Bose S1 Pro, la boîte à tout faire

Bose S1 Pro

C’est la mode du moment et on la retrouve tout aussi bien dans le monde de la lumière que dans celui du son où il faut désormais faire compact, pas cher et ultra polyvalent. L’américain Bose, spécialiste incontesté de la petite boîte à musique, s’y colle avec la S1 Pro.

Seulement 7 kilos, des découpes qui sentent bon le micro wedge d’appoint, une batterie offrant la mobilité, un mélangeur, un effet et une poignée idéalement placée, cette enceinte a plus d’un tour dans son sac (elle en a un en option !) et pourrait devenir un compagnon utile et assez efficace dans bon nombre de situations.

Nous l’avons disséquée, mesurée, écoutée, une prise en main sans ménagement pour comprendre si le « Pro » de son nom est justifié ou pas. Même pas en rêve. Vous devrez tout lire pour le savoir ;0)

Commençons par son prix de vente, qui nous servira à étalonner nos avis. TTC, cette enceinte se trouve dans le commerce à moins de 650 €, ce qui est raisonnable pour le géant de Framingham et plus généralement pour un produit qui se veut professionnel.

Remarquez le petit contacteur blanc dans l’embase de l’enceinte, il sert à modifier le rendu du grave en l’absence d’un support.

Si vous n’êtes pas familiers avec la marque, il faudra aussi vous y faire, la S1 fait du son très simplement, parfois trop, par le biais de capteurs et de contacteurs qui commandent la réponse et l’adaptent à l’usage que vous comptez faire de cette enceinte avec une action assez prononcée sur le grave et un peu dans le bas médium, l’AutoEQ.

Quatre cas de figure sont pris en compte : boîte posée droite, boîte posée droite sur pôle, boîte posée tiltée en arrière et enfin boîte basculée sur le flanc en mode wedge. Il en va de même avec l’égalisation à trois positions des deux entrées micro/ligne, le ToneMatch, avec le très sage Off, la position guitare et enfin celle micro. Ces pré-réglages se révèlent parfois frustrants mais heureusement TM sur Off et enceinte droite permettent de s’en affranchir assez facilement. Enfin deux paires de correcteurs grave/aigu centrés à 120 et 10 kHz prennent utilement le relai.

La consolette placée sur un des pans arrière. Les trois rotatifs sont très visibles de même que les Led bien lumineuses.

Les deux entrées identiques acceptent sur une prise combo, un micro symétrique ou une ligne asymétrique. Un départ vers une réverbération interne est disponible à l’aide d’un potentiomètre circulaire. L’algorithme rappelle le bon vieux SPX90 dans un mode « room » un poil long, sans pré-délai mais avec un petit côté non linéaire, et un haut bien éteint.
La troisième entrée sur jack 3,5 se contente d’un réglage de volume et un récepteur Bluetooth vient compléter le panel des sources possibles avec un bouton permettant d’appairer un émetteur à la volée. C’est la dernière source bluetooth appairée qui va automatiquement prendre la main si elle est située à portée. Ce récepteur est par ailleurs prioritaire sur une entrée ligne physique et la coupe automatiquement pour éviter toute cacophonie.

Une app, Bose Connect, est aussi disponible pour pouvoir synchroniser une source stéréo sur deux S1, chacune prenant en compte un canal, une solution élégante pour mettre un peu de musique dans une soirée. Enfin une sortie ligne asymétrique sur jack 6,35 facilite l’attaque de plusieurs unités.

La S1 une fois ouverte montre un câblage gainé et emballé dans de la mousse réunissant les transducteurs et l’antenne Bluetooth avec les modules électroniques prisonniers de la face arrière, un peu de matériau absorbant et les évents d’accord bass reflex.

Les trois entrées disposent d’un voyant bicolore signalant que la source est présente en vert, qu’elle a atteint le niveau maxi en rouge clignotant et qu’il est temps de changer de métier quand le rouge reste fixement allumé.
Tout n’est pas forcément très clair dans la position de ce voyant sur le trajet du signal, nul ne dit s’il s’agit des étages d’entrée ou de l’ampli de puissance, mais oreilles et analyseur Audio Precision 525 sont du même avis quand on franchit un certain seuil, et c’est bien là le plus important.

Une fois retirée la grille avant, voici à quoi ressemble l’arrangement des trois gamelles de médium-aigu dont on aperçoit le montage en arc.

Trois transducteurs de 2,25’’ et un grave de 6’’ à grande excursion placé derrière la section médium – aigu, se cachent derrière la grille de façade. Deux évents donnent au grave une sensibilité et une extension appréciable.
Pour préserver au mieux la bande de fréquences vocales, le choix a été fait de positionner le filtrage de raccordement vers 600 Hz.

La nature des transducteurs médium – aigu et leur montage, offre une couverture assez large et homogène autour des 100° x 40° et la S1 tire parti des études menées sur la L1 et la F1, deux autres modèles de Bose exploitant le couplage en vertical pour améliorer la portée. En revanche le montage en arc des trois HP dans le plan vertical induit une dispersion plus large pour favoriser le champ proche, ce qui est logique sur un petit modèle.

