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L-Acoustics Connect 2025, un nouveau sens à la technique

Texte : Ch. Masson - Photos : Ch. Masson, L-Acoustics

Si la Philharmonie de Paris est un haut lieu de la musique, elle aura aussi été, pendant trois jours et à l’initiative de L-Acoustics, celui de la technique audio. La première édition de l’événement L-Acoustics Connect y a réuni des techniciens de la sonorisation du monde entier.

Mixant habilement un programme riche de conférences, de présentations et de keynotes avec des sessions de formations, le moment était exceptionnel. Ceux qui y participaient ont pu rapidement mesurer leur chance. Pour tous ceux qui auraient sûrement aimé y assister et en attendant la prochaine édition, nous vous proposons d’en relater quelques temps forts.

Différentes tendances se dégageaient pendant ces trois journées très intensives, révélant avec évidence les axes de développement choisis par L-Acoustics ainsi que les domaines de compétences considérés comme primordiaux pour les ingénieurs systèmes, techniciens, régisseurs et ingénieurs du son.
On notera particulièrement une volonté de développer l’usage de la spatialisation en proposant des outils et des équipements adaptés (qui y serait opposé ?) et la volonté d’améliorer encore la technique line array avec la nouvelle génération d’enceintes à courbure fixe du système L2.

C’est parti. Premier jour. Il est 8h30 et nous sommes un peu moins de 300 réunis dans le Grand salon panoramique au 5e étage de la Philharmonie, avec vue sur Paris et le parc de la Villette. Le ton est donné avec pour commencer une présentation du service et du programme d’éducation de L-Acoustics par son directeur Etienne Corteel. C’est une journée de formations qui débute. Chaque participant avait pu au préalable s’inscrire à celle de son choix parmi : Festival Project Workshop, Touring Project Workshop, Variable Couverture Line Source, L2 System, Loudspeaker systems Calibration, M1-P1 measurement and touring, et la toute nouvelle Sub-Low Frequencies qui a été prise d’assaut.

Arica Rust (Éducation et vulgarisation scientifique L-Acoustics) pour la formation Ligne Source à Courbure variable.

Certaines formations axées sur des développements pratiques comme la calibration ou les systèmes L2, imposaient des prérequis comme la maîtrise de logiciels L-Acoustics, d’autres étant purement théoriques n’en nécessitaient aucun, comme celle sur les systèmes ligne source à courbure variable. Il est impossible de rentrer dans le détail ici, ce serait trop long, mais il est important de saluer l’effort porté par L-Acoustics à transmettre une compétence technique.

Pour beaucoup de techniciens qui n’ont pas forcément suivi un cursus d’éducation, ces formations L-Acoustics sont un moyen d’acquérir les connaissances théoriques, mathématiques et physiques pour comprendre et appréhender avec justesse les caractéristiques d’un système de sonorisation, indispensables et dissociées de la marque. Et pour ceux qui ont suivi une éducation spécialisée, c’est un bon moyen de refaire le point sur ses connaissances.

Le programme éducation de L-Acoustics propose 22 formations adaptées à 6 profils d’apprenants, de l’étudiant à l’expert. Ces formations sont dispensées à travers le monde par 120 formateurs certifiés, diversifiées en trois profils, un tiers de formateurs internes à L-Acoustics, un tiers de partenaires qui sont formés et certifiés comme centres de formation agréés, un dernier tiers de consultants free-lance.

L’ensemble des formations proposées par L-Acoustics.

Une collaboration est aussi développée avec des écoles et des universités au niveau international qui intègrent dans leur cursus, une partie des formations, à l’identique du format original, comme c’est le cas au CNSM de Paris.

Après la formation, le test d’évaluation, réussi à plus de 80%, permet d’obtenir sa certification.

A l’issue de chacune des formations, un examen permet d’évaluer l’assimilation pour délivrer en cas de succès un véritable certificat professionnel. Une partie de ces formations est certifiée AVIXA (Audiovisual and Integrated Experience Association), une association internationale qui reconnaît et valide les connaissances et les compétences des professionnels de l’audiovisuel. En 2024, 11 000 certifications ont été délivrées à travers 1 256 sessions.

