Les Grandes Eaux de Versailles Deleau, Duson, Dushow !

Cette installation a été déployée comme chaque année dans le Petit parc qui fait face au Château et qui de petit n’a que le nom puisqu’il couvre avec ses différents bosquets thématiques, une surface de plus de 50 hectares.
Cet ensemble de bosquets et de bassins s’étend du Château au Bassin d’Apollon. Ouvertes depuis le 6 juin en diurne, Les Grandes Eaux Musicales sont complétées par les Grandes Eaux Nocturnes depuis le 27 juin.

Un plan du Petit parc devenant musical pendant quelques mois. Cherchez les points rouges. Ce sont des enceintes, des nids à amplis ou la régie !

Laissons la parole à Benoit Soutenet, chargé d’affaires chez Dushow et fin connaisseur du dossier.

Benoit Soutenet : Cela fait 7 ans qu’on travaille pour CVS (Château de Versailles Spectacles) pour cet événement récurrent et d’autres l’ont fait avant nous, car les Grandes Eaux datent de 1666 !

Le Bassin de Neptune avec en arrière plan le dragon qui crache de l’eau depuis son propre bassin.

Il existe donc une équipe de fontainiers et un immense savoir faire sur place pour tout ce qui concerne l’eau car il y a beaucoup d’entretien pour garder en marche et quasiment sans pompes électriques l’ensemble des pièces d’eau qui ne marchent qu’avec de l’eau pluviale drainée dans tout le parc et stockée dans le Grand Bassin et dans d’immenses réservoirs enterrés ou placés sur le toit de bâtiments entourant le Château.

Benoit Soutenet et Neptune. Pfff, même pas peur.

SLU : Comment connais-tu aussi bien ce dossier…

Benoit Soutenet : Quand j’ai commencé avec Versailles, Dushow s’appelait encore Dispatch, en 2000!

SLU : Votre boulot consiste en quoi alors ?

Benoit Soutenet : Nous installons le système de son assez complexe qui permet de créer une déambulation entre les différentes pièces d’eau dans le jardin.
Il y a une continuité de son dès la sortie du Château et jusqu’au Bassin d’Apollon et le cahier des charges du concepteur sonore est que le son soit le plus homogène possible jusqu’en bas.

SLU : Vous vous êtes adaptés aux lieux et jouez la carte de la discrétion…

Benoit Soutenet : Absolument. On est en proximité avec des produits de petite taille et quand ce n’est pas possible comme par exemple au Parterre de Latone, on accroche des stacks dans les bosquets alentour.

L’esplanade dite Parterre de Latone avec les 4 cabanes techniques repérées B5, B7, B8 et B10 et juste à côté les boîtes accrochées, du Kara en B5 et B8 et du dV-Dosc en B10 et B7 avec en point 5 et 8 des montages end fire de 8 SB28 par côté.

Des lignes de 12 Kara recouvertes par une capote étanche sauf sa face avant acoustiquement transparente. Remarquez le vert RAL Versailles, tissu comme tubes. Tout est aux couleurs officielles ! Au pied de chacune des lignes de Kara se trouvent les 8 SB28.

Les subs levés du sol et emmaillotés par deux  en montage end fire.

On complète le dispositif avec des Bose 802 qui servent en fait au Tapis Vert qui mène au Bassin d’Apollon et au Grand Canal. Il y a une de part et d’autre de cette allée tous les 10 mètres.
De mémoire il y en a 58 en tout alimentées par des PM4500. Nous avons aussi fait le choix de piloter la diffusion avec des Galileo ou des Callisto Meyer dans chaque cabane technique.

Une des cabines servant à des Kara via des LA8 ou des 802 Bose, via un ampli Powermatch 4500 qu’on devine sous le Galileo. En haut à gauche c’est un indispensable extracteur,

SLU : Ce n’est pas une marque habituelle chez Dushow Bose.

Benoit Soutenet : Quand on a pris cette affaire il y a 7 ans, comme le design a complètement changé, nous avons investi pour répondre au cahier des charges en 802, en colonnes MA12 et en 360 qui sont pratiques pour faire du rappel ponctuel et en amplis pour les alimenter.

SLU : On verra plus loin d’autres lieux de diffusion, mais parfois lignes et compléments se recouvrent. Un calage a été effectué ?

