Meyersound avec Panther et 2100-LFC à l’ISE 2023

Autant le dire tout de suite, l’ISE de Barcelone est aussi grand que la surprise qui nous attend sur le stand Meyersound. Katie Murphy, Directrice de l’acoustique et de la mécanique de Meyer et José Gaudin, Support technique Meyer et Consultant audio, sont présents, souriants et disponibles, deux pointures VHE Very High Element.

Ils sont venus avec un Panther et une maquette de 2100-LFC, le tout dernier sub de la firme de Berkeley. On négocie une double interview avec Jane Eagleson, la Directrice de la communication de Meyer et en route pour une heure de rêve !

Katie et José

Comme il est immédiatement disponible, on démarre avec José avant de laisser la parole à Katie.

SLU : C’est un 2100-LFC final ou presque ?

José Gaudin : Presque. C’est un des multiples prototypes qui ont été testés dernièrement. Les dimensions et la couleur sont les bonnes mais par exemple la grille qui l’équipe est une impression 3D !

La maquette de 2100 et la fameuse grille avant qui a été imprimée pour le salon et n’est absolument pas représentative de ce que sera celle en acier qui équipera les modèles de série.

SLU : Pourquoi un 21” à la place de deux 18” qui semblaient faire consensus. Una taille d’enceinte plus ramassée ?

José Gaudin : Non. On a expérimenté des 21” dans le passé mais on n’était pas satisfait par les propriétés mécaniques de ces transducteurs. Avec le temps, les matériaux et notre processus de fabrication ont évolué et ont permis de mettre au point des nouveaux modèles qui rentrent dans les caractéristiques nécessaires à la mise au point de subs performants, plus petits, moins lourds et donc plus flexibles. 2100 est étonnant pour sa taille.

SLU : Qu’est-ce qui posait problème…La membrane, les suspensions, les bobines…

José Gaudin : Un peu tout à la fois. Nous avons par exemple opté pour la technologie des 4 bobines qui nous apporte une vitesse qu’on retrouve aussi sur le Panther où en plus on a augmenté l’excursion des 12” qui l’équipent afin de déplacer la même masse d’air qu’un Leo en 15”. Les avantages sont une fois encore la taille, le poids et forcément le prix. Un dernier point sur le poids. Panther est le système grand format le plus léger actuellement. Et en plus il est amplifié !

Panther en version plus que définitive. L’adoption de moteurs 3” en lieu et place des 4” est sans doute la raison d’un haut en pleine forme et un bas mid en petit recul de 1,5 dB par rapport à Leo… Le son n’est que compromis !

SLU : Est-ce que ces choix sur Panther impactent le SPL ?

José Gaudin : Oui et non. Leo a une réponse en fréquence complètement plate avec un headroom qui est équivalent. Un Panther a plus de headroom dans l’aigu mais un petit peu moins dans le bas-mid.
Si on prend du bruit rose, on a un écart de 1,5 dB en faveur de Leo, mais en termes de puissance subjective ça se tient, avec un aigu plus présent pour le Panther sur la musique masterisée qui se transforme en dynamique utile pour travailler en live. On a d’excellents retours à ce sujet.

SLU : Puisque tu parles de Panther, il embarque combien de moteurs ?

José Gaudin : Deux de 3” et deux 12” pour le bas du spectre. Leo en avait deux de 4” et deux 15”. Meyer Sound a beaucoup travaillé pour abaisser le raccord entre les moteurs et les membranes. J’insiste sur la qualité et le débattement des 12” de Panther car ce qui compte plus que la surface de la membrane, c’est la quantité, le volume d’air déplacé.

SLU : Ce qui m’inspire la question suivante. Qui dit gros débattement, même j’imagine sous contrôle, dit que la compliance des équipages mobile, spider, suspension, est mise à rude épreuve. Avez-vous les moyens de stocker le travail fait par l’enceinte afin de pouvoir en suivre la vie au plus près ?

José Gaudin : Absolument. La vie de l’enceinte est stockée grâce à un ensemble de valeurs mesurées sur l’ampli. Elles pourront être exportées avec Nebra. C’est un vrai plus en termes de maintenance et encore plus en cas de location sèche. En plus de ça, Meyer Sound fait subir aux transducteurs et aux enceintes des tests qui valident les produits et leur durabilité.

