Présentation & écoute

Focus Venue de Fohhn, droit vers le futur

Il y a plusieurs façons de faire du son, mais depuis 25 ans et l’avènement de la ligne source, on n’a fait qu’améliorer ce concept. Fohhn a décliné en mode touring son idée de ligne droite à faisceau pilotable et plus de 600 visiteurs ont découvert Focus Venue « The sound of future ».
Pour mieux faire connaître la marque et permettre au plus grand nombre de visiteurs de découvrir Focus Venue, Fohhn et son importateur français Rock Audio, ont eu l’idée de louer durant les JTSE 2017 un plateau TV vide à proximité des docks Pullmann et d’y accrocher leurs produits les plus représentatifs. Et nous y étions aussi.

L’impressionnant alignement de colonnes de la plus petite enceinte à Focus Venue montré ici en deux kits différents, et de subs avec un montage en arc sub de 8 PS-9

Une première soirée sur invitation a vu se presser un grand nombre de prestataires et de décideurs pour une découverte en détail de l’ADN de Fohhn, sa démarche « digitale » et surtout pour écouter en avant-première Focus Venue, le premier système ouvertement touring du fabricant allemand.

Retour vers le futur avec Uli & le Doc Borreau

Rien de tel pour commencer qu’une balade dans un passé pas si lointain avec deux personnages très hauts en couleur et en décibels : Uli Haug, cofondateur et directeur du marketing et des ventes de la marque allemande et Daniel Borreau de Rock Audio, le distributeur français de Fohhn. On leur laisse la parole, mais à l’écoute de notre dictaphone, que c’est dur de taper ce texte…sans rigoler!

Dos à 8 PS-9, de sacrées soufflantes, et de gauche à droite, Jochen Schwartz, le PDG de Fohhn, Uli Haug, le directeur du marketing et des ventes et Daniel Borreau, la tête et les jambes de Rock Audio.

Si vous ne connaissez pas encore cette société allemande, elle est née en 1993 de l’association de Jochen Schwartz et Uli Haug qui ont eu la bonne idée de choisir le nom Fohhn et pas comme d’autres avant eux et toujours à Stuttgart, leurs initiales s&h. Jochen étant clavier et Uli ingé façade, après avoir utilisé les systèmes disponibles à cette époque ont eu envie de concevoir des enceintes meilleures ou différentes, voire les deux, avec trois idées conductrices : qualité, simplicité et innovation.

Plus d’une centaine d’invités sont présents pour ce lancement parisien et sonore de la Focus Venue.

Le premier produit sorti, en 1996, a été l’Easyport, une enceinte de public address intelligente et sur batterie, toujours au catalogue 20 ans plus tard, et qui s’est vendue sous plein de marques différentes. Ce petit produit lance Fohhn et à partir de 2001, un virage fondateur est pris, celui du digital à la fois dans l’amplification comme dans celui du contrôle des haut-parleurs, sans doute la clé de son succès. En 2005 sort Linea Focus la première enceinte active embarquant un DSP et contrôlable à distance.
Ce modèle, même si amélioré, existe lui aussi toujours au catalogue. La maîtrise des amplis numériques, du processing temps réel et de la communication avec un soft de pilotage déporté, incitent alors le directeur du développement électronique de Fohhn, Bern Nimmrichter, à plonger dans le beam steering, le pilotage des faisceaux sonores ou encore la directivité contrôlable avec un rêve en tête, celui d’être en mesure de le faire sur tout le spectre sonore et d’être capable d’offrir au marché une gamme complète de produits couvrant tous les besoins.

Le Fohhn que l’on connaît aujourd’hui est né, mais tout reste à faire. 4 années sont nécessaires pour mettre au point le Linea Focus, qui sort en 2009, et le marché réagit positivement y compris en France grâce au travail de Daniel Borreau, car ce produit résout nombre de problèmes avec sa petite taille et son contrôle de la directivité qui est devenu une réalité. Le prestataire français Silence rentre dans boucle pour l’exploiter en TV. 2011 voit l’arrivée du plus puissant Focus Modular, le premier système en colonne, modulaire et à contrôle actif de ses faisceaux, où le grave aussi est dirigé et est complété par un sub très innovant, le PS-9.

