Scenotek rajeunit la sono de la cathédrale de Soissons

Les grands édifices gothiques ont une acoustique particulière favorable à la diffusion de la sainte parole, mais de nos jours, cela ne suffit plus. Celle-ci doit être amplifiée pour bien se faire entendre, et sa force doit se doubler d’intelligibilité.

Par la magie de la technologie moderne, le tout doit, si possible, dépasser largement le cadre de la paroisse. C’est ce que le diocèse de Soissons est en train de réaliser, avec l’appui technique de Sébastien Morin et de sa société Scenotek.

D’une longueur totale de 116 mètres et large de 26 m (nef seulement), la cathédrale Saint-Gervais-et-Saint-Protais de Soissons fait partie des grands édifices de la
période gothique classique. Construite principalement au XIIIe siècle, elle a connu de nombreuses vicissitudes, en particulier de grandes destructions lors de la Première Guerre mondiale, comme de célèbres monuments de la région, et a même souffert de quelques dégâts lors d’une récente tempête.

Vue du chœur avec l’orgue.

À la demande du diocèse, Scenotek, prestataire et installateur de Fismes (Marne), a procédé à la rénovation de la sonorisation, qui ne répondait plus aux besoins des cérémonies. Pour des raisons budgétaires, il a été décidé de ne pas modifier le système de diffusion, mais de remplacer toutes les sources (microphones un peu « fatigués », le tout avec peu de possibilités), et de les multiplier, avec à la fois un meilleur son et plus de souplesse et de facilité de mise en œuvre.

Intégration architecturale

Discrètement fixée sur un pilier et parfaitement intégrée, la grande enceinte colonne Active Audio couvre la partie avant de la nef.

Les enceintes colonnes Active Audio à directivité contrôlée, installées en 2011, ont été conservées. La nef est couverte par une grande enceinte fixée sur un pilier du côté gauche et par une autre enceinte plus petite, au fond de la nef, du même côté.

De part et d’autre de l’autel, une enceinte du même modèle, fixée sur un pilier, couvre chaque aile du transept. Sans être des as du camouflage, ces colonnes restent discrètes et bien intégrées, notamment par leur couleur qui se fond aisément avec le crème du calcaire du Soissonnais, dont est construit l’édifice.

Tout aussi discrète, une enceinte fixée sur une colonne couvre chaque bras du transept. Une autre, du même modèle, couvre l’arrière de la nef.

L’ensemble de l’électronique est placé dans un petit meuble en bois, de la même couleur que tout le mobilier qui orne le chœur, situé près d’une grosse colonne à droite de l’autel.
Lorsqu’on est assis dans la nef, on ne remarque rien de particulier. Un rabat s’ouvre en haut du meuble, de manière à découvrir les commandes qui sont accessibles aux utilisateurs.
L’électronique est incluse dans une petite baie. En bas, on y distingue les trois amplificateurs à 6 canaux MPA6150 et les deux processeurs UT26 Active Audio, associés aux enceintes installées en 2011.

Derrière la chaise, le petit meuble qui abrite l’ensemble de l’électronique ne se fait pas remarquer.

Ces derniers intègrent le traitement de signal nécessaire au fonctionnement de la directivité contrôlée (ces colonnes sont en fait des lignes de sources, qui, alimentées avec différents signaux adéquatement retardés, procurent un niveau constant sur toute la zone couverte).

Sébastien Morin contrôle les réglages et configurations à partir de l’écran tactile de la console A&H Qu-Pac.

La partie supérieure de la baie recèle les apports de Scenotek, à savoir principalement une console Allen & Heath Qu-Pac et un lecteur de CD Denon DN-300C MkII, qui accepte également les médias USB.

Multiplication des sources

Au cours des travaux, il est apparu que le câblage micro d’origine était oxydé au point que l’intégrité du signal n’était plus garantie, il a donc fallu le remplacer intégralement, ce qui n’était pas prévu dans le projet initial.
La console dispose d’une multitude d’entrées, et donc on trouve, dans la configuration habituelle, un micro de surface sur l’autel, deux micros de parole à col-de-cygne, et trois micros sur pied : un pour l’orgue de chœur et deux pour la chorale.


Des passages de câbles courent le long des piliers, de part et d’autre du chœur. Celui de gauche recèle une boîte de connexion pour des micros supplémentaires et des instruments.

Les câbles empruntent des passages de part et d’autre du chœur, celui situé à gauche contenant de plus un boîtier de scène avec des prises XLR pour des micros supplémentaires et des prises jack 6,35 mm pour des instruments (guitare, clavier…).
Cela permet de faire face à toutes les demandes pour diverses cérémonies (mariages, etc.).

La baie inclut également un récepteur Bluetooth (Denon DN-200 BR) pour accueillir des médias numériques issus de terminaux sans fil. L’ensemble se complète d’un micro HF Shure.


Une antenne directive placée dans le chœur, non loin de la baie, assure une couverture parfaite de la liaison micro HF dans tout l’édifice.

Le récepteur SLXD4 est inclus dans la baie, et pour garantir que la liaison couvre l’ensemble du bâtiment, jusqu’au dernier recoin de la nef, une antenne externe est disposée dans le chœur. Il semblerait toutefois à l’usage que cette précaution soit quelque peu luxueuse.

Tous les micros sont d’origine Shure. Une mention spéciale pour le col-de-cygne, un modèle référencé CVG12RS, qui n’était pas au catalogue d’Algam, et qu’il a fallu faire venir spécialement.

La console de l’orgue du chœur avec son micro dédié et son enceinte de retour.

