Les actions de l’UDFM pour sauver vos entreprises

Toute l’énergie déployée par l’UDFM depuis sa création commence à porter ses premiers fruits. Les fabricants et distributeurs d’équipement scénique sont enfin reconnus par le ministère de l’économie et depuis hier soir, 8 octobre, intégrés à la branche événementielle. C’est une première victoire qui leur ouvre les portes d’un plan d’aide prolongé. Mais ce n’est qu’une étape. Restez mobilisés, le plus dur reste à faire.

En septembre et début octobre, l’UDFM a enchaîné les rendez-vous avec les instances gouvernementales pour rendre éligibles les sociétés de fabrication et de distribution d’équipement scénique et événementiel au plan Tourisme réservé aux secteurs sinistrés par la crise sanitaire.

Car une aide, allouées jusqu’à la pleine reprise des événements, spectacles et tournées et au-delà, est indispensables à la survie des entreprises. L’annonce du ministre de l’économie hier soir, le 8 octobre, leur garantit déjà une bulle d’oxygène avec l’activité partielle sans reste à charge et l’exonération de charges patronales jusqu’au 31 décembre 2020. Reste à militer pour un plan d’aide qui couvrira 2021. (Voir le communiqué de presse du gouvernement en fin d’article).

Nous avions interviewé deux membres de leur conseil d’administration, Atika EL Sayed et Jean-Philippe Colonna avec Antonio Morais coordinateur de l’association début octobre pour marquer les points étapes de l’association et connaître son mode de fonctionnement.


SLU : Où en est l’UDFM depuis le mois de mars en termes d’actions, d’idées ? L’association existe, a un site web très réussi. Vous faites quoi maintenant ?

Jean-Philippe Colonna : Pour résumer, en avril il y a eu des discussions embryonnaires entre chefs d’entreprise, en mai nous avons créé l’association et recruté Antonio Morais. En juin nous avons élu les membres du conseil d’administration. En juillet nous avons échangé avec nos adhérents. En septembre nous avons multiplié les rendez-vous et échanges avec les différentes instances publiques et nous nous sommes spontanément associés à l’Alerte Rouge lancée par le Synpase.

– Le 16 septembre Antonio Morais a été reçu au siège de la CPME (Confédération des petites et moyennes entreprises) par son Président national François Asselin. Le dialogue s’est poursuivi lors d’un rendez-vous de travail le 2 octobre avec Atika El Sayed et Antonio Morais. Urgences économiques, plan de relance et création de filière étaient à l’ordre du jour.
– Le 17 septembre, trois membres du conseil d’administration, Philippe Coudyser, Xavier Drouet, Nicolas Grandval et leur coordinateur Antonio Morais ont été reçus par le cabinet du Ministre des PME Alain Griset.

Cet échange a débouché sur les invitations à siéger à 2 conférences téléphoniques avec le gouvernement le 30 septembre et le 6 octobre. Au cours de ces échanges avec les représentants du tourisme, du sport et de l’événementiel, plusieurs pistes de soutien pour le secteur événementiel ont été évoquées.

SLU : Quelle a été la teneur de cette conférence ?

Antonio Morais : « Concernant la conférence téléphonique du 30 septembre, quand le cabinet d’Alain griset m’a appelé pour m’inviter, j’ai immédiatement proposé à mon homologue du SEINEP / l’Alliance de se joindre à moi dans l’objectif de servir toutes nos entreprises d’une seule voix. Il était déjà compliqué pour nos interlocuteurs de nous identifier dans la filière événementielle ; en ordre dispersé nous aurions risqué un rejet.

Nous nous sommes donc retrouvés, assis virtuellement à la table des grands en présence de Bruno Le Maire, Elisabeth Borne, Roxana Maracineanu, Alain Griset, Baptiste Lemoyne, mais aussi du directeur du cabinet de Roselyne Bachelot.
Élisabeth Borne s’est engagée à prolonger l’activité partielle sans reste à charge pour les entreprises de la liste des annexes S1 et S1bis jusqu’au 31 décembre 2020.