Trois époques, trois produits emblématiques de Fohhn avec à gauche Linea Focus, accroché au milieu deux lignes de Focus Venue et à droite Focus Modular.

Ce système, dont le diamètre est celui d’un ballon de foot, a été notamment employé avec succès par Silence pour sonoriser la Fête de la musique place du Capitole à Toulouse ou encore a été installé en fixe à l’Opéra Bastille à Paris. La dernière déclinaison, de loin la plus puissante de la gamme Focus, est le système modulaire Venue, conçu pour le touring et la diffusion de puissance à très longue portée, tout en disposant de la même simplicité de mise en œuvre et technologie de guidage de Fohhn. Tout ceci demande beaucoup de matière grise et ça tombe bien car l’équipe de R&D est composée de 20 ingénieurs, une équipe qui comme la fabrication et l’administration, est située dans les locaux de Nürtingen près de Stuttgart. Tout est fait maison ou provient de partenaires allemands, du plus petit au plus gros produit.

Le futur du line array est d’être droit

Chris Bollinger à gauche et Daniel Borreau présentent le module FV-100.

Après cette belle entrée en matière, place à Chris Bollinger, ingé application Chez Fohhn et forcément à même de nous expliquer plus en détail le système Focus Venue. The future of line array is straight, le futur de la ligne source est d’être droite, tel est le credo qu’il martèle en préambule, puisque l’orientation et la conformation du faisceau vertical est entièrement électronique, mais les principes acoustiques reposent sur la ligne source modulaire.

Deux modules actifs composent Focus Venue. Le plus petit en taille s’occupe de reproduire les plus petites fréquences, celles aigües et s’appelle FV-100. Il travaille à partir de 800 Hz et dispose pour cela de 8 moteurs de 4” à sortie 1,5” et de 8 autres moteurs de 1,75” à sortie 1”. C’est donc un module à deux voies actives dont chacun des 16 transducteurs dispose de son ampli numérique développant 250 W, précédé par son DSP.

Une vue du manifold, le collecteur dans lequel aboutissent notamment les 8 moteurs 4″ Eighteen Sound de la tête FV-100.

A un mètre, la pression max est de 150 dB SPL. Deux modules délivrant 156 dB à 1 mètre, en appliquant une décroissance de 4 dB environ par doublement de la distance, on arrive à 130 dB à 100 mètres.
Tout ce qui se trouve en dessous de 800 Hz est confié aux bons soins du module FV-200 qui dispose pour cela de 8 HP de 10” à longue excursion, pavillonnés, montés par paires et alimentés par 4 amplis numériques de 1 kW contrôlés par 4 DSP. Le SPL max étant de 145 dB, le ratio tête renfort est de deux FV-200 pour un FV-100.
Chaque module dispose aussi d’un système télécommandable à distance appelé CDT pour Convertible Dispersion Technology, dont le rôle est de le basculer mécaniquement d’un mode bass reflex à un mode cardioïde.
Cette option est très importante car la mise en colonne de systèmes très directifs génère une onde arrière, une sorte d’effet miroir qui peut se révéler très gênant, surtout quand l’on connaît le spectre très large reproduit par Focus Venue. La chute à l’arrière du système atteint jusqu’à 24 dB dans le bas médium, autant dire, beaucoup d’énergie en moins.

La différence la plus notable de Focus Venue comparé à une ligne de boîtes classiques réside dans la simplicité de mise en œuvre où il suffit d’assembler et de lever la colonne. Puis à l’aide d’une souris et de Fohhn Audio Soft – le logiciel intégré de la marque contenant tous les modèles et gérant tous les aspects de leur mise en œuvre – de choisir la zone à couvrir au dixième de dB près. Il est aussi possible de couper le faisceau en deux lobes distincts pour éviter, par exemple, une zone réfléchissante ou bien pour concentrer l’énergie sur 2 balcons distincts.

