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Hommage à « Paky »

Texte : Jean-Pierre Landragin et Monique Cussigh, Photos : Clay Paky

Pasquale Quadry PakyPascale Quadri nous a quittés en septembre dernier des suites d’une grave maladie, provoquant le désarroi de ses proches et des acteurs de l’industrie de la lumière dans le monde entier comme en témoignent les nombreux messages publiés sur le blog : http://www.ciaopaky.org

Pour lui rendre hommage, nous publions dans cet article, un historique de sa carrière, intimement liée à la vie de l’entreprise qu’il a fondée en 1976.

Et nous faisons le relai de témoignages de quelques personnages de la lumière en France dont la carrière a été marquée par Clay Paky.
Quand un homme de cette envergure disparait, la mémoire remonte des anecdotes.

Histoire de Paky
Pasquale Quadri est né à Seriate (Bergame) en 1947. Marié, père de deux filles et grand-père de deux petites-filles, il était Président-Directeur Général de Clay Paky SpA, la société qu’il a fondée et à laquelle il a consacré toute sa vie professionnelle. 

Il fut l’un des tout premiers entrepreneurs à comprendre le retentissement que l’évolution des technologies de l’éclairage allait avoir sur tout le domaine du spectacle. C’est un monde qu’il connaissait déjà bien dès sa jeunesse, lorsque son penchant marqué pour la musique l’avait amené à diriger plusieurs groupes, jouant de l’orgue, de la basse et de la batterie.

Pasquale Quadri (à gauche) est avant tout musicien.
Pasquale Quadri (à gauche) est avant tout musicien.

Tirant le meilleur parti de son goût pour la conception dans le domaine de l’optique et sa passion pour la mécanique de précision, nourri par l’étude et l’expérimentation dans ses jeunes années, c’est en 1976 que Quadri fonda Clay Paky snc à Seriate.

Le premier stand Clay Paky.
Le premier stand Clay Paky.

L’entreprise a débuté à l’échelle artisanale et s’est mise aussitôt à fabriquer et à vendre des systèmes d’éclairage professionnels pour le monde du spectacle.

Suite au développement de la demande et à la croissance qui en a résulté, la société a déménagé en 1982 pour s’installer sur un nouveau site à Pedrengo, également dans la province de Bergame.
Il devenait alors possible de travailler à l’échelle industrielle et faire face à la croissance du volume des ventes, due au succès commercial de produits innovants d’un point de vue technologique et fiables.

Les années 80 et le début du succès commercial.
Les années 80 et le début du succès commercial.

L’usine a été agrandie une première fois en 1986, puis l’année suivante, changeant de statut juridique, l’entreprise est devenue une société à responsabilité limitée, Clay Paky srl. La poursuite de l’expansion de l’usine en 1990 la fit passer à 4 500 m2 sur deux étages, puis un complexe supplémentaire pour les travaux de plus grosse mécanique a été construit peu après.

C’est en 1993 que la société a acquis son statut juridique actuel, devenant la société par actions, Clay Paky SpA, au moment même où Quadri donnait le jour au projet d’un nouveau site à Seriate.

Pasquale Quadri en 1995.
Pasquale Quadri en 1995.

Il s’agissait d’un ensemble industriel d’une superficie totale de 10 000 m2, qui est devenu pleinement opérationnel en 2002, et Quadri était toujours à la tête du département R&D.

Après l’une de ses rares rencontres avec la presse (il était extrêmement réservé), un journaliste a écrit: “Sur la grande table de Quadri, dans son élégant bureau de Président, il n’y a pas des piles de documents financiers mais des pièces de nouveaux prototypes qui attendent d’être analysées, critiquées et améliorées.” 

L'Astroraggi, l'effet incontournable des clubs dans les années 80
L’Astroraggi, l’effet incontournable des clubs dans les années 80

C’est grâce à son flair pour détecter les tendances du marché et sa capacité à créer des produits innovants que Clay Paky a enchaîné les succès, depuis l’Astroraggi, en 1983, créant des dizaines de rayons lumineux au moyen d’une seule ampoule, jusqu’aux projecteurs intelligents de la fin de cette décennie, avec leurs fonctions à commande électronique programmable.

Dans ce domaine, le plus grand succès revient au Golden Scan, un produit fondateur pour tous ceux qui travaillent dans le secteur. La première décennie du 21e siècle a été celle du renouvellement de la technologie et du design. 

Paky et le Golden Scan 3, un best seller.
Paky et le Golden Scan 3, un best seller.

Clay Paky a combiné de nouvelles idées dans la conception, l’industrialisation et l’apparence des appareils avec les normes de qualité qui ont fait la réputation de la société : optiques exceptionnelles, électronique de pointe, logiciels intuitifs et un service à la clientèle sans compromis.
C’est durant cette période que Pasquale Quadri a conçu la série Alpha, la gamme la plus complète sur le marché des projecteurs à tête mobile pour un usage professionnel.

