Elle a tout d’une grande

La S10 en écoute en plein air

Elles se vendent comme des petits pains et sont omniprésentes en tant que déboucheuses et renforts des E15 et E12 mais en fait, toutes seules, comment sonnent-elles les S10 ?
A force de nous poser la question, nous avons eu le plaisir d’être invités pour une écoute aux petits oignons à Norroy le Veneur, un coin plus vraiment tranquille depuis que DV2 y accroche du bois. Haut et fort. Très fort !

Une sacrée chaîne stéréo avec en premier plan la SD11 DiGiCo dont la présence a été rendue nécessaire par 24 remarquables stems que Julien a eu raison de nous jouer. En arrière-plan, les deux lignes de 6 S10 et deux ensembles de 2 E219.

Une sacrée chaîne stéréo avec en premier plan la SD11 DiGiCo dont la présence a été rendue nécessaire par 24 remarquables stems que Julien a eu raison de nous jouer. En arrière-plan, les deux lignes de 6 S10 et deux ensembles de 2 E219.

Quelques minutes de taxi en sortant de la gare de Metz et aucun doute n’est permis, le bâtiment abritant DV2 est bien là, scintillant de mille feux et parfois de quelques volées de décibels bien sentis qui réveillent une zone artisanale baignée par le soleil en ce de mois de juin.
Ca va être le cas aujourd’hui puisqu’en face du parking trônent deux configurations complètes de S10 stackées et accrochées, le tout grâce au travail de Julien Poirot qui n’a pas perdu ni la main, ni le sourire.

Après une visite des lieux avec Guy Vignet, Didier dal Fitto et toute l’équipe présente, nous avons fait rugir les S10 et vous verrez plus loin que le terme convient très bien. Le choix du plein air a été dicté par la volonté de vraiment écouter les caractéristiques sonores de cette enceinte deux voies assez atypique puisque disposant de deux 10’ Kevlar dans une ébénisterie très ramassée et du même gros moteur 4’ et sortie 1,5’ équipant la E12, et en deux exemplaires la E15.

Un stack au câblage très simple. Un multipaire suffit à alimenter d’un côté deux S119 et de l’autre 4 S10.

Une enfilade de S10, avec au premier plan un stack de deux subs S119 et de quatre têtes S10 suivi par son alter ego stéréo et au loin deux lignes de 6 S10 surplombant deux fois deux subs E219.

Une enfilade de S10, avec au premier plan un stack de deux subs S119 et de quatre têtes S10 suivi par son alter ego stéréo et au loin deux lignes de 6 S10 surplombant deux fois deux subs E219.

Deux renforts de basses fréquences ont été déployés. Tout d’abord le dernier né, le S119, un sub prévu spécifiquement pour la S10 et reprenant à cet effet ses cotes.

Léger, polyvalent et aussi à l’aise posé qu’accroché, il nous a été présenté en deux fois deux exemplaires en guise de soufflante et de support à deux stack de 6 S10.

12 autres têtes ont été faire de l’accro-pied de levage juste à côté, soutenues cette fois-ci par un monstre d’efficacité, le E219. Attention, c’est très chantmé ce sub et en plus ça raccorde assez bien avec les petits 10 pouces.

Place au PLM+ appelé aussi K

Pour alimenter tout ce petit monde, DV2 a roulé hors du dépôt ses racks d’essai touring disposant pour l’un de trois 12K44, le S-Rack et pour l’autre trois 20K44, le E-Rack. Les K sont les tous derniers contrôleurs amplifiés de LabGruppen, l’arme fatale pouvant délivrer plus de puissance, jusqu’à 5900 W aux canaux le nécessitant grâce au système RPM, à concurrence d’un maxi de 12 kW pour le 12k44 et de 20 kW pour le 20K44 comme leur référence le rappelle.

Une vue arrière du S-Rack montrant la partie alimentation et celle de distribution du DANTE redondé via un switch incorporé dans le rack. C’est propre, très propre.

Une vue arrière du S-Rack montrant la partie alimentation et celle de distribution du DANTE redondé via un switch incorporé dans le rack. C’est propre, très propre.

Le S-Rack ou comment avoir sous la main 36 kW et du DSP en pagaille grâce à trois contrôleurs amplifiés LabGruppen 12K44. Le câblage est signé DV2.

Le S-Rack ou comment avoir sous la main 36 kW et du DSP en pagaille grâce à trois contrôleurs amplifiés LabGruppen 12K44. Le câblage est signé DV2.


