Pour la tournée du musicien électro Vitalic, le collectif All Access Design a imaginé une scénographie époustouflante, impliquant un objet suspendu lumineux et mobile, juste au dessus de sa tête, une matrice de MagicDot-XT incrustée dans un mur d’Intellipix-XT à contre avec une ligne de strobes Stormy et une belle poignée d’indispensables Sharpy. Nous avons assisté au concert donné à l’Aéronef de Lille et le premier mot qui nous vient en découvrant la scène c’est Whaouuu !
Un magnifique tableau dans lequel les cadres illuminés par un seul ruban de leds se détachent avec légèreté de l’effet wash géré par les Intellipix-XT.
C’est au terme du premier tiers de la tournée de Vitalic démarrée en septembre 2016 que nous avions découvert cet extraordinaire engin volant polymorphe, du sur mesure développé par All Access Design. D’une envergure de 5 m x 5 m, il est constitué de cinq cadres en aluminium concentriques, incrustés de leds sur les bords intérieurs, extérieurs et inférieurs, chacun animé par 4 moteurs arrimés aux angles.
Autant dire qu’il offre une multitude de formes géométriques différentes démultipliées par le contenu vidéo projetés par les leds : quelque 20 000 sources RGBW pixel mappées. Nous retrouvons l’équipe de AAD – Samuel Chatain, Victorien Cayzeele et Vincent Leroy – à l’Aéronef, et l’artiste lui même, Pascal Arbez-Nicolas qui a accepté de nous rencontrer : sympa ! Voici son interview.
L’équipe technique des concerts de Vitalic. A gauche Mickael Cannizzaro (CMDS), Victorien Cayzeele (light design / ingé réseau), Samuel Chatain (light design / scénographie), Thomas Pilato (tech réseau/block) et Vincent Leroy (opérateur/développeur media serveur et motorisation).
Vitalic impliqué dans la démarche artistique
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SLU : Comment ce projet scénographique a-t-il été initié ?
Vitalic : Je n’avais pas d’idée précise mais il fallait trouver un design sur le thème de l’album en lien avec la musique. Donc j’avais donné des mots clé à plusieurs designers et All Access Design est venu avec ce projet que nous avons sélectionné car c’était la meilleure idée proposée.
La position des cadres dimensionne l’espace scénique et le bleu profond des B-Eye Claypaky ajoute à l’intimité.
SLU : Cet objet suspendu ne vous a pas fait peur ?
Vitalic : Au début oui parce que je ne savais comment et si ça allait fonctionner en tournée, c’est quand même lourd. Par contre aujourd’hui je n’ai aucune appréhension à me placer dessous pendant le concert.
SLU : Vous ressentez quoi dans ce cadre ?
Vitalic : Je me sens capitaine d’un vaisseau spatial. C’était ça l’idée et c’est très réussi.
SLU : Ca influence votre jeu ?
Vitalic : Non mais je connais le déroulé donc j’anticipe un peu. Je suis même excité à l’idée d’arriver sur certaines séquences (rire) !
Vitalic, dans un bain de couleur de B-Eye, strobé par les Stormy Claypaky sous des tirs de Sharpy.
SLU : Le feedback du public vous le sentez ?
Vitalic : Oui, je le sens en direct et d’une manière générale les échos sont très, très bons.
SLU : C’est indispensable aujourd’hui quand on est musicien électro d’offrir une scénographie?
Vitalic : Non j’ai tourné très longtemps sans, ça marche aussi mais j’ai l’envie d’emmener mon projet plus loin, d’aller jusqu’au bout. C’est très excitant. Je me suis impliqué avec AAD dans le séquençage des lights et ça m’a plu de le faire. Nous avons travaillé ensemble de façon très fluide et sans problème d’égo, c’est agréable.
SLU : Vous avez des demandes précises concernant les mouvements de la structure les visuels projetés et les couleurs ?
