Une histoire d'autodidacte

Jocelyn Morel éclairagiste, pupitreur et collectionneur de Télescan…

Jocelyn Morel à Chalon, une étape de la tournée de Michael Gregorio dont il est concepteur lumière et pupitreur.

Jocelyn Morel à Chalon, une étape de la tournée de Michael Gregorio dont il est concepteur lumière et pupitreur.

Nous avons rencontré Jocelyn Morel, JoMo, sur une date de la dernière tournée de Michaël Gregorio dont il assurait le design lumière, et ce personnage par son originalité et son approche particulièrement humaine nous a immédiatement séduits.

Amoureux des machines vintage qu’il collectionne à l’infini, curieux de tout ce qui peut produire de beaux faisceaux, hyper sensible à l’artiste et à son propos (ce qui n’est pas de tout repos quand il s’agit de Michaël Gregorio).

Voici le portrait d’un éclairagiste pas tout à fait comme les autres…
Issu d’une éducation classique qui le prédestinait au professorat ou à l’armée, Jocelyn Morel a toujours voulu jouer de la musique et exercer un métier en rapport avec le spectacle. Il découvre sa voie en passant un jour devant un Sky Tracer installé dans une fête foraine…

Son parcours

A 18 ans, JoMo s’installe comme loueur de Sky-Tracer publicitaires. Nous sommes en 1994 et les débuts de ce type de projecteur annonçaient déjà un gros succès. Il achète quelques machines et démarre son aventure qui lui permet, en moins de deux ans de correctement gagner sa vie car la demande est très forte. Il devient rapidement le loueur au plus gros parc de sa région (une quarantaine de projecteurs tout modèles confondus), et de fait, le spécialiste en Sky-Tracer de balisage publicitaire.
Peu à peu rattrapé par le marché qui ne fait que s’étendre, il investit dans le laser et propose des shows laser qui le conduisent à côtoyer de plus près le monde du spectacle et des éclairagistes. Assez naturellement, il se met à s’intéresser aux projecteurs asservis et achète quelques scanners Coemar.

Michael Gregorio à Châlons-en-Champagne en 2015 (Robin 600 led Wash, et Pointe).

Michael Gregorio à Châlons-en-Champagne en 2015 (Robin 600 led Wash, et Pointe).

Le jeune passionné se positionne alors encore une fois comme un avant-gardiste dans la région du Nord où, à l’époque, peu de prestataires louaient et connaissaient ce genre de machine. Il se déplace toujours avec ses projecteurs et leur télécommande lors des prestations, et intègre un orchestre pour en assurer l’éclairage, une expérience qui lui permet d’apprendre réellement son métier.

Jocelyn est depuis longtemps hypnotisé par les Télescan et leur immense miroir qui renvoie de fabuleux faisceaux. Miroir ! Oh miroir...

Jocelyn est depuis longtemps hypnotisé par les Télescan et leur immense miroir qui renvoie de fabuleux faisceaux. Miroir ! Oh miroir…

Jocelyn Morel : “C’était un job formidable, même si finalement assez ingrat… On jouait parfois pour des organisateurs qui se foutaient complètement de notre boulot, on faisait des heures de ouf pour des sommes assez… modiques, c’est le bal ! Mais on le faisait toujours avec le cœur et la motivation. Et il m’arrive encore d’en faire parfois ! Disons qu’à mes débuts, c’était aussi un “laboratoire”. J’avais carte blanche, j’essayais des choses et j’apprenais énormément. Ca m’a beaucoup servi à trouver mon style et me construire des bases techniques.”

Chef d’entreprise accompli, l’exercice administratif ne lui convient pourtant pas. Il décide de devenir intermittent en 2003 et rencontre différents artistes, d’abord localement, puis de plus en plus loin dans l’hexagone, pour signer la lumière de Michaël Gregorio, Érick Bamy, Gaspard Proust, ou encore en collaborant plus occasionnellement avec Francis Lalanne ou Phil Barney.
Et même si Jocelyn semble avoir définitivement rejoint les régies de concert, il aime aussi éclairer des shows très différents, comme le cirque Amar, ou le cabaret Au Bonheur des Dames, pour ne citer qu’eux, avec lesquels il travaille depuis longtemps.

Sa lumière

SLU : Comment conçois-tu la lumière ? Comment la travailles-tu ?

