ChamSys QuickQ Series, la lumière en un claquement de doigts

Tel le David Anglais contre le Goliath Allemand, une console bleue s’impose de plus en plus dans des régies lumière souvent monochromes. ChamSys, et c’est sa force, compte sur ses aficionados pour chanter les vertus de sa gamme MagicQ.

La surmontée d’une Remote par tablette et accompagnée par le visualiseur MagicVis. En cas de doute, suivre les liserés bleus !

En France les ligtheux du Grand Ouest, chauffés par Nico Riot* et Cyssous**, une grosse poignée de Lyonnais épaulés par les prestataires locaux, ou encore l’opérateur parisien Andreas Monchaueur*** recommandent son ergonomie héritée de la Hog. Faite PAR et POUR les éclairagistes. Tous associent sa rapidité d’exécution aux nombreuses astuces d’encodage débarrassées des options superfétatoires rencontrées par ailleurs.

*Nico Riot est le fondateur du collectif Chirac Design (Gojira, Ultra-Vomit, Marilyn Manson, Deftones)
**Cyrille ‘Cyssous’ Dupont est l’éclairagiste de FFF, Yousoupha, Pleymo et dernièrement Kerry James
***Andreas ‘Monsch’ Monchaueur est le formateur recommandé par Sonoss, distributeur officiel de la marque ChamSys en France.


Au-delà de nos monts et de nos vaux, elle accompagne souvent la jeune garde des lighting designers Rock et Electro US. La MQ 500 Stadium, le summum technologique de la marque qui vient de dépasser les 500 unités vendues, bénéficie il est vrai d’un tarif relativement abordable autour de 25 000 €, permettant de générer 200 univers DMX dans sa version 2 !
ChamSys n’oublie cependant jamais ses racines. Tous ceux dont les besoins ne vont pas forcément de pair avec un budget extensible, et pourtant désireux d’accéder à la philosophie MagicQ. Alors a surgi une nouvelle gamme, abordable en prix, de consoles à la prise en main quasi immédiate, faites pour complémenter les parcs techniques, les clubs, certaines salles d’accueil ou à prendre dans sa valise ; voici la série QuickQ.

Les tablettes de la foi

Trois consoles forment l’arc QuickQ, dont la QuickQ 10 représente le versant le plus simple d’accès et les Q 20 et Q 40 les déclinaisons les plus complètes. Elles se présentent dans un format rectangulaire, la partie gauche dédiée aux faders, la partie droite se sépare entre l’écran de programmation et les tranches de playback. Hormis les encodeurs et une demi-douzaine de boutons spécifiques, tout l’encodage s’effectue par l’écran.

L’écran par défaut des QuickQ, avec les touches d’enregistrement en haut, les presets, la vue et sélection des projecteurs puis les affectations de fader tout en bas.

Toutes bénéficient d’une interface inspirée des logiciels pour smartphone. Les boutons Home, Settings et Back familiariseront les utilisateurs débutants. Sur l’écran couleur de 9,7” les menus sont clairs, détaillés, avec des visuels et des menus graphiques instinctifs pour tout utilisateur, y compris ceux n’ayant aucune connaissance en DMX ou en programmation lumière.

Ce choix est renforcé par la passerelle Wi-Fi intégrée pour connecter quasi instantanément une tablette sous iOS ou Android. Après téléchargement de l’appli Remote QuickQ, une page dotée d’un grand QRCode, disponible sur la console, permet la mise en réseau avec la tablette. Dès lors, le pupitreur bénéficie d’une deuxième surface de contrôle identique à celle de la console, facilement transportable pour régler ses projecteurs à distance.

Le génial menu d’appairage en QR Code. Une fois scanné par la tablette, la connexion est immédiate.

Il peut aussi bloquer sur cet écran une fenêtre ‘Execute’ qui présentera un répertoire de mémoires à exécuter, pour ne laisser à un tiers que la partie restitution de la console. En bonus, une glissière permet d’accrocher sa tablette directement sur la console. Easy.

Bien sûr, que ce soit sur la console ou la tablette, les “gestures multi-touch” permettent un gain de temps considérable. Outre les zoom et défilement, des onglets rétractables se déplient pour accéder facilement au réglage de chaque paramètre. Chaque fonction des projecteurs est représentée par de larges icones dans les vues de presets. Les contrôles de base sont toujours accessibles, tout comme un panel d’effets prédéfinis adaptés à chaque famille de presets. Les positions bénéficient d’un trackpad virtuel, la colorimétrie d’un Colour Picker, de librairies de gélatines et de réglages par fader.
Derrière ces représentations que certains jugeraient enfantines, se cache au contraire la force de ChamSys. Distribuer le même noyau de programmation, le Corpus ChamSys, entre les MagicQ et les QuickQ dans une enveloppe simplifiant au maximum les processus d’encodage. Malgré une version qui n’offre pas encore tout son potentiel, les touches Locate, les options de Fan, le tape-time et les réglages de vitesse et taille d’effets participent à ce souci constant de ludicité.