Vitalic : Souvent j’ai adopté les idées qui m’ont été proposées mais c’est quand même moi qui ai la meilleure vision de mon show, et sur le séquençage, j’ai des idées assez arrêtées. Oui sur les couleurs aussi j’ai exprimé des demandes, une sorte de code des couleurs, comme l’utilisation du rouge sur les morceaux les plus durs.
Les faisceaux serrés des MagixDot-XT Ayrton en rotation rapide derrière l’objet volant pixel mappé.
Une scénographie rétro futuriste
Nous avions discuté en amont avec Jordan Magnée, un des directeurs artistiques de All Access qui ne pouvait être présent à Lille le soir du concert.
SLU : Jordan, quel était le point de départ de ce projet ?
Jordan Magnée
Jordan Magnée (scénographe) : Nous avons travaillé le projet en trinôme en partant de la volonté de l’artiste d’une scénographie très recherchée et impactant ses concerts. Pour Vitalic la scénographie joue un rôle important car il fut un des premiers musiciens électro à intégrer les arts numériques dans la relation musicale. Pour cette nouvelle tournée il souhaitait évoluer dans un univers rétro futuriste. Il voulait explorer un concept avant-gardiste en rupture avec ce qui existe déjà.
On a eu dès le début envie de créer un objet suspendu au dessus de lui, qui pourrait interagir avec la musique. Nous sommes donc partis sur cet objet mobile constitué de 5 cadres carrés concentriques qui sont reliés chacun à 4 points moteur et du coup l’objet est vivant. Pour Vitalic on souhaitait qu’il se passe physiquement quelque chose. Avec cet objet kinétique suspendu, on arrive à créer une scénographie différente pour chaque titre. Ensuite cette structure est bordée de leds et elle projette du contenu vidéo. Donc la variation physique est accentuée par le mouvement de la vidéo.
Nous avons construit une matrice à l’arrière avec des Intellipix-XT qui permettent d’entourer cette structure en jouant sur la profondeur de la scène avec des faisceaux. Cette matrice est incrustée de MagicDot-XT pour créer des mouvements de faisceaux et du coup l’entièreté du kit, matrice et structure sont entièrement pixel mappés. On passe les mêmes médias dans la totalité du kit ce qui créé une atmosphère commune à toutes les machines. Il y a différents contenus, des visuels très graphiques, des visuels plus vidéo, mixés pixel par pixel pour jouer sur les variations. C’est un gros jouet qui a suscité beaucoup d’interrogations et qu’il a fallu apprivoiser.
Les cadres doucement se rassemblent, et plombent la scène. Ambiance rétro futuriste.
La structure carrée est orientée pointe en avant pour jouer sur les angles et la profondeur de la scène. La matrice d’Intellipix est angulée dans le sens inverse, vers l’arrière pour jouer avec des obliques et les profondeurs. On est assez content du résultat, on trouve que c’est assez novateur. Sur Vitalic, il y a une grosse synchro entre la musique, les mouvement physiques et les mouvements lumière et vidéo ce qui intensifie la musique.
L’accroche et les réglages quotidiens
Quand nous arrivons à l’Aéronef en début d’après midi, le kit est monté, les 5 cadres accrochés et câblés sont en mouvement et scintillent. Vincent est allongé dessous, une tablette à la main. Samuel et Victorien, au pupitre GrandMa, peaufinent la programmation.
SLU : Vincent, tu fais quoi avec ta tablette ?
Vincent Leroy : Je commande les mouvements des moteurs pour vérifier que les cadres ne se touchent pas, et j’ai la main sur l’arrêt d’urgence pour les stopper en cas de télescopage. Quand j’ai fini mes réglages et tests de sécu je donne la main à la GrandMa qui a le même mode de contrôle que l’iPad chargé de l’interface TouchOSC.
Vincent pour chaque date de la tournée, étalonne l’amplitude des cadres en fonction de la hauteur du cadre de scène.
L’iPad de Vincent chargé de l’interface TouchOSC.
