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Wireless Workbench & Wavetool, les indispensables Shure

Texte et Photos : C.Masson

C’est un fait, le déploiement de liaisons HF pour la captation et les retours artistes est de plus en plus important. Que ce soit sur les spectacles musicaux ou au théâtre, sans oublier les événements sportifs et d’entreprise, la gestion des systèmes sans fil devient de plus en plus complexe et nécessite une attention permanente et indispensable à la bonne réalisation de la prestation technique.

C’est la responsabilité des opérateurs HF et pour les aider dans leur mission, des solutions logicielles ont été développées. Shure en est un des artisans, avec les incontournables Wireless Workbench et Wavetoool. Pour vous les décrire in situ, nous retrouvons Léna Brun dans les coulisses de la comédie musicale Les 10 Commandements à la Seine Musicale. Elle nous explique tout !

SLU : Bonjour Léna, pour commencer, comment devient-on une opératrice HF renommée dans le domaine des comédies musicales ?

Léna Brun : Renommée je n’irai pas jusque-là. Mais c’est comme pour tout je pense. On commence par faire une comédie musicale. Ça se passe bien. On te rappelle pour en faire une deuxième puis on se retrouve à en faire beaucoup. J’ai commencé par une école de son, l’ISB filière Image & Son à l’université de Brest. Les premiers contacts dans le métier qui m’avaient été donnés à l’époque pour les stages étaient dans la comédie musicale. C’était parti.
Ce sont des spectacles dans lesquels il est intéressant de travailler à tout niveau parce que c’est très complet, que ça soit pour la HF mais aussi au mixage. J’ai travaillé sur le Roi Lion au théâtre Mogador pendant plus de 3 ans. J’ai commencé par la mise en place HF pendant la création avant de basculer sur le mixage façade pendant les deux dernières années. Pour un spectacle comme le Roi Lion, on est sur une quarantaine de liaisons et encore plus de micros filaires pour l’orchestre. L’exercice est très plaisant et gratifiant aussi bien en tant qu’opérateur HF qu’en tant que mixeur façade.

Les racks HF pour les 9 chanteurs des 10 Commandements.

SLU : Ici aujourd’hui nous avons beaucoup moins de sources à gérer ?

Léna Brun : Oui, pour Les 10 Commandements, nous avons neuf chanteurs sur scène. Leurs liaisons micro sont assurées en numérique par des Shure Axient Digital, douze canaux en tout dans le rack dont 3 spare. Pour leurs retours intra auriculaires, ce sont des liaisons HF analogiques Wisycom. Nous en avons 14 au total, dont 2 pour la technique et 3 spare.

J’ai aussi fait le choix d’utiliser des systèmes d’antennes Wisycom car elles proposent des fonctionnalités de gestion de bandes de fréquences très pratiques quand on a comme ici des ears et des micros HF à gérer simultanément, permettant l’ajustement de gain et la délimitation précise de leur plage de fréquences en réception.

SLU : Tout ceci complété par un gestionnaire de spectre ?

Léna Brun : Le gestionnaire de spectre Axient AXT600 permet de lancer des scans afin de mettre au point un plan de fréquences. J’aime beaucoup cet appareil qui fonctionne aussi de manière autonome. Il est toujours dans mes configurations. Je peux scanner l’environnement HF à tout moment sans monopoliser une de mes liaisons, ce qui m’évite de couper le son sur un de mes micros. Je peux scanner quand je désire et même pourquoi pas en continu et enregistrer cette timeline, ce qui peut être un outil très puissant en cas de problème pour pouvoir observer ce qu’il s’est passé.

Workbench au travail pour le plan de fréquences.

SLU : Et mis en réseau avec l’ordinateur ?

Léna Brun : Par l’intermédiaire d’un switch, l’ensemble de ces appareils peut être surveillé et piloté depuis les ordinateurs, un pour Workbench et un pour Wavetool dans le cas présent. Ces deux logiciels sont quasi toujours intégrés dans mes setups HF de comédie musicale. Bien qu’il existe d’autres softs pour le calcul des plans de fréquence, j’avoue que Workbench a l’avantage d’être gratuit, d’être utilisable avec d’autres marques et de fonctionner très bien. Et bien sûr, il communique directement avec les appareils Shure pour le déploiement de fréquences et le monitoring.

