Nouveauté Prolight+Sound 2017

P1, la boite magique de L-Acoustics

On l’attendait avec une certaine curiosité, nous n’avons pas été déçus. Le P1 qui n’arrivera sur le marché qu’à la fin de cette année, est un outil original qui va monter en puissance au fil de ses mises à jour mais rendra, dès son lancement, pas mal de services car il offrira trois fonctions différentes en 1U et absentes jusque lors de la sphère marcoussienne. L’art de se rendre indispensable en somme.

Stéphane Ecalle en pleine présentation et détaillant le bloc DSP et ses fonctions principales.

Nous vous proposons d’en découvrir les fonctions principales avec Stéphane Ecalle, le directeur du markéting de L-Acoustics et ensuite de développer certaines d’entre elles avec Florent Bernard qui supervise l’application des solutions L-Acoustics sur le marché du Touring.

Les trois fonctions principales de P1 rappelées sur ce slide avec une image de l’affichage qu’on pourra notamment avoir lors des fonctions de mesure.

Stéphane Ecalle : “P1 est à la fois un processeur audio dédié à la façade, un bridge réseau et un outil de mesure. L’association de ces trois fonctions est une première mondiale. Le bloc de processing audio offre des fonctions d’égalisation, de sélecteur de console et peut servir aussi pour distribuer le signal.
Le nombre d’entrées total est de 16, réparties entre 4 micros/ligne, 4 lignes, 4 AES/EBU et 4 AVB. Ces 16 entrées peuvent être routées indifféremment vers les sorties respectives mais aussi transiter par un mixeur matriciel qui au travers de 4 bus, permet d’accéder au DSP où un certain nombre de possibilités sont offertes comme 16 filtres IIR traditionnels et autant de filtres FIR.

La section bridge, ou comment passer simplement d’un format à un autre avec en plus une matrice qui donne accès aux bus DSP.

P1 peut aussi être employé comme bridge, en français un convertisseur de format, entre des signaux micro, ligne, AES/EBU ou AVB. Cette conversion peut s’effectuer directement ou bien en exploitant le DSP pour y adjoindre ses fonctions d’égalisation au sens large du terme. Dernier bloc, la station de mesure, est sans doute la fonction la plus puissante et novatrice.
Un technicien système va, par exemple, pouvoir effectuer une mesure multi-micros grâce aux 4 entrées prévues à cet effet en face avant, 4 mesures ou plus s’il le souhaite, et ensuite les nommer et les stocker dans son ordinateur.

Le bloc DSP de P1 et la manière d’y accéder.

A partir de cet instant, il peut quitter la salle et travailler off-line des fonctions comme le calage temporel des différents points de diffusion, les égaliser en comparant la mesure à sa simulation, et ensuite transférer ces données à LA Network Manager pour programmer automatiquement les contrôleurs.
Un click et le système est calé. P1 s’insère donc logiquement et de manière totalement transparente dans le réseau L-Acoustics en y apportant de nouvelles fonctions. Il n’est donc conçu que pour les produits L-Acoustics.
P1 va être disponible d’ici la fin de l’année et les quelques fonctions dont je vous ai parlé ne sont qu’un avant-goût de ce qu’il sera en mesure de faire. La puissance DSP dont il dispose est très importante et ne sera exploitée qu’avec le temps.”

Autant vous le dire tout de suite, après cette présentation aussi exhaustive que succincte, nous nous sommes mis en chasse d’info et c’est Florent Bernard qui nous a répondu. Merci à lui pour ces quelques précisions indispensables pour mieux comprendre cet outil et sa philosophie.

P1 accompagné par le processeur L-ISA. Qui a dit que L-Acoustics c’est juste du bois ?

SLU : D’où vient le P1, est-ce une idée ou bien la réponse à une demande ?

Florent Bernard : Un peu des deux. On a reçu beaucoup de demandes de nos utilisateurs pour leur fournir un bridge AVB, un mixeur et un processeur FOH. Y ajouter beaucoup de ressources DSP et une section de mesure complète a évité l’écueil du simple me too-product et ont rendu P1 très novateur et utile à toutes les étapes d’un show.

SLU : Si on a bien compris la partie mesure, il faut que l’acquisition soit la plus complète possible, en tous points et sur chaque ensemble du système…

Florent Bernard : Exactement ! Si on part de l’exemple d’un système avec deux lignes et des subs, il faut en faire l’acquisition pour chacune des positions, ce qui va permettre par la suite en post-processing de faire la sommation, de regarder si ça se passe bien de manière moyenne dans la salle, et de prendre le meilleur compromis. Si par exemple tu as pris une douzaine de points de mesure, tu peux égaliser sur cette moyenne et mettre tes filtres d’absorption de l’air sans avoir besoin d’être sur les lieux.

Florent Bernard, manifestement très heureux de la prochaine arrivée de P1 dans l’univers du touring de L-Acoustics dont il dirige les applications.

SLU : De quoi te sers-tu dans ton ordinateur pour faire tout ça?

Florent Bernard : D’un plug spécifique de Network Manager. Quand tu reconnectes ton portable sur le réseau, tu peux naturellement pousser tes réglages dans les contrôleurs.

SLU : Est-ce que P1 dispose d’une sortie écran ?

Florent Bernard : Non, il s’insère dans le réseau du Network Manager, il s’interface et apparaît dans L-Net comme une unité additionnelle. L’orientation que nous prenons c’est d’être mono interface et ne pas avoir besoin d’ouvrir plusieurs programmes et fenêtres en même temps.