C’est une croissance de 35% par rapport à 2023. Pour faciliter ce fort développement, la plateforme éducation de L-Acoustics a été mise en place en 2020 sur le web et compte maintenant 16 000 utilisateurs. Chacun, sur cette plateforme, dispose de tout ce dont il a besoin pour suivre son parcours éducatif : les documents liés aux formations suivies, aux formations en cours, ses évaluations et bien sûr ses certificats.


Etienne Corteel, Directeur de l’Éducation globale L-Acoustics.

SLU : Cet événement révèle l’importance de l’éducation pour L-Acoustics ?

Etienne Corteel : L’éducation est dans l’ADN de L-Acoustics. Depuis le début, dès l’apparition du V-DOSC, nous avons accompagné les techniciens et les ingénieurs sur les tournées pour leur expliquer ce qui changeait dans la façon de travailler. Ceci a permis de créer une communauté de professionnels certifiés qui a largement contribué au succès de nos solutions.

En pleine formation L2 System sur le parc de la Villette.

SLU : L’accès au L-Acoustics Connect était-il gratuit ?

Etienne Corteel : Pas tout à fait. Chaque participant devait s’inscrire à une formation, et les accès aux deux autres journées étaient offerts. Nos formations sont payantes pour couvrir les coûts d’exploitation de manière à ne pas limiter le déploiement de notre département Education. Le cadre de la conférence L-Acoustics Connect est un peu différent du schéma standard. Nous désirions faire un cadeau à notre communauté pour la remercier.
C’est une opportunité pour elle de se retrouver dans un événement purement technique. Il était naturel, en tant que fabricant français, de réaliser la première en France. L’audience en revanche est internationale, avec des participants d’Asie, des Etats-Unis et d’Europe. Un questionnaire de suivi nous donne déjà un retour extrêmement positif avec 95% de participants qui déclarent vouloir revenir, et 5% peut-être.

SLU : Cette notion de communauté est importante ?

Etienne Corteel : Notre rôle est en effet de la développer. Par exemple, nous avons aussi collaboré avec l’association Sound Girls qui favorise l’intégration des femmes dans les métiers de l’audiovisuel en offrant à 8 ingénieures du son une prise en charge financière de leur séjour. Favoriser l’émergence d’une population féminine au sein de la communauté audiovisuelle est une de nos préoccupations, comme en témoigne aussi la composition de mon équipe.

Les Workshops Touring et Festival avec Vladimir Coulibre pour une approche globale et structurante.

SLU : L-Acoustics privilégie son rôle d’éducateur ?

Etienne Corteel : Nous développons un écosystème complet : produits, logiciels, formations et support. C’est pour cela que nous investissons beaucoup sur ses départements qui ne sont pas des sources de profit, mais des composants essentiels pour développer non plus de simples produits mais des solutions et des systèmes.

SLU : Vos formations sont bien plus que de simples formations produits ?

Etienne Corteel : Si certaines formations ont des formats théoriques indispensables pour renforcer le “pourquoi”, d’autres plus axées sur les produits répondent davantage au “comment” et au “quoi”. Nous développons également de nouvelles approches plus globales et structurantes, dont les ateliers animés par Vladimir Coulibre sur la tournée et le festival. Ils évoluent dans un cadre de référence, par exemple la diffusion sur la tournée de Juliette Armanet, dont tous les points seront abordés.
D’autres éléments sont ensuite mis en ligne dans l’espace éducation des participants certifiés pour leur apporter un contenu plus détaillé, par exemple des vidéos sur les solutions de rigging pour un système donné. Les formations sont également mises à jour avec une périodicité annuelle ce qui permet également à la communauté de suivre l’évolution de nos solutions.

Nicolas Epain, Chargé de cours, Expérience sonore L-Acoustics, nous parle de Réponse Émotionnelle.

