Idomeneo re di Creta au Théâtre Archevêché avec Amadeus


Un dispositif sonore sur-mesure a été développé et installé au sein du Théâtre de l’Archevêché afin de subtilement modifier les caractéristiques acoustiques du lieu.

Raphaël Pichon, le directeur musical, chef de l’orchestre et du chœur Pygmalion.

A la demande de Raphaël Pichon – directeur musical, chef de l’orchestre et du chœur Pygmalion – une technologie mêlant acoustique active et spatialisation sonore a été conçue et déployée par Amadeus, en vue de maximiser l’expérience du public.

« Le travail réalisé en collaboration avec les équipes de la société Amadeus pourrait se comparer à une forme de ‘restauration sonore’.
Le Théâtre de l’Archevêché est un lieu unique, parmi les plus évocateurs du passé de la vieille cité, un lieu qui porte le poids des ans. Sa façade en fond de scène est classée au patrimoine mondial de l’Unesco.

Aurélie Granier.

Avec son imposant abat-son s’étirant vers le ciel et ses hauts murs de pierres surplombant l’auditoire, les difficultés liées à l’acoustique naturelle de la salle sont de vraies contraintes auxquelles les orchestres doivent faire face », évoque Aurélie Granier, Responsable du Département Audiovisuel, et ingénieure du son.

« Conscient des problématiques sonores dictées par le lieu, le chef Raphaël Pichon nous a sollicité afin de développer un soutien acoustique immersif pour les spectateurs. Nous avons donc pensé et déployé une boîte à outil sur-mesure afin d’homogénéiser, de détailler le son de l’orchestre, des solistes et des chœurs, ainsi que d’allonger le temps de réverbération naturelle de l’Archevêché », poursuit Aurélie Granier.


La magnifique mise en scène de Idomeneo Re di Creta.

Le système imaginé combine un processeur de spatialisation sonore HOLOPHONIX – développé par la société Amadeus en coordination avec l’IRCAM – à un système électro-acoustique constitué de près de 50 enceintes acoustiques, dont certaines réalisées sur-mesure, habillées de pierre naturelle et rendues quasi-invisibles.


Clément Vallon.

« Le temps de réverbération du Théâtre est inférieur à ceux généralement mesurés dans les édifices conçus pour l’art lyrique et hétérogène selon les zones, dont le parterre, le balcon, le sous-balcon.
Homogénéiser en timbre, en niveau et réverbérer de façon cohérente les sons acoustiques provenant de l’orchestre installé en fosse avec ceux du chœur et des chanteurs présents au plateau était au cœur de notre démarche », évoque Clément Vallon, musicien et ingénieur du son ayant assisté les équipes du Festival durant la phase de création.

« Nous avions par ailleurs constaté un manque de propagation du son de l’orchestre installé en fosse, induisant des problématiques de timbre sur les vents, sur les violons ainsi que sur la définition des basses fréquences. Cela se ressent principalement au parterre et notamment sous le balcon, » poursuit Clément Vallon.

Conçu par Amadeus en collaboration avec le STMS (Sciences et Technologies de la Musique et du Son) ; laboratoire fondé en 1995 et hébergé au sein de l’Institut de Recherche et Coordination Acoustique/Musique ; le processeur HOLOPHONIX équipe de nombreuses institutions théâtrales, musicales et muséales en France, parmi lesquelles figurent les plus prestigieuses dont le Théâtre National de Chaillot, la Comédie Française, La Scala, le Panthéon, le Festival d’Avignon, etc.

Aussi joli à voir que chouette à écouter, le processeur Holophonix.

Le processeur HOLOPHONIX embarque plusieurs techniques de réverbération et de spatialisation permettant de positionner, de déplacer et de réverbérer des sources sonores dans un espace 2D et/ou 3D.

