Calvi on the Rocks, le chaud été de Fa Musique

Le chantier vu depuis la citadelle qui surplombe le site

Posée sur la côte d’une île qui est définitivement belle, la scène de la Citadelle de Calvi on the Rocks a cette année encore fait résonner la garrigue et 2500 festivaliers durant 6 jours. Les équipes de FA Musique ont accueilli d’innombrables DJ electro et hip-hop plus Booba en bouquet final, faisant briller les nuits de Calvi autant que la mer le jour.

La vue imprenable sur l‘Ile de beauté depuis le plateau. Travailler c’est trop dur…

Appelée Le théâtre de verdure et située sur un grand parking au pied de la citadelle et au bord de l’eau, la scène est ceinturée par des bars et autres zones de détente comme un vrai club à ciel ouvert, mais offre une installation sonore en d&b que peu de clubs hexagonaux pourraient s’offrir, bref, succès et affluence garanties.

Céline Ruiz et Clément Géry

L’équipe de charme et de choc dépêchée sur place par FA comprend Céline Ruiz au patch et aux HF, Clément Géry à l’accueil retours et Julien Pagnier à l’accueil façade.
Pourquoi de choc ? On va poser la question à Julien, mais tout d’abord…

SLU : depuis quand FA fait de la musique à Calvi ?

Julien Pagnier : C’est la 16è édition de ce festival et la seconde pour FA Musique. On a récupéré ce dossier l’année passée grâce à une société lyonnaise qui s’appelle 7è Sens et qui s’occupe de la régie technique de ce festival. Une seconde société qui s’occupe de la programmation, Uzik, est elle-même de la partie.

SLU : Comment se passe une soirée type ?

Julien Pagnier : On accueille deux groupes et ensuite on bascule on en mode électro « boîte » avec des DJ connus jusqu’à 5h du matin.

Julien Pagnier. Les lunettes noires, ce n’est pas que du chiqué…

SLU : Et vous gérez cette scène 6 jours de suite à trois.

Julien Pagnier : Oui absolument, c’est assez éprouvant mais le cadre est magnifique et tout se passe bien.

SLU : Tu assures l’accueil mais pas que…

Julien Pagnier : J’ai en charge cette opération pour le compte de FA dont je suis un salarié depuis 8 ans.
J’ai donc dimensionné le système en fonction des fiches techniques des artistes et du cahier des charges du festival lui-même. Et chaque soir je tiens la console face en fonction des besoins et quoi qu’il en soit durant les sets des DJ.
Nous disposons pour face et retours de deux CL5 Yamaha avec un réseau entre face et retours en redondance basé sur 4 RIO 32 et quatre routeurs Cisco.


Show devant et un peu d’air sur les côtés, en tout cas à 63 Hz, fréquence de cette simulation.

SLU : Le site paraît bien pensé.

Julien Pagnier : Très bien pensé. 30 mètres de large par 70 mètres de long avec des deux côtés des zones VIP, des bars et une partie centrale pour assister aux shows ou pour danser.
La scène fait 20 mètres d’ouverture et l’exploitation des subs en SubArray, projette le grave loin devant de façon très homogène. Je travaille le 50 Hz qui peut être un peu désagréable avec des EQ dynamiques.

SLU : ET pour les têtes ?

Julien Pagnier : Je tire à 70 mètres max et je fais en sorte que le rendu ne soit jamais agressif. Il faut que les festivaliers puissent se parler tout en ayant envie de danser. Je me sers des filtres dynamiques de la CL5 et j’en chaîne plusieurs pour pouvoir travailler divers points en même temps.

SLU : Parle nous un peu du système dans son ensemble.

Julien Pagnier : Il est volontairement confortable et en mesure de garder beaucoup de headroom quel que soit l’artiste sur scène. J’ai donc choisi d’accrocher du J même si cela ne simplifie pas le montage/démontage. Un camion ne peut pas accéder directement, il faut transvaser dans un petit porteur. Je remercie l’aide locale.

Un gros jouet allemand à ne pas mettre entre toutes les mains mais à la fois capable de donner beaucoup de plaisir aux artistes comme au public. Remarquez les 5 x 2 JSub encadrés par 2 x 2 JInfra. Potentiellement 128,7 dB SPL, heureusement moins en de bonnes mains.