Pasquale Quadry et le Sharpy en version argentée
Pasquale Quadry et le Sharpy en version argentée

En septembre 2010, le Sharpy est dévoilé, un produit unique et incontournable. Avec seulement 189 Watt, il émet une intensité comparable à celle de projecteurs neuf fois plus puissants, comme l’ont noté les jurys des principaux prix internationaux. Le succès est sans précédent sur les scènes du monde entier.
Plus récemment, Quadri a appliqué la technologie LED à la série B-Eye qui fait l’objet de plus de 80 brevets dans le monde et obtient environ 50 prix des institutions internationales les plus prestigieuses.

Actuellement, Clay Paky a 130 employés, dotés pour une grande majorité d’une qualification technique de haut niveau et une moyenne d’âge inférieure à 35 ans.
Depuis plusieurs années, l’entreprise représente l’excellence de la production italienne, avec 97% de sa production exportée dans le monde entier.

Sur le plan personnel, Quadri a occupé plusieurs postes au sein d’associations professionnelles. Il a été membre du conseil d’administration des petites industries et du conseil d’administration de l’industrie métallurgique et mécanique de l’Union Industrielle de Bergame, du conseil d’administration d’ArtigianFidi Bergame et il a également été commissaire aux comptes d’APIAS (Association des fabricants italiens des équipements de Spectacle).

Pasquale a soutenu nombre d’initiatives caritatives, éducatives et a été actif auprès du monde associatif. Par exemple, il est l’un des fondateurs de Bergamo Ama, qui organise des événements sportifs pour lever des fonds destinés à soigner les enfants atteints de maladies graves. Il a apporté un soutien constant à l’équipe de football Nazionale Orchestre Italiane, qui est parrainée par Clay Paky et organise des matches dans toute l’Italie, chacun dans un but caritatif particulier.
En 2006, Pasquale Quadri a été élevé au grade de « Commendatore » par le président Italien.

Le Plasa 2014 décerne le Gottelier Award à Pasquale Quadri, une marque de respect et d'admiration.
Le Plasa 2014 décerne le Gottelier Award à Pasquale Quadri, une marque de respect et d’admiration.

En Mars 2014, Pasquale Quadri a reçu le prestigieux Lifetime Achievement Award à la cérémonie des MIPA qui a lieu à Francfort durant Prolight+Sound – Musikmesse. Il est le premier représentant de l’industrie de l’éclairage à recevoir ce prix prestigieux.

Les personnalités qui l’ont précédé ont écrit l’histoire de l’industrie de la musique : les frères Meyer, fondateurs de Meyer Sound, Fritz Sennheiser, inventeur du micro sans fil et Jim Marshall, dont les amplificateurs de guitare sont légendaires.

Au début du mois d’août de cette année, Quadri a signé un accord pour transférer la propriété de Clay Paky SpA à OSRAM, l’un des deux plus importants fabricants mondiaux de sources de lumière, avec l’objectif d’assurer l’expansion de l’entreprise, tout en conservant  l’équipe de direction actuelle, confirmée par la société allemande.

Pasquale Quadri s’est éteint à son domicile à Torre de Roveri (Bergame), dans la nuit du 6 Septembre 2014.

Pasquale Quadri

Hommages et souvenirs

Laurent Chapot, éclairagiste
En 2008 je suis allé chez Clay Paky à Bergamo en Italie,  avec une délégation de la Société Belge Blue Squares qui m’y avait convié. Nous avons été très bien reçu et « en Français » s’il vous plait. Nous avons bien sur visité toute l’usine et assisté à des démonstrations très bien réalisées dans leur Auditorium, et nous avons beaucoup aimé l’ambiance un peu familiale qui y régnait.

Le but premier de la visite était de nous présenter l’Alpha Profile 1200. Notre avis sur leur produit, que nous avons eu le loisir de tester sous toutes les coutures, a été bien sûr critique mais globalement très favorable. Les gens de Clay Paky nous ont ensuite demandé quel produit nous pensions qu’il était opportun de développer. Nous n’avons eu de cesse de ne jurer que par les LED et prédire un bel avenir aux sociétés qui investiraient massivement dans cette gamme. A l’époque, à mon goût, il n’y avait que l’ A7 Zoom qui tenait vraiment la route.
Apparemment ce n’était pas du tout dans leurs projets, ils auraient bien voulu qu’on leur réponde autre chose. Il nous on dit que l’investissement était trop énorme, notamment pour développer de nouvelles LED propriétaires, et qu’ils avaient d’autres projets dans leurs cartons . Nous avons tellement et systématiquement insisté que c’en est devenu un blague entre eux et nous pendant le reste du séjour.

