Quand Astro Spatial Audio spatialise Adamson!

DV2 Belux a accueilli des techniciens et décideurs de l’événementiel pour 2 jours de démos autour des IS7p et IS10p Adamson. Nous en avons profité pour découvrir leur nouvel outil de diffusion immersive créé en association avec la société hollandaise Astro Spatial Audio.

L’auditorium du centre culturel de sambreville, un bien bel endroit fraichement remis à neuf

La salle du centre culturel de Sambreville (entre Charleroi et Namur) dédiée à la démonstration a été entièrement rénovée il y a peu, et un main PA composé de 12 enceintes S10 et de quatre S119 y a été installé de manière permanente.

Comme annoncé, l’IS10p, nouveau point source de la gamme d’installation d’Adamson était à l’écoute.

On se sent déjà en terrain conquis par la marque canadienne. Pour ces sessions d’écoutes, DV2 Belux a, comme à son habitude, mis les petits plats dans les grands. Les sessions sont présentées à une dizaine de personnes au maximum afin que chacune puisse apprécier l’expérience de la spatialisation à sa juste valeur.

C’est ainsi que Sébastien Desaever, resp. commercial de DV2 Belux nous a accueillis et nous a présenté les produits Adamson bien connus avant de laisser la place à Bjorn Van Munster, responsable d’Astro Spatial Audio.
Depuis quelques années, la sonorisation immersive semble être le cheval de bataille de nombreux acteurs du milieu de la sonorisation. L-ISA chez L-Acoustics, Soundscape chez d&b, Holophonix chez Amadeus ou même Klang pour ce qui est du mix in-ear immersif…

Nous ne sommes qu’au début de cette nouvelle ère, il paraît donc logique pour un acteur aussi important qu’Adamson de placer ses pions. Mais, cette fois-ci la démarche est différente puisque la société canadienne préfère développer un partenariat avec Astro Spatial Audio plutôt que de créer son propre système. De la part d’Adamson, c’est loin d’être une surprise, la société a toujours privilégié les collaborations efficaces, comme elle l’a déjà fait par exemple avec Lab.Gruppen.

Bjorn Van Munster, en plein discours. Remarquez le macbook derrière lui. Cela lui permet de contrôler son logiciel de spatialisation.

Ce choix a été effectué en janvier de cette année via une évaluation des processeurs de spatialisation « non propriétaire » du marché. Le modèle le plus avancé et dont l’interface s’est révélée adaptée au Touring était chez Astro et c’est donc la solution retenue par le fabricant canadien.
Par ailleurs Adamson a développé différents algorithmes de processing qu’on peut regrouper sous l’appellation « d’optimisation » Ce processing béta testé depuis la fin du printemps chez DV2 verra le jour dans les produits CS qui commenceront à arriver à la rentrée.
Bjorn nous présente le raisonnement qui a conduit à la création de ce nouveau système. Traditionnellement, les créations sonores se basent sur les positions des haut-parleurs, ce qui donne souvent de bons résultats.
Cette manière de faire pose, selon lui, un problème. Si le spectacle change de lieu, que l’on écarte davantage les haut-parleurs ou simplement que l’on réduit la taille du système, alors la production sonore et le mixage doivent être entièrement refaits. Cela conduit à des pertes de temps énormes.

Astro Spatial Audio propose plutôt de se baser sur des objets audio, c’est-à-dire des fichiers audio intelligents qui intègrent des données multiples telles que le type de source, sa position dans l’espace, son volume… C’est grâce à ces données que le processeur SARA II va pouvoir créer l’audio immersif proposé par Astro Spatial Audio.

Comme à chaque fois, derrière des enceintes passives, il y a les amplis qui vont avec. Ici une armée de Lab.Gruppen PLM, ainsi que le laptop de contrôle.

Sara II, le nom de baptême de ce nouveau processeur est donné… Parlons donc de lui car c’est quand même là que tout se passe. Que ça soit en Dante ou en MADI, un « simple » rack 3U offre 32 entrées et 64 sorties le tout étant redondant…

Les E/S peuvent bien entendu être boostées. De quoi se faire plaisir. Un switch Ethernet/Wi-Fi permettra le contrôle de SARA II via un laptop ou même une tablette. L’idéal étant d’avoir un écran tactile afin de déplacer facilement les objets audio. Un écran 2,8 pouces tactile est intégré à la matrice, mais soyons réalistes, ne comptez pas sur lui pour contrôler vos 32 inputs.