L’avantage du J ce sont ses 12’’ qui génèrent un vrai grave indispensable pour bien restituer le bas médium de l’électro, d’autant que j’ai par côté 8 J8 et 2 J12. Le relai est pris par 10 JSub et 4 JInfra. Cela me donne un solide bas que je complète à raison de 100-102 dBA maximum en Leq 10 minutes.

SLU : Et en C ?

Julien Pagnier : Un peu plus, forcément, mais à peine (sourires).

On entrevoit la citadelle derrière les J et les infill en V10P, les retours DJ avec des B6 d’avance sans oublier Céline et Clément en plein brain storming. Toujours mieux qu’il vienne des cerveaux et pas du ciel le storm.

On a quelqu’un de la profession qui nous a entendus depuis l’autre côté de la baie durant ses vacances et nous a passé un coup de fil pour se renseigner (rires) Les méfaits de l’eau dans la transmission du son !

SLU : Tu étais en Array Processing ?

Julien Pagnier : Non, il aurait fallu encore plus d’amplis et ça ne se justifiait pas. J’ai travaillé la compensation aigue par deux boîtes et ai réussi à obtenir une très belle uniformité.
Tous les groupes et les DJ qui sont passés ont été ravis par la dynamique et le headroom.
Surdimensionner ne signifie pas faire trop de son, mais en faire du meilleur. Il a suffi de taper sur l’épaule de certains qui se sont un peu laissé aller et tout est rentré dans l’ordre.

La CL5 Yamaha de face. Pas facile de travailler avec une vue pareille et l’eau à 30 mètres…

SLU : Vous êtes arrivés avec une semi ?

Julien Pagnier : Deux ! Une pour le son et une pour la lumière et la distribution électrique. Comme on est sur un parking, il faut aller chercher l’énergie assez loin, mais il y a ce qu’il faut. Au bout d’un long câble. (rires)

SLU : Il te faut combien pour le son ?

Julien Pagnier : 63A, 32 par côté. J’ai quand même 14 D80 pour la face plus les retours.

SLU : Tu es alimenté par les DJ en analogique ?

Julien Pagnier : Non, uniquement en numérique. Depuis l’année dernière on récupère le flux AES des consoles ce qui me donne le niveau maxi sans avoir l’écrêtage bien craquant des DJM Pioneer quand elles sont poussées dans le rouge écarlate, et la sortie monitor est routée vers la console retours.

Le fameux retour DJ désormais standard et habituellement composé d’un ou deux subs et de trois têtes. La version d&b appelée « Honey » se compose de 2 subs B6 et de 3 Y12 par côté, le tout bien entendu réglé et réglé pour la proximité, un choix matériel et un calage plus que réussi puisque Nina Kraviz en 2017 l’a qualifié de « Honey for my ears ».

SLU : Quelqu’un reste pour maitriser le niveau des retours des DJ ?

Julien Pagnier : En quelque sorte oui, et il est aussi fréquent que des guests montent sur scène, il faut donc pouvoir les accueillir et les équiper.

SLU : Arrive 5h du mat. Comment faites-vous pour le matériel. Vous bâchez ?

Julien Pagnier : On réunit tout sous des tentes et on bâche. A Calvi, on souffre surtout du soleil plus que de la pluie. L’avantage est qu’on arrête à l’aube où la rosée se dépose, mais les machines sont chaudes, c’est un premier avantage, et après avec le soleil et la chaleur, ce qui reste d’humidité, sèche. Il est très utile pour ça le soleil corse (rires)

SLU : Vos horaires de travail sont fatalement un peu décalés…

Julien Pagnier : Un peu oui (rires) On dort le matin et on réattaque le boulot sur le coup des 18h. Au bout de 6 jours on est un peu ailleurs. Mais on adore, le cadre comme l’ambiance et on a hâte d’y être à nouveau l’été prochain !

Remerciements :

  • Navid et Julie et toute l’équipe de Uzik production
  • Antoine, Jean-Phi et Bernard pour la régie générale de 7eme Sens
  • Clément et Céline pour leur super travail en amont et durant le festival
  • La société Mash pour la scène et structure
  • Un grand merci aux équipes corses qui nous ont aidé durant le festival.

Et d’autres informations sur :

Crédits - Texte : Ludovic Monchat - Photos FA Musique

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