Chris et Daniel Borreau nous démontrent en quelques secondes les avantages d’un beam steering maitrisé comparé au montage classique d’une ligne dans la mise en œuvre de la diffusion d’une prestation type.

Chaque faisceau dispose de l’ensemble des réglages et notamment le niveau, ce qui facilite l’obtention d’une pression équivalente sur deux zones qui peuvent avoir une distance différente par rapport au plateau. Le fait de couper le faisceau en 2 se fait électroniquement et pas par partage des transducteurs, ce qui garantit le maintien d’un front ligne source cohérent.

Un exemple de double lobe proche de ce qui se passe à l’Opéra Bastille ou le FV-100 du bas de colonne tire à la fois sur l’orchestre et sur le premier balcon. Ce qui est simple avec la technologie Fohhn se révèle impossible avec un line array ou bien des enceintes point source.

Autre avantage notable, il est aussi possible en perdant quelques dB de SPL, de lisser les lobes secondaires et réduire d’autant la pollution et les réflexions dans la salle comme sur le plateau. Cette fonction s’avère très précieuse dans des milieux réverbérants.

Une vue d’un tir horizontal classique avec ses lobes secondaires ou asymétriques

Le même avec le lissage enclenché. Ca se passe de tout commentaire.


Une vue d’un réglage spécifique et négatif excluant tout signal dans une portion précise, par exemple une passerelle ou une avancée de scène, sans pour autant pénaliser les premiers spectateurs.

La colonne étant droite, la latitude d’inclinaison du faisceau atteint ± 40° par pas de 0,1° ce qui peut paraître un luxe en champ proche mais est indispensable au lointain pour atteindre une grande précision dans la délimitation de la zone à couvrir ou à exclure.
L’ouverture du faisceau qui varie naturellement en fonction de la longueur de la colonne et du spectre à reproduire, est réglable entre une tête d’épingle et 90°, quasiment la réponse d’une enceinte point source.
Qui plus est, il est possible de travailler en négatif, à savoir exclure une zone et rétablir la couverture au-delà de cette zone.

Le Fohhn Interlock

Qui dit touring, dit rapidité et simplicité de mise en œuvre d’un système. Focus Venue dispose à cet effet de quatre accroches rapides et sécures, permettant de constituer des colonnes très facilement sans besoin d’aucune pièce ou outil additionnel.
Des accessoires sont prévus tels que des frames, des chariots verrouillant les éléments et prévus pour être pris par des fourches de Fenwick et même un pull back afin de pré-incliner toute la colonne et aller ainsi au-delà des 40° ou bien ne demander qu’une partie du tilt aux DSP de bord.

Le chariot très costaud portant une tête FV-100 et une unité de grave FV-200. Sur la tête est verrouillé un frame dont l’épaisseur de l’acier trahit le poids important des éléments, 92 kg pour le FV-100 et 135 kg pour le FV-200.

Le poids des mots, le choc des faisceaux

Chassez le naturel, il revient au galop. Uli Haug, les mains sur la console DiGiCo servant de matrice entre les différents systèmes, pendant que Daniel Borreau joue avec sa souris à fil et fait voler le son de sa voix.

La première démo sonore effectuée par Daniel après cette mise en bouche théorique est particulièrement instructive. D’un simple coup de souris, il fait disparaître sa voix ou plutôt, la remonte et la plaque contre le plafond et les gaines métal de la ventilation qui deviennent immédiatement sonores, là où au sol nous perdons toute pression en champ direct. C’est réellement saisissant, d’autant plus que ces mouvements en temps réel se font sans aucun bruit parasite apparent, un peu comme on éclaire ce que l’on veut avec une torche.

Le premier extrait musical de cette soirée est la version studio de The latest trick de Dire Straits, avec ses aigus cristallins, sa charley vitaminée et pour tout dire trop forte et son pied sec et assez haut perché. Le rendu par Focus Venue est exactement celui du disque que nous connaissons tous par cœur et dont votre serviteur possède la version SACD. Les 64 moteurs face à nous sont précis à l’extrême. Ca claque et ça tape comme jamais avec un calage qui aurait mérité d’être un peu adouci et baissé de quelques dB dans le haut.

