C’est en 1998 que Studio Due a présenté le premier CityColor, le plus puissant des projecteurs architecturaux (en anglais Wall Washer) pour l’extérieur, équipé d’une lampe 1800 ou 2500 W et d’une trichromie pour des applications extérieures.
Après une première version Led complètement redessinée qui remplaçait la lampe très gourmande par des leds RGB, le fabricant italien en 2014 le met au goût du jour en RGBW. Dushow compte 65 CityColor RGB dans son parc.
Nouveau design
On ne compte plus les avantages de la led dans cette application. D’abord une consommation de 560 W à pleine puissance. Débarrassé de son réflecteur, de ses volets de trichromie, l’appareil passe de 560 mm de profondeur à 150 ! Cette cure d’amaigrissement associée à une perte de poids d’1/3 permet d’avoir une solution d’accroche plus facile sur un pont, surtout quand elle est utilisée pour mettre en valeur un plafond.

Le CityColor est constitué de trois éléments maintenus dans un solide châssis équipé d’un arceau mobile permettant de poser la machine au sol. Un astucieux petit clip permet de fixer rapidement l’élément mobile à la structure fixe, ce qui facilite le maniement et le transport de l’appareil.
Le CityColor est constitué de deux panneaux wash que l’on peut orienter ensemble et séparément. Chaque panneau est constitué de 60 leds RGBW Cree XML 4x1A associées chacune à un collimateur de 35 mm. Le corps du projecteur est formé par un radiateur arrière servant au refroidissement des leds. Il participe grandement aux 32 kg de l’appareil.
La boîte à lumière est fermée à l’avant par une vitre marquée d’étranges motifs entre les sources, et qui doivent participer à l’homogénéité de la lumière. Le dernier élément, boîtier d’alimentation et de contrôle, est positionné entre les radiateurs. C’est sur le dessus que se trouvent la connectique, l’afficheur et les touches de commande à effleurement.


Alors que la version lampée affichait un indice de protection IP54, le “petit“ dernier est classé IP64 donc plus étanche encore. Pour y parvenir, Studio due a dû faire quelques choix techniques. En premier lieu, l’accès au menu se fait via des touches sensitives positionnées sur l’arrière du dernier élément. Le câble d’alimentation électrique sort du coté droit et les prises data se trouvent sous le boitier électronique.
Lorsque le projecteur est utilisé en extérieur, on doit impérativement utiliser des câbles équipés de connecteurs 4 broches IP 67 Amphenol (fournis) pour les liaisons data. Pour une utilisation en salle, on pourra utiliser des adaptateurs Amphenol/XLR (optionnels). Autre nouveauté bien pratique pour un appareil utilisé à l’extérieur, le récepteur DMX HF intégré au projecteur permet d’éviter pas mal de soucis de liaisons entres projecteurs dans les lieux publics.
De la théorie
Pour prévenir toute manipulation involontaire, l’accès au menu ne se fait qu’après avoir appuyé successivement sur les touches ESC, Up, Down et Enter. De même pour valider une modification, il est nécessaire de maintenir au moins trois secondes la touche Enter. La configuration de l’appareil est très simple. Elle se fait via six menus accessibles par les touches Up et Down. Le premier menu permet comme c’est le cas très souvent, d’adresser le projecteur. On trouve ensuite les options de l’afficheur, puis celles de contrôle. C’est dans cette partie que l’on choisit entre le mode DMX ou autonome.
Le menu suivant, “Util“ fixe les options des paramètres : courbe du dimmer, activation ou non d’un des deux modes halogène et le mode de trichromie, CMY ou RGB. Le menu “Sruc“ donne accès, entre autres, au reset manuel et au choix du mode DMX. Le dernier menu est dédié à la liaison DMX HF. On y trouve la possibilité de recevoir un signal DMX via une liaison HF puis de le transmettre à d’autres projecteurs en utilisant une liaison filaire.

