La technologie Segment Source de MDC vue au SIEL

SECTOR, enceinte 3 voies pour ligne horizontale

MDC continue de faire évoluer sa technologie et propose un système pour réaliser des grappes horizontales cohérentes : Sector. Après les succès rencontrés par la gamme des subs MDC1, MDC2, MDC3 et les retours de scène MDC12 et MDC15, MDC présentait donc au SIEL sur le stand DV2 (le distributeur), SECTOR array™, une enceinte 3 voies pour ligne à courbure constante.

Peu de constructeurs jusqu’ici se sont confrontés au design de systèmes moyenne portée répondant aux critères des systèmes ligne source (réduction des interférences destructives) à courbure fixe, bien que ces derniers temps le concept semble revenir à la mode. Grâce à la technologie Segment Source™ et une conception trois voies actives, MDC SECTOR Array™ se veut apporter des améliorations avec une enceinte capable de délivrer un SPL max et une définition supérieurs.

La SECTOR tri-amplifiée nécessite des connecteurs Speakon 8 points.

SECTOR array est une enceinte 3 voies de forte puissance pour l’utilisation en façade, sur scène en side fills ou en complément d’un système de façade longue portée. Elle est équipée de 2 haut-parleurs 10″ hautes performances pour les graves, de 4 haut-parleurs néodyme 6,5″ pour les médiums et de 3 moteurs  1″ pour les aigus chargés par trois guides d’ondes spécifiques, clé de voûte de l’approche Segment Source. La directivité d’une enceinte est de 24° dans le plan horizontal et de 60° dans le plan vertical permettant ainsi de réaliser des directivités multiples selon les applications. L’enceinte est équipée d’un système de rigging « Touring » pour un assemblage rapide qui impose le couplage inter-boîtes pour la couverture horizontale sans interférences mais il reste possible d’utiliser les modules Sector en ligne verticale à courbure constante.

Mon collègue Ludovic Monchat ayant réussi à intercepter Mario Di Cola (le concepteur) sur le stand DV2 au SIEL (après une conférence), nous vous livrons les propos qu’ils ont échangé (dans la langue de Dante, ce qui m’est impossible) à propos de cette nouvelle enceinte Sector. 

SLU : Vous êtes sur le même principe que L-Acoustics et Meyer Sound d’associer des boîtes à courbure constante avec les mêmes petites difficultés pour obtenir un raccord parfait ?

Mario Di Cola

Mario Di Cola, concepteur de la Sector MDC

Mario Di Cola : Pas tout à fait. Nous avons fait le choix de multiplier les sources acoustiques. Pour faire simple nous en avons trois mais chacune est composée de plusieurs « canaux ». Cela permet de faire en sorte que le problème de couplage entre des sources proches qui existe toujours, soit morcelé, et donc beaucoup moins marqué, disons qu’il est réparti en de nombreux points.

SLU : J’imagine qu’à la mesure on voit les accidents mais qu’à l’oreille, ça passe tout seul.

MDC : Exactement. Si tu les mesures tu les retrouves facilement mais à l’oreille, comme ces points sont répartis dans l’espace et sont extrêmement petits, il suffit de bouger à peine pour en sortir. Enfin ils sont dépendants des fréquences et comme nous écoutons d’une certaine manière une moyenne, on parvient à n’entendre qu’un signal globalement cohérent. Tu m’as cité un certain nombre de marques en début d’interview dont j’ai eu la chance de mesurer les produits. Entre les données constructeur et la réalité, il y a presque toujours une marge ou bien une présentation des caractéristiques sous la forme de valeurs type qui correspond au marché et permet à l’utilisateur de situer tel et tel produit par rapport à ses concurrents. Prenons tout le travail fait sur les guides d’ondes des line arrays, une bonne partie de ce travail est presque un exercice de style, de la théorie pure car dans la pratique tu te rends compte que les résultats ne suivent pas complètement et cela pour des raisons physiques. Tous les calculs et la recherche effectués sur les guides partent du principe que la membrane qui génère ces ondes le fait parfaitement en phase à toutes les fréquences et que ces ondes sont donc parfaites

SLU : Le principe des guides est pourtant celui de chercher à recréer un front d’onde plan et… (il m’interrompt NDR)

Vue 3D de la SECTOR et du positionnement des transducteurs.

MDC : C’est exact, il « cherche » à recréer un front d’onde plan en partant du postulat qu’à la source, l’émission a lieu d’une manière précise or il n’existe pas de membrane ou de matériaux capables d’émettre une onde de façon rigoureuse sans parler des parcours acoustiques dans les drivers qui ne permettent pas de valider cette notion de contrôle de l’émission. Tout cela est une vraie chimère.

