C'est Karament bien !

Dracula assoiffé de son offre un bain de sang à Plisson

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Broadway…Pendant de longues années, de Broadway, nous n’avons eu dans nos oreilles que la version java de Sardou. Puis le phénomène « musical » est arrivé en France vite rattrapé par le rouleau compresseur Stage Entertainment, le distributeur/producteur des plus grands succès mondiaux. Comme dirait un journaliste connu, on a connu tout et son contraire au niveau technique, depuis la débauche de petites boîtes en A/B et ses consoles analogiques sur mesure, le tout imposé à l’XLR près, jusqu’à la simple ligne de V-Dosc à peine renforcé dans le centre. Le but ?? Offrir à la fois intelligibilité dans le jeu et patate dans le chant. Dracula joue la carte de la sobriété du haut d’une infrastructure moderne et maline, délivrant à niveau raisonnable des mots bien clairs et des sensations de concert. Normal me direz-vous quand le producteur du show s’appelle Thierry Suc et qu’un certain Stéph est de la partie, heureux comme un Plisson dans l’eau.

Un nouvel exercice pour Plisson

SLU : A quand peut-on dater ton premier « bain de sang » ?

Stéphane Plisson (ingé son façade et concepteur audio) SP : On a attaqué le montage de Dracula le 20 août et les répétitions le 29. Bien entendu toute l’équipe travaillait depuis longtemps les visuels ou la chorégraphie. Le son s’est plutôt greffé sur le noyau existant que l’inverse et l’absence d’un groupe sur scène a un peu simplifié mon travail. J’ai donc commencé par observer avant de faire certains choix techniques.

SLU : C’est Thierry Suc qui a souhaité t’avoir ?

SP : On se connaît bien, cela a facilité les choses (rires !!). Il voulait avoir un autre type de rendu que ce qu’il avait entendu jusque-là et ce qu’il recherchait on ne pouvait le faire qu’ensemble. J’ai malgré tout commencé par décliner son offre car j’estime qu’il y a des spécialistes du musical en France, et que c’est un autre métier où il faut traiter non seulement le chant, mais aussi la comédie. Je lui ai fait part de mes doutes quant à ma capacité à m’en sortir tout comme je lui avais tenu le même discours pour Mylène à Bercy ou au Stade de France mais il a coupé court en me disant « on y va, mais on y va ensemble » La suite tu la connais.

SLU : Tu n’avais avant Dracula jamais collaboré à un musical ?

SP : Pire, je n’ai jamais assisté à une représentation complète en tant que spectateur ! La seule fois où j’ai eu des places avec ma femme, on est parti au bout de quelques minutes car on s’est retrouvé sur le côté dans les couvertures, la tête dans les subs et elle déteste ça (rires !!) Je n’étais d’ailleurs pas venu pour écouter du son. J’ai donc attaqué Dracula avec une expérience zéro et même un peu de moquerie de certains camarades qui voient les musicaux comme une routine pépère. Petit à petit la mayonnaise a pris grâce aussi à Kamel Ouali, qui est un type très sympa, et à toute l’équipe qui m’a d’une certaine manière aidé en me prenant en son sein. Il m’est arrivé de passer du temps calé dans un fauteuil à les regarder répéter en me demandant comment faire… J’ai décidé de ne pas parler technique. La troupe existait bien avant que la première boîte ne soit accrochée, c’est donc à nous de nous greffer de la façon la plus transparente possible sans leur faire perdre du temps. Ma seule requête a été de travailler deux heures chaque matin avec les artistes de chant pour faire du son.

Détail de l’accrochage des ensembles de 4 SB28. Inutile de préciser l’importance du rigging quand l’on sait que le public se trouve à l’aplomb de ces subs pesant 93 Kg pièce.

Une multidifusion en ligne source !

Aupremierplanundesdeux ensembles de 2x2 subs SB28 en montage cardioïde placés au-dessus du public, un troisième composé de 2x3 caissons étant positionné au plus près de la scène. A leur droite l’un des 8 clus- ters de 6 Kara et tout à droite une des deux grappes de JM-1P Meyer Sound. Les MSL4 de Dispatch au- raient-elles définitivement rejoint la maison de retraite ?

