Au festival Nuits Sonores

Jean-Pierre Cary programme le design d’Yves Caizergues en Chamsys MQ500

Jean-Pierre Cary, pupitreur et spécialiste réseau, a découvert Chamsys il y a deux ans et adopté dans un premier temps la MQ60, puis la MQ80. Quand Vincent chef produit chez Sonoss lui a proposé d’essayer la nouvelle MQ500 sur le festival Nuits Sonores, forcément il a craqué : une surface de contrôle plus confortable, plus de boutons, un écran supplémentaire et plus grand… Ce festival urbain de musiques émergentes a investi cette année les anciennes usines Fagor Brandt pour y installer 3 scènes.
Leur conception lumière est signée Yves Caizergues, comme chaque année depuis 15 ans avec la complicité de Looking for Architecture (LFA), Super Script (graphic design) et GL Events pour la fourniture du matériel. Yves Caizergues assure aussi la mise en lumière de tous les bâtiments impliqués dans le festival Lyonnais.

La MQ-500 Chamsys aux commandes d’une matrice de 98 Robe Square.

Attaché cette année à la programmation et restitution de la scène B, Jean-Pierre Cary contrôle un kit gourmand en canaux DMX comprenant une gigantesque matrice de 98 Robe Square, 5 WashBeam MMX Robe, 2 VL 4000 Spot Vari Lite, 2 Viper Profile Martin, 9 Atomic 3000 Martin et 8 PAR ArcledZoom ProLights. Interview.

SLU : Jean-Pierre, depuis quand travailles-tu sur Chamsys ?

Jean-Pierre Cary : Il y a 2 ans, j’ai découvert la MQ60 que j’ai adoptée sur certains projets, et je suis passé sur la MQ80 dès sa sortie. Pour ce festival, Sonoss a proposé la MQ500 en prêt à GL Events qui possède des Chamsys MQ80 depuis un an et demi.

SLU : Tu as pu passer de la MQ 80 à la MQ500 rapidement ?

Yves Caizergues, (à gauche) et Jean-Pierre Cary.

Jean-Pierre Cary : En passant de la 80 à la 500 j’ai cherché un petit peu mes boutons au début parce qu’ils ne sont pas forcément au même endroit mais on s’y retrouve assez vite et c’est un gros plus de pouvoir facilement passer d’un format de console à l’autre avec le même logiciel, et surtout de pouvoir redescendre en version de software. N’importe quel show peut être chargé sur n’importe quelle version de software. C’est une des options que je préfère de pouvoir revenir en arrière et ne pas être bloqué une fois les mise à jour faites.

SLU : Et en termes de format ?

Jean-Pierre Cary : Elle a un format raisonnable. Tu l’as devant toi et tu peux accéder à tous les paramètres en tendant le bras. Sa surface est forcément plus intéressante, on gagne un écran et en taille d’écran, c’est beaucoup plus confortable. On gagne des faders et des boutons. Ce que j’apprécie c’est le nombre de boutons, il y en a partout, des exécuteurs flash partout, c’est agréable. Et ils ont eu l’intelligence de placer la ligne de flashes supplémentaire au-dessus des faders. Ca m’est arrivé plusieurs fois d’appuyer sur un flash avec le poignet malencontreusement quand il sont dessous.

SLU : Dans le kit lumière d’Yves, il y a une très grosse quantité de panneaux à leds motorisés Robe Square. Tu les contrôlais en mapping ?

Network

Jean-Pierre Cary : Exactement, ils étaient commandés en DMX par le mapper intégré à la MQ 500. C’est Superscript, un studio de design, qui a créé des médias adaptés à la résolution de notre matrice de 14 lignes x 7 colonnes soit 2450 pixels RGBW autrement dit 9800 canaux de commande. Nous avions fait faire à Superscript une grille qui correspondait à celle créée dans la MQ500 . Nous avons donc utilisé des médias créés pour l’occasion et aussi les effets intégrés du Pixel Mapper de la Chamsys pour animer la matrice. De souvenir j’avais créé 8 layers et il y avait une centaine de médias en tout, sans aucun logiciel externe.

SLU : Tu avais combien de sorties au total ?