Jocelyn Morel : “Ah… Ma manière de travailler a beaucoup évolué au fil des années. Au début, on fait surtout de la technique, et ensuite, se développe une vision plus artistique. C’est le chemin que j’ai pris. Je travaille de façon parfois très différente en fonction des situations bien sûr, mais l’idée de base, c’est : “mets moi l’artiste sur scène, et je m’occupe du reste !”
Mon travail est souvent basé sur ce que je ressens de l’artiste lors de sa prestation scénique. Un genre de travail “à l’instinct” qui prend forme au contact du spectacle lui-même. On apprécie mon travail, on le choisit pour “ma patte”, on parle technique, budget, et on me fait confiance pour le reste. C’est un peu résumé, souvent plus compliqué, mais ça exprime bien l’idée générale.

Spectacle de danse du Rond Point Des Arts. Spectacle 2015

Spectacle de danse du Rond Point Des Arts. Spectacle 2015

Spectacle de danse du Rond Point Des Arts. Spectacle 2015

Spectacle de danse du Rond Point Des Arts. Spectacle 2015


Que ça soit en encodage sur site ou via de la pré-prod en 3D, c’est mon instinct qui guide la plupart de mes réalisations. Sur une longue préparation ou en live sur un “one-shot”, je cherche toujours à garder un rapport vivant avec la lumière, à exprimer un ressenti, une émotion que je perçois du ou des artistes. Je suis musicien et c’est un peu comme pour la pratique d’un instrument. On s’imprègne de l’œuvre et on interprète. Parfois on fait dans le très précis, parfois on improvise, ça dépend du contexte. Il faut avoir de l’expérience et de la ressource pour pouvoir parfois s’affranchir d’un contexte purement technique et savoir reconnaître “un effet” ou une ambiance qui peut être parfaitement “juste” artistiquement.

Concert Christophe Vinet au Café de la Danse en 2008 (jeux de miroirs orientables fabrication “jomo” avec projecteurs Controlite PML Mk2)

Concert Christophe Vinet au Café de la Danse en 2008 (jeux de miroirs orientables fabrication “jomo” avec projecteurs Controlite PML Mk2)

Phil Barney, tournée 2009 (Martin Mac-700 et Studio Color)

Phil Barney, tournée 2009 (Martin Mac-700 et Studio Color)


SLU : Quel sont les éclairagistes qui t’ont inspiré

Jocelyn Morel : L’une de mes principales inspirations vient du travail d’Alain Lonchampt sur Souchon en 94 que j’ai vu à la télévision. Ca m’a retourné ! J’avais réussi à enregistrer l’émission en VHS à l’époque, et j’ai tellement passé la cassette que malheureusement le son est maintenant complètement inaudible et l’image sérieusement altérée. C’est un des éclairages les plus limpides et beaux que j’ai vus.
Plus tard, j’ai rencontré Claude Veyrat, l’éclairagiste d’Hugues Aufray, qui a beaucoup influencé ma façon de penser la lumière. Il contrôlait son kit exclusivement trad avec une Lightcommander, quasiment sans mémoires, tout en manuel. Sa lumière était posée et les angles qu’il avait, la façon dont il travaillait cette lumière dans l’espace était somptueuse. C’est encore une des démarches qui m’influencent le plus, et je ne l’ai vu travailler que deux fois !

SLU : D’autres éclairagistes ont compté ?

Jocelyn Morel : Jacques Rouveyrollis par exemple, quand il a fait Bercy avec ses murs de découpes avec scrollers, en 1992 pour Johnny Hallyday, ou Yann Kersalé sur Bashung en 93, les concerts de Michel Jonasz, encore avec Alain Lonchampt. Tous ces gens-là m’ont fortement influencé et ont nourri mes “bases”. Maintenant, j’aime énormément de choses. Je vois tous les jours des mises en lumières qui me font découvrir de nouveaux projecteurs tout à fait formidables. J’essaye d’en profiter tant que possible.

Michael Gregorio à Noisy le Grand 2012

Michael Gregorio à Noisy le Grand 2012

SLU : Il y a des choses que tu t’interdis en lumière, des directions dans lesquelles tu n’irais jamais ? Des choix que tu ne ferais pas, comme de la télévision par exemple ?

Jocelyn Morel : Même si je fais beaucoup plus de lumière pour les yeux que pour les caméras, il m’arrive de plus en plus de faire de la direction photo, ou au moins de savoir préparer une lumière adaptée à la captation. En télévision, mais finalement, c’est un peu pareil en spectacle, je regrette juste certains effets de mode, parfois.