Victorien Cayzeele : Tous les jours il y a un peu de retape à faire en fonction de la hauteur des salles qui accueillent la tournée. Hier on était à 7 m à Bruxelles et aujourd’hui on est à 6,20 m. La où ça devient compliqué c’est quant on a des amplitudes de plus de 3m. Chaque jour on loade la hauteur du show, donc au fur et à mesure de la tournée on se fait nos mémoires où on va piocher dans les presets des hauteurs.
SLU : Tu m’expliques le fonctionnement ?
Vincent Leroy : Les moteurs sont gérés par un serveur dédié. Chaque position est calculée par rapport au sol qui est le point zéro. Le matin, quand le gril qui supporte les 20 winchs (moteurs des cadres) est accroché à ses 4 points, je descends les crochets des winchs jusqu’au sol et enregistre les positions. On accroche les cadres et je passe en mode cadre pour lequel je dispose de 3 paramètres qui sont l’altitude, le pitch (inclinaison face lointain) et le roll (inclinaison jardin/cour).
Puis je bascule en mode référentiel rapport au sol qui est toujours mon point zéro, le plafond dépendant de la hauteur du gril. On a défini, moteur par moteur, des positions, autrement dit des limites de sécurité qui tiennent compte du décor ou de l’artiste suivant les cadres. Les butées basses sont enregistrées car le décor est toujours à la même place. Les points arrière descendent plus bas car il n’y a pas d’humain dessous, le cadre A descend au raz du sol derrière Vitalic, le B passe autour du sub, les C et D au-dessus de Vitalic le bras levé et enfin le E, le plus grand, passe autour de lui, et s’arrête au-dessus de sa console.
Quand deux strip led sont allumés, les cadres se matérialisent. Le contraste est adouci par les faisceaux des MagicDot-XT avec une même intention de direction.
SLU : Les winchs sont-ils commandés depuis la console ?
Vincent Leroy : Oui, en ArtNet. On envoie, à un serveur dédié aux winchs, des coordonnées XYZ (Altitude, Pitch et Roll), comme si c’était des projecteurs en fait. C’est le serveur, développé sur la base du firmware VVVV, qui interprète les correspondances DMX envoyées aux moteurs. Le serveur est sur 3 réseaux différents. Il reçoit l’ArtNet de la console sur une carte réseau, le DMX des winchs sur une 2e carte réseau physiquement séparée et la commande est sur un 3e réseau encore séparé. Donc il y a 3 cartes réseau dans la machine.
L’écran de la GrandMa où Samuel prend la main sur le contrôle des 20 moteurs de cadres.
Victorien Cayzeele : Le serveur AAD a ses propres VLAN, son propre node ArtNet DMX et ses propres splitters pour être vraiment isolé de tout le reste du réseau. Il n’y a aucune interférence possible avec quoi que ce soit.
A la console on a une interface en croix qui nous indique en rouge que la position commandée est trop basse et en bleu qu’elle est trop haute. On doit donc tenir dans ces plages de contrainte, une par cadre, sinon le winch ne bouge pas.
SLU : Et la sécurité du système ?
Victorien Cayzeele : C’est comme pour l’asservissement de structure, dès l’instant ou il y a un mouvement au dessus de quelqu’un, il faut au moins 3 points de sécu. On a un point de sécurité électrique, un point de sécu de commande par le biais du serveur VVVV et un point de sécu en console et le coup de poing arrêt du data, un contrôle de “l’homme mort” qui est activé pendant le show par Vincent toutes les 30 s.
Vincent Leroy : Je suis placé aux blocks pour avoir une vue dégagée des cadres.
SLU : Qui a développé le système Motion ?
Vincent Leroy : Emilien Grèzes et Victorien
SLU : Vous avez choisi les winchs sur quels critères ?
