SATIS & Screen4All 2018, Chronique d’un succès annoncé

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Le SATIS revient les 6 et 7 novembre pour sa 36e édition, réinventé par Génération Numérique qui l’a repris en 2017. Stéphan Faudeux répond à nos questions et détaille les nouveautés 2018.

SLU : Comment en êtes-vous arrivés à être l’organisateur du SATIS né, on le rappelle en 1983 ?

Stéphan Faudeux : On a repris le SATIS en mai 2017. Nous avions déjà précédemment un événement nommé Screen4All, qui était une convention avec des conférences des démos et une partie de stands. Nous sommes engagés sur toute rupture technologique.

Stéphan Faudeux ©ENguyenNgoc

Pour des raisons qui lui sont propres, Reed a choisi de passer la main. Nous avons vu le SATIS comme un complément de nos autres activités et avons organisé notre première édition, la 35, assez rapidement, avec des exposants qui étaient des anciens et avaient envie de nous soutenir et de soutenir le salon. Ils nous ont fait confiance.
Cela a donné une première édition où il a fallu stabiliser l’événement, pour pouvoir repartir avec un peu plus d’avance sur les années suivantes. Nous travaillons donc l’acte 2 en étant encore dans une phase de stabilisation. Sur un salon il y a toujours du turnover donc quelques départs mais à première vue cette année beaucoup de nouvelles arrivées.

SLU : Ce salon couvre beaucoup de domaines…

Stéphan Faudeux : Le SATIS est multi secteurs. Il touche d’abord le monde du Broadcast, donc de la télévision, la production de contenu pour les chaînes de télévision et aussi le monde du cinéma, et que ça soit pour l’image, que ça soit pour le son, de la captation jusqu’à la diffusion. On couvre toutes les étapes, tout le workflow depuis le tournage jusqu’à la diffusion.

Mais le SATIS c’est aussi la partie communication ou hors-média, c’est à dire des gens qui utilisent ou qui vont utiliser l’image pour du divertissement ou de la communication. Ça recouvre les salles polyvalentes, les salles de spectacle, les musées, les universités, tout ce qui fait partie de la fonction publique, mais aussi les grands groupes privés qui utilisent l’audiovisuel. Je pense que cela se répartit aujourd’hui presque à parts égales entre ceux de la première partie qui sont plutôt des gens du média, et ceux du hors-média.

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SLU : En termes d’audience, comment ça se présente ?

Stéphan Faudeux : On constate déjà une forte inscription de visiteurs étrangers, beaucoup venant du Maroc, d’Algérie, de Tunisie, mais aussi d’autres pays d’Afrique, et plutôt dans le monde de la télévision et de la production. Cela nous rassure et ça nous fait plaisir aussi, car nous nous positionnons vraiment comme un salon francophone avec à la fois des exposants français et des exposants étrangers qui viennent en France pour présenter leurs produits et leurs innovations. Qui dit francophone dit aussi Belgique, Suisse et Luxembourg, qui tous ont des besoins et n’ont pas forcément aujourd’hui envie de se déplacer trop loin.

SLU : Quels avantages y a-t-il à venir au SATIS plutôt que dans les grands salons internationaux ?

Stéphan Faudeux : Par exemple les coûts de transport et d’hébergement. Ils sont assez prohibitifs à l’étranger. Un salon local comme le nôtre offre sur deux jours une gamme assez hétérogène et complète d’exposants. Quel que soit son secteur, du cinéma, de la télé, de la communication, le visiteur va trouver des solutions et des réponses à ses problématiques, via les marques ou leurs distributeurs. Une grosse tendance de cette année est qu’on constate l’absence de certains distributeurs mais le retour en direct des marques.
L’autre point fort de l’événement, ce sont les conférences. Une cinquantaine sont prévus, entre conférences et ateliers et chacun va pouvoir venir piocher ce qui l’intéresse avec une grande diversité de sujets pour se nourrir de l’information, et pour faire des rencontres. Le SATIS est plutôt convivial, les gens sont assez ouverts, à l’issue des conférences, ils peuvent aller parler aux orateurs, échanger avec eux…

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SLU : Quels sont les thèmes des conférences ?

