Les derniers line array JBL avec Laurent Delenclos

Directeur Technique Audio de Freevox, Laurent Delenclos est l’interlocuteur de rêve pour parler des produits de la firme californienne.

Plusieurs gammes de line array se partagent le catalogue JBL avec des nouveautés dans les VTX A-Series et les derniers nés VRX900, ces derniers embarquant leurs amplis.

Nous les avons découverts lors de l’ISE 2023 et avons profité de Laurent Delenclos, alias Bellote, présent à Barcelone pour nous les détailler.

VTX A-Series

Petit dernier de la série VTX A, le A6 décline vers le bas une famille bien née composée des deux A12 (normal et wide) et du A8.
Passif et équipé comme son nom le suggère de deux graves de 6,5” et d’un moteur annulaire de 3” dernier cri, le A6 n’existe qu’en dispersion de 110° (entre 500 Hz et 16 kHz) et on ne résiste pas à l’envie de vous montrer ça tellement c’est précis. Sans être cardioïde, cette petite enceinte sait faire très propre derrière elle.


Plus précis et régulier c’est difficile à trouver, sauf à regarder la réponse en fréquence de l’A6…

80 Hz à 19 kHz à -3 et 67 Hz à 20 kHz à -10 dB, je connais pas mal de enceintes Hi-Fi qui se battraient pour offrir une telle courbe. En rouge la phase.


Prévue pour être économe en ressources ampli avec une impédance de 10 ohms et peu gourmande en puissance avec 350 Watt IEC, la A6 peut être chaînée par 3, voire par 4 sur les Crown I-Tech 4x3500HD, soit de 12 à 16 boîtes par ampli, et délivre un SPL Max de 134 dB.

Posés via un pied sur le sub 15” appelé VTX B15G et prévu pour ce nouveau modèle, trois têtes A6 font les belles accompagnées par 4 autres dans leur rack de conditionnement standard. Il existe aussi un sub prévu pour l’accroche en tête des A6, un peu plus lourd et cher mais pour le reste identique, et qui porte le nom de VTX B15.

SLU : Quoi de nouveau en termes de transducteurs sur A6 ?

Bellote : Le moteur annulaire d’aigu a été spécialement développé pour cette enceinte car le modèle 2” qui équipe A8 et A12 est conçu pour travailler avec des médiums à membrane. Ce nouveau moteur a donc une bobine et une embouchure plus grosse pour raccorder à une fréquence plus basse directement sur les 6,5” et il reprend le principe des Séries A, à savoir un moteur en anneau isophase, raccordé directement au guide de sortie.

Une vue de l’A6 sans sa face avant.

Le grand gagnant de ce procédé est le rendement qui a grimpé en moyenne de 10 dB et a permis de n’utiliser qu’un anneau simple et non le double des D2 qui équipent les Séries V.
Les deux graves de 6,5” exploitent des doubles bobines de 2,5” suivant le même principe Differential Drive que les modèles plus gros ce qui leur donne une excursion extra longue tout en gardant un gros impact.

L’ensemble des aimants est au néodyme et, bien sûr, la phase est identique à tous les autres produits VTX, quel que soit leur nombre de voies. Tout est corrigé en FIR par le constructeur.

Une vue du switch A-B en gros plan.

SLU : Quel est l’angle vertical du guide?

Bellote : 15° et 110° horizontaux. C’est donc une enceinte conçue pour des opérations petites a moyennes mais qui accepte des longueurs de 24 boîtes sur le frame ou des panachages avec le sub VTX B15 ce qui permet de disposer d’un excellent son.

Les mécaniques sont les mêmes que celles qui équipent A12 et A8 et à l’arrière de l’enceinte, un switch A-B permet de choisir entre 1+ / 1- ou 2+ / 2- sur la Speakon 4. Ça permet avec un seul câble standard d’attaquer 6 ou même 8 enceintes en « strapant » 3 ou 4 boîtes par canal d’ampli.


Une mini ligne de six A6 telle qu’exposée à l’ISE.

SLU : Tu as parlé de 24 boîtes. Elles pèsent combien?

Bellote : Elles ont beau être construites en multiplis, elles ne font que 18,4 Kg et le sub 41,5. Il est donc possible d’accrocher soit 24 A6, soit 12 B15, soit un panachage des deux en sachant qu’un sub en l’air implique deux têtes dans le camion.

SLU : Puisqu’on parle du sub, quelques infos ?

Bellote : Ébénisterie en bois, évents SlipStream pour réduire les bruits de vent, transducteur de 15” Differential Drive, double bobine de 4” améliorant l’évacuation des calories, très grand débattement proche de celui d’un 18”, membrane dopée à la fibre de carbone et châssis aluminium servant de radiateur.


Le sub VTX B15 « flyiable » sans sa face avant faisant admirer le transducteur 2285H entouré par les 4 ports SlipStream, le tout dans une ébénisterie associant du multiplis de bouleau de 15, 18 et 24 mm.

