Qui ne connaît pas les studios Hocco ? Ce sont 5 studios qui depuis 1986 accueillent les pré-productions professionnelles comme les musiciens passionnés. Des studios de répétition, mais pas seulement, Hocco offre une véritable suite de services parfaitement taillés pour la musique. Et si la répétition musicale y est à l’honneur, l’enregistrement et le mixage y sont aussi maintenant possibles.

Par suite de son rachat par RégieTek et sous l’impulsion de son directeur Cédric Duminy, les studios sont entrés dès leur acquisition dans une phase de rénovation importante, sans toutefois perdre leur particularité d’être accessibles à tous.
L’équipe en or est composée d’Audrey Le Cam (responsable des studios), Abdelkader Ouaddah (régisseur des studios) et Olivier Dutour (ingénieur du son) ce dernier nous ayant offert une visite exclusive.

SLU : Les studios Hocco ont une belle histoire depuis 1986 ?
Cédric Duminy : Oui, toute la variété venait y répéter à cette époque. C’est Daniel Carlet, qui était auteur, compositeur, multi-instrumentiste et qui accompagnait beaucoup d’artistes, qui les a créés et gérés avec Martine Forestier jusqu’à notre reprise en 2022.
SLU : Quel était votre motivation en tant que prestataire audiovisuel ?
Cédric Duminy : Cela faisait un moment qu’on réfléchissait à proposer à nos clients un lieu pour pouvoir travailler en amont des départs de productions, pour les tournées ou les émissions. Cette opportunité s’est présentée naturellement dans le cadre du départ à la retraite des dirigeants.
SLU : RegieTek, c’est aussi du backline ?
Cédric Duminy : Oui, nous sommes leader sur ce marché avec sept agences sur toutes la France. Nous avons repris NEWLOC en 2018 dans les mêmes circonstances. Une importante part de l’activité de Hocco étant aussi le backline, cela a constitué une opportunité supplémentaire de venir compléter notre offre.
SLU : Votre but est d’offrir une passerelle entre les différents services ?
Cédric Duminy : Nous souhaitions affirmer notre identité musique live, avec une proposition différente de ce qui peut se faire ailleurs. Il était important pour nous d’offrir à nos clients des services qui ont du sens et simplifient leurs opérations en englobant toutes les phases techniques de leurs productions, de la répé au backline jusqu’à la prestation de concert.

SLU : Il y a un stock sur place pour répondre à la demande des musiciens ?
Cédric Duminy : Nous avons maintenu un stock de backline dans les studios, synthés, guitares, amplis, un peu de tout pour répondre aux imprévus de dernière minute. Tout le reste du stock et l’équipe backline des studios Hocco a intégré nos nouveaux locaux à Puiseux-en-France.
Plusieurs fois par semaine nous organisons des navettes entre le stock de la maison mère et les studios. Que ce soit pour répondre aux clients historiques habitués à venir chercher leur backline à Vitry-su-Seine ou aux productions qui préparent leurs tournées à Puiseux, nous simplifions grandement la logistique matérielle pour les régisseurs de production qui travaillent avec nous.
SLU : La rénovation a commencé immédiatement ?
Cédric Duminy : Dès l’acquisition, nous avons fait une rénovation générale du bâtiment, pour y marquer notre empreinte et optimiser le confort général, mais aussi afin d’améliorer l’expérience globale de nos clients. En tout, une année de travaux qui a englobé la rénovation intégrale du plus grand studio, le Studio 1.
A la place du stock de backline que nous avons déplacé en grande partie, nous avons créé la cabine de mixage attenante qui n’existait pas, primordiale pour le travail des Ingés son. Nous avons aussi transformé les anciens bureaux en de nouveaux espaces communs dont le catering. Le studio 2 doit encore bénéficier d’une dernière phase de travaux et nous continuerons bien entendu sur l’ensemble des studios.

Curieux de découvrir les nouveaux studios Hocco, nous nous rendons sur place à Vitry-sur-Seine ou l’équipe nous attend.
SLU : Pourrais-tu nous décrire l’équipe d’accueil ?
Audrey Le Cam : Pour tout ce qui est accueil technique, nous gérons le quotidien des studios en équipe avec Abdel. Pour le reste, il s’occupe plus particulièrement de la régie backline et bâtiment et a le talent de toujours retrouver mes affaires quand je les perds… Olivier, lui, se concentre sur tout ce qui est record et/ou mixage, live ou studio. Il a installé son studio dans nos murs. Il lui arrive aussi de faire des accueils techniques.
Je le soupçonne d’être le fils caché de Mac Gyver. Moi, hormis l’accueil technique, j’oscille du côté production et gestion de planning. Nous avons aussi régulièrement des intermittents qui viennent compléter notre équipe selon les besoins. C’est un plaisir de travailler avec eux au quotidien.

