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Sennheiser, une entreprise familiale à la pointe de l’innovation et de la croissance

Texte : Ludovic Monchat - Photos : SLU, Sennheiser & Nady el Tounsy

La société Sennheiser vient de fêter son 80e anniversaire et souhaite le faire savoir. Pour marquer l’occasion, elle a ouvert les portes de son centre technique à Wedemark, où tout a commencé dans une modeste maison. Aujourd’hui, presque tous les produits professionnels de Sennheiser sont designés, testés et fabriqués dans cette usine, qui a accueilli pour l’occasion des dizaines de journalistes venus du monde entier.

Avant ces trois jours de visites et de séminaires, SoundLightUp et quelques autres magazines ont eu le plaisir d’être choisis pour interviewer les dirigeants de l’entreprise. L’interview est disponible ci-dessous. Nous publierons prochainement un reportage sur ces trois jours intenses passés à Wedemark et Berlin.

SLU : Tout d’abord, nous tenons à vous remercier, Daniel et Andreas, pour le temps que vous nous consacrez, ce qui est rare et très apprécié, et aussi pour vos réponses à nos questions. Comment se porte Sennheiser depuis qu’elle a vendu sa division grand public et s’est recentrée sur ses racines professionnelles ?

Daniel : Eh bien, cette année, nous célébrons les 80 ans de Sennheiser. Et au cours de ces 80 années, nous avons vécu de nombreuses histoires, de nombreux événements qui ont façonné l’avenir de l’audio dans ce que nous avons accompli. L’une de ces réussites remonte à 1968, avec la création du premier casque ouvert au monde, le HD 414, le casque supra oral le plus vendu de tous les temps, qui a donné vie à ce secteur et qui continue de le faire aujourd’hui, après toutes ces années.

Le HD414 n’est pas le casque le plus confortable ni le plus résistant, avec ses coussinets plutôt fragiles, mais il est facile à porter et, aujourd’hui encore, on peut se procurer les coussinets en mousse jaune qui ont fait sa renommée.

Il faut toujours réfléchir à ce que l’on peut concevoir. Nous inventons tellement de nouvelles choses que parfois, il faut prendre du recul et se demander quelle est la meilleure stratégie à adopter pour l’avenir. C’est ce que nous avons fait pour toutes nos divisions à l’époque, à savoir la division grand public, la division communication, la division audio professionnelle, ainsi que Neumann. Nous avons élaboré des stratégies individuelles pour ces quatre domaines et nous avons réalisé que nous étions très performants dans trois d’entre eux.
Pour la division grand public, qui est passée d’un marché de niche à un marché beaucoup plus grand public, nous avons pensé qu’une entreprise plus grande serait mieux placée pour mettre en œuvre cette stratégie. Nous avons donc vendu la division grand public à la société suisse Sonova et nous nous sommes concentrés spécifiquement sur les stratégies de notre division professionnelle. Nous avons ainsi connu une forte croissance, mais aussi une explosion d’innovations que nous avons mises sur le marché.

SLU : Je suppose que le WMAS et Spectera vous ont aidé à vous concentrer davantage sur cette technologie et ses produits révolutionnaires…

Andreas : Le développement de Spectera et de sa technologie clé WMAS remonte à plus de 10 ans. Nous avons donc pris très tôt la décision radicale de réinventer le monde du sans-fil avec une approche totalement nouvelle, estimant qu’il était temps de repenser complètement ce secteur.
Ce qui nous a bien sûr aidés après nous être concentrés sur le secteur professionnel, c’est que nous avons pu disposer de plus de fonds pour accélérer tout ce qui concernait le secteur professionnel et, en même temps, d’une grande attention de la part de la direction pour donner vie à ce nouvel écosystème. Mais il ne s’agissait pas uniquement de Spectera à ce moment-là, même si c’est certainement l’une des innovations les plus importantes que nous avons apportées à nos clients à partir de cette année.

Spectera, avec le pack faisant office à la fois d’émetteur et de récepteur numériques. Nous avons eu la chance d’utiliser le tout nouveau micro main Spectera et de l’écouter à l’aide du récepteur ; une liaison numérique 100 % Spectera. Le moins que l’on puisse dire, c’est que c’était incroyable. Plus d’informations dans le reportage a venir sur le 80e anniversaire de Sennheiser.

SLU : Avec Spectera vous avez choisi de rompre avec le passé, sans vous soucier de la compatibilité avec votre gamme actuelle, et cela semble être une décision judicieuse, même si les prestataires devront remplacer la quasi-totalité de leur stock HF. La France a dit oui, mais qu’en est-il des États-Unis, par exemple ?

