Vidéo Mapping Festival de Lille

Nous sommes heureux d’avoir pu couvrir la toute première édition du Vidéo Mapping Festival de Lille. Fort de ses 80 000 visiteurs, l’événement a été particulièrement réussi et poursuit le projet des “Rencontres Audiovisuelles” de dynamiser le secteur de l’image animée dans le nord de la France.
Précédée de deux jours de séminaire, leur démarche se distingue aussi par une volonté de créer des opportunités de networking et de réflexion pour les professionnels du secteur. Une action saluée par tous.

La façade de l’opéra raconte une des saynètes imaginées par les étudiants d’Euranime.

16 programmes ont été projetés à différentes adresses de la ville de Lille entre 20h et 1 heure du matin. Les spectateurs, guidés par ces différents spectacles, se sont promenés sur la place Charles de Gaulle où la rédaction de La voix du nord se parait d’une œuvre à vocation historique. Ils sont passés près du Canal Saint Pierre pour y découvrir les créatures aquatiques qui le peuple.
Ils ont rejoint l’école Sciences-Po Lille pour tenter de gagner au jeu-vidéo géant accueillit par la façade, et se sont arrêtés devant l’Opéra, support de projection aux 13 créations des étudiants d’Euranim, pour assister à un workshop permettant à 54 jeunes professionnels du secteur de booster leur carrière dans le domaine du video mapping.

 

Accueillis par Margaux Héaulme, chargée de production, nous rencontrons Pascal Leroy ingénieur en vidéo projection pour le festival, Tamas et Samy, superviseurs des œuvres conçues par les étudiants d’Euranim et enfin Aleksi Aubry Carlson, co-compositeur musical et sound design sur certains des projets.

Ils sont prêts à assurer le spectacle : (de gauche à droite) Aleksi Aubry Carlson, Margaux Héaulme, Samy Barras, Tamas Zador et Maxime Boucher.

Aleksi se passionne très jeune pour la musique et plus particulièrement pour la guitare électrique et le rock-métal. A 21 ans il retourne au conservatoire où il étudie la direction d’orchestre, la composition et l’orgue. Aujourd’hui il compose pour des films, des jeux vidéo et du mapping.


SLU : Comment s’est coordonné la composition des œuvres sur le projet ?

Aleksi Aubry Carlson : Avec Géraldine Kwik, nous avons composé pour près de la moitié des travaux projetés sur la façade de l’opéra. Une quarantaine de musiques et d’ambiances sonores ont donc été proposées aux étudiants comme base pour leurs créations. Nous avons ensuite fait des allers-retours afin de répondre aux envies de chacun à mesure que les projets avançaient et ce jusqu’à l’étape finale du sound design.

Une araignée grossit. Va t-elle se jeter sur les spectateurs ? Frissons dans la foule !

SLU : Avez-vous eu des contraintes ?

Aleksi Aubry Carlson : Pas vraiment, nous avons été assez libres à la différence de l’image qui devait répondre à un certain format. Le seul problème c’est l’acoustique qui n’est pas extraordinaire dans les villes car le son rebondit sur les bâtiments et est absorbé par les spectateurs.

En un clignement d’œil, l’Opéra se transforme en motel miteux et inquiétant.


Ces travaux ont été supervisés durant quatre jours par Tamas et Samy. Tamas Zador, hongrois d’origine, travaille dans l’animation depuis 19 ans. Samy Barras quant à lui vient de la 3D pour laquelle il a porté la casquette de réalisateur et se consacre au mapping depuis 4 ans.


Un hommage à Vincent Van Gogh au Palais des Beaux Arts : A women.

SLU : Le contenu visuel a été fabriqué en seulement 4 jours. Cela a dû être intense ?

Samy Barras : Ca a été une expérience très excitante. Nous devions guider les 54 étudiants au sein d’un programme contraint en termes de rendu afin de finir en temps et en heure et passer les médias à l’équipe son pour ajouter les bruitages.


Une étude animée sur la perception du concept de féminité.

SLU : Quels outils ont été utilisés pour créer ces médias?

Tamas Zador : TV Paint, After Effect, 3DS Max, Maya, Houdini, Animate, Photoshop, Illustrator, Paper Drawing. Chacun pouvait travailler comme il le souhaitait. Pour la projection c’est le logiciel Resolume Arena qui a été choisi. Une impression en 3D de la façade de l’Opéra nous a permis de faire des tests en amont, ce qui a été très utile.


