Après une première partie nous ayant permis de comprendre la philosophie anticonformiste de Nexo, de mieux connaitre ses produits, ses techniciens et un peu son histoire, attaquons nous à un gros morceau, le STM qu’avec humour et votre collaboration nous avons rebaptisé Sounds Too Much.
Forcément atypique, diablement efficace et sonnant très bien, il a tordu le cou à une réputation un peu GEO Trouvetout des hommes de Plailly, désormais vus comme des faiseurs de gros son malin mais aussi comme étant très disponibles et pédagogues.
Le futur est en marche chez Nexo et on n’a pas fini d’écrire et de décrire tout ce qu’ils mijotent un pied en Ile-de-France et l’autre en Picardie !
L’ensemble de l’équipe ayant travaillé sur le STM et photographiée au P+S 2012 lors de sa première présentation. De gauche à droite on a David Hochstenbach qui s’est chargé des setups, François Deffarges le responsable du R&D de l’époque, Christophe Givre qui a dessiné et réalisé le B112 et le M28, Didier Isambard qui a défini l’environnement des enceintes comme par exemple les dollies, Rémi Vaucher qui a programmé les filtres à phase linéaire pour l’ensemble des enceintes Nexo, dont le STM, Eric Ecosse qui a dessiné et réalisé le M46 et le S118, Mathieu Pobeda qui s’est occupé du développement des haut-parleurs, Julien Dorel qui a travaillé sur toute la conception du rack NUAR avec son patch haut-parleurs numérique automatique, Matthias Larrieu qui a fait le design acoustique de toutes les enceintes et enfin Joseph Carcopino qui a implanté dans les NXAmp toute la partie firmware des presets et notamment tous les FIR, et qui a fait en sorte de pouvoir charger un preset différent par canal ce qui est indispensable avec un système modulaire.
SLU : Comment un jour est né le STM, qui en a eu l’idée, quand en avez-vous parlé la première fois en réunion…
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François Deffarges : Elle a duré un an et demi la réunion…(rires !) On est passé par plein d’itérations. On a commencé par faire un GeoT en 12’’, après on a fait un modulaire au format Alpha mais en 15’’ et donc trop gros. Ensuite on est passé par le classique double 15’’ qui était encore plus gros car on voulait qu’il délivre beaucoup de pression y compris dans le bas et là, on a décidé de faire une pause. Il fallait qu’on détermine mieux ce vers quoi on voulait aller sachant que le marché et nos clients nous demandaient un système « stadium capable » mais aussi versatile ce qui nous va bien à Nexo.
Ensuite nous avons réfléchi à comment baliser cette versatilité car pouvoir tout faire ne signifie pas forcément tout bien faire et on voulait éviter que cette polyvalence ne soit un frein ou soit mal perçue par nos utilisateurs. On a défini le minimum comme étant un club de 500 places et le maximum comme un très grand stade et on s’est mis au boulot avec très vite le retour de la notion de modularité.
Urban Peace 3, une des premières grosses opérations pour le STM en France à St Denis avec Melpomen. Ici ce sont des M46 et des B112 qui se préparent à monter.
Si on y réfléchit bien, l’histoire du renforcement sonore est un peu curieuse et connait une sorte de fonctionnement cyclique cadencé sur des périodes de 10 ans où l’on a enchaîné un modulaire, un intégré, à nouveau un modulaire, encore un intégré et enfin un modulaire.
En d’autres termes, cela a commencé par le système de Martin Audio très modulaire, tellement qu’un jour ils ont trouvé que c’était chiant de le rentrer dans le camion et ils ont créé les premières boîtes triangulaires ou parallélépipédiques qu’on appelait compactes ou intégrées comme les MSL chez Meyer, le KF850 d’EAW ou le système intégré chez Nexo.
Nous sommes rendus au début des années 90 et apparaît le Flashlight de Turbo, le premier système à directivité très contrôlée, les fameuses boîtes bleues qui ont envahi les tournées pendant une dizaine d’années. Tout le monde a suivi, de d&b à Nexo avec l’Alpha en passant par Adamson et la série 200 et c’est reparti pour du modulaire même si accroché.
En 92 arrive le V-Dosc mais il faudra attendre 98 pour qu’il soit connu à l’échelle du monde, et qu’est-ce que c’est qu’un line array si ce n’est une enceinte large bande intégrée.
Nous voici en 2010 et que fait-on pour concevoir notre nouveau système ? Au lieu de se référer au GeoT, on s’est tourné vers l’Alpha, notre système modulaire vieux de 20 ans car rien n’était plus pratique que l’Alpha pour aller de petit à grand, de peu par côté à beaucoup de boîtes. Un line array ne peut pas faire ça.
SLU : On ne sait toujours pas qui a eu l’idée du STM (sourire)
François Deffarges : Tout le monde chez Nexo, et bien au-delà du simple bureau d’études, tous les services ont participé. On a pris un an et demi à définir ce qui allait devenir le STM et sa conception a aussi pris un an et demi en déployant l’ensemble de nos ressources de R&D à temps plein.
SLU : Vous avez eu des clients partenaires à qui vous en avez parlé ?