Stéphan Faudeux : Ils sont très variés. On traitera des problématiques du moment,  des sujets qui seront la problématique de l’année prochaine voire l’année d’après., Par exemple on va parler de la blockchain, on va parler de l’histoire, de la muséographie, des salles, des réseaux. Mais on ira aussi plus loin avec des focus sur la saison 4 du “Bureau des Légendes”, sur “Game of Thrones”. Il y en aura pour tous les goûts, pour tous les besoins.

SLU : Est-ce que les contacts vont être favorisés ?

Stéphan Faudeux : On veut être une plateforme à la fois relationnelle et business pendant deux jours. Les exposants, les visiteurs peuvent se rencontrer. Nous venons en renfort de ce qui existe ou de la communication que peuvent faire certaines marques. Certaines sont sur plusieurs salons, d’autres ne viennent que sur le nôtre pour exposer.

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Nous avons des grosses marques, mais aussi un village qui s’appelle Screen4All, qui est un peu le Lab d’innovation du SATIS, et sur lequel le coût pour exposer est vraiment très faible.
Cela permet à des jeunes entreprises d’être présentes, comme à des entreprises qui lancent un nouveau produit et qui n’ont pas encore les budgets nécessaires pour acheter beaucoup de mètres carrés. Certes, le visiteur va voir des grandes marques, mais il va pouvoir aussi voir des produits en phase de développement ou de test, et qui sont innovants.

SLU : Qui dit salon dit distribution de prix

Stéphan Faudeux : Bien sûr nous avons nos Trophées. On peut concourir dans quatre catégories, qui peuvent être des produits ou des services et cette année il y a une nouvelle catégorie « projets », pour prendre un projet dans sa globalité.
Il peut par exemple s’agir d’une chaîne de télévision qui vient de déménager et qui a refait toute son infrastructure IP, cela peut être un théâtre ou un musée qui crée une salle d’immersion.

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On a en compétition plusieurs projets de ce genre. Nous avons aussi un prix honorifique afin de distinguer un ou une professionnelle au parcours remarquable.

Les Trophées mettent vraiment en avant les produits ou les services en compétition, avec une cérémonie de remise des prix le premier soir, le jour de la nocturne.


SLU : Quel est le profil de ces jeunes entreprises qui bénéficient d’un tarif particulièrement avantageux ? Ça pourrait être générateur de bouderie des plus gros, non ?

Stéphan Faudeux : Non, pas du tout, on ne prend vraiment que des jeunes boîtes dans l’esprit start-up. Elles ont le droit à 2 ans de présence sur cet espace et au bout de 2 ans, soit elles arrêtent, soit elles prennent plus grand.
Il y en a qui sont dans la réalité augmentée, d’autres qui font des prestations multiflux. Ce sont vraiment des boîtes issues de programmes de recherche, éventuellement des spin-off de R&D de grosses sociétés, mais il s’agit toujours des petites structures qui font un tout petit chiffre d’affaires. Par contre elles sont très innovantes.
D’ailleurs elles peuvent présenter des produits aux Trophées. Beaucoup ont gagné l’année dernière car elles proposaient des choses vraiment sympas. Ici, elles ont toute la visibilité et sont à pied d’égalité dans notre communication.

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SLU : Qu’offrez-vous en plus qu’un salon classique ?

Stéphan Faudeux : Une offre plutôt orientée sur le contenu avec un festival qui s’appelle le 360 Film Festival. On y traite principalement de l’immersion, avec en plus la réalité augmentée, la réalité virtuelle et les grands formats. On reçoit des projets qui sont jugés par un jury de 10 personnes et qui, pour chacune des catégories, va décerner un prix. On en a pour l’image, le son, les qualités artistiques, les qualités techniques. Je pense que nous avons été un des premiers, et peut-être serons aussi un des derniers à organiser ce type de compétition.