Michael Gregorio à Toulouse 2014 Hommage à Claude Nougaro, faisceaux : Martin Viper

Michael Gregorio à Toulouse 2014
Hommage à Claude Nougaro, faisceaux : Martin Viper

J’aime l’éclairage d’avant-garde mais j’aime aussi les choses très anciennes et très basiques. C’est l’émotion qui importe et je n’ai pas besoin alors d’avoir systématiquement le dernier produit à la mode. Je suis toujours friand de nouveauté et très à l’écoute de tout ce qui sort, mais j’aime aussi être attentif à l’essentiel.
J’adore utiliser la vidéo et toutes les techniques qui viennent enrichir la mise en lumière actuelle par les capacités de mélanges incroyables mais je ne me prive pas d’utiliser un seul projo en douche sur un musicien.

SLU : Ne trouves-tu pas que les artistes sont de moins en moins éclairés directement.

Jocelyn Morel : Ce sont certainement des choix artistiques, mais parfois je trouve que c’est poussé un peu à l’extrême. Faire dans l’ambiance et l’impressif c’est une chose, mais veiller à ce que les gens qui ont payé 60 balles pour voir l’artiste ne ressortent pas frustrés de ne pas l’avoir vu, c’est important, surtout dans les grandes salles.
C’est peut-être mon coté baloche, mais j’ai toujours du mal avec cette tendance de ne pas “révéler” l’artiste. Même si j’aime beaucoup suggérer les choses, et jouer avec les contre-jours, les ombres, des angles qui vont finalement évoquer des ambiances en plaçant les artistes dans une évidence relative, il est très important que leur présence n’échappe pas au public par la mise en lumière.

Spectacle de danse du Rond Point Des Arts. Spectacle 2014

Spectacle de danse du Rond Point Des Arts. Spectacle 2014

Reconstitution historique de la bataille de Bouvines, juillet 2014 (Syncrolite SX3K et Martin Viper).

Reconstitution historique de la bataille de Bouvines, juillet 2014 (Syncrolite SX3K et Martin Viper).


SLU : Tu fais principalement de l’éclairage de concert, mais j’ai vu que tu travailles aussi dans d’autres domaines comme le cirque ou la danse.

Jocelyn Morel : Tout à fait. Je n’ai pas trop de frontières en éclairage. Je travaille avec mes amis du cirque Amar, j’éclaire des spectacles de cabaret, de la danse classique et contemporaine, du one-man-show, du son & lumière lors de reconstitutions historiques, un peu de théâtre aussi… Tout m’intéresse.

Au Bonheur des Dames, Spectacle 2014

Au Bonheur des Dames, Spectacle 2014

Cirque Amar spectacle 2015

Cirque Amar spectacle 2015


SLU : Tu fais du design mais tu pupitres aussi la lumière ?

Jocelyn Morel : Oui. J’aime beaucoup jouer en live la lumière que je conçois. Il m’arrive régulièrement de signer un design et d’en confier le contrôle à un opérateur, car on ne peut pas être partout à la fois, mais j’aime être aux commandes et défendre ma création devant le public, avec les artistes.”

Au Bonheur des Dames, spectacle 2015

Au Bonheur des Dames, spectacle 2015

Justement pour les montrer ses artistes, Jocelyn Morel, (dit JoMo), utilise les dernières nouveautés en matière de projecteurs mais aussi ses pépites indémodables, issues d’une collection impressionnante de Télescan et autres joyeuseries vintages !

Sa collection

SLU : Quand et pourquoi as-tu commencé cette collection ?

Jocelyn Morel : “J’ai beaucoup d’admiration pour les gens qui innovent, les pionniers, ceux qui « débroussaillent » des secteurs encore vierges. Et en France, il y a pas mal de ces gens qui ont ouvert la voie en développant des projecteurs qui sont devenus des succès planétaires. L’une des plus fabuleuses créations qui est un des points de départ essentiels de la lumière asservie telle qu’on la connaît de nos jours, c’est le Télescan…
Ces scanners motorisés ont été fabriqués en France, imaginés et conçus de façon presque artisanale par des gens passionnés, à une époque ou l’éclairage de spectacle en était à un stade plus que basique… Et ces machines, construites dans un petit coin de la région parisienne, ont été louées sur les plus grosses tournées internationales.

