Roland Ethernet Audio Communication

REAC : le réseau audionumérique sans peine !

Le réseau REAC est configuré à distance par la console M-480.

Le réseau REAC est configuré à distance par la console M-480.

Parmi les motivations qui mènent à l’acquisition d’un réseau audionumérique, la plus fréquente est la nécessité d’un câblage de multiples canaux entre un petit nombre de destinations immuables. Par exemple, entre la scène et la console. Il n’est donc peut-être pas indispensable, dans la majorité des cas, de faire appel aux systèmes de réseau omnipotents, qui nécessitent expertise pointue et administration lourde. REAC de Roland est une solution à ce cruel dilemme.

La récente console M-480 exploite et pilote le réseau REAC.

La récente console M-480 exploite et pilote le réseau REAC.

L’un des objectifs les plus fréquents poursuivis lors de la mise au point de réseaux audio réside dans la volonté de simplifier le câblage. En effet, on connaît les gros câbles multipaires (« snakes ») qui véhiculent des multitudes de signaux entre les consoles, les scènes, les systèmes de diffusion, les enregistreurs, etc. Ceux-ci sont lourds, encombrants, sujets à des faiblesses de fiabilité, et leur raccordement peut être fastidieux, chaque extrémité étant reliée à une boîte où le câble est « éclaté » en paires simples entre ses différentes origines et destinations. Or en informatique, on dispose de câbles à paires torsadées légers et souples qui véhiculent un débit binaire important (10, 100, 1 000 Mbits/s), théoriquement suffisant pour acheminer un nombre important de canaux audio, même codés sous le format le plus « gourmand », exploitant les protocoles Ethernet et IP. L’envie est grande d’utiliser ce type de câble qui a, par surcroît, l’avantage d’un prix extrêmement modique !

Un autre inconvénient des multipaires traditionnels est le manque de souplesse. Changer le câblage (le routage des signaux) requiert une intervention manuelle, pas toujours facile si l’installation ou le système mobile n’est pas vraiment prévu pour, avec un bon repérage des connexions, ou l’insertion systématique de grilles de commutation aux emplacements stratégiques. A priori, un réseau numérique devrait permettre une grande souplesse, le routage devant se traduire par des processus d’adressage dynamique, nativement pris en compte par les systèmes de réseau.

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Enfin, si on arrive à unifier tout le câblage audio, on pense aussi qu’il devrait être facile de disposer d’un peu de débit supplémentaire pour transmettre diverses informations relatives à l’état du système ou des éléments qui le composent : présence/absence de signal, signalisation de défauts, commandes de gain et divers réglages, etc., voire des commandes d’éclairage.

La plupart des solutions existantes imposent des réseaux dédiés à l’audio, c’est-à-dire qu’ils peuvent utiliser du matériel standard de l’informatique mais le réseau ainsi constitué ne peut ou ne doit véhiculer que les signaux audio et leurs accessoires, à l’exclusion de tout trafic d’une autre nature ou origine. Il est exclu de partager ce type de réseau avec des applications non-audio (par exemple de type intranet).

Du plus spécifique au plus standard…

L’idée étant posée, un des problèmes les plus cruciaux est d’assurer la fonction de transmission audio dans de bonnes conditions, c’est-à-dire d’une part avec une qualité suffisante et d’autre part avec un temps de transmission (latence) suffisamment bref.

Le premier point, qui fut le premier écueil à la réalisation de réseaux audio sur Ethernet, a d’abord connu des solutions propriétaires.

– CobraNet s’appuie sur une structure et une syntaxe de paquets particulière, compatible avec le protocole Ethernet de niveau 2 (mais pas IP). CobraNet utilise quatre types de paquets différents, dont un particulier destiné aux signaux de synchronisation.

– EtherSound se fonde sur une structure de trame particulière, synchronisée avec l’horloge d’échantillonnage, contenant l’ensemble des informations : les échantillons audio et quelques informations annexes, y compris les données nécessaires à la synchronisation, et une topologie en chaîne ou en anneau.

– Dante utilise des paquets IP standards, associés à un système de gestion des trafics prioritaires, plus récemment normalisé par le W3C (consortium chargé de la standardisation des protocoles Internet), et se complète d’un protocole de transmission de signaux de synchronisation de haute précision, lui aussi normalisé. Les réseaux Dante sont théoriquement capables d’accueillir tout type de trafic, la gestion de priorité assurant une transmission correcte du signal audio et de la synchronisation quel que soit le trafic concurrent moins prioritaire.

– Enfin, AVB est la dernière évolution qui est, elle, entièrement normalisée au niveau international. Elle peut aussi recevoir de la vidéo. Dante et AVB sont théoriquement interopérables.

Ces diverses versions ont une véritable prétention de système de réseau, c’est-à-dire qu’elles supportent diverses variantes de topologie, un grand nombre de sources et de destinations, un trafic bidirectionnel, et permettent diverses combinaisons de routage des signaux et d’acheminement de commandes et d’informations d’état, sous le contrôle d’un poste d’administration (ordinateur) connecté à un endroit du réseau au gré de l’utilisateur. Elles peuvent s’avérer délicates à mettre en œuvre eu égard aux caractéristiques particulières qu’elles exigent parfois des éléments d’infrastructure (commutateurs, routeurs…) ou à l’obligation d’observer des procédures parfaitement définies pour la configuration et le routage, qui ne sont pas toujours connues des utilisateurs.

Divers systèmes ont une moindre prétention et, de ce fait, sont moins délicats à mettre en œuvre, bien que capables de rendre des services extrêmement appréciables. Ces systèmes se fondent sur le concept de « snake » numérique et sont propriétaires. C’est dans cet esprit qu’a été conçu le réseau REAC (Roland Ethernet Audio Communication) de Roland.

Qualité audio et simplicité avant tout

Initialement, REAC a été conçu comme un « snake », c’est-à-dire qu’il réunissait un boîtier de scène à une console. Strict remplacement du multipaire analogique, il a été conçu pour une qualité audio optimale (40 canaux sur 24 bits à 96 kHz avec une latence très faible) et une seule topologie était admise : le point à point. Il n’était pas question de réseau (donc rien à voir avec les possibilités immenses des CobraNet, EtherSound et consorts), la cohabitation avec d’autres sortes de trafics n’est même pas à l’ordre du jour, mais la contrepartie est de taille : la configuration est immédiate ! Pas besoin d’ordinateur, de considération complexes et de prise de tête, ça marche tout seul et immédiatement, comme un multipaire analogique qui n’aurait pas de faux contacts.

Ultérieurement la topologie a un peu évolué grâce à des « splitters intelligents » (seul le câble est standard, il n’est pas question d ‘utiliser des commutateurs et routeurs issus directement du monde informatique). Ainsi, la topologie admise est une étoile dont le nœud est la console.

Historique, évolution et produits

Le développement du REAC a été amorcé en 1999, par la création du système incluant le mixage et le boîtier de scène VM7200.

A l’origine du REAC, le système VM 7200 intégrait la console et le boitier de scène

A l’origine du REAC, le système VM 7200 intégrait la console et le boitier de scène

Sur ces acquis, Roland Corp. a commencé le développement d’un nouveau système de réseau, qui s’est étendu sur 4 années.
En 2005, le premier produit incorporant cette technologie était lancé, il s’agissait du système de multipaire numérique S4000. Ce système ne comportait à l’époque que 3 éléments : un boîtier de scène modulaire à cartes (le S4000S-3208, avec 32 entrées micro/ligne et 8 sorties ligne, le tout en XLR), un boîtier console d’entrée/sortie niveau ligne (S4000H, 32 sorties et 8 entrées niveau ligne, connectique sub-d25) et une télécommande (S4000R).
Le S4000S-3208 et le S4000H sont reliés par un câble cat 5 croisé, le niveau des gains d’entrée et le PAD sont fixés grâce à la télécommande connectée à l’un des boîtiers sur le port remote RS232. De plus, chaque boîtier dispose de 10 mémoires de niveau de gain. La configuration du ”réseau” s’effectue automatiquement, sans nécessiter un PC pour administrer quoi que ce soit, la connexion se faisant en point à point. Le réseau permet le transport bidirectionnel de 40 canaux, en 24bits/96kHz. La latence moyenne mesurée est de 0.375ms.

Le boîtier de scène (« stage box ») de génération plus récente, S-1608.

Le boîtier de scène (« stage box ») de génération plus récente, S-1608.

Le succès étant au rendez-vous (notamment aux USA et au Japon mais hélas pas en France), Roland a commencé à développer toute une gamme de produits autour du réseau REAC, début 2007, à commencer par deux nouveaux boîtiers, plus petits et non modulaires, les S1608 et S0816, qui formaient un nouveau petit multipaire numérique meilleur marché (le système S4000 coûte environ 7500 euros pour environ 3500 euros pour le petit). Puis vinrent très rapidement la console numérique M-400 (2007) et les retours de scène personnels M-48 (fin 2008).

Le mélangeur personnel M-48 connecté au réseau REAC permet à chaque musicien/chanteur sur scène de se fabriquer son propre mélange de retour. Il offre ainsi un confort exceptionnel que ne permettrait pas une grosse console de retours contrôlée par un opérateur distant.

Le mélangeur personnel M-48 connecté au réseau REAC permet à chaque musicien/chanteur sur scène de se fabriquer son propre mélange de retour. Il offre ainsi un confort exceptionnel que ne permettrait pas une grosse console de retours contrôlée par un opérateur distant.

En 2009 apparaissent la console M-380, ainsi qu’un nouveau multipaire numérique S08-S08 (autoalimenté par le réseau, et intégrant 2 DI) avec un splitter de réseau intelligent S4000M (qui offre la possibilité de patcher les entrées /sorties des boîtiers entre elles, et/ou de former 4 sous réseaux, et qui alimente en courant les boîtiers S0808). Puis vinrent la passerelle Madi S-MADI, qui ouvre le réseau au protocole MADI et donc à des consoles de constructeurs tiers, ainsi que la troisième console de la gamme, la M-300, en 2010
Fin 2011 arrivaient la console M-480 qui remplacera à terme la M-400, et l’enregistreur multipiste 48 voies, le R-1000 (ces deux produits étant cascadables pour atteindre 96 voies d’entrées ou d’enregistrement).

L’interface REAC-MADI S-MADI, qui ouvre le REAC aux systèmes de constructeurs tiers, et le « snake » numérique S4000D

L’interface REAC-MADI S-MADI, qui ouvre le REAC aux systèmes de constructeurs tiers, et le « snake » numérique S4000D

Tous ces produits se connectent et communiquent entre eux via le protocole REAC. La topologie est en étoile, dont le cœur est la console, s’il n’est pas utilisé en simple multipaire numérique. Une console peut accepter 8 boîtiers d’entrée/sortie via les splitters intelligents S4000-M, qui génèrent chacun 4 sous réseaux, plus jusqu’à 99 mixeurs personnels M-48, sans parler des splitters, qui permettent de répéter des entrées ou des sorties. Les boîtiers de scène et la console communiquent entre eux de façon autonome, sans avoir à gérer d’adressage IP, ou de flux montant ou descendant, ce qui en fait un réseau « plug & play »

Le Roland R1000

Le Roland R1000, enregistreur 48 pistes, basé sur le REAC, se connecte aussi à toute console numérique dotée d’une sortie Madi, via le convertisseur Roland S-Madi.

Conclusion

Comparé à ses concurrents comme le Dante ou EtherSound, qui nécessitent impérativement un minimum d’administration, un PC, et le respect scrupuleux d’une procédure bien définie pour avoir des chances de fonctionner, REAC se révèle puissant car opérationnel immédiatement. Cependant, pour des utilisateurs aguerris, les réseaux EtherSound et Dante ont une souplesse supérieure qui permet de résoudre les problèmes les plus complexes.
Ce qu’a cherché à développer Roland, c’est plutôt une solution répondant avec une grande simplicité à la majeure partie des cas que l’on trouve aujourd’hui sur le terrain. Pas besoin de faire de stage de formation dédié au seul réseau, ni de maitriser un outil informatique supplémentaire pour sa mise en œuvre, ce qui permet aux exploitants de se consacrer pleinement et sans arrière-pensée à leur travail de création. Nombre d’exploitants ou de petites structures redoutent de s’aventurer à des investissements dans les réseaux audionumériques, à cause de leur réputation de complexité, disproportionnée par rapport à leurs tâches quotidiennes.
Roland apporte une solution de boîtiers de scène et d’un système réseau simples, faciles à déployer, sans perte de temps dans sa mise en œuvre et permettant aux exploitants de se consacrer entièrement au mixage, aux balances et à la gestion des artistes ou clients. Aujourd’hui, le système se compose de consoles de mixage, de boîtiers de scène, de retours personnels, d’un enregistreur multipiste, peut piloter ou être piloté par des machines vidéo, et s’est ouvert au reste du monde de l’audio avec la passerelle MADI.
Ces solutions répondent à 90% des besoins du marché, les 10% restant nécessitant un réseau plus structuré, comme EtherSound ou Dante.

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Un système iLive économique mais non figé

Allen & Heath GLD80

Allen & Heath GLD80

Déclinaison économique du système de mixage numérique iLive, le nouveau système GLD (GL Digital) d’Allen & Heath s’avère bien sûr plus abordable mais en conservant une grande partie des concepts, notamment les contrôles Wysiwig de style analogique, de son aîné. Le modèle GLD80 introduit en début d’année comporte 80 voies de traitement et vingt faders répartis en deux banques (12+8) exploitables en quatre couches et assignables aux entrées (jusqu’à 48), effets (8 en stéréo repris du système iLive), master, groupes DCAs (16) ou encore sorties de monitoring (retour wedge ou In Ear Monitors).

Rapide survol

La console reprend en grande partie l’interface utilisateur largement plébiscité du système iLive, avec un écran couleur TFT tactile de 21 cm de diagonale, et en ressources de raccordement local, quatre entrées symétriques (mic/ligne) avec alimentation fantôme, quatre sorties symétriques (XLR) ainsi que 4 entrées et deux sorties stéréo asymétriques (RCA). Quatre sorties numériques (AES3 + SPDIF) complètent le panneau arrière de la surface. Le reste des entrées-sorties admissible est pris en charge par deux types de rack distant dédiés (non hérités du système iLive) connectés en réseau (CAT5) audionumérique, avec jusqu’à 40 entrées (mic/ligne) et 20 sorties symétriques. La communication s’opère par le dSNAKE A&H supportant des longueurs de tronçon de 120 m.

Les boîtiers de scène AR2412 et AR84

Les boîtiers de scène AR2412 et AR84, ici dans un même rack. La connexion entre les 2 s’effectue par le port d’expansion.