La pression max avec le preset 80 Hz s’établit à 134 dB. Des prises sont présentes en face avant et arrière pour pouvoir constituer facilement des configurations cardioïdes et comme pour les têtes, un sélecteur permet de choisir son canal d’ampli sur une NL4.

La réponse utile du B15, en pointillé le preset 60 et en continu, le 80.

A l’instant où vous lisez ces lignes, les A6 de démo ont dû arriver chez Freevox !


Avec la série SRX900, JBL complète par le bas sa gamme de solutions line array et tire vers le haut les SRX nées en 1995, des enceintes qui ont toujours joué le rôle de passerelle entre les produits semi-pro destinés aux musiciens ou aux petites salles, et l’univers professionnel haut de gamme.

1995 JBL propose les premiers SR (bientôt X), sans doute l’abréviation de Sound Renforcement et le début d’une saga de 28 ans !

Première itération line array dans les SRX, les 900 proposent deux têtes, la 906 et la 910 et deux subs le 918 et le 928.

Une ligne de six SRX906.

Les quatre enceintes embarquent dans leurs dos des amplis, doubles pour les têtes bi-amplifiées, ainsi que d’importantes ressources DSP.
Les 900 emploient du polypropylène et du néodyme pour les line array, du multiplis et de la ferrite pour les subs qui ne sont pas équipés de mécaniques d’accroche.

SLU : JBL dispose déjà au catalogue des VTX-A, des VTX-V et des Vertec. Où se placent les VRX900 ?

Bellote : JBL sait faire du haut de gamme mais aussi décliner vers le bas et incorporer dans des produits plus abordables, ses innovations.
La marque ne veut pas que des clients attirés par les line arrays d’entrée de gamme se tournent vers des solutions européennes par absence d’une offre américaine qualitative et à prix étudié.
La R&D a donc profité du break dû à la pandémie pour étudier une gamme très compétitive, performante et d’un niveau prix à même de ramener vers JBL, les amateurs de produits amplifiés et faciles à exploiter.


Une coupe du type de grave équipant les têtes SRX900, néodyme, double bobine, Differential Drive. On sait faire de l’abordable de qualité à Northridge.

SLU : Composants de qualité ?

Bellote : Bien sûr. Ces enceintes sont fabriquées comme le reste de la gamme pro de JBL au Mexique et bénéficient de transducteurs éprouvés et disposant de technologies modernes telles que les doubles bobines et le Differential Drive dans les woofers ou encore les dômes titane dans les moteurs, avec d’excellents guides d’ondes isophase et une conception des boîtes où le couplage entre le grave et l’aigu est particulièrement soigné.

L’ébénisterie des têtes est en polypropylène très rigide ce qui en réduit le coût avec des ports pouvant être protégés de l’eau par des volets optionnels et un port secteur True1. On est en IP54.

SLU : Au niveau de l’audio et du réseau ?

Bellote : Les entrées se font uniquement en analogique. Le signal est ensuite converti en 48/24 pour pouvoir être traité dans le DSP de chaque boîte. La partie réseau est uniquement dédiée au contrôle à distance des unités via Performance.

Rien de tel qu’une bonne coupe pour comprendre ce qui se cache dans une enceinte !

SLU : Tu nous détailles les quatre SRX900 ?

Bellote : Les deux têtes sont très légères malgré les amplis et le DSP, merci au composite et au néodyme.
La 906 dispose de deux 6,5” pour le grave et un moteur à dôme 3” et gorge de 1,5” dans l’aigu pour un poids de seulement 16,8 Kg.
L’ampli à deux voies délivre un total de 600 W et le SPL Max est de 134 dB. La dispersion horizontale à -6 dB est de 120°.

La 910 est en tous points identique, moteur comme amplis, si ce n’est qu’elle est basée sur une paire de graves de 10”, qu’elle gagne un dB de niveau à 135 dB et ce, grâce à sa dispersion plus serrée à 105° (entre 400 Hz et 16 kHz).
Elle passe aussi un peu plus de grave avec 63 Hz à -10 dB. Pour avoir une idée plus précise, cette enceinte rend un seul dB à la VTX A8, autant dire que ça envoie.

SLU : Et les deux subs ?

Bellote : Il y a un simple et un double 18”. Il y avait déjà dans la gamme SRX des subs mais pour éviter d’avoir des produits avec des électroniques différentes obligeant à jongler entre deux plateformes logicielles, les 918 et 928 ont été créés.

le SRX928 sans sa face avant mais avec un évent plus que généreux.

Les deux sont basés sur un 18” à double bobine mobile de 3” et comme ils ne sont pas prévus pour l’accroche, ils embarquent des aimants en ferrite.

Ici encore la technique Differential Drive garantit une faible distorsion et une puissance très importante. Le SPL Max est de 134 dB (preset 80 Hz) pour le 918 et 140 dB spl pour le 928.

L’énergie disponible dépend du preset, en pointillés une belle octave entre 30 et 60 Hz pour le 60 et en ligne continue le 80 qui permet de mieux remplir le bas du spectre des SRX906.

