Show on the water pour le festival Chorus avec Nexo

And fire in the sky ! Tout aussi douce que l’eau qui baigne Montreux, la Seine qui caresse le complexe musical du même nom, a servi d’écrin au retour du festival du Chorus cet été avec un chouette lineup d’artistes répartis dans un grand nombre de salles, de balcons ou de parterres équipés de ce nouveau complexe.

Une coupe de l’Auditorium. La salle est la partie grise. Remarquez la forme du plafond torturée et donc faite avec du staff

On s’intéressé à l’Auditorium qui a accueilli notamment La Chica et Lova Lova, deux artistes aux styles diamétralement opposés mais aussi de vrais révélateurs sonores. Pour ceux qui ne connaissent pas l’Auditorium de la Seine Musicale inaugurée en 2017, c’est un bijou visuel et sonore où, pour peu qu’on mixe avec quelques précautions, ça sonne.

La salle avec la régie tout en haut, sous les gradins du balcon. En voit aussi les neuf M12 sous les deux MSUB18, les cinq M620 en latéral et en central les trois S118.

C’est à cette salle dévolue à la musique acoustique, que s’est frotté le M12 prêté pour la durée du festival à son régisseur son Jean-Damien Juille. Nous retrouvons ce dernier sur place en compagnie de Bertrand Billon, support technique de Nexo, pour une visite complète de la splendide salle et une écoute du système.

Une vue des anneaux découpés sur le plateau et sur vérins.

Jean-Damien Juille : C’est une salle conçue par Shigeru Ban et Jean de Gastines architectes d’une jauge de 1150 spectateurs, très modulaire et pratique, avec autant d’options en haut via des passerelles mobiles et une motorisation cachée, qu’en bas où il est possible d’adapter la taille, l’emplacement et la hauteur du plateau via des Spiralift en fonction de ses besoins artistiques.


Des courbes montrant le TR mesuré dans la salle par octaves normalisées de 125 Hz à 8 kHz avec les différences qu’offrent les panneaux bois et/ou les rideaux.

SLU : Quel est son TR ?

Jean-Damien Juille : Nous l’avons mesuré nous-même sur SysTune avec l’aide précieuse de Bertrand Pelloquin. Ce n’est donc pas un document officiel issu du maitre d’ouvrage.
Il est d’environ 1,65 secondes au plus mat mais varie en fonction des points de mesure et de la présence ou pas des rideaux et des panneaux.


Le superbe traitement acoustique de l’Auditorium, aussi beau qu’efficace.

SLU : Comment réagit la salle à des systèmes son ?

Jean-Damien Juille : Ça dépend du projet, mais si sur de la musique actuelle ou de la pop tu te bats contre elle, tu perds. Tu vas forcer et du coup ça va devenir compliqué et flou. Il faut jouer avec la salle. J’ai entendu des créations formidables ici.

Tu auras toujours une réverbe de 1,5 secondes plutôt jolie et flat. La salle ne se prête pas forcément à toutes les musiques surtout si tu as besoin de beaucoup de précision et d’impact, mais essayer de la masquer, ça ne marche pas.

Les 30 moteurs télécommandés depuis un pupitre en salle à la verticale de cette dernière et du plateau. Les chaînes passent par un tube qui débouche derrière le traitement acoustique composé par le nid d’abeille de cercles en bois, aussi joli qu’efficace. 100 points moteur sont prévus, il suffit de les déplacer.

SLU : Les moteurs de levage sont…

Jean-Damien Juille : On va aller les voir, on verra aussi le plafond en staff, la boîte dans la boîte, le traitement acoustique, le piégeage de la clim, c’est du beau boulot dont on est très fiers !

Quelques mètres dans les hauteurs de la salle et on tombe nez à nez avec trois racks NUAR en charge des neuf M12 par côté en bi-amplification, des deux MSUB18 par côté, des trois S118 centraux et enfin des deux rappels latéraux composés chacun de cinq M620 en passif.

Le fait qu’ils soient à la verticale des boîtes réduit d’autant la longueur des câbles, évite les disgracieuses cascades de multi des lignes et permet de prendre en photo les héros de cette journée !

De retour sur le plancher des vaches face au système, on fait le point avec Bertrand sur ce qui nous surplombe et ce qui repose à même le plateau, notamment les trois différents points de sub.

Bertrand Billon : Les S118 travaillent comme les MSUB18 sur la bande 30-60 Hz. Les M12 fonctionnent en full range puisque nativement ils passent le 50 Hz à -6 dB. Les M620 sont en revanche coupés à 120 Hz. Les M12 sont en deux voies actives et sont amplifiés trois par trois.

