Arnaud Tsamere dans le viseur de Spot Me avec Massimo Calfapietra

Le design lumière d’un One Man Show n’est pas un exercice facile. Expression théâtrale sans décors, il faut doser juste pour habiller l’espace assez discrètement et ne pas voler la vedette à l’artiste. Ce tableau est une vraie réussite.

L’humoriste Arnaud Tsamere, en tournée 2022-2023, évolue sur scène dans le viseur d’un système de tracking Robert Juliat Spot Me qui assure la fonction de poursuite de face et de contre sur un design scéno et lumière de Massimo Calfapietra. Suivez-nous à la Cigale.

De gauche à droite Pierre opérateur de poursuite, Massimo (concepteur lumière), Emmanuel (ingé son) et Arnaud (l’artiste).

Massimo Calfapietra a l’expérience des stand-up et collabore avec son artiste depuis plus de dix ans.
Cette nouvelle tournée “2 mariages et 1 enterrement” signe le retour sur scène d’Arnaud Tsamere après une pause de 3 ans.

Nous retrouvons Massimo à la Cigale pendant les répétitions.
La scène scintille comme un écrin à bijoux dans les faisceaux ciselés des projecteurs laser IVL Minuit Une et des spots Karif Ayrton, alors que les faisceaux de 4 petits wash Mini B Claypaky ne lâchent pas l’artiste d’une semelle en contre.

Massimo Calfapietra : « Ce design est complètement différent du précédent. C‘était une volonté de la Prod DarkSmile Productions pour marquer le retour d’Arnaud sur scène.


Au-dessus des faisceaux ciselés des Karif, les 4 beams blancs des Mini B suivent les hanches de l’artiste, contrôlés par Spot Me.

SLU : As-tu défini la scénographie avec l’artiste ?

Massimo Calfapietra : il est assez en confiance. Il m’a briefé sur ce qu’il aime d’une manière générale, apportant aussi des idées à des moments spécifiques du spectacle. C’était assez facile de le satisfaire.
Je voulais un kit qui passe-partout car avec Arnaud on peut passer dans des salles de 300 places jusqu’à un palais des congrès de 1600 places. On doit s’adapter s’il n’y a que 2 ponts ou une perche fixe pour l’accroche. Le matériel est sur panières et rentre dans un camion de 14 m3, ça va très vite à installer.

Simplement allumées, les pyramides Minuit Une ajoutent une touche de poésie à ce tableau qui mixe artistiquement les faisceaux à bord doux des B-Eye et Mini B Claypaky, des HPC 310 Robert Juliat et faisceaux ultra-découpés de l’IVL Square et des Karif.

Je pars donc avec seulement 12 projecteurs en tournée : 4 petits wash Mini B Claypaky à contre que j’utilise en tracking avec le système Spot Me Robert Juliat, 4 Spots Karif Ayrton au sol et 3 projecteurs laser IVL Minuit Une (deux pyramides et un Square) et bien sûr une poursuite led Robert Juliat Oz qui sert à la fois la face et le tracking.

C’est un prestataire de Lille, Public Address, qui fournit le kit. Je demande en plus aux salles 8 PC au plateau, 8 PC à la face, 2 découpes et 12 PAR LED, des projecteurs plus ou moins puissants selon la taille des lieux. Ici, à la Cigale, j’ai spécifié 6 B-Eye K10 Claypaky accrochés à contre, 4 sur le plateau et la face est assurée par 9 découpes ETC Source Four. J’ai aussi sur les ponts milieu 8 PC 310 H Robert Juliat et 4 PAR 62 aux sol en latéral.


L’IVL Square est sans concurrence pour marquer l’espace de magnifiques faisceaux ciselés et les Karif serrent leur zoom à 2,8° pour accompagner le thème du sketch. Apparemment, Massimo déconnecte le tracking pour partager les faisceaux de contre entre l’artiste et sa doublure.

SLU : Comment est venue l’idée du tracking ?