Au premier plan un des deux ensembles de 2x2 subs SB28 en montage cardioïde placés au-dessus du public, un troisième composé de 2x3 caissons étant positionné au plus près de la scène. A leur droite l’un des 8 clusters de 6 Kara et tout à droite une des deux grappes de JM-1P Meyer Sound. Les MSL4 de Dispatch auraient-elles définitivement rejoint la maison de retraite ?

SLU : Quand l’idée de la diffusion a-t-elle germée dans ta tête ?

SP : Entre les mois d’avril et mai. Le principe de base étant que chant et comédie sont au même niveau, j’ai établi mon projet en pensant d’abord comédie et pas l’inverse. Pour ceci faire j’ai imaginé une sorte de barre de son, un peu comme celle qu’on retrouve dans le salon de monsieur Toutlemonde, en la plaçant au-dessus du cadre de la scène et en jouant sur la phase de chaque cluster. Ce projet a été porté techniquement par Vlad (Vladimir Coulibre, ingénieur système et ingénieur du son NDC) Le problème est que ça demande un paquet de boîtes et ce n’est pas forcément adapté à ce genre de salle, sans oublier que financièrement ça flirte avec le grand délire (rires !!) On aurait été les premiers à déployer cette config sur ce type de spectacle, un risque important, mais je sais que ça se fera un jour…En même temps à chaque fois qu’on peut avancer, ça m’intéresse. J’ai ensuite exclu la simple stéréo à l’aide de deux lignes de K1 de part et d’autre de la scène, l’ouverture est trop grande mais j’ai gardé les Kara qui étaient prévues pour compléter le kit en décidant d’en mettre partout. Comme Bellote (Laurent Delenclos dit Bellote ingénieur système et ingénieur du son NDC) a eu la même idée, il a comme toujours rendu possible ce qui dans ma tête a du mal à en sortir. Et entre temps on a même eu d’autres idées pour le placement des subs (regard en coin avec Bellote)

SLU : Comment appellerais-tu ce type de diffusion ?

SP : Ce n’est rien de bien spécial. C’est une simple multidiffusion mais tirant parti des petits systèmes en ligne source alors qu’à une époque pas si lointaine on l’aurait faite avec 80 UPA.

SLU : Vous savez qu’à l’étranger certains vendent leurs concepts (rire !)

SP : Oui je sais, mais ça ne se fait pas en France et c’est bien dommage car notre but et notre rôle c’est de tirer la qualité vers le haut ce qui prend beaucoup de temps. Je ne veux pas entrer dans le schéma du « ça le fait, ça le fera » surtout avec les outils dont on dispose aujourd’hui et qui permettent de faire toujours mieux notre métier.

e point de travail de Greg Carlet, le préposé à l’envoi des sources. Tout est en double, les HD24 comportant les chansons comme les claviers maitres Akai MPK Mini pilotant le Live d’Ableton et servant à habiller les parties de comédie.

e point de travail de Greg Carlet, le préposé à l’envoi des sources. Tout est en double, les HD24 comportant les chansons comme les claviers maitres Akai MPK Mini pilotant le Live d’Ableton et servant à habiller les parties de comédie.

SLU : Pourquoi ne pas avoir employé la boîte habituelle des comédies musicales, le dV…

SP : Parce que je trouve que le Kara a une meilleure ouverture et cohésion de son, un peu comme le K1, et ensuite j’aime son bas-mid contrairement au dV où il est beaucoup plus pincé. Me servir de ces boîtes aurait impliqué que j’ajoute des dV-Sub. Il faut vivre avec son temps, 15 ans séparent les deux modèles. J’aurais pu travailler avec d’autres marques d’enceintes offrant la même couleur que les Kara mais à ma connaissance elles n’existent pas. Thierry Suc enfin est ravi du résultat. Cela semble correspondre à ce qu’il avait en tête. Il a de la chance de savoir ce qu’il veut entendre, moi ça n’est pas le cas, mais comme il sait me guider vers ce qu’il veut, ça roule entre nous !! (rires !!) Je n’ai pas la prétention de savoir où je vais car la plupart des fois je repars à zéro. Il m’arrive en studio de recevoir des mises à plat où face à un résultat déjà plaisant, tu ne sais pas où aller. Puis petit à petit tu plonges et tu amènes le projet ailleurs. C’est pareil pour Dracula. J’ai insufflé ma manière d’entendre les choses tout en gardant la main sur la table pour suivre précisément chaque show et surtout le chant qui n’est jamais le même.