SLU : Un système HF composé de plusieurs marques peut être exploité avec Workbench ?

Léna Brun : Workbench est un des rares logiciels constructeur à permettre la gestion d’appareils d’autres marques, pour la partie offline. De nombreux profils sont disponibles incluant leurs données techniques. Il est même possible de créer des profils pour des machines non répertoriées en renseignant leurs valeurs propres.
Ainsi, le logiciel comprend quelles sont les bandes de fréquences dans lesquelles ces équipements fonctionnent et le spacing d’intermodulation à utiliser pour le calcul du plan de fréquences. Ensuite, si des équipements ne peuvent être directement contrôlés par le logiciel de Shure, il suffit de rentrer manuellement dans ces machines les valeurs proposées par le plan de fréquence calculé via Workbench.

Workbench à gauche et Wavetool à droite, toute la HF est sous contrôle.

SLU : Comment prépares-tu le setup avant le show ?

Léna Brun : En réalité, on peut faire beaucoup de choses en amont du jour J avec ces outils. Comme ici nous avons des machines Shure, c’est très simple. Une fois le réseau de contrôle des machines configuré, elles apparaissent d’elles-mêmes dans le logiciel.

Toutes les machines apparaissent dans l’Inventory de Workbench.

SLU : Tout ceci en mode automatique ?

Léna Brun : De manière générale je n’aime pas trop travailler en mode automatique que ce soit en réseau ou en HF. Même si la plupart du temps on peut avoir confiance dans les machines, il peut arriver qu’il y ait des bugs. Et surtout, bien que la machine soit plus rapide que moi en cas de problème, j’ai une vision plus globale du contexte. Je suis donc plus à même qu’elle de prendre la meilleure décision sur comment réagir face à ce problème.

Pour revenir au réseau j’utilise toujours des plans d’IP fixes. Ainsi les machines apparaissent plus rapidement sur le réseau et ça évite aussi certaines prises de tête dues aux ordres d’allumage des appareils etc… Je retrouve donc toutes ces machines dans l’inventaire de Workbench. Pour les machines d’autres marques, comme ici les Wisycom, je les rajoute manuellement en mode offline. Bien sûr, Workbench ne communique pas avec, mais tient compte de leurs données constructeurs. Ainsi je vais pouvoir calculer un plan de fréquence, paramétrer mes liaisons Shure, les organiser visuellement via des ordres et des couleurs pour m’y retrouver plus facilement.

SLU : Il est même possible de préparer son setup en avance ?

Léna Brun : Oui, la mode offline permet de préparer tout son setup avant même d’avoir les machines. Le gros avantage de Workbench est de pouvoir enregistrer des presets de coordination de fréquences. En tournée, je prépare donc ma session avec toutes mes machines puis toutes les coordinations pour chacune des villes où nous allons passer. A chaque date je rappelle la coordination de la ville dans laquelle nous jouons et je peux l’envoyer directement dans mes machines.
Pour les produits Wisycom, comme pour ceux d’autres marques, je crée des “custom groups” qui mémorisent les fréquences que j’ai organisées par ville. Quand j’arrive sur place, je fais un petit scan avec l’AXT600 pour valider ou adapter ma prédiction offline. Une fois que ma coordination est validée avec l’environnement HF, je déploie toutes les fréquences vers les liaisons Shure. Pour les Wisycom je rappelle le groupe de fréquences que j’avais préparé. En moins de dix minutes mon plan de fréquences est déployé et prêt à jouer. Ici le setup est réduit, c’est donc relativement rapide à paramétrer et à mettre en œuvre, mais sur des configurations plus conséquentes le travail en amont est primordial.

Workbench connaît déjà les canaux TV et DAB pour les villes les plus importantes.

SLU : Comment faire une prédiction sans aller dans une ville ?