Daniel : Nous disposons toujours d’un portefeuille de produits très vaste et très performant, avec le D6000, l’EW DX, l’EW DP, sans parler de la série XS Wireless. Nous proposons donc un grand nombre de systèmesHF sans fil numériques classiques très performants, ainsi que l’AVX et le SpeechLine Wireless pour les universités et les entreprises. Nous proposons d’excellentes solutions qui fonctionnent très bien et sont compatibles avec tout ce que nous avons fait par le passé.

En même temps, si vous proposez quelque chose de très différent, vous devez également sortir des sentiers battus et dire : « Hé, ça marche ! ». C’est un tout autre concept. D’un point de vue matériel, il n’est pas possible de le rendre compatible. Pendant un certain temps, nous aurons les deux technologies en parallèle.
Nous n’avons pas encore décidé si nous allons abandonner la technologie HF classique ou si nous allons tout passer vers Spectera, mais Spectera est sans aucun doute un système moins coûteux, plus flexible et tout simplement meilleur pour les installations de grande envergure, car il permet d’investir une seule fois dans une station de base et de disposer d’un système bidirectionnel à 64 voies offrant une telle flexibilité que la compatibilité n’est même plus un problème.

Andreas : Pour compléter votre question sur ceux qui l’apprécient, ce n’est pas seulement la France. Aux États-Unis, nous avons de grands prestataires implantés dans différents endroits et la mise en place d’un système aussi simple que Spectera réduit bien sûr considérablement leurs efforts. Le fait de ne pas avoir à acheminer d’énormes racks d’équipements à travers le monde facilite grandement leur logistique. Tout le monde l’apprécie donc vraiment.
Il existe une grande possibilité de coexistence de différentes technologies en même temps. Nous voyons très souvent Spectera être utilisé en parallèle avec nos liaisons HF traditionnelles. C’est comme si vous aviez des voitures électriques et des voitures thermiques dans la même rue, et cela fonctionne parfaitement, mais personne ne se plaint de ne pas pouvoir recharger sa voiture électrique chez le pompiste. Spectera a juste une longueur d’avance.

Oubliez les câbles coaxiaux : les antennes Spectera utilisent un câble RJ45 CAT5 pouvant atteindre 100 m de long et se connectent aux 4 ports d’antenne de la Base Station. Car quatre c’est mieux que deux !

SLU : A plus long terme, qu’adviendra-t-il de votre gamme actuelle ? Allez-vous créer une nouvelle gamme de produits WMAS plus abordables destinés aux musiciens, aux entreprises ou même au cinéma, en utilisant par exemple une porteuse HF plus petite ?

Daniel : Eh bien, voyons ce que l’avenir nous réserve, mais pour l’instant, nous pensons qu’il y a une place importante pour Evolution Wireless Digital et EWDX. Il existe également un nouveau segment du marché haut de gamme que nous pouvons conquérir avec Spectera, et les deux systèmes peuvent coexister. Pour un petit système à quatre voies, vous ne voudrez probablement pas Spectera, du moins pas aujourd’hui. Peut-être qu’à l’avenir, lorsque les chipsets et le reste du hardware seront devenus nettement moins chers, cela pourrait être une option. L’utilisateur amateur n’a pas besoin de se soucier de la technologie qui se cache derrière. Il doit simplement s’agir d’un système Sennheiser qui fonctionne, que cela ait lieu via des systèmes à bande étroite ou avec la technologie WMAS.

SLU : Alors, quelles sont les nouveautés intéressantes apportées à Spectera par les mises à jour du firmware, et qu’en est-il du micro main ? Est-il sur le point d’être lancé ? En résumé, qu’est-ce qui se prépare ? ( Note de la rédaction. L’engouement pour Spectera a été tel que l’émetteur main peut être commandé dès maintenant et sera disponible début 2026.)

Andreas : Le logiciel est développé à partir d’un backlog que nous recevons sous forme de commentaires de nos utilisateurs. Nous disposons donc de différents sites de commentaires, soit via Discord, soit via notre site web My.Sennheiser. En fait, le backlog est classé par ordre de priorité en fonction des commentaires des utilisateurs.
Et comme tout est défini par logiciel, il est très facile pour nous de répondre à ces demandes. Nous avons déjà annoncé que nous travaillons sur différentes fonctionnalités pour le port Cascade afin de pouvoir y connecter davantage d’antennes, d’avoir plus de redondance, voire même d’atteindre à terme une redondance hot-swap. C’est donc là que se concentre le développement du firmware actuellement.

