Après B&C, Eighteen Sound, un autre grand manufacturier de haut-parleurs italiens, succombe au charme et à l’intelligence de la puissance offerte par Powersoft et son module IpalMod et présente deux nouveaux modèles de woofers compatibles dans sa série iD, les 18 iD et 21 iD respectivement en 18 et 21 ».
Ne passez pas à côté de cette info, car ce n’est ni plus ni moins que le son de demain qui vient à vous et qui, n’en doutez point, agite la R&D de tous les fabricants mondiaux de systèmes de sonorisation.
Oubliez la « boucle ouverte » pour la reproduction des basses fréquences, le futur de la reproduction sonore sera asservi et tout comme Coda Audio le fait très bien sur ses subs via une bobine additionnelle sur chaque HP renvoyant un signal analogique à l’ampli, Powersoft a pris les devants dans le domaine numérique en présentant en 2011 un papier à l’AES de New York et un prototype de son module de puissance asservi, l’IPalMod® (Integrated Powered Adaptive Loudspeaker Module).

Le fabricant transalpin a enfoncé le clou lors du PL+S de 2013 avec une application pratique des plus musclées de son asservissement sous la forme du M-Force 01, le premier actuateur push-pull asservi à aimant mobile, animant un immense cône en composite quasi rigide, le tout alimenté par le M-Drive, un module d’amplification capable de délivrer une puissance crête sur 20 ms de 10 kW sous 4 Ω, des courants de 150 A et, bien entendu, disposant d’un DSP et d’un asservissement à latence quasi nulle de 10 µs (correction en temps réel pour les fréquences de fonctionnement mises en jeu) appelé DPC® ou Contrôle par la Pression Différentielle.
Très apprécié par un certain nombre de fabricants œuvrant notamment pour le monde de la nuit ou pour des applications extrêmement gourmandes en bas du spectre qui ont adopté cet ensemble actuateur, cône et module d’ampli et d’asservissement, le M-Force ne doit pas faire oublier l’IPalMod®, le module original de Powersoft, conçu pour piloter des haut-parleurs « traditionnels », on verra après pourquoi les guillemets, et à l’origine du brevet DPC, un module qui corrige de façon dynamique et instantanée la façon dont un HP restitue le son grâce à un capteur de pression et d’un DSP. Par « traditionnels » il faut comprendre des haut-parleurs certes de hautes performances en termes de puissance admissible, refroidissement, faible compression thermique, impédance très basse et forte élongation, entre autres, mais fonctionnant suivant la bonne vieille méthode de la bobine mobile traversant le flux engendré par un aimant et avec des suspensions « à papa ».

C’est l’IPalMod® qui va se charger de maintenir l’équipage mobile dans une fenêtre de fonctionnement optimale en termes électriques, mécaniques et acoustiques, en renvoyant le mauvais son, l’usure et la casse aux calendes grecques.
Après B&C dont le 21’’ et l’IPalMod® ont été choisis par Fohhn pour son superlatif sub LS-9, c’est donc Eighteen Sound qui prête allégeance au grand frère florentin avec une nouvelle série de HP baptisée iD et deux modèles pour commencer, le 18 iD et le 21 iD.
Giacomo Previ, le directeur du marketing et des ventes d’Eighteen Sound précise : « Nous avons toujours cherché à produire le meilleur son possible chez Eighteen Sound. La technologie IPAL de Powersoft va permettre aux fabricants d’enceintes et aux designers systèmes d’aller encore au-delà en terme de rendu en tirant parti de l’intégration entre HP et module d’ampli et d’asservissement en temps réel. »

Les deux nouveaux transducteurs affichent des performances remarquables, avec un BL (environ 25T.m) et tous les autres facteurs électrodynamiques parfaitement tenus, une excursion du HP qui atteint des sommets à ± 35 mm de XDamage et ± 14 mm de Xlinéaire, une compression thermique de moins de 1,5 dB à – 3dB (de la puissance max), une puissance admissible de 1800 W AES, et 10 kW en crête pour une sensibilité de 95 dB et 94 dB pour le 21’’.
L’impédance de 2 Ω est étudiée pour monter à chaque fois deux HP en parallèle, présenter la meilleure charge au module Powersoft (1 Ω) en se partageant au mieux ses 8,5 kW avec le maximum de force (Bl x i) et en contenant les pertes (Re x i2) en privilégiant le courant.

Mais une fois encore, ce n’est pas la puissance brute, mais bien le guidage et l’asservissement du HP qui représentent le vrai pas en avant en termes d’impact, de fidélité au signal rentrant, donc de diminution de la distorsion, de respect de la phase, d’absence de traînage et de garantie de longévité pour un haut-parleur qui ne quittera jamais son « domaine de son » pour faire une analogie avec l’aviation.
Cet asservissement repose sur la mesure du gradient de pression existant entre face avant et arrière du transducteur, une méthode de suivi tenant donc compte des performances du haut-parleur mais aussi de sa charge et de son comportement par rapport à cette dernière.
Voir ci-dessous les fiches techniques du 18ID et du 21ID en cliquant sur les images :



Il est aussi possible de modéliser un « haut-parleur virtuel » en définissant dans le logiciel PC qui pilote le DSP ses paramètres de Thiele et Small (Qes, Qms, Vas, Sd, Fs et Re) et ses paramètres électromécaniques afin que le transducteur réellement présent dans l’enceinte l’émule.
Le gros avantage est que ce haut-parleur virtuel est créé mathématiquement, il ne subira donc pas de vieillissement ou d’écarts de tolérances entre différents exemplaires.