Jean-Pierre Cary : J’avais besoin au total de 27 univers DMX. J’ai donc eu recours au réseau. La MQ500 sortait de l’ArtNet. Nous avions aussi une GrandMA2 en régie pour l’accueil des artistes avec des NPU. Donc pour éviter de demander à GL à la fois des NPU et des nodes, j’ai tout fait via les NPU. La Chamsys était mergée dans la GrandMA2 et on partait aux NPU qui décodaient le signal pour attaquer tous les projecteurs en DMX.

SLU : Tu as eu des retours de pupitreurs qui ont utilisé la Chamsys ?

Jean-Pierre Cary : Oui, ils étaient assez bons. Il faut dire que sur un kit de ce type, les shows de base constitués avec des beam des spots et des wash sont un peu moins utiles (rires)…
Nous sommes sinon une petite flopée d’opérateurs entre les équipes de journée et de nuit sur l’ensemble des scènes du festival. J’ai des collègues qui sont venus jouer sur ma scène aussi pour s’amuser et proposer d’autres effets car après 2 ou 3 jours on a tendance à se répéter un peu, et leur avis était assez cool sur la MQ500. On a eu par exemple d’énormes discussions sur le toucher des faders qui ne sont pas motorisés.

SLU : C’est une contrainte…

Jean-Pierre Cary : Certes, mais finalement leur toucher est plus agréable et plus précis. La courroie ne retient pas ton mouvement. C’est vrai que quand on change de page il n’y a rien de plus agréable que de retrouver les faders à la bonne position, mais pour le toucher et la maintenance il y a aussi de vrais arguments. Il y a du pour et du contre.

La matrice de Square Robe commandée en DMX par le mapper intégré à la MQ 500

SLU : Mais si les faders de la Chamsys pouvaient être motorisés en option tu prendrais ?

Jean-Pierre Cary : Je ne serais pas contre, c’est vrai. C’est un grand débat… La MQ500 a été fabriquée comme ça, c’est un choix assumé du constructeur avec un impératif économique sans doute. Je suis plus regardant sur l’ergonomie, qui est une réussite, et l’évolution du soft.

SLU : Le soft a bien évolué ?

Jean-Pierre Cary : Pour être honnête, J’avais ouvert une Chamsys il y a 5 ans et je ne cache pas que je l’ai tout de suite refermée (rire) car son interface graphique était quand même rebutante, tout sauf user friendly. Mais il y a eu ces deux dernières année une évolution phénoménale en termes de développement. Ils ont une véritable écoute de leurs utilisateurs.
Le soft reset en 1 seconde, maximum 2, et en show quand on a un plantage c’est quand même un sacré plus. Le soft est tellement épuré graphiquement qu’il ne pèse quasiment rien et quand on fait des mises à jour ça va très vite. C’est aussi un argument qui se tient. Le soft n’a pas évolué graphiquement depuis une paire d’années mais ça ne me choque pas plus que ça. Ce qui compte c’est qu’en cas de plantage le reset est immédiat. C’est un vrai choix des développeurs de garder un soft léger qui nécessite des ressources raisonnables pour le faire tourner.

SLU : Ca t’arrive souvent de redémarrer une console pendant un show ?

Jean-Pierre Cary : En 6 ans, ça m’est arrivé une seule fois et ce n’était pas une Chamsys. En revanche, des plantages de console en changement de version me sont arrivés plus d’une fois, tout comme des plantages en encodage avec toutes les consoles que j’ai utilisées, Chamsys y compris.

Yves Caizergues assure aussi la mise en lumière…

…de tous les bâtiments impliqués dans le festival Lyonnais.


SLU : Qu’est ce qui finalement t’a décidé à l’adopter ?