L’accroche intégrée vue par Nexo, une demande de François Deffarges à son R&D qui a synthétisé les vœux des clients en cahier des charges.
François Deffarges : Oui absolument. On a eu des partenaires de développement, des prestataires avec lesquels nous avons énormément échangé car lorsque nous avons remis la copie à zéro après nos divers essais, on s’est dit que ce n’était pas le double 12 ou 15 qui était important mais bien de répondre à la question : qu’est-ce que ça doit faire ?
Une fois défini le champ d’application, on avait fait le plus difficile car trouver des solutions, on sait comment faire chez Nexo !
De nombreuses innovations sur le STM découlent de cette réflexion.
L’accroche intégrée et uniquement à l’arrière, la possibilité de servir en tant que sidefill pour DJ avec une seule boîte par côté, le fait de pouvoir passer une porte. Notre cahier des charges des fonctions nous a aidés à valider notre copie.
SLU : On imaginait la naissance d’un nouveau produit comme le STM plus linéaire et balisée.
François Deffarges : En toute humilité on ne prétend pas être les meilleurs ou avoir effectué les meilleurs choix, mais on prétend donner une équation de valeurs différente de celle qui est apportée par nos concurrents principaux.
SLU : Le STM est assemblé, les premiers essais ont lieu et son concluants et la signature acoustique de Nexo n’est plus la même avec cette boîte qui d’une certaine manière rentre dans le rang, celui qualitatif et recherché sur les scènes du monde entier. Que s’est-il passé…
François Deffarges : Elle est la même que le GeoD et au GeoT de seconde génération, du moins de ses presets. Il y avait déjà cette signature qui globalement est une réponse assez plate en revanche, attention, je vais la ramener un peu, le STM est un système qui est extrêmement bien conçu. Il a du génie partout dans ces enceintes, dans le sub, dans toutes les bandes de fréquence, des idées, des brevets, des solutions que d’autres n’ont pas su trouver, et cela me permet de rendre hommage à l’acousticien qui a dessiné et conçu toutes les enceintes du STM et nous a hélas quittés l’année dernière victime d’un accident de voiture, Matthias Larrieu.
Matthias Larrieu
On l’a beaucoup pleuré chez Nexo, mais l’industrie toute entière a perdu un garçon extrêmement brillant qui est arrivé chez nous à ses 20 ans et est décédé à 27, et dans ce laps de temps, a contribué à la création de tous nos derniers produits les plus innovants. Je n’ai jamais vu quelqu’un avec une intuition pour l’électro-acoustique aussi élaborée.
Je connais des tonnes de gens qui en savaient beaucoup plus que lui d’un point de vue théorique, mais qui n’avaient pas le dixième de son intuition et de la manière dont fonctionnaient les choses.
Joseph Carcopino : Il avait aussi et surtout un oeil neuf et la faculté d’apporter de nouvelles solutions, là où quelqu’un qui a beaucoup de bouteille va forcément suivre le fil de ses connaissances et risquer de tourner en rond. C’était aussi un mécanicien hors pair.
Joseph Carcopino : Pour revenir à la question précédente, il y a deux choses qui ont permis d’atteindre ce que tu considères comme une rupture sonore et que je pense être surtout une évolution. D’abord on a beaucoup travaillé avec Rémi Vaucher sur le processing, et le STM a été le premier à bénéficier à 100% des possibilités offertes par le NXAmp qui jusque-là était utilisé à 30% de ses ressources DSP.
Les racks utilisés par le R&D pour les écoutes. Une partie du moins, en fonction de ce qui est accroché un ou plusieurs NUAR sont mis en batterie.
On a bossé beaucoup d’algorithmes avec des filtres très longs et nous sommes arrivés à des résultats très cohérents entre le point de mesure en chambre anéchoïque, le processing dans l’ampli et les écoutes une fois accroché, avec en plus la possibilité de corriger le tout rapidement. Dès que quelque chose ne nous plaisait pas, on était en mesure de générer un setup très vite, bien en dessous du quart d’heure d’avant qui semble anodin, mais devient vite pénible. L’autre raison qui est un point tout bête mais bien pratique, c’est notre super champ d’écoute qui nous permet d’avoir à demeure un système STM de 12 boîtes par côté avec beaucoup de recul et un excellent environnement.
Ces deux avantages ont fait que le travail a avancé vite et nous avons surtout pu éviter les habituelles campagnes d’écoute sur un site spécifique ce qui est très consommateur en temps et ralentit beaucoup les modifications nécessaires. Nous avons pu laisser accroché un système de longs mois en affinant jour après jour le rendu d’autant que les boîtes sont en composite et ne craignent pas l’eau. Comme en plus le STM est un système essentiellement de plein air, on n’a pas besoin d’une salle pour travailler et affiner le fine tuning.
Le champ d’écoute de Nexo, situé à l’arrière du R&D. 8 moteurs de 2 tonnes et 65 mètres de recul gazonné en pente douce.
SLU : Vous n’avez pas de voisins dans l’axe de tir ?
