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Martin Mac Viper Profile. Le retour du Roi

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Texte et photos : Tristan Szylobryt

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Martin Mac Viper Profile

C’est la nouvelle émeute de la rentrée, une lyre Martin, un vrai spot, avec une sacré lampe à décharge de 1000W, des gobos, de la trichromie, du zoom et des fonctions comme avant, de cette race de projecteurs que l’on croyait éteinte. C’est un nom de Rock Star, un gabarit de cogneuse, une vipère assassine, une légion de 5000 déjà sorties des usines. C’est tout ça et c’est surtout une résurrection.

Mac. Trois lettres, emblème d’une industrie du spectacle si jeune, si pressée qu’elle renie ses modèles à chaque évolution. Combien de ces lyres a pu fabriquer la compagnie Martin, encensées à leurs sorties, dénigrées depuis lors face aux coups de boutoirs d’une concurrence acharnée par un marché finalement si ténu, si volatile. Et pourtant, les Mac600, Mac2000, Mac700 et autres MacIII restent à leur manière des symboles universels. Symbole de démocratisation, rêve d’accessibilité pour des générations d’éclairagistes, malgré leurs défauts. La technologie ne s’attarde pas toujours sur la pureté d’un faisceau, c’est dommage. Et puis un matin ses ingénieurs ont repensé à la lumière d’un spectacle, la justesse nécessaire pour éclairer les comédiens, costumes et décors, à la finesse d’un faisceau se posant sur une danseuse, à la pureté des couleurs jouant avec un groupe, à la puissance d’une explosion de lumière en bouquet final. Alors le projet Viper a vu le jour. Malgré son nom tapageur, ce spot est sûrement la meilleure réalisation de Martin à ce jour. Et Viper deviendra sans doute aussi un nouveau symbole, mérité celui là.

Prise en main et ergonomie

Elle est posée fièrement sur son socle, moi aussi, car la transporter depuis la voiture de Jérôme Garnier, directeur technique de Martin France (je le remercie au passage pour sa disponibilité), ce jour pluvieux réveilla quelques vieilles douleurs. Elle pèse. 37,2 kg précisément. Certes c’est 15 de moins que son grand frère le Mac III, auquel elle emprunte certains traits caractéristiques, dont la seconde paire de poignées, située au dessus des bras de la lyre, si utile pour la porter. Cependant l’ère des grosses costaudes semble toucher à sa fin, tant la concurrence déploie des machines de flux équivalent dans des gabarits très réduits et des matériaux très légers. Je n’en voudrai pas à Martin de privilégier une construction robuste et durable, mais je n’irai pas l’accrocher tout seul à un pont celle-là.

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Robert Juliat


De chaque côté de la tête, un évent associé à un filtre à air.
Les énormes évents de la tête nécessitent un remplacement des filtres à air, la membrane en mousse derrière les grilles, en cas d’encrassement trop important.

Je l’observe. Base trapue, bras anguleux et une énorme tête affutée comme un missile. La division marketing l’a affublé d’un titre de film d’action, les designers lui ont carrément façonné une armure high-tech. D’énormes évents lui balafre les joues, la peinture noire mat, un peu granuleuse, lui fait une peau de granit. Elle impressionne autant qu’elle inquiète. Comme une voiture customisée, elle donne l’air de jouer la surenchère.

Je regarde encore. La lentille de l’optique est remarquable : un gros diamant délicatement poli. Ça peut faire un faisceau superbe en sortie.

La construction est solide, la réalisation très aboutie, le poids gage de qualité. Les poignées, sans être des modèles de confort, permettent une manutention aisée en toutes circonstances, à quatre bras toujours. Un seul blocage, sur le tilt, facilite les opérations d’entretien et le conditionnement en flight.

Le blocage du pan a enfin été abandonné, dispositif inutile et facteur d’énervement quand ce satané loquet refuse de bouger.
Sous la base, huit embases oméga quart de tour sont disposées en hexagone. Droits, perpendiculaires, à 45°, on a l’embarras du choix pour positionner les crochets : tout va bien. Une petite flèche désigne le « front » de l’appareil, bizarrement situé du côté des câbles. Entre respect du sens d’accroche et discrétion du câblage il va falloir choisir.

