLU : Etablir et tenir à jour ce plan de fréquences est une grosse responsabilité. Comment faire quand un prestataire ne le respecte pas ou bien qu’un inconnu apparaît.

Eric L’Herminier : Nous scannons tout le temps et avons avec nous sur site des ingénieurs de l’ANFR (l’Agence Nationale des Fréquences NDR). Ils sont très, très bien outillés dans leur camion garé à quelques mètres d’ici.

Le camion de l’ANFR dont le calicot cache l’une des antennes mobiles.

Le camion de l’ANFR dont le calicot cache l’une des antennes mobiles.

Ils ont des analyseurs qui valent 150k€ et des antennes directionnelles, ce qui leur permet de retrouver très vite le problème et le résoudre, typiquement en faisant éteindre l’émission non déclarée. Leur présence est indispensable car au-delà de nos émissions très ciblées, il en existe d’autres destinées à brouiller et dépendant de l’état, sans parler de la préfecture qui n’est pas loin. Ici la HF est très, très chargée.

Une des onze X12 L-Acoustics dans son slip sur mesure, une enceinte remarquable de précision et de fidélité.

Une des onze X12 L-Acoustics dans son slip sur mesure, une enceinte remarquable de précision et de fidélité.

SLU : Nous sommes sur la Tribune Présidentielle et le son est remarquable…

Eric L’Herminier : C’est voulu et nécessaire à la fois. Nous avons constitué une bulle de son qui habille ce lieu et une personne a en charge d’offrir le meilleur rendu en calant, via une tablette, les retards pour que l’ensemble des signaux parvenant aux oreilles de nos huiles soit le plus possible en phase.
Nous avons investi cette année pour renouveler les enceintes qui sont accrochées sous le toit tricolore de cette tribune et avons opté pour la X12 L-Acoustics en remplacement de la 12Xt.
Elles sont habillées dans une sorte de slip en lycra. J’ai une couturière qui me les fabrique sur mesure!

SLU : Je vois aussi des Bose au sol dans cette zone stratégique où les troupes bifurquent à gauche ou à droite de la tribune présidentielle, des bonnes vieilles 802…

Une des Bose 802 bien calée par des pattes afin d’arroser les troupes qui défilent devant, avec deux militaires qui se demandaient pourquoi un photographe shootait leurs pieds. Après une brève explication leur sourire est revenu ;0)

Une des Bose 802 bien calée par des pattes afin d’arroser les troupes qui défilent devant, avec deux militaires qui se demandaient pourquoi un photographe shootait leurs pieds. Après une brève explication leur sourire est revenu ;0)

Eric L’Herminier : On a tout essayé, que ce soit sous le toit de la tribune qui réverbère beaucoup comme au sol, même des line array qu’on a arrêtés car offrant un super ping-pong dans tous les sens. La chose qui marche ici c’est la 802, d’où le fait que tu en voies beaucoup posées à même le sol dans leur capot.

SLU : Que vas-tu faire le 14 juillet à midi, partir en vacances méritées ?

Eric L’Herminier : Euuh non ! D’abord on va démonter jusqu’au 20 juillet et puis nous avons d’autres prestations qui tournent comme le festival de Carthage et celui d’Hammamet, les nuits de la Mayenne et un plateau TV à installer en Tunisie donc non, pour les vacances on attendra !

Hardy petit, il m’en faut encore 50 !

Jérôme Hardy dans le Peugeot P4, la remplaçante de la Jeep en voie de disparition après plus de 35 ans de service, grâce à la courtoisie du sergent-chef Delorme qui la pilote de main de maître dans l’avenue la plus connue au monde encore fermée à la circulation.

Jérôme Hardy dans le Peugeot P4, la remplaçante de la Jeep en voie de disparition après plus de 35 ans de service, grâce à la courtoisie du sergent-chef Delorme qui la pilote de main de maître dans l’avenue la plus connue au monde encore fermée à la circulation.

Et puis ce qui devait arriver arrive, un général, oui un vrai de vrai avec des étoiles et pas que plein les yeux, nous a enlevé Eric. On s’est donc tourné vers Jérôme Hardy, technico-commercial IDF d’Algam, l’homme par qui les portes se sont ouvertes sur cette véritable ruche qu’est le défilé. Jérôme qui connaît parfaitement bien ses marques et Shure en particulier.
Le moment est venu de connaître un peu l’envers du décor de cette invasion américaine sur les Champs Elysées !

SLU : Vous en avez déstockées des boites neuves dites donc !!

Jérôme Hardy : On va dire ça comme ça (rires) On a réussi à livrer Fréquence dans des délais courts pour une commande très grosse et lancée trèèèès tardivement.

SLU : C’est Julien qui a décidé cette année de faire confiance à une seule marque de HF ?

Jérôme Hardy : Tout à fait oui. Il nous a fait part de son désir de n’avoir que du Shure pour le 14 juillet mais sans aller au-delà. Sa société Fréquence avait déjà en parc environ 80 liaisons ULX-D achetées en 2015, cette année il a donc rentré le complément pour être en mesure de répondre au cahier des charges 2016 qui implique de faire marcher durant quelques minutes quasiment 200 liaisons simultanément entre la fin de la Légion Etrangère, le chœur de 600 enfants et les Chœurs de l’Armée Française.

SLU : Il est très courageux. Il a investi tout seul une telle somme ?

Jérôme Hardy : Oui. Il doit avoir un grand maximum de 20% de sous-location et pas de prêt de notre part. Il a réussi à se composer un parc avec quelques UHF-R, beaucoup d’ULX-D et le complément en Axient. Shure est bien entendu ravi et nous aurons des personnes de la maison mère qui seront présents le 14.
Même si c’est notre fête nationale, ça devient aussi le 14 juillet de Shure (rires) avec, outre le nombre de liaisons simultanées, des portées atteignant les 250 mètres ce qui nécessite tout le savoir-faire de Julien pour passer dans un spectre bien chargé.

Le mot d’une grande muette sacrément bavarde !

Dirisi

DIRISI IDF/8ème RT

Nous avons enfin eu l’occasion d’échanger quelques mots avec le commandant Christophe Treuil auquel nous avons demandé de nous préciser le montage entre civils et militaires et qui est à la base du défilé.

Christophe Treuil : La maîtrise d’œuvre du défilé du 14 juillet est militaire et le défilé lui-même est placé sous l’autorité du Gouverneur de Paris. Le Cabinet du Gouverneur délègue la maîtrise d’œuvre de la sonorisation à la Direction Interarmées des Réseaux d’Infrastructure et Systèmes d’Information d’Ile-de-France que je représente en tant qu’officier de marque, sans oublier le lieutenant-colonel Dominique Musseau.
C’est cette même DIRISI IDF/8e RT qui supervise le défilé d’un point de vue technique.