Quelques mesures

Y’a pas que les oiseaux qui font des gazouillis, les enceintes aussi, mais en anglais et on appelle ça des chirps !

La réponse en fréquence de la S1, valable à partir de 80 Hz. La courbe présentée a été tracée en effectuant une mesure dans le plan de sol à 2 m, ce qui côté niveau SPL correspond à une mesure à 1 m dans l’axe.

Mesurer une enceinte fonctionnant suivant le principe « 901 » cher à Bose est toujours un exploit et la S1 n’échappe pas à la règle.
Au bout de quelques centaines de sweeps et autres chirps, un choix de positionnement du micro de mesure au millimètre près et un fenêtrage éliminant des réflexions dans le grave, on est parvenu à obtenir une courbe qui dépeint assez bien la couleur tonale de la S1.
L’accident à 900 Hz est probablement dû à l’arrangement des transducteurs et à leur filtrage mais également à la distance de mesure, mais pour le reste, on obtient une courbe qui tient entre 80 Hz et 15 kHz et qui prouve le savoir-faire de la marque pour tirer la quintessence du bon vieux « carton ».

La distorsion harmonique totale sur toute la bande de l’électronique en entrée micro. C’est correct.

Les mesures de distorsion dépeignent une électronique d’entrée de bonne qualité et forcément quelques difficultés au niveau du limiteur et de l’ampli de puissance, sans parler de la distorsion normale des HP de grave et d’aigu, ces derniers ayant du mal à produire de l’extrême aigu vu leur taille.
L’ensemble est correct mais explique pourquoi la S1 ne peut être utilisée au-delà d’un niveau SPL qu’on évoquera plus tard, sous peine de beaucoup modifier la balance tonale du son. Le limiteur notamment nécessite qu’on ne le chatouille pas trop puisqu’il laisse filer trop de signal ce qui fait beaucoup augmenter la distorsion dans le grave, principalement à cause du transducteur.

La distorsion harmonique totale mesurée en acoustique à bas niveau. La THD totale est en rouge, sachant que l’harmonique la moins gênante, H2 en vert, se confond avec la distorsion totale et que la distorsion impaire H3 est très contenue dans le haut.

La réponse impulsionnelle en proximité (1 m).


Un coup d’œil enfin aux courbes d’égalisation donne un aperçu des choix assumés par Bose pour faire sonner une guitare et un micro, forcément dynamique puisque le 48 V est absent. Audiard aurait dit : « c’est du viril ». Nous ne montrons pas la courbe en TM Off puisqu’elle est parfaitement droite et c’est d’ailleurs ainsi, sur l’entrée ligne et l’enceinte laissée bien droite, qu’on doit se servir de la S1 en enceinte d’appoint en bénéficiant de la meilleure réponse en fréquence.

L’égalisation ToneMatch en mode micro.

Et celle pour la guitare avec un magnifique Notch à 80 Hz …

L’écoute

A l’écoute la S1 offre un rendu généreux avec un grave cohérent avec la taille de l’enceinte et une dynamique correcte. Même si les courbes ne le montrent pas vraiment, le médium est un peu creusé et le haut du spectre manque d’un poil de précision et d’analyse mais le niveau d’aigu est bien présent.

La distorsion harmonique totale à un niveau de travail normal (moins de 105 dB SPL moyen).

La même mesure mais en poussant la sortie de 6 dB.


Eu égard à son prix et à son utilisation, ce rendu est parfaitement exploitable dès lors qu’on ne s’aventure pas trop au-delà de 104 dB SPL. On peut néanmoins atteindre 110 dB SPL mais au prix d’une distorsion importante y compris dans le haut du spectre sans compter une balance tonale altérée.
Le grave est limité plus tôt, ce qui réduit quelque peu la polyvalence d’emploi. Cela dit une voix et une guitare ou bien une voix seule ou encore un PBO et une voix sortent bien de cette boîte qui, placée en hauteur, permettra à une petite cinquantaine de personnes d’entendre convenablement d’autant que les 100° de couverture latérale sont bien là.
En mode wedge en revanche, la S1 se montre un peu difficile, l’accrochage étant assez aléatoire du fait du raccordement entre les trois transducteurs d’aigu. Le limiteur paraît enfin un peu trop « permissif » pour ce type de produit qui va inévitablement être utilisé aussi par des personnes peu expérimentées dans ces derniers retranchements. Le passage sur batterie se fait instantanément et sans aucun bruit parasite, un bon point.

En quelques mots

Produit original, polyvalent, portable et délivrant un rendu satisfaisant, la S1 peut être une bonne réponse dès lors qu’on ne recherche pas une pression importante dans le grave ou un trop fort niveau en général.
Utilisée en petite sono itinérante, elle offre un confort et une facilité d’emploi qui devraient satisfaire nombre d’utilisateurs, y compris les moins aguerris. Alors, S1 Pro ? Oui, mais on préfère S1 MPS pour Multipurpose Portable Speaker. Du son en toute liberté. Quel meilleur compliment lui faire…

D’autres informations sur le site Bose

Crédits - Texte Ludovic Monchat - Photos Ludovic Monchat / Claude Ducros / Bose - Courbes Claude Ducros / Bose

Laisser un commentaire