Ecoute au théâtre Alexandre Dumas

Bose is Back avec les RoomMatch !

Que celui qui n’a jamais fait du son avec des Bose 802 lève le doigt, ça ne sera pas long à compter, et pourtant on a le sentiment qu’on connait mieux les produits grand public de cette vénérable institution américaine que les gammes pro…
Erreur réparée avec ce voyage au pays de l’installe avec la découverte de la gamme RoomMatch Utility et une belle écoute du gros système RoomMatch. Pas de doute, Bose is back !

De gauche à droite Thomas Weyant le régisseur son du Théâtre Alexandre Dumas de St. Germain en Laye, merci en passant pour son accueil charmant, Romain Gamundi en charge de l’animation marketing et des relations avec la presse chez Bose et enfin Blaise Dupiellet le responsable du bureau d’étude de Bose Pro.

De gauche à droite Thomas Weyant le régisseur son du Théâtre Alexandre Dumas de St. Germain en Laye, Merci en passant pour son accueil charmant, Romain Gamundi en charge de l’animation marketing et des relations avec la presse chez Bose et enfin Blaise Dupiellet le responsable du bureau d’étude de Bose Pro.

Nous avons été accueillis à cet effet dans le théâtre Alexandre Dumas de St. Germain en Laye par Blaise Dupiellet le responsable du bureau d’étude de Bose Pro, Thomas Weyant le régisseur son des lieux et enfin par Romain Gamundi en charge de l’animation marketing et des relations avec la presse chez Bose.

Nous y avons retrouvé l’ensemble de la gamme des enceintes RMU de petite taille et la très belle installation fixe du théâtre faite à l’aide d’éléments de la gamme RoomMatch, pour une balade sonore exhaustive et agréable.

Blaise Dupiellet

Blaise Dupiellet

SLU : Blaise, peux tu nous faire un tour d’horizon de cette gamme d’enceintes de petite taille ?

Blaise Dupiellet : La particularité de cette gamme est d’incorporer dans tous les modèles le même moteur RoomMatch appelé EMB2, avec un diaphragme en titane de 2 pouces.

Cela confère une certaine cohérence et une balance tonale commune à tous les modèles RMU de la 105 à la 208 et ça évite toute déperdition de la signature sonore de Bose par l’emploi de moteurs différents ou de tailles différentes comme cela se fait couramment chez d’autres fabricants.
Ce haut-parleur a été développé par Bose et breveté, tout comme sa pièce de mise en phase. L’avantage de sa grande taille est de descendre en fréquence jusqu’à 300 Hz.

SLU : C’est compréhensible dans une enceinte de cette taille, la puissance à laquelle le moteur est utilisé lui permet sans doute de s’aventurer très bas…

Blaise Dupiellet : Non, même dans le gros système RoomMatch où plusieurs moteurs EMB2 cohabitent, la fréquence de coupure n’est pas plus haute que 550 Hz. Cela évite l’emploi de tout filtrage dans la région de la voix qui garde toute sa clarté.
Tout ce qui va de 550 à 16kHz passe au travers de notre guide d’onde de grande taille, 46 cm de large par 45 de profondeur, qui nous permet aussi d’offrir un excellent contrôle de la directivité y compris dans le bas médium, ce qui est très appréciable et mieux que ce qu’offrent de nombreux line arrays.

Les quatre RoomMatch Utility ou RMU. De gauche à droite la 105, puis sans sa grille la 108, suit la 206 et enfin la plus puissante des quatre, la 208.

Les quatre RoomMatch Utility ou RMU. De gauche à droite la 105, puis sans sa grille la 108, suit la 206 et enfin la plus puissante des quatre, la 208.

RoomMatch Utility, plus que des compléments et très Utiles

SLU : Revenons-en à la gamme RMU, elle comporte 4 modèles.