Gilles Hugo, traducteur, Daniel Borreau, interviewer et Chris Bollinger écoutent Chris Madden

Le bas médium et le grave qui retrouvent de la membrane et un arc sub de PS-9, apportent le complément d’âme nécessaire à chauffer et assoir le tout. Précisons immédiatement que ces impressions d’écoute sont à prendre avec des pincettes tant ce système est puissant, à très longue portée et que la salle où il est déployé, pour grande qu’elle est, ne permet ni le recul, ni le volume d’air nécessaires à son épanouissement.

L’écoute suivante bénéficie de la présence de Chris Madden qui mixe Anastacia et a été l’un des premiers techniciens à utiliser en salle Focus Venue avec cette artiste lors d’un showcase. Il a été invité à cet effet chez Fohhn pour découvrir le système et faciliter sa prise en main. Il est spécialement présent à Paris avec un multipiste en 96 kHz du concert et son mix sur S6L pour démontrer les capacités live de ces immenses colonnes.

Chris Madden sur sa console 6L prêtée pour l’occasion par Avid.

Malheureusement, autant l’artiste et ses musiciens délivrent une performance de qualité, le mix très, très anglais de Chris, compressé au-delà du raisonnable et assez peu équilibré, ne permet pas de juger du rendu de ce système avec de la musique live, au-delà du fait que Focus Venue peut envoyer le bois, un train de stères de bois. On profite néanmoins de ces quelques notes puissamment jouées pour passer derrière les colonnes et constater qu’en dehors des subs PS-9, rien, absolument rien ne subsiste au-delà des retours de la salle. C’en est impressionnant car pendant que devant on a largement 105 dBA, derrière on peut se parler sans se fumer les étagères à mégots.
L’écoute oreilles reposées du lendemain matin confirme la première bonne impression. Sans subs et sans aucune égalisation, le système composé de deux têtes et deux unités de grave par côté – ce qui équivaut peu ou prou à 8 têtes de line array en deux fois 8 ” par côté – donne pleine satisfaction et délivre un grave solide auquel il ne manque que la dernière octave et un peu de niveau sur celle au-dessus.
La brillance et le côté un peu mordant dans le haut est bien atténué, ce qui prouve une fois encore la nécessité d’un réel calage du système.

Au cœur de la boîte avec Chris

Nous profitons de la présence de Chris Bollinger pour en savoir encore plus.

SLU : Comment effectue-t-on la mise en phase d’un système comme Focus Venue ?

Chris Bollinger : « Tout d’abord nous avons la possibilité de faire varier la fréquence de raccord entre les subs – dans notre cas des PS-9 – et le module bas médium FV-200 dont la réponse en fréquence va de 60 à 800 Hz. Ensuite il faut choisir et régler la zone de couverture des FV-100 et ensuite celle des FV-200.
Ce réglage est double et se fait séparément, d’autant qu’en fonction de la longueur de la colonne, la directivité du grave change. Dans le cas de la colonne que nous avons ici, 2,60 mètres, cela nous donne une possibilité de réglage jusqu’à environ 250 Hz. Une fois que ces deux réglages sont faits, on cale les délais entre haut et bas car le trajet n’est pas le même. Pour cela on emploie des sweeps autour de la fréquence de raccordement et on cherche un gain de 6 dB. Enfin on cale les subs. Bien entendu dans le volume que nous occupons, on a dû calmer de 80 à 130 Hz, mais pour le reste, les rideaux latéraux jouent bien leur rôle.

Uli Haug et Chris Bollinger

SLU : On a vu des photos où têtes et renforts sont soit en haut soit en bas et parfois les deux sont séparés en deux colonnes juxtaposées…

Chris Bollinger : On place comme on veut les modules. Il n’y a aucun recouvrement entre les deux et les pentes du filtre sont à plus de 30 dB/oct, il n’y a donc pas de risque.
En revanche pour que le couplage entre les renforts FV-200 soit une réalité, il ne faut pas interrompre la colonne. Il suffit de placer les aigus en partie en haut de la colonne et le reste en bas.