François Deffarges : Non, mais nous avons des voisins quand même (rires) et quand le vent est latéral on embête des gens placés à 3 kilomètres. On a fait des fonctions de transfert pour prédire quelque peu les niveaux en fonctions du vent et du temps et puis on sait que ce ne sont que les essais impliquant des subs et à haut niveau qui génèrent de la pollution sonore. Heureusement on ne fait pas du fine tuning à 110 dB.
SLU : Est-ce que l’électronique fait beaucoup dans le son du STM ?
Un graphique qui démontre simplement la façon avec laquelle peuvent s’assembler les 4 éléments qui composent le STM. Les niveaux indiqués le sont à titre…indicatif, de même que l’écart entre la tête M46 et la 28.
Joseph Carcopino : Pas tout non, chez Nexo une bonne enceinte doit sonner dès le début, sans processing d’aucune sorte, il ne faut pas se rater dans la conception. Cela dit si on prend un produit de génération antérieure comme un GeoT ou un GeoS8 et qu’aujourd’hui on applique les algorithmes qu’on développe pour le STM et on emploie la même méthodologie de préparation de setup, on arrive au même genre de résultat. C’est vrai qu’avec le STM et de par les moyens humains qu’on a employé, le guides et les évents sont encore plus raffinés et donc le résultat meilleur.
SLU : Comment est pensée la modularité du STM ?
François Deffarges : Assez simplement. La tête est la M46, elle descend à 85Hz et peut sous certaines conditions et types de musiques, être employée seule. Le montage standard pour reproduire rock et pop fait appel à une tête pour un renfort de basses B112. Enfin il y a quelques cas de figure où le montage double basse est choisi avec un niveau de grave surdimensionné.
Le S118, une vraie petite brute
SLU : Vos charges ne sont pas à radiation directe.
François Deffarges : Non. Sur le S118, le sub à proprement parler qui embarque un simple 18’’, nous exploitons un brevet de l’université Pierre et Marie Curie dont on a acquis la licence d’exploitation, ce qui fait que cette enceinte dispose d’une tuyère et pas d’un évent, un profil concave là où nos confrères emploient des profils convexes pour réduire les vitesses et donc les turbulences.
Ce montage nous permet de disposer de 6dB de plus en sortie de tuyère par rapport à un profil classique ce qui est énorme car ça signifie que sinon l’évent limite ce que le haut-parleur est capable de donner.
SLU : Pour le B112 ?
François Deffarges : Pour le renfort de basses on a le couplage d’une charge expo et bass reflex. L’acoustique peut être simple. Plus tu réduis la bande passante plus tu augmentes l’efficacité. Le Bass va de 50 à 200Hz et par rapport au volume de charge, il a un rendement spectaculaire surtout comparé à un caisson en radiation directe. On sort plus qu’un double 15’’ comme notre RS15. Si on le place côte à côte et sur la même bande donnée, le B112 qui dispose d’un 12 avec un très gros moteur et une énorme excursion, délivre plus de SPL.
SLU : Vous avez évoqué des brevets dans le M46.
François Deffarges : Oui, notamment des membranes en polymère de Ketone dans l’aigu qui n’ont pas de breakup mode, fonctionnent en piston jusqu’à 19KHz et se révèlent indestructibles puisque depuis que nous avons démarré cette enceinte, nous avons un taux de panne de zéro. Nous avons aussi un très beau brevet pour notre évent. Tous les évents présentent des résonnances dans le médium via des harmoniques du grave, et ces pics de résonnances parasites viennent abîmer la couverture horizontale. On a trouvé une parade brevetée via une échancrure dans l’évent qui permet d’absorber ces résonnances.
Si vous regardez bien derrière la patte métallique au premier plan, on distingue l’échancrure, une sorte de V qui fait très avion furtif, et qui est le secret de la belle polaire de la M46 !
Le résultat du travail effectué sur les évents est bien visible.
SLU : Vous y avez pensé dès le départ ?
François Deffarges : Non, c’est une fois l’enceinte assemblée et lors des premières mesures où l’on a trouvé qu’horizontalement, quelque chose qui n’allait pas. On a pris trois ou quatre mois de retard à cause de ça mais avons trouvé et c’est Matthias qui a phosphoré et eu l’idée du brevet et pourtant cela fait plusieurs années que tous les constructeurs cherchent. Depuis nous l’appliquons systématiquement à toutes nos enceintes.
SLU : Vous avez parlé de la faculté qu’on les enceintes Nexo à fonctionner sans presets, ce qui revient à dire qu’elles naissent bien, Marcel Dassault disait qu’un bel avion vole bien…
Joseph Carcopino : François Deffarges dit ça sur les enceintes (rires)
François Deffarges : Il avait raison. Les objets « well engineered » bien conçus, sont beaux et c’est vrai pour les avions, les voitures comme les enceintes. Curieusement on trouve beaucoup d’enceintes avec des formes très géométriques, alors que le son aime bien les formes courbes.
SLU : En termes de haut-parleurs qu’avez-vous déniché ou fait fabriquer pour le STM ?