Le rack AR2412 propose 24 entrées (mic/ligne) et 12 sorties symétriques et dispose d’un port d’expansion pour communiquer avec un rack supplémentaire GLD-AR84 (8 entrées/ 4 sorties). On peut également connecter un rack d’expansion en local depuis la console, d’où un total maximum des E/S déportées de 40 entrées et 20 sorties avec deux racks AR84. Le connecteur « monitor » permet de relier en CAT5 un système de monitoring personnel (16 canaux) compatible Aviom. Précisons que contrairement au système iLive, le moteur audio se trouve dans la surface de contrôle et que le dSNAKE n’est pas compatible ACE.

La surface de contrôle dispose également d’un slot d’extension pouvant accueillir des cartes optionnelles de différents formats audionumériques : ACE (le protocole multicanal A&H, 64 canaux depuis ou vers une autre GLD ou une iLive), DANTE (64 canaux audio), Ethersound (64 canaux en bidirectionnel), MADI, MMO (3 ports ADAT, soit 24 canaux, plus 16 canaux AVIOM) et WAVES.

La console ne dispose que d’une alimentation (pas de redondance possible)

La console ne dispose que d’une alimentation (pas de redondance possible). La plaque sous le logo cache le slot d’extension pour carte optionnelle.

Les ports USB de la console permettent la sauvegarde et le transfert de scènes et « shows » aussi bien que des paramétrages de blocs de traitement mais également l’enregistrement en WAV, MP3/4 (et AAC) ou FLAC de deux pistes.

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Selon le constructeur britannique, le système GLD fait appel à de nouveaux préamplis d’entrée qui affichent un bruit de – 127 dBu EIN non pondéré sur 150 ohms, 0,004% de THD+N au gain médian (30 dB) et un niveau max admissible de + 32 dBu, pad enclenché. Nous verrons à quoi nous en tenir plus loin.

La surface de travail supérieure

La voie de traitement et son écran contextuel
La platine supérieure inclinée à 20° supporte en partie gauche la zone de paramétrage de voie et en partie droite l’écran TFT de 8,4 pouces et son clavier dédié. Lorsque celui-ci est placé en mode « processing », l’écran tactile travaille en parfaite complémentarité avec les commandes locales de la zone de paramétrage. Ainsi, les menus spécifiques aux différentes sections peuvent à tout moment être rappelés via leur touche verte de raccourci « Sel ». Pour le contrôle visuel local, chaque encodeur est doté d’un indicateur de positionnement à DEL et toutes les touches de commutation intègrent un voyant de mise en service. Les différentes sections sont organisées très logiquement en suivant le synoptique de la modulation.

Les commandes du préampli, du filtre passe-haut et du noise gate

Les commandes du préampli, du filtre passe-haut et du noise gate

Préamplificateur
Il dispose d’une commande d’atténuation (Pad) de 20 dB et d’un encodeur qui peut être assigné soit au réglage du gain analogique (de 5 à +60 dB par pas de 1 dB), soit à celui du gain numérique (+/-24 dB). Une diode de détection crête calibrée à – 6 dBFS et deux diodes de statut, l’une pour l’alimentation fantôme et l’autre pour l’inverseur de polarité, complètent les indicateurs de la section préampli.

HPF
Le filtre passe-haut à 12 dB/ octave possède un encodeur permettant d’ajuster la fréquence de coupure entre 20 Hz et 2 kHz.

Gate
Pour le noise gate, seules les commandes de mise en service et de réglage de seuil (de -72 à +12 dB) sont directement accessibles au panneau de commande. L’accès aux autres paramètres nécessite donc l’ouverture du menu contextuel. Il est alors possible par l’écran tactile et son encodeur associé de sélectionner puis d’ajuster le niveau d’atténuation (de 0 à -60 dB), le temps d’attaque (de 0,05 ms à 300 ms), de relâchement (de 10 ms à 1 s), de maintien (de 10 ms à 1 s) et d’effectuer ainsi un réglage précis et exhaustif du comportement dynamique de la porte. La chaine latérale du gate est dotée d’un filtre passe-bande du 2e ordre dont les fréquences haute et basse peuvent être ajustées entre 20 Hz et 5 kHz pour l’une, et 120 Hz et 20 kHz pour l’autre. Un dispositif de monitoring avant et après filtrage a également été prévu. Il est regrettable que la chaine latérale ne possède pas d’entrée externe pour des traitements de type « ducking » ou « voice over » car cette porte de bruit eût alors frôlée la perfection. A noter que la section gate n’est pas disponible dans la chaîne de traitement d’un canal MIX.

Correcteurs paramétriques
Le panneau de commande de l’égaliseur fournit un accès complet au paramétrage des 4 bandes paramétriques. Chacune des bandes possède un encodeur simple pour le réglage du gain (+/-15 dB) et un encodeur à double fonction pour ajuster la sélectivité du filtre (de 1,5 à 1/9e d’octave) et la fréquence charnière : pour la bande grave, entre 20 et 200 Hz, la bande bas médium entre 35 Hz-1 kHz, la bande haut médium entre 0,5 et 15 kHz et pour la bande aigue entre 2 et 20 kHz.

Les commandes du correcteur paramétrique 4 bandes

Les commandes du correcteur paramétrique 4 bandes

L’écran offre une visualisation claire des corrections

L’écran offre une visualisation claire des corrections


La commutation des bandes extrêmes, soit en baxandall, soit en coupe-bande, n’est accessible que via l’écran contextuel. Celui-ci possède un graphisme particulièrement réussi et offre une démonstration convaincante du caractère « wysiwyg » de l’affichage.

Compresseur

Les commandes du compresseur

Les commandes

A l’instar de la section noise gate, seuls les paramètres les plus courants du compresseur possèdent un accès local direct. On retrouve donc à la base de son panneau de commande une touche de mise en service et au dessus de celle-ci un encodeur simple pour le réglage du seuil (entre – 46 et + 18 dB) et un double pour le rapport de compression (de 1/1 à l’infini/1) et le gain de sortie. Une simple pression sur la touche « Sel » donne accès aux autres paramètres. Il est alors possible via l’écran et son encodeur dédié de choisir une transition douce ou brutale dans la région du seuil et d’ajuster le temps d’attaque (de 0,3 à 300 ms) et de relâchement (de 0,1 à 2 s). Ces deux derniers paramètres ne sont accessibles qu’à la condition qu’un mode de compression manuelle RMS ou Peak, sélectionnable à partir du menu déroulant ”compressor type”, soit en cours d’utilisation. Des configurations automatiques spécifiques pour la voix (« Auto Vocal »), les percussions (« Auto Punchbag ») ou émulant un compresseur optique (Auto Optoslow) peuvent également être rappelées. L’écran du compresseur est complet avec de nombreuses représentations graphiques intelligentes dont la double fonction de transfert (pré et post gain), le passe-bande de la chaîne latérale et, cerise sur le gâteau, un histogramme, représentation rarissime mais très pédagogique de la réduction de gain.


L’écran du compresseur, à gauche en mode « Manuel RMS»,

L’écran du compresseur, à gauche en mode « Manuel RMS»,

L’écran du compresseur mode auto

L’écran du compresseur mode auto. Les paramètres « Attack release » ne sont plus accessibles. Noter sur les histogrammes la réaction de comportement bien différente du compresseur pour une même modulation de tom.


Routing
Cette section ne comporte aucune commande physique locale en dehors de la touche de raccourci « sel ». Le page contextuelle permet alors d’aiguiller le canal sélectionné et accessoirement de doser son départ vers n’importe lequel des 20 bus de mixage disponibles

Insert / délai
Le panneau de paramétrage ne possède pas de sections relatives aux inserts et aux délais. L’accès à leur page logicielle se fait donc par leurs onglets spécifiques, en haut de l’écran tactile. La page du délai permet de retarder le signal de n’importe quel canal d’entrée jusqu’à 85 ms, celui des sorties jusqu’à 170 ms.

La page des inserts quant à elle permet d’activer et « patcher » virtuellement les points d’insert de n’importe quel canal d’entrée ou de mixage. Toute embase physique du système, locale ou déportée, est éligible pour la réalisation d’un insert.

La surface de travail inférieure
La platine inférieure, relativement dépouillée, supporte la zone de mixage composée pour l’essentiel de 20 tranches identiques réparties en deux zones distinctes. Au centre et à droite, deux lignes verticales constituées de touches de commande colorées rompent avec le caractère uniforme de la surface de travail.

Les banques de faders

Une des deux banques de faders motorisés

Une des deux banques de faders motorisés

La GLD est dotée de 2 banques complètement indépendantes de faders motorisés affectables chacune par leurs commutateurs dédiés à l’une des quatre couches logicielles de la console. La console permet ainsi de traiter jusqu’à 80 tranches. Chacune d’entre elles pouvant indifféremment servir à contrôler un canal d’entrée, un retour d’effet, un master de mix, un DCA, le wedge ou bien encore le IEM monitor de l’ingénieur de retour.


L’afficheur LCD de voie

L’afficheur LCD d’une canal traité

L’afficheur LCD d’une canal traité

Outre le label de la tranche, le petit écran LCD affiche de nombreuses informations en rapport direct avec le canal traité. Citons pêle-mêle, le type de tranche (Ip/AUX/DCA) l’assignation (On / Off), le type de Mix en cours de sélection (Main/AUX /DCA), la configuration d’envoi (Pre/Post), l’indicateur de positionnement de l’encodeur de tranche et sa nature (Pan /Gain), etc. Le menu contextuel du LCD permet de personnaliser la couleur du fond, le label, et des informations complémentaires rappelables via la touche « altview » au centre de la console. L’afficheur possède une définition correcte mais compte tenu de la densité des informations fournies, il aurait pu bénéficier de dimensions plus généreuses.

L’encodeur de voie

Les touches d’assignation des encodeurs de voie

Les touches d’assignation des encodeurs de voie

Quatre touches spécifiques au centre de la console permettent d’assigner la ligne des 20 encodeurs de voie soit au gain, soit au panoramique ou encore à l’une des deux fonctions définies pour les touches custom 1 et 2. Celles-ci sont programmable via le menu de configuration et peuvent au choix de l’opérateur permettre aux encodeurs de contrôler un des envois auxiliaires, ou un des départs effet, ou bien encore le niveau de la sortie directe.


Quatre clés indispensables

Mute, Sel, Mix PAFL : 4 clés indispensables

Mute, Sel, Mix PAFL : 4 clés indispensables

La clé d’extinction Mute affecte le canal principal mais aussi l’ensemble des envois auxiliaires, que ceux-ci soient placés en mode pré ou post fader. En plus de son voyant intégré, une DEL en proximité immédiate

La principale fonction de la touche « Sel » est bien sûr de pouvoir accéder à la voie de traitement virtuelle pour le canal sélectionné. Nous reviendrons un peu plus loin sur les autres fonctions avancées de cette touche, notamment lorsqu’elle est associée aux commandes centralisées.

La commande Mix n’a pas le même comportement suivant qu’elle appartient à un master ou à une voie d’entrée.

Si la commande Mix d’un master est activée, les faders des canaux d’entrée servent d’envois auxiliaires vers le bus master concerné. Ce mode, couramment appelé « sends on fader » et qui permet d’envoyer très aisément plusieurs modulations vers un même bus, est implémenté sur la grande majorité des consoles numériques de sonorisation. Il ne pose pas de problème de compréhension ni d’exploitation si, une fois le mélange réalisé, on n’oublie pas de désactiver la commande mix de l’auxiliaire utilisé.

Le deuxième mode est moins courant et concerne la commande mix d’une voix d’entrée. Si celle-ci est activée, les faders master perdent leur fonction originelle et deviennent les envois auxiliaires de la voie d’entrée concernée. Ce mode peut s’avérer utile pour rapidement distribuer et ajuster une même source vers plusieurs départs. Attention toutefois, le déplacement virtuel des envois auxiliaires hors de la tranche source peut être source de confusion.

Enfin, la commande PAFL envoie le signal prélevé avant ou après fader vers la sortie casque et le système d’écoute. Un écran spécifique à l’écoute permet de configurer indépendamment pour les canaux d’entrée et les masters soit le mode PFL ou AFL.

Le crête-mètre

L’indicateur de niveau des tranches

L’indicateur de niveau des tranches

Chaque tranche est équipée d’un indicateur de niveau relativement sommaire. La diode rouge « Pk » alerte d’une éventuelle saturation en tout endroit de la chaîne du signal. Lorsque les faders sont configurés en commande d’égaliseur graphique, les vingt indicateurs de niveau se comportent en analyseur en temps réel (RTA).


Les commandes centralisées

Commandes Pré/Post et Assign

Commandes Pré/Post et Assign

Les commandes Copy, Past et Reset

Les commandes Copy, Past et Reset

Une pression conjuguée sur la touche « Pre/Post » et l’une des touches « Sel » d’une tranche bascule le mode d’envoi vers le bus considéré. Si la sélection concerne une tranche master, la bascule concerne l’ensemble des envois auxiliaires alimentant le bus concerné (mode global). En revanche, si la sélection concerne une tranche d’entrée, la console doit être en mode « sends on fader », et seul l’envoi particulier de cette tranche vers le bus master en cours de mix est alors concerné (mode individuel). Sur le même principe, la commande Assign conjuguée avec une touche « sel » permet d’activer ou désactiver un envoi vers un bus de mixage, soit de manière globale pour un master, ou individuelle pour une tranche d’entrée.

Les commandes Safe, Freeze et GEQ

Les commandes Safe, Freeze et GEQ

Les commandes Copy, Paste ou Reset associées à une touche de sélection permettent de copier, coller et réinitialiser complètement une section de traitement ou bien l’ensemble des paramètres d’une tranche. Associées aux touches Mix des tranches master, c’est une balance globale qui peut être alors copiée, collée ou réinitialisée.

La commande Safes associée à une touche Mix ouvre un menu contextuel permettant de sélectionner un canal ou certains paramètres de celui-ci ne devant pas être modifiés par un changement de mémoire de scène.

La commande Freeze in layer associée à une touche Mix permet de geler la position de la tranche concernée et de la garder ainsi disponible à travers toutes les couches de faders.

Enfin la touche GEQ associée à une touche « sel » d’un master permet de commander les égaliseurs graphiques par les faders de la console. Les écrans LCD affichent la fréquence et le gain correspondant à chaque fader. Chaque pression sur la commande GEQ bascule les faders entre bandes graves et aigues. Le vingtième fader, dédié au rôle de master du mix n’est pas affecté par ce changement de couches.

Les concepteurs ont implanté 10 clés utilisateur (soft). Chacune peut se voir attribuer une fonction particulière comme le rappel d’une scène, la saisie du tempo, l’extinction d’un groupe DCA,…, etc.