Samuel Chatain : Nous avions besoin de moteurs légers pour satisfaire les contraintes de charge dans les clubs. On a choisi les winchs Wahlberg qui sont les plus légers, assez flexibles et que l’on arrive à contrôler facilement. C’est une marque danoise. On travaille avec eux régulièrement en leur faisant un retour de nos expériences et ils apportent des solutions. Ces winchs ne sont pas parfaits, la gestion de la vitesse est un peu complexe et le câble a la fâcheuse tendance, s’il se retrouve au mou, à sortir de son guide car c’est le poids qui gare le câble et qui fait en sorte qu’il se range de la bonne manière. C’est pour ça que sur chaque winch il y a un petit lest de 1kg. Et donc le câble n’est jamais au mou.
Les winchs Wahlberg, 4 par cadre, ce qui fait un total de 20 moteurs.
SLU : Et cet objet mobile passe dans tous les clubs ?
Samuel Chatain : Nous avons défini deux versions, une avec 5 cadres comme ici, la full, et si on n’a pas trop d’espace on peut retirer les Intellipix qui sont sectorisés et supprimer 2 cadres, les plus grands comme on a dû le faire à la Laiterie.
Victorien Cayzeele : Ca arrive quand le plateau est trop petit ou la capacité de charge insuffisante au plafond.
Victorien (à gauche) et Samuel sont les deux Lighting Designer de ce projet scénographique particulièrement innovant.
Samuel Chatain : Ca va de pair généralement.
Victorien Cayzeele : Le système n’est pas très très lourd, 1,5 tonne. On a juste un point d’accroche à presque 600 kg qui peut poser des problèmes.
SLU : Combien de points d’accroche au total ?
Victorien Cayzeele : Quatre. Nous avons étudié en amont toutes les solutions possibles en fonction des contraintes de salle pour passer à peu près partout.
SLU : Vous tournez dans des salles de quelle jauge ?
Victorien Cayzeele : 700 à 2500 personnes.
Habillés de leds RGBW
SLU : Parlons des leds qui habillent les cadres
Les 5 cadres bordés de leds dessous à l’intérieur et à l’extérieur.
Victorien Cayzeele : C’est un strip RGBW commandé point par point avec un petit pitch de 6,7 mm. Juste pour les strip leds des cadres et de la régie de Vitalic, la DJ Booth, j’ai 219 univers. Il y en a en latéral intérieur, extérieur des cadres et dessous. On n’a jamais réalisé un projet réunissant autant de strip led.
Quand Samuel et moi avons démarré le dessin technique de la structure avec l’intégration des leds, il fallait définir des longueurs très précises pour toutes les baguettes. Et on s’est fait un jeu de spare. Si une baguette est hors service, on la remplace. Le carter en alu a le double avantage de protéger et refroidir les leds. Une fois les mesures déterminées on a pris 4 personnes pendant 4 jours pour coller les leds chez AAD et nous sommes restés 7 jours chez CMDS avec Sam à tout câbler, percer les profilés, fixer les embases… C’est de l’artisanat.
Samuel Chatain : Quand on voit le premier cadre voler, ça fait plaisir.
Détail d’un cadre avec une de ses alimentations et une petite section de ruban led en bas à gauche.
SLU : Il y a combien d’alimentations ?
Victorien Cayzeele : On a 24 alimentations et 24 cartes de gestion et chaque carte gère 8 mètres de strip. Dans chaque boîtier, il y a un switch qui fait le lien avec le switch suivant car on a décidé de ne descendre qu’un seul câble par cadre du plafond.
Donc au plafond on a juste un Gigacore Luminex et 5 lignes, plus 5 de spare au cas où un câble casserait dans les winchs. Avant, quand on faisait de l’intégration led, on prenait des boîtiers industriels classiques et on ne tombait jamais sur les bonnes cotes, alors pour ce projet nous avons fait fabriquer les boîtiers d’alim à nos mesures.
Les MagicDot-XT Ayrton incrustés dans la matrice d’Intellipix-XT. Ils ont la même source, le même collimateur et diffusent les mêmes séquences vidéo.