SLU : Combien de dB perd-t-on en basculant en mode cardioïde ?

Chris Bollinger : On en perd 6 devant, essentiellement dans l’octave 60 à 120 Hz mais plus de 20 db derrière. C’est donc un nettoyage très efficace voire indispensable en cas de captations multi micros comme en classique. En revanche il y a des applications comme par exemple le couplage de 5 colonnes de FV-200 à la verticale d’un plateau central (à la TM Array de Meyer NDR), où cette énergie est utile, et j’ai conçu un design pour un show où justement ce surplus entre 60 et 70 Hz lié à l’exploitation du plein potentiel des FV-200, m’évitera d’ajouter des subs au sol.

SLU : Et « lesser is better en audio »

Chris Bollinger : Toujours. Il peut aussi être intéressant de jouer avec un mur dès lors qu’on peut être par exemple à 30 cm de ce dernier. Dans ce cas on peut récupérer une partie de l’énergie sans basculer en cardioïde. Quoi qu’il en soit, notre système ne fait appel à aucun haut-parleur supplémentaire, on modifie simplement le trajet de l’onde arrière. La mise au point de ce système a pris du temps car tout ce qui est mécanique doit être testé afin de garantir son parfait fonctionnement dans le temps avec les contraintes d’une manipulation parfois brusque.

SLU : On voit sous chaque module, une partie qui semble ouverte aux deux extrémités.

Chris Bollinger : C’est normal. Dans chaque module il y a un pavillon et ils se couplent quand on assemble les lignes.

Parfaitement soulignés par un heureux spot rouge, les bas des modules montrent l’ouverture faisant en quelque sorte communiquer un pavillon avec un autre. Cette ouverture existe aussi en tête de module.

SLU : Où en est-on de la finalisation des presets de Focus Venue ?

Chris Bollinger : Nous y travaillons à l’heure actuelle (inter effectuée le 20 novembre 2017 NDR). Nous ne savons pas encore si nous allons livrer un preset contenant des variantes qui tiennent compte du nombre de modules et de leur placement ou si l’on va n’en livrer qu’un accompagné d’une sorte de manuel expliquant les variations à opérer dans le calage pour tenir compte de la nature de son système. Notre système n’est pas difficile à mettre en œuvre.

SLU : Quel est le prix à payer quand on tire trop sur les DSP, je pense par exemple à un faisceau dévié au maximum à 40°.

Chris Bollinger : On entend quelque chose au-delà de 30°. Si l’on doit aller au-delà, il est bien plus malin de tilter la colonne mécaniquement, chaque module embarque pour cela un inclinomètre. 40° génère aussi des réflexions avec les ébénisteries et la grille avant. A 30° c’est parfait, on perd juste un peu d’énergie.

SLU : C’est facile de diriger des fréquences basses ?

Chris Bollinger : Bien sûr, beaucoup plus ; Il n’y a pas de lobes secondaires car les HP sont très proches les uns des autres, et c’est pour cela que nous n’avons que 4 amplis et 4 couples de 10”. L’avantage de Focus Venue par rapport à un line array classique c’est que nous travaillons le grave et l’aigu séparément, alors que dans le traditionnel, le couplage rend le grave directif pendant que la courbure de la ligne répartit l’aigu sur une zone plus importante. Ce n’est pas cohérent. Autre avantage énorme, l’absence de lobes secondaires que nous nettoyons très efficacement, nous apporte plus de précision et moins d’annulations de phase par réflexion notamment avec le sol. Contrairement à la légende qui veut que le beam steering soit nocif pour le son, c’est exactement l’inverse.

SLU : Comment se raccorde-t-on aux modules ?

