Chez D6 Bell Light, c’est Jojo, le plus vieux Fresnel du parc qui répond au questionnaire, au nom de tout le matos confiné de la société.
SLU : Quels sont vos secteurs et zones d’activités ?
Jojo : Nous travaillons dans le spectacle en l’Île de France pour donner un coup de main à nos collègues qui sont installés dans des salles, nous sommes aussi parfois en extérieur.
Comment allez-vous, vous et vos proches ? Êtes-vous touchés par le virus Covid-19 ?
L’ensemble de mes collègues va bien même si au bout d’un mois et demi, on se sent un peu à l’étroit dans nos flight-case. Le plus dur, c’est pour les asservis, ils ont des fourmis dans la lyre à force de ne pas pouvoir bouger. Mais, ce sont surtout les humains qui nous inquiètent.
Où êtes-vous ?
Dans notre dépôt à Ivry sur Seine près de Paris mais certains d’entre nous sont restés dans des théâtres parce qu’ils étaient trop loin pour rentrer. Mais ça ne nous inquiète pas.
Quel a été pour votre activité l’impact de cette pandémie avant le confinement ?
D’abord, on s’est rendu compte que nos humains (ceux qui travaillent chez D6BL – ceux qu’on voit tous les jours) continuaient à venir dans les locaux mais ils ne nous sortaient plus dans les camions et ne nous emmenaient plus dans les théâtres. Ils parlaient d’annulations…
Et depuis le confinement ?
On ne voit plus, personne ! Même pas pour nous dépoussiérer, nous brancher ou nous allumer ! Des fois, il y en a un qui passe mais ne s’occupe pas de nous, il va dans les bureaux. Pour les autres, on a entendu parler de télétravail et d’activité partielle mais on ne sait pas exactement ce que c’est…
Quels ont été les principaux projets annulés ?
D’après moi, ce sont toutes les salles où nous allons habituellement qui sont fermées et les spectacles sont annulés ! Je ne suis pas certain, mais j’ai entendu un humain en parler.
Quels sont les projets reportés, et à quelle échéance ?
Nos sorties habituelles on ne sait pas jusqu’à quand.
Souvent, les meilleurs d’entre nous partaient en vacances à Avignon ou ailleurs, mais je crains que cette année, nous restions tous au dépôt cet été.
Quel est l’impact économique pour vous ou votre société, cela risque-t-il d’impacter votre avenir de façon permanente ?
D’après ce que nous savons, même les humains ne savent pas trop…
Quelles sont vos activités personnelles durant ce confinement ?
On fait des grandes réunions de matos, on échange nos meilleurs souvenirs. On a essayé d’avoir plus d’infos de l’extérieur, car certains d’entre nous sont Wireless mais ils n’ont pas encore réussi à se connecter à internet. Il y a bien une ou deux enceintes qui ont essayé de mettre un peu d’ambiance mais le cœur n’y était pas. Sans les humains qui tapent dans leurs mains, il y a comme un vide !
Comment occupez-vous votre temps professionnel ?
Nos humains se sont inscrits sur une plate-forme : Prestataires Solidaires pour nous faire sortir un peu. La distrib’, les passages de câbles, la structure et même les camions se tenaient prêts. Mais il ne s’est rien passé, peut-être que les parcs axés sur l’événementiel étaient plus utiles.
Quelle est la première chose que vous allez faire en sortant du confinement ?
En ce qui me concerne, j’espère me prendre un bon petit test, peut être un petit coup de soufflette et briller ! Mais vous savez, je ne sors plus beaucoup, j’ai plus de 50 ans et il y a des petits nouveaux à led qui ne s’en sortent pas si mal. Moi, je reste quand même au dépôt… On ne sait jamais pour faire un petit coup de déco !
Voulez-vous partager des initiatives ou soutiens créés durant le confinement ?
J’entendais l’humain qui vient des fois au bureau dire qu’il se passe plein de belles choses individuelles un peu partout. Il disait aussi que beaucoup d’humains avaient un avis sur tout… et que cela l’agaçait parfois un peu.
Avez-vous des questions ou des conseils à formuler ?
Conseillez aux humains de se tenir tranquilles et de faire attention aux humains fragiles.
Avez-vous une anecdote surprenante à nous détailler ?
Le confinement a créé des liens étonnants dans le dépôt. J’ai vu récemment une boule à facette faire l’œil à un caisson de grave !