SLU : Parmi les présentations, certaines comme celle sur la Réponse Émotionnelle animée par Nicolas Epain vont encore plus loin ?

Etienne Corteel : Nous voulons élargir le spectre de compréhension. Il est important de comprendre tous les phénomènes liés à l’audio. Nous voulons avoir des auditeurs satisfaits et nous devons être capable de mieux comprendre ce qui motive leur qualité d’expérience et leur envie de venir aux concerts.

SLU : Comment participer aux formations ?

Etienne Corteel : Sur notre site, le calendrier des formations recense toutes les sessions à travers le monde. Elles sont directement accessibles à tout professionnel de l’audio. Nous avons aussi des partenariats avec des centres de formation comme le CFPTS, Staff, Ubitech qui permettent de bénéficier de leur prise en charge dans le cadre de la formation professionnelle.

SLU : Et pour la prochaine édition du L-Acoustics Connect

Etienne Corteel : La prochaine édition n’est pas encore arbitrée. Mais oui, nous avons prévu de pérenniser l’événement avec une périodicité annuelle dans un lieu différent. Le prochain L-Acoustics Connect se tiendra sûrement dans un autre pays.

Point d’orgue dans les formations du deuxième jour, des keynotes et des entretiens qui nous ont permis de partager l’expérience L-Acoustics de prestigieux professionnels internationaux, comme Johnny Keirle (Adele, Pink, Billie Eilish, Foo Fighters), Marc Carolan (ingénieur FOH Muse), Eddie O’ Brien (ingénieur système Muse), Jim Warren (ingénieur FOH Radiohead, Peter Gabriel), Florent Bernard (Conseiller du conseil d’administration L-Acoustics), Vic Wagner (ingénieur Applications L-Acoustics Tom Petty, Maroon 5) et CJ Stimpel (Ingénieur Applications L-Acoustics Norah Jones, AJR, Mac Miller). Nous n’avons malheureusement pas le temps ici de retracer l’intégralité des échanges d’une très grande richesse. Nous explorerons en partie les propos très visionnaires de Johnny Keirl.

De gauche à droite : Florent Bernard, Conseiller du conseil d’administration L-Acoustics, Jim warren, Ingé FOH, Radiohead, Peter Gabriel, Eddie O’ Brien, Ingé système Muse, Marc Carolan, ingé FOH, Muse, Vic Wagner, Ingén Applications L-Acoustics Tom Petty, Marron 5 et enfin CJ Stimpel, Ingé Applications L-Acoustics Norah Jones, AJR, Mac Miller. Un panel de professionnels impressionnant, pour une approche technique riche et passionnante.

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Johnny Keirle présentait entre autres son travail d’ingénieur système sur les derniers concerts d’Adele, une partie en résidentiel à Las Vegas et une autre sur une tournée de 10 concerts dans un format stadium.

Johnny Keirle : “J’ai commencé en Nouvelle Zélande d’où je suis originaire (vous avez remarqué mon accent) comme ingé son studio. Rapidement, je suis passé au touring pour le mixage FOH. J’ai ensuite travaillé pour des artistes majeurs et j’ai très vite saisi l’importance d’une profonde compréhension du sound design et de l’organisation. Pendant ces quinze dernières années, j’ai conçu, en tant qu’ingénieur système, des systèmes pour de nombreuses tournées d’artistes comme Adele, Pink, Maroon 5, Billy Elish, Foo fighters et plein d’autres. J’ai vu pendant ce laps de temps relativement court, une très forte évolution technique.’’

Johnny Keirle, Ingénieur système Adele, Pink, Billie Eilish.

L’approche de Johnny Keirle est de créer une expérience audio unique, qu’importe la taille du projet. Il lui semble important de développer une approche beaucoup plus moderne que traditionnelle et d’innover par des méthodes qui challengent les normes et les standards préexistants. Ce qu’il appelle une conception système adaptative.