Léna Brun : Workbench mémorise dans une base de données mise à jour régulièrement les informations de canaux TV et de radio DAB pour chaque ville. Il existe aussi des sites web sur lesquels on peut trouver ces informations. Il est parfois bon de recouper les deux pour avoir une vue exacte de la situation.
Honnêtement, pour moi qui me déplace beaucoup avec les tournées, la prédiction est bonne dans la plupart des cas. Il existe toutefois quelques endroits plus compliqués, notamment en zones frontalières, dans les montagnes et en proximité de ports, par exemple à Nice, où l’environnement fréquentiel est beaucoup moins prévisible. Dans ce cas, je réadapte ma coordination très rapidement sur site.

SLU : Et tu recharges simplement la programmation une fois sur site ?

Léna Brun : Oui je recharge la coordination qui a été enregistrée. Workbench contient trois types de fichiers. Un fichier session qui comprend notre inventaire et tous les réglages de nos machines, un fichier de scan qui peut être enregistré et réimporté dans la session si je retourne dans une ville où je suis déjà passée et un troisième fichier qui enregistre toute la partie coordination de fréquences et qui contient tous les calculs.
Donc quand on prépare un setup, on choisit sa ville en utilisant un scan issu d’un précédent passage dans l’agglomération ou pas, et le logiciel est capable de calculer toutes les fréquences de nos liaisons. C’est relativement simple. Je vais aussi calculer en avance des fréquences de backup qui pourront être utilisées si la principale s’avérerait perturbée.

SLU : Maintenant que tout est connecté nous pouvons voir ce qui se passe ?

Léna Brun : Dès que nous chargeons les infos de la ville nous pouvons voir les canaux TV en rouge avec leur numéro en dessous. Comme j’utilise la plupart du temps des machines capables de fonctionner dans une large plage de fréquences, j’affiche la totalité de la bande utilisable en France. Les bandes bleues correspondent aux bandes de fréquences que nos machines sont capables d’utiliser. On voit la bande des Wisycom (470-800), G56 pour mes liaisons Shure Axient Digital et R4 pour mes micros d’ordres Sennheiser. Le scan de fréquences de l’AXT600 s’affiche sous la forme d’une courbe bleu foncé, ceci nous permet de discerner clairement notre bruit de fond HF.
Sur cet exemple, on remarque des pics de fréquences. Comme nous sommes proches de la Seine, cela peut être des fréquences en provenance de bateaux, ou de la gendarmerie ou même d’émissions de talkies. Ceux-ci ne peuvent être anticipés. En tout cas, cela permet de voir les fréquences gênantes et de comprendre ce qui se passe en cas de perturbation. Pour terminer, les traits verticaux verts et rouges représentent les fréquences des liaisons de notre inventaire selon leur compatibilité ou incompatibilité avec l’environnement HF présent. Il suffit de cliquer dessus pour voir les informations de l’appareil concerné.

Le plan de coordination de fréquences calculé par Workbench.

SLU : Il y a beaucoup plus de marqueurs verts que de liaisons ?

Léna Brun : Sur cet exemple, je ne me suis pas restreinte en termes de fréquences calculées. Ces marqueurs comprennent également des fréquences de spare. C’est très utile pour changer une fréquence en cas de problème ou lors d’un Media Day qui est la journée où la production fait venir la presse. Souvent, les équipes techniques admises utilisent des liaisons HF. Je peux alors taper dans mes backups pour leur en donner en toute sécurité, tout en sachant qu’elles ne gêneront pas puisque coordonnées et compatibles avec le reste de mes fréquences en jeu.

SLU : Ces fréquences de backup peuvent aussi être utilisées en cas de problème sur une ou plusieurs liaisons ?

Léna Brun : Sur un setup comme celui-ci, il est très facile de recalculer une fréquence liaison en cas de problème, parce que nous avons de la disponibilité spectrale et peu de machines. Dans le cas d’une configuration plus importante où la place manque et où toutes les liaisons rentrent un peu au chausse pied dans le plan de fréquences, il vaut mieux prévoir en avance des fréquences de remplacement. Un recalcul peut impliquer de devoir modifier plusieurs fréquences, les répartissant autrement dans le spectre, afin de trouver un résultat compatible.