À la pratique
Passons aux choses concrètes. Après avoir alimenté le projecteur, la première chose que l’on remarque, ou plutôt que l’on ne remarque pas, c’est le silence. En effet, il a fallu attendre plus de la moitié des tests, dans les plus mauvaises conditions, pour commencer à entendre un léger souffle des ventilateurs. Le radiateur, qui constitue le panneau arrière des boîtes à lumière, est particulièrement efficace, et si vous ne gardez pas les quatre couleurs allumées en permanence, vous ne devriez pas entendre souvent les ventilateurs. Pour tester toutes les possibilités de la machine, nous choisissons le mode 9 canaux. Le CityColor est très simple d’utilisation et efficace.
Comme tous les appareils à leds de dernière génération, le dimmer est maintenant un paramètre bien maîtrisé. Le mélange des couleurs est homogène et l’utilisation de leds RGBW permet d’obtenir une gamme étendue de couleurs. Cette source donne aussi la possibilité d’avoir des effets stroboscopiques beaucoup plus rapides qu’un shutter mécanique. Il y a d’ailleurs sur le canal 5, à partir de 50%, une fonction amusante de strob des couleurs.
Les plus pressés utiliseront la fonction rainbow qui a peu d’intérêt, si ce n’est de se passer d’un opérateur console. Plus utile, le canal suivant permet d’obtenir différentes températures de blanc en allant de la plus chaude à la plus froide. On ne peut malheureusement pas combiner cette fonction avec la trichromie, c’eût été un vrai bonheur pour les cyclos des plateaux de télévision.
Et aux tests
Si la pensée de Pierre Corneille “Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années » pouvait s’appliquer aux projecteurs, elle serait peut-être : “Aux produits bien conçus, les bonnes surprises lors des tests ne se font point attendre.” Nous démarrons la mesure de derating qui renseigne sur la qualité du refroidissement et la bonne gestion de la température de jonction des leds.
Toutes leds allumées à pleine puissance, nous mesurons l’éclairement au centre toutes les 5 mn pour tracer la courbe d’atténuation du flux en fonction du temps. Il s’agit d’un paramètre important pour un projecteur architectural qui est appelé à éclairer sur de longues périodes. Avec 120 leds confinées dans un petit espace complétement hermétique, IP 64 oblige, l’exercice est délicat.
Au démarrage, nous obtenons 5900 Lux. 5 mn plus tard la cellule affiche 5700 Lux. L’affichage de notre luxmètre Minolta CL 200-A ne descendra pas en dessous de 5660 lux et de plus dans un silence quasi permanent ! Moins de 3 % de derating !


Vu les leds utilisées et leur nombre, en regard de la puissance maxi consommée, on peut supposer que le fabricant ménage ses leds en courant. Une seconde série de mesures, avec uniquement les leds bleues et vertes allumées à full, ne déclenche pas le refroidissement actif et le derating est très légèrement supérieur. Cela nous confirme que la gestion des ventilateurs est optimale.

Nous mesurons ensuite le flux lumineux. Le projecteur placé à 5 m de la cible projette une lumière mesurable sur deux axes de 4 m. On retrouve au centre la valeur de 5700 Lux trouvée après derating jusqu’à une moyenne de 309 lux aux extrémités des axes. Une fois moulinées dans le tableur on trouve un flux total de 18924 Lumens. Un bon résultat pour une machine de ce type.
La courbe et le diagramme de répartition de la lumière par couronne nous permettent de constater une bonne homogénéité du flux lumineux. Le faisceau a un angle de 36° (à I/10).
Les p’tits plus
De nombreux accessoires sont disponibles en option. Le boîtier CCLED-AD permet de disposer d’une entrée et d’une recopie PowerCON ainsi que des connecteurs XLR 3 et 5 points. Classé IP20, ce boîtier ne pourra être utilisé sans précautions que lors d’utilisations “indoor“.
Le second accessoire, CCLED-FROST est constitué de deux plaques de frost permettant d’étendre l’ouverture à 65°. Il a l’avantage de se fixer directement sur les boîtes à lumière et ne nécessite donc pas le support CCLED-FRH sur lequel se fixent les deux anti-aveuglants (anti glare CCLED-AG) et les volets (CCLED-BD) permettant de masquer les lumières parasites et de canaliser le flux lumineux.


Pour conclure
Cette nouvelle mouture du CityColor reste dans la lignée de ses prédécesseurs, une source simple et efficace. Ce nouveau projecteur sera même sûrement plus polyvalent que ses ainés. Il est évidement moins lumineux que la version lampée 2500 W ou même 1800 W mais sa consommation sera divisée au moins par trois. Sa conception est soignée mais son poids (32 kg) et sa taille rendent difficile, mais pas impossible, l’installation par une seule personne. Hormis cela, c’est un projecteur réussi, la lumière est homogène et il possède une palette de couleurs très étendue.
Les transitions sont propres mêmes lorsqu’elles sont longues. Ce dernier point en fait une source intéressante pour éclairer des cyclos, à condition évidemment d’avoir un peu de recul. Le fait qu’il soit très silencieux lui ouvre aussi de nouveaux horizons comme l’éclairage de décors sur des plateaux de télévision ou de cinéma. Il sera évidemment parfait pour le travail en extérieur, et même plus adapté que les versions précédentes qui étaient classées IP54.
Avec cette nouvelle source dans la gamme des CityColor, Studio Due montre qu’il reste un des leaders des grosses sources de lumière architecturales.