La fixation de l’élingue de sécurité s’effectue aussi par dessous, dans une trop petite cavité dédiée : moins bien. Surtout que les patins très fin plaqueront la Viper au plancher si vous la mettez au sol, vous obligeant à décrocher l’élingue pour ne pas la rendre bancale.

La façade de la base avec ses embases Powercon, XLR5 et USB.
La façade de la base avec ses embases Powercon, XLR5 et USB.

Je passe à la base, un strict pavé noir dont l’arrière montre une  PowerCon d’alim, deux vraies embases DMX mâle et femelle, l’afficheur, un bouton, une roue codeuse et un voyant d’état, une embase USB pour les mises à jour.
Tout est accessible, je ne me pose pas de questions, je passe au menu et déballe la doc, très impressionné car elle fait deux volumes et 66 longues pages, en français, hyper détaillées, schémas et photos à l’appui.
Il n’y plus qu’à suivre la recette. La navigation est d’une simplicité folle. Un appui sur la molette pour entrer dans le menu, une rotation permet de faire défiler les fonctions jusqu’à la bonne, un autre appui pour l’éditer, un autre tour de molette pour changer les valeurs, et un dernier appui pour valider.

LE menu du technicien auto.
LE menu du technicien auto.

En cas d’erreur, ou pour remonter d’un menu, il y a le bouton «escape». Ce menu est sur batterie, la touche « escape » permet dans ce cas d’activer l’écran hors alimentation.

Des raccourcis ont été implémentés dans un menu spécial, accessible en appuyant plus de 2 secondes sur ce bouton indispensable, «escape», toujours lui. L’écran propose alors trois choix : un reset général, un On/Off de lampe et la rotation de sens de lecture. J’apprécie la simplicité.
La led d’état renseigne en permanence sur la santé de son propriétaire. Vert, pas d’inquiétude, ambre pour des avertissements, rouge pour une erreur. Si en plus le voyant clignote, c’est pour signaler que le DMX n’est plus de la partie.

Menu et services

J’appui sur la molette, un peu longtemps, le menu m’affiche alors les informations les plus utiles. Agréable surprise !

Ce que j’attend d’un menu d’info, ni plus ni moins.
Ce que j’attend d’un menu d’info, ni plus ni moins.
Les menus du Viper. Vous ne serez pas perdu.
Les menus du Viper. Vous ne serez pas perdu.

Je clique sur la molette et passe aux différents menus. Les plus communs sont regroupés dans le « MAIN». Adresse DMX, choix du mode entre basique et étendu, numéro d’identifiant (dont l’intérêt est limité à une seule gestion de parc, une sorte de numéro de série), inversion de pan/tilt, vitesse des déplacements et des effets (choisir SLOW pour être précis en longue portée), gestion de l’allumage de lampe, extinction et reset depuis la console, réinitialisation des réglages par défaut. Du par cœur pour tous les utilisateurs Martin. Je m’attarde sur quelques fonctions plus spécifiques.

Courbe "Square Law" du dimmer.
La courbe « Square Law » du dimmer assure un réglage fin à bas niveaux.
La courbe en S simule avec succès la gradation d’une lampe halogène.
La courbe en S simule avec succès la gradation d’une lampe halogène.

Les courbes de dimmer sont au nombre de 4. La linéaire permet une variation linéaire proportionnellement aux valeurs DMX pour un résultat trop mécanique. La courbe « loi des carrés » permet un réglage plus fin dans les bas niveaux, la « loi des carrés inverse » plus fin à haut niveau, enfin la courbe en S (VRMS), choix par défaut de la machine, émule au plus près une gradation semblable à l’halogène.

La Viper s’est vue dotée d’un autofocus bienvenu. Si le couplage zoom/netteté était garanti quelle que soit la distance de projection, il n’y aurait sans doute pas de fonction pour la désactiver dans le menu. Mais l’autofocus ne fonctionne que sur une des trois zones suivantes, à paramétrer via la console : de 5 à 10 m, de 10 à 20 m et au delà.