Une vue du module ampli et processing de Panther.

Il y a pour ça un certain nombre de volumes clos dont les conditions environnementales sont contrôlées, des sortes de coffres où ils sont enfermés des jours durant et vérifiés après pour être certains qu’ils conservent leurs performances dans le temps.
Le débattement par exemple a été obtenu par une mélioration des matériaux et ne pose pas de problème de tenue dans le temps.

SLU : Revenons au 2100-LFC. Il a été conçu pour être essentiellement accroché ?

José Gaudin : Les deux possibilités sont offertes, accroché ou posé au sol, mais la vraie mode actuellement semble être le sub cardioïde, quelque chose que l’on a lancé il y a plus de 20 ans avec les PSW-2, 4 et 6 et le M3D-Sub.

179 Kg pour un sub très novateur pour l’époque. Rappelons qu’on était aux tout début du nouveau millénaire. Une éternité…

On trouvait ce dernier un peu lourd, on a bien changé depuis (sourires) Désormais on a des séries plus compactes et pratiques comme les 900-LFC qui sont faits pour être empilés ou mis en antenne.
Au lieu d’offrir une solution toute faite, on donne des éléments de solutions afin que les techniciens puissent composer une antenne, la même en cardioïde, un arc cardio ou pas… On est libre de choisir sa propre solution à l’aide d’éléments plus petits et légers. C’est dans cette optique qu’a été créé le 2100-LFC. Il s’adapte à tout type de prestations, et il en va de même avec Panther dont la taille permet d’être utilisé pour des tout petits gigs et le lendemain d’être accroché dans un stade.

Une antenne cardioïde de 2100 avec un ratio de 2 pour 1.

SLU : Comment se situe le 2100 vis-à-vis du 1100 en termes de SPL et de réponse en fréquence ?

José Gaudin : Les estimations donnent un SPL similaire avec une réponse en fréquence étendue pour le 2100 allant sans peine en dessous de 28 Hz jusqu’à 125, contre 28 Hz jusqu’à 85 pour le 1100. L’intérêt de monter jusqu’à 125 Hz pour le 2100 se mesure en termes de flexibilité par exemple avec Panther ou Leopard qui filtrent le bas à 63 Hz.
On dispose d’une pleine octave de recouvrement pour ajouter, si nécessaire, du headroom dans cette zone, ou bien de couper plus bas et gagner en SPL. La réserve dynamique du 2100 est bien supérieure à celle offerte par le 1100. Sa flexibilité pourrait être telle que d’autres marchés ayant des exigences assez différentes, puissent l’adopter.

SLU : On est bien d’accord, ce potentiel en termes de headroom, de fréquence de coupure basse et haute et de SPL est un work in progress…

José Gaudin : C’est exact. En ce qui concerne l’électronique, le transducteur et l’ébénisterie les choix sont faits, mais les chiffres que l’on évoque sont encore tout à fait préliminaires. Le 2100 est un très beau produit, avec beaucoup de potentiel.

SLU : Panther mesure 97 cm de largeur et le 2100 dix de plus à 107 cm. Il n’aurait pas été possible de garder de bonnes performances pour le 2100 dans les cotes de Panther ?

José Gaudin : Meyer Sound a tenté d’utiliser la même largeur pour les deux enceintes mais cela aurait obligé, pour rester à volume de charge équivalent, à pousser beaucoup la profondeur.
Le 2100 tel qu’il existe est basé sur le meilleur compromis entre le volume et le dimensionnement et rien n’empêche dans le futur d’avoir un accessoire permettant de raccorder des Panther sous des 2100.

SLU : Qu’est-ce que l’entrée Milan apporte en termes de qualité sonore additionnelle comparé à l’entrée analogique ? Clairement une conversion en moins, mais à part ça ? Vous avez fait des essais ?

José Gaudin : Bien sûr, mais je n’ai pas les résultats de ces essais. De mon côté, et d’un point de vue totalement subjectif, je trouve le son de Panther plus propre et neutre.

Le 2100-LFC sans sa face avant. Le volume de charge reste raisonnable pour un 21”. Remarquez les deux strips de led sur les bords de la grille.