Chris Bollinger : L’audio peut être fourni soit directement en AES/EBU, soit via notre protocole AIREA. Ce dernier comporte l’audio en AES/EBU mais en plus véhicule une tension de 50 V pour la commande des amplis et Fohhn Net Control pour avoir la main sur les DSP et rapatrier leurs données. AIREA permet de séquencer l’allumage des modules si ces derniers sont cascadés. La distance maxi pour le câblage reste 100 mètres essentiellement à cause de l’AES/EBU, mais dès la première enceinte connectée, le signal audio numérique est reconditionné dans chaque module. L’entrée numérique accepte toute fréquence rentrante mais convertit au format de travail qui est le 48 kHz, 24 bits.

SLU : Quelle est la latence du système ?

Chris Bollinger : Extrêmement faible car nous n’employons pas de filtrage FIR. Précisément de 0,84 millisecondes contrairement à l’ensemble de la concurrence qui retarde beaucoup plus pour effectuer du beam steering. Nous sommes très fiers du résultat de tant d’années de travail, et aussi du fait que toute l’électronique de calcul et de puissance est conçue et fabriquée chez nous.

Nouveaux subs et amplis

SLU : Sauf celle qui équipe les subs PS-9

Chris Bollinger : C’est exact. Mais nous sommes sur le point de finaliser nos nouveaux subs en 2×18”. Nous préférons ici encore développer notre propre matériel. Nous en avons besoin pour Focus Venue et qui plus est ils doivent pouvoir être accrochés, mais une version sans ferrures sera aussi disponible.
Ce nouveau sub est passif, équipé de haut-parleurs très puissants à très longue excursion et est équipé d’un évent particulièrement raffiné. On dispose chez Fohhn d’un ingénieur spécialisé dans les fluides qui a passé beaucoup de temps avec fumée et caméra pour l’optimiser et gagner encore du niveau. On aura aussi une version à un seul 18” et des modèles plus petits.

Une vue du nouveau sub 2×18″ simplement montré en statique lors de cette présentation de Focus Venue. Regardez-le bien, c’est le seul exemplaire qui existe pour le moment. La grille risque aussi de changer pour favoriser le plus possible le flux d’air.

Tous bénéficieront de la nouvelle ligne d’amplis maison et qui délivre, ou va délivrer en fonction des modèles et par canal, de 500 W à 4 kW. Il y aura à terme 6 modèles. Sur un châssis commun, ils acceptent des blocs à l’arrière qui comportent l’électronique nécessaire ainsi que les prises correspondantes. Cela leur offre la possibilité d’être attaqués sous différents formats et, en sortie, de pouvoir satisfaire l’installation avec des Euroblock et le touring avec des Speakon.
Tout nouveau format peut donner lieu au développement d’un bloc spécifique. Pour le moment on a Dante, Optocore, AES/EBU et analogique. L’autre particularité de ces amplis est d’être en mesure de soutenir la puissance de crête pendant 10 secondes, ce qui dénote d’avec les autres fabricants qui affichent une moyenne de 100 ms (un peu plus chez certains NDR). On ne sait pas si on gardera une valeur aussi élevée ou si on descendra à 5 ou peut être 3 s, mais quoi qu’il en soit, cela reste très important.

Le futur Fohhn DI-4.1000. Sobriété et efficacité.

Le même DI-4.1000 côté pile, rien de tel pour comprendre un appareil. Les modules sont ici en entrée l’AES/EBU et en sortie le Speakon. Remarquez aussi le port vert Status Control prêt pour l’emploi de cet amplificateur dans une configuration d’évacuation.

SLU : Vous avez la capacité de sortir d’un ampli, la puissance max sur des charges comme des subs pendant dix secondes sur tous les canaux à la fois ?

Chris Bollinger : Non, impossible sur une prise 16A. Mais sur un de nos amplis de 2×4 kW, un canal seul peut délivrer 4 kW en continu. Nous employons un PFC, un transformateur Planar et une topologie qui recycle le courant retour des haut-parleurs (et sans doute aussi une batterie de chimiques à forte capacité et très haut voltage en sortie d’alim et en sortie de PFC. NDR)

SLU : As-tu eu la possibilité d’écouter ton nouveau sub alimenté par ce qui sera son futur ampli et de comparer avec le PS-9 ?

