Projecteur laser

The Pyramide de Minuit Une : l’objet lumière non identifié

A la fois produit de créativité scénographique, projecteur laser révolutionnaire et source de lumière immersive, la Pyramide imaginée et créée par la société française Minuit Une, prestataire partenaire entre autres du Weather Festival, de la tour Eiffel ou de Jeff Mills, est en phase de faire évoluer l’expression visuelle du spectacle.
Née en 2013 des méninges passionnées de trois jeunes entrepreneurs et ingénieurs en physique français, et accompagnée dès son développement par des parrains de qualité que sont le centre de recherche de l’Institut d’Optique et le Centre d’Art moderne 104 à Paris, c’est en 2015 que le dispositif voit le jour et nous est présenté dans le showroom du prestataire Impact Evénement.

The Pyramide de Minuit Une

Évoluant dans une conception lumière spécialement réalisée par Nicky Tisserand et son pupitreur Stéphane Viallon, 7 pyramides de lumière nous démontrent dans la vidéo ci-dessous la singularité de cet objet-projecteur.

Rêvée comme une forme originale d’expression événementielle par ses créateurs, la Pyramide made in Paris, qui séduit déjà bon nombre de lieux d’art et de création, nous intrigue aussi.
C’est en découvrant le show lumière de Nicky Tisserand, et en échangeant avec cette dernière et l’équipe de Minuit Une, que nous tachons d’en savoir un peu plus sur la belle et lumineuse inconnue.

Aurélien Linz, cofondateur de Minuit Une, nous parle de la genèse du projet.

Les trois fondateurs de Minuit Une et inventeurs de la Pyramide, de gauche à droite, Eric Phelep , Aurélien Linz et Simon Blatrix

Les trois fondateurs de Minuit Une et inventeurs de la Pyramide, de gauche à droite, Eric Phelep , Aurélien Linz et Simon Blatrix

Aurélien Linz : « A la fin de nos études avec Simon Blatrix, nous avons abouti à un prototype et un brevet de la Pyramide et nous avons donc créé notre société Minuit Une avec Éric Phelep, notre troisième associé, qui lui, vient d’une école de commerce. »

Mais c’est surtout dans le cadre de l’incubateur pour jeunes entreprises innovantes du 104 à Paris (rattaché au musée d’art moderne) que Minuit Une se donne vraiment les moyens de faire évoluer le prototype pendant deux ans pour aboutir à ce produit fini qu’est la Pyramide et son concept, très nouveau.

Un projecteur qui est aussi un objet d’art.

Aurélien et ses acolytes voulaient dès le départ créer un éclairage scénographique qui soit aussi un bel objet. Et comme on peut aussi associer plusieurs pyramides entre elles pour créer des formes inédites et structurer l’espace en multipliant les angles de vue des 4 faces de chaque objet, ce concept représente une solution idéale pour habiller vite et bien presque n’importe quelle scène, lieu ou salle. Alors, les kits lumières, souvent importants en événementiel, pourraient être largement allégés et voir leur exploitation simplifiée.

La Pyramide est un bel objet en plus d'être un projecteur laser hybride transparent et multifaisceaux

La Pyramide est un bel objet en plus d’être un projecteur laser hybride transparent et multifaisceaux

Aurélien Linz : « Il s’agissait d’apporter à la fois un nouvel outil de création pour les éclairagistes et scénographes et une liberté concrète de l’objet-projecteur en tant que tel, qui peut tout faire très facilement, avec peu d’éléments et dans de grands espaces. »

Aurélien Linz : « Lors de nos rencontres avec des professionnels, ils ont exprimé ce besoin de réduire la logistique pour privilégier l’artistique. Là, avec ce produit, dès l’allumage (ultra simple, car la machine est plug and play: on branche, ça éclaire!) il a déjà un gros potentiel.
Ce projecteur se contrôle tout simplement en DMX, avec un accès facilité (même pour les novices des milieux plus «corporate» grâce à un mode macro avec des effets clé en main), tout en offrant des possibilités presque infinies de mises en lumière différentes. »

Un hybride laser/automatique.

