Johnny est parti il y a 6 ans mais génère encore et toujours un véritable engouement, presque un manque chez ses très nombreux fans. La proposition classique d’Yvan Cassar est d’autant plus appréciée qu’elle émane d’un homme qui l’a côtoyé et servi durant de nombreuses années et plus encore car elle donne un jour nouveau aux titres du Johnny Symphonique Tour.
Johnny Symphonique c’est une aventure qui a commencé le 8 juin 2022 sur la scène de Pleyel d’après un projet d’Alain Français qui en a délégué la réalisation technique à FLEIK, une société dirigée par Jérémie Kokot et Antoine Secondino.

Invités par Emmanuelle Husson lors de la date bordelaise à l’Arkea Arena, nous avons pu apprécier le travail d’archéologue de François Gauthier, l’ingé son du dernier album studio de Johnny qui a travaillé avec Cédric Culnaërt pour la partie nettoyage.
Ce dernier a exhumé et mis à nu les voix de l’artiste de nombre de concerts afin d’en retirer les arrangements originaux issus des « repisses » glanées sur scène, et François les a enfin éditées, séquencées et « masterisées » ce qui a rendu possible la réécriture classique des titres. Des images synchrones de Johnny et de superbes lumières complètent l’offre artistique.

Puisqu’on parle d’Emmanuelle, précisons tout de suite qu’en plus de toutes ses activités, et dieu sait si elle en a, y compris sur cette tournée, elle collabore aussi avec SoundLightUp en tant que pigiste. Nous avons malgré tout fait le choix éditorial de parler de son travail et de sa proposition technique inédite car nous l’avons trouvée pertinente, efficace et maitrisée, mais il était aussi de notre devoir de vous prévenir à l’avance, dont acte !

L’idée de Manue est d’exploiter l’interface audio over IP Anubis des Suisses de Merging Technologies, un petit périphérique standardisé AES 67 offrant rien de moins qu’une paire de remarquables préamplis micro avec une gamme dynamique de 137 dB, deux entrées ligne haute impédance, 4 sorties ligne, deux sorties casque indépendantes, un micro d’ordres intégré dans son châssis, tout cela lui permettant d’agir à la fois comme stage box et comme unité de mix retour personnelle.

Chaque Anubis gère donc deux micros et deux retours casques indépendants ce qui réduit le câble micro et le câblage en général à portion congrue, un plus d’un point de vue sonore, et donne une qualité et une flexibilité inédite aux retours des musiciens équipés de ears filaires mais aussi de wedges si nécessaire.

Cette solution pour le moins innovante a été proposée et acceptée avec enthousiasme par Alain Français qui a été à la tête de Johnny Symphonique, de ses choix techniques audio et de son mix face, avant de passer la console à Philippe Barguirdjian pour la tournée.
Un des gros avantage du système Anubis et pas des moindres, réside en la capacité de câbler un orchestre symphonique retours casques compris, en moins de trois heures avec une équipe technique réduite et, cerise sur le gâteau, en laissant un plateau très propre.
Laissons la parole à Manue, fatalement surnommée depuis Manuebis ;0)

SLU : Ta solution réseau paraît très sûre…
Manue : C’est une infrastructure réseau composée de switches de la marque Luminex utilisant une topologie étoile redondée avec un cœur de réseau. Chaque Anubis est connecté via son port etherCON à une sorte de stage rack qui n’est, en réalité, qu’un GigaCore 26i. Le logiciel Araneo de Luminex me permet de superviser l’ensemble et de faire face à tout dysfonctionnement.

SLU : Chaque Anubis préamplifie et distribue en AES67 le signal de deux micros…
Manue : C’est ça, il y a 30 Anubis répartis dans l’orchestre, (un pour deux musiciens) les flux des entrées micro sont délivrés à la fois à la console retours de Julien (Digico SD5 Quantum) et à celle de face (Yamaha PM 7) de Philippe via la passerelle AES 67-MADI qui n’est autre qu’un Hapi de chez Merging.
Julien aux retours prémixe les signaux, créé différents stems et les renvoie dans le réseau. Chaque musicien a la possibilité de choisir dans son personal mixer ce dont il a besoin et généralement le stem de son pupitre, le tutti, le click et le talk d’Yvan. Il a enfin la possibilité d’y ajouter son propre instrument en capta directe et brute afin de finaliser son propre mixage.

SLU : Comment tout cela se passe en termes de latence ?
Manue : Bien (sourire) La latence AD-DA est de 0.38 ms, celle de la SD5 DiGiCo des retours est inférieure à 3 millisecondes, il est donc possible d’injecter le son direct sur les stems sans que cela ne pose de problème.
Nous pouvons cela dit délayer le direct si besoin, mais on ne nous l’a pas demandé.