Nous avons donc fait un autre choix pour notre enceinte. Tout d’abord, comme je te l’ai expliqué, nous utilisons plus de sources et en deuxième lieu, nous avons décidé d’employer des membranes plus petites pour offrir plus de détail dans l’extrême aigu suivant une demande précise de Didier (Dal Fitto NDR), ce qui nous a conduits à opter pour un système à trois voies. On a donc la possibilité de bien travailler les voix avec des HP dédiés et pas un simple driver avec les problèmes inhérents au large spectre qu’on lui demande de couvrir.

Tout le monde reconnaît que quand une voix humaine passe au travers de systèmes acoustiques compliqués, elle perd de son naturel et se voit affublée de résonances qui ne lui sont pas propres. A titre personnel, je suis un grand amateur d’opéra, et j’ai la chance d’être consultant pour les Arènes de Vérone ; cela me pousse donc à soigner son rendu.

SLU : Tu ne te compliques tout de même pas la vie avec 4 petits 6,5’’, ils rayonnent de manière sphérique, ça ne doit pas être de la tarte ?

MDC : Non, le système dans son ensemble travaille avec ses propres interférences mais on le fait de manière contrôlée et intelligente. Bien entendu j’aurais pu choisir un unique HP de plus grande taille en le forçant à monter et ensuite en lui collant devant un système de déviation et de guidage du front d’onde.

J’ai au contraire opté pour la multiplication de petites sources plus rapides et fidèles en obtenant un résultat comparable. Aux fréquences proches du point de coupure, les interférences sont moins problématiques car plus on a de sources, plus on a d’interférences mais avec des lobes latéraux mieux contrôlés, ce qui est important quand tu veux ajouter des boîtes côte à côte.

Les quatre haut-parleurs de médium ont pour vocation de servir de renfort à la partie basse du haut reproduite par les trois moteurs. Nous avons décidé de ne pas pousser les compressions en dessous de certaines fréquences, là où elles ont du mal à travailler sans sacrifier le haut du spectre. Les 4 médiums à membrane viennent donc épauler en overlap les 3 moteurs en ne formant plus qu’une unique source à certaines fréquences. Entre 800 Hz et 1,2 kHz les moteurs arrivent très atténués, en-deçà de leurs possibilités puisque ce sont les 4 médiums à membrane qui font l’essentiel du travail. L’idée consiste à distribuer l’énergie sur une surface plus grande en faisant en sorte que le son produit par les moteurs et les 4 HP de 6,5’’ se mélange sans qu’il y ait réellement un point de transition entre les deux ensembles.Cela est bénéfique aussi pour traiter la profondeur des plans sonores car on évite de passer brusquement d’un type de haut-parleur à un autre.

Le fait de mélanger ainsi deux sources sonores permet de stabiliser la directivité verticale. En exploitant une bande émettant de l’aigu et deux autres l’entourant et émettant plus d’énergie dans le médium, si on les combine bien, on obtient un contrôle de la directivité verticale jusqu’à des fréquences plus basses, tout en évitant que hors axe ne soient créés des lobes interferents.

Pour cela, le filtrage est conçu pour que la somme ne soit pas parfaite dans l’axe mais que cela limite les annulations en dehors, un filtrage de type ”constant power”, la constante étant la puissance acoustique et donc différent de celui plus classique qui maintient la tension constante comme le Linkwitz – Riley. Nous avons choisi des points de recoupement à – 3 dB avec des différences de phase non négligeables. 

SLU : J’imagine que tu as passé pas mal de temps à mettre au point ce couplage afin de le rendre fonctionnel…

MDC : Oui, beaucoup, mais ça marche assez bien. Dans mon travail, je passe beaucoup de temps en labo pour faire des essais déconnectés de toute demande spécifique afin d’avancer dans mes connaissances, c’est un peu ma nature et c’est aussi cela que beaucoup de sociétés viennent rechercher quand elles me confient des missions en tant que consultant. Cela me plaît car je préfère rester dans l’ombre.

SLU : Quand trouves-tu le temps pour faire tout cela ?

MDC : Essentiellement les week-ends, quand je ne suis pas en mission. J’ai chez moi une grande salle d’écoute équipée avec tous les outils nécessaires aux mesures et à la mise au point de mes projets mais justement aussi de mes idées plus théoriques. 