Massimo Calfapietra : Arnaud n’est pas un artiste qui fait du stand-up à blague ou des sketches. Son spectacle s’apparente davantage à une pièce de théâtre, construite par thèmes, dans laquelle il joue un rôle. N’ayant pas de décor sur scène, le désir de tracker l’artiste en contre me permet de faire un raccord, une fluidité qui le met en évidence lors de ses déplacements sans trop attirer l’œil. C’est un plus qui ne demande pas trop de projecteurs supplémentaires, seulement 4 mini-poursuites de contre que sont les Mini B.

SLU : Donc tu as sélectionné Spot Me. C’est un système facile à mettre en place ?

Massimo Calfapietra : Extrêmement simple. J’avais réfléchi à plusieurs produits car je pensais sérieusement utiliser un système avec des capteurs, réputé accessible et assez simple à mettre en place.

La poursuite Oz Robert Juliat montée sur le trépied et la lyre dédiés au système de tracking Spot Me.

Et j’ai rencontré Ludwig Lepage de Robert Juliat, via un ami Frédéric Blanc-Garin utilisateur du système L-ISA de L-Acoustics. Ils avaient travaillé ensemble sur projet de spectacle qui intégrait un système L-ISA et Spot Me en corrélation avec le son.

J’ai discuté avec Ludwig des avantages et inconvénients de Spot ME. L’avantage c’est la simplicité de mise en place : une poursuite sur son trépied dédié, ça passe dans toutes les salles.

L’autre avantage est de profiter du faisceau poursuite à la face que j’aime en one man show. L’inconvénient, n’ayant pas de poursuiteur attitré, est que je peux me retrouver avec quelqu’un de plus ou moins compétent mais je n’ai jamais eu de problème. Ils ont un viseur et en cas de problème, je pourrais toujours désactiver le tracking.

SLU : Comment se connecte Spot Me

Massimo Calfapietra : Tu connais le système ? Tu utilises un projecteur de poursuite monté sur une lyre qui intègre un capteur de tilt elle-même montée sur un trépied doté d’un capteur de pan. Après avoir paramétré l’offset, autrement dit la hauteur du centre optique du projecteur de poursuite sur scène qui représente à la hauteur de suivi de l’artiste, tu récupères le suivi manuel de la poursuite en 3D dans Spot Me pour contrôler au final des projecteurs motorisés, ici les Mini B de contre.

Le boîtier de capteur de tilt sur l’image de gauche et de pan sur le trépied à droite.

Spot ME utilise le protocole PSN (PosiStageNet) pour transmettre à la console les coordonnées de l’artiste dans l’espace, ladite console pilotant les asservis en DMX.
A l’origine, le système a été créé via le PSN de la GrandMA2 et ne fonctionnait qu’avec cette console. Pour pallier cette limitation, Robert Juliat a développé en collaboration avec ZacTrack, un serveur appelé Maestro que nous utilisons.

Maestro est accompagné d’une application pour tablette. Il prend en charge les informations et me permet de tout calibrer et de retoucher des choses en live. Hier par exemple, le trépied ayant un peu bougé, un Mini B était légèrement décalé. Je l’ai sélectionné et je l’ai déplacé sur l’axe x en live dans Maestro. Je suis donc en réseau sACN entre Maestro et la console et pas en PSN.


Visualisation de la zone de calibration de la poursuite définie en fonction de la surface scénique de la salle. C’est là que Massimo adapte les offsets et diverses fonctions des projecteurs dans Maestro, l’application développée par Robert Juliat en collaboration avec ZacTrack.

SLU : Mais c’est une GrandMA2 qui est ici à la régie !

Massimo Calfapietra : C’est le pupitre de La Cigale mais grâce à Maestro et son application, je peux utiliser n’importe quel pupitre.

SLU : Donc tu as dessiné les dimensions de ta scène dans l’application de Maestro.

Massimo Calfapietra : Oui, c’est un parallélogramme rectangle qui est calculé en 3D par Maestro


La fonction de l’application Maestro qui permet de dimmer la poursuite automatiquement quand l’artiste sort de la zone scénique prédéfinie. Le dimmer passe de 100 % dans la zone blanche centrale à zéro avec un fondu jusqu’à la fin de la zone noire.

SLU : Que se passe-t-il si l’artiste sort de ce parallélogramme ?