Quand on sait que le moteur 4 pouces de la S10 se satisfait de 160 W là où les deux 10 » en demandent 4 fois plus, et qu’enfin 3 boîtes sont mises en parallèle, on comprend l’utilité de ce système de puissance à la carte. Cela est surtout vrai dans le 12K44 qui remplace brillamment le 10000Q un poil court sur le bas même en moyenne puissance et qui a fait regretter le 6400. Un logiciel appelé Café facilite cette allocation en renseignant le modèle d’enceinte connecté à chaque ampli afin que ce dernier leur donne la bonne puissance.

Une histoire de gros bras en Kevlar

Une vue du HP de 19 pouces embarqué dans le E219 et dont une variante en simple bobinage, masse mobile plus faible et cône plus léger de manière à avoir plus d’impact, équipe le S119, le renfort de grave des S10. Pour ce gros pépère monté en deux exemplaires dans les E219, on retrouve la membrane en Kevlar, la double bobine de 5 pouces, le double spider, et surtout toute l’expérience et le savoir-faire d’Adamson tirés du 21 pouces du T21. Avec ses deux anneaux de néodyme, ses deux bobines en série et une charge de 6 ohms, il est en plus capable via une mise en parallèle de deux HP, de ne mobiliser qu’un canal d’ampli par sub au lieu de deux avec le T21.

Le même SD19 côté face avec son immense cache avant, bobine de 5 pouces oblige, une bonne occasion d’avoir ensemble Sébastien CUCCA technicien câblage, Julien Poirot le Touring support de DV2 et enfin Didier Dal Fitto le DirTech et associé de DV2.

Le même SD19 côté face avec son immense cache avant, bobine de 5 pouces oblige, une bonne occasion d’avoir ensemble Sébastien CUCCA technicien câblage, Julien Poirot le Touring support de DV2 et enfin Didier Dal Fitto le DirTech et associé de DV2.

Grâce à l’absence de la mousse bouchant la sortie de l’énorme évent avant du sub E219, on aperçoit un des croisillons qui rigidifie le caisson. Avec la relative légèreté des HP de 19 pouces, c’est ce qui explique son poids raisonnable

Grâce à l’absence de la mousse bouchant la sortie de l’énorme évent avant du sub E219, on aperçoit un des croisillons qui rigidifie le caisson. Avec la relative légèreté des HP de 19 pouces, c’est ce qui explique son poids raisonnable

Comme nous l’explique Didier Dal Fitto, le support de la bobine est en classique Nomex perforé. Là où Adamson innove c’est en associant la technologie du double bobinage à celle du double spider car cela permet de réduire l’entrefer et améliorer d’autant le transfert thermique, ce qui est bénéfique en termes de tenue en puissance. Le gros challenge des fabricants reste la recherche du SPL.

Personne ne va être en mesure de modifier profondément le rendement théorique d’un gros HP de 18 ou 19 pouces et lui donner par exemple 6 dB de plus d’efficacité. L’accroissement du SPL peut se faire par l’accroissement de la surface rayonnante ou par la tenue en puissance.

Les progrès sur ce dernier paramètre sont spectaculaires puisqu’en 10 ans on est passé de 600 watt à 1800 watt ce qui fait 4,5 dB en plus. Dans le HP du E219, la surface du cône est presque identique à celle du 21’ qui équipe les T21 et qui pour diverses raisons comme le châssis ou la suspension, avait pas mal de pertes. Cette grande taille apporte elle aussi un accroissement de SPL.

Didier et Sébastien Cucca, technicien câblage et roi de la pince coupante et du fer à souder, nous montrent le moteur d’un 19 pouces Kevlar de E219, le SD19. Remarquez à l’arrière de l’aimant l’ouverture de refroidissement et la finesse des branches en alliage d’aluminium composant le saladier.

Didier et Sébastien Cucca, technicien câblage et roi de la pince coupante et du fer à souder, nous montrent le moteur d’un 19 pouces Kevlar de E219, le SD19. Remarquez à l’arrière de l’aimant l’ouverture de refroidissement et la finesse des branches en alliage d’aluminium composant le saladier.

Enfin et malgré la taille de ces HP, le poids reste très raisonnable grâce aux aimants en terre rare et aux châssis en fonte d’aluminium, rigides et légers. Seule une éventuelle et assez rare casse aux dires de DV2, oblige le HP à repartir au Canada. La raison tient à la complexité de l’assemblage en double spider et à l’usage de 3 ou 4 colles très spécifiques rendues nécessaires par la présence du Kevlar. Un HP en « carton » nécessite une seule colle.

Les premiers 21 » du T21 étaient d’ailleurs presque irréparables car il fallait aller jusqu’à démagnétiser l’aimant pour parvenir à atteindre le spider du fond. Les nouveaux modèles produits par Adamson ont les deux suspensions plus proches l’une de l’autre et du même côté ce qui facilite leur accès. Signalons aussi que le débattement, le Xmax, atteint 19 mm crête soit 38 mm au total.

