Le Vibration Tour à Orleans avec le HDL 50-A RCF

Chaque année Radio Vibration offre des concerts gratuits et très appréciés en pleine ville avec la complicité de XCPH et de RCF. Nous avons été au pied de la cathédrale d’Orléans écouter le face à face entre 20 HDL 50-A et 10 SUB 9006-AS, et plus de 30 000 spectateurs.

Le décor plus que majestueux de la cathédrale Sainte-Croix qui, une fois le soleil éteint, s’illuminera de mille projections.

L’accueil qui nous est réservé à Orléans en train de se transformer pour l’occasion en salle de spectacle géante est parfait. Nicolas Fournier régisseur technique de XCPH Organisation, le prestataire orléanais en charge du Tour se dédouble sans perdre son flegme et RCF France s’est déplacé, y compris Emanuele Morlini, ingénieur acousticien en charge des applications et consultant dans les développement des nouveaux produits professionnels RCF, envoyé spécialement par la firme de Reggio Emilia.

De prime abord la place Sainte-Croix paraît petite et la rue Jeanne-d’Arc qui y mène perpendiculairement, bien étroite…Les Orléanais nous prouveront le contraire, des milliers de familles se massant devant et sur les côtés de la scène rendant nécessaire un renfort latéral. Deux rangs de délais sont aussi déployés rue Jeanne d’Arc afin de servir les retardataires ainsi celles et ceux qui n’osent pas braver la foule. Il faut dire que la liste d’artistes de ce plateau radio est plus que conséquente.

Le bonheur du public d’Orléans (Crédit : La nouvelle République du Centre).

La scène mobile qui sert de support au Vibration Tour est placée dos à la cathédrale et face à la place qui mesure 100 mètres de large pour une profondeur utile d’environ 45 mètres. Elle est ceinturée par des anciens bâtiments assez hauts, pas l’idéal pour le son comme on le verra plus loin.

Un coup d’oeil au mapping fourni par Emanuele prouve le bien fondé du projet sur lequel le fabricant de Reggio Emilia a apporté son savoir faire et une aide logistique.

La place et la rue avec un mapping centré à 2,5 kHz. Les délais gagneraient à être rapprochés l’un de l’autre et ramenés vers la scène.

Les dix HDL 50-A par côté font très bien le job et l’ouverture horizontale large et régulière permet de n’utiliser que deux HDL 28-A en lipfill. La boîte du bas est même atténuée de 4 dB dans l’aigu via un filtre FIR. Deux lignes de cinq HDL 28-A complètent la couverture latérale. Le raccord avec le système principal n’est pas parfait, le modèle et le nombre d’outfills mais aussi la moindre influence des subs, donne une couleur assez différente dans le grave. Idéalement il aurait fallu aussi les rapprocher des HDL 50-A pour que la mise en phase soit plus fluide, mais mécaniquement cela n’a pas été possible.

Face et renforts latéraux à cour. Difficile de trouver une façon d’aligner les 28 dans les 50…et inversement.

Le grave est renforcé par 10 subs actifs, comme toutes les enceintes HDL. Il s’agit ici des SUB 9006-AS, des double 18”. « Il s’agit d’un montage endfire qui m’a été demandé afin de nettoyer un peu le plateau, en double arc à 90°. Il y a donc le délai propre à l’arc, puis celui nécessaire au montage endfire et enfin le retard pour la remise en phase avec les têtes » nous précise Emanuele Morlini. « Il aurait été possible d’ouvrir un peu plus, mais il aurait fallu plus de subs. Le calcul des délais de l’arc est fait et implémenté directement par RDnet.

Les 10 subs 9006-AS et les wedges NX 15-SMA. Une large distance de sécurité est maintenue ce qui atténue naturellement la pression dans le grave et permet au gauche/droite d’être « fermé » évitant d’ajouter d’innombrables front fill.

Le mapping des subs à 50 Hz et au 1/3 d’octave. L’arc marche et un peu de pression rentre dans la rue Jeanne-d’Arc.

Il suffit de renseigner la distance entre les subs et l’angle voulu. Pareil pour celui qui concerne l’endfire. Pas besoin d’avoir une calculette. Si on me demande enfin d’encore baisser la pression des subs sur scène, je peux d’un simple click basculer en mode Gradient. Le rang arrière des subs voit sa phase inversée et le délai modifié. Je perds un peu de pression devant mais réduis de 3 dB de plus mon lobe arrière. »

Quittons quelques instants la place pour reculer dans la rue Jeanne d’Arc qui y mène. Les équipes de XCPH, Vibration et Emanuele Morlini sont en train d’équiper les rappels composés à chaque fois de quatre HDL 30-A. La distance avec la scène et les moyens qui ne sont pas infinis ont conduit à l’adoption d’un pont radio FM pour les connecter avec la scène grâce à Vibration qui dédie un de ses émetteurs RVR calé sur une fréquence « libre » et a placé un bon vieux dipôle simple sur un coté du plateau.