Véritable jalon instauré par Martin, la fameuse roue d’animation subit un changement important, sans doute pour des questions de place. Installée sur la roue de gobos fixes, elle n’est plus qu’une moitié d’elle-même. Pour restreindre (encore plus ?) son utilisation, le paramètre « Gobo 3 FX range » limite le débattement de cette roue mixte aux seuls gobos ou à une partie de l’animation.

La fonction « effect shortcut » permet d’éviter les passages au blanc des gobos et couleurs.

L’écran peut être orienté dans tous les sens, ou être laissé en rotation automatique.
Autre menu, « Information », révèle les durées d’utilisation, nombre de strikes de lampe, version logicielle, vitesse des ventilateurs, températures, identifiant RDM.
Un testeur DMX, «menu DMX Live» est intégré. Outre les valeurs numériques reçues par chaque paramètre, la qualité, taux de rafraichissement et entête (le code qui indique aux automatiques que le signal reçu est bien du DMX 512 de gestion lumière) du signal DMX sont analysés.
Enfin un menu « Test » et « Manual Control » complètent les fonctions utilisateur.

Pour le SAV, d’autres réglages sont disponibles dans le menu « Service ». Les utilisateurs agréés ou maladroits peuvent désactiver, ajuster ou calibrer différents réglages. La mise à jour du software est possible via une clé USB ou une interface Martin et un technicien formé à la procédure.

J’ai l’impression avant même d’allumer cette machine d’être devant un grand cru. Matériaux, finitions, ergonomie, menu, rien n’a été laissé au hasard. Elle possède ses spécificités, héritière de 15 ans de développement danois, qui peuvent agacer certains, mais tout se configure naturellement et rapidement. Sa gueule à elle seule va lui permettre d’envahir les scènes, et hormis son léger surpoids les techniciens en seront ravis.

Je paramètre la Viper en mode étendu, vitesses normales, dimmer en courbe S, autofocus enclenché, limitation de la roue d’animation et des effets désactivée.

Elle est compatible RDM. Ce protocole bidirectionnel permet d’échanger des informations ou des commandes avec une grande partie des projecteurs développés depuis au moins 3 ans, à travers les câbles DMX. Investissez dans un testeur RDM ou une console compatible, et la majorité de ses réglages pourront être effectués assis, au chaud et avec un café par une seule personne. Sinon prévoyez un baudrier confortable.

Chez Martin France rien n’est laissé au hasard. En plus de la mise à disposition de la Viper, Jérôme Garnier m’accompagne pendant tout le démarrage et me fournit même les librairies adaptées à ma console. Je gagne un temps précieux.
J’enclenche l’interrupteur marche-arrêt. Je m’attendais à un démarrage un peu long. 82 secondes, c’est juste raisonnable. Un peu surprenantes sont les vingt premières secondes pendant lesquelles il semble ne rien se passer, le temps de réveiller tous les processeurs sans doute. Je strike la lampe. Bizarrerie que j’impute à mon modèle d’essai, je perd le pan et le tilt pendant la grosse dizaine de secondes que met la lampe à finir de s’allumer.
Enfin à pleine puissance je commence les mesures et…

Tests et mesures de flux

Au moment précis où j’allume le Viper, mes yeux ont rencontré des étoiles : une puissance lumineuse impressionnante à la pureté de glace. Mon œil n’est plus suffisant, aussi je laisse parler les chiffres du luxmètre et les calculs optiques.

Faisceau serré, zoom maxi

Mesures d'éclairement du Mac Viper en faisceau serré
Mesures d’éclairement du Mac Viper en faisceau serré
Mesures de flux du Mac Viper en faisceau serré.
Mesures de flux du Mac Viper en faisceau serré.
Mac Viper, profil du faisceau serré.
Profil du faisceau serré, position zoom maxi.