La régie façade avec la Vi4 Sound- craft de Stéphane Plisson bien accompagnée par la princesse des ambiances réussies, mieux que Roche d’Or, une Lexicon 480 dont on aperçoit la télécommande main gauche.

La régie façade avec la Vi4 Sound- craft de Stéphane Plisson bien accompagnée par la princesse des ambiances réussies, mieux que Roche d’Or, une Lexicon 480 dont on aperçoit la télécommande main gauche.

Quatre vénérables dV utilisées pour élargir l’espace de part et d’autre de la salle. Ils reçoivent un signal spécifique issu d’un groupe de sortie en plus du gauche/droite dans lequel sont routés les effets et certaines sonorités reproduites par le Live.

Quatre vénérables dV utilisées pour élargir l’espace de part et d’autre de la salle. Ils reçoivent un signal spécifique issu d’un groupe de sortie en plus du gauche/droite dans lequel sont routés les effets et certaines sonorités reproduites par le Live.

SLU : En termes d’ambiances latérales tu as prévu quoi ?

SP : Je veux surtout de l’espace et pour ceci faire j’ai simplement accroché deux clusters de 4 dV sur les côtés. Je veux pouvoir ouvrir l’image à l’aide de certains sons. En écoutant l’album j’ai repéré nombre d’effet dont des réverbérations inversées sur les voix que j’ai gardées dans la salle et ai injectées dans les latéraux. J’ai veillé malgré tout à ne pas trop charger, car pour moi, les plus beaux effets sont ceux que tu n’entends pas. J’utilise beaucoup une Lexicon 480 pour créer l’ambiance. Elle n’a pas d’égal aujourd’hui et pourtant crois-moi, j’ai tout essayé.

SLU : Ne penses-tu pas que la diffusion répartie de Dracula convient mieux au Palais des Sports que la simple paire de lignes stéréo, même au-delà des comédies musicales ?

SP : A fond !! Cette salle avec un simple gauche/droite c’est souvent une boucherie, enfin, ça fonctionne mais on n’a pas le même confort d’écoute que ce qu’on a là. En multidiffusion on excite moins les défauts de la salle en n’allant notamment pas dans le dôme ou bien dans les sorties qui génèrent de très vilaines réflexions pour nombre de sièges malgré le fait qu’elles aient été habillées par des panneaux acoustiques. Il y a aussi les panneaux publicitaires qui reviennent et te flagellent la tête quand tu tapes avec du Dosc car ça vibre et ça revient d’en haut. (rires !!)

…et des subs accrochés au plafond en mode cardioïde !!

 La diffusion à jardin. Trois rangs de six Kara complétés par un quatrième visible tout en bas à gauche de la photo et par une grappe de trois JM-1P non présente sur cette image et se chargeant de déboucher les derniers gradins latéraux.

La diffusion à jardin. Trois rangs de six Kara complétés par un quatrième visible tout en bas à gauche de la photo et par une grappe de trois JM-1P non présente sur cette image et se chargeant de déboucher les derniers gradins latéraux.

SLU : Le placement des subs au plafond en trois ensembles cardioïdes fonctionne bien, mais ne forme-t-il pas malgré tout une antenne ?

Bellote (Ingé système et Ingé son) : Tout est optimisable, même le placement des Kara et leur calage. J’ai un truc qui me chiffonne dans les presets sur le bas médium et..(explosion de rires !!) Les subs tels qu’ils sont placés en deux fois trois et en deux ensembles de deux fois deux finissent par être directifs. Même si elle est très longue et cardioïde, cette antenne est plus directive qu’elle ne le devrait. La solution existe. Sans trop en dire, l’idéal aurait été de ne faire qu’un unique groupe central entre deux passerelles avec du délai pour piquer le lobe vers le bas. Cela aurait été encore plus homogène dans la salle.

SP : Tu sais quoi ? Il faut essayer ! On fait ça samedi entre les deux shows, c’est notre spécialité (rires !!)

SLU : Musicalement parlant, as-tu pu obtenir ce dont tu avais besoin pour travailler ?