Une collection impressionnante et en état de marche à 85 %

Une collection impressionnante et en état de marche à 85 %

Quand j’étais encore bien jeune et que je feuilletais la presse spécialisée, les reportages où on parlait de ces incroyables machines m’ont toujours fait rêver. Je les voyais aussi en télévision sur des concerts, sur des émissions, etc… Et quand je me suis lancé dans le métier de la lumière, j’ai essayé de me monter un kit de matériel me permettant des choses un peu originales. J’ai compris assez vite que les machines dont je rêvais étaient difficiles d’accès…
Les Télescan étaient uniquement disponibles en location avec techniciens chez Caméléon, pour les tournées prestigieuses et les hautes sphères… Ils sont restés longtemps pour moi juste à l’état de rêve…

J’ai démarré l’éclairage de spectacle avec les asservis, en 1995, un petit kit de scanners Coemar qui étaient à ma portée. Ensuite, je suis passé à plus gros en Martin, et j’ai étoffé mes connaissances en lumière… Ma formation s’est faite sur le terrain, juste animé par l’envie de faire des jolies choses avec ce que j’avais.

Le Télescan Mark I, premier sorti chez Caméléon au début des années 80.

Le Télescan Mark I, premier sorti chez Caméléon au début des années 80.

Un jour, en 1999, j’ai rencontré chez Martin France un technicien qui travaillait chez Caméléon, et qui m’a filé quelques contacts là-bas. Et contre toute attente, alors que j’étais juste un lighteux de province qui pouvait au mieux leur faire perdre un peu de temps, j’y ai été accueilli avec une certaine bienveillance.

Peu de temps après, j’ai revendu presque tous mes projecteurs pour acheter un kit de 8 Télescan Mark-2 avec leur console. Le Mark II était devenu plutôt obsolète chez Caméléon (il date de la fin des années 80 et nous étions en 99 !) qui travaillait alors sur une nouvelle génération de Télescan.

Ces machines étaient déjà bien anciennes, parfois capricieuses comme on le sait, et m’ont parfois donné quelques sueurs froides en prestation, mais leur faisceau est fabuleux. Un simple contre-jour sur une chanteuse avec un iris qui s’ouvre tout doucement est juste unique à voir sur un Mark-II…

J’ai appris à penser ma lumière en termes de « source » et plus seulement en posant un « effet » sur une scène. Quand on manipule des machines comme ça, si on se contente d’agiter les faisceaux et de faire tourner des gobos, on comprend très vite qu’on passe à côté de l’essentiel. On passe du stade de « petit mec qui fait pouet-pouet avec ses scans », à « bon. J’ai ça entre les mains, faut arrêter de faire l’andouille. »

Du Mark I au Mark V, JoMo inlassablement sauve ces machines de l'oubli et de la casse.

Du Mark I au Mark V, JoMo inlassablement sauve ces machines de l’oubli et de la casse.

Et donc voilà comment c’est parti. Je n’étais pas spécialement fan de vintage, mais j’avais à moi, un kit de Télescan… LE rêve ultime pour moi à l’époque…
Personne n’avait ça. Les machines de Pink Floyd, de Jackson, Madonna, Hallyday, etc ! A moi ! Incroyable !
Je prends un grand plaisir à les bichonner, à les régler, à les maintenir en bel état.

Puis, quand ces machines sont vraiment passées de mode par l’utilisation massive de tout ce qu’on connait actuellement en matière de lumière asservie, j’ai entrepris de préserver tout ce que je pouvais. Toute pièce, tout projecteur, toute documentation, toute archive. C’est devenu un besoin vital, une réelle grande passion. J’en ai récupéré un bon nombre, acheté quelques uns, je fouine partout.

C’est une collection qui est devenue assez conséquente depuis le temps (notamment compte tenu de la taille des machines en question !) et je n’ai jamais imaginé un seul instant qu’elle atteindrait ce volume !
Aujourd’hui je possède près de 70 Télescan, et je ne parle pas des ballasts, des consoles, des flight-cases, des câbles, des pièces et accessoires divers… Aujourd’hui encore, je recherche tout ce qui peut avoir trait aux Télescan, et je piste toujours d’anciens lots de projecteurs qui peuvent se retrouver ci ou là dans le monde entier.
Je présente la collection et l’histoire de ces machines sur un site que j’ai créé sur ce sujet : www.telescan.fr

SLU : De quoi est-elle composée exactement ?

Jocelyn Morel : Elle compte 11 générations de modèles différents. Depuis le Mark-I, du début des années 80, dont j’ai plusieurs exemplaires et plusieurs modèles, jusqu’au Mark-V du milieu des années 90 : les plus récents. 85% des machines fonctionnent, les autres sont soit incomplètes soit dans un état critique, et j’envisage de les restaurer.

Michael Gregorio à Châteauroux 2015 (Martin Viper en faisceaux et FL-1300 sous les polycarbonates transparents).