Faisceau serré, une ouverture de 9,5°, c’est 54500 lux pile au centre, avec un point chaud très discret. Soit (je vous évite les fastidieux calculs) 26 500 lumens de flux.

Faisceau large, zoom mini

Mac Viper, faisceau large, zoom mini.
Mesures d’éclairement du Mac Viper en faisceau large.
Mac Viper, Flux en faisceau large.
Mesures de flux du Mac Viper en faisceau large.
Mac Viper Profil- du faisceau large.
Profil du faisceau large du Mac Viper en position zoom mini

Au zoom mini, je multiplie par 5 l’ouverture du faisceau pour atteindre un raisonnable 44,6°. La source lumineuse se déploie avec une précision exquise, se permettant même le luxe de proposer une régularité de flux lumineux sur toute la courbe de zoom quasi parfaite pour atteindre les 25 200 lumens.

Angle de 20°

Mac Viper, mesures d'éclairement pour un angle de 20°.
Mesures d’éclairement pour un angle de 20°.
Mac Viper, mesures de flux pour un angle de 20°.
Mesures de flux pour un angle de 20°.
Mac Viper, profil du faisceau 20°.
Profil du faisceau pour un angle de 20°.
Bagué de rouge, le lissage furtif.
Bagué de rouge, le lissage furtif.

Pour donner une idée de comparaison, la Viper atteint des niveaux lumineux normalement réservés à la caste des 1500 W. Seul petit bémol à cette avalanche de photons, un léger effet de pompage sur la lampe. Rien de franchement perceptible à l’œil, on serait sans doute passé à côté sans notre luxmètre.

Attention cependant amis pupitreurs, il existe un paramètre supplémentaire de lissage de faisceau, dissimulé du 135 au 139 rue du Contrôle (140 à 144 pour le désactiver), dont l’effet vous privera cependant de 12% de flux.

Déplacements et contraintes thermiques et sonores

La Viper est massive, arc-boutée sur ses bras musclés. Les mouvements en pan et tilt n’en pâtissent pas. Tel un boxeur mi-lourd elle bouge rapidement avec une grande fluidité. En mode normal, un tour sur elle-même lui prendra 2,7 s. Inverser sa tête 1,7 s. En « Fast » elle gagne 0,2 s par round. Son débattement de 540° horizontal, un tour et demi, et de 268° vertical (c’est précis), permettent tous les enchaînements courants. J’appelle encore une fois à la rescousse l’excuse du modèle de démonstration, cette toute première série soumise avec férocité aux tests implacables des futurs utilisateurs, pour signaler un feulement très présent sur l’axe du pan au démarrage et à l’arrêt des mouvements.

Les mouvements du train optique sont eux impressionnants. L’uppercut du zoom s’ouvre en 0,5 sec. La frappe de l’iris claque en moins de 2 dixièmes. Cette combattante sait aussi faire parler la poudre sur tous les appels de gobos ou de couleurs. Férocité oblige, la chaleur émise s’en ressent quelque peu : 40° C de température ambiante, jusqu’à 150° C au point le plus chaud derrière la lampe. La mécanique chante gentiment : plus 7 dB en veille par rapport au niveau de bruit ambiant, elle grogne de plus 18 dB si l’on sollicite tous les moteurs en continu (mesures à 1 m de l’appareil).

En cas de KO, un hard reset la remettra sur le ring en 1 mn et 20 s. Comptez dix secondes de plus pour réamorcer la lampe, elle ne le fera pas automatiquement.

Impression et rendu

Le Dimmer

Mac Viper. Les lames du dimmer.
Mac Viper. Les lames du dimmer. Souriez, c’est pour Halloween.

Le dimmer s’effectue mécaniquement par le rapprochement de deux lames en dents de crocodile, appelé aussi sourire de la citrouille, placées évidemment à l’extrême du plan focale.
On obtient une variation d’éclairement très régulière quelle que soit la courbe de dimmer choisi. Cependant, dans les 3 premiers pourcents du dimmer, un focus un peu excentré fera apparaître un léger tramage semblable à une râpe à fromage.