Chris Bollinger : Oui, j’ai eu cette chance la semaine passée, et je peux te dire que c’est encore plus précis. Un système processé s’entend à bas niveau, la boucle d’asservissement se fait remarquer. Rien de tout cela avec nos futurs subs. Et ça tape très fort.

SLU : En termes de SPL ?

Chris Bollinger : Il est moins puissant que le PS-9. Il en faut presque deux pour pouvoir délivrer la même pression, mais ça ne me gêne pas. Avec ces nouveaux subs on va pouvoir créer des colonnes, des 360°, des colonnes cardio et surtout on pourra jouer avec la directivité via notre soft qui est très pratique puisqu’il calcule tout à ta place. »

PT-70. Quand il n’y en a plus, il y en a encore

Une dernière enceinte attire notre regard, accrochée très haut dans la salle. Elle développe une puissance peu commune avec un très joli respect du son malgré sa taille raisonnable. Bingo, c’est encore une nouveauté et s’appelle PT-70. Elle accepte 900 W et 3,6 kW en crête et délivre140 dB SPL avec son preset.
Ce n’est pas tout. La PT-70 dispose du volet présent sur Focus Venue et faisant varier sa directivité à la demande, le système CDT. On desserre un frein, on fait coulisser ledit volet, on le verrouille à nouveau et le tour est joué. La directivité est passée en cardioïde. Temps nécessaire : 5 secondes. Comme nous l’a dit Chris, cette idée a été testée et validée sur cette enceinte et ensuite, une fois motorisée, transposée sur le module Focus Venue FV-200.

La PT-70 avec son étrier tout en haut de la salle à côté d’une colonne Focus Modular et bien éclairée par une découpe.

La face arrière de la PT-70 en mode omnidirectionnel que l’on reconnaît au rond blanc en bas de la grille. Si on fait coulisser le volet en bas, apparaît la forme de cœur caractéristique, et on est donc en mode cardioïde. Le gros 90° sur l’étiquette indique la directivité du modèle, ici une 90°x50°

Passive et ne pesant que 39 kg, elle embarque deux 12” à longue excursion placés dans une chambre de compression et un pavillon, et un moteur de 1,4” débouchant sur un guide à directivité constante ouvrant à 90°x50° ou bien 60°x50° en position centrale, un montage quasi coaxial.

Le guide du moteur 1,4″ placé au milieu de l’enceinte, entre les bouches de sortie des pavillons des 12″.

Une vue de la chambre de compression placée face au dôme d’un des 12″. Le reste de la membrane est chargé par un pavillon qu’on devine. On sait comment faire grimper aux étoiles la sensibilité d’une enceinte chez Fohhn…

Conclusion ou Abschluss

Focus Venue, PT70, nouveaux subs, nouveaux amplis, vous l’avez compris, à Francfort cette année, ça ne va pas chômer sur le stand Fohhn et on risque d’avoir du mal à déguster les dernières cochonailles et les belles quilles du couple infernal Uli & Daniel tellement ils vont être sollicités. Il n’en reste pas moins qu’on tire notre chapeau à Fohhn et à l’esprit d’innovation qui habite réellement chaque membre de son équipe.

Derrière un slogan accrocheur mais parfois bien loin de la réalité comme leur : « The future of the line array is straight » se cache une réalité qui marche et qu’il faudra juger dans des conditions réelles et pour ça, quoi de mieux que d’avoir une ligne Focus Venue pour une presta ?
A l’instant où vous lisez ces lignes, Rock Audio a investi dans un système constitué de deux FV-200 et d’une tête FV-100. 150 dB SPL prêts pour toutes les démos et, avec l’aide de la maison mère, pour servir tous les projets les plus ambitieux. Pas de pitié pour les bananes coudées. En Allemagne on les préfère droites !

D’autres informations sur le site Rock Audio et sur Le site Fohhn

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