Cela tient sans doute aussi au fait que les DAC sont sur une horloge commune puisque le endpoint, la carte électronique qui gère le réseau et donc le signal rentrant numérique, est synchronisé par le réseau.

Meyer Sound a aussi travaillé pour offrir la possibilité de jouer à des niveaux sonores faibles via le réseau sans perdre en qualité subjective alors que la résolution est moindre.


José Gaudin

SLU : En 24 bit on a de la marge pour ne pas jouer fort…

José Gaudin : Oui bien sûr, mais on a ajouté un élément qui permet à nos boîtes de garder un excellent son quelle que soit la résolution. Sans rentrer dans les détails, la plage dynamique de Galaxy égale des équipements de référence en studio.

Le temps de switcher nos neurones sur anglais et on continue avec Katie Murphy dont la connaissance des produits Meyer Sound est totale puisqu’elle dirige la partie R&D dans les domaines de l’acoustique et mécanique et qu’elle a travaillé sur les deux nouveautés exposées.

SLU : On est habitué à entendre les premières octaves de Meyer grâce à deux 18”. Est-ce que la nature du grave, la profondeur, l’impact est le même avec un 21” ?

Katie Murphy

Katie Murphy : Ce n’est pas la même chose. Il est difficile de répondre à cette question dans la mesure où l’on n’a pas simplement changé de système, de transducteur et de nombre de HP, on a aussi changé d’ampli avec désormais de la Classe D. (Dans le 1100 il s’agit d’un double ampli bridgé Classe AB/H et dans le 900 de la classe D mais avec un transducteur de la génération précédente. NDR).

Il faut savoir que les amplis en Classe D peuvent faire sonner les mêmes haut-parleurs de manière très différente. Le comportement dynamique change, les transitoires sont plus propres, l’impact est plus net, plus dur. Il est donc difficile de ne considérer le son que du point de vue du transducteur.

En plus le 1100-LFC a une dizaine d’années et le progrès ne s’arrête jamais. Les matériaux employés dans les transducteurs ont évolué, la membrane, les suspensions, les bobines et leur support, tout a changé.

Le transducteur 21” qui équipe le 2100-LFC. Potentiellement une vue d’artiste…ou pas ;0).

Le 21” qui équipe le 2100, avec sa membrane et ses suspensions pour ne parler que de ça, a mécaniquement une grande facilité à se mouvoir avec précision, sans latence et sans trainage malgré une excursion très importante

Les 4 bobines qui l’équipent bénéficient chacune d’un entrefer, et ce long débattement équilibré est favorisé par le montage intérieur / extérieur des spires et la faculté des amplis en Classe D à délivrer du courant et animer de manière très énergique les équipages mobiles, tout en pesant infiniment moins que les amplis de la génération précédente.

SLU : Le rendu sonore est donc différent entre cette nouvelle technologie et celle précédente…

Katie Murphy : Nous avons conduit des écoutes mettant face à face le 1100 avec le 2100 et deux 900 avec le 2100 et clairement des différences existent. Le 2100 donne plus d’attaque et de mordant sans que ce dernier adjectif ne doive être pris dans le mauvais sens du terme. Il n’est pas méchant, il est simplement vif et nerveux, il tape sans se départir de sa capacité à générer un grave dense et qui remplit. Avant, une aussi grosse membrane générait un bas disons…plus paresseux. Cette époque est révolue avec un gain de taille et surtout de poids très appréciable pour le sub.


Panther associé au 1100-LFC pour la dernière tournée d’Ed Sheeran.

SLU : Quelle est la différence de poids entre les trois subs évoqués ?

Katie Murphy : Avec les accroches on a 72 Kg pour le 900 qui dispose d’un ampli en classe D, 129 Kg pour le 1100 qui dispose d’un ampli en classe AB/H et 107 Kg pour le 2100. On a donc gagné 22 kg entre le 2100 et le 1100.

SLU : On a donc un sub plus petit, plus léger, d’une taille qui charge mieux, qui envoie du SPL et qui tape. La relève et la retraite pour le 1100 ?

Une des bonnes raisons d’aimer des nouveaux produits : un modèle unique, plus petit, plus léger et au moins aussi efficace.