François Deffarges : Le 18’’ on l’avait déjà, un très, très bon haut-parleur, le 12’’ en revanche a été développé car il est très particulier. Il a une excursion gigantesque, une bobine de 4’’ et admet 3000 Watt. Il soulève un bonhomme (rires). Les 4 haut-parleurs de 6,5’’ de la M46 ont aussi une particularité, leur membrane plate. Cela évite toute diffraction sur l’aigu qui est contrôlé par un très grand guide d’onde dans lequel sont enchâssés ces 4 haut-parleurs. Sans cette solution la réponse horizontale mais aussi verticale est très abîmée. Certes on alourdit un peu la membrane, mais l’amélioration sur l’aigu est spectaculaire.
Une vue de près de deux M46. En bas un prototype avec des haut-parleurs de 6’’ coniques classiques et en haut un M46 de série avec les 6’’ avec la membrane aplatie par un cache noyaux spécifique. Ce montage évite d’abîmer la couverture horizontale, mais aussi sur le plan vertical et qui à 15 kHz peut ne pas être négligeable.
Une fois encore la validité de cette solution technique ne fait pas l’ombre d’un doute et ces polaires parlent d’elles-mêmes.
SLU : OK, vous disposez d’un système de qualité, de super haut-parleurs, de trouvailles en pagaille mais ça, vous saviez le faire depuis toujours… le son, le nouveau son STM, il vient d’où ? Ne me dis pas que t’as pas entendu la différence ou alors l’heure de la retraite a sonné pour toi ! Vous avez benchmarké ?
François Deffarges : (mort de rire) Nous avons commencé par obtenir par nous-mêmes ce que nous voulions entendre du STM en exploitant ses qualités propres et les moyens DSP dont nous disposons et ensuite, bien entendu, nous avons effectué des écoutes comparatives avec les systèmes concurrents mais sans dénaturer les qualités intrinsèques du notre. Nous avons fait des choix forts et une grande partie du mérite en revient David Hochstenbach.
Dès 2006, quelques années après son arrivée, il a été chargé du calage fin de tous nos systèmes. Je dois dire qu’avant sa venue, on avait souvent des coups de fil ou des demandes pour monter le 20 KHz, baisser le 2 et évidemment toujours contradictoires. Depuis qu’il a pris ce travail en main en commençant par le GeoD, le 45N12, les RS et surtout le STM, il n’y a pratiquement pas eu de modifications après la sortie des produits ou alors minimes. Merci David !
SLU : La question suivante est assez logique. Pourquoi n’avez-vous pas produit ce rendu très touring, punchy et moderne avant…
Les deux gros moteurs de Nexo, le 4×1 et ses 3U au-dessus et le 4×4 au-dessous. On le reconnaît à ses 4U et à ses grilles de ventilation en face avant. Ils sont depuis peu accompagnés des deux DTD Amps.
François Deffarges : Parce que c’est le fruit d’une enceinte bien pensée, d’un calage réussi, de l’exploitation des ressources du NXAmp et aussi de l’adoption de la phase linéaire. Dans un guide d’ondes il y a entre autres des modes longitudinaux, ce qui veut dire une partie de l’énergie renvoyée vers la membrane.
Le fait de disposer de filtres à phase linéaire nous a permis de corriger en calcul temps réel et sans artefacts les modes du guide d’onde, un peu comme si la membrane avait absorbé d’elle même ces réflexions. Sur le papier cela n’a l’air de rien, mais le rôle pris par le DSP dans l’absorption des résonances actives propres au système est proéminent.
SLU : Sur la PS10 c’est flagrant.
François Deffarges : Je trouve même ça spectaculaire, et les mêmes effets que tu as décrits comme étant du punch dans le grave, sont dûs aux relations de phase qui sont bien faites et aux traînages qui sont enlevés. Nous avons enfin très bien dimensionné l’aigu, mieux que sur les systèmes précédents et on doit être dans les niveaux de distorsion les plus faibles de l’industrie. Le STM est un système qui est pratiquement impossible à faire tordre, en particulier les moteurs d’aigu.
Joseph Carcopino : Pour revenir sur le phénomène de punch, bien sûr l’excursion du haut-parleur est essentielle, mais il ne faut pas oublier le NXAmp dans l’équation. D’accord il fait 4U et pèse très lourd, mais utilisé en bridge sur un 18’’ il sort 350 V, et il n’y a pas beaucoup d’amplis sur le marché capables de le faire. Il vaut mieux ne pas mettre les doigts dans la Speakon (rires).
SLU : Tu tires combien avec cet ampli, car il n’a pas de PFC…
Joseph Carcopino : Si, mais il est passif (rires). Si tous les canaux sont chargés sous 2 Ohm, tu tires deux fois 16 A car il a deux alimentations avec deux prises. D’accord c’est le double de ce qu’absorbe un ampli moderne avec un PFC, mais c’est essentiellement le marketing qui le réclame. Une bonne alimentation bien conçue s’en passe, même en présence de secteurs un peu défaillants. Le PFC est utile quand on veut avoir un ampli qui fonctionne partout dans le monde, ceci étant il y a malgré tout moyen de faire autrement.
François Deffarges : C’est plus un avantage fabricant qu’un avantage utilisateur car il n’y a pas tant de systèmes que ça qui traversent les océans et doivent s’adapter à des secteurs différents. Il y a le cas spécifique du Japon où les amplis sont fabriqués pour ce pays et y restent. Il y a juste l’Amérique latine ou de pays en pays on peut changer de secteur.