La vue des presets de position avec le Widget du tilt déplié sur la droite. Les effets se sélectionnent dans le menu idoine, entre le trackpad et les presets prédéfinis.

S’ajoute au Colour Picker et ses tirettes virtuelles d’ajustement, plusieurs collections de gélatines et d’effets dédiés. Pour débuter sans réfléchir, la palette de couleurs propose déjà les dix teintes universelles.

L’ergonomie visuelle s’empare des presets de beam. Examen réussi avec cette présentation parfaite de l’Iris et du zoom, les images des gobos et toutes les sous-fonctions en accès direct (shake, strobe etc.).

Pour ChamSys le pupitreur ne devrait pas s’abriter derrière une complexité de programmation pour justifier la création de tableaux lumière, et le constructeur y attache une attention primordiale. Bien sûr, interface “ludique“ ne veut pas dire interface “pauvre“. Pour preuve, l’utilisateur peut dès à présent l’explorer en téléchargeant sur son PC Windows ou Mac le software offline QuickQ Designer V1.2 par le lien ici. Celui-ci est bien entendu commun aux trois consoles.

Cette version est sortie au moment où nous écrivons ces lignes. Elle intègre les sacro-saintes macros d’allumage, reset et extinction de lampe, ou le déploiement d’effets par groupes (Spread). D’autres améliorations sont prévues, dont les updates de mémoires ou des banques d’effets dédiées au pixel mapping par exemple.
Pour mettre à jour les consoles, il suffit de récupérer le fichier d’installation QuickQ Console V1.2 sur une clef USB. Cette méthode fonctionne pour ‘upgrader’ ou ‘downgrader’ sans limitation. Les autres logiciels ChamSys sont disponibles ici

Le visualiseur MagicVis, tout comme QuickQ, est prévu pour fonctionner en réseau avec les gammes QuickQ grâce au port Ethernet ou au Wifi de la console. Il faut logiquement prévoir un ordinateur avec suffisamment de ressources, dont une carte vidéo dédiée NVidia ou ATI Radeon. Dernière bonne nouvelle, les shows MagicQ sont compatibles QuickQ, et inversement ! Hormis les fonctions avancées, l’intégralité des sauvegardes sera lisible quels qu’en soient le support et la console.

Des faders et des hommes

Si la sélection des projecteurs ou des groupes s’effectue facilement grâce au layout de représentation géographique 2D, il est tout aussi facile d’utiliser les faders de la partie gauche de la console, les ‘Fixture Fader’. Ceux-ci remplissent trois fonctions distinctes, la commutation s’effectuant à l’aide d’une des touches ‘Mode’.

Le layout permet de placer les projecteurs dans un espace virtuel pour les sélectionner ou visualiser leur intensité, puis par la suite de bénéficier d’un pixel mapping rapide.

Le mode Fixture (FIX) permet d’utiliser les faders comme niveaux d’intensité pour chaque projecteur patché dans la console. Le bouton situé sous les tirettes s’utilise pour sélectionner le projecteur, tandis que le voyant du dessus passe en couleur verte pour signaler ce mode de travail. Un nouvel appui sur la touche FIX change de banque de projecteur, si leur nombre dépasse celui des faders présents sur la console.

Le mode Groupe (GRP) fonctionne à l’identique mais avec les groupes de projecteurs prédéfinis et des voyants passant à l’orange. Dans ces deux cas, une fois les valeurs de dimmer choisies, la mémorisation du ‘look’ de sortie est immédiate. Il suffit de presser la touche rouge d’enregistrement puis choisir une mémoire disponible à l’aide de la troisième touche.
Le mode Cue (CUE) permet de basculer les faders en banques de scènes, avec des leds bleues sur les voyants. Une scène se compose soit d’une mémoire unique, soit d’un effet. La priorité est gérée automatiquement, HTP pour les paramètres de dimmer, LTP pour tous les autres.

Sur l’écran est représenté le niveau de chaque fader, ainsi que le projecteur associé. La touche ‘Record’ est située à droite de la touche ‘Clear / Restore’.

Comme les faders ne sont pas motorisés, le passage d’un mode à l’autre demande au pupitreur de rejoindre manuellement le niveau précédent pour pouvoir le modifier. Pour les séquences plus complexes, à plusieurs mémoires empilées, ce sont les ‘faders playback’ de la partie droite de la console qui prennent le relais. Ceux-ci fonctionnent soit comme des Cue Lists (mode Theater), soit comme des Chasers (Chase).