SLU : Comment l’intellipix-XT s’est-il inscrit dans le projet ?
Victorien Cayzeele : On avait l’idée de faire une matrice et nous envisagions des MagicDot-XT. L’avantage de l’Intellipix-XT c’est qu’il a le même collimateur et la même source que le MagicDot-XT donc les sources se répondent parfaitement bien. Ce produit nous tentait car son faisceau est vraiment très, très serré avec beaucoup de flux. Léon Van Empel de S Group qui fournit le kit lumière, nous a suivis.
Samuel Chatain : On avait travaillé avec le MagicDot-R sur de précédentes tournées et pour ce projet on souhaitait utiliser le MagicDot-XT pour avoir un peu plus de force de frappe. On installe au final une matrice fixe en Intellipix-XT intégrant des MagicDot-XT qui font exactement la même lumière, et le mur se met en mouvement.
Victorien Cayzeele : Aujourd’hui le mur d’Intellipix est plat car on n’a pas assez de profondeur de scène pour former un V, pointe en avant, mais la volonté c’est d’ouvrir la matrice et travailler dans le volumétrique pour dégager les angles, ouvrir la perspective du show.
Un très joli tableau futuriste créé uniquement par les MagicDot-XT, des petites sources très puissantes.
SLU : Les possibilités d’accroche vous conviennent ?
Victorien Cayzeele : Oui, il y a des trous pour fixer la machine qui ont permis de concevoir toute cette installation de matrice dans des panières réalisées par CMDS Factory
SLU : Tu es content de l’effet volumétrique. Il est comme tu l’imaginais ?
Samuel Chatain : Oui complètement. Le V c’est le logo de Vitalic. Si tu regardes le plan vu de dessus, tu peux constater que tout le design est en V : la matrice de fond de scène, la ligne de Stormy devant, la disposition des cadres pointe en avant, la régie… On voulait symboliser ce V, ce triangle si emblématique de Vitalic, sans l’avoir en permanence sous les yeux, sinon j’aurais mis un backdrop tout simplement (rires).
Plan vue de dessus
C’est ainsi que nous sommes arrivés aux cadres concentriques qui nous permettent de former une pyramide, ou une structure plate au plafond, grâce à la motorisation. On voulait quelque chose de simple à construire, concentrique, beau, qui puisse passer partout. 5 m ça veut dire que le point bas et le point haut du grand cadre couvrent pratiquement toute la scène. Pour les clubs ca fonctionne, après quand on arrivera en festival on pourra disposer de tous les projecteurs d’accueil pour compléter le visuel.
Victorien Cayzeele : On a déjà encodé les kits d’accueil des festivals pour couvrir les grandes scènes.
Les strobes Stormy Claypaky disposés en V devant de mur d’Intellipix-XT.
SLU : L’artiste est-il éclairé ?
Samuel Chatain : Très peu, en latéral dans la couleur du tableau avec les Mac Aura et en contre avec les B-Eye. Les cadres, les Intellipix-XT, les B-Eye, tout est pixel mappé, sauf les sharpy et les Mac Aura. Les B-Eye et la matrice sont conçus pour ça, les Stormy un peu moins mais c’est intéressant de les travailler comme tel. On a un vrai prolongement entre les cadres et le reste du kit.
SLU : Tiens, tiens, vous avez choisi du Stormy…
Samuel Chatain : J’adore ce strobe, l’effet de son réflecteur est génial. Il fait de belles couleurs et il répond vite. C’est aussi le plus léger. Il est un peu moins puissant qu’un Atomic mais il y en a quand même 18 en ligne derrière l’artiste donc on ne manque pas de lumière. Ca strobe beaucoup et bien. D’ailleurs ce soir on va baisser les Intellipix car ils sont pleine face public et ce ne serait pas vivable à full.
Admirez la puissance en couleur des Stormy Claypaky.