Blaise Dupiellet : Oui La 105, 108, 206, 208. Cette gamme fonctionne très bien en complément de RoomMatch notamment pour assurer du débouchage sous balcon ou des front fills et ne marche qu’en passif.
On commence par la plus petite des RoomMatch Utility (RMU), la 105. Elle dispose d’un 5 pouces pour le bas et de la compression RoomMatch EMB2 pour le haut avec un pavillon en 100°x100°. Nous avons ensuite la 108 avec un 8 pouces dans le grave et le moteur EMB2 pour le haut qui ouvre à 90°x60°.

La 206 de cour et sa livrée noire contrairement à celle de jardin toute blanche, nous laisse apercevoir ses deux HP de 6 pouces et tout à droite le guide d’onde dont on devine par la forme sa grande ouverture de 120°x60°. Le flash a même été débusquer quelques composants du filtre.

La 206 de cour et sa livrée noire contrairement à celle de jardin toute blanche, nous laisse apercevoir ses deux HP de 6 pouces et tout à droite le guide d’onde dont on devine par la forme sa grande ouverture de 120°x60°. Le flash a même été débusquer quelques composants du filtre.

Puis la 206 avec, comme son nom l’indique, deux HP de 6 pouces et le EMB2 avec une ouverture de 120°x60°, et enfin la 208 qui embarque 2 HP de 8 pouces et le EMB2 et ouvre aussi à 90°x60°.
Elles disposent de lyres pour les accrocher dans tous les sens d’autant que les pavillons peuvent pivoter de 90° pour s’adapter à tous les cas de figure. Bien entendu on peut insérer en partie arrière un transfo 100 V en cas de besoin.

SLU : La compression est l’œuvre de Bose, quid des woofers ?

Blaise Dupiellet : Ils sont construits par un sous-traitant sur cahier des charges de Bose.

PowerMatch ou le couteau amplifié suisse de Bose

SLU : Quelques mots sur les deux amplis qui amplifient ces 8 têtes et ce sub dont on parlera après ?

Blaise Dupiellet : Il s’agit d’un 8500 et d’un 4500 de la gamme PowerMatch qui en comporte quatre. Comme souvent chez Bose, les références disent tout. Le 8500 est un huit fois 500 W sous 4 ohm et le 4500 un quatre fois 500 W. Ces amplis sont entièrement conçus et fabriqués par Bose, des bébés Bose (jolis bébés NDR !) en classe D avec PFC et de nombreuses possibilités de couplage de canaux et d’impédances de fonctionnement voire de sortie directe en 70 et 100 V.
On peut y insérer des cartes optionnelles comme le Dante, l’AES, le Cobranet ou alors ce qu’on appelle chez nous l’ESPlink, un format ADAT qui permet de linker 8 canaux en sortie de nos processeurs directement aux amplis à l’aide d’une fibre optique. La programmation de nos amplis et de nos racks de traitement Control Space se fait par le biais d’un soft qui s’appelle ControlSpace Designer. Ils disposent de ressources DSP pour effectuer les habituelles fonctions comme le filtrage, l’eq paramétrique ou le délai.

Un des deux amplis PowerMatch utilisés pour l’écoute des RMU, ici un 8500 en charge des 8 enceintes, le second bridgé est un 4500

Un des deux amplis PowerMatch utilisés pour l’écoute des RMU, ici un 8500 en charge des 8 enceintes, le second bridgé est un 4500

SLU : En quel mode le 4500 est-il configuré ?

Blaise Dupiellet : Il est en deux fois 1000 W donc en bridge, mais il peut aussi marcher en quad bridge. Un 8500 peut par exemple être utilisé en deux fois 2000 W. Le 4500 délivre donc deux fois 1000 W pour le sub RMS215 et ses deux 15 pouces à longue excursion et bobine de 4 pouces qui l’équipent, et que nous allons écouter dans quelques minutes. Il existe aussi des versions moins puissantes pour des petites enceintes comme les 105, qui s’appellent logiquement 8250 et 4250 et développent 250 W sous 4 ohm par canal.

SLU : Quelle est la différence de prix entre les 500 et 250 ?

Blaise Dupiellet : Le 8500 avec prise réseau (il existe aussi une version sans réseau configurable via un port USB en face avant NDR) coûte 3700 € HT en prix public. Le 8250 revient à environ 2700 € HT, mille euros de moins. En revanche les amplis sont livrés de base avec uniquement les entrées analogiques.