SP : Oui et non. L’album n’ayant pas suffisamment rencontré son public, l’équipe artistique qui l’a écrit et enregistré s’est moins mobilisée lors du montage du spectacle. Je n’ai donc reçu au départ que des PBO et des stems qui se sont révélés être inutilisables en salle car trop compressés et mixés dans une optique radio. Tiens écoute (Je reconnais; dans une diffusion aussi précise et analytique que celle déployée pour Dracula, leur dynamique très tassée, leur préaccentuation et le choix même du niveau de certains sons par rapport à d’autres ne marche pas NDC) Il aurait fallu que j’égalise et taille beaucoup dedans pour laisser place aux voix, beaucoup trop, alors j’ai contacté Volodia qui a coréalisé l’album et ai obtenu sur disque dur la totalité des morceaux que j’ai pu remixer ici, dans la salle sur ma Vi4.

LE COIN DES GRAPHES
L’implantation et la couverture des subs

Sub Dracula à 30 Hz

Sub Dracula à 30 Hz

Sub Dracula à 30Hz: Voici un exemple de répartition à 30 Hz de l’implantation équivalente aux subs du palais des Sports grâce à la complicité de Bellote. Le moins que l’on puisse dire c’est que l’antenne est peu directive et que la répartition de l’infra s’effectue de façon très homogène autour des trois points composés de gauche à droite de 6, 4 et encore 4 SB28.

Sub Dracula à 63 Hz

Sub Dracula à 63 Hz

Sub Dracula à 63Hz : Le même exemple de répartition mais cette fois-ci à 63 Hz de l’implantation équivalente aux subs du palais des Sports. Les lobes sont forcément plus pincés mais restent très homogènes et à cette fréquence les Kara rentrent progressivement en jeu.

Vue 3D dessus accroche.

Vue 3D accroche.

Vue 3D dessus accroche: L’ensemble du kit accroché au Palais des Sports. Ne manque que la ligne de 6 UPJ placée dans le bandeau de la scène face aux premiers rangs.


Vue 3D Face Console.

Vue 3D Face console: L’ensemble du kit du Palais des Sports tel qu’on le voit depuis la régie console. On distingue aussi la ligne de 6 UPJ placée dans le bandeau de la scène face aux premiers rangs. Les seules boîtes qui n’ont en définitive pas été installées sont les 4 posées sur les côtés de la scène, à cour et à jardin.

Le Play Back Orchestre sur deux HD 24 Alesis

SLU : En termes de sources, de quoi disposes-tu ?

SP : Au départ pendant les répétitions j’ai travaillé avec deux ProTools. Par la suite l’équipe a fait le choix financier de transférer les éléments sur deux HD24 Alesis ce qui a occasionné la venue de mon complice de toujours Jean-Philippe Schevingt pour mettre en route cette configuration et la redondance entre les deux machines. Je garde un ProTools en régie pour pouvoir le cas échéant retravailler un titre.

SLU : Tu as assez de 24 pistes pour faire tenir tous les PBO et les chants de sécurité ?

SP : On reparlera plus tard des chants sécu, pour ce qui est des PBO j’ai environ 16 pistes. En termes de sources à mixer, j’ai 12 voix dont 7 chanteurs. Les chanteurs jouent la comédie mais l’inverse n’est pas vrai. Enfin nous avons un Live Ableton qui nous sert à envoyer des ambiances, des bruitages et les musiques qui soutiennent les scènes de comédie à l’aide deux claviers maitres MPK mini Akai, un étant en sécu. Le fait que ce soit une unité distincte des HD24 permet de laisser plus de latitude de jeu aux artistes sur scène. Les PBO de chaque titre sont lancés et arrêtés manuellement, les deux lecteurs ne se quittant pas d’un poil. C’est Greg Carlet qui a la main sur les machines. La nouveauté réside dans les trois Radial SW8, des switches automatiques qui ont chacun deux fois huit entrées analogiques pour huit sorties et sont ici linkés par trois pour avoir 24 canaux. Leur rôle est de basculer automatiquement entre les signaux issus des HD24 dès lors qu’un des deux s’arrête. Pour cela il suffit d’enregistrer un signal continu à 1kHz sur les pistes 1 ou 24 des deux machines et dès qu’un des deux vient à manquer, le SW8 bascule instantanément sur l’autre. C’est un outil génial que j’ai déjà utilisé par le passé et évite toute intervention humaine.