La puissance nécessaire à satisfaire 27 000 personnes en plein air lors du festival Rock’n’Heim, sonorisé par les allemands de Satis&Fy en 2014.
SLU : Et un nouvel NXAmp avec PFC ?
Joseph Carcopino : Aujourd’hui on ne pourrait pas le faire. A performances égales il coûterait le double ou il ferait la même taille dix ans après… Un nouvel ampli se doit d’être plus petit et plus économe en énergie. Le standard est 2U et 4 canaux. On va donc travailler pour chercher d’autres techniques et apporter quelque chose de différent dans ce gabarit.
SLU : En termes de puissance impulsionnelle et RMS, il en était où le NXAmp ?
Joseph Carcopino : Une des raisons qui rendent compliqué le fait de lui trouver un successeur, c’est que comme il n’a pas de PFC, la limite RMS de l’alimentation est due juste à sa très grosse alimentation à résonance ce qui fait qu’on est très au-delà de ce que peuvent délivrer à prix égal les amplis actuels en puissance long terme. On est peut-être même sur-dimensionné par rapport à l’application demandée mais à la fois beaucoup mieux que certains autres qui ne tiennent que peu de temps en puissance impulsionnelle avant de descendre au second palier…
Surpris lors de ce même festival Rock’n’Heim en Allemagne à la rentrée 2014, Joseph Cacopino assure le support technique derrière ses écrans.
SLU : Parfois très bas !
Joseph Carcopino : Oui mais la technologie de l’époque permettait de ne pas se soucier de ce problème pour un coût raisonnable, mais cela obligeait à avoir des modèles 110, 220, un certain poids et une taille de 4U.
SLU : En revanche vous aviez prévu du lourd question DSP, car même si aujourd’hui vous êtes à 100% avec le STM, pour un ampli conçu vers 2004 et commercialisé en 2007, il est loin d’être obsolète.
Joseph Carcopino : On avait fait le plein c’est certain, mais grâce au savoir-faire de Yamaha y compris au niveau de la rationalisation des coûts, on a pu rester compétitif. On n’est cela dit pas tout à fait au taquet des ressources DSP, il nous en reste encore un peu pour satisfaire les demandes de nos clients et quelques idées de développement qui pourraient arriver, mais c’est vrai qu’on aimerait en avoir toujours plus.
SLU : A propos de NXAmp, comment jugez-vous votre maison mère Yamaha qui par ailleurs le fabrique. Disposez-vous d’un partenaire qui vous laisse vous exprimer ?
La poignée de main entre Eric Vincenot le Président de Nexo à gauche et Shuji Ito, le président de Yamaha, qui a scellé son entrée au capital de Nexo en juin 2005. Trois ans plus tard, Yamaha s’est porté acquéreur de la majorité des actions.
François Deffarges : On a un partenaire de rêve. Yamaha nous protège énormément et notamment notre initiative, nos idées. On a une boite qui a pratiquement 150 ans d’histoire dans l’audio, des gens qui sont très en avance pour tout ce qui concerne le transport du signal, le DSP, le traitement du signal et j’en passe et un management que j’apprécie tout particulièrement car il repose sur le dialogue qui amène les décisions.
Nous avons la chance de faire partie de ce groupe et cela nous apporte l’assise sur laquelle voir sereinement l’avenir. Ils nous aident dans nos process, ou bien sur la façon de nous structurer.
SLU : Vous collaborez à mettre au point les produits électro acoustiques de Yamaha ?
François Deffarges : Non, très peu et en tant que consultants quand on nous sollicite. Nous avons donné un coup de main sur les DXR mais ils restent concepteurs de leurs enceintes.
SLU : Tu nous as dit que la M46 est la boîte polyvalente par excellence, pourquoi alors avoir développé une M28 ?
François Deffarges : Dans le projet c’est un downfill et va de 0 à 15° là où la 46 va de 0 à 10° et puis cette dernière est un gros système très puissant là où dans la 28 il n’y a que deux moteurs d’aigu contre quatre, les mêmes soit dit en passant.
Elle est légère, sonne très bien, est configurable en directivité à 90 et 120° et si tu veux faire du rock avec, tu peux ajouter des B112, avec la limitation classique d’une petite boite pas prévue pour un plein air face à 50 000 personnes. On a conçu le STM comme un système modulaire, la 28 est l’équivalent d’un module médium-aigu sur le système Alpha e.
SLU : Quand on compare le STM à d’autres enceintes, il paraît un peu lourd. Quelle en est la raison ?
François Deffarges : Attention d’abord à bien comparer. Notre ensemble M46 et B112 génère le SPL d’un gros système arena/stadium, soit le plus gros chez chacun de nos concurrents, et dans ce cas précis, nos 118 kilos ne dénotent pas tant que ça, même si je te l’accorde, on est un peu lourd. Ce poids est essentiellement dû à la solidité du STM, à sa résistance au feu et à sa résistance à l’eau, cette dernière ayant été réclamée par nos clients qui veulent pouvoir accrocher les enceintes et les laisser sur une tour non bâchée et non protégée.