Massimo Calfapietra : C’est une autre fonction appelée Box, que j’utilise. Je définis des zones avec des murs virtuels. Dès que la poursuite pointe dans ces zones, si l’artiste part en coulisses ou quand il rejoint les spectateurs en salle, les machines sont dimmées automatiquement jusqu’à l’extinction.

On peut aussi jouer sur la fluidité. Si par exemple le trépied est posé en salle sur un gradin et qu’il bouge, on peut friser un peu les machines pour qu’elles ne réagissent pas immédiatement au moindre tremblement. A l’inverse tu peux compenser avec un temps de réaction très rapide si l’artiste court sur scène. Ce sont des données que je paramètre à la console et que j’adapte à chaque salle et à chaque poursuiteur.

SLU : Tu as mis combien de temps pour apprivoiser le système

Massimo Calfapietra : On a juste passé du temps avec Ludwig pour organiser le réseau. On a mis un kit en place le temps de bien prendre l’application, qui était toute nouvelle, en main et l’adapter spécifiquement à mes besoins. Je voulais sortir de la console en DMX vers les machines ce qui impliquait de merger l’information de la console et l’information de Maestro et finalement se servir de la console comme node.
C’est du sur-mesure qui nous a occupés deux belles journées. Ensuite sur les toutes premières dates de la tournée, j’ai connu et résolu tous problèmes possibles, comme la poursuite désaxée, la poursuite à plat, etc. Et je continue à trouver des astuces et des raccourcis.

SLU : Tu utilises la poursuite pour la face ?

Massimo Calfapietra : Je ne suis pas obligé de l’allumer mais je l’utilise effectivement pendant le show. Par exemple sur le numéro de mime c’est génial d’avoir cet effet de rond net sur le rideau de scène.

La face est soignée par 9 découpes ETC Source Four ou par le faisceau de la poursuite à leds OZ Robert Juliat.

SLU : Dans ce cas tu dois changer l’offset de hauteur ?

Massimo Calfapietra : J’ai créé une commande sur tirette à la console qui me permet de régler l’offset à une hauteur qui convient au poursuiteur.

L’écran de calibration de Spot Me. L’offset est ici réglé à une hauteur de 83 cm.

Ici il est réglé à 83 cm, Pierre suit l’artiste à niveau des hanches mais d’autres pourraient préférer le suivre plus haut et les Mini Beam de contre visent la même hauteur. Et il zoome le faisceau de la poursuite quand on l’utilise pour la face.

SLU : Parlons de ton kit lumière et de ton approche artistique

Massimo Calfapietra : C’est moi qui ai choisi tous les produits et j’ai eu la chance d’être suivi par DarkSmile Productions et le prestataire Public Address. J’ai ainsi un kit tout neuf et qui ne sort pas entre deux dates.

Les IVL Minuit Une, les deux pyramides et le square servent à la fois à habiller l’espace et à créer l’effet adapté à certains moments du show dans la suggestion ; par exemple un effet Laser immersif lors du sketch d’Arnaud sur les hologrammes qui produit l’ambiance idéale. Mais la plupart du temps, ils se suffisent à eux-mêmes quand ils sont allumés, ils sont magnifiques et quand je n’ai pas la possibilité dans une petite salle de les accrocher, je les pose au sol et ils sont tout aussi efficaces.


Les possibilités d’effets des IVL Pyramide et Square sont infinies grâce à leurs gobos issus d’un découpage électronique qui démultiplie le faisceau.

SLU : Ils se contrôlent facilement ?

Massimo Calfapietra : Oui, il faut juste savoir ce que tu veux faire avant de les allumer. Ils ont quatre tilts ce qui équivaut à 4 projecteurs. Dans la librairie tu ne sais pas sur lequel tu agis si tu ne crées pas une page de lay out. Quand tu as compris ça tout va bien. J’ai été bien briefé par Minuit Une chez qui j’ai suivi une formation de mise en route. C’est un produit super intéressant à travailler.

Les spots Karif Ayrton, projettent de superbes faisceaux dans l’espace. Notez la hauteur l’inclinaison de la base du pied support…

Les Karif (j’en ai 4 au sol ) je les ai choisis pour la qualité de leur optique qui est très belle pour donner de la matière et du volume.
C’est aussi une machine compacte et qui s’adapte à tout type de jauge que nous rencontrons, avec de la puissance de faisceau.
Ce sont des choix atypiques mais qui fonctionnent bien ensemble.