SLU : Ca reste abordable pour des amplis d’installation aussi complets et récents !

Blaise Dupiellet : C’est ce que l’on nous dit souvent. Il paraît que certaines personnes font des ratios de prix au watt et qu’on est très bien placé (rires !)

SLU : En quelques mots, de quelles ressources DSP les amplis disposent-ils ?

Blaise Dupiellet : On a un égaliseur paramétrique 5 bandes, puis l’Array EQ qui permet de régler la sommation des basses dans les lignes de RoomMatch, un Matrix Mixer qui permet de définir quelle entrée va vers où, la partie filtrage, la partie d’égalisation spécifique à chaque enceinte, le limiteur qui est pré défini, un délai et enfin la partie sortie.

L’écoute des RoomMatch Utility

La 105 et son moteur de 2 pouces dont le guide d’onde est presque aussi gros que la membrane du mini woofer !

La 105 et son moteur de 2 pouces dont le guide d’onde est presque aussi gros que la membrane du mini woofer !

Commence l’écoute des quatre RoomMatch Utility sans le sub et la première impression est très favorable et va parfaitement dans le sens souhaité par le fabricant. Le moteur EMB2 apporte clairement un air de famille à la gamme et ce d’autant plus qu’étant coupé très bas, il fait une grande partie du travail, notamment dans le spectre auquel l’oreille est la plus sensible.
Seule la petite 105 souffre un peu de la puissance de ce moteur et à la fois du manque d’extension dans le grave de son micro woofer. Le rendu en est du coup un peu déséquilibré autour des 200 à 300 Hz et appelle de ses vœux une égalisation, un sub ou du vrai grave et enfin un rôle de complément et pas de « vedette ».

Le reste de la gamme sonne bien voire très bien avec un très beau rendu des voix et un aigu précis et très en place qui est parfaitement restitué même à 4 ou 5 mètres.
Bon point aussi pour le grave qui dès la 108 est présent, nerveux et suffisant pour un petit établissement souhaitant avoir une très belle restitution et ne pas avoir de plafonniers, ou bien en complément de RoomMatch pour des balcons ou des côtés de scène.

La 206 offre moins de grave mais un bas médium bien ferme et une taille discrète qui lui autorise toute sorte d’encastrement en nez de scène dans des théâtres ou même, avec un sub, un rôle plus ambitieux dans un Karaoké ou un musée.
La 208 enfin envoie bien et pourra tenir sa place dans bien des endroits comme par exemple les bars de discothèques ou bien comme retour pour des DJ dans des petites régies, quitte à ajouter un sub.

La même écoute de ces quatre enceintes avec le sub RMS215, un deux fois 15 pouces, confirme l’écoute. La 105 reste, je trouve, un peu surmotorisée dans le bas médium entre le petit 5 pouces et le moteur 2 pouces, ce qui créé une légère bosse, que le vrai grave du 215 comble mais ne masque pas totalement. Son rôle de complément paraît établi. Les trois autres références en revanche prennent leur envol et donnent, une fois allégées du besoin de s’illustrer dans l’octave du bas, la pleine mesure de leurs capacités et délivrent un rendu remarquable et très séduisant avec un petit côté hi-fi bodybuildé loin d’être désagréable.

La 208 passe le test de Rage Against The Machine proposé à l’écoute par Blaise Dupiellet haut la main, et ce malgré la pression demandée, là où les autres modèles ont logiquement un peu plus de mal. Le moteur EMB2 est quoi qu’il en soit bien né et accompagné par les 6 et 8 pouces et un bon sub, forme un ensemble puissant, analytique, piqué et très polyvalent doté d’un guidage précis du médium et de l’aigu et d’une sommation très réussie.
Un mot aussi sur le sub RMS215 qui écouté à bas et moyen niveau délivre un grave aussi fluide que sec et nerveux. Il est à noter que nous avons écouté ces enceintes sans aucune égalisation, juste un filtrage actif et une mise en phase avec le sub. Il ne fait aucun doute qu’un calage soigné lors de leur déploiement leur fera encore gagner en cohérence et qualité.