SLU : Tu fais donc des essais avec des processeurs pour simuler par exemple des filtres passifs.

MDC : Quand je conçois des filtres passifs, bien entendu je me sers de processeurs pour écouter rapidement ce qu’ils donnent, et surtout m’aider à choisir entre deux montages possibles.

SLU : Est-ce qu’un passif a encore sa place et est-ce qu’un actif et un passif identiques sonnent pareil ?

MDC : Un passif peut parfois sonner mieux qu’un actif, ça dépend de beaucoup de paramètres dont par exemple le comportement de l’amplificateur. Les amplis modernes, beaucoup d’entre eux du moins, ont un rendu plus doux et parfois meilleur et plus musical lorsqu’ils sont chargés par l’impédance formée par un filtre passif. 

SLU : Cela est dû à quoi ?

MDC : Aujourd’hui on arrive à avoir un contrôle de sortie très stable sur les amplis, presque « rigide », je parle de contre-réaction et cela que l’on ait affaire à un montage en classe D ou en AB.

D’un point de vue projet, on arrive à des amplis presque parfaits, mais plus on avance dans la technicité des amplis et leur capacité à toujours donner plus, plus on met en évidence les défauts des haut-parleurs, surtout autour des fréquences où ces derniers sont les plus réactifs et présentent  le plus de distorsion avec des impédances torturées.

Un amplificateur plus classique confronté à ce genre de charge aura tendance à se coucher, il subira le haut-parleur en perdant de sa puissance, ce qui évitera de mettre en exergue les fréquences où il est moins à l’aise.

Un ampli moderne conçu pour débiter du courant quoi qu’il arrive ne va pas être influencé par la charge ou de manière minime en se comportant presque comme un générateur parfait, ce qui est idéal pour « bouger » un HP, si ce n’est qu’il le fera aussi dans sa zone la moins bonne, ce qui mettra plus en relief ses inévitables défauts.

Tout ceci pour dire que les amplis « old style » sonnent souvent mieux car ils sont plus sympas avec les haut-parleurs !

SLU : Ce qui confirme qu’il faut toujours associer une enceinte avec l’ampli qui lui convient le mieux.

MDC : Oui, tant que tu es en passif mais beaucoup moins si tu es en actif car l’utilisation de processeurs permet de déjà beaucoup gommer les accidents ; cela dit si je prends la même chaîne d’amplification et de « drive » sans bouger le gain de l’ampli, je vais avoir des résultats différents de HP en HP.

SLU : Dans la Sector, vous avez opté pour deux HP de grave de 10 », pourquoi ?

MDC : Ce sont certes des 10’’ mais avec des bobines de 3 pouces et avec une charge devant (une masse acoustique). Notre volonté a été d’obtenir un niveau de sortie égal ou supérieur à un unique 15 ». Notre montage ressemble beaucoup à celui d’un Line Array mais qui serait placé verticalement.

SLU : Ils arrivent à descendre jusqu’à combien ?

MDC : On atteint 65 Hz à – 3 dB et nous exploitons des aimants en ferrite normaux malgré le fait que la Sector soit aussi prévue pour le touring et pas la simple installation fixe. C’est un choix qui n’implique aucun compromis. J’avais la même possibilité avec de la ferrite haute performance sur les 3 moteurs mais j’ai opté pour le Néodyme à cause du petit surplus de rendement et de dynamique et donc de qualité dans l’aigu. Nous avons aussi demandé à avoir des bobinages spécifiques en 24 ohms de façon à pouvoir mettre les trois moteurs en parallèle. Les HP de médium sont aussi en 24 ohms et travaillent en parallèle, ce qui représente une charge nominale de 6 ohms environ. Enfin les deux woofers sont des 16 ohms pour une charge finale de 8 ohms.

Dans l’enceinte nous avons une partie passive pour la protection des trois moteurs, les autres HP sont directement reliés aux bornes d’entrée. Si au montage on inverse le grave et l’aigu, on ne détruit pas 3 drivers d’un coup ! C’est donc une enceinte tri-amplifiée avec des presets spécifiques gérés par le processing Lake embarqué dans les amplis Lab.gruppen. 

SLU : Aurait-il été possible d’en faire une version passive et donc plus économique en termes d’électronique vu la complexité de la partie médium-aigu ?