Johnny Keirle : “Le point le plus important dans mon travail et que je continue à privilégier est l’attitude. L’évolution du son live n’est pas dû seulement aux outils que nous utilisons, mais beaucoup à l’état d’esprit et à l’attitude que nous adoptons. Nous devons nous demander si nous concevons des systèmes de diffusion pour l’efficacité technique ou pour l’expérience que le public ressentira. Ingénieurs système et ingénieurs FOH, nous avons la responsabilité de dépasser les limites des traditions. ’’

Cela va de soi… bien que de nombreux intervenants restent attachés aux conceptions et aux méthodologies traditionnelles. Cependant, Johnny Keirle donne des arguments qui poussent à les dépasser.

Johnny Keirle : “La façon dont les personnes consomment de la musique a changé. Plateformes de streaming, système d’écoute de meilleure qualité, son immersif dans le grand public. Les technologies audiovisuelles ont évolué, leur compréhension et leur méthodologie aussi. Nous devons répondre au niveau de ces nouveaux benchmarks”

Les concerts d’Adele caractérisent parfaitement la nécessité d’un sound design adaptatif. Comment passer de l’intimité d’un show immersif résidentiel à Las Vegas pour quelques centaines de spectateurs à un show de 80 000 personnes dans un énorme format stadium.

Adele à Las Vegas, le système de diffusion L-ISA est invisible.

Johnny Keirle : “Maintenant nous avons plus d’outils, de meilleures techniques et d’options créatives que jamais. Le vrai challenge est de trouver comment utiliser le bon outil avec la bonne approche pour un concert, au lieu de refaire sans cesse ce que nous faisions avant. Chaque show, chaque salle, chaque artiste a des besoins particuliers. La conception d’un système doit servir la production des artistes, et rien d’autre.
C’est le rôle qu’un système immersif avec du mixage objet nous permet de jouer, en apportant des possibilités que nous n’avons jamais eu auparavant. Au lieu de réduire chaque show dans un format mono ou stéréo, nous avons maintenant la possibilité de construire une solution parfaitement adaptée à l’expérience sonore que nous voulons créer, que ce soit dans une solution totalement immersive ou dans une solution d’enceintes distribuées.

Le point ici n’est pas de savoir si l’immersif est le futur, mais de comprendre que le sound design repose maintenant sur de véritables décisions créatives et non pas seulement sur des aspects techniques.

Johnny Keirle : “Avec l’immersif, nous ne poussons plus l’audio dans la salle, nous le plaçons, avec profondeur et réalisme. Si vous avez la chance de pouvoir travailler avec un système L-ISA, vous découvrirez des nouveaux paramètres : contrôle total du placement horizontal jusqu’à 360 degrés, de la profondeur, de l’élévation, de la diffusion. Plus besoin de correction tonale pour régler les problèmes de masquage. Vous obtenez très rapidement un mix extrêmement dynamique qui sera perçu parfaitement par la majeure partie de l’audience. Le résultat est plus naturel, plus engageant, plus émotionnel et beaucoup plus impactant”.

Le mixage objet dans L-ISA permet de suivre la scénographie sur chaque titre d’Adèle. On aperçoit les boîtes du bas derrière le rideau en tuiles réfléchissantes.

Pour la résidence d’Adele à Las Vegas, ce n’était pas un mix stéréo adapté à un système immersif L-ISA, mais bien une totale création utilisant tous ses avantages. Maintenant, la seule limite n’est plus les outils techniques, mais comment les utiliser.

Johnny Keirle : Je n’avais aucune expérience avec L-ISA avant ce projet. Merci à la formation de L-Acoustics dont j’ai pu bénéficier. Basé sur une forte relation de travail et de confiance avec l’ingénieur FOH Dave Bracey, nous avons décidé de réaliser un mix objet complet des 96 sources dans L-ISA. Le projet était d’obtenir une véritable sensation de fusion audiovisuelle. Que l’audience puisse entendre les musiciens depuis leur localisation visuelle au point d’oublier qu’il y a un système de sonorisation.