En effet, La Pyramide laser a tout d’un projecteur automatique classique (robustesse, transport en flight case, contrôle DMX), tout en se distinguant par la qualité même de la lumière produite, qui présente un réel confort visuel, étonnant lui aussi pour une source laser.

Aurélien Linz : « Nous avons privilégié la qualité lumineuse. L’objet invite à être regardé. Grâce à la technologie interne, la lumière émise est très peu éblouissante. »

Une technologie largement développée aux cotés de l’Institut d’optique avec une volonté permanente de vouloir donner un nouveau souffle au laser et ses contraintes, de sécurité d’abord, puis d’utilisation, pour pouvoir l’emmener dans des lieux jusque là inaccessibles, tels que le 104 ou la Tour Eiffel.

La pyramide se commande comme un projecteur : entrée XLR5 pour le DMX, afficheur et touches de navigation dans le menu

La pyramide se commande comme un projecteur : entrée XLR5 pour le DMX, afficheur et touches de navigation dans le menu

Aurélien Linz : « Pour la Pyramide, nos recherches ont été menées pour abolir les longues distances de sécurité oculaire nécessaires pour la projection laser. Nous arrivons à une distance de sécurité de seulement 2 m, ce qui est inédit !
Car si on suit les calculs de la norme française, à puissance égale avec les technologies laser à scanner, on aurait une distance de 100 m à respecter. L’intérêt ici est de pouvoir mettre du laser partout, et encore une fois très facilement, tout en répondant aux standards. »

Comment ? En reléguant l’habituel scanner des projecteurs laser aux oubliettes, et en le remplaçant par un système de balayage unique, développé par l’équipe de Minuit Une.

Aurélien Linz : « Le système de balayage à rotation continue du faisceau permet d’obtenir dans les mesures ces performances de sécurité idéales, car la vitesse du faisceau est constante, il n’est jamais immobile. »

Et démocratiser le laser c’est aussi faciliter ses contrôles. Exit les logiciels dédiés, les protocoles ou l’appel à un ami (technicien laser!) pour utiliser la Pyramide: Tout se fait en DMX. Ça aussi c’est une petite révolution.

Aurélien Linz : « Nous avons cherché à contourner le sempiternel logiciel de contrôle pour laser en développant des canaux DMX comme pour les projecteurs automatiques avec des paramètres «classiques» de gobos, de vitesse, d’indexation, etc. Un software embarqué assure la conversion.
Nous disposons donc d’un mode à 18 canaux DMX qui permet très rapidement de prendre en mains la machine avec un grande variété d’effets, et un mode étendu full control à 30 canaux. Nous avons tenu à ce que le mode de contrôle et le contenu même des canaux soient le plus familiers possible aux éclairagistes, qu’ils puissent jouer avec du laser sans être spécialiste.

The Pyramide de Minuit Une

En fait, la Pyramide se comporte vraiment comme un automatique, seule sa source (ici une diode 5W RVB) diffère, en consommant moins qu’une lampe (beaucoup moins: à peine 60 W!), et en durant plus longtemps (quelque 4000 heures). »

Probablement aussi que les 4 miroirs qui dirigent les faisceaux laser au travers des parois transparentes de l’objet y sont pour quelque chose. Actionnés par des moteurs pas à pas, ils peuvent être contrôlés en 8 ou 16 bits pour des mouvements encore plus fins.

Mais ils relaient surtout la multitude de faisceaux issus d’une autre spécificité de la Pyramide laser : ses gobos. Créés électroniquement sur un canal DMX dédié, ils sont en fait le résultat d’ un découpage électronique qui démultiplie le faisceau, comme avec des couteaux, pour obtenir jusqu’à 64 bâtons par couleur, superposables à loisirs.

Et si on installe plusieurs pièces, comme ici, (7 pyramides délivrent leurs nombreux faisceaux dans le studio d’Impact Événement) on ressent bien l’impact du produit, très marqué mais aussi parfaitement en symbiose avec les autres projecteurs accrochés.

Remplir l’espace délaissé au dessus du public.