Benoit Soutenet : Bien sûr par Hervé Herrero qui est le concepteur de toute la partie audio. Le but consiste à maintenir le son le plus possible dans les jardins sans émergences et à garder une pression faible avec la meilleure couverture.
Le programme musical est le même dans la grande descente qui mêne au Bassin d’Apollon, mais chaque bosquet joue son programme distinct. Le Miroir par exemple joue sa propre musique dans deux stacks de 4 V-DOSC au milieu desquels on retrouve le même montage cardioïde end fire de 4 x 2 SB28. Le but consiste donc à permettre cette variété musicale sans pollutions.

On voit bien sur ce plan la cabane technique marquée F à gauche de laquelle on distingue un des deux stacks de V-DOSC et plus à gauche les 4 ensembles de SB28 et l’autre stack de vénérables V-DOSC.

Un des deux stacks de V-DOSC cachés par la végétation en train d’être mis en place.

SLU : Vous n’alternez pas un peu comme dans les festivals les lieux actifs ?

Benoit Soutenet : Non, la totalité des fontaines ont des programmes autonomes qui se déclenchent tous les quarts d’heure et durent dix minutes. Les niveaux et le choix principal d’enceintes de proximité ou d’enceintes très directives permettent avec la végétation de cantonner le son à le zone visée.

SLU : Tu disposes de quelques références L-Acoustics et de Bose en fonction des besoins..

Benoit Soutenet : C’est ça. Par exemple au bosquet Encelade nous avons choisi des colonnes assez longues et donc directives de Bose, les MA12EX. A d’autres endroits on favorisera des produits plus full range et puissants comme les 802 ou enfin des Freespace 360 qui, comme leur nom l’indique, ouvrent à 360°.

On se demande bien quel modèle se cache sous sa housse…Spoiler : elle est américaine et comporte 8 transducteurs.

En L-Acoustics nous avons des V-DOSC, des dV-DOSC et des Kara avec en subs des SB18, dV-SUB et SB28. Ce sont d’ailleurs des subs SB18 en montage cardioïde qui complètent la réponse dans le grave des colonnes de MA12EX de l’Encelade.

SLU : Qui fait le choix des enceintes?

Benoit Soutenet : Hervé Herrero qui est le responsable audio pour Château de Versailles Spectacles.
C’est lui par exemple qui nous a demandé des Freespace 360, sorte de petits champignons verts qu’on voit dans tous les parcs d’attraction.
Il y en a plein au Bosquet des Trois Fontaines afin de les faire jouer tout doucement et être le plus homogène possible. Quand c’est nécessaire pour couvrir par exemple le bruit de l’eau, on ajoute des 802.

Des V-Dosc en quasi « mint condition » comme disent les américains. Des enceintes qui depuis près de 30 ans ont écrit l’histoire du spectacle vivant et continuent de le faire à Versailles.

SLU : Comment sont protégées les différentes enceintes ?

Benoit Soutenet : Par des housses étanches spécifiques de RAL 6003 qui est le vert officiel de Versailles. Ces housses restent tout le temps sur les stacks et sont une partie transonore avec un tissu déperlant. Il aurait été impossible de les couvrir et découvrir en fonction des horaires et des conditions météo. L’utilisation de ces housses empêche de fait les modèles amplifiés qui ne pourraient pas refroidir.

Des Kara en plein montage.

La protection est essentielle, les enceintes restent 7 mois dehors et prennent toutes les intempéries. La partie nettoyage est essentielle à chaque fin de saison et nécessite une dizaine de jours.
Les amplis notamment brassent énormément de poussière et doivent être entièrement soufflés. On y a retrouvé aussi des fourmis…

SLU : Tout reste sous tension la nuit ?

Benoit Soutenet : Oui absolument. On n’éteint jamais pour éviter l’accumulation d’humidité.
Les cabanes sont en plein bosquet et le matin il y a beaucoup de rosée.

SLU : Les enceintes que vous employez ici, surtout les dV et les V ne sortent que sur cette opération ?

Benoit Soutenet : Oui. C’est un kit « Grandes Eaux » qui ne fait que cette prestation très spécifique et qu’on entretient spécialement pour ça. Cela convient au client. Il n’est en revanche pas impossible qu’avec le temps on renouvelle ce kit. On a d’ailleurs du Kara qui remplace du dV qui a été vendu. Cela a apporté un plus.

De la poussière ? Mais quelle idée, pas du tout. Le problème est que plus l’on ventile les cabanes techniques pour chasser les calories rejetées par l’électronique, plus on aspire de la poussière.