SLU : Vous ne vous occupez que d’événements comme le 14 juillet ?

Christophe Treuil : Du tout. Je suis réserviste et n’interviens que 30 jours par an pour m’occuper de cette opération, sans oublier les très nombreuses réunions préparatoires tout au long de l’année avant le jour J. La première pour le défilé 2017 aura lieu le 15 juillet 2016 et sera le débriefing de cette année !

SLU : Il y a autant de changements d’année en année ?

Christophe Treuil : Le défilé n’est jamais écrit d’avance et demande beaucoup de préparation même s’il se produit sur son théâtre habituel, les Champs-Elysées, car il faut savoir que cela n’est pas garanti d’avance. Il a parfois eu lieu de nuit ou ailleurs dans Paris, et si on nous demande un jour de changer de lieu, on le fera.

Conclusion

Fin de cette première partie qui aura aussi eu le mérite de servir de mise en bouche pour la deuxième qui va faire fi des fibres et du cuivre pour n’emprunter que les airs.
Rendez-vous dans quelques jours pour une interview très, mais alors très complète de Julien Périlleux, l’homme qui veut vous fait croire que la HF c’est simple, et à grands coups de filtrages, atténuations, sélection d’antennes et autres savant calculs, a réussi à faire tenir un kilo de sardines dans une boite !

Plus d’infos sur :

Equipe BS Technology au complet
M. Barach / R. Bénard / P. Benoit / S. Benoit / L. Boudrahem / Y. Delahaye / D. Devaux / J. Ferreira / J. Ghislain / Y. Giannetty / J.J. Guillaumat / Y. Hamidi / O. Immler / C. Labonde / A. Lalbat / X. Larre / J. Latarewicz / J. Lebois / R. Lhommet / C. L’Herminier / C. L’Herminier / E. L’Herminier / P. Mary / G. Million / M. Moreau / S. Morelli / M. Nguyen / J. Périlleux / A. Rouahi / A. Saussez / P. Szewczuk / R. Thirion / M. Varin / C. Verriez / F. Veys / S. Walter

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SoundLightUp gagne Le million !

Y’a ceux qui le gagnent au Loto, ceux qui le portent en parfum, ceux qui en héritent, et ceux qui en rêvaient…comme nous. Et puis il y a vous, vous qui êtes venus nous visiter un million de fois depuis le 16 décembre 2011 où dans le plus total anonymat on a mis en ligne un reportage « Karament bien » sur Dracula et Steph Plisson. C’était le tout premier, et 1753 articles plus tard, il est toujours lu…
Merci d’avoir fait de notre rêve une réalité ! Comme en plus vous n’êtes pas du genre à faire les choses à moitié mais plutôt deux fois plus, vous avez lu 2 millions d’articles lors de vos visites, un chiffre certifié par l’OJD/ACPM.

SLU le Million

Autant vous le dire, on a compris la recette du succès et on ne va pas s’arrêter en si bon chemin. Puisque vous le plébiscitez, le contenu rédactionnel va continuer à s’enrichir. Entre 2015 et 2016, on a posté 50% de reportages en plus.
Grâce à votre fidélité, Soundlightup est devenu une sorte de réseau open source de la profession, le meilleur tuyau pour connaître, découvrir et parfois même approfondir. Gratuitement. Partout. Tout le temps.
Pas d’inquiétude. On n’a pas pris la grosse tête et rien ne va changer ou plutôt si, on travaille aussi d’arrachepied pour ajouter quelques nouveaux services dès l’année prochaine qui n’est que dans quatre mois et… Chuuuuut. Surprise.
Bonnes vacances si vous avez la chance d’y être. Nous mettons de notre côté la touche finale à l’ensemble de GROS reportages et de portraits qui rythmeront votre rentrée.

Un des plus grands prestataires américains

Eighth Day Sound investit encore en Adamson

Eighth Day Sound, le fameux prestataire américain basé dans l’Ohio à Highland Heights, avec des bureaux à Londres, Sydney et Los Angeles, a encore agrandi son parc Adamson en prenant livraison de 120 enceintes de la famille E et 72 de la série S.
Cet achat va lui permettre de répondre à la demande mondiale grandissante en systèmes Adamson.

« La raison qui nous a poussé à faire cet investissement et augmenter sensiblement notre parc Adamson tient au consensus international autour de cette marque et l’augmentation de la demande de la gamme des E, » nous explique Jack Boessneck vice-président de Eighth Day Sound. « Il semble que chaque ingé son qui l’utilise en devient instantanément fan. »

Une partie de l’équipe d’Eighth Day Sound photographiée durant la formation dispensée par Adamson.

Une partie de l’équipe d’Eighth Day Sound photographiée durant la formation dispensée par Adamson.

Eighth Day Sound a été l’un des premiers prestataires américains à s’équiper avec la série E en 2013 en rejoignant de fait le réseau Adamson. Après avoir déjà considérablement agrandi son parc durant l’été 2015, Eighth Day Sound a cette fois-ci aussi commandé des enceintes de la série S, une première pour ce prestataire.
« La série S représente la suite logique et la déclinaison idéale de sa gamme d’enceintes. » ajoute Jack Boessneck. « Elle complète parfaitement bien la couverture de la série E et employée seule, cette gamme délivre un rendu ayant la signature Adamson. Il ne fait aucun doute qu’Adamson continue à fournir le marché avec des produits innovants. » Ce prestataire global équipe un nombre important de tournées mondiales et de festivals. Son choix renouvelé en produits Adamson traduit la vision qui est la sienne du marché du Touring.
« Nous sommes ravis de la confiance que nous accorde à nouveau Eighth Day Sound » conclut James Oliver, le directeur marketing d’Adamson. « C’est un très grand prestataire qui fait encore et toujours la course en tête. La collaboration entre nos deux sociétés est quelque chose dont nous sommes extrêmement fiers et nous espérons qu’à l’avenir elle devienne encore plus étroite. »

Plus d’infos

 

Place du Capitole à Toulouse, pour 16 000 spectateurs

Pour la Fête de la Musique Shitty joue la carte Fohhn et ses tubes de l’été

Le projet conçu par Olivier Illouz pour Studio 40, aussi joli que l’ensemble des décors qu’il créé à un détail près. « Euh Olivier…Mon bois je l’accroche où ? »

Le projet conçu par Olivier Illouz pour Studio 40, aussi joli que l’ensemble des décors qu’il créé à un détail près. « Euh Olivier…Mon bois je l’accroche où ? »

On savait que Shitty dans la plus grande discrétion, que dis-je, dans le plus absolu Silence !, nous préparait un gros coup. « On en parlera après si ça marche. »
Bien entendu cela a été le cas, et la ville rose et sa place du Capitole se souviendront longtemps de la fête de la musique 2016 qui s’est déroulée en direct sur France 2 et surtout devant 16 000 personnes… sans boîtes accrochées ! Mais avec plein de tubes !