Le logiciel de l’IpalMod est des plus complets. Une première page offre le choix entre le fonctionnement en optimisation du HP (pressure control) ou bien en modélisation (virtual speaker), de paramétrer les niveaux d’entrée et enfin de suivre précisément le fonctionnement du module mais aussi indirectement du HP. Des mémoires sont disponibles pour effectuer des comparaisons rapides.
Une seconde page offre l’ensemble des réglages définissant les paramètres du haut-parleur réellement présent dans l’enceinte acoustique mais aussi les seuils des 7 protections qui équipent le module.
Une troisième page permet de définir les paramètres souhaités pour le haut-parleur virtuel qu’on pourra par la suite sélectionner ou pas dans le menu principal.
Enfin d’importantes ressources de traitements tels que des filtres sont à disposition pour interfacer au mieux le transducteur dans le système.
Les deux graphiques ci-dessous tirés du papier de l’AES de Powersoft, sont sans appel et prouvent le bien-fondé du choix de l’asservissement d’un haut-parleur de grave. La comparaison est menée en utilisant un burst de 4 cycles sinusoïdaux à 50 Hz. Dans le premier cas, le haut-parleur est laissé libre avec son cortège de suroscillations et d’approximations, dans le second cas, il est « tenu » par l’asservissement et travaille de façon beaucoup plus fidèle au signal original.
En conclusion, le ralliement d’Eighteen Sound à la technologie développée par Powersoft n’est qu’une étape vers la longue marche qui nous conduira aux systèmes du futur, et dessine un peu mieux leurs contours. D’abord remarquons à quel point les fabricants de systèmes électroacoustiques et fabricants d’amplis à plateforme DSP ont besoin de travailler main dans la main, voire se rachètent comme vient de le faire L-Group avec Camco. d&b fabrique ses amplis, Nexo s’appuie sur Yamaha, Adamson travaille sur les siens, Meyer le fait depuis toujours tout comme RCF, Martin (pour une part avec Powersoft), EAW pour certaines références ou Coda qui n’en sous-traite qu’une partie.

Cette proximité entre les électroniciens et les acousticiens permet de mettre en place des stratégies de correction d’erreurs connues à l’avance (sans rétro-action) dans les transducteurs comme dans les guides et autres coupleurs en charge du haut du spectre. L’arrivée d’asservissements performants va compléter le travail de mise en forme dans le bas du spectre.
Un autre point qui semble être acquis est la future présence des amplis et du processing dans les enceintes elles-mêmes, avec, clin d’œil à Meyer (et à Martin Audio) qui a une large avance dans ce domaine, une gestion des paramètres de ces dernières dans le DSP de chacune d’entre elles, un DSP qui devra être facilement adressable. Il paraît évident que le processing distant ou au pied des lignes tout comme un transport du signal en analogique vers chaque boîte disparaîtra au bénéfice du réseau.

Qui dit amplification et processing par boîte dit suivi parfait de chaque électronique embarquée mais surtout de chaque HP, dont il sera possible de corriger les défauts, le vieillissement, voire connaître le besoin de remplacement quand le système le jugera incapable de rentrer dans son gabarit initial, sans parler d’une très grande simplification dans le déploiement de tout type de stratégie de steering ou d’optimisation de couverture (ce qui se fait déjà).

Ce type de boîte amplifiée du futur sera en mesure d’effectuer seule son autodiagnostic électro-acoustique comme électronique en livrant ses conclusions sur le réseau avant d’être levée.
Elle permettra son optimisation en fonction d’objectifs comme la fidélité, la couverture ou le SPL et enfin dialoguera directement avec une suite logicielle ressemblant à celle actuelle, où l’on ne rentrera plus que le nom de la salle ou ses caractéristiques et qui ensuite, non seulement préconisera le nombre de boîtes et leur placement, mais prendra la main à distance pour atteindre au plus près cet objectif. Rien n’empêche aussi d’imaginer une assistance à distance par le fabricant lui-même qui pourra, à la vue en temps réel des paramètres système et du rendu via un analyseur, conseiller des stratégies aux opérateurs sur site.
Tout cela n’enlèvera pas le besoin de savoir créer de grands transducteurs et de savoir bien les associer dans une enceinte car l’électronique ne fait et ne fera pas tout, mais cette technologie simplifiera, accélérera et offrira des résultats acoustiques plus homogènes et fiables, le bonheur pour les utilisateurs comme pour les décideurs.
Un peu comme on ne conçoit plus un ampli de puissance sans PFC, il en ira de même d’un système de grave sans asservissement et plus généralement d’une enceinte purement électroacoustique.
Le futur est en marche. Quand ? On n’en sait rien quant à la généralisation, mais certains signes et grandes manœuvres autour des fabricants d’amplis dénotent une accélération de la tendance et à ce jeu là, Powersoft est sacrément bien placé. Le souvenir des tas de bois qu’on empilait au Fen paraît si loin…
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