Le dimmer partageant la même mécanique que le strobe, ce dernier se révèle aussi très précis. Aucune esbroufe sur son paramètre, rien que l’essentiel, un strobe fixe ou aléatoire de 1 à 20 Hz, s’enclenchant comme la foudre.

Pour préserver la lampe et ses composants, la Mac Viper réduit la puissance de lampe de 1000 à 800 W lorsque le shutter se ferme plus de 10s. Dès sa réouverture, la pleine puissance est retrouvée.

Les couleurs

Les couleurs ont toujours été, pour ma part, une des faiblesses de Martin. Un peu criardes ou trop pastel. Mais voilà, un vrai banc optique, une source lumineuse d’exception et une remise en question des bains de couleurs me remettent d’un coup à ma place. Aucune irisation, un étal admirable et des teintes lumineuses ; j’ai l’impression de tenir une palette de peintre.

Mac Viper. Le beau et profond magenta.
Le beau et profond magenta.
Mac Viper. Le Cyan.
Le cyan au clair de lune.
Mac Viper. Le jaune.
Enfin du jaune !

Le magenta s’offre une robe d’un beau lilas foncé, très comédie musicale mais gourmand en luminosité, semblable au Lee Filter 797, le fameux Deep Purple.
Le cyan est d’un bleu azur, légèrement turquoise, à rapprocher du Medium Blue Lee 132.
Le jaune abandonne sa livrée canari et passe au poussin, moins vert, plus ambré, très lumineux aussi, en laissant 80 % du flux lumineux intact. Le L010 Yellow, de Lee Filter, s’en approche assez.

Ses trois couleurs de bases se révèlent en plus fort équilibrées, permettant des mélanges judicieux sans ombrages inopportuns.

Mac Viper. Le rouge, mélange de magenta et jaune.
Le rouge garance.
Mac Viper. Le vert perroquet.
Un vert électrisant.
Mac Viper. Le bleu cobalt du congo.
Le bleu cobalt du congo.

Mac Viper. Demi-rouge appliqué.
Demi-rouge appliqué. Je vous jure, Instagram (l’application photo pour iPhone) n’a pas connu cette photo.

Ainsi le mélange magenta et jaune donne un rouge flamboyant, proche du 029 Lee Filter.
Le vert perroquet est éclatant, copie du Twickenham Green Lee 736.
Enfin le congo est d’un beau bleu sombre, parsemé d’UV, à la manière d’un John Winter Blue 713.

A cela s’ajoute la traditionnelle roue de CTO, réchauffant votre lumière jusqu’au 3200 K des lampes halogènes, que vous utiliserez aussi à bon escient pour ajuster certains ambres et autres pastel. En tout cas je vous le conseille tant l’optique permet toutes sortes de mélanges sans irisations ni aberrations chromatiques.

Les amateurs de saturation, ainsi que les professionnels de l’image, trouveront dans la roue de couleurs fixes un arc-en-ciel de bonheur. Des primaires purs (bleu, vert, rouge), des secondaires éclatants (orange, magenta), un vrai congo et deux correcteurs indispensables : le CTB pour pousser la température de lampe de son 6000 K originel au plus tendance 7200 K, ainsi qu’un demi minus green pour certaines captations vidéo. A trop goûter ces teintes, vous succomberez bientôt aux demi-couleurs, ne serait-ce que pour le plaisir coupable d’admirer le dégradé obtenu.

Gobos et animation

Point le plus délicat, sans doute le plus subjectif, le choix des gobos et effets d’animation. J’assume donc mes goûts en vantant particulièrement les premiers et en regrettant le second. Avec une telle optique, la moindre faute de goût saute à la figure, tout comme les franches réussites.

Les 2 roues de gobos tournants proposent deux catégories de 5 gobos : les abstraits et les volumétriques. Les premiers mixent l’indispensable (nuit étoilée, glace) et l’original (volutes, mur de briques et cicatrices), les seconds prennent une ampleur phénoménale dans la fumée (kaléidoscope, spirale, radar ou encore un autre au doux nom de « Too Many Doctors » assez indescriptible). Ce renouveau de la banque d’images apporte une aisance visuelle incroyable, l’habillage scénique haute couture voisine de déments vortex.