La scénographie imposait d’importantes surfaces de projection sur toute la scène en largeur comme en profondeur, en occultant entièrement le système de diffusion. De nombreux tests ont permis de mettre au point une surface acoustiquement transparente. En plus, la salle devait pouvoir alterner entre l’utilisation du système L-ISA pour Adèle et le système standard en place pour les autres représentations. Encore un bel exemple d’une véritable approche adaptative.

Le système L-ISA mis en œuvre pour Adele à Las Vegas était composé de 7 lignes de 14 x K2 plus 2 extensions de 12 x K3, 2 ensembles de 8 subwoofers KS28, 2 outfills de 18 x KARA II, 29 spatial fills 5XT, 2 outfills en X8 et 8 subwoofers KS28 au sol.

Johnny Keirle : “L-ISA permettait d’adapter l’image sonore aux modifications de la scène dont le proscenium, à certains moments, était même retiré. Nous utilisons le Room Engine de L-ISA pour créer des espaces acoustiques différents afin d’accompagner les émotions du public sur les différentes chansons.

Cette première utilisation du système L’ISA a largement répondu aux exigences de l’ingénieur système pour cette production. Et c’est l’ingénieur FOH qui en parle sûrement le mieux.

Dave Bracey : “Un système stéréo gauche/droite sonnera toujours comme un classique système de sonorisation. L-ISA peut donner l’impression que vous regardez l’artiste et ses musiciens se produire sans vraiment savoir qu’il y a un système de sonorisation parce que vos yeux et vos oreilles sont en parfait accord. En d’autres termes, votre cerveau croit que ce que vous entendez et voyez est réel. Ce n’est pas une différence subtile, le mixage sur L-ISA est un plaisir ultime”

Maintenant oublions Las Vegas et retrouvons Adele dans son format de représentation de type Stadium.

Les shows au format stadium d’Adele.

Johnny Keirle : “Avec Adele, le premier focus est l’intégrité vocale, de manière à favoriser la connexion émotionnelle entre le public et sa voix, indépendamment de la salle et de son acoustique. Avec L-ISA, c’est facilement réalisable. En revanche pour les concerts en mode stadium, le challenge est plutôt différent.

SLU : Comment créer un environnement intime dans un si grand format sans perdre la personnalité de l’artiste ?

Pour ce type de show, un stade popup est spécifiquement construit, absolument énorme, 400 m de large et 250 m de profondeur pour 80 000 personnes. C’est un production massive qui intègre en plus un écran LED démesuré de 220 m de large sur 21 m de haut.

Le format Stadium d’Adèle, déployé sur 10 dates.

“Ma problématique majeure était comment reproduire l’intimité de la voix d’Adele que nous avions avec le système L-ISA à Las Vegas dans un format aussi large et comment maintenir la réponse en fréquence à travers toute la largeur et la profondeur de l’audience sans recourir à des ressources excessives tout en minimisant la pollution sonore hors site. Bien sûr, tout ceci en évitant toute obstruction visuelle de la scène et en supportant des conditions climatiques rigoureuses en termes de vent et de pluie. “

Économiser des places avec les tours de rappel en L2+L2D.

Si une bonne solution a pu être trouvée rapidement pour le système principal disposé au-dessus de la scène en gérant la largeur tout en minimisant l’émergences des basses fréquences, son extension sur la profondeur de l’audience était plutôt complexe.

Johnny Keirle : Le plan original de la production proposait trois tours de rappels ! Complètement inutilisable. Il a fallu convaincre la production d’ajouter 8 tours stratégiquement disposées pour permettre une couverture optimale des gradins arrière. Mais ces rappels étant positionnés à 150 mètres de la face, nous avions aussi besoin de rappels intermédiaires. Des tours traditionnelles ne pouvaient être une option, la vision aurait été altérée.
La solution très élégante a été de créer des tours de délais totalement conçues sur mesure, intégrant L2 et L2D accrochés à l’aide de la fixation Clamp1000 pour une parfaite orientation. La technologie Panflex a permis de préserver l’intégrité de l’image sonore et des transitoires, en minimisant les divergences sur les temps d’arrivée. Les tours de rappel pour les gradins intégraient 3 KS21 supplémentaires au sol. En plus, ces tours sont pratiquement invisibles.