Exploitation

Les configurations de base
La GLD possède une architecture audio, une disposition des commandes et des interfaces d’entrée sortie entièrement configurables, laissant l’opérateur libre de personnaliser sa façon de travailler comme il l’entend. Configurer la console dans son intégralité peut s’avérer toutefois une tâche longue et fastidieuse, c’est pourquoi Allen and Heath livre sa console avec un modèle de base bien adapté à une utilisation mixte de façade stéréo et de retours de scène. Deux autres modèles sont également disponibles dans les mémoires d’usine du menu configuration. L’un pour une exploitation de la GLD en console de façade tri phonique (L/R+M), l’autre en retours de scène et in ear monitors. Pour chacun de ces trois modèles, la configuration proposée suit au plus près celle que l’on peut trouver sur les consoles analogiques. Une fois à l’aise avec la GLD, l’opérateur peut réaliser tous les changements qu’il souhaite sur le modèle de départ et sauvegarder la nouvelle configuration dans l’une des mémoires réservées à l’utilisateur.

Les effets
Le rack virtuel permet d’utiliser jusqu’à huit effets simultanément. Les bibliothèques fournissent des émulations convaincantes d’effets classiques. Ainsi, les réverbérations possèdent des programmations d’usine dont les noms évocateurs (480 hall, EMT250, …) font clairement référence aux meilleurs machines des années 70 et 80. Des écrans de programmation réalistes donnent accès à l’ensemble des paramètres, des plus usuels en mode basique aux plus sophistiquées une fois le mode expert activé. La face arrière virtuelle, permet de réaliser tout types de raccordement. Traditionnel, en utilisant des bus d’envoi et des retour dédiés aux effets, ou en insertion sur n’importe quel canal d’entrée ou de master. Les différentes machines peuvent même être chainées et leurs sorties reliées à des connecteurs physiques de la console ou du patch déporté.

Le simulateur d’espace acoustique virtuel en mode expert.

Le simulateur d’espace acoustique virtuel en mode expert.

Outre les réverbérations et effets classiques de types délai, chorus, doubleurs…etc. les développeurs ont également implémenté un générateur de sub-harmoniques (à utiliser avec la plus grande précaution) et un combiné matrice-crossover à 2 entrées et 7 sorties permettant de gérer la diffusion aussi bien en filtrage qu’en délai.

Le monitoring
Les clés « PAFL » des entrées, et des masters, peuvent être indépendamment configurées soit en écoute PFL, soit en écoute AFL. Deux voyants spécifiques permettent de contrôler si un PFL ou un AFL est sélectionné. A proximité immédiate de celui-ci, une touche « clear all» dédiée permet de supprimer toute sélection en cours.

Les options du menu contextuel au PAFL permettent de réaliser des écoutes en sélection unique ou additive, et d’autoriser la sélection automatique du PAFL, soit via la touche « SEL » soit la touche « MIX » de chaque tranche. Un potentiomètre virtuel de 24 dB permet d’ajuster les différences de niveau entre PFL et AFL. Celui ci n’affecte pas l’indicateur de niveau PAFL mais intervient sur les niveaux de la sortie casque et du monitor. Enfin, un délai réglable jusqu’à 170 ms permet de synchroniser l’écoute locale avec la diffusion de façade.

La console bénéficie de deux circuits de monitoring distincts à commutation intelligente permettant de contrôler l’envoi vers un wedge ou un système d’oreillettes (in ear monitor). Chaque master auxiliaire pouvant au choix de l’opérateur voir son PAFL affecté indifféremment à l’un de ces deux circuits.

L’écoute d’un circuit d’entrée est prioritaire sur celui d’un circuit master.

Enfin pour être complet avec le système de monitoring, les ingénieurs d’Allen & Heath on réalisé un écran RTA avec diode de pic affecté en permanence au bus PAFL.

La gestion des mémoires
En plus des mémoires d’usine non modifiables, la console possède des registres utilisateur où les configurations (Show), les bibliothèques de traitement (library), et les mémoires de scènes peuvent être sauvegardées. Jusqu’à 250 scènes peuvent ainsi être mémorisées. Lors de la sauvegarde d’une scène, un clavier tactile est disponible pour nommer la scène et lui adjoindre un commentaire.

Il est possible soit de mémoriser l’ensemble des paramètres ou alors de ne réaliser qu’une sauvegarde partielle. Pour cela, un menu déroulant permet de ne sélectionner que les paramètres concernés par la mémorisation. A la différence de la commande « store », la commande « update » du menu contextuel ne rafraîchit que les paramètres autorisés par la sauvegarde partielle.

Chaque scène peut être copiée et collée dans plusieurs registres sans que le nom soit recopié. Il est ainsi possible lors d’un concert de sauvegarder une balance de base dans autant de mémoires qu’il y a de titres à jouer, et de n’updater ensuite via des mémorisations partielles que les paramètres spécifiques à chaque scène.

Les deux USB2
Certainement pour ne pas concurrencer les Ilive, Allen & Heath a choisi de ne développer aucune application logicielle externe, que ce soit pour tablette tactile ou pour PC. C’est d’autant plus regrettable que le soft embarqué dans la GLD, avec ses superbes écrans Wisiwig, est certainement un des plus aboutis du marché et démontre en la matière le grand savoir-faire des développeurs de la marque.

La clé USB, certes très pratique et parfaitement opérationnelle, est donc le seul recours si vous souhaitez sauvegarder vos données mais vous n’aurez pas la possibilité de modifier ou de créer vos configurations offline.

C’est également par la clé USB que se gèrent les droits des utilisateurs et qu’il est possible de réaliser les mises à jour du firmware. Enfin la clé permet d’enregistrer en stéréo au format WAV 48 kHz et de lire des fichiers au format WAV, MP3, M4A et FLAC 44,1/48 kHz.

Les mesures
Commençons par les préamplis qui ont fait l’objet d’un nouveau développement. Le gain « analogique » s’ajuste entre 5 et 60 dB et le Pad atténue bien de 20 dB. En figure 1 nous avons relevé la bande passante d’une entrée en sortie directe aux gain minimum, médian et maximum.

Figure 1

Réponse a fréquence d’une entrée micro prélevée en sortie directe, pour trois gains

La chaîne prend en compte les deux conversions, le transfert réseau et l’ampli de sortie ligne (rack AR2412) et la mesure est réalisée dans le domaine analogique. Les 4 dB supplémentaires constatés, (+9 à + 64 dB) proviennent de l’alignement de niveau opéré : le 0 dB (Vu) console est fixé à + 4 dBu qui correspondent à –18 dBFS dans le domaine numérique, 0 dBFS donnant + 22 dBu (nous avons mesuré 22,2 dBu avant écrêtage) en sortie. En d’autres termes, il y a 4 dB de translation. Sur la courbe, la coupure haute s’effectue vers 23 kHz, réponse typique d’une conversion à une fréquence d’échantillonnage de 48 kHz (Fs/2 = 24 kHz). Au gain max, la réponse s’atténue un peu dans le grave mais sans problème. Le bruit ramené en entrée au gain max (impédance de source de 150 ohms) est respectivement de – 127,7 dBu en non pondéré et de – 130 dBu (A), c’est très bien, avec une bonne répartition dans la bande si l’on en juge par l’écart de moins de 3 dB entre les valeurs pondérées et non pondérées. Au gain min (micro), on obtient respectivement – 97 dBu et – 99,5 dBu (A), bien. En revanche le taux de réjection de mode commun des entrées symétriques est un peu faible. Nous avons relevé respectivement 67,5 dB, 71 dB et 65 dB à 40 Hz, 1 kHz et 10 kHz par la méthode conventionnelle, valeurs qui passent à 51 et 53,5 dB Pad enclenché. Et si l’on déséquilibre les impédances de source en mode commun, on descend sous la barre des 40 dB … Le niveau max admissible est bien de + 12 dBu sans Pad et de + 32 dBu avec. Côté impédances en symétrique, nous obtenons en entrée 3,37 kΩ en micro et 10 kΩ en ligne (Pad enclenché). Les sorties symétriques affichent 50 Ω d’impédance de source. Pas de problème, il s’agit là de bon choix.

Figure 2

FFT depuis une entrée micro vers une sortie directe, au gain maxi avec un signal sinus à 1 kHz

Au plan distorsion, harmonique (THD) et intermodulation (IMD SMPTE), les prestations sont correctes. Sur une « tranche » d’entrée en sortie directe, au gain max (60 dB) et au niveau nominal, la THD atteint 0,006 % à 40 Hz et à 1 kHz, 0,007 % à 10 kHz (bande d’analyse de 80 kHz) ; dans les mêmes conditions au gain médian, ces valeurs descendent à 0,0014 et 0,0016 % respectivement. La distorsion d’intermodulation (SMPTE) avoisine 0,019 % (un peu élevée) au gain max, 0,007 % au gain médian (30 dB) pour tomber à 0,004 % au gain min. En sortie master, juste avant l’écrêtage (+22 dBu en sortie), on plafonne à 0,005 % à 1 kHz pour un gain médian en entrée. Le bruit résiduel sur les sorties symétriques (mute enclenché) s’établit à – 92 dB NP et -94,7 dB(A), la dynamique du système avoisine 112,5 dB (A), 110 dB NP.

En figure 2 nous présentons une FFT du transfert (sans traitement) depuis une entrée micro au gain max avec un signal sinus à 1 kHz vers une sortie master (à +12 dB) pour évaluer la répartition du bruit et des harmoniques. La répartition du bruit est tout à fait normale et on constate que l’harmonique 2 est prépondérant sur la suite d’harmoniques impaires, ce qui en général donne un son « plus chaud », moins agressif. La rejection des deux bandes latérales de la fréquence d’échantillonnage (47 et 49 kHz, soit 48-1 et 48 + 1 kHz) est à plus de 90 dB, c’est bien.

Réponse des correcteurs à plateau

Réponse des correcteurs à plateau

Affichage à l’écran de l’action des correcteurs à plateau

Affichage à l’écran de l’action des correcteurs à plateau


Figure 4

Réponses des correcteurs paramétriques


Image20ecranPEQ-CR


Affichage à l’écran de l’action des correcteurs paramétriques 4 bandes correspondant fidèlement aux réponses de la figure 4

Pour les réponses des correcteurs, pas de surprise, elles corroborent précisément les courbes entrées à l’écran. Les figures 3 et 4 associées aux écrans de paramétrages afférents montrent la fidélité de la réponse des filtres à plateau et des correcteurs paramétriques quatre bandes.

Figure 5

Réponses du filtre coupe-bas. On remarque de même l’exactitude aux fréquences extrêmes de 20 Hz et 2 kHz tout comme à 200 Hz. Il s’agit bien d’un deuxième ordre.

Figure 6

La porte de bruit opère correctement, rappelons simplement qu’on retrouve bien le décalage de 4 dBu au 0 dB de référence console.

Figure 7

La même remarque s’applique au compresseur-limiteur, le paramétrage est respecté mais on constate quelques artefacts de tenue de la compression (fonction du ratio) avec le niveau bien que le temps d’attaque soit réglé au minimum.

Figure 8

Latence due au convertisseur A/N sur sortie directe AES

Enfin les figures 8 et 9 donnent un aperçu de la latence due aux convertisseurs, A/N seul sur une sortie directe en AES (8), et de l’ensemble A/N + N/A plus réseau (9). Bizarrement nous trouvons moins qu’annoncé par le constructeur, respectivement 0,55 ms au lieu de 0,68 et 1,23 au lieu de 1,49 ms. Tant mieux !

Figure 9

Latence de l’ensemble convertisseurs A/N + N/A + réseau

Conclusion

Il faut en convenir, par son concept, sa réalisation et son ergonomie, la GLD doit plus aux systèmes numériques de la gamme iLive qu’aux vénérables et respectables consoles analogiques de la série GL.

La surface de travail de la GLD est à quelques détails près la réplique économique de la console T80 (le modèle milieu de format de la série iLive). Si cet héritage possède des avantages certains, notamment une disposition toujours aussi claire et accessible des différentes commandes et contrôles, les inconvénients imposés par la réduction des coûts de fabrication sont bien présents. La petite GLD a donc tout d’une ilive mais les organes qui la composent, notamment les faders, encodeurs, indicateurs de niveau mais aussi l’écran TFT sont de qualité moindre. Les performances, même si globalement elles restent d’un bon niveau, sont également un cran en dessous.

Il ne faut toutefois pas s’arrêter à cette première impression : il suffit de mettre un peu de son dans le système et de commencer à travailler avec pour être convaincu de son efficacité et de ses qualités. Très intuitive, sa prise en main se fait en moins de temps qu’il n’en faut avec toute autre console du marché. Conçue de manière intelligente et logique, la complémentarité d’utilisation entre les commandes de la surface de travail et les différents menus contextuels est parfaitement maîtrisée. Si on ajoute qu’elle sonne honorablement, que le choix des effets embarqués dispense d’un rack externe, ce petit système au rapport qualité/prix * serré devrait trouver son public, mais hors du cénacle de la prestation pro « haut de gamme ».

Prix tarif Audiopole :

  • Console GLD80 : 5355 euros HT
  • GLD AR2412 : 1490 euros HT
  • GLD AR84 : 690 euros HT

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Le paquet cadeau d’Yves Jaget

Christophe Willem en tournée

Christophe Willem

Quand un album sonne mieux sur scène que sur CD, malgré une salle assez capricieuse et un système loin d’être terrassant, on ne peut que s’incliner devant l’artiste car tout vient de là et de son ingé son car tout passe par là. Oui elle n’est pas faite pour le live. Oui par moments elle fout les jetons. Il n’empêche que la dernière config Pro Tools d’Yves crache un gros son, très gros. Une configuration aussi simple à gérer que Soyouz les yeux bandés…Ehh oui, il a encore frappé !!

Yves Jaget avec trois musiciens

Yves Jaget avec les trois musiciens accompagnant Christophe Willem en tournée. A gauche Chris Ketley le multi-instrumentiste privé d’amplis, au milieu Simon Tellier le batteur ayant acheté pas moins d’une douzaine de paires de baguettes pour le concert, prudence est mère de vertu, et enfin Sarah de Courcy, aussi jolie qu’efficace pour mener tout ce petit monde et douée de ses dix doigts sur ses claviers.

Pour celles est ceux qui ne connaitraient pas Yves, attendez j’ouvre une parenthèse : ”combien coûte une baguette ?” Yves : ”un franc cinquante ?” Bon, vu sous cet angle on comprend mieux. Yves Jaget ne peut donc pas faire comme tout le monde. Depuis toujours il défriche, invente et innove, au point d’en être devenu l’exemple à suivre ou à ”sniper”. Continuant sa collaboration avec Christophe Willem pour qui il a travaillé sur Caféine, il l’accompagne pour son tour 2012 des casinos Barrière. Nous le retrouvons à Deauville pour une date sentant bon le varech, et où sur toutes les interviewes on entend crier les mouettes (véridique NDR)


Toute l’équipe technique

Toute l’équipe technique de la tournée des Casinos Barrière de Christophe Willem. Il ne manque que Sébastien Rouget en charge des retours, absent ce jour, et remplacé par Alex Jousseaume tout à gauche. A sa droite debout Yves Jaget, l’homme qui a réinventé Soyouz sans même parler le russe, Victor Lagiewski qui parle aux Sharpy, Thibault Maestracci en charge du système et assistant d’Yves. Assise, Marion-Trompette Gillet, l’assistante d’Alex aux retours.