SLU : Comment en êtes-vous arrivés à sonoriser une place aussi grande là où votre spécialité est plutôt le plateau de télé.

Shitty

Shitty

Shitty (directeur technico-commercial et co-fondateur avec Gilles Hugo de Silence) : Le lien est forcément la télé puisqu’il s’agit de la fête de la musique de France 2 avec un plateau d’artistes français et internationaux de toute beauté, le tout présenté par Garou.

SLU : Tu nous détailles le projet ?

Shitty : La problématique a été pour nous de faire avec un décor basé sur le principe d’un carton, une boîte vidéo posée au milieu de la place du Capitole de Toulouse. Il ne fallait rien voir d’autre et surtout ne pas élargir cette boîte par des enceintes qui, même cachées par des tulles, auraient compromis le design très épuré d’Olivier Illouz ( Concepteur de décors télé via sa société Studio 40 NDR).
Impossible aussi de placer des tours de rappels à même la place pour des questions de charge vis-à-vis des parkings qui se trouvent en dessous. Impossible donc de déployer du « gros » pour sonoriser la place.

SLU : Il y a un peu de place derrière les écrans latéraux en cherchant bien…

Shitty : C’est précisément là où le son aurait dû atterrir dans l’esprit des concepteurs, seulement il s’agit des écrans en charge de tout l’habillage de la scène et surtout pas suffisamment transparents acoustiquement, sans parler de la structure qui supporte ces écrans et qui constitue un obstacle de plus.
Nous avons donc beaucoup réfléchi et nous sommes arrivés à la conclusion qu’il fallait monter des colonnes qui puissent aussi servir d’une certaine manière de cadre de scène. On a quand même dû intégrer un proscénium placé à plus de 15 m du plateau et deux scènes latérales placées à un mètre et demi de la façade.

Fohhn Shitty Fête de la Musique

SLU : Comment avez-vous fait pour ne pas « tirer » sur ces deux scènes déportées ?

Shitty : Nous avons rusé. Nous avons bien de part et d’autre une colonne Focus Modular Fohhn de 8 m de haut, mais l’élément du bas qui effleure le sol et termine cette dernière, est une coque vide de salon. Cela met le premier module actif, un FM-100 avec 8 moteurs 1”, à près d’un mètre soixante-dix de hauteur ce qui « épargne » ces deux scènes ainsi que les artistes qui sont passés devant pour rejoindre les deux scènes.

Peu de bois, beaucoup de HP

SLU : Tu nous détailles ton système ?

Shitty : En haut de la colonne nous avons une unité d’aigu longue portée FM-110 avec 16 moteurs 1”, puis 4 unités de grave/bas médium FM-400, avec dans chaque module 32 haut-parleurs de 4” et enfin en bas, notre unité d’aigu FM-100 et ses 8 moteurs 1”. Le tout est amplifié et processé à même chaque élément.
L’ensemble des 7 modules dont 6 actifs est protégé par une sorte de chaussette individuelle pare-pluie, acoustiquement transparente.
Enfin ces deux colonnes principales ainsi que deux autres plus petites, placées sur les côtés de la scène et servant à déboucher les spectateurs mal placés, sont enchâssées dans des coques absorbantes que nous avons construites sur mesure afin d’éviter que le son qui est produit par ces modules, ne revienne sur scène par l’arrière.

Les modules FM-110, FM-400 et FM-100 en plein montage. Remarquez la chaussette anti-pluie protégeant les HP comme l’électronique et la petite taille de cette colonne.

Les modules FM-110, FM-400 et FM-100 en plein montage. Remarquez la chaussette anti-pluie protégeant les HP comme l’électronique et la petite taille de cette colonne.

La pose d’une des coques venant absorber l’onde arrière inévitablement générée par une colonne et ici minime du fait de sa taille assez importante. Les modules mis bout à bout sont tous protégés par une chaussette individuelle que l’on devine et qui s’est révélée plus qu’indispensable tant le montage s’est fait sous l’eau. Ne dit-on pas d’ailleurs : montage exécrable, presta remarquable ?

La pose d’une des coques venant absorber l’onde arrière inévitablement générée par une colonne et ici minime du fait de sa taille assez importante. Les modules mis bout à bout sont tous protégés par une chaussette individuelle que l’on devine et qui s’est révélée plus qu’indispensable tant le montage s’est fait sous l’eau. Ne dit-on pas d’ailleurs : montage exécrable, presta remarquable ?

Une vue de près de la coque « anti-8 » réalisée sur mesure pour cette opération ; une assurance contre les vilaines fuites qui en plus proviendrait de 4 points à la fois.

Une vue de près de la coque « anti-8 » réalisée sur mesure pour cette opération ; une assurance contre les vilaines fuites qui en plus proviendrait de 4 points à la fois.

SLU : Quelle est la directivité de ces enceintes ?

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Shitty : Par définition elle est extrêmement variable mais elle génère une forme en 8 avec beaucoup d’énergie utile à l’avant et un peu derrière. Pour laisser la scène aussi propre que possible, on absorbe cette onde arrière.

Le PS-9, une bombe délivrant 145 dB SPL avec une bande passante allant de 25 à 110 Hz, le fruit d’un 21’’ asservi et d’un ampli superlatif.

Le PS-9, une bombe délivrant 145 dB SPL avec une bande passante allant de 25 à 110 Hz, le fruit d’un 21’’ asservi et d’un ampli superlatif.

SLU : Des subs j’imagine…

Shitty : Oui absolument, nous avons 4 subs Fohhn sous la scène, des PS-9. (8,5 kW crête d’ampli, 21’’ pour le HP, 1Ω pour l’impédance, 145 dB de SPL Max et 76mm d’élongation, une magnifique collaboration entre Fohhn, B&C et Powersoft.
(Pour plus d’infos sur cette enceinte superlative, cliquez ici.)

SLU : Sur le papier, cela ne fait pas beaucoup de son et de watts pour une place. Tu es sûr du nombre de spectateurs ?