Une synchro qui laisse de la liberté à l’artiste et à son éclairagiste
SLU : Il y a forcément une sychro son, lumière et vidéo…
Samuel Chatain : Oui, l’artiste a été habitué à avoir une totale synchro, et même si nous ne sommes pas friands de ce type de restitution, le show se déroule en synchro à 80 % mais nous avons créé un système qui nous permet quand même d’intervenir en live. C’est une synchro un peu spéciale. Habituellement, la sortie de l’ordinateur de l’artiste passe par une interface midi qui rentre dans la console lumière et vient trigger les cues.
Ici on repasse par un autre ordinateur, le notre, qui lui trigge notre console par le biais d’un petit soft commun aux deux ordis pour faire une resync totale si l’artiste change de BPM. Ca permet aussi de délayer toutes les machines par rapport au temps qu’il envoie. Il peut changer de morceau, sa set liste, revenir… c’est triggé et la lumière suit. C’est une synchro “live”. Donc tout est calé sur ce que lui fait. C’est un système qui ne bride pas l’artiste et qui est sans contrainte. C’est la première fois que l’on utilise ce type de synchro.
SLU : Tu détailles…
Victorien Cayzeele : Vitalic a une session Ableton, nous on a la nôtre. On a un copier coller de sa session, sur laquelle nous avons ajouté des colonnes de notes midi qu’on assigne à des événements et on choisit ce que l’on fait. On écrit notre synchro à la même hauteur que lui. Si il a des notes posées, on va réécrire les mêmes notes de la même manière et au même BPM… Il y a une partie de la synchro qui est réservée au déroulement du conducteur et une partie réservée à la touche musicale qui est marquée d’une certaine manière et nous laisse la liberté de changer la couleur ou l’intensité sur des tirettes.
La charnière d’une panière d’Intellipix-XT réalisée par CMDS pour faciliter et sécuriser le transport.
SLU : Qui a fabriqué les cadres ?
Victorien Cayzeele : Michael Cannizzaro de la société CMDS (Constructions métalliques). Il a fabriqué aussi les DJ booth (la régie de l’artiste), et la matrice. C’est un partenaire avec lequel on travaille de plus en plus, il fait beaucoup de tournées et en comprend toutes les contraintes. Il créé et fabrique toutes les panières sur roulettes qui facilitent le transport en tournée pour nous rendre la vie facile.
Il a développé les panières d’Intellipix. Le dernier rang est sur charnières pour permettre de passer les portes des clubs et pour les MagicDot, il a créé un système de tubes qui pivotent pour éviter la casse pendant le transport. Tous les soirs on couche les machines, en les mettant en position verticale.
Samuel Chatain : On avait fixé une hauteur maxi de 2,05 m pour le transport car on passe sous des portes dans différents clubs. Donc le mur d’Intellipix passe partout sans avoir à le démonter/remonter, c’est efficace.
Victorien Cayzeele : Pour les cadres, c’est une panière qui fait 2,20 m x 2,05 x 0,80 m, un standard camion et Mickael a fait en sorte que tous les éléments se séparent en sections de 2 m. Tout est assemblé par Pin lock (des goupilles d’enceintes). Les cadres se démontent et il y a juste des panières de 1 m x 1 m, recevant les pièces particulières, qui s’intègrent à l’arrière des panières d’Intellipix. C’est simple à monter et rigide parce que c’est une structure qui est lourde et qui prend des contraintes un peu fortes à cause des moteurs.
Samuel Chatain : Le mother gril est un pré rigg truss Prolyte. Pour tout le monde c’est le sourire. Il y a juste à monter et enlever les panières.
Le Réseau Lumière : 239 univers actifs
Victorien Cayzeele : On a un Gigacore Luminex qui reçoit Le MANet et le ArtNet de la GrandMa2 Light. Le MANet est destiné aux NPU qui délivrent les data au kit lumière et l’ArtNet commande les média serveurs dont celui du cadre et les B-Eye reliés en RJ45. Le média serveur destiné à la vidéo c’est Resolume sur notre Mac Pro et Mad Mapper qui fait l’interprétation vidéo vers ArtNet.