SLU : Passer de trois tours dans le projet original à 14 tours dans le projet proposé a dû imposer un surcoût que la production aurait pu vouloir éviter

Johnny Keirle : Nous avons fait l’étude qu’une tour de rappel traditionnelle standard supprimerait 153 places sans compter celles où la vision serait obstruée. Nos tours sur mesure n’occupent que 45 places, avec moins d’obstruction visuelle. Nous avons calculé que, sur les 10 shows de la tournée, elles faisaient économiser 6 000 places à 385 euros, soit un total de 2 310 000 euros. Soudain il a été très facile de justifier le coût de ces rappels pour la production.

Le système de diffusion des concerts Stadium d’Adele se composait de : 2 main de 4 x K1SB + 12 x K1 + 6 x K2 en downfill accompagnés de 12 x KS28 en cardioïde, sur chaque côté un système de 4 x K1SB + 12 x K1 + 4 x K2 en downfill, et en outfill de chaque côté, un système de 2 x KS1B +14 x K2 accompagnés de 8 x KS28 en cardioïde. Au sol et par côté 12 x KS28 en arc hybride cardioïde et 12 x KARA II. Enfin pour la passerelle et par coté 6 x KARA II et 2 x A10. Les rappels comportaient six tours de délai intermédiaire composées chacune d’un L2+L2D et 8 tours de délai pour les gradins composée chacune d’un L2+L2D et de 3 KS21 en cardioïde.

Ces deux exemples sur un même artiste montrent bien qu’une approche de conception système adaptative, permet d’élaborer des solutions adaptées et très performantes.

Johnny Keirle : Nous ne devons pas seulement être fins, nous devons être meilleurs. Si je pouvais me permettre de donner quelques conseils aux ingénieurs systèmes et aux ingénieurs du son, je leur dirais ceci : Pensez de manière adaptative, chaque show est différent. Restez ouvert aux nouvelles méthodes, construisez un état d’esprit collaboratif et créatif et apprenez en permanence.”

Le nouveau système L2 de L-Acoustics a été largement mis en avant. Nous l’avons vu résoudre de manière élégante la complexité technique de la tournée stadium d’Adèle, et une formation lui était entièrement dédiée.

Les créateurs de L2 : de gauche à droite Genio Kronauer et Christophe Combet, directeurs exécutifs de la R&D L-Acoustics.

Cette conférence était aussi l’occasion de rencontrer ses deux créateurs. Depuis 12 ans, ils travaillent ensemble pour développer des systèmes de diffusion. Chez L-Acoustics depuis 2002, Christophe Combet a co-développé à son arrivée le logiciel Soundvision version 1 et 2 en 2004, puis s’est concentré sur la conception d’enceintes avec son premier bébé KIVA, puis K1, KARA et K2.

Genio Kronauer débuta en 2005 dans le développement du LA4 dont il était responsable de la carte DSP depuis l’Allemagne. En 2009, il devint naturel de penser que l’amplification et le traitement devaient fonctionner ensemble et de l’intégrer totalement dans les produits L-Acoustics, et pour cela il rejoint la compagnie et s’installe en France. En 2017, ils commencent tous deux à penser à un nouveau système, L2.

Christophe Combet : Avec K2, nous avions divisé par deux le poids par rapport au V-DOSC pour les mêmes performances et intégré le contrôle de la directivité horizontale avec la technologie Panflex. C’était le point de départ.

Genio Kronauer : Avec LA12X, nous avions aussi amélioré l’alimentation de l’amplification, doublé les capacités de traitement et intégré pour la première fois le réseau AVB pour le contrôle et les données. C’était le bon moment pour réfléchir à ce que serait notre prochain système.

Les motivations étaient de concevoir un système plus compact, plus léger, plus rapide à installer, permettant d’améliorer le contrôle du champ sonore et économisant des matières premières tout en offrant un design encore plus élégant pour une meilleure intégration.