The Pyramide de Minuit Une

La forme pyramidale du projecteur qui mesure 50 x 50 x 90 cm et pèse une petite vingtaine de kg a été choisie et modélisée avec soin.
Tout comme le matériau de ses parois, en polycarbonate pour être utilisé partout, notamment au dessus du public ou en PMMA sur scène (avec une meilleure diffusion de la lumière) et un système d’accroche permettant de la suspendre et d’éclairer dans toutes les positions.

Aurélien Linz : « Le pouvoir visuel sur le spectateur est le moteur de notre création. En plus, on ne peut pas prétendre avoir un objet simple, intuitif et se suffisant à lui même si on ne facilite pas son installation ! »

Il est vrai que la dimension immersive de la Pyramide est indiscutable. En se plaçant en permanence du point de vue du public, les trois larrons invitent scénographes et éclairagistes à utiliser le projecteur pour combler l’espace au dessus d’une fosse ou de gradins de spectacle, trop souvent laissés à l’abandon, afin de créer des relais de lumière entre la scène et la salle.

Aurélien Linz : « La communion de l’artiste avec son public via la lumière, et l’habillage de l’espace, les réunissent dans un même monde en abolissant la frontière de la scène, sans avoir un lourd dispositif à mettre en œuvre…
On pourrait, par exemple, installer une cerce de 8 m de diamètre avec une dizaine de pyramides dessus afin d’obtenir un lustre lumineux magnifique et en toute sécurité au dessus des regards, puisque la source laser ne requiert qu’une distance de sécurité oculaire de 2 m. »

L’avis de Nicky Tisserand.

Pas étonnant que l’éclairagiste de mode, de ballets, de spectacles et d’événements Nicky Tisserand soit sous le charme de l’objet d’abord, de sa lumière ensuite, et surtout de ses créateurs engagés.
Dès sa rencontre avec la Pyramide, c’est la différence de l’objet qui embarque son imaginaire.
Elle collabore depuis avec la jeune équipe (26 ans chacun) et reconnaît n’avoir découvert que 20 % des nombreuses possibilités de l’appareil, qui ouvre tellement de voies et de champs d’applications.

Nicky Tisserand

Nicky Tisserand

Nicky Tisserand : « Je vois la Pyramide comme un objet qui révèle autre chose, que ça soit dans des scénographies lumière de concert, ou plus ponctuellement pour marquer, il n’est pas seulement un projecteur de lumière.
On dispose aujourd’hui de pléthore de projecteurs, on en utilise dans tous les sens, mais ce n’est que du faisceau. Avec la Pyramide, on utilise la lumière en tant que telle. »

Et bien qu’elle emprunte tous les codes des projecteurs automatiques via ses 30 canaux DMX, c’est sa conception à 4 miroirs qui, selon Nicky, augmente encore plus les possibilités en multifaisceaux. Que ça soit pour l’utiliser en vitrine (un des futurs souhaits de la scénographe) pour mettre en valeur un objet présenté, ou en exploitant la réflexion d’une source lumineuse extérieure sur ses parois transparentes, Nicky Tisserand, qui souligne le coté «graphique et beau» de l’objet, rêve du moment où la gamme s’élargira avec des sources plus puissantes de 15 ou 20 W pour pouvoir réellement exister en puissance lumineuse sur une grosse installation scénique.
Ainsi ce produit global, puits de créativité et projecteur à part entière, qui peut être joué seul ou en groupe, associé à d’autres projecteurs en éclairage, ou simplement leur servir de surface de projection (en vidéo mapping par exemple), semble pouvoir s’intégrer partout.

The Pyramide de Minuit Une

Que ça soit en événementiel, sur scène, dans de petites ou grandes salles, il libère le laser de son utilisation essentiellement clubesque, dans le noir total (même si des conditions d’obscurité sont nécessaires, un simple fond noir permettra de donner vie aux effets de la Pyramide).
Fait pour satisfaire éclairagistes, créateurs et prestataires, il se positionne sur le marché des projecteurs automatiques haut de gamme en termes de prix de vente (11 250 € pour le modèle 5W), de service (garantie, SAV, et entretien ultra facile) et de développement.

 

Crédits - Isabelle Elvira

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