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SLU : Qui participe au 360 Film Festival ?

Stéphan Faudeux : Nous avons des contenus venant du monde entier. Outre les français, on doit avoir environ 20 nationalités différentes qui concourent. C’est une belle image sur la production et ça se passe en France.
Certains producteurs viennent pour voir leur contenu participer, d’autres pour assister aux conférences, et pendant deux jours, le public peut voir ces contenus dans une salle dédiée.

SLU : Quelle est exactement la différence entre les Trophées et le 360 ?

Stéphan Faudeux : Les Trophées concernent les produits et les services, alors que pour le Festival, ce sont les contenus, les films. Il s’agit de contenus qu’on regarde pour certains avec un masque de réalité virtuelle, pour d’autres, la réalité augmentée et c’est totalement déconnecté des exposants. Ce sont les producteurs qui mettent leurs contenus en compétition.
Et c’est justement ce qu’on veut. La vocation du salon c’est l’innovation au service de la création. La technique est un élément important et même fédérateur, mais s’il n’y a pas l’idée d’une création derrière, la technique ne sert à rien. C’est ce que nous disons du côté des techniciens, mais ce qu’on dit de l’autre côté, celui des producteurs, c’est que sans technologie il n’y a pas de production possible.

SLU : Mais que jugez-vous précisément, de l’artistique ou du technique dans le cadre d’une réalisation ?

Stéphan Faudeux : On juge un peu de l’artistique parce que, dans le jury, il y a autant des gens qui sont des techniciens que des gens d’univers différents… ça peut être quelqu’un d’une collectivité locale ou un scénariste, chacun voit à son niveau, à sa manière.
Il y a deux jurys bien différents. Le jury des Trophées est principalement constitué de journalistes et de public. Côté Festival, c’est un jury tout autre, dans lequel il y a des profils assez différents. Les remises des prix s’enchaînent le premier soir, les Trophées du SATIS et ceux du 360 Film Festival.

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SLU : Peut-on avoir une idée des exposants qui seront présents ?

Stéphan Faudeux : Sur la partie audio ou lumière, il est important de signaler que ce sont des exposants qui nous ont suivis sur la première édition depuis la reprise du SATIS et qui ont signé à nouveau sur la seconde.
Globalement ils étaient tous plutôt contents de ce premier essai. Il y a des marques vraiment importantes qui se sont engagées dès le départ sur la seconde. En revanche, sur la partie image c’est un peu différent. Il y a des marques qui vont, par exemple, n’exposer qu’une année sur deux.

SLU : Si l’on revient à l’historique du salon, est-ce qu’un mastodonte généraliste comme Reed, à qui le Satis appartenait, a perdu la main au bénéfice d’une structure plus petite comme la tienne, parce que vous offrez plus d’intelligence, de mobilité, de réflexion, de proximité avec un marché que vous côtoyez 365 jours par an…

Stéphan Faudeux : En fait ce que l’on constate, à mon avis personnel, c’est que si les généralistes n’ont pas la connaissance en interne des différents marchés, c’est très difficile pour eux de créer un événement sur ce secteur.
On a souvent affaire à des généralisations hâtives comme « la grande famille audiovisuelle », mais en fait ce n’est pas une famille. Il y a plein de secteurs qui sont très différents avec leurs spécificités propres. On ne s’adresse pas de la même manière à des gens du cinéma, à des gens de la télévision, à des gens de la communication, de la pub, de la réalité virtuelle, de l’audio…

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Donc nous sommes multi-spécialistes, et comme nous sommes sur ces secteurs, surtout moi depuis trente ans, on les connaît bien et ça facilite la communication.
Pour un organisateur classique à vocation généraliste, c’est trop compliqué. Le risque de faire des erreurs est élevé.
Donc il faut bien connaitre les tenants et aboutissants de ces secteurs et avoir intégré leurs différences pour être au plus près de ce dont ils ont besoin.