Le simple 18” passe le 35 Hz à -10 dB là où le double 18” descend à 31 Hz. Les deux peuvent charger en face arrière ou par commande réseau, des presets 60 ou 80 Hz et des presets pour des montages cardioïdes.

Pour finir, les amplis de cette gamme offrent un rendement très élevé puisqu’on on peut mettre sur une prise 16A 240V jusqu’à 12 x SRX906 ou 8 x SRX910 et pour les subs on peut brancher 4 x SRX918 ou bien 3 x SRX928.



Performance et son affichage dynamique.

SLU : Tu as parlé avant de Performance Manager ?

Bellote : Non, Performance. Il s’agit de la première sortie de la nouvelle version développée sous Linux et donc entièrement compatible avec toutes les plateformes MacOS, iOS, Android et PC.

Samsung qui a acheté Harman a souhaité ne plus être limité au simple PC. Les SRX900 en quelque sorte inaugurent la plateforme dite Performance et le futur protocole Harman qui va s’appeler H-Control.

SLU : Quid de HiQnet ?

Bellote : Il sera arrêté. Il a rendu de très bons services mais il a vieilli, il est un peu chargé dans les réseaux et H-Control va ajouter une somme de possibilités nouvelles. Il en va de même avec Performance Manager qui va dans le futur céder la place à Performance. L’écosystème informatique JBL du futur se met en place sous nos yeux.

La face arrière d’un élément de la gamme SRX900. Facile, c’est écrit dessus. Remarquez le double port réseau, le double port analogique et le double port secteur. Passer d’une boîte à l’autre n’aura jamais été aussi facile.

SLU : Et le hardware ?

Bellote : Il y aura un renouvellement à plus forte raison que HiQnet et H-Control ne sont pas compatibles et puis c’est vrai que même si ça marche bien, le CobraNet a vécu (rires !)

SLU : Dans les gammes précédentes de SRX, le dos indiquait la marque d’amplificateurs du groupe à savoir Crown. Quelque chose a changé dans les 900 ?

Bellote : Pour des raisons de marketing, tout va être marqué JBL, un peu comme cela se fait chez les autres fournisseurs de solutions d’audio pro, mais bien évidemment c’est la R&D de Crown qui a travaillé sur ces amplis et leurs DSP.
A ce propos, les SRX900 peuvent être configurées avec les commandes en local et grâce au petit écran LCD qui équipe le dos ampli, ou bien en réseau.

Un montage sur 3 fonctions essentielles dans l’exploitation d’un line array et présentes comme il se doit dans les DSP des VRX900. De haut en bas l’ASC ou la compensation du grave en fonction de la taille de la ligne, la TDC ou compensation du haut en fonction de la distance et enfin la PC ou la compensation en fonction de la proximité.

Le DSP offre 24 points EQ, 2 000 millisecondes de délai, un compensateur de taille de ligne et un filtre corrigeant le haut en fonction de la distance basé sur du FIR.
La sécurité des transducteurs est garantie par la suite LevelMax qui exploite des algorithmes spécifiques afin de contrôler l’excursion des équipages mobiles et d’autres qui gèrent les crêtes et le niveau RMS pour contrôler l’échauffement des bobines.

SLU : Ça reste simple à utiliser ?

Bellote : Clairement ! Pour ceux que la technique et le réseau rebute un peu, il y a la possibilité de tout brancher jusqu’à l’ordinateur, d’allumer l’ensemble et de laisser faire l’auto détection et auto IP, et ça marche. Il n’y a plus après à faire correspondre les enceintes et ce qui s’affiche sur le soft.

Un déploiement de SR900 en réseau filaire aboutissant à un routeur, ce dernier dialoguant en WiFi avec une tablette sous Performance.

Le développement logiciel est très prometteur puisque des raccourcis claviers aussi évidents que, entre autres, la touche M pour arriver sur la page des mutes marche déjà et cela est très pratique en exploitation.

SLU : La gamme SRX est toute neuve. Ça marche en France ?

Bellote : Oui, une cinquantaine de 906 et un peu moins de 910 avec les subs ont déjà été achetés. J’ai pu avoir par Harman un mini système de 4 têtes par côté et deux subs pour la semaine de la Foire de Chalons et cela a beaucoup plu. Il y a aussi 24 A12 qui viennent d’être livrées à Eventlive Group à Biarritz et qui complètent un parc de 24 A8.
Startech à Sissonne a choisi 24 VTX V20. Producson à Hoerdt dispose de A8, V20 et de 4888. Locatech à Coutances vient de rentrer 24 A8 et enfin Pan-Pot à Brignoles qui tourne avec les So Floyd en ce moment même, dispose d’un parc de VTX V20 et V25. Ça commence à bien bouger !

Pour encore plus de détails (en anglais) sur la série SRX900 sur YouTube et pour tout savoir sur JBL en français sur le site freevox

 

Crédits -

Texte : Ludovic Monchat - Photos : SLU, JBL

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