Michael Gregorio à Châteauroux 2015 (Martin Viper en faisceaux et FL-1300 sous les polycarbonates transparents).

SLU : Quels sont tes chouchous ?

Jocelyn Morel : Ça dépend des moments ! Ils sont tous extraordinaires, et au sein même d’une série, ils sont parfois différents les uns des autres et révèlent tout un tas de modifications faites “sur commande” pour les besoins de tel ou tel spectacle. Chaque Télescan est pratiquement un prototype !

SLU : Où les entreposes-tu ?

Jocelyn Morel : Chez moi. Il y en a absolument partout… Heureusement, j’ai une compagne particulièrement tolérante… (Elle est du métier, donc ça aide !)

Grand fan des générateurs de brouillard MDG, Jocelyn en possède aussi toute une collection

Grand fan des générateurs de brouillard MDG, Jocelyn en possède aussi toute une collection

SLU : Comment assures-tu leur entretien ? Trouves-tu encore des pièces, des techniciens pouvant intervenir ?

Jocelyn Morel : L’’entretien est finalement assez simple, il faut pour ça du temps et de la place…
Et je n’ai pas souvent ni l’un ni l’autre ! Mais régulièrement, on transporte une série de machines dans un atelier et on met les mains dedans. C’est comme des vieilles voitures de collection. Ça marche d’enfer mais il faut régler, savoir écouter les bruits, ajuster, etc.

Techniquement c’est pas mal de mécanique très simple, de l’électronique basique (une panne classique se répare avec 2 euros de composants achetés dans un magasin d’électronique de base), seuls les soucis sur les cartes “cerveau” peuvent constituer un vrai problème. Mais ce n’est pas ce qui lâche le plus, fort heureusement.
Les techniciens qui connaissent bien ces machines ne sont plus très nombreux de nos jours, ou ils sont partis vers d’autres horizons. J’en connais quelques-uns et il m’est arrivé de leur demander de l’aide quand je bloquais sur quelque chose.

SLU : Que fais-tu des Télescan aujourd’hui ?

Jocelyn Morel : Et bien comme je te l’ai dit, je les sauvegarde, et j’essaye de les montrer là où ils peuvent avoir un intérêt. Lors d’expos sur l’histoire de la lumière ou du spectacle en général, lors de prestations où il peut s’avérer sympa et unique d’avoir ces projecteurs.
Je précise qu’il n’y a de ma part aucune démarche commerciale concernant les Télescan. Lorsqu’ils sont de sortie, les seuls coûts à envisager, sont ceux de la logistique et du personnel nécessaire à leur transport et mise en œuvre. Ça n’est pas un parc de matériel à louer. C’est une disponibilité de machines exceptionnelles qui sont là pour témoigner du passé et rendre hommage à leurs concepteurs, pour des occasions particulières. Et j’aime de temps à autres en intégrer une ou deux à certaines de mes créations ponctuellement, par pur plaisir.

C’est parfois très amusant de comparer leurs faisceaux avec ceux de machines très récentes, et on constate d’ailleurs souvent qu’ils sont très loin d’être “à la ramasse” sur bien des points ! Je les utilise de manière très occasionnelle, mais parfois quand j’ai ce genre d’occasion et que ça colle avec ce qu’on souhaite avoir en lumière, c’est particulièrement plaisant.

Le Mark III grâce à Jocelyn joue toujours, ici au Chatelet

Le Mark III grâce à Jocelyn joue toujours, ici au Chatelet

SLU : Quelles sont les machines que tu souhaiterais ajouter à cette collection ?

Jocelyn Morel : D’autres Télescan ! Toujours et encore bien sûr !
Sinon depuis tout ce temps, j’ai aussi une belle collection de produits anciens autre que Caméléon, que ce soit en projecteurs asservis anciens, miroirs ou lyres, consoles, poursuites, Fresnel de tous types, découpes anciennes, etc.
Ça va des lyres Syncrolite Mini-arc-2 en passant par de la console Vari Lite Artisan à de la poursuite Super Trooper à charbon ou encore les premières machines de Morpheus… Et dans ce secteur, je recherche toujours aussi des pièces sympas.
A bon entendeur !”

Qu’il soit derrière sa console ou dans son atelier à chouchouter ses projecteurs, Jocelyn Morel est un éclairagiste passionné et passionnant. On a hâte de le recroiser devant une scène car c’est là où il s’exprime le mieux, en couleurs et en lumières !

 

Crédits -

Texte : Isabelle Elvira

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