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Roland


SLU : Christophe et toi ce sont des retrouvailles, en revanche jusqu’à présent vous n’aviez collaboré qu’en studio.

Yves Jaget (YJ) : J’aurais dû l’accompagner sur scène lors de sa tournée précédente, il me l’avait demandé. Mais pour diverses raisons liées à ses musiciens, ça ne s’est pas fait. Christophe étant un artiste extrêmement fidèle, il a repensé à moi pour cette tournée, et a été jusqu’à faire déplacer un showcase de son nouvel album Prismophonic auquel je n’ai absolument pas participé pour tomber pile lors de deux jours off de la tournée de Zazie où j’officiais. C’est rare ! Il est très fidèle et tout autant exigeant, ce qui est normal pour quelqu’un d’aussi bon mais peut se révéler difficile pour certains. Ca galope dans sa tête ! C’est un artiste qui fait totalement confiance, demande la réciproque et est ouvert. Il est très à l’écoute. Si tu lui dis tous les soirs qu’il a été terrible, ça ne va pas le faire surtout les soirs où justement il sait qu’il a été en dedans, et s’attend à ce que tu le lui dises et pointes précisément le problème. Je sors d’une tournée en wedges, et vocalement tu es gagnant car tu obliges l’artiste à se trouver dans une matière et une énergie, et pour cela à donner plus et constamment pour s’entendre. Les ears apportent trop de confort, et te laissent t’enfermer dans ton monde. Souvent je réclame du jus à Christophe, et il suffit qu’il retire une oreillette pour s’en rendre compte et envoyer plus. Les ears ont cela de pervers qu’en plus ils fonctionnent raccordés à une console à mémoire qui est programmée pour redonner du gain sur certains titres, et conforter encore plus l’artiste dans son économie vocale. Il n’a plus aucun effort à faire. Les mots ont du mal à sortir, et du coup on se retrouve parfois à accrocher avec la façade, ce qui paradoxalement arrive moins souvent avec des wedges ! Heureusement Christophe est très à l’écoute et corrige facilement cette tendance.

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Christophe

SLU : Cela dit, comment aurais-tu pu te passer des ears dans cette tournée ; la latence est trop importante.

YJ : Là j’avoue qu’on n’aurait pas pu. On a fait quelques grandes salles, et les retours, dès qu’on pousse la façade, sont très pénalisants pour les musiciens. Christophe lui-même, qui se balade souvent dans le public, a enlevé une fois une oreillette. Je peux te dire qu’il l’a vite remise. 30 milli c’est l’enfer (rires) ! Parfois quand il passe à côté de moi le micro à la main, j’ai honte…C’est chaud mon truc !
A la base, cette tournée aurait dû partir en Pro Tools HDX, et donc n’avoir quasiment aucun problème de latence.

Une configuration studio en Live

Une vue de la salle depuis la régie son

Une vue de la salle depuis la régie son et surtout la « console » d’Yves Jaget due aussi au talent du tour manager Julien Mairesse, un type aussi drôle que doué de ses mains. On aperçoit tout en haut et semblant pendre dans le vide deux UPJ installées et calées par Thibaut Maestracci l’assistant en charge du système, afin d’apporter un peu de fraîcheur et de croustillant au son en régie, rendu bien terne par la casquette crée par le balcon. Une excellente idée.

SLU : Alors que tu es en Pro Tools HD… Revenons à Pro Tools, pourquoi avoir choisi cette plateforme universelle mais totalement orientée studio ?

YJ : Premièrement la régie correspond parfaitement au côté « all in the box » de ce style de musique. Tout est fait comme ça, les albums sont faits comme ça. L’album de Christophe est hyper produit. Si je ne régénère pas ce type de production, il va me manquer fatalement quelque chose à sa musique. Je ne peux pas m’en éloigner et faire ma sauce. Si j’avais eu un peu plus de place, j’aurais pris plus d’analogique mais le choix du Pro Tools en soi n’est pas nouveau. On peut même dire que je retourne à mes premières amours. Lors de la sortie du Pro Tools HD, j’avais déjà travaillé avec pour Zazie, ce qui avait suscité la controverse avec Digidesign. C’est petit, ça ressemble comme deux gouttes d’eau à ma configuration studio, et surtout c’est un système que j’adore, qui offre des possibilités artistiques infinies, et qui par le biais des plugs va aussi loin que possible dans le traitement numérique.

SLU : Pourquoi un Pro Tools HD alors, et pas HDX…

YJ : C’était prévu en HDX. Dispatch devait investir et équiper chaque Mac avec 2 cartes HDX, mais quand j’ai fait le tour des plugins disponibles, je suis vite revenu en arrière. La nouvelle norme AAX pour les plugs a fait que nombre d’entre eux n’ont pas encore été ré écrits, et donc ne sont pas disponibles, dont Elixir de Flux, un remarquable limiteur auquel je tiens tout particulièrement.

SLU : Tout ça pour un limiteur ?

YJ : La gestion de la dynamique est essentielle en concert. On égalise un système avec des CD qui sont surmasterisés pour, après ça, travailler avec un son dont la dynamique est dix fois supérieure. Donc je pars maintenant du principe qu’il est essentiel de masteriser aussi en sono, et si tu veux le faire, et bien le faire, tu dois en passer par des outils spécifiques comme Elixir qui en est un remarquable.

SLU : C’est Gaël qui a créé ce plug ?

YJ : Oui c’est Gaël. C’est un limiteur qui est juste fantastique, et qui selon moi n’a pas d’équivalent. Je n’ai rien entendu de mieux jusqu’à présent, en tous cas sur les plateformes digitales. Je peux te dire que Gaël en vend ! Problème, ça ne tourne qu’en natif.

Une vue de quatre parmi les plugs préférés d’Yves Jaget

Une vue de quatre parmi les plugs préférés d’Yves Jaget. En haut à gauche la réverbération de Flux dans la gamme Ircam, un bijou tant qu’on ne lui demande pas de s’attaquer aux réverbs très courtes et/ou non linéaires. A sa droite l’Elixir de Flux, dont le gros potard avec sa couronne jaune permet d’ajuster finement le seuil. En bas à gauche le PhaseMistress de Soundtoys, la boîte à phaser et enfin à sa droite un Omnipressor Eventide, enfin, la version en plug, un compresseur assez barré mais génial pour faire des effets.

SLU : Il tire sur le processeur du Mac ?

YJ : Oui, il ne l’a jamais développé en TDM parce que le passage du natif au TDM est une passerelle trop onéreuse. Il l’a fait sur son très bel égaliseur Epure mais le prix de ce développement spécifique est incompatible avec des ventes normales. Le gros avantage de l’AAX est sa plateforme de passage du natif vers ce nouveau format très bien pensé et les 18 processeurs Texas Instruments super modernes, et tournant à 350MHz, qui se trouvent sur chaque carte HDX. Gaël devrait être en mesure de livrer dès septembre la totalité de ses plugs sous ce format.
Curieusement, Waves n’a pour le moment fait aucune annonce, pas plus que Soundtoys, ce qui fait que tous les plugs qui m’intéressent sont en stand-by, à l’exception de McDSP (les V5 en AAX sont désormais disponibles NDR).
Pour résumer, et à l’instant où je te parle (le 17 juillet 2012 NDR), je n’ai quasiment rien à me mettre sous la dent.

Les deux mac en charge de faire tourner Pro Tools

Les deux mac en charge de faire tourner Pro Tools et surtout de gérer la foultitude d’effets via leurs 8 cœurs, pas une mince affaire. Entre les deux et de haut en bas un CM203, un rack de monitoring très malin de chez Best Audio, une distribution de l’horloge Lucid, un MADI Bridge RME, deux HD MADI Avid servant à interfacer Pro Tools avec cette norme audio et enfin un brave onduleur, on n’est jamais trop prudent !!

SLU : Du coup tu te prives du nouveau mélangeur en 64 bits flottant…

YJ : Oui le mélangeur est top, y’a pas à dire. Après il y avait aussi des questions d’ordre financier derrière le non choix du natif en HDX car ça demande d’avoir des processeurs de course dans le mac pour faire le job donc des 12 cœurs. Dispatch avait en stock des 8 cœurs et racheter des machines neuves et 4 cartes HDX pour une configuration non optimisée n’a pas semblé judicieux. A la rentrée, en revanche, la tournée des casinos se transformera en tournée tout court avec une quarantaine de dates. On reverra à ce moment-là la configuration.

SLU : Revenons-en à la latence. Pour ce show en ears c’est jouable mais à 1317 échantillons ça commence à faire très long. A quoi c’est dû ?

YJ : Oui, nous en sommes à 1317 samples donc un peu plus de 27 millisecondes à une fréquence d’échantillonnage de 48kHz, auxquels il faut ajouter la latence liée au processing Lake qui varie entre 6 et 12ms ! L’inconvénient de notre configuration actuelle réside dans le fait que nous travaillons en natif pour certains plugs, et qu’ensuite il faut tout remonter dans les DSP pour attaquer le mixeur. Cette remontée me coûte au moins 600 samples. Si je faisais tout en DSP, ça irait infiniment plus vite même si, au fur et à mesure qu’on ajoute des plugs, les temps de calcul augmentent. Un plug comme Elixir doit sa qualité de traitement à son look-ahead et à son nombre de passes réglable de 1 à 5. J’en ai 12 insérés pour le show. Je suis donc bloqué à 1 passe sur chacun d’entre eux, autrement les temps explosent et je mets à genoux les Mac. Pour la prochaine tournée en HDX, Gaël va essayer de me fournir une version live d’Elixir ne dépassant pas les 200 samples de latence. 4 milli c’est jouable sur scène.

Le vrai rôle des Pro Tools

SLU : Voyons à présent ta configuration dans son ensemble.

YJ : Elle repose sur deux Pro Tools pour avoir une redondance. Ils sont asservis par un Time Code lié à la fonction Satellite propre au Pro Tools qui transite via le deuxième port réseau du Mac, le premier étant dévolu à Eucon pour mes surfaces de contrôle. Ce mode Satellite relie deux Pro Tools à l’échantillon près, et linke un certain nombre de commandes comme le Solo ou les commandes de Play et Stop. Ça marche hyper bien, et en studio c’est génial car tu peux faire de l’enregistrement dans un Mac, et des machines ou de l’image dans l’autre, tout en reliant parfaitement l’ensemble.

Christophe

SLU : Dans tes Pro Tools, tu joues aussi des pistes ?

YJ : Non, ils sont absolument statiques. Tout ce qui joue vient d’en face. Ce que tu vois là est bien une console. Ce ne sont que des auxiliaires, il n’y a pas une seule track. Comme le système tourne bien, il nous arrive d’utiliser une des deux machines pour enregistrer le show ; on prélève juste à la sortie des préamplis, et on peut faire du virtual sound check via un patch MadiX8 SSL.

SLU : Tu nous détailles ta régie ?

YJ : Les sources arrivent depuis la scène par un multi, des micros et des séquences, le tout en analogique, et alimentent 7 préamplis Aphex 1788A et un préampli quadruple GML, enfin, 6 préamplis car le septième 1788A est en spare. Il vaut mieux quand tu penses aux dégâts causés par la perte de 8 canaux d’un coup ! Deux des Aphex sortent directement en AES, les 5 autres plus le GML en analogique, et tout ce petit monde attaque les deux convertisseurs SSL Xlogic Alpha Link, chacun prenant en compte 24 canaux et sortant en MADI. Comme je ne suis pas fan de la carte numérique qui est dans les Aphex, je ne gère que des séquences dans les deux qui sortent en numérique. En revanche, la partie préampli marche bien ; c’est de la classe A avec un bon transfo Jensen. Une fois que j’ai mes 48 canaux en MADI, je rentre dans le X8 qui, lui, va alimenter les deux Pro Tools de manière identique au travers de deux HD MADI Avid. Pour les sorties des Pro Tools, 16 mono chacun, on utilise les sorties indépendantes de chaque convertisseur, justement pour avoir une sécurité. Le premier Alpha Link gère les sortie du Tools 1, le principal, et le second Alpha Link gère celles du Tools 2, le secours. Ces deux fois 16 canaux ou 8 stéréo aboutissent au Mix Dream SPL qui assure la sommation analogique. En agissant sur les inverseurs de cet appareil, on peut basculer d’une configuration « main », celle qui rentre dans les entrées principales, à celle de « spare » qui se contente des retours d’insert de ce sommateur.

Un rack de la régie façade

Un rack de la régie façade. De haut en bas deux préamplis Aphex, des 1788A, disposant tous deux de la carte de conversion AD. On les reconnaît à l’afficheur indiquant la fréquence d’échantillonnage commune à toute l’installation et calée à 48kHz. Juste en dessous l’horloge Mutec MC3, puis le patch MADI X8 SSL, un Powerplay Pro, un ampli casque quadruple de Behringer, les deux convertisseurs AD-DA X-Logic Alpha Link SSL prenant tous deux en charge 24 canaux et enfin le sommateur analogique MixDream SPL en charge de récupérer les sorties des stems Pro Tools et n’en faire plus qu’un gauche/droite.

Du préamplificateur comme s’il en pleuvait.

Du préamplificateur comme s’il en pleuvait. Cinq unités Aphex 1788A sortant en analogique leurs signaux à l’attention des convertisseurs SSL. LA cinquième unité est en spare. Tout en bas, un dernier préampli très discret mais tout aussi qualitatif puisqu’il s’agit d’un GML 8304 en charge de la voix de Christophe et des deux micros principaux de Sarah. Peu de boutons, mais gros son.


SLU : 8 stéréos c’est le meilleur compromis pour préserver le signal ?

YJ : Ah c’est certain que je préférerais avoir deux Mix Dream. On y gagnerait encore en qualité, et ça me simplifierait la vie au niveau des stems sur lesquels il faut gamberger à cause des séquences où il se passe beaucoup de choses. Rares en effet sont les musiciens qui t’envoient des séquences prêtes à mixer. A l’exception d’un type comme Jean-Pierre Pilot, je n’ai quasiment jamais reçu des séquences prêtes à faire du live.

SLU : Comment ça se fait ?