Un algorithme de spatialisation favorisant la synthèse de champ sonore en 3D ou Wave Field Synthesis (WFS) – associé à plusieurs réverbérateurs paramétriques – a été sélectionné afin de placer de manière intuitive les réflexions virtuelles et spatialiser finement les sources acoustiques présentes sur scène et dans la fosse.

Une capture de la programmation de la session pour Idomeneo de Holophonix.

« Compte tenu de la complexité du dispositif et des objectifs, nous avons choisi de travailler uniquement avec des réverbérateurs paramétriques et avons très rapidement écarté les solutions à convolution ou régénérative », évoque Adrien Zanni, chercheur et développeur chez Amadeus pour le projet HOLOPHONIX.

Adrien Zanni, chercheur et développeur chez Amadeus pour le projet Holophonix.

« Cette technologie nous permet davantage de liberté, un contrôle absolu sur un maximum de paramètres facilitant le travail différencié par zones et indépendamment pour chaque source sonore, ainsi qu’une adaptabilité totale, au plus proche des demandes du chef et de l’équipe artistique.
Les réverbérateurs impulsionnels permettent généralement d’obtenir rapidement des résultats satisfaisants, mais la finesse des réglages à notre disposition reste relativement faible.

Par ailleurs, les opérations de convolution nécessaires aux réverbérations impulsionnelles sont très coûteuses en ressource et en latence, ne permettant donc pas de multiplier les canaux de réverbération et la finesse de réglage comparativement à une réverbération paramétrique.

Enfin, nous souhaitions ici isoler et travailler indépendamment les sources sonores (solistes, chœur, orchestre) en vue de les réverbérer finement, en excluant la zone de spectateurs de la captation, afin de conserver davantage de précision et de contrôle. Un système régénératif était de fait exclu », poursuit Adrien Zanni.

Une des C12 latérales en finition et couleur Archevêché, une des spécialités d’Amadeus.

Le dispositif électro-acoustique est constitué de près de 50 enceintes acoustiques, faisant face, entourant, enveloppant et surplombant pour certaines les spectateurs, afin de recréer le plus naturellement possible des réflexions acoustiques virtuelles et soutenir finement les chanteurs ainsi que les musiciens.

« Les enceintes acoustiques sont réparties devant, au-dessus et tout autour du public, dans la proportion de quatre enceintes au cadre de scène, deux au sein de la cage de scène, dix placées devant les murs latéraux, huit suspendues sous le balcon, huit placées derrière les spectateurs installés au parterre et enfin huit placées derrière les spectateurs installés au balcon », évoque Clément Vallon.

« L’infrastructure audio est articulée autour d’un réseau Dante, redondant, conférant une certaine légèreté et flexibilité au dispositif technique. Le système a été conçu dans une logique d’intégration au dispositif préexistant, incluant une console Yamaha CL3, plusieurs stage boxes Yamaha RO et Rio, le tout interconnecté par des switches Yamaha SWP… Le processeur HOLOPHONIX ainsi que les amplificateurs Powersoft, tous compatibles Dante, se sont donc intégrés aisément dans le dispositif », poursuit Clément Vallon.

« La console de mixage Yamaha CL3 assurait le traitement et le mixage à la fois vers HOLOPHONIX pour la diffusion de la réverbération et le renfort sonore de l’orchestre, mais également pour les retours et les différents espaces du théâtre. Le dispositif microphonique était composé pour la captation sur scène d’un ensemble de 15 microphones, et pour l’orchestre d’une vingtaine de microphones », complète Clément Vallon.

La CL3 de l’Archevêché, toujours fidèle au poste et habituellement full de chez full…

« Les microphones de la cage de scène étaient exclusivement dédiés au système de réverbération, ainsi qu’au renfort acoustique du sous-balcon. Nous avons placé une rampe de 6 microphones DPA 4011 équipés de câbles de déport du préamplificateur pour une intégration plus discrète.
En complément de cette rampe, nous avions des microphones hyper-cardioïdes positionnés de part et d’autre du cadre de scène, deux par coté, une paire pointant vers le centre de l’avant-scène, l’autre pointant vers le lointain du plateau, et enfin de deux micros suspendus à l’avant-scène et trois micros suspendus au lointain. L’ensemble de ces microphones étaient traités en sources virtuelles, c’est-à-dire que depuis la console ils étaient envoyés séparément sous forme de direct-out post-fader.