On ne parle pas d’IP car les évents sont libres et donc, sous certaines conditions, l’eau peut atteindre des parties électriques, mais si les boîtes sont à 0 ou avec un angle négatif, elles peuvent rester dehors en permanence sous la pluie ou au soleil. On est aussi un peu lourd puisque dans l’ébénisterie il y a des éléments anti-feu pour être classé V1.
Un détail des ébénisteries en composite imputréscibles, solides, anti-feu et parcourues par des armatures en acier d’une M28 et plusieurs B112. Solide mais forcément un peu plus lourdes que la moyenne.
SLU : Ce n’est pas fréquent qu’une enceinte prenne feu..
François Deffarges : Sans doute, mais cela fait des années que Nexo travaille sur cet aspect d’un point de vue de la responsabilité de la société, et ce malgré le fait qu’il n’y ait pas encore de règlementations dans notre métier. Des feuilles de bois et surtout si elles sont assez fines, ne peuvent prétendre à aucun classement. L’avantage aussi de nos coffrets moulés par injection c’est leur extrême solidité. J’ai été chez Morris Light & Sound qui a été notre premier client américain pour le STM au début 2013 et près de 4 ans après, les boîtes sont comme neuves.
SLU : Est-ce vous avez pour vos enceintes des procédures d’entretien à respecter ? Quand on imagine ce que doivent subir les membranes et les suspensions, notamment le 12’’ du B112…
François Deffarges : Il y a un service manuel très complet qui donne les procédures de révision du système avec tout ce qu’il faut faire en termes d’entretien régulier.
Joseph Carcopino : Nous avons des tests de vieillissement qui sont assez originaux et qu’on a mis en place en cherchant au départ à évaluer la compliance des HP et, pour gagner du temps, en même temps leur performance thermique. On a pour cela mis au point un ensemble de macros. On s’est donc rendu compte qu’en associant dans un test le maximum d’excursion et l’échauffement le plus élevé avant destruction, on parvient en une semaine à le vieillir à un point tel qu’il dépasse tout qu’il connaîtra en utilisation réelle.
On a comparé pour cela avec des haut-parleurs exploités « normalement ». On le rince vraiment bien et en 500 heures de test, on lui fait subir un vieillissement équivalent à 10 ans de vie. Cela nous a permis de beaucoup progresser sur la compliance des spiders et des surrounds et d’être très confiant sur la tenue dans le temps du STM, surtout le B112 dont le HP a bénéficié des avancées liées à ce test et l’adoption de nouveaux matériaux pour ces deux suspensions et sur lequel nous n’aurons aucun problème de vieillissement.
La salle de torture de Nexo, l’endroit où l’on pousse dans ses derniers retranchements tout HP, enceinte ou électronique et si destruction et incendie se produisent, elle y résiste.
SLU : En plus vos presets maintiennent les HP dans leur zone de sécurité…
Joseph Carcopino : Avec nos presets on est certain que nos HP seront en deçà de la limite que nous avons déterminée.
François Deffarges : Nous disposons chez Nexo d’une chambre de torture pour ça.
SLU : L’idéal serait de pouvoir connaître le temps d’utilisation d’un HP et les efforts qu’il a endurés… Peut-être que sur votre prochaine gamme d’amplis vous disposerez d’une mémoire.
Joseph Carcopino : Oui mais pour cela il faudrait que tel patte d’ampli soit toujours raccordée à tel haut-parleur or dans les faits on sait bien que c’est impossible. Théoriquement le plus simple serait que l’ampli soit dans l’enceinte.
François Deffarges : C’est vrai que tant que l’enceinte est un élément passif, c’est difficile à tracer à part avec une courbe d’impédance et ce n’est même pas dit qu’elle te renseigne correctement car même si la compliance a énormément bougé, si tu mesures dans la charge de l’enceinte, ce n’est pas garanti que tu constates une différence.
Radiation directe, passe-bande, qu’importe le caisson pourvu qu’on ait l’ivresse
SLU : Depuis toujours Nexo est le spécialiste des subs à charges complexes et rares sont les modèles à radiation directe qui pourtant plaisent pas mal en France. Comment vous expliquez cela ?
Le RS18, un sub malin et capable de très bien guider son énergie, même utilisé seul.
François Deffarges : Mais nous avons un excellent sub à radiation directe, le RS18 (rires) un double 18’’ lancé en 2012. Pour bien répondre à ta question, il faut suivre les tendances de la musique. Aujourd’hui, avec le traitement du signal, les différences qui existaient entre une charge complexe et une radiation directe ne sont plus si importantes que ça et à 50 mètres de la scène, je ne pense pas qu’on soit capable de distinguer à l’oreille la nature du sub.
Le marché est de toute façon devenu plus exigeant et le tas de bois posé à jardin et cour et une power alley à vomir au centre n’est plus accepté. Aujourd’hui le design des subs s’est beaucoup sophistiqué et on panache fréquemment entre subs accrochés et au sol afin d’arriver à un résultat plus homogène. Je ne vois plus trop de débat sur la nature de la charge mais surtout en termes d’homogénéité. Il reste vrai que nous avons depuis toujours une bonne réputation sur les charges !