SLU : Alors ces chants sécu…

SP : Peut-être à tort, je pars du principe que lorsque je travaille avec un chanteur, je n’ai aucune voix en backup. S’il s’agit d’un problème technique, j’ai de quoi le régler à la seconde par le biais de micros main HF allumés et prêts à prendre la relève, j’en ai un à cour et un autre à jardin. Si c’est un problème de physique avec un les artistes, je ne vois pas pourquoi je le ferais chanter puisqu’il y a des doublures, deux hommes et une femme. Je n’ai jamais sciemment remplacé un chant en direct par un playback et encore moins zappé un chanteur contre sa voix pré enregistrée d’un simple clic. J’ai du mal avec ça, je n’assume pas. Vers la fin des répétitions, comme ça me travaillait et que je n’aurais de toute manière plus eu le temps de monter ces playbacks, j’ai préféré en parler à Kamel et aux chanteurs en leur annonçant mon choix.

SLU : Ils ont dû être surpris…

SP : Oui absolument, mais ensuite ils ont bien compris et ont reconnu que c’est plus naturel comme ça. Le live comporte sa dose d’erreur, c’est normal.

Le traitement des voix

SLU : Comment traites-tu les voix ?

SP : J’ai fait le choix de n’avoir qu’un son pour la comédie comme pour le chant et un niveau identique. A partir de là j’ai modulé mon mix en rentrant tout ce qui est dur ou qui pose problème. Le son pour moi doit être profond et large. Travailler en force et dans la dureté, balancer en mono et avec de la distorsion, tout ça n’est pas « rock » pour moi, c’est juste mauvais. C’est ce que je pense et je l’assume. J’ai eu la chance de longtemps bosser avec la Mano et ils avaient bien compris que jouer fort ne signifiait pas faire du bon son. Les meilleurs groupes de rock ne sont pas ceux qui sont les plus forts sur scène contrairement à une idée reçue. T’as un gros son quand t’as l’impact là où il faut qu’il soit, le son de guitare comme il doit être, un super pied…

SLU : Et nos voix alors (rires !)

SP : Toujours le Multirack Waves branché à ma Vi4 où je chaîne un C4, un Renaissance DeEsser un CLA 76 et en sortie. Le CLA-76 qui émule le classique 1176 est spécifique à ce show et convient bien au micro casque DPA 4088. Mon problème réside dans la distance entre la bouche et le micro, distance qui ne varie pas quand le chanteur monte et attaque des notes en pleine voix plus dans le nez que dans le ventre. S’il avait un micro main, naturellement il l’écarterait. La petite cellule du 4088 n’apprécie pas beaucoup. Je fais un peu le ménage avec le C4 mais en tâchant de ne pas ôter le naturel à la couleur de son des voix. Peut-être mon choix de micro n’est pas le bon. L’omni de DPA sonnerait mieux mais au prix de contraintes de salle peu gérables.

SLU : Tu n’as vraiment aucune différence de traitement entre chant et comédie ?

SP : Presque pas, je route simplement toutes les voix dans un groupe que j’active à la fin de chaque chanson et qui est vachement compressé afin de ne pas avoir trop d’écart de dynamique entre les comédiens. Qu’il y ait une personne ou douze sur scène, on est cohérent. J’en profite aussi pour tailler aussi un peu de grave et râper un peu d’extrême aigu qui ressort trop bien quand on va les chercher, un extrême aigu dans les 10/12 kHz qui n’existe pas dans la vraie vie. La différence je la fais avec les effets que j’appuie en début de scène et allège rapidement pour ne pas noyer et abîmer la compréhension des mots. J’apporte parfois une petite note « Disney » que j’aime bien à certains passages, et je pense que si je refais un musical après Dracula, j’irai encore plus loin dans les ambiances.

C’est beau des vampires vous ne trouvez pas ? De gauche à droite Stéphane Plisson, Bellote, Greg Carlet et Youri. Installation fixe oblige, seul l’un des deux premiers est présent chaque soir à la console.

C’est beau des vampires vous ne trouvez pas ? De gauche à droite Stéphane Plisson, Bellote, Greg Carlet et Youri. Installation fixe oblige, seul l’un des deux premiers est présent chaque soir à la console.

SLU : Mais ça t’a plu alors la comédie musicale, tu ne préparerais pas ta sédentarisation ? (rires !!)

