Le Sola Frame 3000 High End s’installe sur les passerelles de l’Opéra Bastille

C’est une nouveauté à Bastille. Les deux passerelles en salle, chargées de découpes 2 kW, pour assurer la face au lointain, ont fait un peu de place à 3 asservis à leds pour faciliter les alternances. A 42 m de la scène, il fallait de la puissance.
Rui De Matos, chef du service lumière de Bastille et Nicolas Da Canal, responsable de la maintenance ont choisi le Sola Frame 3000 High End après comparatif. On devine, compte tenu des exigences des éclairagistes d’Opéra, que le flux de ce projecteur n’est pas sa seule qualité.

Rui De Matos à gauche et Nicolas Dacanal encadrent les deux Profile led de Bastille : Robe DL7S, d’un investissement précédent et le nouveau venu High End Sola Frame 3000.

L’appel d’offre disait ceci : “Fourniture de projecteurs automatiques destinés à être installés dans les passerelles techniques de la salle de l’opéra Bastille, l’objectif étant d’avoir des sources asservies de longue portée, afin de faciliter les alternances des spectacles.”

Nous avons demandé à Rui De Matos, et Nicolas Da Canal de nous raconter l’histoire de cet investissement.

SLU : Quelle était votre priorité ? La puissance ?

Rui De Matos : Le choix de ce projecteur nous l’avons fait ensemble avec Nico et à l’époque de l’appel d’offre, nous n’étions pas forcément partis sur un projecteur à leds car nous avions besoin d’un gros flux de lumière pour atteindre la scène depuis les passerelles en salle soit une distance de 40 m. Au début du projet, on pensait lampe à décharge. C’est suite à Prolight+Sound et dès qu’on a eu la possibilité d’avoir un modèle de démo pour le tester et le comparer à d’autres asservis, aussi bien à leds qu’à décharge, que nous avons été agréablement surpris.

La distance de projection sur scène atteint 42 m. Impressionnant !

Nicolas Da Canal : En plus nous avons la volonté de remplacer nos sources à décharge, donc l’opportunité que nous n’avions pas imaginée de pouvoir utiliser un projecteur à leds nous a intéressés.

SLU : Pourquoi cette volonté de supprimer les lampes ?

Nicolas Da Canal : Parce que les fabricants ne savent plus fabriquer des lampes à décharge dans des tolérances de température de couleur acceptables. Compte tenu des volumes à produire, la fabrication est devenue très approximative.

Rui De Matos : Et même si l’écologie n’est pas forcément notre priorité première, il faut garder à l’esprit qu’une lampe à décharge reste allumée la plupart du temps pendant toute la durée du spectacle, même si on n’utilise le projecteur que sur 2 ou 3 effets par acte, ce qui n’est pas le cas des leds. Il y a aussi un impact non négligeable sur le budget maintenance.

La Passerelle 2 en salle, équipée principalement de découpes longue portée 2 kW Robert Juliat 614 S…

SLU : Rui, les automatiques en passerelle répondent à ta demande ?

Rui De Matos : Oui, c’était devenu indispensable. Quand on a 3 opéras en alternance, et que certains éclairagistes demandent plus de la moitié des projecteurs sur une passerelle pour leur production et malgré le nombre important de projecteurs fixes on ne peut pas les satisfaire.
Ils sont obligés de se partager les sources car il n’est pas question de modifier les positions entre deux représentations. En installant 3 automatiques par passerelle on résout le problème de l’alternance avec plus de possibilité de réglages.

… accueillent maintenant des projecteurs de dernière génération : High End Sola Frame 3000.


SLU : Combien en avez-vous installés

Rui De Matos : Nous avons investi dans 7 Sola Frame 3000, trois sur la passerelle 1 et trois sur la passerelle 2 en salle et un en secours.

SLU : Nicolas, tu as fait des mesures d éclairement sur scène ?

Nicolas Da Canal : Oui, à 42 m, en faisceau serré à 7°, on a 820 lux au centre et 767 lux au bord, donc il est vraiment plat et homogène, sans point chaud.

Le Sola Frame 3000, moteur de leds blanches 1000 W, CMY + CTO progressif, roue de couleurs, deux roues de gobos, module 4 couteaux à fermeture totale, zoom 7° – 55°, iris, frost progressif, prisme et roue d’animation annonce un flux de 37 000 lumens.

SLU : En plus du flux, qu’elles étaient vos attentes ?