Shitty : Oui, pour une fois on va croire le chiffre donné par la police car pour des raisons de sécurité, chaque personne a reçu un bracelet et 16 000 ont été distribués. C’est donc la première fois au monde que ce genre de système a été employé pour couvrir une telle audience en dehors d’événements ponctuels comme ceux que nous avons montés, par exemple à l’Opéra Bastille pour le festival du Monde.
(Salle qui depuis s’est équipée en fixe, lire l’article ici.)

Rien de tel qu’un plan pour comprendre la difficulté à faire cohabiter de la diffusion et des micros.

Rien de tel qu’un plan pour comprendre la difficulté à faire cohabiter de la diffusion et des micros.

SLU : Avais-tu des objectifs en termes de SPL à atteindre ou bien as-tu joué sagement pour faciliter le travail du mix antenne ?

Shitty : Pas du tout. La Mairie étant de la partie pour cet événement, il fallait que le son soit bon. On ne m’a pas dit qu’il fallait 105 dBA à la console façade, on m’a juste demandé de faire en sorte que les gens soient contents, cela étant nous avons atteint des pointes entre 105 et 107. Etonnant !

Fohhn Shitty Fête de la Musique

Daniel Borreau de Rock Audio

Daniel Borreau de Rock Audio nous a aidés dans le déploiement du système et dans le calage de base, essentiellement la directivité, quelque chose d’indispensable tant nous avons dû jouer avec des presets afin d’éviter des zones bien précises en fonction des scènes utilisées.

La directivité d’un click

SLU : Des presets changés en temps réel ?

Shitty : Oui, il fallait ouvrir le faisceau quand les artistes étaient sur le proscénium par exemple. C’est Nicolas Delatte (Dir Tech d’OnOff, un prestataire oeuvrant pour B-Live le même groupe qui possède Silence NDR) qui s’est occupé de ça.

SLU : Le marché de Silence a comporté les lots habituels ?

Shitty : Oui, face, retours et musique dans notre mobile, derrière lequel France Télévision a effectué la jonction et ajouté les ambiances.

SLU : Et c’est France Télévisions qui vous a proposé de sonoriser une place où allaient se trouver 16 000 spectateurs.

Shitty : Oui absolument, avec la mairie de Toulouse très présente. Tout le monde était confiant dans les choix techniques de Silence, mais tout le monde attendait aussi de voir comment cela allait marcher (rires) !

Quand on parle de 16 000 personnes, ce ne sont pas des mots en l’air. Une place du Capitole pleine à ras bord et photographiée depuis la régie déportée à cour. On aperçoit bien les deux colonnes noires servant de cadre à l’écran ceinturant la scène ainsi que les renforts latéraux sur le côté de cette dernière.

Quand on parle de 16 000 personnes, ce ne sont pas des mots en l’air. Une place du Capitole pleine à ras bord et photographiée depuis la régie déportée à cour. On aperçoit bien les deux colonnes noires servant de cadre à l’écran ceinturant la scène ainsi que les renforts latéraux sur le côté de cette dernière.

SLU : D’autant que vous n’avez pas de gros Fohhn…

Un Linea LX-601 placé dans sa coque anti bavure arrière sur le côté de la scène

Un Linea LX-601 placé dans sa coque anti bavure arrière sur le côté de la scène

Shitty : Non t’as raison. On a des petites colonnes mais pas les gros FM-110 et 400. Nous les avons loués en Allemagne. Nous avons aussi ajouté quelques subs sur les côtés, dans le doute, mais nous les avons coupés très vite, nous n’en avions pas besoin.
Les LS-9 sont des subs énormes par leur pression et ça frisait le trop. On a aussi ajouté 4 XM-4, des wedges Fohhn, en guise de front fills et des Linea LX-601 avec des FM-100 sur les côtés de la scène.

SLU : Nous n’étions pas conviés, tu es donc obligé de nous faire un débrief de la façon dont cela s’est passé et surtout du rendu de ces petits boudins !

Shitty : J’ai été étonné par plusieurs choses et d’abord la portée hallucinante de ce système.
Ensuite le bas médium que tu arrives à avoir en partant d’enceintes qui, par rapport aux gros formats qu’on emploie d’habitude pour ce genre de prestation, sont ridiculement petites.
Enfin le Focus Modular est pour moi un vrai ligne source parce que ça part d’un seul plan même si la directivité peut être changée, et d’un seul coup, les voix sortent avec une limpidité étonnante, presque comme si elles provenaient d’une seule enceinte.
On a parfois du mal à parvenir à ce résultat avec un line array. C’est le but, mais il faut travailler pour y arriver, alors qu’avec ce système et de ce point de vue-là, c’est quasiment tout de suite. Il ne te reste après qu’à travailler ton timbre.

Placé dans un coin de la place du Capitole, la régie son et lumière reprise durant le montage où il ne pleuvait pas, ou pas encore !

Placé dans un coin de la place du Capitole, la régie son et lumière reprise durant le montage où il ne pleuvait pas, ou plus !

SLU : Qui a mixé la face ?

Shitty : C’est Fabien Chanier qui a tenu la façade assisté au système par Nicolas Delatte, et aux retours il y avait Stéphane Jacottin et Yann Lebigre. Sans oublier Jean-Marc Aringoli dans notre car.

SLU : Fabien a-t-il souffert d’une configuration pas évidente et d’un système plus que nouveau ?

Shitty : Il était content même s’il a dû pas mal jongler avec les trois scènes devant la façade, en plus de la grande scène.
Car bien entendu, on s’est retrouvé à certains moments avec du monde des deux côtés, une configuration assez classique en télé. Nous avons donc vécu des moments un poil chauds et rien qu’en regardant le plan, tu te demandes comment cela a pu être fait…
On y est parvenu, en travaillant dur, et tard (rires) !

Petit système, gros son ?

SLU : Revenons au Focus Modular. Si tu fermes les yeux, tu imagines quoi ?

Shitty : Pas forcément d’être face à un gros système, un douze ou un 15 pouces, mais il faudrait faire un test A/B pour en être certain car c’est vraiment étonnant d’apercevoir un tout petit truc que tu perçois pourtant si fortement. Je veux bien admettre qu’il y ait moins d’air remué puisque tu as moins de surface de membrane (ohhh ça se calcule ça Shitty, il y a tout de même 128 HP de 4’’ par côté plus 24 moteurs 1’’ NDR) mais bizarrement il y a beaucoup moins de trous entre des 4’’ et des subs en 21’’ qu’on ne pourrait le redouter. C’est vraiment étrange comme sensation.

