C’est tout juste récompensée d’une victoire de la musique de la meilleure tournée pour se spectacles au Zénith en 2015 que Héloïse Letissier, petite Christine en costume de lumière, est partie pour un road trip américain qui la conduira sur les plus belles scènes du nouveau monde.

L’occasion pour nous de revenir sur son passage dans la non moins mythique salle de l’Olympia à Paris, sous les lumières de Philippe Mathieu, jeune éclairagiste avec lequel Christine a travaillé en duo, pour imaginer une scénographie visuelle très personnelle et ancrée dans un univers à mi-chemin entre l’art contemporain et le théâtre, à mille lieues de ce qui se fait actuellement. Au diable donc les stroboscopes et autres débauches de projecteurs, au grenier les écrans à leds, et à la cave les centaines d’automatiques tous gobos sortis !
Les choix de Christine : du blanc, des tubes et de la sobriété.
Ici on joue intime, épuré et graphique, la vidéo est une danseuse parmi les autres, le sol s’éclaire en douceur d’un blanc chaud, et des néons définissent l’espace scénique, plus aérien et moins éclairé. Un parti pris de design lumière à contre-courant, d’un éclairagiste qui a tout fait pour satisfaire sa belle Héloïse, dans une communication artistique partagée, les deux compères se rejoignant souvent sur des choix de couleurs (et surtout de blancs ) et de machines (les tubes à leds).

C’est donc avec curiosité que nous avons rencontré Philippe Mathieu, très impliqué dans les intentions artistiques que Christine avait pris soin de lui exposer dans un long mail préliminaire, annonçant déjà la couleur, pure, moderne et (très) loin des shows lumières rock’n’roll.

Et si l’auteure compositrice interprète avait déjà des références bien établies, venant du théâtre pour la plupart, (elle se destinait à être metteur en scène), les partager avec son éclairagiste n’a pas été difficile. Très vite, les deux artistes se sont retrouvés dans des choix originaux et personnels.
SLU : C’est un très beau projet, quelles étaient les demandes de Christine ?
Philippe Mathieu : J’ai compris assez vite qu’elle était très impliquée dans la lumière parce qu’elle a une esthétique propre qu’elle veut défendre, très théâtrale, et loin du «pouet pouet» de variétés. Donc, les mouvements, les strobes ou les multi faisceaux n’étaient pas vraiment bienvenus. On devait privilégier les grands aplats et une lumière de ponctuels qui viennent mettre en évidence des chorégraphies. Personnellement, ça m’a vraiment intéressé car je sortais d’un an et demi de tournée avec Vitalic, qui est plutôt aux antipodes en terme de lumière ! Ce changement était passionnant, avec des parti- pris artistiques inédits.

SLU : En plus d’être impliquée dans la création du design, elle joue beaucoup avec la lumière, les faisceaux sur scène ?
Philippe Mathieu : Oui elle est très attentive à la lumière, que ça soit en amont pour la création ou pour danser avec sur la scène, c’est un show très personnel et nous avons une vraie relation de collaboration.
On a beaucoup répété évidemment, mais son intention est partout dans le visuel, c’est ce qui donne l’impression qu’elle interagit avec les faisceaux et vidéos pendant le spectacle, elle sait ce qu’elle veut !
SLU : Comme des faisceaux blancs, par exemple ?
Philippe Mathieu : Oui, mais ça c’est ma volonté aussi. Je voulais du blanc. Nous nous retrouvons sur de nombreuses propositions, et certaines idées, parfois on ne sait plus qui les a proposées en premier. Comme par exemple le choix des tubes…
SLU : Ils sont arrivés sur le spectacle avec toi ces tubes à leds, c’est ta signature ?