Sa majesté RoomMatch se languit accroché tout là-haut

Place maintenant au système RoomMatch qui, comme son nom le dit, apporte une parfaite adéquation entre la géométrie de la salle et l’ouverture horizontale et verticale du guide d’onde. Laissons parler Blaise Dupiellet

La ligne de RoomMatch de cour avec, de haut en bas, les deux extensions de grave RMS 215, puis la RM7005 (les deux premiers chiffres indiquent la directivité horizontale et les deux suivants celle verticale), la 9010, la 12020 et enfin la 12040 dont la courbure est très visible. Remarquez aussi les sorties des 6 moteurs bien visible au centre du pavillon de chaque enceinte.

La ligne de RoomMatch de cour avec, de haut en bas, les deux extensions de grave RMS 215, puis la RM7005 (les deux premiers chiffres indiquent la directivité horizontale et les deux suivants celle verticale), la 9010, la 12020 et enfin la 12040 dont la courbure est très visible. Remarquez aussi les sorties des 6 moteurs bien visible au centre du pavillon de chaque enceinte.

Blaise Dupiellet : Le RoomMatch n’est pas exactement un line array. Nous l’appelons chez Bose un array à directivité progressive.

SLU : Ou à courbure constante…

Blaise Dupiellet : Exactement ! Il s’agit d’un système conçu pour l’installation fixe où l’on créé une couverture sonore spécifiquement faite pour le lieu et pour ceci faire, on module la directivité horizontale et verticale de chaque enceinte. Pour ce théâtre de St. Germain en Laye qui nous accueille, nous avons, par côté, quatre têtes médium/aigu et deux unités de grave en tête de ligne, un sub posé sur la scène le RMS218 et enfin quatre enceintes RMU 208 pour déboucher les premiers rangs.

SLU : Quelques mots sur le 218 ?

Blaise Dupiellet : C’est un sub qui peut être posé mais aussi accroché et dont la taille a donc été calculée à cet effet. La charge est différente de celle du 215 qui est à radiation directe. Il dispose de deux haut-parleurs de 18” avec une bobine de 4,5”’ et d’aimants au néodyme. Sa réponse s’étend jusqu’à 25 Hz et il passe le 30 à -3dB. Il accepte 2 x 4 kW en crête ou 1250 W par haut-parleur en continu.

SLU : Si tu l’accroches avec les 215 il va falloir délayer ces derniers pour être en phase avec lui…

Blaise Dupiellet : Oui bien sûr mais ce n’est qu’une histoire de processing, et on dispose de toutes les ressources pour faire ça dans les amplis. Les têtes RoomMatch existent avec un nombre important de directivités horizontales comme verticales, symétriques ou pas. Nous avons opté ici pour une 70°x5° pour celle du haut pour aller taper en fond de gradins, puis une 90°x10°, une 120°x20° et enfin une 120°x40° pour la dernière. Le cahier des charges impliquait que le système principal arrose aussi la corbeille et c’est chose faite.

SLU : Ce sont donc des deux voies ?

Blaise Dupiellet : Oui, des deux voies actives avec deux haut-parleurs 10” et six compressions EMB2 par boîte reliées au CADS, l’arc continu de diffraction avec six segments ayant chacun son moteur ce qui permet leur parfaite sommation.
On a le même espacement entre chaque slot de diffraction de chaque boîte au sein de la ligne car on est complètement collé, garantissant une très bonne cohérence dans le médium aigu et très peu d’interférences. On peut considérer RoomMatch comme un line array pavillonné avec des dimensions de l’ordre de 50 cm de large par 45 cm de profondeur.

Posée en bord de scène, la RMS218 et ses deux 18 pouces en montage V passe-bande acceptant 1250 W AES chacun et 5000 W en crête. Au-dessus une RMU 208 apporte de la fraicheur et autre chose que de la purée aux premiers rangs.