Rui De Matos : Nous avons une grande exigence de silence de fonctionnement. C’est primordial. Il faut absolument réduire le bruit car plus on utilise d’appareils automatiques, plus il y a de résonances et ça fait un bruit assourdissant. Le Sola 3000 est très peu bruyant.

Nicolas Da Canal : il y a un paramètre qui est super important au théâtre surtout en longue portée c’est le frost, et de pouvoir l’engager à n’importe quelle ouverture du zoom. Le Sola Frame 3000 a effectivement cette particularité. J’aurais juste aimé qu’il serre un peu plus, 2 degrés de mieux.

Rui De Matos : Le Sola 3000 a vraiment un bon frost. On se sert beaucoup des dépolis dans les ambiances et le frost est tout à fait satisfaisant. Je ne cherche pas à obtenir le flou en dé focalisant, je préfère faire un réglage bien net et d’engager un frost pour que l’ ambiance soit plus propre. Il y a deux roues de gobos, ce qui est toujours intéressant, même s’il n’y a que 2 ou 3 gobos qui nous conviennent sur chaque, dont les feuillages qu’on utilise le plus souvent.

SLU : Justement les couleurs, parlons-en. La trichromie vous convient-elle ?

Rui et Nicolas dans la nouvelle salle aménagée pour les tests.

Nicolas Da Canal : À l’origine on n’était pas spécialement branché trichromie soustractive, mais à ce niveau de flux, cela constitue l’essentiel des propositions du marché. Pour moi ce n’est pas la meilleure solution mais on s’adapte.
A cette distance de travail et à la face, on cherche des corrections légères et on utilise très peu la trichromie qui ne nous permet pas de retrouver les teintes de gélatine.
On avait d’ailleurs le même problème avec les lampes à décharge à ceci près que l’IRC était plus élevé. Ici il est de 70 mais un filtre remonte le TM 30 à 85. Il faut reconnaître cependant que le mélange cyan magenta permet d’obtenir des teintes assez intéressantes et utilisables.

Rui De Matos : Les couleurs que l’on utilise le plus souvent sont principalement, des correcteurs qui se rapprochent d’un Lee 201, 200, des bleus profonds et des beaux ambres pour les couleurs chaudes. C’est aussi très important d’avoir un rouge profond et un CTO et un CTB progressifs. On n’a pas besoin de perfection mais de projecteurs bien calibrés, des appareils qui réagissent tous de façon identique pour obtenir vraiment la même teinte partout avec une parfaite homogénéité.

Portrait de Rui De Matos

Rui De Matos, le chef du service lumière de Bastille.

C’est la première fois que nous rencontrons Rui De Matos, nommé à ce poste il y a un an, depuis le départ à la retraite de Didier Paillet. Pour ceux, comme nous, qui ne le connaissent pas, Rui est un authentique éclairagiste d’Opéra.
Arrivé aux premières heures de Bastille en 89, il a fait partie de la petite équipe lumière, pas plus de 6 personnes, qui a essuyé les plâtres et effectué l’installation de la première saison.

Rui De Matos : “C’était une très belle aventure car on n’ouvre pas un théâtre de cette dimension tous les jours.” J’ai commencé comme pupitreur à l’ouverture de l’Opéra Bastille, puis je suis devenu responsable de production lumière. C’est un rôle différent de celui de chef de service, mais c’est aussi un rôle de manageur d’équipe.

Mon objectif était d’être éclairagiste tout simplement et c’est ce que j’ai fait pendant 22 ans… Maintenant je continue à faire de l’éclairage mais de manière différente ou je conseille les éclairagistes sur les nouvelles productions. J’ai aussi fait des éclairages à l’extérieur ou j’ai remonté des productions de Bastille, Elixir d’Amour au Marinsky, La Bayadère à Boston, Les Contes d’Hoffmann à la Scala, Don Carlos au Palau des Arts à Valencia …

SLU : Quelles modifications vas-tu apporter au service lumière ?

Rui De Matos : Je voudrais en priorité changer les pupitres lumière pour l’année prochaine. Continuer à faire évoluer le parc de matériel vers les sources à led et remplacer nos lyres d’asservis. Trouver une source Led qui puisse remplacer nos vieux yokes 4kW HMI, qu’on utilise depuis près de 20 ans, et dont nous avons de plus en plus de difficultés à trouver les pièces détachées.

Plus d’informations sur le site ETC, distributeur de High End en France, et sur le site High End Systems

Crédits -

Texte & photos : Monique Cussigh

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