La seule difficulté c’est que je dois contrôler Resolume via une interface DMX Enttec (une main et une spare) et donc j’ai des nodes mono univers qui convertissent l’ArtNet en DMX pour entrer dans les Enttec. On a un boitier RJ45 vers Midi qui nous sert à envoyer le midi en réseau, une remote qui nous permet de faire un bureau à distance sur les médias serveurs et du monitoring ArtNet et enfin on a l’Ableton qui fait la synchro. Voila pour la partie régie.
C’est la ou j’ai conçu un système assez spécial pour commander les projecteurs d’accueil en festival. Etant donné que le réseau est assez complexe avec 239 univers actifs au total, pour éviter toute interférence avec notre système, j’ai 2 NPU qui sortent 16 univers qui rentrent eux dans des nodes DMX verts ArtNet).
Ces nodes sont dans un Vlan séparé que je donne au festival. C’est une sorte de firewall DMX. Avec l’expérience de la boîte sur différents chantiers, entre l’intégration led, les média serveurs, le motion… C’est ici le premier projet dans lequel on intègre tout notre savoir faire et à un niveau au dessus. On profite pleinement de toutes nos expériences précédentes.
Le mur d’Intellipix-XT est utilisé comme une grosse source de contre qui joue sur la profondeur de la scène et dessine le contour de l’artiste. (© Toma Pilato)
Moteurs !
L’Aréonef est maintenant plein à craquer, 1500 personnes au rez-de-chaussée, 500 en mezzanine. L’artiste apparait baigné d’un aplat rouge de contre puissant et dense, œuvre des B-Eye et la magie opère ! Le niveau monte et la musique nous enveloppe, nous imprègne. Les cadres, entrainés en position verticale écrivent le V emblématique, s’appropriant quasiment toute la hauteur du cadre de scène, et les effets s’enchaînent à un rythme tel que mon appareil photo a bien de la peine à capturer des images fixes. Chaque changement de tableau génère une réaction sensible du public, entre clameur sourde et vague de plaisir.
Les MagicDot-XT jouent dans un style très graphique avec leurs faisceaux à bord net qui porte à travers les cadres.
Les cadres motorisés et la gestion des leds point par point affichent une infinité d’intentions, structurés en pyramide, décentrés, en plateau lourd et menaçant au dessus du DJ, déstructurés, chaotiques, scintillants.
Même leur épaisseur évolue grâce au triple ruban de leds qui entoure chaque profilé. Puis intervient le mur d’Intellipix à contre, comme une source irradiante issue du fin fond de l’espace et quand les bâtons des MagicDot s’invitent à la fête, cette source prend vie dans le mouvement : c’est troublant, cet effet est excellent.
Vitalic aime l’effet strobe, les 18 Stormy Claypaky disposés en V derrière sa régie le confirment. Et cette puissante lumière de contre le déïfie aux commandes de son vaisseau spatial. La musique de Vitalic est riche et chaque projecteur joue de toute cette matière. On comprend pourquoi Samuel et Victorien ont été accueillis 2 semaines et demi en pré-prod chez S Group pour tout tester et encoder.
Le mur d’Intellipix-XT, diffuse les fichiers vidéo du média serveur Resolume, pixel mappés par Mad Mapper.
Le show de Vitalic est une référence dans le milieu électro. Pour sa dernière tournée, il était le premier à utiliser une exceptionnelle matrice de Sharpy. Avec la contrainte de proposer un projet encore plus bluffant, All Access s’est mis la barre très haut en présentant une scénographie délirante au risque assumé de se faire rejeter. Et l’artiste a foncé dans leur sens s’impliquant totalement dans ce projet. Pari réussi, scéno exceptionnelle. Bravo !
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