Pour le secteur événementiel, vu le nombre de représentants et le temps imparti à cette conférence, c’est Bertrand Biard de L’Evénement qui a eu la parole. Il a évoqué toutes les problématiques de la branche et a très clairement précisé les raisons pour lesquelles il était nécessaire d’intégrer les fabricants et distributeurs de matériel pour le spectacle et l’événementiel dans la liste S1. C’est notamment grâce aux contributions très en amont du Synpase que notre spécificité a été intégrée dans les échanges entre acteurs de l’événementiel.
Suite au travail effectué par toute la branche, l’événementiel est désormais considéré comme un secteur distinct et durablement impacté par la crise sanitaire. Bruno Le Maire, Ministre de l’économie, l’a confirmé. Il a donc demandé que le périmètre de cette branche soit clairement défini pour mesurer le volume de l’aide nécessaire en termes d’argent public.

Le 5 octobre, le cabinet d Alain Griset nous a demandé pour le lendemain, une liste détaillée des entreprises de nos activités, avec les codes APE et numéros de SIRET. Nous avons décidé en urgence, avec mon homologue du Seinep / l’Alliance, de partager nos informations et de les compléter en nous répartissant le fichier.
Le gouvernement se donne une dizaine de jours pour étudier précisément les différents dossiers, notamment la situation des entreprises à la date de leur dernier bilan afin d’évaluer l’enveloppe nécessaire à leur soutien. Les décisions concernant la teneur du plan d’aide et les ayants droit seront communiquées par le Premier ministre Jean Castex le 12 octobre prochain.

SLU : l’événementiel est devenu un terme générique représentatif de la profession

Antonio Morais : Dans l’événementiel sont effectivement identifiées plusieurs branches : les prestataires de services, les organisateurs de foires et de salons, les distributeurs et fabricants de matériel pour le spectacle et l’événementiel, les agences de communication évènementielles ou encore les traiteurs. Bruno Le Maire parle même dorénavant des fleuristes ou photographes de l’événementiel…

SLU : Quels sont donc vos résultats tangibles ?

Jean-Philippe Colonna : En termes de résultats, je retiens que le métier de fabricants et distributeurs d’équipement pour le spectacle et l’événementiel entre dans le discours de nos représentants politiques.

Antonio Morais : Il ne faut pas oublier que dans le premier plan Tourisme n’étaient identifiées que les sociétés de sonorisation, et les chapiteaux. Il y a un immense progrès.

Atika EL Sayed : Nous avons fédéré des sociétés de fabrication et distribution. En mars, nous étions tous isolés et désemparés par cette crise qui s’annonçait déjà interminable pour nos entreprises. C’est depuis la création de L’UDFM que les gens ont compris qu’ils pouvaient se réunir autour d’un projet.

SLU : Quels sont vos objectifs à court terme et votre feuille de route ?

Jean-Philippe Colonna : Notre feuille de route se détaille en 3 étapes.

– Continuer à échanger avec les ministères avec lesquels nos métiers sont liés, c’est-à-dire l’économie, les PME et la culture.
– Intensifier notre action avec la CPME,
– Consolider notre amitié avec le Synpase et être solidaire de leurs actions comme l’Alerte Rouge.

Notre objectif est d’obtenir l’activité partielle sans reste à charge et l’exonération de charges patronale pour que nos entreprises puissent survivre et garder leurs salariés.

Atika EL Sayed : Notre activité ne reviendra pas à la normale avant 3 à 5 ans, c’est une estimation partagée par de nombreuses entreprises. En termes d’aide, un plan étendu jusqu’à fin 2021 est vraiment un minimum. On ne peut pas perdre des 20 à 60 % de chiffre d’affaires pendant des mois et revenir à la normale en 6 mois alors que nous n’avons aucune vision de l’avenir.

SLU : Quel est l’état des prestataires ?