SLU : Les gens de Fohhn ont été contents ?

Shitty : Ils ont été ravis. Il n’y avait que Daniel Borreau sur place mais l’expérience les a beaucoup intéressés. Ils sont contents de nous. Il y a pas mal de monde qui a pris sa claque, nous les premiers et pourtant on a déjà travaillé avec des enceintes différentes, je pense aux K-Array. Il y a des circonstances où je n’emploierai jamais ce type d’enceintes modulaires, en revanche d’autres où cela rend des services inestimables. De toute façon le système qui fait tout n’existe pas.

Les deux colonnes de 8 mètres de haut. Regardez tout en haut, il s’agit bien d’un moteur de 500 kg et sans aucun renfort spécifique à part une « pauvre » potence. Ca change ! Le module Fohhn arrivant jusqu’au sol est aussi vrai que les flacons de N°5 de 10 litres dans les vitrines des parfumeurs. Il a été installé pour ne pas briser l’illusion d’un cadre.

Les deux colonnes de 8 mètres de haut. Regardez tout en haut, il s’agit bien d’un moteur de 500 kg et sans aucun renfort spécifique à part une « pauvre » potence. Ca change ! Le module Fohhn arrivant jusqu’au sol est aussi vrai que les flacons de N°5 de 10 litres dans les vitrines des parfumeurs. Il a été installé pour ne pas briser l’illusion d’un cadre.

SLU : Pour la télé c’est royal.

Shitty : Les petites enceintes oui, on les a sur le Grand Journal et nous les avons déployées aussi sur le Tour de France, en revanche le gros c’est quasiment un système de touring. Pour des petits plateaux TV c’est trop. Il y a en revanche quelque chose de magique même avec les FM, c’est leur poids.
Nous avons utilisé en tout et pour tout un moteur de 500 kg par côté. Les 6 modules mis bout à bout ne pèsent que 380 Kilos. Le mec qui a monté la structure m’a embrassé d’amour ! On a en plus monté sous la pluie et joué en plein cagnard et malgré le paquet d’amplis intégré dans chaque module, tout a marché comme sur des roulettes.

SLU : Vous envisagez d’en rentrer ou vous comptez en louer quand le besoin s’en fera à nouveau sentir ?

Shitty : On verra ce qui va se passer. Il y a de fortes chances que cette opération fasse des petits car les décorateurs adorent faire disparaitre du son et du poids or là, c’est précisément ce qui s’est passé donc on risque de nous le redemander.

SLU : Une dernière question. Comment cela s’est-il passé avec les artistes et le management de ces derniers. Y-a-t-il eu des doutes ?

Shitty : D’abord personne ne s’est posé la question car on ne voyait rien. Les gens se sont dit que les enceintes étaient derrière les écrans ce qui était faux mais bon, quand tu arrives place du Capitole et qu’il y a du son, inutile de se faire des nœuds au cerveau.
Quelques personnes ont compris le truc et sont tombées sur le cul. Ceci étant, on sait que ce genre de système existe, mais pas grand monde n’avait eu la chance de l’écouter dans de bonnes conditions et cela a fonctionné, qu’on joue des PBO et PBC (30% de l’émission) ou du vrai live.

La scène adossée aux immeubles ceinturant la place du Capitole. On a beau être fin juin, le maillot de meilleur grimpeur est déjà dans tous les esprits ;0)

La scène adossée aux immeubles ceinturant la place du Capitole. On a beau être fin juin, le maillot de meilleur grimpeur est déjà dans tous les esprits ;0)

De toi à moi, j’avais hâte que ça marche car c’était un drôle de pari pour nous. Nous avons testé la configuration avec la moitié du système chez Silence, donc on connaissait le potentiel, mais nous n’avions pas de repères précis par rapport à la place du Capitole. L’avantage énorme est le guidage très fin de la directivité à colonne droite, uniquement grâce à l’informatique. On a visé précisément là où on voulait, en épargnant les immeubles ce qui est bien pour éviter d’avoir deux batteurs et plein d’ennuis à cause des nuisances.
J’ai enfin trouvé le son très naturel et agréable. On a passé du temps à le fignoler mais le résultat a donné pleine satisfaction et sans avoir une latence gênante ce qui est habituellement le lot des systèmes très processés. On était dans les moyennes habituelles. Les artistes qui se sont produits sur le proscenium n’ont pas été plus gênés que d’habitude.

SLU : Ils étaient aux ears !

Shitty : Oui, mais il y a du son qui rentre dans leur micro, autant qu’il n’arrive pas après le show ! Heureusement on a calé les aigus pour passer au-dessus de leurs têtes !

SLU : Et puis tu as demandé à avoir des chanteurs avec une vraie voix sur tes scènes mal placées ?

Shitty : Malheureusement on ne peut pas choisir mais on a été verni, pas de purge de ce côté-là (rires)

Nous avons demandé à Nicolas Delatte, le directeur technique son de B-Live qui s’est chargé de ce projet avec Daniel Borreau, de nous fournir quelques graphiques pour appuyer les propos de Shitty et le moins que l’on puisse dire est qu’ils sont parlants.
Nicolas a aussi tenu à préciser que la variation de directivité en vue de protéger les différentes scènes a été cantonnée aux deux seuls modules FM-100 du bas de telle sorte à ne pas troubler le travail des mixeurs et garantir à ces derniers comme au public une continuité de rendu.

La répartition verticale de l’énergie offerte par le module FM-110 placé tout en haut du montage et dont on remarque le tilt prononcé offrant une entrée au 20è mètre de la scène et se prolongeant très régulièrement au-delà des 50 qu’affiche ce graphique, sans aucune décroissance notable.

La répartition verticale de l’énergie offerte par le module FM-110 placé tout en haut du montage et dont on remarque le tilt prononcé offrant une entrée au 20è mètre de la scène et se prolongeant très régulièrement au-delà des 50 qu’affiche ce graphique, sans aucune décroissance notable.

L’association de 4 modules FM-400 délivre une pression assez homogène même si les 8 à 10 premiers mètres sont « mieux servis » par rapport aux gens placés au-delà, mais pas bien différent avec ce qu’offrent d’autres systèmes ligne source. On a bien une centaine de dB à 50 mètres ce qui, pour un show télévisé dans un lieu aussi peu propice au son amplifié, reste très cohérent.