SP : Ah non, non, non !! J’aime la route, les musiciens et le live, mais avec Dracula c’est intéressant car je vis une expérience différente qui sera peut-être utile pour d’autres projets similaires. J’espère avoir apporté une petite pierre à l’édifice du musical. On verra. Il n’y a que le public pour le dire car à mon niveau je ne m’en rends pas compte. Quoi qu’il en soit, si je retravaille dans ce domaine je demanderai à intervenir sur les musiques en amont pour bénéficier des meilleures sources possibles. Idéalement il faut penser « spectacle » quand on crée les chansons et qu’on les enregistre faute de quoi elles manquent d’accroche avec le show. Il faut que les équipes de l’album et du spectacle travaillent en équipe.

SLU : Allez, t’es donc prêt à repartir sur un musical !

SP : Oui à partir du moment où on reconstruit une nouvelle histoire depuis le début, un nouveau challenge. Ce que j’aime aussi c’est la troupe. Je suis féru de cirque et je retrouve le même esprit que j’adore. Ils sont tous adorables ici. Il se passe quelque chose de différent et de plus fort qu’avec quatre musiciens et un chanteur. Cet esprit de troupe on le retrouve entre techniciens en tournée, plus rarement avec les artistes. L’exception c’est Marc Lavoine. C’est un type profondément humain, avec une belle voix, qui a confiance en toi et te donne carte blanche tout le temps. J’ai vécu une expérience d’enfer, une vraie rencontre avec un mec passionné et passionnant et pourtant on se connaît depuis 6 ans et on vient d’enchaîner 210 dates !!

CONCLUSION

D’abord un regret, celui de ne pas avoir pu écouter un tel système avec des sources dignes de ce nom. Le talent de Stéphane et de certaines compositions n’y suffit pas, la qualité des sonorités et les arrangements des playbacks est pour le moins inégale, parfois insuffisante. Malgré cela et tout en restant à environ 95dB(A), la pression paraît plus forte et emballe bien la salle avec une mention spéciale pour les passages classiques. Yvan Cassar a su tisser une toile dense et riche faisant enfin briller une sono qui ne demande que ça. Même le problème récurrent de trou dans l’impact entre les subs et les petites gamelles des lignes compactes comme le Kara et ses deux petits 8 pouces se résorbe, offrant un front sonore naturel et d’une très belle richesse spectrale avec des cordes plus vraies que nature. La couverture offerte par les 8 clusters de six boites est quasi parfaite et aucun spectateur n’est oublié. L’intelligibilité ne souffre d’aucune critique. La faible distance avec les enceintes et leur précision chirurgicale apporte un réel confort en annihilant pratiquement tout défaut de salle. On arrive presque à se demander l’utilité de systèmes en A/B ou l’installation de douzaines de boîtes dans tous les coins… Seule la présence de deux grappes de trois JM-1P Meyer, une par côté pour déboucher les gradins les plus extérieurs, surprend, par la manière plus franche et rentre-dedans de projeter le haut du spectre et une texture un peu plus dure de leur haut médium. Quelques dernières Kara iraient tellement bien !! Les premiers rangs ne sont pas oubliés grâce à six UPJ astucieusement cachées par un tissu acoustique. Bravo aussi pour la répartition du grave et de l’infra. Les trois rangs de subs fonctionnent bien et ajoutent aux quarante-huit têtes un peu de muscle de manière très naturelle. Quelques bruits de vent sur les DPA 4088 ont vite été jugulés par des coupe-bas plus serrés. Le seul inconvénient est que cela tend à décharner le rendu déjà sec et cristallin de ces bons capteurs qui restituent idéalement les passages parlés mais un peu moins bien le chant où l’assise d’un « large diaphragme » manque sur certaines voix. Très bel apport « Concert » de Stéphane Plisson avec ses savoureux penchants pour des voix maitrisées, un grave plein et des événements soulignant tel ou tel instrument ou passage de comédie en jouant avec les deux lignes de quatre dV utilisées en « élargisseurs » . La cohérence revendiquée entre parlé et chanté est bien réelle et comble l’écart que l’on ressent habituellement dans les musicaux entre ces deux phases. Chapeau enfin d’arriver à mixer tout là-haut sur un sol extrêmement sonore et jouant le rôle de membrane dans le bas. L’envie de tailler dans cette purée en piègerait plus d’un, moi le premier !!

 

Crédits -

Auteur & photographe : Ludovic Monchat

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