… qui assure à Massimo un plus grand débattement du tilt vers le sol.


Enfin, les 4 Mini B font très bien le job. En plus ils sont légers et rapides. Ce sont les seuls de mon kit qui doivent évidemment être accrochés quelle que soit la salle.

Avec leurs 7 sources led RGBW de 40 W, un zoom 4 – 55°, les Mini B, hauts de 34 cm, assurent un joli contre en tracking.

SLU : Tu as un réseau entre la régie et le plateau ?

Massimo Calfapietra : Je pars directement en DMX de la console avec seulement deux univers DMX, un pour mon kit et un pour celui de la salle. »


Il est temps de grimper rejoindre Pierre dans le local de poursuite exigu de la Cigale en faisant attention de ne pas bousculer le trépied supportant Oz et Spot Me qui est calibré aux petits oignons.
L’avantage c’est que la poursuite à led Oz ne chauffe pas (ou si peu). Dans un bocal aussi petit c’est un vrai confort pour l’opérateur qui ne subit pas une étuve pendant 2 heures. « L’autre avantage de la led, me dit Massimo, c’est que j’ai la main sur le dimmer à la console.

Pierre à la poursuite. Difficile de ne pas rire des pitreries d’Arnaud Tsamere, mais il faut garder le contrôle des mouvements ou friser les Mini B.

SLU : Pierre, tu t’es adapté facilement à spot me

Pierre : « C’est assez troublant de piloter à la fois le faisceau de poursuite mais aussi les machines de contre qui sont en lien avec Spot Me. On se fait parfois avoir.
On a le souci esthétique de regarder sa poursuite mais aussi les contres pour qu’il soit bien sur les épaules de l’artiste.
Je me suis fait avoir les premiers jours car je cherchais à obtenir un beau contre qui prédominait vu que la poursuite n’est pas forcément à fond et je me suis pris la casquette du théâtre. Il faut avoir l’œil un peu partout ; c’est une approche différente.

SLU : La poursuite c’est ta spécialité ?

Pierre : Je suis polyvalent, je fais de la poursuite de la console, du réseau et de la direction technique. »

Massimo Calfapietra : « Pour nous c’est un bonheur d’avoir ici des techniciens, Pierre et Vincent (ce dernier n’est pas là le jour de notre visite) aussi polyvalents et compétents. C’est agréable de parler le même langage. On forme déjà une équipe alors que nous ne nous connaissions pas avant et c’est canon. »

SLU : Que se passe-t-il si tu rigoles des blagues d’Arnaud Tsamere ?

Pierre : « Massimo a toujours la possibilité de friser les projecteurs pour éviter les tremblements intempestifs des Mini B (rires). »

Conclusion

Avec un petit kit ultra moderne Massimo Calfapietra renouvelle le design du One Man Show et habille joliment la scène avec élégance et fantaisie. Il dispose de projecteurs puissants mais subtilement dosés pour le confort de son artiste. L’idée du tracking avec ces faisceaux suiveurs en contre apporte une touche de vie fluide et discrète qui accompagne l’artiste humoriste.
Les Karif judicieusement montés sur tige sont de précieux atouts dans l’équilibre des tableaux. Et avec seulement trois sources laser IVL, la scène prend de multiples aspects, écrin à bijoux, cocon, ambiance futuriste et effets laser qui servent efficacement les thèmes du spectacle.


Massimo Calfapietra

Massimo Calfapietra, originaire de Lille a fait ses armes dans l‘événementiel avant de s’intégrer dans le cercle des techniciens d’humoristes en 2005.
Massimo est alors polyvalent et sa capacité à gérer le son, la lumière et le plateau lui permet de partir avec le One Man Show d’Arthur en 2005.
Sa collaboration avec Arnaud Tsamere a démarré il y a plus de 10 ans. Parallèlement Massimo intervient sur des concerts et festivals.


Les plans de Feu

 

Crédits -

Texte & photos : MC

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