Posée en bord de scène, la RMS218 et ses deux 18 pouces en montage V passe-bande acceptant 1250 W AES chacun et 5000 W en crête. Au-dessus une RMU 208 apporte de la fraicheur et autre chose que de la purée aux premiers rangs.

SLU : Le filtrage est très bas..

Blaise Dupiellet : Oui, on démarre les EMB2 à 550 Hz, ce qui fait qu’on dirige vraiment l’essentiel du spectre par ce gros pavillon et on nettoie très efficacement l’arrière de l’enceinte, entre 6 et 9 dB mieux que d’autres systèmes plus classiques d’autres marques françaises ou américaines distribuées en France.

Le rack de puissance du théâtre. 7 PowerMatch 8500 en version USB et tout en haut du rack l’ESP-00 Control Space en charge du processing et du matriçage de l’installation. Les deux amplis du haut se chargent des deux subs RMS 218 en quad amp.

Le rack de puissance du théâtre. 7 PowerMatch 8500 en version USB et tout en haut du rack l’ESP-00 Control Space en charge du processing et du matriçage de l’installation. Les deux amplis du haut se chargent des deux subs RMS 218 en quad amp.

SLU : En termes d’amplification ?

Blaise Dupiellet : Chaque tête demande un canal de 8500 pour les deux 10” et un second pour les 6 moteurs.

SLU : C’est un montage série parallèle les 6 compressions ?

Blaise Dupiellet : Oui, tout à fait. Le résultat est une charge de 8 ohms, et de 4 ohms pour les deux 10”.
Un ampli 8500 peut donc alimenter 4 têtes médium/aigu.
Pour les RMS 215 on a aussi un 8500 bridgé qui devient donc un ampli quatre fois 1 kW et alimente les quatre 15” qui les composent.

SLU : Le RMS 218 doit être plus gourmand.

Blaise Dupiellet : Il lui faut un 8500 en mode quad bridge donc en deux fois 2 kW à lui tout seul et par côté.
Un dernier 8500 est utilisé pour les 208 et d’autres enceintes que Thomas possède.
Cela fait donc trois amplis par côté plus un dernier pour les front fills et plus si besoin est.

Du DSP argenté et efficace

SLU : C’est quoi ce rack argenté que je vois avec les amplis ?

Blaise Dupiellet : C’est le processeur qui est en charge de gérer la diffusion, le ESP-00 de la gamme Control Space. Il embarque une carte AES qui reçoit le signal issu de la console de mélange DiGiCo SD8 de la salle et distribue en ESPlink et fibre optique vers les différents amplis.

SLU : Mais ce ne sont pas les amplis qui gèrent cet aspect de filtrage, égalisation et matriçage via le logiciel maison Bose ?

Blaise Dupiellet : Oui mais pour cette installation nous avons choisi de le faire dans le processeur, c’est plus souple, on a un départ séparé pour les subs si besoin est en festival. Enfin à l’époque où cette installation a été faite, Thomas avait souhaité rester en 100% numérique et les cartes d’entrée numérique des amplis n’étaient pas encore disponibles. Ca permet enfin à Thomas de processer avec d’autres boîtes.

La parole à notre hôte Thomas

Thomas Weyant

Thomas Weyant

SLU : Tu es sacrément équipé Thomas

Thomas Weyant : Pas mal oui. Outre ce que l’on vient de citer, je dispose aussi de quatre 115 L-Acoustics que j’ai réadaptées en bain de pieds, deux 112 en plus et quelques autres bricoles. Quand j’ai besoin d’une console pour les retours, je fais appel à une association de la région avec qui on fait des échanges.
La programmation de la salle est assez large avec en septembre un festival de musique et durant l’hiver quelques concerts de rock en plus de pas mal de théâtre et de jazz. Le tout se fait avec RoomMatch sans problème.

SLU : De toute façon tu n’as pas d’accroches pour un système visiteurs et il n’y aurait pas assez de place. Il faudrait tomber le Bose..

Thomas Weyant : C’est une tannée et cela n’a pas lieu d’être. Quand les gars arrivent et voient le système, ils sont naturellement inquiets car le kit Bose n’est absolument pas connu.