L’association de 4 modules FM-400 délivre une pression assez homogène même si les 8 à 10 premiers mètres sont « mieux servis » par rapport aux gens placés au-delà, mais pas bien différent avec ce qu’offrent d’autres systèmes ligne source. On a bien une centaine de dB à 50 mètres ce qui, pour un show télévisé dans un lieu aussi peu propice au son amplifié, reste très cohérent.


La couverture verticale du module bas FM-100 en mode normal, à savoir sans avoir à « sauter » une scène placée dans sa zone d’influence.

La couverture verticale du module bas FM-100 en mode normal, à savoir sans avoir à « sauter » une scène placée dans sa zone d’influence.

La même couverture verticale du module FM-100 mais cette fois face à la présence d’artistes et donc de micros face à lui. Pour reprendre les termes de Nicolas, il s’agit d’un changement de preset par optimisation, une option qui nettoie les lobes secondaire au détriment du SPL et d’une redirection du faisceau, sans oublier quelques points d'EQ. Ce preset a été employé en alternance à Jardin ou à Cour en fonction de la présence d’artistes sur les proscéniums latéraux en faisant malgré tout en sorte de sacrifier le moins possible de public

La même couverture verticale du module FM-100 mais cette fois face à la présence d’artistes et donc de micros face à lui. Pour reprendre les termes de Nicolas, il s’agit d’un changement de preset par optimisation, une option qui nettoie les lobes secondaire au détriment du SPL et d’une redirection du faisceau, sans oublier quelques points d’EQ. Ce preset a été employé en alternance à Jardin ou à Cour en fonction de la présence d’artistes sur les proscéniums latéraux en faisant malgré tout en sorte de sacrifier le moins possible de public

Le raccord entre les FM-100 et les FM-110 à longue portée se situait au bout du proscenium, légèrement au-delà de 20 mètres. Il a enfin et surtout insisté sur le travail d’égalisation indispensable et assez pointu de ce type de système.

Après les colonnes grecques et romaines, voici les allemandes

8 m de son de 22 cm de large et 27 de profondeur, comptant un total de 128 HP de 4’’, 24 moteurs 1’’, disposant d’une puissance embarquée dans les différents modules ne dépassant pas les 9 kW, tout cela laisse rêveur, en sachant qu’en plus ce boudin sonore pèse 380 kg et avec ses 4 subs, peut couvrir 16 000 personnes en plein air.
Cela ouvre en grand les portes du touring « tranquille » autant sur scène qu’au niveau calage par sa faculté à concentrer précisément l’énergie là où elle est la bienvenue. Inutile de vous dire à quel point nous serons présents lors de la prochaine sortie du Focus Modular pour entendre ce qui semble être la belle trouvaille acoustique du moment.
Bravo enfin à Silence pour avoir eu l’idée, le courage et le savoir-faire pour se lancer dans cette aventure. Pas qu’accrocher des boîtes soit devenu banal, mais des tubes, chapeau ! Remarquez, on va s’y faire. « Tu roules les tubes de la semi ? »

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« Parade » sur le cours Mirabeau

Nexo et Texen au service du Festival d’Aix en Provence

Le cours Mirabeau, aujourd’hui avec 1 500 places assises

Le cours Mirabeau, aujourd’hui avec 1 500 places assises

Aix en Provence héberge depuis plus d’un demi-siècle l’emblématique Festival International d’Art Lyrique. Sous l’impulsion de son directeur actuel Bernard Foccroulle, le festival part en croisade pour conquérir de nouveaux publics.
Ainsi, l’opéra sort des plateaux et s’invite en ville, en banlieue, et même au parc avec la complicité de Texen et Nexo. Le soleil chante et les cigales brillent ? Alors on y va !

Véritable parti pris, « Parade » est un événement créé par le festival et il investit tous les ans le cours Mirabeau, soit l’équivalent aixois des champs Elysées.
Pour cette édition, il faut sonoriser le cœur de l’opéra sud-africain de Cape Town, accompagné d’un piano. L’opération consiste à couvrir une zone de plus de 100 m, en portant une attention particulière aux premiers rangs accueillant le carré VIP qui, dans le milieu de l’opéra, se révèle être un public très aguerri.

Nexo et Texen Festival Aix en Provence

La prestation technique est assurée par la société Texen qui a récemment investi dans les nouveaux systèmes Nexo. Une belle occasion donnée à la marque française pour déployer ses nouveaux systèmes sur un événement de qualité et pour nous de parler des trois « petits formats » de la firme de Plailly, le M28, la GEO M620, et les très récentes ID 24.
Une grande partie du monde de la musique classique n’étant toujours pas prêt à accepter l’existence de matériel audio à moins de 300 m d’un instrument de musique, un peu comme un ébéniste à qui on parlerait de clou et de vis, il a donc été décidé de sonoriser les 30 premiers mètres, la zone VIP, avec un souci particulier de discrétion. Grace à cet argument de taille, la façade a été attribuée au petit GEO M620.

On distingue le renfort de deux subs STM S118 en montage cardio pour aider un peu les GEO M620, et la même chose pour le dernier rang de délai avec les mêmes subs, partant du principe que le peu de grave généré à hauteur de la scène (niveaux très sages NDR) sera suffisamment atténué à 70 m pour ne pas interférer.

Schéma d’implantation du cours Mirabeau : On distingue le renfort de deux subs STM S118 en montage cardio pour aider un peu les GEO M620, et la même chose pour le dernier rang de délai avec les mêmes subs, partant du principe que le peu de grave généré à hauteur de la scène (niveaux très sages NDR) sera suffisamment atténué à 70 m pour ne pas trop interférer.

Cependant, le cahier des charges édité par le festival d’Art lyrique d’Aix-en-Provence stipule une diffusion longue portée sur le reste du cours Mirabeau, ainsi le reste du périmètre a été équipé avec deux lignes de rappel stéréo en STM M28. Un mélange osé mais pertinent.
Concrètement, le chœur de l’opéra Cape Town représente 12 chanteurs, presque tous solistes. Ajoutons à cela un simple Steinway à queue. Pas besoin donc d’avoir de quoi pousser mémé dans les orties avec un wagon de décibels, surtout dans les graves et le bas médium. L’outil adéquat ici est un système de qualité avec un médium impeccable pour restituer fidèlement ces sources acoustiques sur toute la zone, soit plus de 100 m.

Le cluster de Geo M620 fait seulement 37,3 cm de large et pèse … 76 kg !

Le cluster Geo M620 fait seulement 37,3 cm de large et pèse… 76 kg !