L’ingénierie en vidéo projection était assurée par Pascal Leroy. A la fin des années 80, peu de filières existent dans l’audiovisuel. Pascal s’oriente donc vers des formations en l’électronique qu’il complète avec des cours sur le langage de l’image. Intermittent du spectacle, sa vie professionnelle est très variée et il est amené à travailler aussi bien pour des conventions que pour des meetings ou des festivals comme aujourd’hui.

Jeu Vidéo projeté sur la façade de Science Po Lille. Une création d’étudiants internationaux.

SLU : Parle-nous des challenges techniques qu’il a fallu relever dans la ville de Lille

Pascal Leroy : Le site le plus compliqué, bien que présentant une surface de projection relativement petite, a été la façade de Science Po. Du fait du manque de recul nous avons pris la décision de scinder l’image en une partie basse et une haute.
Un projecteur se tient donc au niveau de la façade, au pied de l’escalier tandis que le second a été installé en hauteur, derrière, dans une rue parallèle. Cela s’inscrit aussi dans une démarche de faire disparaître la technique. L’image apparaît alors comme par magie et c’est une logique que j’affectionne.

Une salle du Palais des Beaux Arts habillée par Robert Seidel.

Chaque site est très différent du fait de la configuration des rues, et le milieu urbain ne permet pas toujours d’avoir un recul suffisant pour faire de la projection. Nous avons également besoin d’un environnement qui ne soit pas trop lumineux pour que les couleurs ressortent bien sur les bâtiments. Sur la place de l’Opéra, un restaurant n’a pas éteint ses lumières et son enseigne diffuse un reflet rouge sur le bâtiment. On doit donc s’adapter et faire avec les contraintes, sans parler de la météo.

Mapping de sculpture… Création Thomas Voillaume.

SLU : Quels sont les vidéoprojecteurs que vous utilisez ?

Pascal Leroy : Cette année deux marques sont présentes : Christie et Panasonic tous deux partenaires du projet. Sur la place de l’Opéra ce sont des Christie ROADSTER S+20K de 20 000 lumens.
Ils sont considérés comme les meilleurs projecteurs au monde et utilisés aussi bien à la Fête des Lumière de Lyon qu’à Dubaï. Ce sont des machines particulièrement fiables, les artistes les adorent et les techniciens aussi.

… Un homme de lumière se dresse dans les jardins d’Ilôt Comtesse


SLU : Comment avez-vous tiré l’électricité jusqu’à ce lieu ?

Pascal Leroy : La ville de Lille a mis à disposition le matériel et les équipes de techniciens pour installer des coffrets aux différents endroits où nous avions besoin d’électricité.
Ce type de manifestation nécessite beaucoup de puissance, nous sommes donc en triphasé que l’on achemine dans une tour et qui est distribué ensuite aux ordinateurs, aux systèmes son, et aux vidéoprojecteurs.

L’histoire de la Voix du Nord racontée aux spectateurs par Paulina Zybinska et Jelle Van Meerendonk (Pays Bas). Ici la construction du bâtiment…

…Les piles de journaux lui font écho.


Le festival s’est ensuite poursuivi dans dix autres villes de la région et ce, jusqu’en septembre. Même si quelques petits problèmes techniques et une forte affluence ont pu émailler certaines projections, le bilan général de ce premier évènement est très positif et constitue un bon prologue à la seconde édition qui aura lieu l’année prochaine.

Le 28 & 29 mars 2019, l’IBSIC – Image Beyond the Screen International Conference se tiendra à l’Arenberg Creative Mine près de Lille. Ce séminaire international s’adressera aux chercheurs et professionnels qui souhaitent discuter l’identité, la pratique et les usages du video mapping à travers des études de cas, des retours d’expériences et des réflexions théoriques et critiques.
Il sera prolongé le 29 et 30 mars au soir d’un parcours de mapping vidéo dans la ville de Lille, deux soirs de suite cette fois-ci, pour en faire profiter le plus grand nombre.

Puis, d’Avril à Août, les projections se poursuivront dans la région Hauts-de-France pour une quinzaine de dates afin de proposer des créations originales jusqu’à la soirée de clôture le 31 août à Arras. Ce jour-là, en plus du mapping sur le Beffroi, un parcours video mapping de plusieurs points dans le centre-ville sera proposé.

De beaux jours à venir donc pour ce tout jeune festival.

Crédits - Texte et Photos Allison Cussigh

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