Blaise Dupiellet : Ils s’attendent à avoir des 802 quand on parle de Bose…

Thomas Weyant : Souvent ils passent nous voir, demandent à écouter et repartent satisfaits. Le seul artiste qui nous a demandé d’employer son système c’est Pascal Obispo puisqu’il a fait sa création chez nous et souhaitait écouter ce que cela allait donner dans les Kara qu’il a prises en tournée. Il n’a pas été enchanté car cette enceinte ouvre trop pour notre salle.

SLU : Elle est polyvalente votre salle, elle ne peut donc pas être trop mate…

Thomas Weyant : C’est une très belle salle avec de supers sièges et une acoustique vivante mais elle est assez complexe à gérer car les deux murs latéraux donnent sur des espaces différents et donc ajoutent chacun leur fondamentale différente dans le grave. On a aussi quelques passerelles qui n’aiment pas certaines fréquences basses et un retour du plateau. Tout cela est loin d’être ingérable mais rend des systèmes classiques bien peu pratiques.

SLU : Tu joues toujours en salle avec ta console ?

Thomas Weyant : Ohh non, 80% du temps je suis dans ma régie en hauteur donc j’ai voulu que la première boîte du haut tape chez moi pour que j’entende bien ce que je mixe. Je peux faire bouger via le bumper toute la ligne pour avoir plus ou moins de son à la régie. Pour le festival de septembre, je change cet angle car la console sera en salle comme aujourd’hui.

La salle vue depuis la console, une SD8 DiGiCo en mode « concert » et mangeant donc quelques sièges. L’habillage en bois de l’ensemble des parois rend l’acoustique très vivante, trop pour certains systèmes.

La salle vue depuis la console, une SD8 DiGiCo en mode « concert » et mangeant donc quelques sièges. L’habillage en bois de l’ensemble des parois rend l’acoustique très vivante, trop pour certains systèmes.

SLU : Blaise, Avec quatre boîtes tu as une sacrée ouverture verticale.

Blaise Dupiellet : 5 + 10 + 20 + 40, cela nous fait 75°. C’est un des avantages de ce système cette modularité car avec un line array classique, il faudrait au moins 8 boîtes par côté pour arriver au même résultat.

SLU : La gamme RoomMatch comporte des modules symétriques en ouverture horizontale mais aussi asymétriques. Quel choix a été fait ici ?

Blaise Dupiellet : Nous avons des modules symétriques car au moment de l’installation ceux asymétriques n’existaient pas, mais ce type de salle est clairement un cas de figure qui appelle des ouvertures horizontales asymétriques pour taper le moins possible sur les murs et concentrer l’énergie sur le public. C’est pour ça que nous l’avons rentré. Sur Modeler, notre soft de prédiction, on voit bien dans le shoot qu’on lèche les murs.

SLU : Et pour éviter de trop exciter dans le grave, avez-vous pensé à une configuration cardioïde ?

Blaise Dupiellet : Non. Nous avons commencé par placer les deux 15” au sol, mais on a été confronté à la résonnance générée par le plateau qui est creux sur une grande partie. On les a donc accrochés et sans pouvoir choisir notre point d’accroche à cause d’un cadre de scène en béton et très peu profond. On a une ouverture de 14 mètres et on a fait avec.

L’écoute du RoomMatch

Feu ! On ouvre RoomMatch et on commence l’écoute dans le théâtre vide, une écoute que nous faisons de haut en bas et de cour à jardin avec des morceaux musicaux dont l’inévitable Chris Jones et son remarquable Roadhouses & automobiles et un titre de Sheffield et Doug Sax faisant la part belle aux voix.
La signature Bose est manifeste, l’emploi du moteur EMB2 ramène le même piqué qu’avec les petites RMU, un aigu précis, un rendu naturel, un corps très intéressant dans les voix d’autant qu’il est assis sur les 10”, les 15” et, tout en bas, les 18”. Le calage est bien fait, on passe d’une boîte à l’autre sans grosses différences sauf peut-être le grave dans les 100 Hz qui couple un poil trop vers la mi salle où l’influence de la ligne et des huit 15” s’affirme et les deux subs en 18” perdent de leur effet.