Il a donc été choisi dans la panoplie Nexo 10 têtes GEO M620 et d’arroser à 90° sur toute la ligne. Seule la boîte du bas ouvre à 120°, ceci grâce au pavillon du tweeter mobile sur chaque enceinte.
Pendant le calage, quand on voit la taille des enceintes GEO M620, on est étonné du rendu, d’autant que la régie est à 25 bons mètres. A l’écoute des belles productions de jazz utilisées pour le calage, on est charmé par la rondeur du bas médium. Pour des boites si petites c’est étonnant, merci les bobines sans fin !
Présentes aussi, des ID 24 débouchent les premiers rangs : deux haut-parleurs de 4” montés en V avec la possibilité de changer l’orientation des aigus. Leur config ressemble à celle des têtes STM, mais dans une boîte qui mesure 30 cm de large pour 6 kg… toute pitite !

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Le son est homogène sur toute la zone des 30 premiers mètres et la phase semble très correcte jusque dans le bas. D’ailleurs on rectifie l’équilibre tonal dans le bas de la banane en intervenant sur le niveau de ces boîtes, et non en utilisant des filtres paramétriques. Une banane en phase qu’on vous dit, merci la petite pièce de phase rajoutée par les concepteurs pour améliorer le couplage de plusieurs boîtes… ça marche !
On apprécie aussi la portion des aigus qui restent effectivement très linéaires comme annoncé, et la partie 3,5 kHz – 5 kHz qui ne tape pas dans l’oreille.

La ligne de front avec 4 enceintes ID 24

La ligne de front avec 4 enceintes ID 24

Curieux et presque joueur, l’ingénieur système lors du calage a poussé ce kit dans ses derniers retranchements. Forcément, avec des morceaux de rock bien compressés diffusés au-delà de 105 dB en crête, on sent le GEO M620 fatiguer un peu. Je vous rappelle qu’on parle d’enceintes équipées d’un unique haut-parleur de 6,5 pouces, certes mû par une bobine et un aimant de course mais tout de même !

A gauche Val Gilbert, ingénieur support technique Nexo et à droite Thomas Goeuriot de Texen

A gauche Val Gilbert, ingénieur support technique Nexo et à droite Thomas Goeuriot de Texen

Gros avantage de la modularité, si vous comptez mixer du rock ou de l’électro avec le M6, Nexo propose le module GEO M6B de taille identique au module large bande, pour renforcer tout ce qui va de 70 Hz à 1 kHz et ainsi fournir toute l’énergie nécessaire pour retransmettre les sons pêchus.
On retrouve le GEO aussi au plateau pour faire les retours !
Bref la GEO M620 est à ranger dans la catégorie des couteaux suisses par sa faculté à s’adapter à beaucoup de situations.

Un stack de trois têtes de GEO M620 en guise de retours ! Pas plus grand qu’un djembé ☺

Un stack de trois têtes de GEO M620 en guise de retours ! Pas plus grand qu’un djembé ☺

En reculant de quelques dizaines de mètres, on rentre dans le champ de la première ligne de rappel équipée en STM M28. On passe ici à un couple de 8” par boîte et forcément on retrouve plus de pression.
La portée est aussi clairement plus importante sur ce modèle dont l’ouverture horizontale est de 90° afin de concentrer l’énergie délivrée par les deux moteurs de 2,5”. Une fois encore on retrouve la signature des nouveaux systèmes Nexo : la modularité. Le choix dans la gamme STM de la M28 s’explique par la volonté de rester très discret et surtout par la nature du message à diffuser : des voix et un piano. Inutile donc d’appeler à la rescousse le grand frère M46. On note juste une légère différence de timbre avec le système M6, différence qu’on doit pouvoir gommer un peu à l’égaliseur.

Le M 28 sous les platanes d’Aix-en-Provence

Le M 28 sous les platanes d’Aix-en-Provence

Le STM M28

Le STM M28


La seconde ligne de rappel, celle destinée à la plus grande portée, dispose en plus de Subs S118 en mode cardio, ce qui n’est pas le cas de la première pour éviter les interférences. Le bas du spectre n’étant donc pas traité et coupé de la même manière sur les deux rappels en STM, on ressent une différence, cette fois-ci dans le grave, mais rien d’assez conséquent pour venir dénaturer le travail de l’ingénieur du son. Et rien surtout qui puisse gêner les spectateurs qui par définition changent rarement de place en cours de spectacle.


La prise d’angles sur le GEO M620

La prise d’angles sur le GEO M620

Léger le GEO M620 !

Léger le GEO M620 !

Outre ces impressions positives, il faut saluer la partie mécanique des nouveaux systèmes Nexo, tant les ingénieurs maison ont créé un système bien pensé et facilitant sa mise en œuvre !
Comme en plus le GEO M620 est petit et léger, on peut le monter tout seul, l’anguler facilement et le ranger dans le bahut presque en chantant. Etant resté des gosses, ce type de système petit, léger et modulaire me fait un peu penser à du Lego, la patate en plus.

Pour nous en dire un peu plus, je vous présente Thomas Goeuriot ☺

SLU : Salut Thomas, peux-tu te présenter et nous expliquer ton rôle ici ?

Thomas Goeuriot : Je suis chargé d’affaires chez Texen. Mon rôle sur cette opération a été de répondre au mieux à la demande de l’ingénieur du son en charge de l’événement à l’aide du matériel à disposition chez Texen et chez nos partenaires, notamment la société Nexo.

SLU : Justement, Texen s’est récemment équipé chez Nexo. Peux-tu nous en dire un peu plus ? Peut-on parler de partenariat ?

Thomas Goeuriot : Oui c’en est un. Ils savent que nous débutons avec leurs produits et nous fournissent tout le support en conséquence. On sait aussi que l’on peut compter sur eux pour du complément de matériel. Aussi, concernant l’opération du cours Mirabeau, nous avons joué le 100 % Nexo, et c’est Val Gilbert, le manager du département engineering et support de Nexo, qui est venu caler le système.

Toute l’équipe en charge de ce chantier. De gauche à droite: Val Gilbert (Nexo), Thomas Goeuriot (Texen), Patrice Turin (technicien intermittent), Christopher Molitor (Texen), Cyril Deveney (technicien intermittent), Jean-Claude Berhuy et Vincent Nallet (Texen), Mélodie Souquet, Antony Fresario, Jérémy Fach (techniciens intermittents), Cyril Garcia et Stéphane Reguin (Texen), Sébastien Vallée (technicien intermittent) et François Mondié (Texen). Ouf….