L’analyse spectrale avec ses recommandations d’évitement

Si le show a déjà commencé, ça peut être très problématique ! Plus le nombre de liaisons augmente, plus le temps de calcul du plan de fréquence est long. Ici avec ces quelques liaisons, c’est pratiquement instantané, mais sur un setup de plus de 60 fréquences, cela peut prendre quelques secondes voire quelques minutes, et cela dépend bien évidemment de la puissance de l’ordinateur.

Workbench offre aussi la possibilité de gérer des setups adressant plusieurs espaces, comme plusieurs salles dans un bâtiment ou plusieurs scènes sur un festival. Ceci permet de construire un plan de fréquence global pour des évènements et ainsi éviter les interférences que la proximité des espaces pourrait générer.

Le paramétrage des fonctionnalités radio d’une liaison, avec le choix du mode de détection d’interférences.

SLU : Workbench peut commuter automatiquement une liaison vers une de ces fréquences de backup ?

Léna Brun : Si une interférence importante apparaît sur une transmission, Workbench va la détecter et nous avertir. Chaque machine peut être paramétrée dans le logiciel pour basculer automatiquement vers une nouvelle fréquence (pour les configurations possédant un Showlink).
Personnellement, je ne souhaite pas que le logiciel agisse par lui-même. C’est pourquoi, si l’alerte se présente, je ne changerais manuellement de fréquence que si j’appréhende ou entend un impact dans l’audio. Il me proposera alors de choisir une nouvelle disponible dans le plan de fréquences.

L’émetteur et le récepteur Shure distant seront automatiquement mis à jour grâce à la technologie Showlink, qui permet une communication en temps réel entre le Tx, le Rx et l’AXT600 sur un certain nombre de paramètres. Cela fonctionne grâce à une liaison sans fil indépendante sur la bande des 2.4 GHz. Sans ça, on prend un des boîtiers de spare qui est à la régie, on le synchronise rapidement via IR au Rx par exemple et on le fait parvenir à l’artiste une fois reconfiguré pour gagner du temps en cas de problème.

Une fenêtre pour monitorer l’ensemble des liaisons…

SLU : Tout ceci est contrôlable sur l’ensemble des machines ?

Léna Brun : Oui et Workbench nous permet de surveiller en permanence toutes nos liaisons pendant le show grâce à l’onglet Monitor. Pour chacune, il est possible de changer comme nous l’avons vu la fréquence, mais par exemple aussi de modifier le gain ou muter l’audio. Tous les paramètres des machines Shure présentes dans l’inventaire sont contrôlables, même la puissance d’émission. Grâce au Showlink, nous pouvons même changer un certain nombre de paramètres à distance via les onglets Radio et Audio.

Tout savoir sur un pack émetteur distant. Moïse n’a qu’à bien se tenir.

SLU : Et nous pouvons surveiller chaque pack distant ?

Léna Brun : l’onglet Active TX nous donne un certain nombre d’informations qui remontent du pack HF. Ce n’est pas quelque chose qu’on peut modifier. Ceci nous permet de connaître son état. Nous avons son niveau audio, son niveau de batterie ainsi que le niveau de qualité de la transmission. Il est aussi possible de le muter.

C’est très important. Cela permet de gérer par exemple un comédien qui aurait un problème de costume et qui ne peut pas rentrer à temps sur scène. Plutôt que le micro s’ouvre en salle alors que le comédien est encore backstage, nous pouvons directement muter la liaison puis prévenir le mixeur façade des évènements. C’est un bouton rapide et une très bonne sécurité.

Une liaison, plusieurs transmetteurs… parfait pour gérer une large programmation d’intervenants.

SLU : Il est aussi possible de gérer plusieurs packs pour une même liaison ?

Léna Brun : Les systèmes Axient Digital de Shure savent gérer plusieurs packs sur une même fréquence. Bien entendu, un seul d’entre eux peut être actif à la fois. Workbench me permet de les programmer dans l’onglet Transmitter et de les activer à distance sans gêner l’artiste ou le comédien.
C’est très pratique sur les plateaux TV où on a beaucoup d’artistes et pas assez de récepteurs, ou plus assez d’entrées disponibles sur les consoles. La liaison, par exemple chanteur, est prête et il suffit de switcher le bon transmetteur au fur et à mesure que les artistes se produisent.

La liste d’exclusion indique les fréquences rejetées dans le calcul du plan de fréquences.