Joseph Carcopino : On ne fait pas du bandpass par dogmatisme, on parvient à des résultats excellents et à SPL égal en réduisant la taille des subs et le nombre de haut-parleurs embarqués ce qui est recherché par le marché.
SLU : Comment coupez-vous vos subs, au cas par cas ou bien avez-vous standardisé l’ensemble ?
Joseph Carcopino : Aujourd’hui on a homogénéisé les fréquences de coupure pour tous les subs pour que tout le monde soit toujours en phase et puisse raccorder n’importe quel sub avec n’importe quelle tête. On a donc 60, 85 et 120 Hz, en revanche tous nos systèmes et tous nos subs peuvent être au choix sur l’une de ces fréquences pour faire par exemple de l’overlap.
On peut mélanger librement les subs sans que cela ne pose de problème. Si tu prends un RS18 et un S118 et tu les fais jouer côte à côte, tu obtiens 6dB de plus et quand tu les mesures, tu as une réponse en fréquence très proche. Il suffit d’aligner les subs quels qu’ils soient, de leur appliquer une valeur de délai par rapport au système et c’est immédiatement en phase.
Un mur de subs pour le Hellfest 2014 en montage cardioïde. A raison de 3 S118 par paire de canaux bridgés, tout ce petit monde demande un rack NUAR et demi, ou trois NXAmp 4×4.
SLU : Ce qui revient à dire que vous avez dû aligner tous vos subs sur le plus « lent » du royaume. Qui est le vilain petit canard ? (rires)
La bonne vieille soufflante CD18 avec son look de clapier à lapins mais capable de diriger très efficacement de l’infra et du grave vers l’avant en 120°x120° et grâce à la qualité de sa charge, avec une sensibilité de 105 dB SPL et un SPL max de 145.
François Deffarges : Le CD18. S’il n’était pas encore là et on avait voulu l’exclure des presets, on aurait pu baisser le délai de groupe.
Joseph Carcopino : Maintenant si on voulait bien faire les choses on pourrait retravailler le preset de ce vénérable sub qui date de plusieurs années (rires)
François Deffarges : Voire considérer qu’il n’a plus à être compatible avec tous les autres, mais à la fois c’est important de ne pas laisser tomber nos clients et mériter leur loyauté à la marque en continuant à développer des presets pour des vieux produits.
SLU : Est-ce que les clients de Nexo sont fidèles ??
François Deffarges : Oui assez. Ceux qui nous aiment, nous aiment bien et longtemps, et peu sont partis. Un peu comme le turnover interne à Nexo, nous avons beaucoup de clients historiques qui sont là depuis toujours et aiment ce que nous avons décrit comme l’ADN de Nexo. Je pense à Vincent Tempels d’Arto en Belgique ou Thierry Tranchant chez Melpomen en France pour n’en citer que deux, et cette fidélité dure depuis l’Alpha et date donc de 20 ans, mais nous avons aussi des nouveaux venus y compris en France comme Texen dans le sud et West Evénement qui vient de rentrer du STM. Pour la deuxième année consécutive nous allons avoir de jolis chiffres en termes de croissance ce qui trahit l’arrivée de plus de clients.
L’iD24 avec une des innombrables accroches et couleurs disponibles.
Joseph Carcopino : Nous disposons par ailleurs en plus du STM de nouveau produits qui intéressent pas mal le marché comme l’iD24. Des sociétés qui ont des gros systèmes d’autres marques, peuvent craquer sur ce petit système qui est imbattable pour des applications bien précises et qui, à taille égale, en fait plus que la concurrence.
François Deffarges : Par rapport à ta question sur l’ADN Nexo, l’iD24 c’est à 100% un produit Nexo. Tu ne le trouveras pas ailleurs, il est compétitif de par son prix mais aussi de par ce qu’il offre vis-à-vis de la concurrence à prix égal et pas besoin de logiciels compliqués. On les branche et ça marche.
Joseph Carcopino : C’est comme une PS mais sans concurrents (rires !)
SLU : Quand vous réfléchissez au futur, vous voudriez améliorer quoi…meilleur guidage, plus de SPL, distorsion plus basse, cohérence sur la portée…
François Deffarges : Fiabilité, qualité des produits, tenue au temps, tenue aux intempéries…
Joseph Carcopino : Rapport poids / rigidité des matériaux et puis surtout le grand saut qui interviendra dans le futur et qui sera le contrôle actif des haut-parleurs.
SLU : C’est vrai qu’on touche là à la limite du NXAmp en termes de ressources DSP et surtout de par sa capacité à amplifier de nombreuse enceintes à la fois..
Urban Peace 3 en 2013, avec la prédiction façade obtenue grâce à NS-1, le logiciel Nexo. Il s’agit d’une prédiction large bande 32Hz à 16 kHz mais pondérée A, il manque donc quelque dB de S118 ! Une régularité quasi parfaite et la plus grand partie du public tenue dans un gabarit de 6dB d’écart..
François Deffarges : Enceintes dont l’impédance est prévue pour ça. Il ne faut pas oublier que nous avons optimisé le STM pour tirer le meilleur parti du NXAmp et limiter le nombre d’amplis ce qui a une incidence positive sur le prix final de l’ensemble qui est un paramètre très important.