SLU : L’humidité te joue des tours au niveau des membranes ?

Benoit Soutenet : Non, on a eu extrêmement peu de casse voire quasiment pas. Les systèmes sont tous anglés en positif donc l’eau ruissèle et n’atteint pas les transducteurs. Les amplis souffrent un peu plus à cause de la chaleur mais année après année nos extracteurs s’améliorent.
L’avantage d’être en fibre c’est de pouvoir prendre en réseau les LA8 et de savoir comment ils se portent. Les amplis Bose en revanche étant parfois éloignés des Auvitran ne peuv ent pas être suivis, mais comme ils n’alimentent que des enceintes moins stratégiques et jouant très doucement, c’est moins pénalisant.

Un coup d’oeil à un des racks dans la régie Dauphin d’où partent les signaux en fibre optique. Les interfaces sont des Apollo16 Universal Audio et on retrouve aussi un Galileo et un DX800 XTA pour distribuer l’audio directement aux cabanes ampli pour le Tapis Vert.

SLU : D’où partent les signaux ?

Benoit Soutenet : D’une régie centrale dans une cabine qui se trouve le long du Tapis Vert à gauche du Bosquet du Dauphin. Elle contient des MacMini qui sont la propriété de CVS et sont placés sous la responsabilité d’Hervé Herrero.
Ils embarquent du Ableton Live et la configuration est redondée. Nous prenons la main à partir des interfaces Apollo qui sont branchées aux ordinateurs.

La configuration totale est calée en temps, couleur et niveau mais il est possible d’intervenir en fonction de la météo ou des éventuels événements spéciaux qui ont lieu en plus des Grandes Eaux. Le niveau est aussi plus élevé le soir pour accompagner le feu d’artifice qui est tiré en clôture des Grandes Eaux Nocturnes.

SLU : La fibre optique existe depuis quand ?

Benoit Soutenet : Depuis que nous avons repris la main sur ce chantier. Lorsque nous sommes arrivés, les liaisons étaient analogiques et pour certaines très, très longues ce qui n’est jamais très bon pour un signal audio. On a fait évoluer l’ensemble avec CVS. Ils ont fait tirer la fibre car ils voulaient aussi faire de l’éclairage architectural.
Désormais nous disposons de boîtiers sur lesquels nous pouvons nous brancher aux points stratégiques. A l’arrivée et en fonction du nombre de canaux dont nous avons besoin, nous avons dans chaque cabane technique un rack Auvitran AVBx7 ou AVDT-BOB.

Depuis le cœur de la régie Dauphin, les fibres aboutissent aux AVBx7 ou aux BOB avec des processeurs Meyer pour assurer le calage, drive et matriçage final de chaque zone.

SLU : C’est Hervé Herrero qui reste en régie ?

Benoit Soutenet : Non, Hervé conçoit, monte avec nous et cale. L’exploitation au quotidien est le travail de François Baillergeant. Il est sur site 4 jours par semaine et se charge de toutes les représentations. Tous les matins il fait sa mise, lance des sons, fait le tour et en cas de problème il a deux possibilités. Soit il peut réarmer un disjoncteur ou reprogrammer toute coupure éventuelle seul, soit, en cas de vraie panne de matériel, il nous contacte et on intervient. Il dispose aussi d’un certain nombre d’amplis en spare sur site.

Le Chateau de Versailles dispose d’un vrai savoir faire, de personnel et comme c’est une installation qui revient d’une année sur l’autre, tout a été mis en œuvre pour qu’on dispose aux bons endroits de secteur et de fibre. Ce n’est pas une installation temporaire à proprement parler même si on démonte et remonte chaque année.

Un modèle de guide d’onde assez primitif mais déjà coaxial !

SLU : Le jardin devient sonore chaque été, j’imagine que quelques voisins se manifestent..

Benoit Soutenet : Ça peut arriver mais cela est du ressort de CVS qui reçoit les éventuelles remarques et d’Hervé Herrero qui ajuste en fonction de ces dernières. On intervient très peu sur ces problématiques et tout est fait pour orienter les enceintes et maitriser les niveaux.

Vidéo de présentation (magnifique…)


D’autres informations sur le site Chateau Versailles et sur le site Dushow

 

Crédits -

Texte : Ludovic Monchat - Photos : Dushow, CVS

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