SLU : Nous avons vu ici l’utilisation basique, mais Workbench permet de gérer des configurations encore plus complexes ?

Léna Brun : Si Workbench est un outil simple et rapide pour gérer des configurations basiques, il est aussi capable de gérer des configurations HF plus complexes grâce à ses fonctions de groupes d’inclusion et de zones. Sur les 10 Commandements, j’utilise à la fois des micros et des ears de plusieurs marques différentes. Une telle configuration va impliquer plus de précautions de calcul pour limiter les risques d’interférences.
Workbench va me permettre d’utiliser des groupes d’inclusion qui restreignent les bandes des machines qui y sont affectées. Dans un environnement spectral complexe et avec un grand nombre de liaisons à loger, cela permet d’optimiser et de faciliter le calcul du plan de fréquence.

La liste d’inclusion donne priorité aux users groups pour les 10 Commandements.

Et avec les systèmes actuels qui travaillent en large bande (WMAS) et peuvent donc s’attribuer des fréquences un peu partout sur le spectre, faire un peu d’ordre en concentrant les mêmes types de transmission dans des zones déterminées ne fait pas de mal.
Donc ici, j’ai créé une liste d’inclusions que j’ai appelé 10COM dans laquelle j’ai réparti des bandes de fréquence pour mes machines, en concentrant les ears d’un côté et les micros de l’autre. En tournée où je ne sais pas forcément quel environnement radio je vais rencontrer, sans compter les endroits comme en Belgique où les bandes de fréquence utilisables sont très restreintes, cette organisation est absolument nécessaire.

SLU : Une nouvelle version 7 de Workbench est disponible depuis peu

Léna Brun : Je n’ai pas vraiment eu l’occasion de tester les nouvelles fonctionnalités présentes dans cette version. Mais ne serait-ce que pour l’affichage sombre je dirais que ça vaut le coup. Pour nous qui travaillons dans des endroits peu éclairés, la luminosité de nos régies est un vrai problème surtout dans le cas où elles se situent bord scène ou proche public. Encore plus si les racks sont déportés et que l’utilisation de Workbench est indispensable pour le monitoring des machines.

SLU : Maintenant passons au deuxième logiciel Wavetool, si tu le veux bien…

Léna Brun : J’utilise souvent les deux lWavetool est parfaitement complémentaire et adapté à la gestion des systèmes sans fil pour la comédie musicale. Pour bien les différencier, rappelons que Workbench sert à établir le plan de fréquences, puis paramétrer et monitorer les machines Shure, mais ne permet pas d’écouter l’audio. Wavetool, lui, permet d’en écouter l’audio. Il permet également de monitorer les paramètres de réception et le facteur de qualité de la liaison audio, le niveau de batterie, si l’audio est muté au récepteur ou non, etc… et ce pour plusieurs marques de constructeur HF. Le but de ce logiciel, conçu essentiellement pour gérer des configurations de grande taille, est de pouvoir surveiller en temps réel les liaisons et de les écouter.

Wavetool, à chaque liaison son profil, un œil et une oreille sur tout en permanence. (Les photos des artistes ont été retirées par confidentialité, celles des Muppets sont pour le spare).

Avant d’être racheté par Shure, ce logiciel indépendant n’était pas lié à une marque et était capable de gérer des machines ‘autres fabricants. Shure a maintenu cette pluralité. Pour chaque channel, on attribue une entrée audio, une entrée de paramètres de contrôle de la liaison HF et un player de profil d’équipement.
Grâce à ces players sur chaque channel d’écoute, j’ai la photo de l’artiste correspondant avec la position de son micro. Ainsi si l’artiste tombe malade et est remplacé, je peux enregistrer plusieurs players et les charger sur le bon channel le moment venu. Je peux y attacher des notes qui me rappellent tout un tas d’informations utiles qui correspondent au comédien sélectionné.

SLU : Comment fait-on pour écouter la liaison ?