Jean-Pierre Cary : En programmation ils ont de sacrées bonnes idées. Sur chamsys, pas besoin de PC ou de clef USB formatée pour faire une mise à jour. On met le ficher sur une clé USB, on va le chercher avec le file manager et ça se fait tout seul. Le pixel mapper est un énorme plus. Ils ont à ce niveau une bonne longueur d’avance par rapport aux autres marques. Ils ont développé une palette d’outils intéressante pour la tournée et les festivals, quand on part avec sa console. Pour l’Offset de position par exemple, à l’inverse des concurrentes, c’est la console elle même qui fait les calculs et rentre les valeurs d’offset dans le tableau, il y a juste à faire une mise à jour de la position lead.
Les effets par groupes sont aussi très pratiques. A partir du moment où tu as créé des groupes, si tu as programmé un effet via un groupe et que tu ajoutes des machines à ton groupe, tu auras le même effet sur les machines ajoutées et un nouveau calcul de l’offset. Toujours sur les effets par groupe, il arrive régulièrement d’avoir des ponts asymétriques, avec un nombre de machines différent selon les ponts. La console va faire ses calculs pour que tous les ponts travaillent ensemble et produisent des effets symétriques. Et ça c’est super top.
Autre outil qui fait gagner du temps c’est l’Expand Palette quand on est amené à changer de machine et que la remplaçante a une fonction de plus, roue supplémentaire de gobos ou de couleurs par exemple. Dans ce cas, il suffit d’updater la palette et grâce au bouton Expand Palette, toutes les cues se retrouvent updatées automatiquement avec cette roue supplémentaire, sans avoir à les corriger une par une. C’est top en tournée ! C’est un vrai petit outil bien pensé qui fait gagner du temps. Ce qui m’a fait accrocher à cette console c’est la tonne de petits outils bien pensés qu’elle comporte.

Un des visuels créés par Superscript.

On a aussi de plus en plus de machines avec des sub elements ou sub instance comme par exemple les Robin Square qui disposent d’un module principal avec le pan/tilt, dimmer et d’autre part le led par led. Toutes les consoles se sont mises à gérer les point 1, point 2, point 3… En point 1 tu aura l’instance générale, en point 2 le premier pixel, etc. Chamsys a développé une gestion des sub elements qui est assez intéressante. On peut prendre son groupe de machines, appuyer sur le bouton « . » puis le bouton « 2 » et on gérera le 2e pixel de toutes les machines sélectionnées : c’est bien fait et ça fait partie des nombreuses petites choses qui ont égayé ma vie d’opérateur.
Je suis un opérateur qui aimait bien faire des macros à une époque. J’aime bien les lignes de codes, mais au bout d’un moment je préfère faire de la lumière, et avec une Chamsys j’ai l’impression d’être moins dans les macros et de gagner du temps. Et les outils sont tous plus ou moins natifs dans la Chamsys. Si je peux éviter d’écrire des macros à la maison, ça ne me dérange pas (rire).
Chamsys m’a bluffé la première fois lorsque j’ai vu qu’avec les palettes de couleurs, de positions et de beam tu fais un Drag & Drop (sélection multiple) sur les palettes, puis « copy » sur un exécuteur et de constater que le logiciel a empilé toutes les palettes, qu’il les a renommées et qu’il en a fait une cue list, c’est juste royal en festival. Cette console est bourrée de petites astuces, qui sont un peu longues à apprendre c’est normal, et je pense que j’en oublie encore un bon paquet mais je t‘ai cité celles qui m’ont vraiment décidé.

SLU : Tu es pupitreur depuis combien de temps ?

Jean-Pierre Cary : Une petite dizaine d’année et vraiment sérieusement depuis 6 ans. J’ai pas mal travaillé avec Yves Caizergues, sur les Nuits Sonores et d’autres projets comme la rock’n’beat du Printemps de Bourge il y a 2 ans. Je travaille aussi avec Nicolas Maisonneuve. J’ai fait Les Trois Mousquetaires et le dvd live des Kids United avec lui. J’ai travaillé avec Vincent Mongourdin en Afrique et aussi avec Alexandre Lebrun pour divers événements et de la mode.
Il y a deux ans j’ai été embauché en fixe chez GL Events et j’ai démissionné en septembre dernier pour partir avec Nicolas Maisonneuve justement sur les 3 Mousquetaires. Avant j’avais plutôt tendance à travailler en local à Lyon pour des boîtes de prestation. C’est avec GL que j’ai rencontré des éclairagistes à savoir Yves Caizergues, Vincent Mongourdin, Alexandre Lebrun. Et depuis septembre mon horizon s’est un peu plus ouvert. J’ai également travaillé sur le stand Alpine avec Christophe Roirand à Genève.

D’autres informations sur le site Chamsys et sur le site Sonoss

 

Crédits -

Texte : Monique Cussigh

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