SLU : Cette liberté au niveau des retours doit être appréciée, mais est-ce possible qu’un musicien se perde dans les réglages ?
Manue : Mon travail a été de créer une interface la plus intuitive possible tant pour le musicien que pour le technicien qui l’exploite. Je contrôle à distance chaque Anubis. Je peux ainsi avoir la main sur tout ce qui se passe sur et dans chaque unité. De plus, le mix de chaque musicien est également renvoyé dans les différents flux ce qui me permet, via mon Anubis en mode monitor, de vérifier ce qu’ils entendent !
Et pour répondre à ta question oui, les artistes sont emballés par cette possibilité de se façonner très simplement leur mix retour. Le plus long, je dirais même le plus compliqué, a été de leur faire mettre des casques in-ears, d’adapter la taille des embouts à celle de leur oreille mais maintenant que c’est fait, on ne les entend plus et eux s’entendent bien. Et pour l’anecdote, il n’y en a pas un qui a le même mix !

SLU : La partie percussions de l’orchestre ne passe pas par les Anubis ?
Manue : Non, toutes les percus arrivent sur un SD-Rack. Les chœurs et le piano aussi. Les 30 Anubis et sa soixantaine de micros repiquent tout le reste soit en proximité avec des DPA, soit en laissant de l’air, ce qui a été le choix d’Alain Français qui privilégie ce type de prise de son en classique, du moins pour les violons. Le patch dans son ensemble atteint les 130 entrées.


SLU : Tu disposes d’une prise etherCON à l’arrière de chaque Anubis…
Manue : Oui car il s’agit du boîtier Live. Il existe une autre version dédiée au Broadcast et disposant du système SPS (Seamless Protection Switching) où l’on peut faire du Daisy-Chain mais si tu perds une ligne tu perds tout le monde et les deux prises RJ45 standard (manque de place) ne sont pas exploitables sur scène. Mon choix d’un simple port etherCON fait que le pire qui puisse m’arriver c’est de perdre un boîtier. Je précise que cela n’a pas été le cas sur cette tournée.
SLU : Les Anubis sont alimentés par le réseau?
Manue : Oui en PoE+. Ils demandent 15W. Ce qui réduit encore le câblage sur scène. Sinon ils peuvent être alimentés via un câble d’alimentation externe.

SLU : Où se règle le gain des micros ?
Manue : Il existe plusieurs possibilités. Soit le gain se fait à même l’interface, soit via l’application à distance remote control, la Webapp ou en utilisant le mixeur du logiciel Pyramix aussi de Merging… Pour faire simple, l’Anubis c’est la même chaîne audio numérique qu’un micro numérique Neumann. Mais, contrairement à ce dernier, il travaille en 32 bit.
Il y a trois niveaux de travail en amont de la conversion : le Boost qui donne le gain nominal, le niveau dit Normal qui est à -12 dB et enfin le PAD qui retire encore 12 dB. Ensuite il y a la double conversion en 32 bit et à la suite le gain numérique pour affiner son niveau. Il ne faut pas oublier que toute la partie analogique a été conçue et désignée par Claude Cellier himself qui a acquis ses lettres de noblesse auprès de Stefan Kudelski, l’inventeur du NAGRA.

SLU : On plonge un peu sous le capot ? Est-ce que Anubis est compatible Dante ?
Manue : L’ AES67 est la norme standard définie par l’Audio Engineering Society afin de rendre tous les réseaux AOIP interopérables. Donc oui, moyennant quelques règles à respecter. Sur cette tournée nous n’utilisons pas le Dante, pour une raison simple, l’interopérabilité a un cout et pas des moindres !
Le choix de rester en pur AES67, c’est de pouvoir choisir la taille des trames transportées en 6, 12, 24 ou 48 samples ce qui réduit considérablement la latence (de 1 ms à 0,13 à 48 kHz) alors que DANTE ne travaille qu’en 48 samples ce qui engendrerait dans le cadre de l’interopérabilité, une latence sur le réseau de 2 ms. Pour résumer, au lieu de transporter la marchandise dans des semi-remorques, on utilise des FIAT 500 beaucoup plus rapides.

SLU : Qui dit réseau dit gestion des différentes horloges TDM et PTP, alors, qui cadence qui ?
Manue : L’horloge maître dans notre configuration est celle de l’Optocore, qui cadence le PTP v2 qui est quant à lui le maitre de l’AES67. On la récupère par la sortie Word Clock de la DiGiCo sur l’entrée Word Clock de l’interface HAPI qui nous sert de passerelle entre l’AES67 et le MADI.
SLU : Chaque Anubis peut injecter et récupérer ce qu’il veut de l’AES67 ?
Manue : Tout arrive et tout part, c’est le charme du réseau. Chaque Anubis peut générer et recevoir 64 flux. On a donc une étoile en AES67 pour la scène et une boucle Optocore entre les stages et les consoles face et retours. Pour faciliter la vie aux musiciens, Julien (Bourdin aux retours) a préparé des stems comme Cordes, Cuivres, Percs, Tutti ou Talk (pour entendre les ordres d’Yvan Cassar) qu’il injecte dans le flux AES67 afin que chaque musicien puisse se servir et constituer son mix.