Léna Brun : Quand on clique sur le channel, on peut écouter la liaison. On peut l’enregistrer et la rejouer jusqu’à 5 minutes en arrière. C’est un outil très pratique. Imaginons que je sois en train de faire un changement rapide avec un artiste, mais que pendant ce temps, sur scène un problème survient sur un autre artiste. Ça me laisse 5 minutes pour regagner mon ordinateur et réécouter ce qu’il s’est passé. Et si je ne suis pas sûre d’avoir identifié le problème je peux faire un export de l’audio et de l’image des courbes de réception HF sur ces 5 dernières minutes pour essayer de comprendre à postériori ce qu’il s’est passé. C’est comme la boîte noire d’un avion.

Instant Replay pour comprendre à posteriori l’origine d’une perturbation.

SLU : Wavetool est donc un outil très puissant pour détecter et corriger les causes de perturbation ?

Léna Brun : Oui, c’est un outil hyper puissant. En comédie musicale, nous pouvons avoir une configuration qui fonctionne parfaitement au moment des tests HF mais qui pendant le show va rencontrer des problèmes, récurrents ou non. Je vais ainsi pouvoir analyser les enregistrements pour découvrir l’origine du problème.
Par exemple, une casse de micro due à un costume ou un endroit sur le plateau où le décor me fait perdre la réception. Wavetool est donc d’une aide considérable pour la gestion des pannes HF, avec la timeline audio pour détecter un problème sans même être à l’écoute ou avec l’Instant Replay pour traquer des pannes plus complexes à résoudre.

Tout est bien rangé, n’est-ce pas ?

SLU : Il faut donc insérer le logiciel Wavetool dans le setup audio ?

Léna Brun : Wavetool est capable de gérer 64 canaux audio. Sur les 10 Commandements, il est installé sur un Mac mini que j’ai relié à un réseau Dante pour la partie entrée audio et à une carte son basique avec un potard de volume pour la partie sortie audio. On pourrait très bien imaginer récupérer l’écoute du Wavetool directement dans un mix de ear.

Pour ma part j’aime avoir un set le plus basique et autonome possible pour la partie écoute de mes liaisons. Dans un autre temps, il faut récupérer les informations de contrôle via le réseau des récepteurs HF. Une fenêtre permet de visualiser la liste des machines montées en réseau avec leurs adresses IP. Bien entendu ceci fonctionne pour toutes les marques.

SLU : Et affecter les entrées audio et les machines HF aux différents canaux ?

Léna Brun : Pour chaque channel, on choisit l’entrée audio et la machine HF correspondante. On nomme le profil et on dispose de plusieurs paramètres pour faire un trim, régler le pan ou activer l’option Instant Replay. On a aussi la possibilité de créer deux zones (Panel). Par exemple, à Mogador où le setup est beaucoup plus important, nous avons tous nos micros HF d’un côté et tout l’orchestre d’un autre. Comme ce dernier est entièrement en filaire, on exploite Wavetool d’une autre façon, sans remontée d’information HF sur le channel. Uniquement une timeline audio. Wavetool est une solution qui peut être envisagée pour résoudre des problématiques de monitoring en dehors de toute HF.

L’affectation des canaux dans Wavetool.

SLU : Avec 64 canaux de monitoring, Wavetool est une solution très puissante ?

Léna Brun : C’est la solution idéale pour les comédies musicales et les événements grand format. En concert avec juste quelques artistes, il est moins utile. Avec un écran assez grand, on a sous les yeux tout notre setup HF, du niveau de réception à la forme d’onde audio en passant par les données batterie. Il est très rapide de visualiser un problème avant même de l’entendre.

La gestion des groupes et des snapshots.

SLU : Ce que je vois à droite de la fenêtre, ce sont des snapshots ?

Léna Brun : Comme sur une console, on peut faire des snapshots et des groupes d’écoute. Ceci me permet au fur et à mesure du spectacle de faire des groupes d’écoute pour chaque titre, scène ou acte. J’aime bien avoir des groupes pour les artistes qui chantent et ceux qui sont aussi sur scène mais ne chantent pas. Je fais aussi un groupe que j’appelle next qui contient les artistes qui vont chanter et/ou entrer sur scène dans le tableau suivant. Ainsi je peux immédiatement les rappeler et les écouter pour vérifier que tout va bien avant leur entrée en scène.