YJ : Parce qu’un musicien n’est pas un technicien. Il a une autre approche du son, et favorise forcément d’autres domaines. Ces séquences sont souvent générées en natif « in the box » dans des Logic Audio, et généralement pissent le grave dans tous les sens. Je retravaille énormément les sons en termes de couleur et de dynamique.

SLU : Tu parlais de stems avant. Comment les gères tu dans Pro Tools ? On a un peu l’impression que tu parles studio plus que live !

YJ : C’est un peu ça. En fait j’utilise le même principe qu’en studio. Si on prend les drums, je fais un groupe de pistes qui va être ramassé par un auxiliaire avec derrière un master, pour la simple raison que comme ça tout est post-fader, et tout le traitement que tu fais, stem par stem, ne bougera pas. Je masterise chaque stem individuellement avec des limiteurs Elixir, et parfois je place avant un compresseur multibande.

SLU : Si tu n’aimes pas l’Elixir on te donnera autre chose !

YJ : Si tu veux faire du mastering sur ton son, il faut le travailler. Pour ça il vaut mieux traiter les stems avant qu’ils n’atteignent le Mix Dream. Sinon il faudrait après une nouvelle chaîne de traitement en analogique récupérant la sommation gauche/droite avant qu’elle n’attaque le Lake ou bien, si je veux insérer du numérique, il faut re numériser ce stéréo et remonter dans une plateforme supportant des plugs. Ça devient infernal. Enfin, je travaille à des niveaux très élevés pour avoir le meilleur son. Je suis donc quasiment full scale sur mes 16 sorties. Je ne connais donc pas de traitements analogiques qui arriveraient à digérer ce que sort le Mix Dream. Il est au taquet !

L’élixir de gros son

SLU : Tu as déclaré plus haut que tu veux désormais masteriser le son des concerts. Tu parles d’artistes comme Christophe dont le son est par essence une galette ou bien celui de tout artiste avec lequel tu collaboreras dans le futur ?

YJ : Je parle en général, quel que soit le style musical, rock compris. Lorsque nous nous sommes rencontrés pour la dernière tournée de Zazie, je t’avais déjà évoqué cette envie mais techniquement je n’avais pas pu et… (Je l’interromps NDR)

SLU : Mais tu plaisantes, le son était énorme, sans doute l’un des meilleurs que j’ai entendus en salle !

YJ : Le problème en sono ce sont les crêtes. C’est ce qui est désagréable à l’oreille, ce qui est fatigant et fait mal. Les systèmes les reproduisent, et quand tu demandes à un ampli Lab Gruppen de te sortir 10 kW, il le fait à l’aise car les alims à découpage modernes débitent du courant à n’en plus finir. Entre un disque ou même un mix en studio et ce qu’on envoie en concert il y a entre 8 et 12 dB de crêtes d’écart. Dans son analyseur, Gaël (de Flux NDR) a intégré une notion de crêtes et de sommation de crêtes sur une durée déterminée. Et tu le vois très bien, avec ou sans limiteur ce n’est pas la même chose. Bien entendu il ne faut pas sombrer dans l’excès et tordre dans tous les sens en faisant du carré mais, bien utilisé, l’Elixir est lunaire et marche infiniment mieux que le très réputé L2 que j’ai aussi bien employé par le passé, même s’il avait tendance à beaucoup modifier la structure du son. L’Elixir n’est pas neutre, loin de là, mais il embellit le son plus qu’il ne se l’approprie comme le L2. Il te garde la dynamique jusqu’au bout, c’en est écœurant ! (rires NDR).

deux des plugs préférés d’Yves Jaget

Sur l’écran du Pro Tools principal deux des plugs préférés d’Yves Jaget. A tout seigneur tout honneur débutons par l’Elixir de Flux dont le triple afficheur ultra précis et sur fond bleu donne le niveau d’entrée, la réduction et le niveau de sortie en dBFS. A sa droite le compresseur multibande MC2000 de McDSP. Tout en haut de la session Pro Tools, on aperçoit avec leurs losanges jaunes les marqueurs correspondant aux différents titres du tour de chant.

SLU : Le problème dans ce que tu me dis est que ton LEQ doit grimper d’autant puisque tu modifies la densité du son…

YJ : Je suis d’accord avec toi. Au début on y a été à outrance, on s’est retrouvé à des niveaux assez forts sans que ça me plaise, ce qui fait que j’ai relâché, et désormais le résultat correspond parfaitement à ce style de musique. Mais ça collerait tout aussi bien avec du rock car ça apporte une super cohérence. L’autre gros avantage de travailler par stems c’est de pouvoir parfaitement ajuster la dynamique de tes huit familles : batterie acoustique, pads, basse, guitare, claviers, séquences, voix lead et chœurs. Chacune fait plus ou moins travailler son limiteur, ce qui rend l’action beaucoup plus douce et discrète. Sur la batterie, je suis facilement à -3dB mais cela rend le son beaucoup plus agréable à écouter, et je peux rentrer la voix sans la perdre. Je peux par exemple plus ouvrir les over head sans me faire péter la tête par des crêtes générées par la caisse claire. C’est la première fois qu’à la ré écoute d’un gauche-droite, j’ai l’impression d’avoir un disque. (je confirme NDR)

L’idée de partir en Pro Tools avec beaucoup de plugs et de limiteurs, c’est aussi d’arriver à travailler chaque son le plus possible afin de lui trouver sa place et sa couleur, et pas simplement d’empiler le tout et limiter brutalement après, comme il est communément pratiqué dans les disques d’électro. Beaucoup de disques modernes sont quasiment faits au limiteur, d’abord dans les stations de travail, et puis au mastering. Ne parlons pas aussi de la phase où certaines fois, en déplaçant des pistes de quelques échantillons, j’ai récupéré un max de matière. Quand tu additionnes trois pieds sans bien les aligner, ça ne peut pas sonner. C’est pareil pour les voix qui sont de plus en plus identiques à cause de cette façon de s’adosser aux limiteurs piste par piste, au lieu de les travailler et surtout de les mixer. Les synthés virtuels, sans être aussi bien que les vieux analogiques, sont déjà bien gros, alors quand tu en mets six, les uns sur les autres, ça devient quasi ingérable avec un grave énorme, sans parler de la phase, et donc des délais que Logic gère bien moins bien que Pro Tools. Les outils modernes font le boulot à ta place mais ne sonnent pas. On ne remplace pas un mix et un vrai mixeur par des plugs. On arrive à un amas de sons tordus, et même si c’est en partie voulu, ce n’est pas très agréable à écouter. La forme d’onde ne fait pas tout, il faut aussi avoir un peu d’oreille.

SLU : Qu’est-ce qui t’empêche d’utiliser une configuration standard Venue pour cette tournée ?

YJ : Je ne pourrais pas utiliser les plugs que j’aime. Pas de Sountoys, pas d’Elixir… Je pourrais juste avoir les ”Pure” (gamme de plugs de Flux). La seconde raison est en fait multiple. Prend le « propagate ». Quand au fil d’un show tu fais des modifs, tu ne peux pas intégrer dedans les plugins. Globalement, quand tu as une écriture sur un plug, tu es bon pour faire tes modifications sur tous tes snapshots ! Une autre raison est l’absence de contrôle du « safe » en direct dans les tranches. Prends la Memory. Elle avait une fonction géniale qui s’appelait « unload ». Tu pouvais faire un snapshot avec des tranches en unload, à savoir dans le statut où tu les avais laissées à la main, quelle que soit la modif que tu avais faite. Pour tout ce qui est gestion des safes, des retouches et des écritures, à l’heure actuelle il n’y a pas une console qui atteint le niveau du Pro Tools. Si j’ai envie de lui dire que je mets en off une voix, je le fais sur une tranche, elle ne chargera pas et je ferai ce que je veux. Si je veux le faire sur un groupe de tranches, je clique sur le groupe et je fais off.
Prenons maintenant la console en tant que tel. Si j’ai envie de me fabriquer un truc dément avec Pro Tools je le fais, la seule limite sera le DSP qui dira stop, je suis fatigué (rires !). Ce que je n’aime pas dans la Venue aussi, c’est la façon dont sont gérés les plugs sous forme d’accessoires. Ils ne sont pas dans les tranches. Cette table a ses égaliseurs, ses dynamiques…


La « console » d’Yves Jaget

La « console » d’Yves Jaget telle qu’assemblée dans un rack avec la complicité du tour manager Julien Mairesse qu’on devine derrière tout de blanc vêtu, un type drôle à en rater une interview ! Les écrans sont prévus pour se redresser et offrir un confort visuel supérieur. Les claviers en revanche mériteraient peut être de rejoindre un tiroir afin de les protéger de toute commande involontaire !

Une vue de l’afficheur tactile de l’Artist Control Avid

Une vue de l’afficheur tactile de l’Artist Control Avid, bien plus grand qu’il n’y parait mais offrant tout de même nombre d’informations utiles et paramétrables. Comme vous le constatez ici, les commandes bleues sont celles des titres, les codeurs sont sur la voix de Christophe et une vilaine touche Delete est placée au beau milieu…


SLU : Avid a souhaité faire une vraie console avec des effets en plus…

YJ : Oui, mais le problème c’est que tu ne peux pas enlever leurs traitements par tranche en récupérant les ressources DSP qui leur sont attribuées. Les plugins c’est une sorte de deuxième page qui te fait perdre du temps à chaque fois, et comme je n’utilise que des plugins…
Enfin il y a un dernier point qui paraît incroyable en 2012. Comment est-ce possible que je puisse construire mes layers en fonction de mes snapshots sur mes petites surfaces Euphonix et mes ProTools, et qu’aucune autre console ne sache le faire ?
Si tu as 28 faders sur 58 entrées, à un moment tu vas être obligé de configurer tes faders d’une manière précise, et par titre, pour avoir sous la main les choses indispensables. Avec Pro Tools, tu le fais les doigts dans le pif et, encore plus pratique, tu peux le faire aussi dans les surfaces Euphonix où cette fonction est prévue par layers.
Tout n’est pas parfait dans cette mini console, beaucoup de fonctions sont planquées derrière d’autres, c’est écrit en tout petit, mais pour le prix, c’est imbattable.

La MC Control Euphonix / Avid

La MC Control Euphonix / Avid, le cœur de la « console » virtuelle d’Yves et disposant en plus de 4 tranches toutes dédiées au patron pour sa voix et ses départs d’effets.

Un détail de l’Artist Mix

Un détail de l’Artist Mix, un pack de faders très bien conçu et bénéficiant d’un mini afficheur indispensable pour savoir ce que l’on fait. On repère sur cet afficheur des petits cadenas, preuve que les tranches sont figées.

SLU : Console… Appelons-là par son vrai nom, une surface de contrôle intelligente !

YJ : Oui je suis d’accord et encore, elle n’est pas du tout faite pour le live donc elle a forcément des défauts. Il n’empêche que, par bien des côtés, elle offre plus de fonctions que les grosses tables de concert. Prenons les layers. Au travers du Eucon, qui est un soft super malin, tu peux faire des layers par titres, autant que tu veux, et après via, les touch screens programmables, tu peux appeler plusieurs fonctions comme par exemple aller chercher un cue dans Pro Tools et aller charger un des layers que j’ai précédemment programmés. J’ai par exemple figé les tranches en les assignant toutes. Une configuration idéale par titres et… (je l’interromps NDR)

SLU : Je veux bien, mais quid si d’un coup tu dois remettre 10 dB de gain ou changer un EQ à la volée sur une des tranches qui ne sont pas ”apparentes” ?

YJ : Je pars de la constatation que sur 57 entrées, y’en a rarement plus de 28 qui jouent. J’exagère un peu mais je ne doit pas être loin. Pour Sarah, j’ai par exemple 3 micros différents en fonction du clavier sur lequel elle joue, et elle ne chante que sur un ou deux maximum par titre. Ils sont programmés. Pareil pour la batterie acoustique qui ne joue que 10% du show. Le reste du temps je la zappe. Quand elle joue, je ne garde sous la main que les deux micros du pied, les deux de la caisse et les over head. Les toms sont masqués (hidés en franglais NDR) car une fois que le sound check a été fait, il ne sert à rien de les avoir.

Une des trois Artist Mix

Une des trois Artist Mix, un pack de 8 faders extensible à volonté et très léger. Yves a choisi de n’en avoir que trois, et ne dispose donc que de 28 tranches en tout en comptant les 4 de la MC Control.

SLU : Au pire tu rajoutes des blocs de faders…

YJ : Bien sûr, mais je suis dans une configuration serrée, d’où mon choix de n’avoir que 28 voies. Au pire je peux me faire un montage avec deux rangs de faders, les uns au-dessus des autres. Je dois aussi garder de la place pour deux écrans car non seulement c’est super beau mais aussi très pratique.

SLU : J’imagine que la voix de Christophe est toujours à portée de main sur la table.

YJ : Tout à fait. Elle est figée sous la forme de 4 faders. Le premier commande le niveau, et les trois autres ne sont que des départs d’effets pré-fader. Sur la voix j’ai un EQ, un Trim, un MC2000, un déesseur et un Smack. Il est possible d’avoir accès à chaque plug en quelques touches…

SLU : Ta configuration paraît quand même étudiée pour un show produit et assez figé…

YJ : Produit et « snapshotté » (Yves est AUSSI le roi des néologismes NDR)

SLU : Revenons sur ta chaîne pour la voix de Christophe. Pourquoi un Trim…

YJ : On utilise des gains relativement faibles pour éviter de saturer, et on ne touche jamais les préamplis, ce qui fait que je prends 8 dB de gain à la sortie de l’égaliseur… Il est aussi vrai que je désépaissis pas mal le son du SM58 en fonction de la voix de Christophe. Le déesseur, en sortie du compresseur multibande, travaille à peine, et finit le travail déjà en partie effectué par la dernière bande du MC2000. Il est calé à 8 kHz. Le Smack apporte une dernière touche de compression, et en sortie, juste avant de quitter le domaine numérique, un Elixir. Bien entendu ce dernier travaille à peine, et à un niveau de seuil très bas car sur la voix je n’ai pas beaucoup de crêtes.

SLU : Si, tu peux en générer avec des compresseurs avec une attaque assez douce.

YJ : C’est sûr, je régénère quelques pics mais comparé à une batterie ce n’est pas grand-chose, et malgré un seuil très bas, il me faut une grosse plosive pour qu’il s’anime vraiment.

SLU : Pourquoi ne pas faire une version plus élaborée de ta « console » et de sa redondance en ne conservant la main que sur l’unité active et en plaçant la seconde derrière un switch qui commuterait les écrans, les bocs faders, les claviers…

YJ : On y pense pour la prochaine tournée de Christophe. On va tout laisser sur scène. On ne gardera à portée de main que la console. On aura une liaison par fibre avec des systèmes de déport de clavier/écran/souris et un switch pour basculer de l’un à l’autre Pro Tools. Pour le moment on bascule facilement l’audio d’une machine à l’autre. En revanche, pour la console c’est un peu plus long dans la mesure où le protocole Eucon ne fige pas une adresse IP par éléments de la table. C’est prévu mais pour le moment ça ne marche pas, ce qui fait qu’avec deux Mac on se retrouve avec des éléments reconnus sur l’un et sur l’autre…Bref, si on a un problème on joue avec les câbles réseau !