Le positionnement des sources virtuelles a ensuite été déterminé pour préserver la localisation naturelle ; bien que certains microphones, comme ceux suspendus en haut de la cage de scène, étaient principalement exploités pour générer des premières réflexions latérales. Pour l’orchestre, nous avons opté pour un mixage par zone, avec quatre pré-mix effectués dans la console, et envoyés ensuite à HOLOPHONIX, vers 4 sources virtuelles positionnées au niveau de l’orchestre », conclut Clément Vallon.

Une C12 en charge de l’immersion pour les spectateurs du gradin. Coaxiale et bien née, cette gamme est conçue pour le théâtre.

Toutes les enceintes acoustiques placées devant les murs en pierre du Théâtre ont reçu une finition spéciale, constituée notamment de poudre de pierre naturelle.
Amadeus a travaillé en étroite collaboration avec des spécialistes français de la conservation du patrimoine, afin de trouver les meilleures nuances et matières en vue de rendre ces enceintes quasi-invisibles.

« Le projet HOLOPHONIX s’est toujours nourri des envies, des demandes de ses utilisateurs, de ses clients, et des contraintes auxquelles ils nous confrontent. Ce sont elles qui nous permettent de continuellement évoluer, de continuellement innover. Une grande partie des algorithmes et des fonctionnalités actuellement présentes au sein de la solution HOLOPHONIX sont le fruit de développements réalisés avec et pour d’autres institutions culturelles.


Gaëtan Byk, Président de la société Amadeus.

Tous ces développements, souvent spécifiques, dont une grande partie sont menés en collaboration avec l’IRCAM, participent à l’enrichissement des outils, de la connaissance, de l’état de l’art. Le principe se vérifie une fois de plus ici, au Théâtre de l’Archevêché », évoque Gaëtan Byk, Président de la société Amadeus et créateur de la marque HOLOPHONIX.

« La demande du chef Raphael Pichon et des équipes du Festival nous a amené à nous replonger dans un domaine qui nous fascine et qui est très connexe à la spatialisation sonore, celui de l’acoustique active. Plusieurs principes ont été prototypés, testés, écoutés et validés cet été à l’Archevêché. Il nous reste une infinité de concepts et de principes à expérimenter dans ce laboratoire à ciel ouvert, fleuron du patrimoine Aixois », poursuit Gaëtan Byk.

« Utiliser la technique moderne au service d’œuvres classiques est un défi d’envergure car il s’agit de répondre de manière concrète à des problématiques actuelles portant sur une perception, une sensation et un imaginaire, tout en répondant à une exigence forte des spectateurs et des artistes quant à la qualité d’écoute.
A l’ère du numérique et dans la quête perpétuelle d’une technologie galopante, le plus important défi à relever est de savoir faire preuve de sobriété tout en utilisant à bon escient les outils auxquels notre époque nous donne accès », conclut Aurélie Granier.


Liste non exhaustive des équipements :

Amadeus C15 : 2 unités
Amadeus C12 : 14 unités
Amadeus C12R : 2 unités
Amadeus C6 : 20 unités
Amadeus PMX 5 : 4 unités
Amadeus PMX 4 : 8 unités
Amadeus ML 18 X : 2 unités
Powersoft Ottocanali 4K4 DSP+DANTE : 4 unités
Powersoft Ottocanali 8K4 DSP+DANTE : 2 unités
Processeur HOLOPHONIX 128 : 1 unités


Pour plus d’infos sur le site Amadeus

 

Crédits - Texte : Amadeus - Photos : G. Byk, J-L Fernandez, Festival Art Lyrique Aix

Laisser un commentaire