SLU : Qui vient répéter chez vous ?
Audrey Le Cam : Notre clientèle s’étend des amateurs, pouvant réserver sous forme de résidence annuelle ou à l’heure, aux plus grosses productions françaises et internationales venant préparer un concert, leurs tournées ou encore une émission. La diversité de taille de nos studios permet cette mixité, l’une de nos particularités. Des 175 m² du Studio 1 au 22 m² du studio 5, il y a de quoi satisfaire tous les publics.

SLU : Au rez-de-chaussée, le Studio 1 a été entièrement rénové ?
Audrey Le Cam : Oui, il y a deux ans, et ensuite, la cabine adjacente a été créée, sous l’impulsion d’Hervé Cléry-Thélise, ingénieur du son, dont j’ai la chance de prendre la relève au studio Hocco après tout le travail d’amélioration qu’il a déjà accompli.
Le studio 1 offre une hauteur sous plafond d’environ quatre mètres. Il était équipé d’une structure fixe que nous avons enlevé pour qu’il devienne totalement modulable afin de répondre au mieux aux besoins selon les projets à mettre en place.
Le lieu est exploitable en totale autonomie pour les production qui viennent avec leur kit ou bénéficier de notre propre service d’accueil de sonorisation et backline aux petits oignons. Nous avons aussi depuis peu un espace de pause extérieur accessible depuis le studio 1 et d’ici la fin de l’année du studio 2, des plus agréable et qui je l’espère permettra de belles rencontres.

SLU : Comme le studio 2, qui propose aussi un beau volume, ils sont dédiés aux pros ?
Audrey Le Cam : Ils sont en effet pensés pour les productions de grand format. Mais en réalité, ils sont aussi exploités pour d’autres projets musicaux, des master-class, des groupes amateurs ou semi-pro avec beaucoup de musiciens souhaitant répéter en conditions professionnelles pour préparer un concert, enregistrer leurs compositions ou encore tourner un clip live.
SLU : Dans vos studios, vous ne gérez que le son, pas la lumière ?
Audrey Le Cam : Il est plutôt rare d’avoir à gérer de la lumière ici, car nos studios sont dédiés à la répétition musicale. Ils sont en revanche régulièrement utilisés pour travailler des créations lumière via les logiciels dédiés ou autres encodages de consoles.

SLU : Vous proposez aussi des espaces plus réduits et plus accessibles ?
Audrey Le Cam : Notre studio 3 de 58 m² est un format qui permet d’accueillir des groupes jusqu’à 10 musiciens selon les formations, dans des conditions pro. Il permet un cadre de travail créatif et de répétition très apprécié des musiciens.
Ensuite les deux derniers studios sont des petits formats, 30 et 22 m². Toutefois les pros les utilisent aussi comme pièces annexes pour des sessions de travail en isolé type chorégraphie, stylisme ou travail de chœurs. Le studio 5, avec vue sur le grand studio 2, sert aussi de cabine FOH.

SLU : Et la maison est ouverte jour et nuit ?
Audrey Le Cam : Non pas vraiment, nous fermons au plus tard à 23h. Il est très rare d’avoir des demandes de répétition pendant la nuit. Cependant, c’est un temps de travail important pour les techniciens qui restent régulièrement affiner le show plus tard, nous avons une formule qui leur permet dorénavant de rester travailler en autonomie.

SLU : Qu’est qui caractérise le plus vos studios ?
Audrey Le Cam : Chez nous, c’est l’humain qui prime. Comme vous venez de le dire, ici c’est un peu comme à la maison, sans pour autant sacrifier la rigueur de l’accueil technique, tout aussi fondamentale pour nous.
L’un est loin d’empêcher l’autre. Les artistes et productions font le choix de revenir chez nous pour cette relation et la belle énergie qui règne ici. Ils apprécient l’accueil et le soutien technique que nous leur apportons.
SLU : Tous vos studios sont équipés ?
Audrey Le Cam : Bien sûr, avec un kit de base en relation avec leurs dimensions et tarifs. Cela comprend console, micros, retours de scène, batterie, amplis guitare et basse. L’ensemble est préinstallé et préréglé pour la séance qui est réservée, en fonction du plan de scène fourni. Cette prestation technique basée sur notre matériel dégage totalement les artistes et les musiciens de cette contrainte. Ils exploitent beaucoup mieux leur temps en commençant immédiatement leur session de répétition sans avoir à gérer la technique.

