Les créations oniriques de Tilt

Tilt développe ses ambitieux projets de parcours de Lumières, ici dans la ville de Béziers.

Tilt, une entreprise française innovante ravit une fois de plus nos yeux gourmands avec deux formules surprenantes pendant cette sombre période. Nous avions par ailleurs déjà parlé de leur inventivité débordante lors d’un précédent article (Lien ici).

L’entreprise se développant et le Covid bouleversant le paysage audiovisuel, François Fouilhé, le gérant de Tilt, nous raconte comment ils se sont réorganisés avec Claudia Caterin, directrice de production et Jean-Baptiste Laude, conseiller artistique et technique, pour promouvoir deux concepts.

L’équipe Tilt, (De gauche a droite ) : Antoine Fouilhé, François Fouilhé, Patrice Testard, Claudia Caterin, Renaud Tabardel (responsable d’atelier), David Brun, Jean ba Laude, Fred Gregeois.

Tout d’abord “Les Echappées” pendant le confinement mais aussi des “Parcours de Lumière” dans quelques-unes des plus grandes villes de France. Tilt marque avec ce deuxième concept la sortie des deux derniers luminaires, la Pampa et la Veilleuse. Aussi Onirique, que magique, bienvenue au pays des merveilles !

Les Echappées

Pour apporter sa touche de lumière à l’hommage aux soignants auquel la France entière a participé tous les jours à 20 heures pendant le confinement, l’équipe de Tilt s’est inspirée d’une initiative lancée en Angleterre par le National Health Service de baigner de lumière bleue certains monuments (NHS est un organisme d’information au Royaume-Uni relatif à la santé. Leur mouvement était lié sur Internet aux hachtags #LightItBlue et #MakeItBlue)


#MakeItBlue. Eurre, le village situé dans la Drome, se pare de bleu en solidarité avec le personnel soignant face au Covid.

SLU : Vous avez été très dynamiques chez Tilt cette année. Pourrais-tu nous parler de vos différents projets.

François Fouilhé : La culture prend une claque considérable et pour riposter, nous avons lancé deux formules : une balade de jour comme de nuit, permettant aux villes de créer de l’animation grâce à des installations de rue, et une autre formule, plus modeste, intitulée “Les Echappées”, qui rejoint de domaine plus traditionnel de l’éclairage de bâtiments sur une courte période d’un soir ou deux.

François cherche des points d’intérêt pour les éclairer tous les jeudis de 17 heures à minuit.

SLU : Est-ce que tu peux nous parler du concept des Échappées ?

François Fouilhé : Tout a commencé 15 jours après le début du confinement.
Nous travaillons beaucoup en Angleterre, pendant l’hiver, dans les jardins botaniques, et notre partenaire sur place nous a appris la création d’un mouvement de soutien auquel participe le National Health Security (NHS) pour éclairer ponts, bâtiments et maisons, le jeudi soir en hommage au personnel soignant.

Nous avons trouvé l’idée géniale et tous les jeudis soir pendant le confinement, et avec l’accord de la mairie, je partais avec une vingtaine de projecteurs LED un peu costauds pour éclairer mon petit village, Eurre situé dans la Drome. L’idée était d’éclairer en bleu principalement, mais aussi avec d’autres couleurs, des endroits différents à chaque fois.
C’était une situation un peu particulière dans le sens où les gens ne sortaient pas, mais depuis leur fenêtre ils pouvaient passer un bon moment. Nous avons décidé de renouveler ces échappés sporadiquement pendant l’été, de 17 heures à minuit.


Eurre se pare de multiples couleurs à l’aide d’une vingtaine de projecteurs.

SLU : Quels types de bâtiments éclairez-vous ?

François Fouilhé : Du patrimoine surtout, plutôt des châteaux ou des remparts. J’essaie de repérer l’intérêt principal d’un village que je pars éclairer. Ou alors, nous réalisons une petite installation, pour attirer l’attention des touristes sur certaines choses et créer la surprise. C’est rigolo à faire aussi car il se crée des liens avec les habitants et les voisins. Les gens sont curieux et viennent discuter.

Les parcours de lumière

Les villes ayant dû annuler leurs événements musicaux, certaines d’entre elles ont fait appel dans l’urgence à Tilt pour distraire leurs habitants et touristes pendant cette saison estivale 2020 carrément incertaine.

SLU : Le Parcours de Lumière est aussi une nouveauté ?

Le public se balade entre ces jolis luminaires pour découvrir ou redécouvrir la ville de Béziers. Un moment de vie après une période difficile.

François Fouilhé : Non, nous proposons cette formule plus ambitieuse depuis quelques années déjà, en hiver. L’idée est de scénographier plusieurs lieux en ville pendant en général deux mois. Les gens se baladent et font des photos ou des selfies. Cette année ce concept a rebondi fort en été car les villes ont dû annuler leurs festivals, feria et j’en passe.

Elles nous ont sollicités pour distraire les touristes. Tout “s’est fait dans le speed” car les projets ont été lancés au mois de mai pour des installations démarrant fin juin. Au final, 5 circuits ont été construits : à Calais, St Palais sur Mer, Vaux-sur-Mer, Béziers et Avignon. Pendant cette période, normalement, on est présent dans beaucoup de festivals de musique. Malheureusement, cette année, ils ont tous été annulés.


Un des parcours de lumière d’été à Béziers.

SLU : Est-ce que ça implique des contraintes ?