Le bouton sous le fader est un flash. Au-dessus, sur l’écran, apparaît une case avec les informations dédiées à la Cue List. Un appui court la sélectionne, pour pouvoir utiliser les boutons Play et Pause situés à côté du GrandMaster. Un appui long donne l’accès aux paramètres de temps et aux différents pas contenus dans la séquence, pour les organiser suivant leur propre Time Line.

Des consoles de caractère

Il convient ici de noter une différence fondamentale entre la QuickQ 10 et les QuickQ 20 et 30. La première est prévue pour remplacer les petites consoles traditionnelles. Elle est limitée aux gradateurs et projecteurs simples à led. Sa partie Playback est composée d’un seul fader de séquence, plus deux pour les Chases ; le programmeur est uniquement tactile.
Les QuickQ 20 et 30 sont capables de gérer tout type d’asservis, et possèdent un grand nombre de Playbacks ainsi que des fonctionnalités de time code et Midi. Quatre encodeurs de programmation ceinturent l’écran. Ces trois consoles partagent cependant le même show et des caractéristiques communes.

En premier lieu, le Colour Control Area, une zone d’encodeurs et boutons dédiés au contrôle de la colorimétrie en mix couleur HSV (Hue Saturation Value), soit le choix d’une teinte et sa puissance. Les touches FADE et SNAP gèrent les transitions entre couleurs.

Un zeste plus technique, les différents menus de configuration de show sont aussi accessibles que compréhensibles. Le Patch, parfaitement lisible, fournit un paramétrage simple des projecteurs du show, avec une option d’auto-patch par RDM (patch automatique des adresses et modes DMX des projecteurs depuis la console, ou l’inverse).

Le patch bénéficie des librairies de la MagicQ, soit un catalogue de plus de 24 000 types de projecteurs, mais aussi d’un patch automatique par RDM.

Les configurations de réseau, wifi et langues sont regroupées dans le menu Settings, tandis que File permet de gérer ses sauvegardes.

Enfin la fenêtre Output affiche en temps réel les niveaux de sortie des projecteurs par canaux DMX.

Par univers, les paramètres de projecteurs sont exprimés en pourcentage.

Les premières ventes réalisées à l’étranger, en particulier aux Etats-Unis, montrent l’énorme potentiel des QuickQ. ChamSys semble gagner son pari d’une console ultra-abordable à la manipulation quasi-instinctive. Même si la clientèle visée n’est pas un public averti, beaucoup de prestataires et de techniciens s’y intéressent avec raison.

Derrière l’intuitivité impressionnante de la console et son interface visuelle se cache ainsi un énorme travail d’ergonomie, une des clefs du succès de ChamSys depuis ses débuts. Une réussite qui prépare un bel avenir aux futures consoles ChamSys, et surtout aux futurs utilisateurs en bleu.

En France, ces consoles sont maintenant disponibles chez Sonoss, et les premières livraisons sont en train d’être effectués auprès des prestataires.

  • Q 10 : 1.640 € HT public – Q 20 : 2.450 € HT public – Q 30 : 3.270 € HT public

Plus d’infos sur le site Sonoss et sur le site ChamSys

Et pour télécharger le software offline QuickQ Designer V1.2


Caractéristiques communes aux consoles QuickQ

Fixture Fader
Cue Stack Fader
Selected Pause and Play button
GrandMaster and Blackout
Fader Mode button
Colour Control Area

2 ports USB
1 port RJ45 IP Class A.
Réseau sACN, ArtNet et Pathport
Réseau software off line QuickQ et visualiseur MagicVis
1 sortie HDMI pour écran externe 1920 x 1080 HDMI
Entrée et sortie Audio, Audio Triggering et BPM tap.
Entrée et sortie Midi, Midi time code et OSC (Open Source Protocol) via RJ45.
Emetteur et antenne Wi-Fi pour tablette déportée avec l’application Remote QuickQ
Support tablette verticale

Caractéristiques spécifiques des consoles QuickQ

QuickQ 10 : Pour projecteurs trad et leds

1 univers DMX possible
1 sortie DMX XLR5
512 projecteurs traditionnels ou leds
20 Fixture faders
2 Chaser fader
1 Cue-stack fader
52 x 35 x 11 cm
4,7 kg

QuickQ 20 : Pour tout projecteur automatique

2 univers DMX possibles
2 sorties DMX XLR5
1024 projecteurs traditionnels, leds ou asservis
20 Fixture faders
10 Playback fader
Multiple Cue Stack
OSC, Midi et Midi time code
56 x 35 x 11 cm
5,2 kg

QuickQ 30 : Pour tout projecteur automatique

4 univers DMX possibles
3 sorties DMX XLR5

2048 projecteurs traditionnels, leds ou asservis
40 Fixture faders
10 Playback faders
Multiples Cue Stack
OSC, Midi et Midi time code
76 x 35 x 11 cm
6,1 kg

Crédits - Texte Tristan Szylobryt

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