SLU : Vous offrez également un service de backline ?
Audrey Le Cam : Si le besoin de matériel supplémentaire se fait sentir, nous pouvons le proposer avec notre service de backline. Nous avons sur place un stock d’instruments, d’amplis, de périphériques qui correspond aux demandes les plus récurrentes. Pour du spécifique, nous pouvons compter sur nos structures de backline Hocco et Newloc.
SLU : Offrez-vous un service de catering ?
Audrey Le Cam : Nous sommes en train de travailler ce point. Nous avons très récemment rénové une partie de la cuisine. Si les musiciens qui viennent à la journée se débrouillent souvent par eux-mêmes à l’ère Uber Eat, nous cherchons des solutions associatives avec des acteurs du quartier pour offrir une restauration de qualité pour les réservations de plus longue durée.
SLU : Peut-être accueillez-vous même des résidences?
Audrey Le Cam : Bien sûr, nous avons des réservations en lock-out sur de longues périodes pour des résidences plutôt à visée technique. Nous accueillons aussi les artistes pour des résidences créatives.
SLU : Et votre service de studio d’enregistrement prend alors tout son sens ?
Audrey Le Cam : C’est un plus indéniable. Il est totalement itinérant au sein de l’ensemble des studios. Il permet de faire des enregistrements, puis du mixage. C’est une autre façon d’appréhender nos studios, et avec l’expérience d’Olivier qui le gère, le résultat est la hauteur.
Dans le dédale des studios Hocco, qui me rappelle la topologie d’un célèbre studio d’enregistrement qui s’étalait sur deux niveaux avec quelques pièces magiques (malheureusement maintenant détruit) une porte ouverte sur une petite pièce attire mon attention, ne serait-ce par la qualité des équipements que j’y aperçois furtivement. Je crois bien que nous y sommes…
SLU : C’est un studio d’enregistrement ici ?
Olivier Dutour : Oui, bonjour… mais en réalité, tout le matériel qui est rassemblé ici est intégralement déplaçable pour aller enregistrer dans les différents studios ou dans leurs cabines attenantes suivant les besoins.
SLU : Tu ne fais que des enregistrements de maquettes, ici ?
Olivier Dutour : Pas seulement. Il m’arrive de faire du définitif. Certains groupes viennent ici pour du tracking en live, que je finalise au mixage pour de la production de disque.

SLU : Comme nous faisions avant dans les grands studios ?
Olivier Dutour : En quelque sorte. Mais avec des tarifs beaucoup plus raisonnables.
SLU : Les studios de répétition sont reliés entre eux ?
Olivier Dutour : Il y a juste quelques lignes. Ce n’est pas réducteur, car pour ma part, tout mon système est en réseau AVB, intégrant la station de travail et l’ensemble des racks audio. Chaque rack est équipé d’une carte MOTU AVB soit en analogique ou en ADAT et je dispose d’une stagebox en AVB avec 16 entrées et 8 sorties que j’utilise dans les studios.
SLU : Pour la station de travail, tu as fait quel choix ?
Olivier Dutour : Depuis assez longtemps, j’utilise Logic. Sur un simple Mac en M2, je n’ai jamais atteint les limites de la configuration qui gère environ 80 entrées et 76 sorties. Ce choix est motivé par la latence qui est extrêmement faible et me permet de rapidement et sans aucun problème réaliser des enregistrements au sein même d’une session, même en plein mixage, avec le respect de la phase, quoi que je fasse comme structure de bus ou de routing.

Logic permet aussi de gérer les inserts hardware avec beaucoup de souplesse, par l’intermédiaire d’un plug-in, mono ou stéréo, sur la piste. Il permet de gérer également le mix entre le départ et le retour, idéal pour de la compression parallèle. Il adresse également n’importe quelle entrée ou sortie du système au sein de la même instance.
Et le dernier avantage, non des moindres, est de pouvoir les copier ou les déplacer à volonté d’une session à une autre. Avec mes racks remplis de machines analogiques, toutes reliées à la station en AVB, c’est une fonctionnalité idéale. Je peux ainsi insérer rapidement sur une piste n’importe laquelle de mes machines analogiques comme si c’était un plug.