Christophe

SLU : Ta configuration dans son meuble est super belle mais les claviers à portée de coude, le jog pas très utile… Il y a pas mal de sources d’erreurs non ?

YJ : Ahh je crois qu’on les a toutes faites (rires !!) Par exemple, pour avoir les PFL sans couper la façade, t’es obligé d’utiliser le surround mixer dans Pro Tools, et comme je ne veux pas l’activer car ça mange trop de ressources, il faut éviter d’appuyer sur le bouton. Sur le Jog, il y a la touche Shift du Pro Tools qui peut rester appuyée, ce qui fait qu’à chaque clic de souris tu fais des bêtises. Par exemple, si tu cliques sur un fader, tu le remets à 0. Tu as aussi la barre d’espace. Si tu appuies dessus, tu créés une microcoupure car tu mets en play.

SLU : Cet amour que tu portes à Pro Tools, et les défauts que tu trouves à la Venue, ne pourraient-ils pas se compenser lors de la sortie de la prochaine gamme Avid pour la scène ?

YJ : Ils devraient baser leur nouvelle table sur l’architecture HDX. C’est tout ce que je demande. A quoi bon avoir deux équipes en train de développer la même chose, et comment est-ce possible qu’on ne puisse pas prendre une session Venue et l’importer dans Pro Tools en y retrouvant tous les plugs et les niveaux de fader ! Pourquoi n’y a-t-il pas une parfaite compatibilité entre les deux, même en imposant des règles ?

SLU : Mais au fait, comme tu sors tes 8 groupes stéréo vers le Mix Dream, tu n’as absolument aucune visualisation de ton niveau de sortie !

YJ : Ah ça c’est le boulot de Thibault ! (Maestracci, assistant FOH et en charge du système NDR) De toute façon, le show est produit, calé et tenu par les dynamiques. Il ne bouge donc pas trop. Cela dit tu as raison, je n’ai pas une paire de Vumètres pris en sortie du Mix Dream mais franchement je m’en fous, je n’ai qu’à regarder à l’analyseur ! Enfin le Mix Dream est au taquet, on ne peut pas mettre plus fort. Thibault m’a supprimé 4 dB…

Thibault Maestracci (TM) : Presque six ! Le Lake faisait la tête.

YJ : Mine de rien, le Mix Dream est l’un des rares produits analogiques qui sort +32 dB. Un rail à ± 60V ça envoie !!

Deux bons vieux Dolby Lake

Deux bons vieux Dolby Lake faisant partie de la dotation technique de la tournée et utilisés à Deauville simplement en tant qu’égaliseurs et convertisseurs.

SLU : La conversion finale est effectuée par le Dolby Lake. Toujours rien de mieux à l’horizon ou bien c’est plus simple comme ça ?

YJ : Non, ça sonne bien. Ils ont beau avoir un peu de bouteille, c’est loin d’être des mauvais convertisseurs. Maintenant si on avait un Lavry Gold, on attaquerait le Lake en AES !
Gaël de Flux nous prépare encore quelque chose de passionnant, et qui pourrait remplacer à terme un Lake ou en tout cas faire du drive et bien plus. Il a conçu un support hardware dans lequel on entre et on sort par le biais d’une carte son PCI qui servira pour ses plugs et tout autre plug au format VST. Imagine, une carte MADI ça fait une puissance de 64 in et 64 out. Quand tu sais qu’il développe en parallèle des filtres à phase linéaire et des égaliseurs à phase linéaire, tu vois la puissance de l’outil ? Ca va s’appeler Faust. C’est un magicien Gaël.

Détails de prise de son

La batterie Mapex de Simon Tellier

La batterie Mapex de Simon Tellier («blahhhh, je déteste cette marque.. » ®™© Yves Jaget 2012) entourée d’une foultitude de pads ce qui n’empêche pas ce dernier d’y placer 12 micros rien que pour deux ou trois titres. Pour les plus observateurs, on distingue sur la droite…Sarah de Courcy en train de se dégourdir les doigts et s’approprier la salle.

Le pratos de Chris Ketley

Le pratos de Chris Ketley le multi instrumentiste de la tournée. Tout à droite sa basse et juste devant la planche en bois rouge solidaire du shaker, la manière la plus simple de lui permettre de ressentir les notes en plus des ears.

SLU : Y’a pas grand monde sur scène !

YJ : L’orchestre n’est composé que de trois membres. Aux claviers et chef d’orchestre nous avons Sarah De Courcy. Elle est elle-même assistée de Tim Speight qui gère les playbacks sur deux machines et dispose d’un Logic pour faire tout type de retouche. Le show est entièrement basé sur Logic. A la batterie c’est Simon Tellier. Il est jeune et vit à Londres depuis des années. Il a un gros talent, et je ne dis pas ça parce qu’il est français ! A la basse, guitare et claviers il y a enfin Chris Ketley, notre multi instrumentiste. Les trois en plus chantent et sont adorables (Je confirme NDR)

SLU : Pour deux titres joués en acoustique sur un show de deux heures, tu as été placer deux capteurs sur la grosse caisse…

YJ : Ahh oui, tu obtiens quand même un plus joli son de pied avec deux micros. Mine de rien, repiquer la peau avec un statique à large diaphragme c’est important. Je n’arrive pas avec le simple Beta dans le fût à avoir le beau bas-mid avec l’infra. On peut y parvenir avec un SubKick mais je préfère la solution du micro dont tu fais ce que tu veux, même le tordre un peu. Ça a une autre âme. Avec Time Adjuster, je corrige les retards entre micros. J’ai aussi une caisse claire reprise dessus et dessous.


grosse-caisse avec le couple Beta 52 et AT4033

Deux valent mieux qu’un ou comment avoir le beurre et l’argent du beurre d’une grosse-caisse avec le couple Beta 52 et AT4033.

SLU : Chris, le multi-instrumentiste, a pléthore de pédales, en revanche pas la queue d’un ampli…

YJ : Il faisait trop de bruit avec ses deux amplis Fender et son SVT, et c’était aussi trop encombrant. Il a donc troqué le tout contre de bons retours et un shaker. Quand on a un peu plus de place, on lui monte son kit parce qu’il a de la gueule, mais il est muet. Le shaker compense un peu les retours de la salle, surtout les subs. Le pauvre, quand il joue une note, il a l’impression que ça dure (rires !)

Voyager léger

La diffusion de l’orchestre à jardin

La diffusion de l’orchestre à jardin avec, au premier plan, deux subs JBL4880 et, à l’arrière-plan posés sur leurs amplis, des 4887, le petit modèle de la gamme Vertec.

SLU : Vous êtes tous dans un tourbus. C’est un choix formidable pour la cohésion mais moins pour la capacité à transporter du matos…

YJ : C’est Christophe qui l’a souhaité, et il a eu raison. On est ainsi tous ensemble dans le même bateau au cours de cette tournée des casinos. C’est 10 fois plus agréable. Christophe a juste une chambre en day-use pour lui permettre de se reposer et pouvoir donner le meilleur de lui-même chaque soir. Pour le matériel, ce n’est pas plus mal car ainsi on apprend à voyager léger au niveau des régies. Pense que pour emmener les lumières, le son, les instruments et le décor nous n’avons qu’un 50m3.
Thibaut a voulu qu’on parte avec un minimum de diffusion, et il a raison. On a 12 Kara, et je regrette de ne pas les avoir montées aujourd’hui. Le festival de Deauville qui nous accueille a prévu du 4887 Vertec JBL et je n’en suis pas satisfait.

SLU : Tu lui reproches quoi ?

YJ : On l’a mis en route, et il n’a pas un pet de bas-mid. Le Kara a de bien pour sa taille qu’il sonne comme un gros système ce qui est écœurant. Tu tires un jus de ces petites boîtes absolument phénoménal.

SLU : Tu as quoi précisément dans le bahut Thibault ?

YJ : On a 12 Kara, 4 SB28, 4 UPA et 4 UPJ. Quand on fait des jauges plus grandes que 1000 personnes, on reçoit un complément de Kara. Lors d’un extérieur à Nice, on a doublé le nombre de Kara et ajouté deux SB28.

Un des racks d’amplis

Un des racks d’amplis fournis par Décibel Services en charge de la sonorisation au Casino de Deauville. Il s’agit d’amplis Crown i-Tech de la gamme 6000 et 8000.

SLU : Quelques précisions sur le système ?

Guillaume Beaudet de Décibel Services : Les amplis des Vertec 4887 sont des Crown I.T6000 et 8000 et un VRack, ce dernier prêté par SCV ainsi qu’une Vi4 pour les autres dates du festival. Le processing est géré par le Performance Manager JBL à même les amplis. Les subs au sol sont des 4880, des deux fois 18 pouces. Ce sont les subs prévus pour le gros système Vertec mais qui s’adaptent aussi aux 4887 en remplissant bien le bas, qui du fait des deux 8 ” de chaque tête, ne descend pas trop. Pour les premiers rangs en lip fill nous avons des E3 d&b.

Conclusion

La première impression est « woaw, quelle maitrise, quel son, quelle finesse » avant aussi de se rendre compte que le son en question a tendance à plutôt rester dans les boîtes ou en tout cas à ne pas avoir cette spatialité et cette aptitude à venir lécher les visages, une caractéristique des systèmes modernes. Autre souci, en dessous de 200Hz il n’y a pas de patate, juste une grosse quantité d’infra générée par les 4880. Il y a un trou dans le raccord entre tête et sub qui devient gros trou dès qu’on sort de l’axe central, là où le niveau de l’infra est naturellement plus fort. Au balcon cet effet est encore magnifié avec un raccord très difficile entre les 8” des têtes et les 18” des subs qui seuls donnent de l’énergie dans le bas. Le rendu global n’est pas à jeter, loin de là, mais définitivement il manque de la membrane et du coffre, et espérer l’obtenir avec des gros ventilateurs ne paraît pas très judicieux. Le positionnement et le calage de la diffusion semblent bons, c’est peut être du côté du choix des boîtes et de leur association qu’il faut regarder. Cela dit, il reste un délicieux sentiment de main de fer dans un gant de velours à l’écoute de ce concert. Yves Jaget a parlé de « paquet cadeau », on ne peut qu’adhérer à cette définition. Si on n’avait pas devant soi des musiciens et un artiste en train de chanter, on croirait entendre un disque, mais en mieux. La dynamique est certes contenue mais bien présente, les attaques claquent, les sons sont bien étagés. Certes pas un cheveu ne dépasse mais on ne ressent aucune impression de tassement ou de mollesse. Connaissant bien les disques de Christophe Willem, on apprécie le rendu plus naturel et vivant, moins tordu et sale de titres qui gardent malgré tout la couleur et la personnalité propre à cette musique et à l’album. La voix lead brille de mille feux façonnée par la tripotée de plugs insérés et semble même naturelle et légère, ce qui est un comble tant Yves a la main lourde et pourrait la détimbrer. Le chant très particulier de Christophe est rendu dans toute sa finesse quasi cristalline et s’insère comme la bonne pièce dans un puzzle très, très chargé. Qu’il s’encanaille dans sa gorge ou qu’il lâche les chevaux, qu’il joue avec sa respiration ou qu’il poppe avec force, il est toujours à sa place avec notamment une intelligibilité exemplaire. Tel un parfait traitement de son de radio (et il n’y en a pas des tonnes NDR) ou de mastering disque. La densité du show est magnifiée sans qu’on ne ressente de lourdeur ou de confusion. La distorsion aussi est contenue, les attaques nettes, le front sonore large et la patate préservée. On réserve notre jugement définitif à la prochaine tournée car la diffusion n’a pas permis de totalement capter l’aspect dynamique et l’impact de cette régie new-look. Je ne sais pas si un autre style musical se prêterait à une telle canalisation dynamique et quasi artistique mais la pop électro de Christophe Willem en sort grande gagnante. Bravo Monsieur Jaget d’avoir inventé l’Elixir de gros son ;0)

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L'éclairagiste Jeff Ravitz signe un pur moment de Rock'n'Roll

Bruce Springsteen et le E Street Band à Bercy

Wrecking Ball Tour fait escale sur deux dates à Paris Bercy pour notre plus grand plaisir, en nous faisant (re)découvrir le vrai show rock américain, à l’ancienne, avec une scène plaçant l’artiste au milieu de son public pour une communion totale et un plaisir des yeux évident.

Mais comme la rock star sexagénaire ne cesse de se renouveler et veut avant tout satisfaire ses fans, le show lumière, encore une fois créé par Jeff Ravitz et les équipes de Morpheus, tour à tour fabricant, prestataire et support technique de l’installation, réserve bien des surprises, aussi bien pour les afficionados de la première heure que pour nos mirettes attentives au moindre projecteur accroché dans l’enceinte du POPB.
Ainsi, le design lumière, toujours fidèle à ses blancs chauds et variations d’intensité, innove cette année en accueillant des lyres à LED Ayrton et Zap Technology, des Beam Clay Paky et même du brouillard !
Une belle cuvée 2012 qui, en privilégiant toujours la musique et ses interprètes, se permet quelques entorses technologiques en conservant ses valeurs sûres : températures de couleur à 3200 K, lissage “télévisuel” des ambiances lumineuses, projecteurs assemblés par Morpheus et poursuites à gogo.

L’équipe technique lumière de Morpheus

L’équipe technique lumière de Morpheus dirigée par Todd Ricci (à droite). On reconnaît aussi Valère Huart-Gyors reponsable des ventes export chez Ayrton (deuxième en partant de la gauche).

C’est donc émerveillés que nous avons rencontré l’équipe lumière présente, des opérateurs au directeur lumière, sans oublier les techniciens. Pour finir avec la cerise sur le gâteau, le designer lumière américain Jeff Ravitz, honoré de nombreux awards pour le spectacle et la télévision, auquel Bruce Springsteen est fidèle depuis bientôt 30 ans, qui nous a parlé de ses choix toujours en accord avec ceux de l’artiste.



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Todd et son kit lumière

En accueillant bon nombre de nouveautés cette année, le gros kit fait une place prédominante aux projecteurs Wash, en confiant la lourde tâche des ambiances et des couleurs du show aux Wildsun 500 C Ayrton, associés à d’autres sources à LED innovantes comme les chouettes L2D2 de Zap Technology, ou les barres et changeurs Philips, venant alléger la consommation énergétique d’une implantation riche en lampes à décharge bien gourmandes.

Todd Ricci, directeur lumière.