François Fouilhé : Il faut bien sûr prendre en compte tout ce qui va se passer pendant un été sur le lieu qui doit accueillir une installation. D’autre part, à cause du Covid, les organisateurs ne voulaient pas de luminaires associés à des bancs afin d’éviter des regroupements.
Cependant, quand il y avait tout de même des bancs, ils étaient désinfectés une fois par jour. Chaque ville a son propre fonctionnement. Suite à des repérages et en échangeant avec les organisateurs “quels luminaires choisir et où les installer”, de fil en aiguille, les projets ont pris forme.

Devant La Tour du Guet Calais.

SLU : Les villes vous imposent-elles des contraintes en termes de consommation et y a-t-il besoin d’un technicien sur place ?

François Fouilhé : Non, généralement on ne nous impose rien car nos luminaires sont peu gourmands.
Ils dépassent difficilement les 500 W par élément donc même si on en implique 10, on arrive à 5 kW et quelque part c’est seulement 2 x 16 ampères avec lesquels on fait notre vie (rire). On n’est donc pas dans l’artillerie lourde au niveau de la distribution électrique.

Nous travaillons avec des enregistreurs DMX filaires qu’on laisse tourner, qui démarrent et s’éteignent seuls. Il y a parfois un peu de HF mais le moins possible car ce n’est pas encore très fiable.

SLU : Combien de luminaires en moyenne sont nécessaires pour créer un parcours ?

François Fouilhé : De 20 à 40. Ce sont de grosses installations qui fonctionnent en pôles, c’est-à-dire qu’il y a des propositions différentes par lieu pour que les gens redécouvrent des espaces déjà connus. A chaque fois on essaye d’apporter une originalité. Et puis en animant des sites proches les uns des autres cela crée un parcours le long duquel les habitants se baladent.


 

Pampa et Veilleuse font leur apparition au catalogue

Pampa et veilleuse sont les deux nouveautés de Tilt. Initiées à l’automne, suite au confinement elles n’ont été terminées qu’au mois de juin.

L’ EOS 6 R FC 50 W DTS à leds RGBW encastré au niveau de la base des Pampa

François Fouilhé : Sur le système Pampa Il y a six encastrés de sol, des petits EOS 6 R FC 50 W DTS à leds RGBW qui fonctionnent très bien. DTS c’est une marque italienne que nous avons découverte il y a 2 ans et avec laquelle nous travaillons de plus en plus. Ils font des produits plutôt résistants et fiables.

D’un point de vue esthétique, la lampe se présente avec des tiges en aluminium sur une base galvanisée donc un aspect alu brillant. Au sommet de chaque tige, la terminaison qui de jour est blanche et végétale, devient lumineuse la nuit en pilotage point par point, projecteur par projecteur, et selon des séquences 6 minutes. Les changements de couleurs font qu’à partir de douze luminaires, une synergie se crée.


Le luminaire Pampa, un des tout derniers conçus avec la Veilleuse.

Sur la veilleuse il y a une petite lampe, un bâton de leds au sommet de chaque branche, qui est commandé grâce à un driver situé au niveau de la base. Les encastrés de la base diffusent leurs couleurs jusqu‘au niveau des abat-jour qui eux-mêmes ont leur source de lumière à commande distincte, ce qui donne lieu à des mélanges de couleurs très réussis au niveau des abat-jour faits de plastique blanc.

L’ambiance est agréable sous les Veilleuses qui créent une sensation enveloppante.

SLU : Comment sont conçus vos tout derniers luminaires ?

François Fouilhé : On travaille beaucoup en étanche évidemment parce que nos luminaires fonctionnent en extérieur et en continu pendant plusieurs mois. En général on intègre des produits finis et à leds parce qu’en termes de consommation on s’y retrouve. Par exemple, pour les Pampa, ces espèces de grandes touffes d’herbes.

Nous avons choisi d’installer, dans la base de la structure, des encastrés DTS. Pour les veilleuses, lampes à sept branches surmontées chacune d’un petit abat-jour, on utilise des projecteurs led 70 W tout à fait classiques, intégrés dans la base, et les abat-jour sont fabriqués, par la société Akwariom située dans le Var.

SLU : Il y a un an et demi, vous avez conçu un luminaire qui a été beaucoup utilisé, le Grand Lustre.

François Fouilhé : Les grands lustres sont basés sur le même principe que la veilleuse avec la spécificité d’une commande HF par lampe, ce qui est un peu plus complexe. Une bonne partie de nos luminaires sont maintenant prévus avec des assises, c’est-à-dire associés à des bancs de bois.
Ils sont nés de notre réflexion qu’il manquait quelque chose pour que nos “visiteurs” puissent s’asseoir et regarder autour d’eux l’installation. Les veilleuses, en sont donc dotées et vont, j’espère cet hiver, venir compléter les installations de Grands Lustres.


Les Grands Lustres en imposent parmi les luminaires du parcours. Ici à Béziers.

Avec les années, les projets prennent de l’ampleur et s’exportent. François me confie que ces Parcours de Lumières sont hyper chouettes à développer « Souvent on nous attribue un site mais rarement une ville. C’est donc plutôt plaisant de se développer dans cette voie et intéressant artistiquement.
La multiplication de ces projets nous a permis d’avoir un vrai retour de satisfaction et ça s’est bien passé. Certaines villes ont d’ailleurs envie de recommencer l’an prochain et de nouvelles villes nous ont contactés. » En prévision, Tilt envisage de compléter son parc de luminaires avec une série de douze Pampa. On salue l’originalité de l’équipe et leur imagination sans limites.

Plus d’infos sur le site Tilt


Merci Tilt pour ce coup de théâtre ! (Ici le Théâtre de Calais)

Crédits - Texte Allison Cussigh - Photos : François Fouilhé

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