L’écoute..quand ça vous arrive, oh oui…ça fait mal (Johnny Hallyday)

Cette mise en bouche amplis plus HP faite, venons-en à l’écoute à proprement parler et qui s’est déroulée en deux temps, les S10 stackées et ensuite pendues. La source n’a été que des morceaux variés et bien entendu à haute résolution et non masterisés. Pour conclure, nous avons eu la chance d’écouter une prise multipiste du concert d’un groupe anglo-saxon très, très connu, une prise remarquable que Julien a jouée telle quelle via des stems permettant de modifier rapidement les grands équilibres.

Tout d’une grande, sauf sa taille

Première constatation et non des moindres, la S10 donne l’impression d’être bien plus grosse qu’elle n’est en réalité. Pas de miracle à attendre, malgré les deux 10 pouces, le grave est nerveux mais court. Rappelons que nous écoutons en plein air et un tout petit nombre de boîtes. Cette impression vient de la capacité qu’a la S10 à remplir l’espace très largement tout en poussant fort en avant. Le son jaillit littéralement des boîtes et ne reste pas sagement cantonné en l’air.
La couverture latérale est aussi très large avec un 90° parfaitement tenu et même un 110° présentable si l’on accepte une baisse du haut médium assez régulière et un bas médium plus discret. Cette capacité à bouger l’air lui vient sans doute du gros moteur qui l’équipe et qui malgré une fréquence de coupure plus basse, deux voies oblige, continue à grimper allègrement très haut sans aucune fatigue ou dureté. Ce remarquable composant d’origine italienne est le choix gagnant d’Adamson pour sa S10, surtout qu’il s’adapte bien à cette nouvelle façon d’être utilisé grâce à son dôme de 4 pouces.

Le son canadien trouble la quiétude messine attirant l’ensemble du personnel de DV2 dehors pour apprécier cette pluie de décibels gratuite.

Le son canadien trouble la quiétude messine attirant l’ensemble du personnel de DV2 dehors pour apprécier cette pluie de décibels gratuite.

Un son énergique

L’autre constatation est que la S10 a un son et non des moindres. Elle attaque fort et clair avec une personnalité du médium autour de la fréquence de raccordement et juste au-dessus très marquée. Elle mord littéralement l’air devant elle et envoie le son avec beaucoup d’énergie et sans vraiment le maquiller comme un camion volé. Un piano reste un piano, même si ce dernier a tendance à vous coller des baignes. Un médium rauque et rock, quelque chose que j’ai déjà écrit par le passé pour d’autres enceintes canadiennes mais qui prend tout son sens ici. La capacité dynamique est stupéfiante pour une deux voies et chapeau Adamson pour être parvenu à « recoudre » le bas avec le haut en deux voies sans que cela ne se révèle trop pénalisant. Ca banane fort et clair.

Fort et clair

Si j’avais une critique à émettre, cela concernerait justement la clarté de la S10 et l’énergie sans fin que son moteur dégage. A la demande des utilisateurs et pour faire évoluer les presets dans le sens des retours terrain, le preset est assez chargé dans le haut du spectre. Rien qui ne puisse être calmé avec un plateau et quelques dB en moins.
Une fois encore, rappelons que cette écoute a eu lieu en extérieur dans un air sec et à petite distance des boîtes, sans nul doute en salle et dans une ambiance bien saturée, cette énergie doit être la bienvenue. Je n’ai pas non plus été emballé par le montage en stack de 4 têtes sur 2 subs S119. La récente arrivée de ce sub n’a sans doute pas encore permis à Didier de lui concocter le preset final en cas de stacking, du coup son apport en bas de spectre a un peu alourdi les S10.

Oui mais ça c’était avant, comme le répète si bien la publicité. Didier et Julien telles des fées, se sont penchées sur le berceau du S119 qui venait d’arriver en France au moment de cette écoute, et ont travaillé sur le preset de la configuration « Compact set » S10 + S119 qui nous a été présentée. Le nouveau preset appelé logiquement « compact » se trouve désormais dans la librairie S10 V2.2 sortie le 24 juin.

Le but avoué de Didier et de Julien est d’approcher autant que possible le remarquable couplage entre la S10 et le E219. Sans égaler la puissance et le rendu de ce dernier, le résultat est, je cite Didier « beaucoup plus séduisant et musical ».

La config chantmé

Le clou du spectacle est sans aucun doute l’association S10 et E219, un mariage de raison entre des HP de 10 et de 19 pouces et quelque chose qui, autant le dire tout de suite, marche en général assez mal chez certains autres fabricants laissant un trou béant dans l’impact du grave. Est-ce le miracle du kevlar, du double bobinage ou le froid canadien (on verra plus loin une des vraies raisons), la dynamique des deux HP se complète à merveille et le E219 prolonge délicieusement vers le bas le grave des S10, là où ces dernières apportent toute la définition à l’impact des 19 pouces.