SLU : L’AVB est facilement gérable ?
Olivier Dutour : Très facile. Le mac est connecté en Thunderbolt sur la première interface AVB qui dialogue avec un switch, sur lequel les autres interfaces AVB de chacun de mes racks sont connectées.
Un logiciel MOTU permet de gérer le réseau AVB, avec réglage des niveaux d’entrées/sorties, le gain des préamplis micro pour le rack de scène et fournit une grille AVB classique qui me permet de renommer tous mes appareils sur le réseau. En plus, Logic reprend les noms et les convertisseurs sont excellents.
SLU : Cela permet un genre de total recall très puissant ?
Olivier Dutour : Oui, parfaitement et c’est très important pour notre façon de travailler ici. Nous suivons nos clients hors des studios. Nombreux sont ceux qui me demandent parfois des modifications de mixage à distance. Il me suffit de rappeler la session et de faire juste quelques bounces, sans aucune perte de qualité, même avec la conversion, en fonction des éléments à retoucher.
SLU : Dans la dernière version de Logic, il y a de l’IA ?
Olivier Dutour : Il y a beaucoup de fonctions qui marchent avec l’IA dont je ne me sers absolument pas. En revanche, j’utilise ici beaucoup le séparateur de stems. Chez Hocco, j’enregistre beaucoup de groupes en live avec tous les musiciens dans le studio. Si je prends les basses et les guitares en DI que je réampe ensuite, pour la voix c’est toujours problématique. La prise de voix est bien entendu largement polluée, entre autres par la batterie. En utilisant le séparateur de stems pour extraire le chant, c’est juste impeccable en quelques secondes.
SLU : Tu as une recette pour prendre les voix ?
Olivier Dutour : Un de mes classiques c’est un micro RE20 dans des preamps 610. J’utilise un UA LA-610 qui m’offre la réplique de deux canaux du célèbre préampli de Bill Putnam et du compresseur Teletronix. Je n’aime pas trop les préamps à lampes. Bizarrement je préfère souvent du transistors avec de gros transfos, mais celui-ci, c’est l’exception qui confirme la règle. Je l’utilise depuis 20 ans.


SLU : Comment fais tu pour la prise de son des groupes ?
Olivier Dutour : J’utilise le rack de scène ou des préamplis analogiques. J’en ai 16 au total dans les racks. J’ai un Mindprint DTC, inspiration Neve, du Toft, copie trident années 80. J’aime aussi beaucoup les préamplis et compresseurs FMR Audio. Ils sont fabriqués au Texas par un gars qui avait commencé à faire un compresseur VCA dans les années 70, mais dont le prix prohibitif avait effacé tout espoir de succès. A sa retraite, les VCA ne coutant plus rien, sa femme l’a décidé à reprendre la fabrication de ces petites boites. Une bonne idée car c’est vraiment bien pour le prix.

SLU : Cela te procure plein de couleurs différentes ?
Olivier Dutour : C’est le but recherché pour s’adapter à de nombreux styles musicaux. Celui-là, c’est un DMP M-Audio qui a été modifié. En dessous, un préampli que j’ai fabriqué avec de bons transfos d’entrée et un circuit inspiré 73 avec de composants modernes.
SLU : Et un deuxième rack plein de compresseurs vintage ?
Olivier Dutour : Oui, j’ai plein de vieux machins. Avant tout l’ADR F769X-R, une version de l’eq et compresseur des batteries de Led Zep et la voix de Marley. C’est un gros, gros classique qu’on trouve beaucoup aux États-Unis et très peu en France. Et beaucoup de FMR Audio.
SLU : Et un troisième rack d’effets plutôt aussi américain ?
Olivier Dutour : Le DSP 4000 de Digitech, très inspiré du H3000. C’est très accessible en occasion et ça fonctionne très bien. Le DP4 d’Ensoniq, connu pour l’utilisation de son preset de Talk Box dans “Around the world “ de Daft Punk, est très utilisé en electro et en hip-hop.
SLU : Et sûrement quelques plugs favoris dans Logic ?
Olivier Dutour : J’utilise beaucoup les traitements intégrés à Logic qui fonctionnent tous très bien comme la plupart de leurs compresseurs. Après, quand je veux une couleur vraiment particulière, j’utilise quelques plug-ins comme ceux d’Analog Obsession, qui sont vraiment typiques, beaucoup plus violents et très colorés.
SLU : En venant au studio Hocco, je ne pensais pas découvrir toute cette originalité
Cédric Duminy : En effet, ces studios sont plutôt atypiques. Par leur localisation en proche banlieue, au milieu des habitations, mais aussi par leur format et les services qu’ils englobent. Aujourd’hui, les besoins des productions et des musiciens ont beaucoup changé. Si avant un musicien pouvait faire pratiquement toute sa carrière avec un même artiste, aujourd’hui il est extrêmement mobile et joue avec un grand nombre d’artistes différents.
Nous accueillons aussi de plus en plus d’artistes étrangers qui viennent chez nous en répétition avant une date française. Il y donc naturellement une demande importante pour les lieux de répétition, et l’offre n’est pas si vaste. Nos studios ont donc toute leur place et tous leur sens au sein de notre structure et de notre offre de services.

En passant la porte de ces studios, on a la sensation “musicale” d’être encore mieux qu’à la maison. Et pour un musicien qui voyage de ville en ville, de scène en scène, pouvoir se retrouver quelques heures en répétition dans un endroit aussi agréable, peut être un privilège. Encadrée par la structure professionnelle de RégieTek et de NEWLOC, la nouvelle génération des studios Hocco est prête pour de nouvelles histoires musicales.
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