Si on prend les deux musiciens Alto 5 et 6, ils mélangent le stem Cordes, le Tutti, le Click et leur micro pour donner plus de présence à leur instrument.
En tout 16 stems peuvent être exploités par les deux mélangeurs séparés que comporte l’Anubis en Mission VENUE, à savoir une application destinés à la fonction retours, d’autres Missions étant disponibles comme la mission Monitor qui comme son nom l’indique est utilisée dans ce cas précis comme interface de monitoring de tous les flux .Le Watergate de l’orchestre classique !
SLU : Est-ce que du disposes au-delà du double préampli micro aussi de ressources DSP sur la capta dans chaque Anubis ?
Manue : Bien sûr, insérées sur les deux micros mais pour la partie Personal Mixer uniquement, EQ paramétriques et traitements dynamiques ! On ne s’en sert pas ici pour deux raisons. D’abord (au 20 avril 2023 NDR) on travaille encore sur les algorithmes et d’autre part on est avec un orchestre symphonique et les éventuels réglages sont du ressort des consoles.
J’ai en revanche à la demande des mixeurs inséré des coupe-bas à 80 Hz sur les préamplis et qui sont actifs sur toutes les sorties. Mais pour répondre à ta question, il sera possible de façonner le son du casque de chaque musicien, un vrai mix sur mesure, en lui laissant ou pas le choix d’intervenir lui-même (au-delà des niveaux NDR).

SLU : Est-ce que ta solution a été bien acceptée ?
Manue : Le mot d’ordre c’est : il faut que ça marche. Tout a été fait en ce sens, y compris les câbles qui ont été sourcés pour garantir la meilleure continuité du flux AES67. Le réseau est quelque chose d’encore assez récent, à part le Dante qui est un standard, donc quand tu dis que toute la captation va être gérée par un protocole comme l’AES67 que personne ne connaît, et que tu vas employer des boîtiers en béta test, il faut s’appeler Alain Français pour relever le défi (rires)
SLU : Il chauffe un peu l’Anubis, il a même un ventilateur qui tourne !
Manue : Oui et j’ai la main dessus à distance aussi, ce qui m’a permis de tous les faire tourner sur Low. On a joué dans des salles surchauffées, ça suffit amplement et même avec trente unités qui extraient des calories, on n’entend rien. J’ai demandé à Merging d’avoir un logiciel qui me donne en temps réel un retour d’info total sur chaque unité, une fonction développeur qui, en usage réel, devrait atterrir sur ANEMAN, le soft network manager de l’AES67.

SLU : Du coup, les retours et la capta sont pas mal filaires mais pas que, à en juger par les aériens que je vois…
Julien Bourdin : Oui, il y a le micro HF d’Yvan, ceux des deux très gros taikos aussi en HF et enfin ceux des caisses claires qui jouent sur scène à un moment du show. A ce propos je vais adopter l’idée du micro-cravate situé sur les mains qui, bien placé et traité, offre une captation impeccable et toujours bien placée par rapport à l’instrument, quel qu’il soit.

Julien Bourdin : Bien entendu ces 4 percussionnistes baladeurs et Yvan Cassar ont des ears plus quelques autres musiciens, techniciens plateau et le chef de chœurs.16 liaisons en tout. Pour les antennes de réception on a une paire passive / active, appelons cela un choix de raison, une GZA Sennheiser pour les émetteurs ears en champ proche et une A 5000 CP surnommée Madame Irma pour le plateau, une antenne à polarisation circulaire qui ouvre large et n’oublie personne.



Manue : Un mot pour Julien qui prend toujours le temps de m’aider dans le montage et démontage du plateau. C’est adorable de sa part, tout le monde ne le fait pas, et ça me rend bien service.
SLU : Tu te sers d’Araneo ?
Manue : Bien sûr, il est toujours ouvert sur mon écran, il me permet de suivre précisément ce qui se passe sur le réseau côté Luminex. S’il devait y avoir un problème, je serai la première informée.

Noir salle
Dès les premières notes on sent la puissance d’une captation de proximité mâtinée par un peu d’air sur les violons. On oscille entre le classique pur et le Hans Zimmer, les arrangement tirant un peu vers ce grand compositeur de musique de film. Le show est total, porté par un Yvan Cassard donnant vie et humanité sur scène, un bel orchestre aux percussions bodybuildées et enfin des chœurs qui remplissent les derniers dB de dynamique. Un TC et quelques rares effets sonores cimentent discrètement l’ensemble. Un super boulot.