Les deux stage Allen&Heath et Soundcraft et, moins fréquent, un émetteur FM, sans codeur stéréo, mais prêt à alimenter les 4 points de délai.

Sur chaque frame sont donc ajoutés un tuner avec son doublet ainsi qu’un traitement de dynamique servant de symétriseur, d’ampli et de passerelle entre le monde Hi-Fi et celui pro. Bien entendu chaque stack est réglé par RDNet en local afin notamment de le recaler temporellement avec la scène.

Si le transport du signal à l’ancienne n’appelle pas de commentaires, le placement de ces rappels aurait pu être plus judicieux. Vu la longueur des deux arrays principaux, la distance critique au-delà de laquelle on repasse à des ondes sphériques se situe vers 50 mètres. Comme les murs de la place renvoient aussi une grande partie de l’énergie, le peu qui pénètre dans la rue est vite éteint par la distance. Peut être aurait-il fallu placer le premier rang de délais 20 mètres plus près de la place et remonter le second d’autant.

Cachée sous le programme des réjouissances concocté par Vibration, une des deux HDL 28-A utilisées en tant que front-fill et à droite, un wedge/renfort NX 15-SMA, dans sa housse de protection, plein air oblige.

Pour le reste que du beau monde en régie et sur le plateau. Les wedges actifs RCF, 10 en tout, sont des NX 15-SMA, des coaxiaux de 15” et moteur 1,7”. Nicolas Fournier les connaît bien, c’est lui qui tient la console retours.
Ces dix enceintes servent le reste de l’année de renfort sonore posées sur pied, la fameuse polyvalence « à la française » que Nexo vient de rejoindre avec ses P.

La console retours du parc de XCPH est une dLive C3500 de Allen&Heath, la plus grosse des presque grosses comme le dit Nico. A la face en revanche on a une Vi3000 Soundcraft, cajolée par son propriétaire et utilisateur Greg Jean qui accueille les techniciens des artistes qui ne jouent pas en play-back et fait le son des autres.

La régie avec à gauche la Vi3000 et à droite l’univers d’Emanuele posé sur le fly HDL System.

Nicolas Fournier et XCPH

Cela n’a pas été facile, mais on a réussi à bloquer quelques minutes Nico Fournier et notre dictaphone a fait le reste.

Nicolas Fournier pris sur la scène depuis la régie au téléobjectif. Quand on dit qu’il a été dur à bloquer, ce n’est pas une légende.

SLU : D’où vient le nom pas simple à prononcer de ta boîte ?

Nico Fournier : Des deux fondateurs. Aujourd’hui ne reste que Xavier Chartier qui est un excellent gestionnaire et est à la tête des l’entreprise. La boîte existe depuis 35 ans et notre cœur de métier est la comm et l’événementiel, mais nous assurons le Vibration Tour depuis toujours et comme on vient presque tous du spectacle vivant, on le fait avec grand plaisir. C’est notre pause rock’n’roll (rires) Enfin pause, c’est quand même un gros boulot. Je bosse dessus dès la fin de l’hiver avec une aide très précieuse de Bertrand (Delbar de RCF France) depuis des années.

SLU : Tu utilises RCF depuis quand ?

Nico Fournier : Pour tout te dire, quand je suis arrivé dans la région et que j’ai commencé à collaborer avec XCPH, la société sous-traitait le son. En tant que régisseur général, j’ai continué à le faire jusqu’au moment où il est paru évident qu’investir allait être plus rentable.
J’ai rencontré Bertrand Delbar et il m’a présenté le HDL 20-A qui venait de sortir et j’ai fini par attendre et acheter du 30-A qui convenait mieux à nos besoins en termes de son, de headroom et de RDNet.

A gauche RDNet avec en pleine action et tout dans le vert, le système RCF au grand complet.

Nous avons aussi essayé le 50-A et c’est vraiment un beau produit avec une grande qualité : il ne sonne pas 3 fois moins bien que les grosses références du marché, mais coûte trois fois moins cher sans pour autant se louer trois fois moins cher. L’amortissement est donc plus rapide. Le poids et l’encombrement sont aussi un gros avantage, sans oublier le fait que les systèmes sont amplifiés. Enfin nous ne travaillons pas sur des marchés où la marque est imposée… On se sert de nos enceintes RCF pour tout, du concert au meeting aérien.

SLU : Votre parc comporte quelles références ?