Le processeur intégré dans SARA II calcule 40 fois par seconde la position de chaque objet par rapport à l’ensemble des enceintes du système. Cette résolution produit des mouvements fluides, sans à-coups. L’algorithme intégré dans le processeur du SARA II permet le calcul des positions. Cerise sur le gâteau, celui-ci ne se fait pas seulement à 360°, mais en 3D, en prenant en compte les axes X, Y et Z. Bjorn nous assure également une absence totale d’effet de phasing ou de Doppler lors de l’utilisation de ce système.

La compatibilité entre les différents logiciels audio et Astro a été optimisée également via OSC (Open source Control), vous pouvez donc contrôler le programme en Midi, RS232 et GPIO ce qui le rend entièrement compatible avec un ProTools, un QLab, les consoles Digico et Avid… Il est également possible de contrôler les automations de mouvement via un capteur placé, par exemple, sur un orateur.

Faisons une petite parenthèse sur ce sujet qui nous semble rarement développé par les constructeurs. La marque norvégienne TTA propose des modules de tracking permettant de géolocaliser des sources audio (ou lumière) via différents types de modules. Totalement compatibles Mac, Windows, Soundscape, L-Isa, Amadeus et Astro Spatial Audio, leur site explique très bien leur fonctionnement et mérite un détour ( https://www.tta-sound.com/)

La matrice plus qu’active de Astro Spatial Audio

Tout ça semble bien sur le papier, mais la réalité tient-elle toutes ces promesses ?
Nous avons bien entendu d’abord écouté et ensuite posé de nombreuses questions afin de vous donner un avis plus précis sur ce nouveau système.
Ce qui nous a tout de suite plu, c’est qu’il est optimisé pour Google Chrome. Pas besoin d’installer un programme, de dédier un ordinateur à SARA II, il est pilotable depuis n’importe quel ordinateur connecté au serveur.

Les écoutes effectuées sur le système ont été très convaincantes. Pas le moindre effet de phasing ni d’effet Doppler. Bjorn nous indique un switch, placé sur chaque tranche du contrôleur permettant de désactiver le processing, un moyen efficace de faire un test A/B du résultat avec ou sans processing. En une microseconde à peine, l’effet Doppler se fait ressentir et nous pousse à réactiver rapidement le switch afin d’enlever cet effet désagréable.

Pour ce test, DV2 Belux a utilisé une armée d’enceintes : un système en 17.2 (full Adamson, cela va sans dire) composé de quatre IS10p en front, quatre IS7p en LR, quatre IS7p en back, six P8 au-dessus de nos têtes et deux S119 en front.
Bjorn a été très honnête pour justifier ce nombre d’enceintes « The more speakers, the higher the resolution » expression que l’on peut traduire par « plus les HP sont nombreux, plus le résultat sera défini ».

Une règle cependant à ajouter à cela : idéalement l’auditeur doit se situer au minimum à la moitié de la distance entre 2 enceintes. Dans notre cas, il y avait une enceinte tous les 2 mètres, ce qui veut dire qu’il fallait être à plus d’un mètre des haut-parleurs pour profiter de l’efficacité de la multidiffusion.

Une dizaine d’auditeurs pour la démonstration, Cela semble peu, mais néanmoins idéal pour bouger et se rendre compte de la spatialisation.

Nous nous sommes bien sûr posé la question de l’efficacité d’un système spatialisé de la sorte lors d’un concert. Comment les premiers rangs ressentent-ils l’immersion dans ce cas ?
Il y a fort à parier qu’ils ne rentrent pas dans la règle annoncée par Bjorn. Si la première rangée de crash barrière est située à 4 mètres des front field, cela voudrait dire qu’il faudrait un maximum de 8 m entre les front field et la banane la plus proche pour que le spectateur soit dans la zone optimale de diffusion, difficile à imaginer. Une solution proposée par DV2 Belux serait de récréer un second univers immersif pour les premiers rangs. À tester !

L’outil développé par Astro Spatial Audio ne se limite pas à déplacer 32 sources dans un environnement à 360°, cette partie s’appelle la « Production Suite » selon le développeur. L’expérience va heureusement plus loin que cela. La compagnie hollandaise a développé un ensemble de différents modules intégrables séparément à SARA II.