Une des deux accroches de 6 S10 surplombant deux E219 et déployées à même le parking de DV2. Une longe retient la ligne pour l’empêcher de trop se balader, une bonne idée vu le vent qui nous a accompagné tout au long de la journée.

Une des deux accroches de 6 S10 surplombant deux E219 et déployées à même le parking de DV2. Une longe retient la ligne pour l’empêcher de trop se balader, une bonne idée vu le vent qui nous a accompagné tout au long de la journée.

Le fonctionnement de ces deux enceintes me fait penser à une guitare basse dont chaque corde complète le travail de l’autre. L’impression est presque que sa majesté E219 devient grâce aux S10, une enceinte large, très large bande d’une violence extrême. Signalons à ce sujet que le rendu du E219 correspond très précisément à ce que recherchent les mixeurs français.
Un impact sans aucun traînage et accompagnant les E15 et E12 dans la première octave 30-60 Hz et aussi les S10 sans dénaturer leur punch. L’adéquation entre l’offre et la demande est telle que DV2 ne spécifie par ailleurs plus le E218 qui, avec des HP différents et une charge passe-bande, ne trouve pas son public en France.

Les Overlays

Etonnés par la qualité de ce raccord, on apprend de la bouche même de Julien Poirot qui mène l’écoute que cette fluidité dans le bas et l’absence de trou de raccordement est due à un boost vers 100 Hz non pas dans le preset des S10 mais bien dans un de ses overlays, des sortes d’onglets d’un des trois presets génériques propres à la boîte, et qui facilitent le rendu final en fonction de divers paramètres. Trois presets existent pour la S10 : array, front et lipfill. Au-delà, et via le Lake Controller, il est possible d’importer des groupes qui contiennent les overlays. Dans le preset Array existe l’overlay – large – et le – compact – permettant de rétablir la balance tonale en fonction du nombre d’enceintes déployées. Le preset en lui-même correspond à un nombre moyen de têtes, 8 à 9.

Dans la prochaine version du Lake Controller, il sera aussi possible d’importer et exploiter des overlays spécifiques comme celui qui a été choisi pour la démo et qui s’appellera – live mode – dont le but est justement de venir combler ce manque d’énergie dans les 100 Hz en redonnant le punch au pied et du coffre aux caisses claires, mais ce qui implique aussi du travail sur les subs pour bien raccorder.
Vous l’avez compris, même si Adamson pousse vers la simplification dans la mise en œuvre de ses systèmes, en tirer la quintessence reste encore la chasse gardée des ingés système de qualité curieux et travailleurs qui font le son artistiquement et techniquement. Comme le dit Julien fort justement « être ingé système cela reste un métier. »

Stems le gros son, écoute donc ça

L’arme fatale de cette écoute aura été la lecture de stems, concoctés par un mixeur très réputé, et parfaits tels quels car comportant l’ensemble des traitements dynamiques et des effets utilisés lors de la tournée. Il suffit de pousser 24 tirettes sur la console SD11 DiGiCo utilisée lors de l’essai pour retrouver tout le talent du groupe et de son ingé son.
On est soufflé par le mur de son que génèrent les S10 portées par les E219. A l’aveugle, je suis convaincu que personne n’est en mesure de dire qu’il s’agit de deux fois 6 S10 et même si une petite encoche dans les 1000 Hz et un léger plateau entre 3 et 16 kHz la rendraient encore plus séduisante, cette enceinte mérite largement d’être rebaptisée E10.

This is the end, my friend

Crunchy, puissante et dynamique, elle est armée pour la route et son succès ne doit rien au hasard. Bien née, elle embarque des composants de qualité et dispose désormais des presets qui en tirent le plein potentiel, mais surtout le travail technique et commercial de DV2 vis-à-vis de la marque a rassuré les premiers clients qui ont acheté avant tout un gros potentiel. Un vrai pari.

Rappelons que c’est Didier, désormais aidé par Julien, qui assemble les presets des enceintes Adamson en faisant résonner de mille fréquences le Galaxie d’Amneville, une très bonne salle aussi à vide, dès qu’il s’agit de travailler tout ce qui est polaire ou bien nécessite de l’espace comme les subs.
Aujourd’hui, complètement au point, la S10 représente un très bon choix bien au-delà du simple rappel ou délai et peut tranquillement partir en tournée et assurer comme une grande.

Caractéristiques de la S10

Adamson S10 Caracteristiques

Caractéristiques du S119

Adamson S119 Caracteristiques

Une réflexion au sujet de « La S10 en écoute en plein air »

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