La mise en phase est parfaitement réalisée et la sommation centrale est sans défauts. Le piqué sur la guitare est parfait et cela sans aucune agressivité. Une balade vers les sièges les plus déportés à cour et jardin donne un aperçu de la qualité offerte aux spectateurs. Indéniablement, les réflexions augmentent mais sans jamais que l’intelligibilité ne soit dégradée.
Le guidage du système RoomMatch paraît bien conçu et l’excitation des parois en bois reste suffisamment faible pour permettre une écoute satisfaisante même dans les trois ou quatre sièges les plus proches des murs. Il en va de même en allant vers le fond de salle à la régie. Une oreille avertie entend les réflexions augmenter siège après siège mais l’ensemble reste cohérent et agréable à l’oreille.

La boîte ouvrant à 5° et celle à 10° apportent leur écot à cette impression favorable en remplissant bien en signal « sec » avec peut-être une toute petite dureté entre 4 et 6 kHz, sans doute le fruit de leur faible ouverture. Un petit point d’EQ pourrait en venir à bout très vite. L’aigu en général est bon avec la dernière octave un peu trop haute à salle vide. Sans doute les choses rentrent-elles dans l’ordre une fois les fauteuils garnis. Le grave est assez bien réparti dans toute la salle, y compris dans les places les moins favorisées. Juste les deux coins arrière à cour et jardin, à l’opposé de la diffusion, manquent un peu d’assise. Rien de bien terrible.
L’impact du grave est bon, largement suffisant pour un concert acoustique et même électrique. Je connais en revanche quelques ingés son qui augmenteront un peu le contour et le niveau des deux subs 18” dont le calage est volontairement raisonnable et tout terrain. Vu la taille de la salle, la puissance mise en œuvre et la surface de membranes disponibles, rien n’est impossible.

Garçon, l’addition s’il vous plaît !

SLU : Financièrement est-ce que le choix Bose est intéressant ?

Thomas Weyant : Tout à fait. Je disposais d’un budget de 90 k€ et nous en avons eu pour 87 k€. Les autres soumissionnaires à l’appel d’offre oscillaient entre 105 et 120 k€, car il y a peu de line array qui sont prévus pour l’installation et évitent de faire payer tous les accessoires indispensables au Touring.

SLU : Le matériel que tu as remplacé était obsolète ?

Thomas Weyant : Non pas forcément, mais totalement insuffisant, inadapté et mal placé. Cela nous a conduit à louer plus que de raison pour un oui et pour un non, y compris pour des pièces de théâtre, et surtout lors de l’Estival de St Germain en Laye. Cela a occasionné des dépenses annuelles très importantes et a lancé la réflexion quant au déploiement d’une solution pérenne et efficace.

SLU : Des pièces de théâtre ?

Thomas Weyant : Bien sûr. A une époque on avait un magnéto puis un MiniDisk comme sources et ça collait. Mais depuis l’avènement des multipistes, on nous demande des diffusions de qualité, plus de points pour faire des effets, et nombre de spectacles, disons les trois quarts, arrivent avec des éléments sur Live d’Ableton, ce qui permet d’illustrer beaucoup plus précisément les oeuvres en ambiances, musiques ou effets sonores.

Et le mot « fin » apparaît

A la sortie de cette belle matinée, les choses sont claires. Totalement dédié à l’installation d’un restaurant chic comme d’un stadium américain, d’un night-club comme d’une église, le géant américain dispose avec la gamme RoomMatch d’un système bien né et parfaitement conçu pour se faire oublier et projeter du bon son dans tout type de lieu.
Avec 42 directivités différentes dont 4 horizontales et 5 verticales en symétrique auxquelles s’ajoutent 11 références jardin et 11 cour asymétriques, il est impossible de ne pas parvenir à parfaitement couvrir une salle, aussi tordue soit-elle.
Ahh vous avez compté et il en manque 2 ? Et les subs alors !

 

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