Toute l’équipe en charge de ce chantier. De gauche à droite: Val Gilbert (Nexo), Thomas Goeuriot (Texen), Patrice Turin (technicien intermittent), Christopher Molitor (Texen), Cyril Deveney (technicien intermittent), Jean-Claude Berhuy et Vincent Nallet (Texen), Mélodie Souquet, Antony Fresario, Jérémy Fach (techniciens intermittents), Cyril Garcia et Stéphane Reguin (Texen), Sébastien Vallée (technicien intermittent) et François Mondié (Texen). Ouf….

Le Schéma de câblage Dante de l’opération

Le Schéma de câblage Dante de l’opération

SLU : Quelle est la particularité de cette opération ?

Thomas Goeuriot : Pour moi, c’est le fait de sortir pour la première fois trois systèmes que je ne connais pas ! Bien sûr nous avons fait des tests chez nous au dépôt, mais la première sortie est toujours un peu délicate, d’autant que nous sommes sur un site compliqué, le cours Mirabeau, et que nous ne pouvons pas caler au bruit rose pendant des heures du fait de la proximité des appartements ! Le challenge est de livrer le système pour les balances avec les artistes à 17h30.
Sinon, nous avons opté pour un réseau Dante redondant dont nous sommes très satisfaits.

SLU : Du GEO M620 en face, puis du STM M28 en rappel … Tu nous expliques ?

Thomas Goeuriot : On nous a demandé pour l’espace V.I.P., quelque chose de discret et plutôt orienté renforcement. On a donc déployé du GEO M620, avec des subs S118 en cardio. Pour le reste du cours Mirabeau, nous avons accroché 2 lignes de rappels en STM M28. De par la nature de l’événement nous savions que les niveaux allaient rester sages.

On voit en jaune les trois systèmes de diffusion implantés sur le site.

On voit en jaune les trois systèmes de diffusion implantés sur le site.

SLU : As-tu rencontré des problèmes pendant l’opération ?

Thomas Goeuriot : Aucun, mis à part un paramétrage Dante des amplis entre le mode switch et le mode redondant. Mais nous avons eu une réponse de la part Nexo qui a très vite réagi pour solutionner le problème. Merci à eux !

Le tip de Thomas : sécuriser l’adaptateur Thunderbolt vers RJ 45… Vive le scotch ☺

Le tip de Thomas : sécuriser l’adaptateur Thunderbolt vers RJ 45… Vive le scotch ☺

SLU : Des points à améliorer ?

Thomas Goeuriot : On attend avec impatience le logiciel de contrôle des amplis Nexo qui est en développement. Pour l’instant nous travaillons avec une extension du logiciel AVS Monitor qui nous permet de contrôler seulement les paramètres de base.

Le rack d’ampli universel selon Nexo : le NUAR. Chaque rack nourrit jusqu’à 12 modules STM, filtrage et DSP inclus !

Le rack d’ampli universel selon Nexo : le NUAR. Chaque rack nourrit jusqu’à 12 modules STM, filtrage et DSP inclus !

SLU : Quelles ont été les qualités des systèmes Nexo que tu retiendras pour cette opération ?

Thomas Goeuriot : Toute la mise en place du système, l’accroche, la prise d’angles est parfaite et très facile, je n’ai rien à redire. Après avoir travaillé avec d’autres marques, je revis ! Le rapport taille / puissance est aussi très appréciable.
Un autre avantage à été l’utilisation du logiciel de prédiction acoustique NS1. Même s’il peut être un peu rebutant sous certains aspects quand on ne le connaît pas, il nous livre une prédiction très fidèle que l’on retrouve vraiment sur site. Quand on connaît d’autres outils de ce genre, on sait que c’est rare !

SLU : Très important, quel est ton plat préféré ?

Thomas Goeuriot : La triple boule citron, citron vert, cassis ☺

Pour résumer

Yamaha à l’honneur avec sa CL5

Yamaha à l’honneur avec sa CL5

Dans la zone de couverture du GEO M620, nous avons un beau mix, très naturel. Chapeau à l’ingénieur en façade qui a fait du bon boulot malgré un temps de balance très court !
On a trouvé sur le reste de la zone couverte par le STM M28, un son légèrement différent du GEO M620 mais quasi homogène sur toute la distance.


La conduite avec tout ce qu’il faut pour n’oublier personne à même la partoche

La conduite avec tout ce qu’il faut pour n’oublier personne à même la partoche

Pour obtenir ce genre de résultat, il faut du bon matériel certes, mais aussi une bonne méthode comme par exemple un assistant qui, au-delà de faire le lien avec l’artistique durant les (courtes) balances, suit le concert sur une partition pour donner les indications au mixeur. Et oui, pour ce genre de travail, c’est bien mieux à deux !

La Bricasti M7 et la Lexicon PCM96, 2U-nivers de bonheur diffus

La Bricasti M7 et la Lexicon PCM96, 2U-nivers de bonheur diffus

Concernant le choix de matériel en régie, on saluera la fameuse réverbération Bricasti, qui a vu passer dans ses doux circuits 60 % du mix !
Pour la prise de son, c’est un plateau en full DPA ☺. Chaque choriste bénéficie d’un serre-tête DPA 4088, et le piano a été farci à l’aide de 2 DPA 4011-A et un DPA 4015-A. Un son danois que l’on connaît pour sa qualité !


Le plug-in Dan Dugan en action sur le cours Mirabeau

Le plug-in Dan Dugan en action sur le cours Mirabeau

On ne peut pas non plus passer sous silence (dans nos métiers ça ferait tâche), un puissant et très pratique outil de mixage : le plug-in d’Automix Dan Dugan.
Pour ceux qui n’en auraient pas encore entendu parler, il équipe la série de consoles QL Yamaha ou bien peut être implémenté en rajoutant une carte Dugan-MY16 sur les CL.
Pour résumer très sommairement, il équilibre automatiquement et en temps réel le gain de 16 entrées en fonction de l’audio entrant dans ces 16 tranches.
Si vous voulez plus de renseignement sur cet outil et plus généralement sur ces nouvelles technologies, je vous invite à aller lire le dossier très complet de Yamaha que Patrick Marguerie a traduit et adapté pour SLU.
Il y a quelques formules mais promis, pas plus de deux pleines pages : lien ici


Concluons en choeur

Cet événement a aussi été pour nous l’occasion de faire connaissance avec le sujet du prochain reportage dont je vous laisse une photo en guise d’indice.

Nexo et Texen Festival Aix en Provence

Rendez-vous à la rentrée dans la capitale et un lieu mythique pour vous en dire plus !
Sur ce, bon été à toutes et tous et surtout……. Travaillez le moins possible !

MaaMo

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