SLU : C’est donc Network Manager qui va disposer d’un onglet P1 ou RTA ce qui permettra d’afficher ce que P1 enverra ?

Florent Bernard : En quelque sorte oui, quelque chose de cet ordre.

La section analyse et tuning de P1 en anglais dans le texte for our English readers ;0)

SLU : Quatre mesures simultanées sur quatre entrées n’est pas un peu court, je pense à un certain Vladimir…

Florent Bernard : Dans un futur relativement proche il sera possible d’opérer plus de mesures en même temps en opérant plusieurs P1 linkés.

SLU : Tu dois rentrer pour chaque train de mesures leurs paramètres spatiaux.

Florent Bernard : Bien sûr. Il faut que les utilisateurs ordonnancent leurs groupes en fonction de ce qu’ils ont envie de mesurer après coup. Mais c’est quelque chose qu’on fait toujours comme le main left, le main right, outfill left, outfill right, un groupe ALL… Une fois que chaque groupe est mesuré à une position donnée, la relation se crée naturellement entre position, groupe et mesures, et l’ensemble est sauvé avec le fichier de session. Quand tu rappelles ce fichier, les contrôleurs, le système et les mesures qui correspondent sont à nouveau disponibles. Cela va grandement faciliter les campagnes de mesures et les rendre moins fastidieuses car en général deux semaines après, on ne se souvient plus trop de ce qu’on a fait.

La photo officielle de P1.

SLU : Où en est-on du développement de P1 ? Le hard semble figé, mais quid du soft ?

Florent Bernard : Le logiciel en lui-même, qui a été développé sur Matlab, a été prototypé pendant près de 2 ans. On fait donc pour le moment du portage qui sera suivi d’une phase de beta interne et ensuite une phase pilote avec des gens et des sociétés que nous n’avons pas encore choisies. Il est important de rappeler, comme l’a précisé Stéphane, que nous allons sortir une V1 mais que rapidement arrivera une V2 et une V3. P1 est une plateforme très évolutive.

SLU : Est-ce qu’il sera possible d’utiliser simultanément P1 en tant que bridge, mixeur et DSP, tout en ayant une visu de RTA ou une fonction de transfert ?

Florent Bernard : Très probablement oui. C’est prévu dans le futur même si ça ne sera pas dans la V1. Pour le moment on va implémenter dans la partie mesures des capacités d’acquisition et de post processing, mais on aura rapidement aussi une section RTA de surveillance et de calcul des niveaux.

SLU : Les process seront cloisonnés entre la partie analyse et celle processing ?

Florent Bernard : Bien évidemment. C’est essentiel pour la fiabilité de l’exploitation.

Inutile d’insister, il n’en dira pas plus !

SLU : Dans un monde idéal, si tu chiades ta partie étude avec Soundvision qui est devenu une machine de guerre, ton système doit te donner à un pouillème près, un résultat parfaitement prédictible. A quoi bon aller aussi loin du côté analyse avec P1 alors que tu sais tout à l’avance ?

Florent Bernard : Tu sais tout mais avec certaines limites qui sont par exemple dues au fait que Soundvision ne travaille que le champ direct donc on ne prend pas en compte tout ce qui est réfléchi du fait de la salle ou du public. Il est vrai que faire une cartographie de réponse de magnitude ou de délai est beaucoup plus puissant que de vérifier sur site, puisqu’on va avoir une vision complètement globale et à l’avance, mais il reste la phase de la vérification. Tu as dit que Soundvision est un outil très performant… ce n’est pas fini ! (gros sourire NDR).

SLU : C’est une question récurrente, mais l’intrusion bénéfique de P1 relance le débat de savoir quand Soundvision et LA Network Manager vont…

Florent Bernard : Quand est-ce que tout cela converge ? (rires) ! C’est la voie du futur. Les deux softs ont été très différents et développés par des équipes distinctes mais cela est de moins en moins vrai. La convergence de tout ça est certainement la voie du futur. La modélisation, l’exploitation, la mesure, la vérification, associer le tout paraît évident et ça se fait petit à petit. Si tu décomposes notre travail en trois grandes étapes, il y a la partie d’étude, celle d’installation et enfin celle d’exploitation.
Soundvision assure l’étude, et fournit aussi un rapport d’installation en donnant le placement des enceintes et l’angle inter boites. Network Manager chevauche quelque peu en créant le réseau et en prenant la main sur les contrôleurs en assurant le réglage des systèmes. Reste la partie exploitation à proprement parler où n’intervient que le Manager. On sent donc que ces deux softs se chevauchent et pourraient dans un avenir… (rires) à venir se rapprocher encore plus.

Il faudra faire preuve d’un peu de patience avant de mettre les mains sur P1 à moins que vous soyez associé à la phase pilote. Veinard !

SLU : Comment allez-vous aborder la formation à P1, ça complique un peu la chose..

Florent Bernard : Ca complique mais ça simplifie aussi. C’est une plateforme qui est développée en interne, donc nous serons en mesure de former les techniciens d’autant plus facilement. L’intérêt aussi d’intégrer cet outil dans notre offre est de standardiser les outils et la méthodologie, ce qui aura pour effet de simplifier la communication entre tous les utilisateurs parce qu’ils parleront le même langage.

SLU : Votre formation va donc beaucoup évoluer…

Florent Bernard : Oui car à l’heure actuelle il y beaucoup de solutions logicielles pour faire le travail que réalisera P1. Il n’y en a pas forcément une meilleure qu’une autre, chacune a son approche, mais en proposant P1, on structurera notre formation et on développera une méthodologie commune.”

Crédits - Texte & photos : Ludovic Monchat

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