Le Neumann MT 48, un boîtier très, très intelligent fabriqué par Merging, désormais un vrai couteau suisse… allemand.

SLU : Sennheiser, propriétaire de Neumann, a décidé de se concentrer entièrement sur le segment analogique et d’arrêter la production de sa gamme de micros numériques. En tant qu’utilisateur de ces bijoux technologiques, je ne peux m’empêcher de me demander si les micros « bleus » feront un jour leur retour.

Daniel : Vous disposez aujourd’hui d’une très bonne solution avec le Neumann MT 48, qui est, je dirais, un préamplificateur et un convertisseur vraiment haut de gamme, et en même temps, les légendaires micros Neumann ou Sennheiser que vous pouvez y brancher. Il s’agit donc d’une solution de micros numériques, qui est un peu plus modulaire et polyvalente que ce que nous avions auparavant, et surtout, elle est multiformat, vous pouvez donc la brancher en USB, vous pouvez utiliser l’A67, et elle est compatible Dante. Toutes ces possibilités sont désormais possibles. Vous disposez d’un système numérique que vous pouvez commander. Si vous avez besoin d’un système plus complexe, plus multicanal, vous pouvez également utiliser un Anubis ou un HAPI de Merging qui vous permettent de traiter beaucoup plus de voies de micros.

Trop en avance sur son temps, trop parfaite et pourtant inachevée, trop étrange pour beaucoup, la gamme Neumann Digital a été définitivement abandonnée, mais les micros resteront réparables, à l’exception de la composante logicielle.

SLU : Mais vous allez continuer à assurer le SAV de ces micros comme vous le faites pour ceux analogiques ?

Andreas : L’un des points forts de Neumann est de prolonger la durée de vie de ses produits au-delà de ce que les utilisateurs peuvent généralement en tirer. Et si vous regardez tous les U47 qui existent encore dans le monde et qui ont été les acteurs de séances mémorables, ils sont la preuve que Neumann accorde beaucoup d’importance à ses capacités de réparation et de maintenance. Il est parfois difficile de trouver certaines pièces, mais si quelqu’un peut les obtenir, c’est bien nous, donc il n’y a aucune raison de s’inquiéter pour nos produits.

SLU : Quels sont vos projets en matière de croissance ? Vous avez fait un excellent travail avec Neumann, Klein + Hummel, Ambeo et, plus récemment, Merging. Quelle pourrait être la prochaine étape ?

Andreas : Pour stimuler la croissance, nous nous asseyons avec nos clients et essayons de comprendre quelle est la prochaine étape dans leur domaine, ce qui les empêche de produire un contenu plus facile et plus créatif, quel est le prochain défi dans la diffusion sportive ou ce que l’avenir réserve aux spectacles immersifs à Broadway.
C’est vraiment ainsi que nous fonctionnons lorsqu’il s’agit d’alimenter notre pipeline d’innovation et, en fin de compte, de stimuler la croissance de notre entreprise : en étant proches de nos clients, en écoutant ce qu’ils veulent cela nous amène à un flux inépuisable d’idées et d’innovations que nous devons ensuite hiérarchiser. Nous avons généralement plus d’idées que de fonds, ce qui est une bonne chose.

Daniel : Plus précisément, nous pensons qu’Ambeo et les formats immersifs seront un moteur pour l’avenir, car nous sommes enfin sortis du cercle vicieux où tout le monde se renvoyait la balle entre diffuseur et créateurs. Les productions immersives sont désormais omniprésentes, car des plateformes telles qu’Apple Music et Netflix, pour ne citer que deux exemples, utilisent toutes des formats immersifs pour offrir aux utilisateurs des productions audio plus émotionnelles et plus riches de sens.

SLU : Peut-on donc imaginer que de nouveaux microphones conçus pour l’audio immersif seront développés ?

Andreas : Pour un enregistrement immersif, vous n’avez pas nécessairement besoin de beaucoup de nouveaux types de micros. Nous avons bien sûr notre micro VR, qui est un modèle ambisonique, mais pour capturer les sensations d’un studio en direct, d’une performance live, il s’agit plutôt de savoir où placer les micros, comment faire le mixage et comment faire le post-traitement de tout cela, afin que la lecture offre une expérience vraiment immersive.
Il s’agit donc vraiment de collaborer avec les ingénieurs du son, les maisons d’édition et les sociétés de production, tous les maillons de la chaîne, pour finalement offrir aux gens chez eux, par exemple, un match de NFL vraiment immersif. Il ne s’agit donc pas seulement d’un micro, mais de l’ensemble du processus et du savoir-faire.