Todd Ricci, directeur lumière. C’est lui qui suit la tournée, et qui adapte le kit lumière aux lieux et le concept de Jeff Ravitz aux titres anciens que l’artiste décide de chanter.

SLU : Todd, qu’elle est votre fonction ici ?

Todd : Je suis le directeur lumière et le concepteur de terrain. A chaque fois que nous avons besoin de créer une nouvelle conception pour des chansons particulières, j’interviens. Nous adaptons le concept de Jeff Ravitz au fur et à mesure des dates et des demandes de Bruce Springsteen.


Wildsun

C’est Wildsun qui nous régale en couleurs. Cette fois, le concept place le groupe en second plan pour valoriser Bruce Springsteen.

Wildsun 500C Ayrton

Wildsun 500C Ayrton, VL3000 et VL2500 Vari*Lite pour l’éclairage de scène.


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SLU : Pouvez vous nous décrire le kit que vous utilisez sur ce concert ?

Todd : Nous utilisons beaucoup de Vari*Lite. Mais nous avons aussi du Wildsun 500 C qui est un des tout nouveaux produits. Des L2D2, un projecteur à LED sur une lyre mono bras Zap Technology, avec un système de zoom digne d’intérêt. C’est l’un des produits qui nous a le plus surpris avec le Wildsun 500 pour ce qu’il a apporté au show : des beaux bleus et des couleurs vraiment saturées. Ensuite, pour les effets Spot et la projection de gobos nous avons le VL 3000 Vari*Lite qui fait la lumière de scène et du public. Pour les effets de gobos et les paliers sur la scène principale, nous avons les VL2000 qui éclairent aussi le public, et nous avons des positions individuelles sur les membres du groupe avec les VL2500. Les faces sont assurées par des VL1100 halogènes dont nous sommes très satisfaits. En fait l’ensemble du matériel Vari*Lite a plutôt pas mal marché cette année. Sous la scène il y a encore des Sharpy Clay Paky, sous la contremarche du groupe et devant les amplificateurs, ainsi nous obtenons différentes vues de différentes sources depuis différents endroits. Sur cette tournée nous avons remplacé les Molefay par des Par LED Morpheus customisés, appelé CP7 utilisant 7 Colorado RGB Chauvet assemblés en pétales pour éclairer le public. Nous avons fait beaucoup de changements importants sur cette tournée, en comparaison avec les trois précédentes.

Mac Aura Martin

Du Mac Aura Martin, sur et sous le podium du piano. Une source très appréciée chez Morpheus pour ses petites dimensions, son poids plume et son rendement.

Des sources

Des sources, il y en a partout sous, sur et à travers la scène : à Led pour les Color Kinetics Philips, à lampe pour les VL 2500 Vari Lite.


SLU : La présence des projecteurs à LED est importante, cette technologie vous séduit-elle ?

Un pont latéral

Un pont latéral avec de gauche à droite, L2D2 de Zap Technology, deux Fader Beam Morpheus, un VL 2500 Vari Lite, sous le 3e FaderBeam deux VL 1100 tungstène, et un Panabeam XR2.

Todd : Oui, nous avons de larges rangées de LED. On a fait le tour de tout ce que la technologie pouvait faire sur cette tournée ! Nous avons beaucoup d’éléments scéniques balisés par des produits à LED comme les ColorBlaze. Nous utilisons aussi des ColorBurst, juste pour fournir certains effets argentés et enfin nous avons les ColorBlast. On peut dire que nous avons pas mal de produits Philips sur le show!
Nous avons aussi introduit au kit des Mac Aura Martin, juste pour apporter du contenu visuel que nous n’obtenions pas avant avec des projecteurs plus gros.

Des nouveaux venus de premier choix

Avec pas moins de 50 lyres Wildsun 500 C sont accrochées au dessus de la scène de Bercy (le kit en prévois 20 de plus en stades). Les Wash d’Ayrton au mixage de couleur efficace, possible grâce à leurs multichip RGBW et à l’ouverture idéale (45° au max), assurent plus de 95% des ambiances du concert.

SLU : Pourquoi avoir choisi les Wildsun 500 C ?

Todd : L’idée avec ces Wildsun en particulier était d’utiliser leur blanc qui pouvait être un peu plus chaud que celui de la plupart des produits à LED. nous avons donc défini un blanc qui semblait plus halogène. Ainsi, parmi tous les autres blancs sur le show, il est difficile de distinguer la source LED. C’est un blanc travaillé pour avoir l’air plus chaud, car tout nos projecteurs clés sont à 3200K. Nous aimons beaucoup les dorés et les couleurs des vieilles gélatines des Morpheus Color Fader, parce que c’est toujours le meilleur système de mixage de couleurs aujourd’hui, mais ces machines ont été retirées du kit. Bien sûr on ne peut jamais totalement obtenir cette impression de jaune doré avec une LED, c’est ce qui était un gros défi. Nous avons réussi à nous en approcher autant que possible avec les Wildsun.

Trois ponts riches en très belles machines

Trois ponts riches en très belles machines et notamment une armée de Wildsun 500C que l’on reconnaît facilement même de loin.

SLU : Avez rencontré des problèmes avec les Wildsun ?

Todd : Non pas vraiment. Ça a juste été une question d’apprentissage. Nous les avons reçus, testés très rapidement et les avons chargés sur le camion et envoyés aux répétitions. Personne d’entre nous ne les connaissait vraiment. Je savais que nous ne voulions pas utiliser beaucoup de paramètres donc nous ne nous sommes pas plongé dans le mode étendu de DMX. Nous avons décidé que 24 canaux seraient notre base. Ce qui donne une certaine flexibilité.

En fait, je suis très content de l’allure générale des sources. Tout le monde a été immédiatement préoccupé par les LED et la pixellisation. Et avec les chip 4 en 1 (RGBW derrière une même lentille), cet effet “pizza” est gommé.

La LED éclaire la foule de façon très agréable aussi. Leur saturation et couleurs sur le public sont superbes. Les Wildsun ont vraiment sorti leur épingle du jeu sur le show. Mais il y a toujours cette grande question avec les nouvelles technologies : comment les projecteurs vont ils fonctionner après un voyage en camion sur les routes des USA ou d’Europe ? Ils ont plutôt bien résisté. Nous ne déplorons aucune panne mécanique…Excepté le problème de la pluie. La pluie est notre pire ennemi avec l’électronique. Au niveau des embases surtout, juste à cause de l’humidité. C’est une bataille constante en éclairage. Mais nous allons travailler avec un énorme “stadium parachute” à présent afin d’éviter ces problèmes techniques.

L2D2 Zap Technology

A l’extrémité de l’échelle supportant les Sharpy Clay Paky, le L2D2 Zap Technology à LED et ZOOM motorisé sur sa lyre monobras.

SLU : L’aspect économie d’énergie de ce type de projecteur est il important pour vous?

Todd : Oui il l’a été, parce que je suis l’un de ces gars sur la tournée qui avait l’habitude de lancer tout le jus ! J’exploitais tout le courant dans le passé, je sais donc ce que c’est de dérouler beaucoup de câbles pour beaucoup de projecteurs différents ! Surtout quand tu utilises du trad. Nous aimons le fait que ces machines deviennent de plus en plus petites avec le même rendement en lumens.

Quand je programme, j’aime avoir des Wash un peu moins puissants, et j’aime utiliser mes figures et contenus que je vais intégrer au show sans avoir besoin de 4 machines à fumée et de 4 machines à brouillard sur scène pour qu’on puisse voir les Spot. Donc, je pense que les LED permettent d’éviter cela. Tout le monde essaie de faire un Wash plus brillant. Les VL3500 ? Ils sont si puissants que tu ne peux rien voir d’autre sur scène. Pour moi c’est contreproductif. Je crois que nous avons trouvé un super équilibre sur ce show avec le mélange d’éléments old school et de nouveautés. C’est une façon d’équilibrer le tout pour Jeff.


Le PanaBeam XR2

Le PanaBeam XR2, le wash Morpheus à rotation continue en pan et tilt, équipé d’une MSR 1200, CMY, CTO progressif et zoom.

La régie lumière

La régie lumière avec une Avolites Diamond II où Todd joue en live sur les dimmers des projecteurs dont les couleurs et les mouvements sont programmés dans la Grand MA full Size et appelés par John Hoffman.

Entre changement radical et valeurs sures

Et comme Todd et Jeff aiment associer nouveautés et valeurs sures, les projecteurs “maison” côtoient les nouvelles sources dans un show restitué sur deux consoles lumière, réconciliant elles aussi old et new school grâce à une interface Pathfinder permettant d’associer une Avolite Diamond II et une GrandMa, pour piloter à la fois les intensités, en jouant du dimmer (c’est le rôle de Todd), et les effets et couleurs sur la console automatique.

SLU : Vous avez beaucoup de mémoires encodées?

Todd : Nous avons juste programmé plus de matériau que nécessaire aujourd’hui. Nous aimons rafraichir souvent cette base. Lors de la dernière tournée, nous avons catalogué quelque 260 chansons différentes que Bruce a interprétées ! Car nous devons avoir un large panel de positions à envoyer quand il décide :” Hey, je vais faire cette chanson car je ne l’ai pas faite depuis 30 ans…”, alors qu’évidemment cette chanson n’est pas encodée. Nous devons trouver le meilleur axe général pour qu’elle semble avoir été taillée sur mesure pour lui.

Des poursuites et des hommes.

Avec 11 projecteurs de poursuite pour assurer les faces et contres de l’artiste et de son groupe, on ne s’est que très peu étonné de voir des sièges accrochés sur les ponts, au plus proche de la scène, devant, mais aussi derrière celle ci, qui se trouve entourée de public, à la manière d’une arène accueillant un Bruce Springsteen très en forme, mais surtout visible de tous.

SLU : Combien de poursuites avez vous prévu ?

Nous avons 11 poursuites Robert Juliat. Les Topaze en faces et les Manon en contres pour les courtes focales. Nous avons pris les Topaze et remplacé la lampe à décharge par une lampe tungstène de 2000 W. Pour les show en stades nous avons aussi 4 Lancelot accrochés sur les tours extérieures.

Ludwig Lepage, de l’équipe commerciale de Robert Juliat nous explique la modification de source des Topaze

Les quatre ponts et leurs merveilleuses machines

Les quatre ponts et leurs merveilleuses machines. Notez en haut de l’image, les 3 fleurs à LED conçues par Morpheus à l’aide de sources Chauvet Colorado RGB. On voit aussi 3 des 5 poursuites Topaze de la face, les VL1100 et VL3000.

Ludwig Lepage (Robert Juliat) : Les Topaze ont été transformées en Halogène 2000W (au lieu d’une source MSD), parce que sur les dernière tournées, Bruce Springsteen et son éclairagiste trouvaient que son rendu de peau n’était pas assez optimal avec une lampe à décharge. Seul le câblage à l’intérieur est changé car les douilles sont identiques. Donc l’ensemble des faces du concert est transformé en halogène alors que les contres sont toujours assurés avec des lampes à décharge.

Lumière, températures de couleur et écran vidéos

Enorme ou pas, un concert de Bruce Springsteen éclairé par Jeff Ravitz est unique. Très sensibles au public et avec une volonté constante de maintenir une proximité pour ne pas dire une intimité avec ses spectateurs, le Boss veut avant tout être vu de tous.

Ainsi, son éclairagiste attache une grande importance aux teintes de peaux, aux ombres et à la télégénie de l’artiste, filmé en permanence par une pléiade de caméras ne perdant pas une miette du live afin de le retransmettre sur les écrans géants qui entourent la scène.

SLU : Le travail des faces et des visages semble être très important pour vous?

Todd : Nous avons des VL 3000 en l’air , et des 2500 qui sont pourtant la clé des contres pour tout le monde. Les faces jouent beaucoup avec des angles de théâtre comme, par exemple, sur les joueurs d’orgues. Ça rend super bien à la caméra, avec les différents angles de prise de vue utilisés pendant le show pour obtenir un joli petit contraste avec des découpages très théâtraux. Tu remarqueras, quand Bruce est filmé, il a la moitié de son visage dans l’ombre, et nous reproduisons ça à chaque fois.

Bien sûr, quand il court en long et en large de la scène, il est plus éclairé car nous voulons que tous les gens soient capables de le voir.

Le public est utilisé en fond de scène pour un effet

Le public est utilisé en fond de scène pour un effet. Un éclairage encore différent pour le groupe et le Boss qui ne met pas en relief les instruments.

SLU : Adaptez vous votre éclairage aux nombreuses captations et retransmissions vidéos pendant le show?

Todd : Oui, définitivement. Ça a été une de nos préoccupations. C’est drôle car maintenant, à l’ère des caméra HD, tu remarques aussi beaucoup plus les teintes de peaux de chacun. Tu dois te soucier d’embellir tout ce que tu peux, pour t’assurer que tu n’es pas en train de créer trop de matière qui serait brouillée. Il faut garder des couleurs pleines et faire attention aux températures. C’est devenu très important pour Jeff et il est passé maître en la matière. Il est vraiment spécialisé sur ce type de chose. Il est allé jusqu’à mettre du correcteur CTO sur des couleurs pour s’assurer que la teinte obtenue était à la bonne température. C’est un des types qui pense à tous ces trucs. C’est probablement la raison pour laquelle il ne dort pas beaucoup ! Ce sont des domaines dans lesquels il est particulièrement brillant. J’ai tant appris de lui et de son boulot.

De quoi nous donner envie d’en parler avec le principal intéressé, Jeff Ravitz, designer lumière du Wrecking Ball Tour.

Jeff Ravitz, un éclairagiste attentionné

SLU : Parlez nous de votre histoire. Quand et comment avez vous commencé à travailler dans la lumière ?

Jeff Ravitz : Je suis designer lumière professionnel depuis le début des années 70, quand je suis sorti du Collège. J’ai grandi à New York et j’ai toujours adoré les shows de Broadway.

Je suis diplômé de l’université Northwestern, près de Chicago, en théâtre, et j’ai toujours voulu travailler dans ce domaine. Pendant que j’étais encore étudiant, j’ai travaillé dans des théâtres pendant les vacances et j’ai été influencé par les designers lumières que j’y ai rencontré. Puis, j’ai vu un concert de Grateful Dead qui a changé ma vie! L’éclairage était “visible”, pas comme dans la lumière de théâtre, qui se doit, elle, d’être “invisible”. Ce concert était si beau et expressif que je me suis surpris à rêver de faire quelque chose comme ça moi-même. Trois semaines plus tard, je répondais à une annonce dans un journal local d’un groupe qui cherchait un concepteur lumière pour sa tournée. Nous avons tourné partout, dans des clubs et des universités, mais nous avons aussi fait pas mal de premières parties pour des groupes connus et c’est une expérience qui n’a pas de prix. Quelques années plus tard, j’ai participé à la tournée de Kiss en tant que technicien, ce qui a achevé ma formation. Ensuite, j’ai eu la chance de signer le design du groupe Styx. Nous avons créé des shows très théâtraux, et en 1977 ils étaient le plus gros groupe de tournée américain. C’était amusant et ça a lancé ma carrière.