A deux, la R&D c’est encore mieux !

Christophe Combet : la question était comment pouvons-nous faire tout cela pour toutes les applications : déploiement stéréo, distribué et bien sûr L-ISA qui faisait ses premiers pas. L-ISA nous a vraiment poussé à concevoir un système encore plus performant pour répondre au challenge du déploiement multicanal immersif.
Notre démarche a été de déterminer ce que nous pouvions atteindre en développant conjointement l‘enceinte et le traitement du signal qui lui serait dédié. Rapidement, la solution de packager les éléments d’un système line array en augmentant considérablement le coefficient ARF (Array Radiating Factor) s’est avérée être la meilleure opportunité d’amélioration.

Nous obtenons ainsi un front d’onde parfait et nous diminuons les lobes de diffusion en dessous et derrière le système. Cette approche offre aussi une grande opportunité d’économiser de nombreuses pièces d’assemblage et d’améliorer tous les facteurs clés de performances : le SPL/m2, le poids, la hauteur, le volume et les matières premières pour sa fabrication.

L’observation terrain indispensable pour concevoir l’angulation fixe de L2.

Genio Kronauer : Avec cette nouvelle approche d’enceinte à courbure fixe, la résolution du traitement du signal doit être doublée pour permettre sa calibration acoustique.

Christophe Combet : Pour nous, la meilleure solution doit être adaptative, couvrir une large zone verticalement et offrir dans l’aigu un niveau SPL/m avec un pas entre les moteurs HF équivalent à K1. Notre forte implication sur le terrain nous a permis d’analyser beaucoup d’applications et de tester de nombreuses formes de courbure pour nous assurer que cela fonctionnerait dans la plupart des cas. Tout ceci aboutit à deux enceintes pouvant être couplées et composées chacune de 4 modules pour 8 HF sur un front d’onde à courbure fixe et non constante, L2 et L2D.

La complexité était de pouvoir coupler ces deux boîtes sans créer d’interférences. Nous utilisons des moteurs HF haute puissance et des guides d’ondes DOSC. Le médium et le grave ont été travaillés pour avoir le contour LF de K2. Nous avons choisi des 10” et les avons complétés avec des 12” pour le LF contour et la configuration cardioïde, intégrés pour obtenir en front d’enceinte une parfaite mise en phase. Et avons ajouté le Panflex pour pouvoir adapter la directivité horizontale par module.

Genio Kronauer : J’ai demandé à Christophe ce dont il avait besoin dans un contrôleur amplifié pour atteindre les performances ultimes de ses enceintes. J’aime pousser les limites. La réponse a été : 16 canaux. J’aurais dû me taire… J’avais le challenge. Allons-y, construisons un contrôleur amplifié 16 canaux. Pour chaque enceinte, 8 canaux pour les drivers HF, 4 canaux pour les médiums et 4 canaux pour les 12”. Nous nous sommes ensuite posé la question d’intégrer l’amplification dans L2 et nous avons testé.

Christophe Combet : Le volume de l’enceinte était un paramètre clef avec notre conception cardioïde. Nous voulions aussi la boite la plus légère possible. Nous avions l’opportunité de n’avoir qu‘un ampli et un câble par enceinte, quand pour l’équivalent K2 il fallait 2 amplis, 2 câbles et 2 links. Mettre l’ampli dans la boîte et les problèmes que cela induirait n’était pas la bonne idée pour nous. Avec un cycle de vie sur nos enceintes qui dépasse les 15 ans, c’était aussi une bonne opportunité d’avoir un nouvel ampli potentiellement bénéfique à d’autres systèmes.

Le prototypage de L2.

Genio Kronauer : Nous sommes passés ensuite à l’ingénierie du LA7.16. Il n’y a plus aucun espace libre dedans. D’où le choix de l’AVB pour supprimer les connecteurs et prendre les 16 canaux sur les 128 du réseau. Un limiteur de puissance adapte chaque canal à l’utilisation du système. Concernant la fiabilité, nous avons investi beaucoup de temps à simuler et expérimenter de manière à valider une solution qui diminue considérablement la température interne tout en préservant une indépendance totale des canaux face à la possible propagation de la défaillance.