Mac Viper. GoboMac Viper. Gobo.Mac Viper. Gobo.Mac Viper. Gobo.


Mac Viper. Gobo.Mac Viper. Gobo.

Mac Viper. Gobo


Parlons maintenant des choses qui (me) fâchent. La dernière roue combine 4 gobos fixes et un tronçon de la fameuse roue d’animation Martin. Okay, ces quatre gobos permettent des mélanges surprenants et souvent réussis en associations avec les autres roues et le prisme. Je vous laisse d’ailleurs juger mes propres mixtures dans la galerie suivante, cela vaut mieux que d’inutiles descriptions.

Quel dommage d’avoir mutilé ainsi la roue d’animation sans doute par manque d’espace dans un nouveau corps ultra-compact. Ce fameux disque, strié de manière savante, tournait sans fin autour de son axe. Ce balayage perpétuel, assemblé aux autres gobos et affiné par de bons choix de focus, laissait libre cours à notre imagination. Comme des démiurges, nous levions des escadrilles de nuages, enflammant les murs, gonflant la moindre vaguelette en cataclysme marin, bref avec un peu de temps devant nous, nous explorions jusqu’au moindre recoin de cet effet à la Méliès. Hors là, avec ce malheureux tronçon d’effet, c’en est fini de nos visions divines, l’infini mouvement n’est plus. Nous sommes passés des flots rugissants à l’essuie-glace sous la brume, du lance-flamme vengeur au briquet crachotant. Et l’effort de Martin de proposer plusieurs fonctions d’animation préétablis (métronome, interférences, aller-retour, etc) sur le canal – déjà très fourni – de la Roue FX renforce notre déception.

Heureusement il y a le prisme. Un multiplicateur (x4) de faisceau transparent, très équilibré, multipliant par magie le moindre gobo comme les fleurs au printemps. Tout cela avec des vitesses de rotation douces et très précises, c’est sans doute le meilleur prisme rencontré.

Mac Viper effet prisme sur gobo.Mac Viper effet prisme sur gobo.Mac Viper effet prisme sur gobo.Mac Viper effet prisme sur gobo.


L’iris aussi se démarque par sa qualité. Constitué de 16 lames en corolle, il est excessivement rapide. A son minimum, il taille dans le faisceau une arête de moins de 3°. Toujours dans la simplicité, le paramètre de l’iris se consacre exclusivement à son ouverture, sans effet de pulse ou autre.

Focus et zoom

L’optique est la pièce maitresse du Viper. Le zoom X5 passe de 9 à 43° avec une linéarité irréprochable. Le focus, très précis, offre une netteté parfaite, y compris à l’ouverture la plus large. Le champ focal, très vaste, permet de se promener jusqu’aux lames du dimmer, puis de remonter tranquillement au delà de l’iris. Les morphings entre gobos deviennent une simple balade.

Ce coup-ci Martin s’essaie à l’autofocus. Tout d’abord, il vous faudra choisir une plage de distance grâce au paramètre adéquat situé sur le canal de contrôle (de 5 à 10m, de 10 à 20m et de 20m à l’infini) puis effectuer le net. Cela reste confortable (mais un peu long si vous êtes sur le feu avec votre console !) avec les gobos tournants, mais les gobos fixes ou l’iris demanderont quand même des ajustements suivant le zoom choisi. Pas de grande révolution mais un effort dans le bon sens du constructeur danois.

Je finirai avec le Frost. Vraiment progressif, il ne donne pas du tout cette impression de surgir subitement en sortie du faisceau. Si il manque vraiment de diffraction pour transformer votre spot en Wash (pour cela vous achèterez les Viper Wash, ou BeamFX, ou …), il laisse passer beaucoup de flux et vous offre de beaux bords flous. Pas de quoi remplacer une rangée de Fresnel mais cela peut sauver la face.

