Il y a à peu près deux ans, on s’est pris une claque avec Ivan Herceg à la face de Lilly Wood & the Prick au Zénith de Paris. Quelle mouche nous a piqué d’y retourner ? Nul ne le sait si ce n’est que paf, il a remis ça le bougre.
Exit le d&b de 2014, cette fois c’est Adamson qui s’y colle et rien ne change. On pourrait lui ressortir des colonnes Golden Sound, ça sonnerait encore, d’autant plus qu’SSL s’est joint à la fête. En route au pays des astuces et du joli son. Qui tape.

La première question de ce reportage est en fait un SMS échangé quelques jours avant de se retrouver au Zénith. Au fait, tu auras quoi en diff ? « Je ne sais pas trop, je me renseigne.» La réponse ne se fait pas attendre. « J’aurai celle de Parov Stelar, le DJ qui joue la veille, ce sera de l’Adamson. »
Bonne surprise, c’est un chouette système en E15 et T21 avec quelques S10 pour n’oublier personne, et il y a de quoi faire. La première partie termine sa balance, le moment est parfait pour aller s’isoler en loge, celle des techniciens, cachée dans la ruche derrière la scène du Zénith où l’on retrouve un semblant de calme. On est accompagné par Ivan, Julien Ravary qui mixe les retours et Bruno Azoto, un backliner qui aime beaucoup la technique et réciproquement !

Des hommes, des machines et Bruno Azoto !
Qui dit Lilly Wood dit pas mal de machines qui viennent compléter les parties jouées live et donner au son le côté produit qui caractérise le groupe. Backliner polyvalent, super à l’aise aussi avec ces machines, Bruno nous explique la configuration mise en place pour la tournée et qu’il déploie et choie chaque soir.

Bruno Azoto : Nous travaillons avec Live, qui synchronise tous les pads, les synthés, les échantillonneurs. Les chansons sont complétées, et de ce même Live partent tous les tops de synchro pour les lumières et tous les “Program Change” pour les machines. Tout le show, sauf quelques chansons acoustiques, est synchronisé.
Tout le monde utilise des ears donc il y a des clicks et quelques tonalités pour démarrer certains titres.
Trouver la bonne note quand le titre démarre par la voix ce n’est pas évident. Il n’y a en revanche pas de décomptes. On a un très bon batteur qui mène la danse et tout le monde s’y retrouve.
SLU : Qui dit ordinateur dit sécu. Tu as quoi comme solution, deux ordinateurs ?
Bruno Azoto : Oui, deux ordis qui peuvent basculer grâce à un switch Radial, le SW8. Chacun a sa carte son avec les niveaux calibrés pour qu’il n’y ait pas de surprise en cas de bascule.
Les deux jouent en parallèle, et si quelque chose ne va pas, c’est moi qui bascule. Il y a possibilité de le faire autrement mais comme je suis présent, on a choisi de le faire de cette façon-là d’autant que c’est plus sûr ainsi.

Ivan Herceg : Il n’y a pas non plus de séquences omniprésentes. Le groupe a enregistré des percussions en Afrique, ou de très jolis cœurs que l’on retrouve sur le nouvel album.
Il faut bien s’en servir pour que le concert ressemble à l’original.
SLU : Tu ressors des stems ou des sources individuelles ?
Ivan Herceg : Oh non des prémix. Dans la paire 1 et 2 j’ai tout ce qui est percussif et dans la 3 et 4 tout ce qui est harmonique, des synthés de guitares, des chœurs, d’autres voix…

Bruno Azoto : Il y a aussi des sons spécifiques qui sont déclenchés depuis la scène par un Akai pour avoir un effet de scène et faire en sorte que tout ne semble pas venir de nulle part par exemple durant les intros.
Ivan Herceg : On a transvasé des sons dans l’échantillonneur. Nili la chanteuse a aussi un sampler de voix RC-505 Boss qui est relié au Live d‘Ableton, ce qui fait qu’il est toujours calé.
Si par inadvertance elle se décale légèrement quand elle boucle sa voix, le tout se remet en place au tempo tout de suite.
Ca fait un sacré réseau entre les machines mais ça marche bien.

SLU : Le MIDI quand c’est chargé engendre une certaine latence. Ce n’est pas gênant ?
Bruno Azoto : Non. Je ne suis pas sur des grandes distances et j’ai un routeur MIDI MX-8, un vieil appareil très simple et pratique.
Le patch via des XLR se fait directement avec lui, sans avoir besoin d’employer des ordinateurs et des plugs. Je peux tirer des longueurs allant jusqu’à 20 mètres.
Je ne passe en revanche pas d’une machine à une autre comme cela se faisait avant. Trois machines en Through et tu perds des infos.
SLU : On parlait de latence du MIDI sous certaines conditions. Vous utilisez des HF numériques Beyer. Eux aussi en génèrent un peu. C’est le revers de la médaille de leur super son.
Julien Ravary : Oui dans les 2 millisecondes mais le groupe s’en accommode très bien et n’a pas manifesté de gêne. Il y a des chanteurs très sensibles et d’autres pas.
Quoi qu’il en soit, 2 ms cela reste très peu marqué. Il y a aussi des ingés retours qui dosent des petits retards dans les ears pour offrir aux artistes un son bien spécifique et déconnecté de la boîte crânienne.
Peut-être cela n’est pas un problème dans le fond (sourire).