Une discussion amicale entre le créateur et l’utilisateur sur la question de savoir si les casques Neumann et Rime peuvent remplacer un studio immersif et toutes ses enceintes.

Daniel : C’est une combinaison de tout cela, et l’un des nouveaux éléments que nous venons de lancer est Rime, un plug-in qui permet de recréer un studio immersif virtuel à l’aide d’un casque Neumann. Il fonctionne extrêmement bien pour travailler et écouter, pour créer une immersion et donc faciliter considérablement la production de tels formats. Nous voulons vous permettre d’utiliser l’audio immersif même si vous ne disposez pas d’un équipement complet.

Nous continuons de penser que si vous créez une piste immersive, vous travaillez probablement dans un studio équipé, par exemple, d’enceintes Neumann tout autour de vous dans une configuration immersive Ambeo ou Atmos. Mais d’un autre côté, si vous avez un client qui écoute, par exemple, la bande originale d’un film de manière immersive, il peut utiliser Rime pour une écoute critique de votre travail . Vous pouvez ainsi le modifier à la volée, ce qui vous évite d’avoir à emporter votre studio avec vous, car vous l’avez sur votre MacBook.

SLU : Merci beaucoup pour ces minutes qui ont passé à toute vitesse et pour vos réponses détaillées. Et joyeux anniversaire à Sennheiser, à ses 80 ans d’innovation et, surtout, à ses produits créés par des passionnés du son pour des passionnés du son.

Daniel & Andreas : Merci à vous aussi, c’est toujours agréable de discuter avec quelqu’un qui comprend vraiment ce que nous faisons. À bientôt !

Depuis cet entretien, un communiqué de presse a annoncé un changement dans la gouvernance du groupe Sennheiser. Après 12 ans de direction conjointe et à compter du 1er janvier 2026, Daniel Sennheiser deviendra président du conseil d’administration, tandis que le Dr Andreas Sennheiser continuera d’exercer les fonctions de PDG, supervisant les activités opérationnelles de l’entreprise familiale.


Vous trouverez ci-dessous un message de Daniel et Andreas Sennheiser.


Chers clients, partenaires et amis,

Après plus d’une décennie passée à diriger avec succès le groupe Sennheiser aux côtés de mon frère Andreas en tant que co-PDG, j’ai décidé d’assumer un nouveau rôle au sein du groupe Sennheiser. À compter du 1er janvier 2026, je rejoindrai le conseil d’administration en tant que président, tandis qu’Andreas continuera à diriger les activités opérationnelles de l’entreprise en tant que PDG.

Dans le cadre de mes nouvelles fonctions au sein du conseil d’administration, je me concentrerai sur l’orientation stratégique du groupe Sennheiser et piloterai le développement à long terme de l’entreprise, en étroite collaboration avec mon frère. Andreas continuera à gérer les activités opérationnelles de l’entreprise main dans la main  avec le comité de direction. Cette nouvelle structure nous permet d’atteindre un équilibre idéal entre les activités quotidiennes et la vision stratégique, deux éléments essentiels pour le succès futur du groupe Sennheiser dans un environnement de plus en plus dynamique. Gérer et renforcer les relations avec nos clients importants resteront également une responsabilité partagée entre Andreas et moi-même.

Notre modèle de co-direction avec partage des responsabilités est vraiment unique : notre relation de confiance et nos visions complémentaires nous ont permis de diriger l’entreprise avec succès pendant plus de 10 ans, même dans les moments difficiles. Cela restera la base de notre collaboration future. Nous continuerons à travailler en étroite collaboration l’un avec l’autre et avec le comité de direction.

Nous nous réjouissons de ce nouveau chapitre de notre entreprise familiale, qui a connu une évolution réussie au fil de trois générations. Pour nous, le progrès signifie façonner le changement de manière positive, tant pour nous-mêmes dans nos nouvelles fonctions que pour Sennheiser en tant qu’entreprise.
Ce qui reste intact, c’est notre engagement commun envers notre projet : construire l’avenir de l’audio. Ensemble – Andreas et moi-même, le conseil d’administration et l’ensemble de l’EMB – nous continuons à placer nos clients au centre de toutes nos actions afin d’assurer la croissance durable et indépendante du groupe Sennheiser.
Enfin, Andreas et moi-même tenons à remercier M. Dornbracht pour son travail dévoué et son précieux support en tant que président du conseil d’administration au cours des quatre dernières années. Nous sommes ravis qu’il reste membre du conseil d’administration et continue à nous faire bénéficier de son expertise.

Daniel & Andreas Sennheiser


D’autres informations sur le site Sennheiser

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