Katie Murphy : C’est un peu plus compliqué. Le 1100 et le 900 n’ont pas le même transducteur et ampli, et les utilisateurs aiment chacun des deux pour leurs rendus différents. Les intégrateurs, les prestataires…chacun a ses bonnes raisons.
Ce que nous voulons réussir avec le 2100-LFC comme avec Panther, c’est d’offrir la boîte qui satisfait tous les acteurs de l’audio pro et qui s’insèrera facilement dans nos gammes précédentes.

José Gaudin : Ça peut être intéressant de mélanger différents types de subs comme de standardiser sur un seul. Au festival de Montreux nous utilisons avec plaisir des 1100 et des 900 parce que le punch des 900 est bien complété par la chaleur des 1100 et le mélange des deux donne un son agréable et très complet. Il est évident que d’associer des gammes qui s’alimentent en Milan et d’autres en analogique peut être déroutant mais on laisse ce choix à nos clients. On n’impose rien.


Trois générations de produits, du tout analogique au tout numérique en passant par un panachage. Le changement est immense. Meyer Sound se plaît à le rappeler, Panther c’est 150 dB en 150 livres seulement.

Katie Murphy : Nos clients aiment leurs enceintes et ont en parc des gammes qui ont plus de 20 ans. C’est donc à nous fabricant, de savoir leur proposer des nouveaux produits qui apportent un plus et qui puissent compléter leurs stocks. On ne force personne et la meilleure preuve est que nous avons conservé une entrée analogique en plus du port Milan.
N’oublions pas aussi ce qui est déjà intégré, une forme de compatibilité doit donc exister. Le 2100-LFC n’est ni le sub de Panther, ni le remplaçant du 1100-LFC, c’est juste notre nouveau sub qui dispose des atouts nécessaires pour se rendre utile dans tout type d’application et avec toutes nos références d’enceintes actuelles.

SLU : Panther et 2100 semblent sortir du même moule…

Katie Murphy : Ils marchent merveilleusement bien ensemble, disposent de la même technologie et d’un look très proche. Si on me demande quel est le meilleur combo chez Meyer Sound actuellement, le dernier et le plus avancé, c’est Panther et 2100, mais une fois encore il ne faut pas oublier trop vite le 1100. C’est un gros travailleur fiable et généreux et énormément de nos clients l’aiment beaucoup.


SLU : En phase de conception d’une nouvelle enceinte, le respect d’une couleur sonore Meyer est un but ou l’heureuse conséquence d’une architecture assez immuable ?

Katie Murphy : Non c’est une volonté mais qui est due à notre façon de travailler. Nous concevons entièrement chaque enceinte, on fabrique ses amplis, on programme les DSP, on calcule les charges, les évents, jusqu’à la taille et le type de grille qui est placé en face avant, donc on sait où l’on va et à quoi on peut s’attendre dès le premier coup de crayon.
Avec Panther notre équipe de R&D s’est rapprochée de gens comme José Gaudin, Bob McCarthy et d’autres pour bien intégrer la nature de l’enceinte et la couleur sonore que nos clients désirent avoir à coup sûr et qui sonne « Meyer Sound » dès qu’on la branche.

José Gaudin : Notre attente est assez simple. Une enceinte linéaire, donc gardant la même couleur quel que soit le niveau et un rendu neutre car la couleur d’un son est un choix artistique qui ne doit pas être imposé par le fabricant des boîtes. On doit être en mesure de donner à nos clients une toile qu’ils peuvent peindre comme ils le souhaitent.
Ce que l’on fait aussi c’est de laisser de la liberté aux techniciens d’aller plus loin avec nos produits tout en offrant un support logiciel important pour les y aider et en ayant, ce n’est qu’un exemple, une phase cohérente entre tous nos produits.

Le 2100-LFC sera disponible à partir du 3è trimestre 2023.


Le baptême du son de Panther en support d’Ed Sheeran. 212 têtes et au moins 120,000 oreilles.

Pour plus d’infos sur Panther et 2100-LFC ou sur le site Best Audio & Lighting

 

Crédits -

Texte : Ludovic Monchat - Photos : Ludo, Meyersound & Ralph Larmann

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