Dans cette capture d’écran on voit à droite la vue 3D du setup installé, à gauche les tranches de console et en arrière-plan à droite la vue 2D

Le second module appelé « Interactive Dynamic rooms acoustics » est un outil de simulation d’acoustique franchement efficace. En quelques secondes à peine, Bjorn Van Munster modifie l’acoustique de notre pièce et nous fait voyager dans une église. Vous me direz qu’avec un bon plugin de réverbération, on peut faire ça dans n’importe quel lieu et vous auriez tort ! L’outil de réverbération programmé par Astro Spatial Audio permet ici un calcul de la réverbération par rapport à l’objet audio dont nous avons parlé plus tôt.

Les 22 faders visibles permettent de travailler toutes les réflexions de la réverbe insérée dans le système

Un ensemble de 22 points de mesure séparés permettront à l’ingénieur du son de varier les « early/mid/late » reflections de son nouvel espace acoustique. Les réflexions calculées par SARA II dépendent donc à 100% de la position de l’objet et en font un outil optimal pour des salles nécessitant régulièrement des modifications d’acoustique. La Maison de l’Opéra à Zurich, ou le Théâtre présidentiel d’Ankara ont déjà adopté la technologie.

Capture d’écran du logiciel Playback

Playback est le troisième module présenté par Bjorn. Ce dernier a été conçu pour donner la possibilité d’enregistrer et de rappeler un show, comprenant ainsi toutes les données liées aux objets audio. Idéal pour simplement rappeler un show déjà enregistré !
Cet outil a bien évidemment été fort utile à Bjorn pendant sa démonstration. Notez que la marque a même pensé à rendre le logiciel compatible avec QLab. Il vous est donc possible de lancer un show directement depuis l’application.

Le dernier module présenté par Bjorn est un outil d’automation. Il permet de créer des déplacement de sources de manière automatisée soit sur base d’un cue, soit sur celle d’un timecode. Un outil par exemple indispensable en cas de création sonore nécessitant une restitution à l’identique dans un autre lieu.

Demander à une source de se déplacer en ligne droite, en cercle, dans le sens horloger ou inversement, il y a beaucoup de possibilités grâce à la partie automation.

Comme ces modules sont achetables séparément, il est possible que l’utilisateur ne s’équipe pas avec toutes les licences si une seule lui suffit. C’est une manière software de limiter les coûts pour l’utilisateur. Ne soyons pas dupes, si les prix d’achat ne sont pas annoncés, il y a fort à parier qu’un outil aussi bien abouti ne soit pas accessible à toutes les bourses.

Notez également que Astro Spatial Audio annonce la possibilité de traitement des enceintes connectées au système. Un équaliseur 16 bandes peut notemment être attribué à chaque sortie. Toutes ces technologies ont des conséquence en temps de traitement. La latence annoncé par Bjorn est de 7,8 ms à 48 Khz. La concurrence aux boîtes brunes annonce 5 ms. Selon Bjorn, la différence vient du fait que le processing des enceintes prend beaucoup de ressources. Si on enlève cette partie de SARA II, la latence descend en dessous des 5 ms.

Ludovic Vandegoor et Bjorn Van Munster, fiers devant les différentes marques distribuées par DV2 Belux.

En sortant de cette démonstration, nous devons reconnaître qu’Adamson nous a convaincus. Ils savent décidément s’entourer des meilleurs partenaires pour continuer à être un acteur majeur de la sonorisation de concert. L’outil proposé par Astro Spatial Audio est un concurrent de poids face aux rivaux français et allemands, ne soyons donc pas étonnés de croiser ce nouveau jouet sur d’autres systèmes (Martin audio a adopté Astro Audio depuis 2018).

Nous retiendrons que la prise en main d’un setup aussi pointu nous a semblé être assez plug and play. Il a suffi de 10 petites minutes pour sortir du son de ce système. Pas besoin d’avoir une licence en mixage immersif pour se prêter au jeu.
Nous retiendrons aussi, comme nous l’a souligné Ludovic Vandegoor de DV2 Belux en fin de journée, que l’audio immersif vient à peine de naître et que ce nouvel outil nécessite encore pas mal de réflexions tant au niveau des prestataires audiovisuels qu’au niveau des créateurs sonores pour trouver sa place dans le milieu de la sonorisation.

Rappelons qu’il a fallu de longues années pour que la stéréophonie soit acceptée de tous, et que ce n’est qu’au début des années 1990 qu’elle s’est généralisée à la télévision française, un argument qui aura le mérite de faire comprendre aux émules de l’audio immersif qu’ils doivent prendre leur mal en patience.

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Crédits -

Texte Brice Coulombier - Photos Brice Coulombier - Astro Audio - Le Centre Culturel de Sambreville

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