Christophe Combet : Dans le même temps, nous avons commencé le design de L2 avec une phase de prototypage, et en parallèle son système d’accroche. Nous avons décidé d’enlever tout le rigging extérieur en l’intégrant totalement à l’enceinte. Puis le CLAMP1000 pour sa suspension par un unique point avec gestion de l’azimut.

L2 est réalisé, les premiers tests de performances comparatifs.

Quand la période de confinement s’est imposée, L-Acoustics n’était pas une entreprise prête au travail à distance. Toutes les personnes impliquées dans la recherche et le développement ont transformé leur propre maison en laboratoire de développement. Le travail de l’équipe de conception de L2 a pu être maintenu de manière à produire les premières pré-séries dès la sortie du confinement.

L’impressionnant guide d’onde de L2 est une véritable innovation industrielle.

Christophe Combet : Nous avons pu finalement mesurer les performances, en les comparant à 4 K2 et 8 KARA qui offrent le même nombre de drivers HF. Par rapport à K2, 70% du temps pour la mise en place et de câblage ont été supprimés. 30 % en termes de poids, 20 % en hauteur, 25 à 30 % en matières premières. Après analyse, nous avons aussi économisé 30 % d’émissions carbone dans sa fabrication.

Genio Kronauer : et jusqu’à 50 % d’espace de rack pour l’électronique en fonction des configurations.

Christophe Combet : Après ces pré-séries, nous avons mis le premier batch en production.
Avec une enceinte massive et des pièces exceptionnellement complexes comme le grand guide d’onde en une seule pièce, sans oublier les 16 canaux du contrôleur amplifié, nous avons dû aussi inventer sur le plan de la fabrication industrielle.

Christophe Combet : Cette première exploitation nous a permis de tout tester. C’était un moment clef et tout a parfaitement fonctionné. Les premières mesures en live sans aucun traitement démontraient que le système fonctionnait parfaitement comme nous l’avions décidé. Il faut comprendre qu’il est impossible de déployer le système L2 sans Soundvision. Nous avions ici la preuve que Soundvision le modélise parfaitement.

La prédiction de Soundvision confirmée par la première mesure de L2.
Toujours à Coachella, l’alimentation de LA7.16 surveillée comme le lait sur le feu mais résistant plus que bien avec 47% de ses ressources employées.

Genio Kronauer : Nous avons aussi pu constater qu’aucune limitation n’était active sur les canaux d’amplification avec un système délivrant 102 dBA et 15 dB de contour LF. Pendant une journée à Coachella, et même après les shows les plus engageants, nous n’avons jamais dépassé 50 % des capacités d’amplification.

Christophe Combet : Depuis, de nombreuses prestations avec L2 ont déjà été réalisées. Nous sommes aussi totalement convaincus que nous pouvons pousser le déploiement de L-ISA avec L2 dans de nombreuses configurations, même juste L2D qui couvre 60 degrés verticalement.

L’ensemble de l’équipe Éducation de L-Acoustics.

Partager la vision technique d’un fabricant de systèmes de sonorisation pendant trois jours est un événement unique et rare. En plus de permettre de comprendre et d’appréhender ses produits, et de découvrir le travail rigoureux effectué par l’ensemble des équipes de la recherche et développement et de l’éducation, cela donne une impression d’exister et un sens à notre métier.

Favoriser autant la formation dans un format exempt de tout discours commercial, est un effort considérable qu’il est important de saluer, d’autant que les nouveaux systèmes de sonorisation L-Acoustics et leurs avancées technologiques incluant la spatialisation, nécessitent, pour être correctement exploités, un niveau de compétences techniques adapté. Pour cela il existe un programme d’éducation impressionnant et accessible à tous. Nous vous invitons à suivre cette voie.

Découvrir le programme des formations L-Acoustics et en savoir plus sur L-Acoustics Connect

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