Pour en revenir à ta question sur le futur, je ne peux pas ici encore exclure le prix. On a vu ce que certains ont fait en termes de processing via leurs contrôleurs, mais le nombre d’unités requises pour obtenir un guidage efficace oblige à doubler le nombre d’amplis et le coût de l’ensemble explose.
Joseph Carcopino : Au-delà du guidage du front d’ondes, nous nous dirigeons vers des systèmes « feedbackés ».
SLU : On pourrait tout corriger.
François Deffarges : Tu sais que c’est l’un des premiers brevets de Nexo, la correction de la distorsion…
Joseph Carcopino : Je sais, ce n’est pas parce que je n’étais pas encore là que je ne m’y intéresse pas (rires)
SLU : On parle de gain en SPL ou de linéarité ?
François Deffarges : On parle d’abord de linéarité augmentée et pas forcément qu’en termes d’extension de la membrane.
Un coup d’œil à l’intérieur de la M46 où l’on découvre les 4 moteurs d’aigu de 2,5’’ solidaires des quatre guides d’onde hyperboliques et l’on aperçoit aussi un des quatre 6,5’’en charge de tout ce qui est situé en dessous de 1,5 KHz, un sacré boulot pour des HP aussi petits.
SLU : Revenons à notre client. Il est ravi du STM, mais il veut plus le jour où il va le remplacer. A quoi rêve-t-il.
François Deffarges : Il lui faudra un son aussi bon que le système actuel, voire meilleur, et cela est vrai pour tout fabricant. Il faudra aussi lui offrir une facilité de mise en œuvre et d’exploitation malgré des performances en hausse. Il faut lui faire gagner du temps car dans l’équation du coût, s’il faut deux personnes et une demi-heure d’un côté contre 4 et trois heures de l’autre pour le mettre en oeuvre, ce n’est plus du tout le même discours. Enfin les problématiques de contrôle de la directivité, constance de couverture, taille, poids et prix ne sont pas à oublier.
SLU : La couverture du STM me semble déjà excellente, quoi faire de plus…
François Deffarges : Il le faut, sinon comment permettre à l’ingé système de caler sa diffusion si à chaque fois qu’il s’éloigne de l’axe, la réponse en fréquence varie. Elle peut décroître, elle le fait d’ailleurs, mais en restant homogène. On fait beaucoup, beaucoup de polaires pour ça ici chez Nexo (rires)
Une partie des HP qui, tels des ingrédients, rentrent dans la recette du STM
Joseph Carcopino : Les outils de simulation ont énormément changé depuis la génération précédente. Aujourd’hui on peut simuler une enceinte avec deux haut-parleurs en les plaçant comme on veut.
On lance la simulation sur ordinateur et ce dernier va calculer toutes les couvertures pour toutes les fonctions en éléments finis sur une semaine ce qui nous permet de choisir à coup sûr un angle précis. On gagne un temps fou par rapport à quatre générations de prototypes où on essayait avec deux planches et une charnière de faire varier le montage.
SLU : Et les guides d’ondes ?
Joseph Carcopino : C’est pareil. Si le STM est aussi efficace c’est aussi parce que dans un laps de temps assez raisonnable on a pu simuler toute une variété de modèles là où à l’époque on ne pouvait pas.
SLU : Tu as pu facilement quand ton imprimante 3D est arrivée.
François Deffarges : Cela fait 15 ans qu’on a une imprimante 3D sauf qu’à l’époque elle ne s’appelait pas comme ça mais « Machine à prototypage rapide ». Aujourd’hui, et c’est une tendance dans l’industrie surtout de pointe, la part de prototypage et de mesure se réduit au bénéfice de la simulation d’autant que cette dernière devient de plus en plus pertinente, voire moins entachée d’erreurs que la mesure.
Conclusion 2è partie
Il souffle un vent nouveau à Plailly et cette longue interview démontre à quel point Nexo est en train de changer en intégrant désormais l’écoute des réels besoins du marché avec l’ADN de cette société, la créativité et l’anticonformisme. Le résultat s‘appelle STM, mais aussi iD24 ou DTD Amp et DTD Controller.
Tous ces produits sont originaux, fonctionnels, sonnent et surtout apportent une plus-value par leur caractère novateur et répondent à un désir fort de la clientèle, sans que cela ne se ressente sur l’addition finale ou plutôt si, à la baisse. Nexo rentre dans le rang ? Non, clairement pas, et les portes qui sont restées fermées, les phrases qui se sont interrompues et les photos que l’on n’a pas pu prendre trahissent l’activité incessante du R&D pour préparer les systèmes du futur, forcément différents.
Le bureau d’études de Nexo, là d’où tout sort, y compris Eric Ecosse en train de fumer sa clope et à jamais immortalisé sur le perron du labo !
En guise de troisième et dernière partie de cette longue après-midi chez Nexo, on vous prépare une balade entièrement faite de photos et d’explications sous chacune d’entre elles. Une balade en images dans les ateliers, les chambres sourdes, les stocks de vieux HP, les protos, le champ d’écoute, comme si vous y étiez. Comme aurait dit un hebdo bien connu, « le poids des mots, le son des photos »
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