Optimisé pour la voix, il se distingue par une capsule électrostatique cardioïde, la présence d’un interrupteur sur le préampli et une couronne de signalisation, ce qui permet de l’insérer ou le couper à volonté (et sans bruit de commutation).

L’orgue et le chef de chœur disposent chacun d’un retour (avec de petites enceintes moniteur de proximité amplifiées Mackie, munies d’un bouton de volume), alimenté par un mix dédié.
Afin d’éviter l’influence des changements de température et d’hygrométrie, toute l’électronique, sauf les amplificateurs, est sous tension en permanence. En bas, à l’arrière de la baie, on a disposé un onduleur et un routeur Wi-Fi…

Pratique avant tout

La console comporte des configurations et traitements qui ont fait l’objet de longs essais. Ils sont mémorisés dans des « scènes » accessibles sur l’écran tactile de la console. Cela permet aux officiants, qui ne sont pas de grands spécialistes de l’audio, d’accéder directement à un ensemble de réglages parfaitement adapté à chaque type de cérémonie.

Le haut de la baie abrite la console A&H Qu-Pac. Des configurations préprogrammées, résultant de longs essais, permettent de rappeler, via des touches repérées, l’ensemble des réglages correspondant à une application.

Seules les commandes de niveaux des sources sont à leur disposition. Les différentes commandes de la console sont aussi accessibles à distance au moyen d’une application sur Smartphone ou tablette qui communique en Wi-Fi (d’où le routeur à l’arrière de la baie).
Cela permet de régler le son tout en le contrôlant auditivement depuis les espaces réservés aux fidèles.

Il faut noter que la console comporte un dispositif de mixage automatique des micros (AMM) qui équilibre automatiquement les niveaux et protège de l’accrochage acoustique (Larsen). Couplé aux interrupteurs des micros col-de-cygne, cela donne d’excellents résultats et évite la nécessité d’interventions manuelles incessantes lors des changements d’orateurs.

L’acoustique de ce genre d’édifice est extrêmement réverbérante et très claire, de sorte que la voix porte. Nous avons pu nous faire une petite idée du résultat, nous avons constaté que les micros captent même à une distance importante, sans Larsen, et que la voix est forte et parfaitement intelligible malgré le très long temps de réverbération.
Ce que nous avons constaté diffère sensiblement du résultat obtenu dans une nef bondée, mais quoi qu’il en soit, on est aux antipodes de la sono d’église de grand-papa !

… Et bientôt en vidéo !

La mini-régie vidéo tient dans une flight-case. Le dessus enlevé laisse paraître le moniteur, qui se déploie à la verticale grâce à un vérin.

Une demande était de pouvoir transmettre la messe dominicale en streaming sur Internet. Sébastien Morin a donc concocté une mini-régie vidéo mobile entièrement intégrée dans une flight case.

À l’arrière, deux embases reçoivent d’une part l’alimentation (PowerCON) et d’autre part le mix audio issu de la console (XLR) via un seul câble.

La régie s’intègre parfaitement grâce à un connecteur d’alimentation et une prise XLR qui reçoit le mix audio issu de la console.


Le panneau arrière de la régie porte les rouleaux de câbles prêts à être déployés pour acheminer les signaux des caméras.

Le panneau arrière s’ouvre, dévoilant les rouleaux de câbles prêts à sortir pour aller chercher le signal des caméras. Le panneau supérieur s’enlève, libérant un moniteur monté sur un vérin.
Le panneau antérieur s’enlève également. Il dévoile l’espace de travail, et, muni d’un pied articulé, s’accroche au panneau latéral afin de créer un espace de travail supplémentaire.

Le cœur du système est constitué d’un mélangeur de production en direct ATEM Mini Pro de BlackMagic Design. Celui-ci reçoit le signal de 4 caméras HDMI, qu’il mixe (avec transitions, incrustations et effets…), et envoie directement au réseau via un câble Ethernet branché sur le routeur fourni. Il offre également la possibilité d’enregistrer le signal sur un disque flash USB.

La régie vidéo en position opérationnelle. ON note le mélangeur de production en direct BlackMagic ATEM Mini Pro. Les bras situés derrière lui permettent de poser un ordinateur portable.

L’espace de travail comporte également un plan sur lequel on peut poser un ordinateur portable. Le bas du coffret comporte des tiroirs dans lesquels on peut ranger tous les accessoires.
Particulièrement pratique, compacte, puissante et complète, cette mini-régie peut également être transportée pour réaliser des captations et des diffusions à l’extérieur de la cathédrale.
Scenotek n’en est pas à son premier essai dans ce domaine, et cette régie est au catalogue de l’entreprise. Nul doute qu’elle sera un instrument utile et apprécié du diocèse.

Et ce n’est pas fini !

En janvier 2017, la tempête a éventré la rosace située au-dessus du portail principal de la cathédrale et détérioré le grand orgue. Les travaux de restauration de la rosace, dont les fragments étaient disposés sur le sol de la nef, devant le portail, durant les travaux d’amélioration de la sono, sont terminés, ce qui ouvre la voie à la remise en service du grand orgue, installé au-dessus du portail central.

Cela devra s’accompagner de la mise en service d’un système de retour pour l’organiste. Compte tenu de la distance entre le chœur et la console du grand orgue, au fond de la nef, le type de liaison n’est pas encore défini, mais ne sera sans doute pas filaire.
Il s’agira probablement d’une liaison sans fil à faible latence… De plus, actuellement, les enceintes de diffusion reçoivent toutes le même signal, et il va falloir envisager de les dissocier. Affaire à suivre !

Plus d’informations sur le site de Scenotek

 

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