Le 2018 Yamaha System Designers Conference, à Disneyland Paris

La grande salle où, en dehors du speech de début et de fin de conférence, l’INA et les GRM ont pu donner un aperçu d’électroacoustique et de musique concrète.

Chaque année Yamaha Music Europe organise une conférence mêlant utilisateurs, concepteurs, R&D, intégrateurs, prestataires, le gratin du son autour d’un sujet transversal, cette année les 5 sens. Pour la 1ère fois, la presse a été invitée. SLU vous raconte en images.

Christian Crolle, monsieur Yamaha Audio Pro en France et homme incollable sur le piano

Imaginez deux pleines journées où des conférences, des démos toutes plus captivantes les unes que les autres et des expériences mettant à contribution vos 5 sens se suivent à rythme soutenu.

Nous avons eu la chance de les vivre grâce à Yamaha France qui nous a ouvert les portes du Centre des congrès de l’hôtel New York au plein cœur de Disneyland Paris, transformé pour l’occasion en ruche sonore et gourmande.

Le son et l’image, de plus en plus indissociables, avec la technologie ViReal faisant appel à un moteur capable de générer un rendu binaural d’une captation pouvant atteindre 64 canaux discrets via, par exemple, le ViReal Mic sphérique et ses 64 capsules.

Nous en avons ramené trois longues interviews et plus encore la certitude qu’après 25 années où la vie et les coquillettes de l’audio pro ont essentiellement tourné autour du line-array et des consoles numériques, on assiste à l’émergence de techniques qui redonnent au son une place plus importante dans les budgets des prods et dans les oreilles du public.

Ron Bakker nous faisant écouter le sinistre rendu d’une clarinette dans un volume au traitement acoustique très absorbant et, la seconde d’après, la même clarinette dans le même volume mais rendu réverbérant avec l’aide d’une chaine électroacoustique de captation et reproduction. La plage de correction n’est pas infinie et fait appel à des notions incompressibles de « densité » du champ réverbéré et de son interaction avec le volume du lieu ; un exposé passionnant.

Il est vrai que, comme nous l’a glissé Christian Crolle, co-organisteur avec Ron Bakker de cette conférence, on part de loin. A titre d’exemple, dans le prix du siège social d’une grande entreprise, les sommes dédiées au son dépassent rarement 1% du budget, et ne parlons pas du partage dans une tournée entre vidéo, éclairage, motorisation, effets spéciaux, scénographie, drones et…audio.

Un des clous de la conférence, la démo en WFS de Casper Schipper et Ji Youn Kang de The Game Of Life. 288 iD24 Nexo amplifiées individuellement (256 pour le WFS plus 32 pour l’AFC3) et de ce fait permettant la plus grande fluidité aux effets et mouvements programmés et parfaitement audibles dans un carré de 10 mètres par 10 mètres.

Casper Schipper expliquant les principes de la WFS avant le passer le micro à…

Ji Youn Kang, une artiste rompue à la composition sur des systèmes WFS.

La « porte » de iD24 fermant le carré le temps de la démo.

Il n’empêche, l’émotion, la qualité et la créativité du son sont de retour et nous en avons eu des superbes exemples avec le mixage dans l’air de Learprint, le Wave Field Synthesis avec Nexo, divers formats de son immersif DSP développés par les bureaux d’étude de Yamaha.
S’y ajoute des exemples de correction active et localisée de l’acoustique des salles, du mixage automatique intelligent aussi par Yamaha, l’émulation d’anciennes topologies sonores encore par le géant nippon, ou encore les performances électroacoustiques créatives avec l’INA et les GRM, le moment « patrimoine », sans oublier les très courues sessions avec du chocolat et du vin. Allez savoir pourquoi…

Le public se pressant à chaque démo.

Le déploiement d’enceintes de Learprint, chaque modèle étant choisi pour servir le contenu spectral et la dynamique des instruments. Les 4 boîtes L-Acoustics sur pied tout au fond étant par exemple dévolues aux chœurs et les petites Yamaha au premier plan, aux cordes.