Quand j’ai beaucoup de comédiens et de tableaux, je fais encore plus de groupes comme les ensembles hommes, les ensembles femmes et les leads. En cas de problème, je localise ainsi plus rapidement le groupe et le comédien en cause. Wavetool m’aide aussi en proposant différents types de solo. L’ensemble des snapshots me donne une conduite facile à suivre et qui est directement dans mon logiciel d’écoute. Il est possible de lier ces snapshots à ceux du mixage de façade pour les faire défiler automatiquement mais je préfère être autonome et passer mes mémoires quand j’en ai l’utilité. Ainsi en cas de problème, mon écoute n’est pas interrompue même si la conduite continue de se dérouler à la face.

Le chat très pratique de Wavetool, avec des messages préformatés.

SLU : Wavetool met à disposition une solution de messagerie instantanée. Quand t’en sers-tu ?

Léna Brun : Il faut d’abord déployer un deuxième ordinateur pour créer cette messagerie instantanée. C’est très pratique pour chatter avec l’ingé à la face. Sur cet écran, nous pouvons nous envoyer des messages préformatés, du genre : micro bouché, check position du micro ou autre. Même si nous avons un circuit d’ordre, c’est parfois compliqué de se parler quand la console est au milieu du public. Cette messagerie permet une communication rapide et efficace sans perturbation sonore pour le mixeur façade.

Mesdames et messieurs les artistes, la ponctualité est sous contrôle ??

SLU : Wavetool permet aussi de mieux s’organiser?

Léna Brun : Oui notamment avec la fonction Mic Check Mode. Cela permet de valider les positions de micros avant le lancement du show. Ainsi, pour un spectacle où il y a plusieurs opérateurs HF, on garder la trace de ce qui a déjà été fait par l’un ou l’autre. Cela sert aussi au mixeur façade s’il a un serveur Wavetool.
Il peut alors savoir où en est l’avancée de la préparation des artistes sans déranger l’opérateur HF. On peut aussi mémoriser les validations avec les heures de passage, pour chaque acte en cas de problème de retard récurrent. Ainsi l’artiste pourra être sensibilisé aux impératifs de la technique.

SLU : Ces logiciels peuvent-ils être utilisés sur des tablettes pour plus de mobilité ?

Léna Brun : Oui bien sûr. Déjà ils ne prennent que très peu de place dans la régie, un écran, un ordi et une carte son. Pour une consultation à n’importe quel endroit de la salle ou de la scène, Wavetool peut être utilisé sur tablette en mode streaming. Mais il faudra toujours un ordinateur qui opère tel un serveur pour le faire fonctionner. Une app ShurePlus Channels permet aussi un monitoring des liaisons HF sur tablette et smartphone.

SLU : L’échange avec le fabricant reste un paramètre important ?

Léna Brun : Cela me paraît très important de pouvoir échanger avec les fabricants. Avec Shure, nous avons une très bonne communication et de nombreuses discussions sur l’exploitation de leurs systèmes HF. A Mogador, nous étions parmi les premiers en France à exploiter une configuration complète en Axient Digital avec les ADX1m. Au lancement du Roi Lion, nous avons eu des petits soucis d’instabilité avec le Workbench, notamment de rafraîchissement d’affichage dans le logiciel.
L’équipe Shure s’est montrée très réactive, à l’écoute, et le problème a été résolu très rapidement avec une mise à jour beta test spéciale pour Mogador, avant d’être diffusée au grand public. Ce sont souvent des détails qui nous permettent d’utiliser pleinement ces logiciels en live, l’écoute et la réactivité du fabricant est plus qu’importante pour nous.

Avec Workbench et Wavetool, Shure propose aux opérateurs HF un duo d’outils extrêmement utiles et performant pour améliorer le confort d’exploitation de leur système et leur niveau de sécurité. Merci à Léna Brun de nous avoir expliqué leurs rouages et montrer comment ils peuvent contribuer à la réussite de spectacles ou d’événements intégrant un grand nombre de liaisons sans fil.
Avec l’arrivée des nouveaux systèmes WMAS large bande et un paysage HF de plus en plus complexe, il ne fait aucun doute que ces deux logiciels continueront à être très utilisés et appréciés.

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