Antonio Morais : Philippe Abergel, délégué général du Synpase mettait en avant des baisses d’activité de 80 % en moyenne pour les prestataires et, en parallèle, 76 % des dates de spectacle vivant ont été annulées ou reportées.
Les prestataires ont besoin d’une aide immédiate, jusqu’à la pleine reprise des spectacles et événements. Mais ce retour à l’activité et à la croissance ne soldera pas les problèmes immédiatement. Le retour à un fonctionnement normal nécessitera de nombreux mois et le retour à une bonne santé financière peut être davantage encore. Pendant cette période de « récupération » nous craignons pour leurs capacités d’investissements dans de nouveaux matériels.
La situation des fabricants et distributeurs risque de se dégrader dans le temps avec l’impossibilité de vendre à un rythme normal les appareils nécessaires à l’artistique. Nos entreprises ont un besoin d’accompagnement à long terme pour supporter, entre autres, les R&D et garder leurs collaborateurs. Ce sont des effets de retard dont il faut faire état.

Atika EL Sayed : Si nous sommes contraints à licencier 20, 30 à 50 % de notre personnel, nous aurons beaucoup de mal à retrouver des candidats possédant des mêmes connaissances et le même savoir-faire quand l’activité repartira, donc il faut impérativement sauvegarder l’emploi.

SLU : Où en êtes-vous avec le Seinep / l’Alliance ? Un rapprochement est-il possible ?

Jean-Philippe Colonna : Nous avons créé l’UDFM pour défendre et fédérer une profession : les fabricants et les distributeurs du monde du spectacle et de l’évènementiel. Au début nous n’avions pas connaissance de l’existence du SEINEP et de ses missions.
Récemment, l’Alliance a été créée et c’est tant mieux ; 2 associations c’est mieux que 0 pour nous défendre actuellement. Aujourd’hui nos coordinateurs respectifs se parlent et coopèrent et nous en sommes ravis à l’UDFM. Est-ce que nous irons plus loin, je ne sais pas. Ce que je souhaite, et c’est bien le plus important, c’est que ces 2 associations se montent dynamiques et efficaces, c’est tout ce qui m’importe.

Cette crise est dure. Nous sommes dans une phase de deuxième vague. Nous risquons un hiver compliqué et a priori ce n’est pas demain que les prestataires vont travailler sur des concerts et des grands événements.
L’UDFM est sur le pont pour intensifier les actions. Pour ma part je trouve qu’il y a une très bonne ambiance au sein de l’association car nous sommes soudés, nous nous partageons les missions. Notre équipe est très diversifiée il y a des femmes, des hommes qui ont ou pas une longue expérience du secteur, et de différentes origines et ça fait notre force. On partage les mêmes valeurs de simplicité d’humilité de sympathie. Il n’y en a pas un parmi nous qui veut prendre le dessus pour s’afficher comme le meilleur.

SLU : Où en est l’UDFM en termes d’adhésions ?

Jean-Philippe Colonna : il y a une montée en puissance au niveau du rythme des adhésions, ça progresse. Nous avons aujourd’hui 22 sociétés adhérentes. On a également des sympathisants et nous restons tous focalisés sur les actions à mener jusqu’à ce que l’on obtienne des résultats.

Antonio Morais : L’UDFM a été créé comme un collectif en termes d’esprit et d’engagements. J’en veux pour preuve que chaque adhérent a payé sa cotisation. Donc rejoindre l’UDFM, c’est rejoindre un collectif, et toutes les entreprises y trouveront leur compte à court ou à moyen terme. Il y a des profils d’entreprises et de dirigeants très différents ; c’est cette richesse qui nous fait avancer.

Nous organisons un rendez-vous mensuel avec nos adhérents pour les informer de l’avancement de nos actions et aussi pour répondre à leurs problématiques administratives. Ils peuvent poser des questions et on va les aider à effectuer leurs démarches. Nous avons un vrai rôle auprès des petites entreprises qui sont parfois perdues dans les méandres de l’administration et le flot d’informations.