Alain Français au milieu des enceintes composant Learprint, de très loin le système le plus proche de la réalité d’une captation, mais aussi le moins rapide à mettre en œuvre. Quatre marques d’enceintes cohabitent. En ordre alphabétique : Bose, L-Acoustics, Nexo et Yamaha.

Nuage Yamaha, le support de diffusion, mixage et matriçage des œuvres Learprint.

Tout vous raconter avec des mots s’apparente à une gageure, nous préférons laisser parler les intéressés, le premier étant Alain Français et son Learprint, l’expérience la plus aboutie dans les procédés d’immersion sonore qui est devenue le graal des fabricants de systèmes de diffusion et sans nul doute la nouvelle mode du son installé comme itinérant.

Alain a poussé le curseur encore plus loin en offrant au public un mixage de sources repiquées par pupitre et reproduites par autant d’enceintes spécifiques de marques différentes, mais dans l’air, sans aucun artifice d’encodage, offrant la meilleure reconstruction spatiale de la masse orchestrale avec un rendu extrêmement proche de l’original et de sa dynamique.

Learprint est donc un orchestre par mimétisme acoustique, chaque enceinte étant alimentée au travers de Nuage de Yamaha, cet éditeur servant à reproduire et à mixer les différentes œuvres. Inutile de préciser que ses démos ont fait le plein et l’unanimité. Si vous n’avez jamais entendu Learprint, ne dites pas que vous n’aimez pas l’immersif.

Autre personnalité et partie prenante dans l’organisation de cette conférence, Christian Crolle, le directeur France de l’Audio Pro de Yamaha a aussi pris quelques minutes pour répondre à nos questions et faire un tour d’horizon sur les techniques modernes de diffusion.


Nous avons enfin interviewé Nils-Peter Keller, Directeur Pro-Audio & AV Groupe de Yamaha Music Europe pour avoir son analyse et sa vision circulaire sur le son et son avenir.


Conclusion

Alain Français le rappelle toujours, mixer sur Learprint est déstabilisant, prenant et in fine très fatigant, nos références spatiales stéréophoniques étant saturées par le nombre de sources sonores. Participer à cette conférence l’a été tout autant par la richesse et la complexité des technologies qui nous ont été proposées.

Ça paraît simple, mais le travail effectué par Kazunobu Kondo et ses équipes sur l’intelligence artificielle est immense, et va probablement déboucher dans les années à venir sur la présence de commandes du type « detect » et « auto-mix » sur les futures consoles Yamaha. La première détectera les sons, les nommera et offrira une gestion dynamique et spectrale type. La seconde proposera un mix des pistes présentes. Sachez que ça existe. On a entendu et ça marche ;0)

On ne peut pas vous en dire beaucoup car nous n’avons pas eu de démo audio, mais chez Yamaha et Nexo l’immersif « abordable, intuitif et pratique à mettre en œuvre pour l’intégration et le live » avance à grand pas. Ici Hiraku Okumura de la R&D Yamaha. Même sous la torture François Deffarges a refusé de répondre à nos questions ;0)

Même si certaines d’entre elles n’en sont qu’à leurs balbutiements ou ne paraissent pas avoir un potentiel propre d’exploitation, elles n’en restent pas moins le témoin de la puissance intellectuelle et conceptuelle de la R&D de Yamaha et de plein d’autres labos.
Un grand merci à ce propos à tous les ingénieurs japonais qui ont fait le déplacement et se sont prêtés au jeu des questions réponses avec une disponibilité totale.
Mention bien aussi aux équipes techniques de Disneyland pour avoir participé à cette conférence, d’autant plus que la technique ne manque pas dans leur parc de loisirs et enfin aux équipes de Yamaha France pour l’organisation et la gestion de ces deux jours.

Une partie des organisateurs et des participants du 2018 System Designers Conference de Paris montent sur scène lors de la clôture.

Autant vous le dire tout de suite, si le millésime 2019 accepte d’entrouvrir à nouveau ses portes à la presse, on fera le voyage et on ira à la pêche au futur.
Le mot de la fin ? Attention au bon vin et à l’alcool en général. Sans nous étendre sur les chiffres, on n’entend pas vraiment la même chose à jeun. Moi en tout cas ;0)

Crédits -

Texte et Photos Ludovic Monchat - Vidéo Allison Cussigh

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