Le patron est bien présent, restitué à l’image par des écrans traversés comme il se doit par des faisceaux de lumière (chapeau aux lights, vraiment ! NDR) et au son grâce au travail d’orfèvre de François Gauthier sur sa voix. Bien sûr on y entend quelques subterfuges, traitements et autres trucs qu’une bonne gratte disto aurait avalé tout cru, mais dans l’ensemble et sur la majorité des titres, la magie opère et la puissance de Johnny emporte l’adhésion d’un public souvent ému. Allez, il manque une basse électrique sur quelques titres et qui mettrait la touche finale en modulant plus le bas.

Inutile de préciser que les violons et toutes les cordes en général sonnent propre, fort et clair et qu’aucun pain ou requête à Julien de la part des musiciens n’a mis en exergue l’infrastructure de capta/retours. Calme plat et bonheur sur toute la ligne. Cat7 la ligne.
Diffusion en K2 et KS28 généreuse et bien calée ne renforçant pas trop le côté cristallin sur la voix de Johnny, une couleur issue du nettoyage et contre laquelle il serait inutile de lutter, voire contreproductif ;0)
Allez, pour terminer un immense merci à Alain Français de la part de Manue dont la complicité avec ce dernier dure depuis des années et a donné de jolis projets et une anecdote qui m’a été soufflée par Manue elle-même.
Pourquoi le protocole Ravenna a été appelé ainsi ? Parce que c’est dans cette ville en 1321 qu’est mort Dante. Comme quoi, on a des lettres et de l’humour dans l’audio pro.
SLU : Comment en es-tu venue à t’intéresser à la capta et aux retours et par ricochet à l’Anubis ?
Manue : Au départ on m’appelle pour Carmen au SDF et ma spécialité c’est la RF et le transport du signal. Sur le dossier je prévois 300 boitiers micro et ears. Ce show aurait dû avoir lieu en septembre 2020 mais le Covid en a décidé autrement. Tout aurait dû être en HF sauf l’orchestre avec des liaisons numériques car jusqu’à 150, c’est jouable, mais 180 fréquences analogiques comme cela aurait dû être le cas, ça devenait très chaud.
La latence atteint 9 millisecondes car on part sur du Klang et les émetteurs numériques en ajoutent un peu. Je m’attelle au transport du signal et je comprends qu’il va falloir innover.

Lors de la Fête des Vignerons qui a eu lieu en Suisse, je gérais la partie Show Control avec un système OVATION, quand Claude Cellier me présente un nouveau boîtier, le proto d’Anubis, comme étant une nouvelle interface. Je m’entends lui répondre : « Oui, enfin, c’est une carte son ! Ça ne me sert à rien, je ne fais plus de son » Et lui : « Écoute-là quand même ! »
Quelques temps après je réalise que c’est précisément ce dont j’ai besoin pour gérer cette opération. Je propose l’idée à Claude, il est enthousiaste et me propose une collaboration avec un développeur maison, Florian Baume et c’est parti.
SLU : Ça te prend beaucoup de temps et plouf, Carmen tombe à l’eau…
Manue : Exactement, mais mon téléphone sonne et Alain (Français NDR) me parle de Johnny. Immédiatement la connexion se fait dans mon esprit. Oui mais voilà, il faut convaincre un prestataire d’acheter une quarantaine de boîtiers. In-fine c’est moi qui vais investir d’abord chez Merging et puis chez Luminex, ce qui me permet la maitrise technique totale de la solution afin de proposer une infrastructure complète, puissante et opérationnelle. J’ai trois GigaCore 26i et deux GigaCore 10 avec de la fibre multimode.

SLU : Et tes connecteurs !
Manue : Exact. De 25 à 5 mètres. Et puis les pinces pour iPad car l’Anubis pèse presque un kilo et il faut le faire tenir sur un pied micro ou partoche. Et puis pour bien faire je vais devoir acheter les casques. Le tout multiplié par 60 !
SLU : Pas facile d’être micro prestataire ;0)
Manue : C’est précisément ce que je n’ai jamais voulu faire ou être, mais c’est plus facile de proposer l’ensemble. Cette solution technique s’appelle ANACROUSE elle marche avec un symphonique, mais aussi avec des orchestres de comédies musicales, des orchestres résidents en télé ou des shows comme Johnny Symphonique ou encore des support bands où la face peut fournir les signaux et les musiciens se gérer leur retours en parfaire autonomie. A force je connais pas mal de consoles et de passerelles pour que ça fonctionne de manière fiable, simplement et avec le moins de latence possible.
Johnny Symphonique sera à nouveau sur les routes au printemps 2024.
Pour plus d’infos quant aux dates de la tournée avec ce lien
Pour aller plus loin avec Anubis, deux possibilités ;
– Ou enfin le site d’Emmanuelle Husson qui le connait presque aussi bien que son créateur :