MDC : Oui, cela aurait été possible mais avec un nombre important de compromis. Dès le départ nous l’avons conçue pour être une trois voies actives, sinon le projet aurait été très différent. Enfin gérer la phase de 7 HP en charge du médium et de l’aigu aurait été très difficile en passif, je n’ose même pas penser au filtre et à sa taille, sans parler du fait que je pourrais aligner les HP mais la réponse temporelle serait faussée (Il réfléchit NDR). Oui, on pourrait travailler sur le retard de groupe des filtres des médiums et des moteurs mais bon, on perdrait beaucoup de puissance…Mais ça serait intéressant !

SLU : Pour une thèse !

MDC : Oui, ce serait parfait pour ça ! Pour revenir à la question du prix de l’amplification, quand tu considères une enceinte Sector reliée aux amplis à quatre canaux actuels, le coût de cette puissance ne se révèle pas plus élevé qu’en passif puisqu’on emploie 3 canaux pour les trois voies et on se garde le quatrième pour un sub, sans oublier qu’en plus, l’ampli fournit tout le traitement de signal nécessaire… 

SLU : L’enceinte Sector est finie et prête à être commercialisée ?

MDC : Quasiment. Il ne reste que des détails mineurs liés à l’industrialisation du modèle mais pour le reste elle est prête. Elle pourra être associée à tous les subs de la gamme MDC en fonction des besoins, et pourra être employée droite ou couchée comme un Line Array en associant autant d’éléments que nécessaire. Nous n’avons en revanche pas prévu de fixation pour la placer horizontalement au dessus d’un sub qui la soutiendrait par un tube vertical ; cela ferait une solution sans doute économiquement moins intéressante. Pour une salle en revanche il suffit de placer trois boîtes côte à côte pour atteindre une ouverture standard de presque 80°. On affiche 24° en horizontal et 60° en vertical mais ce sont des données indicatives, on couvre plus. En vertical par exemple on a une atténuation hors axe très soft qui permet d’atteindre aisément 65°. 

SLU : Le placement des boîtes les unes par rapport aux autres est primordial ?

MDC : Oui, absolument. Il faut les positionner de telle sorte que les médiums se retrouvent à équidistance les uns des autres et pour éviter les problèmes, la « mécanique » de l’enceinte vous y contraint, on ne peut pas attacher les boîtes les unes aux autres autrement.

SLU : Quel est le positionnement de la Sector sur le marché ?

MDC : Ce modèle se veut un peu de niche en répondant à un cahier des charges très qualitatif et fidèle avec notamment de vrais haut-parleurs de médium pour couvrir cette partie du spectre. C’est donc une boîte chère à fabriquer qui correspond bien à la philosophie de MDC, et qui devrait percer dans le renforcement sonore du classique, de l’opéra ou de tout message sonore complexe. 

SLU : Vis-à-vis des boîtes à courbure constante existantes, comment se situe la Sector ?

MDC : C’est un tout autre produit du fait que nous avons banni le binôme habituel du 12 ou 15 et de la compression. Cela est très bénéfique pour redonner ses lettres de noblesse au médium qui gagne en précision, en chaleur et en densité. Une guitare saturée par exemple délivre un impact largement supérieur. D’un point de vue pratique, on peut arriver à faire de très bons produits en deux voies. Tu citais par exemple des écoutes TAD, mais théoriquement c’est un non-sens car, que tu le veuilles ou non, tu forces les deux haut-parleurs. D’un autre côté, un montage trois voies n’est pas non plus une garantie de réussite car le filtrage est beaucoup plus complexe, et obtenir une cohérence temporelle se révèle plus difficile. En trois voies, il faut lutter contre les effets acoustiques des filtres et les problèmes de phase générés par les haut-parleurs et leur montage car il est impossible de parfaitement raccorder trois sources sonores. Il n’empêche que le rendu est selon moi plus intéressant. Il peut ne pas plaire, mais cette différence est sa force.

 

2 réflexions au sujet de « SECTOR, enceinte 3 voies pour ligne horizontale »

  1. et dans la même catégorie de produit, on retrouve également l’Em acoustics X3. Dommage qu’on ne voit pas plus ce type de système point source étudié pour un bon couplage inter boite. Trop souvent , certaines salles proposent malheureusement des systèmes line array ( 4 ou 5 boites en 6′ ou 8’…) pour faire de la courte ou moyenne portée là où l’usage d’array à l’horizontale a bien plus de sens à mon avis…

  2. Ca a l’air cool ce produit !… et contrairement aux autres, il apporte une réelle amélioration technique en partant d’un vieux concept (actif, 9 HP, nouveau guide d’ondes dans l’aigu, puissant …)
    A essayer avec mes sub MDC dès que possible !!!

Laisser un commentaire