SLU : On peut aussi évoquer des différences de prix…

Stéphan Faudeux : C’est vrai qu’il y a un versant économique. C’est quand même un secteur très tendu économiquement, et nous sommes à même de faire des choses qu’un groupe ne sera pas capable de faire. Je ne dirais même pas sur les tarifs et pourtant on pourrait en parler, mais sur la souplesse de règlement propre à des structures de notre taille. C’est impossible de le faire dans un groupe avec des procédures de paiement rigides. Nous, on est obligé de faire du cas particulier, on fait du sur-mesure pour des prix de prêt-à-porter ! Il n’y a pas vraiment de choix.

SLU : Tu peux nous rappeler l’histoire de Génération Numérique ?

Stéphan Faudeux : Génération Numérique, c’est la société… Auparavant, j’avais une autre structure qui s’appelait Avance Rapide dans laquelle il y avait une partie formation qui est restée sous un autre nom, et une autre partie que j’ai vendue. Et comme j’ai vendu la marque avec, j’ai donc dû changer de nom.
Nous avons aussi notre magazine Mediakwest, qui traite essentiellement du Broadcast et du cinéma. Nous avons racheté Sonovision, qui était notre concurrent, et qui est aujourd’hui orienté vers le monde de la communication et du corporate. Génération Numérique en est à sa 4e année d’existence. Avant le SATIS, nous avions un événement qui s’appelait Screen4All, et dont on a gardé le nom pour désigner la zone Labo-Emploi-Innovation du SATIS.

SLU : Et quel est ton parcours personnel ?

Stéphan Faudeux : J’ai été dans la presse au lancement d’Ecran Total, Rédac’chef de Sonovision en 97 pendant un certain nombre d’années, et donc dans l’équipe, on est tous passés par le cinéma et la télé. Notre formation c’est la réalisation, la production. Parallèlement, j’ai commencé à écrire, mais pendant longtemps j’ai maintenu les deux activités d’écriture et de travail dans la communication et l’événementiel. J’ai par ailleurs fait des événements, de la pub, du documentaire, avant d’arrêter pour ne plus œuvrer que dans la presse ou l’événement.

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SLU : Quelle peut être l’évolution éditoriale du SATIS. Tu couvres très bien le marché du Broadcast et le Hors-Media. Comptes-tu t’ouvrir vers d’autres domaines pour et avec les mêmes exposants, les mêmes marques, les mêmes prestataires ou intégrateurs ?

Stéphan Faudeux : On ne vise pas du tout le spectacle. Nous ne sommes pas dans le circuit aujourd’hui et pour ça il y a les JTSE. L’intégration en revanche, oui, c’est notre but. On aurait aimé qu’il y en ait plus cette année. Il y en a un peu mais on manque par exemple d’exposants qui présentent des écrans, que ça soit des écrans LED, des écrans classiques ou de la vidéoprojection car nous avons des visiteurs qui recherchent ces solutions, donc c’est l’un de nos enjeux.

SLU : Pour tout savoir sur le SATIS, le site Satis Expo est la voie royale…

Stéphan Faudeux : Absolument, Il est à jour et évolue quasi quotidiennement. La liste des exposants est exacte si ce n’est que ces derniers n’ont pas tous forcément mis à jour leur back-office donc il faudra attendre un peu pour avoir leur logo, leur descriptif et leurs produits et nouveautés. On les pousse (rires). Sur les conférences le site est à jour, les infos pratiques sont à jour. A 98% on est bon !
Pour conclure, parmi les nouveautés 2018, citons-en deux comme la constitution d’un comité scientifique composé d’experts de différents secteurs et marchés du salon et d’universitaires qui auront pour tâche d’accompagner la ligne éditoriale des conférences afin d’en renforcer la dimension prospective, ou encore un nouvel espace communication et intégration ouvert aux fabricants, prestataires et loueurs de l’événementiel.

Le Satis / Screen4All se tiendra les 6 et 7 novembre aux Docks de Paris à La Plaine-Saint-Denis.

Vous trouverez ci-après les liens pour :

 

Crédits -

Texte : JP Landragin et L. Monchat

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