Nico Fournier : On a du HDL 30-A et SUB 9006-A et pas mal d’autres références plus petites comme du 4PRO et des wedges NX 10 et NX 15. Du coup, lorsqu’on vend du son pour de l’intégration, on propose du RCF.

SLU : Que penses-tu des HDL 28-A ?

Nico Fournier : Ça marche bien. Je les découvre depuis le début de la tournée mais je trouve que pour leur taille, elles envoient bien.

Yannick Noah sous les lumières de XCPH.

SLU : Deux mots sur vos lumières ?

Nico Fournier : J’ai un rapport de confiance avec Martin Fournier donc on a pas mal de Martin et de Chauvet. On se connaît et on se marre depuis 20 ans. Je te passe toutes les blagues liées au fait qu’on porte le même nom. Je marche beaucoup au relationnel. Il y a plein de bon matériel. Ce qui compte c’est le service. Avec RCF, Chauvet et Algam, je suis tranquille.

Si RCF nous était compté

Rien de tel que de passer quelques heures avec Emanuele pour en savoir plus sur RCF d’autant qu’il est une sorte de vieux de la vieille à Reggio Emilia avec 15 ans de collaboration ininterrompue au compteur. Il nous raconte sa société d’une traite.

Emanuele Morlini, 15 ans de maison et toujours autant de plaisir.

RCF. Trois lettres comme Rossi, Campari & Ferrari les trois fondateurs et Radio Cine Forniture, le premier métier de fournisseur de transducteurs et autres composants pour l’univers du son et spécialement pour les salles obscures. RCF a fêté l’année dernière ses 70 ans, mais son histoire est plus tortueuse qu’elle en a l’air.

Jusqu’aux années 80, RCF est restée dans l’ombre des marques pour qui elle fabriquait des produits, puis elle s’est révélée au grand jour avec ses propres produits qui sont venus faire de l’ombre à ses anciens clients.
Dans les années 90 elle est devenue la seconde au monde après JBL à introduire le plastic dans ses ébénisteries et a explosé au niveau commercial au point d’être ciblée par des investisseurs en 1997 et être rachetée, perdant au passage son propre nom.

Les transducteurs maison ont équipé pendant plus de 10 ans des enceintes des différentes marques du groupe (dont une est revenue l’année dernière au bercail NDR) Vers l’an 2000, le choix a été fait de tout délocaliser en Chine, transducteurs, ébénisterie comme assemblage des diverses marques du groupe, et de fermer définitivement le site italien.

Arturo Vicari, PDG de RCF Group.

En 2004, la société qui gérait l’ex RCF et qui recevait commandes et subsides du groupe a donc fait faillite, (une méthode capitalistique habituelle en pareil cas NDR) Heureusement les associés italiens ont racheté la société et les dettes en 2005 et ont progressivement repris les 200 salariés de l’entreprise en faillite.

C’est ainsi que RCF SPA est repartie de zéro avec Vicari à sa tête. On fête donc deux anniversaires. Les 70 ans du nom et, d’une certaine manière, les 15 ans de la renaissance d’une RCF désormais 100% italienne.
Rappelons aussi que si lors de la reprise en 2004, on était moins d’une dizaine dans des murs quasi vides, l’esprit maison ne l’a jamais quittée et c’est le plus important. Aujourd’hui RCF a constitué RCF Group avec sa propre marque mais aussi dbTechnologies, EAW, Montarbo et DPA.

Dulcis in fundo

Dès les premiers artistes sur scène, on comprend la difficulté de remplir de son une place avec un système un peu sous dimensionné en nombre, sans pour autant exciter les murs qui la ceinturent. Pas évident aussi de parvenir, à ciel ouvert, à délivrer des sensations dans le grave à autant de monde.

Le show bat son plein, et même les vieilles pierres collaborent !

Heureusement que la HDL 50-A en produit déjà beaucoup et que le niveau auquel la soirée se déroule, laisse le système fonctionner en dessous des limiteurs. On ne félicitera en revanche pas le son de certains titres, du moins le PBC. La dynamique « radio », la présence d’un contour inutile et la nature même de certaines sonorités mettrait à mal n’importe quel système.
Tout rentre dans l’ordre quand du vrai live avec un vrai mix nous est proposé. L’attaque, la couleur et l’image sont efficaces et sérieux. Juste une petite dureté sur les sifflantes rappelle qu’il ne faut pas chercher inutilement dans le haut le HDL 50-A. Il répond présent. Autant faire un peu le ménage avant !

Maëlle, découverte à The Voice et gagnante de la 7è saison.


Rien de tel qu’un film pour conclure ce reportage avec les visages radieux des spectateurs face au podium de Vibration et ses artistes. A l’année prochaine !


Et d’autres informations sur le site RCF

 

Crédits - Texte : Ludovic Monchat - Photos Ludovic Monchat et RCF

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