Bertrand Billon et à droite Jean-Damien Juille

Les deux MSUB18 et la P15 à cour déshabillés par le flash. On aperçoit l’évent de la charge passe-bande hybride à très haute efficacité avec une sensibilité de 107 dB pour 1 W et un SPL Max qui frôle les 140 dB. Bien entendu la chaine en plastique a été retirée durant le show parce que moche et très maracas face à des 18” à grand débattement.

SLU : Pourquoi des subs au sol en plus des S118 ?

Bertrand Billon : C’est l’envie de faire un petit système de proximité avec les P15 posés sur les deux MSUB18.
Appelons cela une volonté d’offrir une fosse VIP en fonction de la programmation et si de l’electro ou un style musical demande plus de pression dans le bas, la possibilité de le faire, cela dit, le calage actuel va dans le sens de l’uniformité.

SLU : Et les iD24

Bertrand Billon : Il y en a 6 en nez de scène en stéréo, trois gauche et trois droite, mais il y a assez de câble pour changer ce choix en fonction de désidérata des mixeurs.

La régie son en bout de salle et sous casquette, comme souvent ce n’est pas l’idéal.

La journée avance et avant les premières balances, un accordeur officie sur le piano sur lequel va jouer (très bien) La Chica. Capot retiré, le son est splendide et le niveau de précision et le volume de l’instrument sont remarquables en tous points de la salle.
Les acousticiens ont vraiment fait du beau travail car chaque note est densifiée et prolongée de façon naturelle.

La Chica sur scène.

Quelques minutes après La Chica commence à s’échauffer la voix et les oreilles et surtout à s’approprier la salle et le plateau. Plus que la réverbération de la salle très contenue dans l’aigu, ce sont ses premières réflexions qu’il faut avoir à l’œil.

Des LE1200, des iD24, un Steinway et La Chica rayonnante.

Autre difficulté, le piano ressort tellement bien en acoustique que l’avoir en plus dans les iD24, les P15 et les premières boîtes du système en phase, n’est pas évident. Heureusement en reculant un peu on est pris par les M12 et l’ensemble retrouve toute sa cohérence.

Il faut aussi avoir à l’esprit que le point de mix étant très reculé en fond de salle, on ne perçoit pas bien à la console la densité et le volume de « couleur » qu’elle ajoute excitée par le système.

Le concert de Love Lova qui ouvre la soirée, du rock punk congolais joué à trois en bass / batt et deuxième basse en mélodie, ajoute d’autres infos intéressantes. La salle n’étant pas avare en bas du spectre, tout comme le M12 qui, pour un simple 12” est généreux dans le grave, le point central de subs S118 est un peu boudé.

Lova Lova, beaucoup d’énergie sur scène, mais quelle patate !

Le plateau complètement ouvert ajoute aussi son écot à la réverbération en salle et plus que jamais il faut être sage dans les wedges et les side… Le SPL en tout cas s’envole et le son du groupe se construit sous nos yeux. Si le grave reste sage, le haut médium tape fort. La Piccolo du batteur claque comme il se doit.

Ce système sait envoyer sale et dur s’il le faut, le tout étant pour partie le son du groupe, mais aussi un peu un choix du mixeur et l’effet d’une salle qui n’aime pas qu’on la bouscule trop dans le médium, là où elle renforce et amplifie naturellement cette partie du spectre.

Pandémie et jauge réduite oblige, l’arrivée très progressive du public ne va pas beaucoup changer le son. Le piano voix parfois complété par quelques percussions électroniques de La Chica bénéficie à plein de la précision du haut et la douceur de M12.
Le joli mix et la complicité de l’artiste avec les spectateurs est bien servi par le rendu de cette boite qui crée le lien avec beaucoup de proximité et de naturel sur la voix.

Comme toujours deux artistes et une salle ne font pas un avis et on ré écoutera le M12 dans d’autres lieux plus neutres et avec un bas plus dense, mais question polyvalence sonore, pour une taille et un poids très raisonnables et la possibilité de travailler en plus en passif, on est déjà bien servi.

Merci quoi qu’il en soit à Bertrand Billon pour sa disponibilité et son bronzage, Jean-Damien Juille pour sa passion et sa gentillesse et à Philippe Groux-Cibial le régisseur général de la Seine Musicale pour le dîner / souvenirs au catering. Je suis très bon client pour les anecdotes de vieux briscard. On se reverra ;0)

D’autres informations sur le site Nexo et sur le site La Seine Musicale

 

Crédits - Texte : Ludovic Monchat - Photos : SLU, Nexo, Deux et demi, Jean de Gastines

Laisser un commentaire