Nous étions tous d’accord que, dans tous les cas, il faudrait que les nouveaux produits soient les plus compacts et légers possible. La suite on la connaît : 2 ans plus tard Martin à sorti le MAC Aura avec le succès que l’on sait mais Clay Paky à répondu avec le Sharpy . On comprend mieux maintenant, on n’avait pas tort mais ils avaient complètement raison…
Martin travaillait déjà depuis des années sur ce type de projecteur ( avec le MAC 301 tiré de l’ A7 zoom, en collaboration avec JB Lighting) alors qu’il manquait sur le marché un vrai beam façon laser qui pèse moins de 20 kg . Bien vu.

Xavier Demay
J’étais chez Masterlight au début des automatiques et de la sortie Golden Scan Clay Paky. C’était une époque fantastique, parce qu’on était encore plus jeune que maintenant, et que l’évolution technique était très rapide. A l’arrivée des premières lentilles avec traitement  anti reflet, on gagnait 25 à 30 % de lumière. Tu imagines ? Une simple évolution et le rendement augmentaient d’1/3 !  Fabuleux non ?.
Je me souviens aussi de la première fois que Pio et Paky nous ont montré un gobo tournant. Il ouvre son sac et sort enroulé dans un chiffon, la première roue de gobos tournants. C’était hallucinant tellement on attendait ça depuis longtemps ! Les premières étaient montées dans le Superscan MRG.

J’ai vécu des démos mémorables et quelques suées froides au tout début de ces machines, elles étaient bien moins fiables que maintenant. Chez les clients, accompagné d’un pupitreur, tu commençais ta démo, tranquille en expliquant les fonctions exceptionnelles et inédites de ton fabuleux projecteur automatique… et tu voyais le regard complètement affolé du pupitreur car la machine ne réagissait plus, la carte DMX était plantée. Il fallait jouer serré et attirer l’attention , pendant que le copain resetait la machine, après quoi tu pouvais reprendre la démo comme si rien ne s’était passé:)

Nous avions entamé une discussion avec Paky, Alain Lantelme et moi, pour lui proposer des gobos innovants sur des créations graphiques de Georges HLADIY de MGL. La discussion n’avait pas abouti pour des raisons de coût mais c’était une belle occasion de discussion sympa, il était réellement passionné d’image et d’effets. Paky, je ne l’ai pas beaucoup fréquenté car il était super timide mais c’était un vrai passionné de lumière. Il a porté son entreprise et son équipe jusqu’au bout, ce que je considère toujours comme essentiel et parfois même exceptionnel.

Stéphane Fleury
On a rentré des Golden Scan 3 HPE dans le parc d’Impact en 1992, puis des Superscan Zoom et des miniscan HPE. La lumière était magnifique. On s’approchait d’un Caméléon mais avec une logique industrielle  qui permettait de sortir des machines beaucoup plus fiables. Il faut préciser qu’à l’époque, c’est plutôt le DMX qui était capricieux sur ces machines.

Après nous avons vécu la grande aventure du Stage Zoom, la première lyre en 1200 HMI. Nous avons été les premiers au monde à les avoir. C’était un vrai challenge de mettre une 1200 HMI  dans une boîte aussi petite. C’était une belle époque, un fabricant comme Clay Paky entretenait le dialogue avec les utilisateurs. Il faisait le tour d’un petit panel de prestataires et les problèmes se réglaient assez rapidement. Nous sommes allés plusieurs fois à l’usine pour échanger avec la direction technique et les ingénieurs de développement. 

Le succès du Sharpy dans sa simplicité me fait penser à celui du CP 400. Développé à la base pour des installations fixes, il s’est très vite taillé un succès énorme en France sur tous les plateaux de télé. Il avait une lampe, un miroir, une trichro (qui supportait mal le transport) et ouvrait à 180° ! C’était un produit pointu, haut de gamme qui permettait de faire des cyclos magnifiques !
>Le Golden Scan était increvable. J’ai vu des prestataires le faire jouer en festival sous la pluie, non bâché en disant : “c’est bon, il y a une grille dessus, une grille dessous donc l’eau peut sortir !”

On a travaillé avec eux jusqu’en 2002 avant de faire d’autres choix faute de produits adaptés à notre activité mais j’ai toujours considéré Clay Paky comme une des 3-4 plus belles marques d’asservis sur la planète. Ce qui les a toujours différencié c’est leur qualité de lumière. Ils ont toujours eu de très belles optiques. 

Peter Johansen
“I always regarded Pasquale as one of the original inventors of modern entertainment lighting —  a great engineer and a true gentleman, who deserved all the awards he received in life. Goodbye from a humble colleague.” Peter Johansen, CEO, SGM Lighting

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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