SLU : À l’heure actuelle nous serions basculés de l’aide d’urgence à la relance. Est-ce que vos interlocuteurs parlent toujours de relance alors que l’on grimpe au sommet de la deuxième vague d’épidémie.

Antonio Morais : Effectivement il ne faut pas confondre plan d’accompagnement dont bénéficient les entreprises selon leur activité et qui est demandé a minima jusqu’à avril 2021, et plan de relance. Le Prodiss (Syndicat national du spectacle national et de variété) a d’ailleurs demandé l’activité partielle à taux plein jusqu’en avril 2021.

Jean-Philippe Colonna : La relance pour moi viendrait quand l’épreuve est passée pour faire repartir l’activité.
L’épreuve n’est pas passée, on se prend une deuxième vague, on ne sait pas jusqu’à quand, on ne sait pas si ce virus va disparaître un jour, on ne sait pas si on aura un vaccin et quel sera son degré d’efficacité. Il nous faut un plan d’urgence avant même de parler de relance.

Antonio Morais : il ne faut pas confondre plan de soutien et plan de relance. Le plan de relance, c’est 100 milliards d’euros avec des attributions d’aide qui seront fléchées sur l’écologie, la compétitivité et la cohésion. Pour l’industrie, ce sont 35 milliards avec quatre critères à satisfaire : la modernisation de l’outil, la relocalisation, l’innovation, la décarbonisation.
Certaines entreprises de nos activités seront donc concernées. Nous demandons au gouvernement que les modalités de demandes soient les plus accessibles possible pour ne pas décourager les dirigeants avec des dossiers trop compliqués et trop chronophages.
Mais pour en revenir aux plans de soutien, le projet de finances pour 2021 fait état de montants faramineux qui n’ont jamais été évoqués par le passé. C’est là où l’UDFM prend tout son sens. Dans cette crise qui nous frappe et qui peut durer, on a besoin d’être reconnus et intégrés pour bénéficier de cet argent disponible. Ca vaut le coup de se battre.
C’est justement le moment de se mobiliser car le jeu en vaut la chandelle.

SLU : Quels sont les arguments qui pourraient inciter les sociétés à vous rejoindre alors qu’a priori vous faites déjà le job.

Atika EL Sayed : Il faut que nous soyons nombreux pour nous faire entendre car : « vous êtes combien ? » est la toujours la première question posée par les ministères.
Nous aimerions aider les petites structures à savoir lire les procédures administratives en leur apportant une vision claire de ce qu’il est possible d’obtenir et des actions à mener pour sauver leurs entreprises et les accompagner dans leurs besoins. L’UDFM organise des rendez-vous conférence dans le but justement de répondre aux questions de ses adhérents.

Antonio Morais : la CPME a déjà fait remonter des demandes. Quel que soit le plan de relance, il faut absolument que ce soit simple pour les PME d’y accéder. Dans l’état actuel, c’est illisible et comme d’habitude la grande majorité des PME ne s’inscrit pas, contrairement aux grands groupes qui ont des équipes formées et disponibles pour monter ces dossiers.
On est très vigilants aujourd’hui pour que, quels que soient les dispositifs, on puisse accompagner nos membres afin qu’ils aient accès le plus simplement aux bonnes informations.
Et pour conclure, dans toute formation liée à la création d’entreprise on apprend qu’une des règles prioritaires est de ne pas s’isoler. Un entrepreneur s’en sort mieux s’il est connecté à d’autres. Dans le monde technique du spectacle, chacun pouvait mener son entreprise seul en toute sérénité.
Les temps ont changé, les organisations politiques, gouvernementales, et financières ont changé et l’isolement est un vrai frein au développement de l’entreprise et aujourd’hui à sa survie.

Plus d’infos sur le site UDFM

Cliquez sur l’image du communiqué de presse gouvernemental ci-dessous pour y accéder:

 

Crédits -

Texte : Monique Cussigh & Ludovic Monchat

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