Sous le capot

La construction reprend les standards de Martin. Les capots de tête s’enlèvent avec 2 vis Torx de 20, les élingues de sécurité tiennent avec des attaches rapides coulissantes, fini les maillons à visser.

L’architecture est finalement très simple avec une boîte à lumière accueillant la fameuse lampe Osram HTI 1000/PS, 6000K, dotée d’un IRC supérieur à 85 et d’une durée de vie optimum de 750 h. Elle s’installe avec le fameux procédé fast-fit, vissage ¼ tour au dos de l’appareil, une fois une simple vis Torx 20 ôtée.

Vue interne du Mac Viper.
Vue interne du Mac Viper.
Les deux gros ventilos et les tuyères de refroidissement de la lampe.
Les deux gros ventilos et les tuyères de refroidissement de la lampe.

Deux superbes grosses tuyères (en jaune vif) assurent un refroidissement direct de la lampe au cœur de sa corolle. Un filtre calorifique protège les éléments internes des calories.

Deux modules se partagent ensuite les principales fonctions. Le premier, extractible en enlevant 3 connecteurs et 2 vis Torx 20, gère d’abord les fonctions de dimmer et de strobe grâce à 2 lames crantées. Il fait ensuite passer le flux lumineux au travers des drapeaux de CTO et de trichromie. Le filtre de lissage.

Le module de projection.
Le module de projection.

Le deuxième module gère les projections. On le démonte de la tête du spot par 2 vis Torx 20, en retirant 2 connecteurs et en faisant coulisser le mécanisme de zoom vers l’avant pour dégager le passage. Le chemin de lumière passe par la roue de couleurs. Les filtres sont simplement clipsés. La roue métallique des gobos fixes et animation vient ensuite, suivie des roues de gobos texturés et volumétriques. Les porte-gobos sont clipsés à leur roue, le gobo en lui-même est maintenu par un ressort (sauf les gobos verre, collés). La roue d’animation peut être changée en la sortant de son moyeu. Le dispositif d’iris complète le deuxième module.

Les fusibles de protection.
Les fusibles de protection.

Tous les connecteurs des modules sont repérés sur la carte électronique et sont regroupés au même endroit, à côté du zoom, vers la lentille de sortie. C’est aussi là que les fusibles de protection se trouvent. Pour faciliter les opérations de SAV, les différentes cartes de commande sont identiques.

Fixés sur la partie mobile du zoom, le prisme (au premier plan) et le Frost.
Fixés sur la partie mobile du zoom, le prisme (au premier plan) et le Frost.

Installé au plus près de la lentille de sortie, le train optique complète le mécanisme. L’équipage mobile zoom/net se décompose entre ses optiques principales, coulissantes, sur lesquelles viennent se fixer le porte-prisme et la plaque circulaire de Frost, et l’optique de sortie fixée directement derrière la lentille du spot. Les chariots des glissières étant déjà lubrifiés par une graisse Téflon longue durée, aucune lubrification supplémentaire n’est requise.

Les opérations de maintenance et de réparation sont encore une fois grandement facilitées par l’accessibilité sans faille de la mécanique, ainsi que par un manuel d’installation extrêmement détaillé et entièrement en français. Ainsi, par exemple, vous serez guidé pas-à-pas pour le remplacement des filtres à air situés de chaque côté de la tête.

Verdict

Une star est née. Avec son look égocentrique, ses caprices et sa folie. La Viper, héritière Martin, a perdu ses gimmicks d’animation, manque de générosité sur l’autofocus, mais cela n’a pas d’importance finalement. Elle hurle sa lumière dans un faisceau éblouissant et bouge comme une damnée. Modèle absolu de pureté, son optique nous permet mille fantasmes de couleurs et d’aspects. Elle rêve de scènes magistrales, de comédies musicales, de concerts de rock, de la moindre place où faufiler son gabarit athlétique avec une seule idée en tête, nous assommer par son talent.

Mac Viper. Caractéristiques générales.Mac Viper. Mesures.

Mac Viper. Affectations DMX.
Mac Viper. Affectations DMX.

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