Les grosses sources à LED

Les grosses sources à LED, L2D2 et CP7 Morpheus inondant de couleurs saturées les gradins de Bercy. La scène est chatoyante sous le chaleureux 3200K.

SLU : Qu’elle est votre idée de la lumière?

Jeff Ravitz : La lumière est ce qui nous révèle le monde, visuellement. Et la façon dont elle reflète un objet, que ça soit une personne ou un mur, peut fortement nous affecter. C’est une question d’angle, d’équilibre, et de relief. La façon dont une chose est sculptée par la lumière peut directement affecter notre humeur ou notre psychologie. Par exemple, quand la lumière rayonne sur une montagne à l’aube, ou à midi, nous avons une réaction très différente en la voyant, inconsciemment. L’ensemble de notre monde est une peinture, et elle peut être plate et terne ou dimensionnelle et riche. En tant qu’êtres humains nous réagissons à ces choses là.”

SLU : Et pour un show de Rock ?

Jeff Ravitz : Pour un concert ou un show de rock, il s’agit d’utiliser la lumière pour aider le public à savoir quoi regarder à quel moment. Nous guidons les gens à travers une histoire, comme un cinéaste dans son film, qui se déroule pendant toutes les chansons du show. En tant que designers lumière, nous faisons des déclarations avec les couleurs, les angles, avec la luminosité ou l’obscurité, en utilisant les textures et les mouvements des projecteurs et de leur lumière. C’est notre boulot d’illuminer l’action et d’aider les gens qui sont loin de la scène à voir ce qui s’y passe. La lumière est aussi en rythme avec la musique et la souligne pour aider le public à se connecter avec le flow, la sensation, et le message qu’elle délivre. Nous prenons une ambiance et la magnifions. L’éclairage traduit visuellement la musique.

Communion totale entre l’artiste et son public

Communion totale entre l’artiste et son public : un vrai moment de pur rock américain. C’est rarissime de voir autant d’adultes heureux et qui se lâchent.

SLU : Mais plus précisement pour Bruce Springsteen?

Jeff Ravitz : Nous savons tous que Bruce peut rendre le show incroyable même sans lumière. Mais, comme je disais, nous utilisons l’éclairage pour accentuer les grands moments musicaux, et pour, visuellement, illustrer l’émotion de ses paroles. Les chansons de Bruce peuvent être très dramatiques et sont assez compatibles avec un éclairage très théâtral. Bruce est cinéphile et fan de photographie, et il m’a poussé à apprécier ces formes d’art. Alors, la lumière est devenue une façon de “révéler” Bruce et les membres du E Street Band avec un “point de vue” réel, une façon unique de les présenter sur chaque chanson. Nous utilisons la psychologie des couleurs pour démontrer les émotions et le fil conducteur d’une chanson. Nous utilisons les textures et les divisions des rayons de lumière. Et nous utilisons les angles pour rendre délibérément un musicien agréable, joyeux et naturel ou, au contraire, troublé ou en colère. Finalement, la musique a tellement d’accents et de rythmes expressifs que nous essayons de jouer avec en permanence.

Un relief exceptionnel

Un relief exceptionnel grâce à la multitude de sources et au savoir faire de Jeff Ravitz.

SLU : Est ce que Bruce a eu des demandes spécifiques concernant l’éclairage du groupe, du public et de lui même ?

Jeff Ravitz : Oui. Il a insisté pour qu’on accorde beaucoup d’attention à l’éclairage des membres du groupe. Ils font partie de la totalité de la “photo “du show , et, bien qu’ils puissent être parfois un peu plus à l’arrière plan quand Bruce a besoin d’être le principal centre d’intérêt, ils doivent bénéficier d’un éclairage personnalisé.

Bruce adore le public, et c’est son énergie qui le fait travailler dur, et lui offrir la meilleure des performance. Il est un membre du spectacle à part entière. Quand tout le public chante avec lui, il doit être bien éclairé avec des couleurs appropriées à la chanson. Ainsi les spectateurs réagissent encore plus, et ça devient un échange entre Bruce, son public et le groupe. Bien sûr, parfois, il est important de plonger ce public dans le noir et que seuls l’artiste et le groupe soient visibles.

Quand à Bruce lui même, il aime, quand il ne chante pas quelque chose de trop dramatique, avoir l’air bien sur les écrans et sur la scène. Je travaille dur pour m’assurer que les angles choisis sont les plus flatteurs, bien sûr, donc il est au meilleur de lui-même. Il n’aime cependant pas avoir l’air trop “lisse”. Il aime que la lumière crée des ombres intéressantes sur son visage et son corps. Nous nous assurons aussi d’avoir un bon éclairage de contre pour qu’il se détache du fond de scène.

Bruce aime toutes les couleurs et me fait confiance pour leur choix à chaque moment de chaque chanson. Mais, parfois, il a une idée très spécifique pour un morceau et nous sommes ravis de la réaliser.

SLU : A-t-il eu des préférences particulières concernant le choix des projecteurs, plus particulièrement des LED et de la fumée ou du brouillard ?

Jeff Ravitz : Il n’a aucune préférence en matière de projecteurs. C’est un domaine dans lequel je peux décider seul. J’essaie de lui montrer nos nouveautés après leur intégration au kit afin qu’il se familiarise avec ce que j’en fais, et il était très heureux de savoir combien d’énergie nous allions économiser avec les sources LED !

deux machines Atmosphere Hazer MDG

Le brouillard des deux machines Atmosphere Hazer MDG permet aux faisceaux des Sharpy et autres lyres Spot d’exister dans l’espace.

Au sujet de la fumée, Bruce s’est longtemps inquiété de ses effets sur sa voix, et par conséquent, il n’a jamais approuvé ni fumée ni brouillard sur les tournées. Pourtant, cette année, nous avons cherché des Hazer utilisés sur les shows de Broadway où les chanteurs sont aussi assez sensibles à leurs effets. Nous les avons testés en répétitions, en plaçant les machines loin de la scène dans le but de produire un très, très léger brouillard au dessus, juste pour améliorer les effets des gobos et les faisceaux dans les airs. L’équipe est très contente des résultats et nous n’avons reçu aucune plainte de Bruce concernant sa voix.

SLU : Que pensez vous des Wildsun Ayrton, comment les avez vous sélectionnés ?

Jeff Ravitz : Je suis un grand fan de ces lyres, ce sont de très bon projecteurs.

J’ai voulu m’intéresser aux sources LED de haute qualité afin de remplacer nos Wash automatiques car cette nouvelle technologie offrait beaucoup plus d’avantages. Une consommation électrique et une maintenance réduites étaient des atouts importants, autant que l’apport du mixage de couleurs additif et de leurs changements très rapides. Nos précédentes lyres Wash étaient équipées de lampes tungstène. Bruce aime la lumière chaude et naturelle qu’elles produisaient. Ainsi, je voulais un projecteur à LED qui offrirait les mêmes bases de température de couleur. La plupart des machines à LED sont plus petites, je voulais un projecteur légèrement plus large pour aller avec le kit.

Morpheus Light m’a aidé à choisir une machine en mettant en place une grande comparaison des meilleurs produits LED du marché. Nous avons passé deux jours à mesurer et comparer les couleurs, les looks, les vitesses et précisions de mouvements, et les niveaux luminosité. Les LED blanches des Wildsun étaient plus chaudes que la plupart des autres que nous avons testées, ce qui veut dire que l’ensemble du mélange de couleurs était aussi un peu plus chaud, ce que j’ai aimé. Les autres couleurs sont pures et brillantes, et le diamètre de la surface des LED est plus large, juste comme je le souhaitais. Ca veut dire que le faisceau est plus gros et que l’ensemble du flux lumineux plus brillant. De plus, les fondus peuvent être ajustés pour faire ressembler ses sources à des sources incandescentes, avec des allumages très doux. Le coût de la machine a aussi été un facteur décisif. Les Wildsun étaient abordables, ce qui était important car il nous en fallait beaucoup.

SLU : Que pensez vous de son zoom: Sa vitesse, son ouverture?

Jeff Ravitz : Les Pan/Tilt sont extrêmement rapides. L’ouverture maximale du zoom du Wildsun, à 45°, produit un flood qui couvre une large zone, en donnant un bain de lumière très doux. Par contre, à 11°, il est extrêmement brillant, serré, et produit un bâton de lumière très puissant. Pendant le show, je change souvent d’ouverture, au besoin, mais je préfère un zoom moyen qui fonctionne pour la plupart des cues.

SLU : Quelle est exactement la mission du Wildsun sur scène?

Jeff Ravitz : Je l’utilise comme une couche de base de couleurs et pour l’ambiance de l’ensemble de la scène. Les Wildsun sont là pour réaliser un étal coloré, très fort et couvrant, que je peux changer rapidement selon les chansons ou les ambiances. Ils forment une douce texture que j’utilise en contrepoint des faisceaux et des poursuites.

SLU : Les utiliseriez vous sur des shows Tv?

Jeff Ravitz : Je pourrais, en effet, car depuis que nos shows sont filmés en HD pour les retransmettre dans les écrans géants, j’ai pu me rendre compte que les Wildsun passaient bien à la caméra.

Et entre les écrans, les poursuites, les Spot, les nouvelles sources à LED et les anciennes lyres Morpheus, sans oublier les strobes qui font aussi leur entrée sur la tournée 2012, ce sont quelque 350 projecteurs qui illuminent la scène de Bercy ce soir.

Et même si parfois on ne reconnait pas vraiment les bâtons des Sharpy ou les faisceaux des Spot, à cause d’un brouillard, certes présent pour la première fois aux côtés du Boss mais encore très discret, ce n’est pas le but recherché par l’éclairagiste.

Jeff Ravitz signe en effet une lumière traditionnelle de rock’n’roll show à l’américaine, multipliant les tableaux avec peu de noirs salle, privilégiant une ambiance constante, très colorée et nuancée, aidé par les superbes couleurs des Wildsun, partie intégrante du spectacle. En nous montrant vraiment l’ensemble des artistes présents sur scène, grâce aux nombreuses découpes et aux VL1100 installés en face et contre, il crée une intimité certaine, accentuée par une température de couleur ambiante très chaude.

Alors oui, on est surpris de ne pas se retrouver avec des faisceaux à gogo et des changements radicaux entre les chansons, mais on reste émerveillé de la cohérence de l’ensemble et de l’intégration des nouvelles sources à LED aux côtés des classiques Spot Vari*Lite et des projecteurs Morpheus que l’on découvre. Les grosses lyres à LED L2D2 sont spectaculaires et les blancs des lyres Ayrton sont une réelle valeur ajoutée dans un design lumière accordant autant d’importance à la justesses des couleurs qu’à celle des variations de blanc.

Nous étions partis voir un grand spectacle, et c’est toute une manière de travailler la lumière, de replacer l’artiste et son public au cœur du show et d’occuper un grand espace tel que Bercy que nous avons découvert, le plaisir en plus. Du vrai Live jouissif et généreux.

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Lyre asservie Wash à LED

AYRTON WILDSUN 500S

AYRTON WILDSUN 500S

Dans la famille des lyres wash Wildsun 500, il y a aujourd’hui trois modèles. Le 500C, premier du nom, RGBW avec un zoom 11°- 45° et un blanc moyen à 4000K est un vrai succès, déjà adopté entre autres dans les parcs de Dushow, de Phase 4 et dans le kit de la tournée Bruce Springsteen avec Morpheus. Il y a aussi le 500S (S comme Stage), RGBW, avec un zoom plus serré 8° – 40° et un blanc plus froid de 6700K pour offrir encore plus de peps aux faisceaux. C’est lui que nous avons choisi d’étudier.

Il y a aussi le K, ultra bright, en lumière blanche, avec sous chaque optique une seule diode blanc chaud (very high power) à 3000K pour le K3, une seule diode blanc froid à 7000K pour le K7 et quatre puces blanches, dont deux à 3000 K et deux à 7000 K pour le KD qui offre une variété de blancs.

PRESENTATION

Nous avons affaire à une machine assez imposante, d’ailleurs pas forcément dans la tendance actuelle. Ici, point de miniaturisation, on pressent que l’accent a été mis sur l’efficacité de l’appareil : une tête volumineuse de fort diamètre, des optiques visiblement surdimensionnées, une large et robuste lyre débordant allègrement de sa base.
Son poids nous indique également que nous sommes face à un engin sérieux : 23 kg. Les plaques d’aluminium et d’acier y sont omniprésentes, ce qui dénote une construction volontairement robuste. Les capots en plastique, particulièrement bien finis, sont également à l’honneur, et on y retrouve les lignes arrondies et le design soigné auquel Ayrton nous a maintenant habitués.

Mais ce qui frappe surtout, passé le premier coup d’œil, c’est cette tête arrondie, présentant à l’avant ses 31 gros yeux cristallins, et cachant à l’arrière un bien curieux système d’ailettes noires au travers desquelles on aperçoit un enchevêtrement de cuivre et d’aluminium… Nous y reviendrons en détail plus tard.

Comme évoqué plus haut, le Wildsun 500S fait partie d’une famille de lyres Wash. Il est en fait une version spéciale du Wildsun 500C, qui a démarré la série. Tout comme son frère jumeau, il dispose d’un zoom et d’un système de mélange de couleurs mixant rouge, vert, bleu et blanc, mais le Wildsun 500S s’en différencie par un zoom X5 notablement plus serré (annoncé de 8° à 40° par le fabricant), mais aussi et surtout par le choix d’une source blanche calibrée à 6700K, au lieu des 4000K de son alter-ego. Un choix semble-t-il préconisé pour un usage scénique (d’où le « S » pour « Stage ») : un zoom plus serré signifie en effet une portée accrue, et le blanc froid est destiné à renforcer l’impression de luminosité du projecteur.

Effet.

Le contrôle séparé des 4 couronnes de LED ajoute des effets à ce wash.

La machine dispose de 3 couronnes de sources LED concentriques plus une LED centrale. Ces 4 éléments sont contrôlables en symbiose ou indépendamment, ce qui ajoute un côté « effets » fort intéressant aux aptitudes de ce projecteur.

Il est doté d’origine d’un système de contrôle sans fil quasi-universel, et son logiciel interne peut être mis à jour si nécessaire au travers de la ligne DMX, via un boîtier dédié.

3 Modes de gestion DMX sont proposés, laissant au choix de l’utilisateur 17, 24 ou 49 canaux DMX pour son contrôle plus ou moins évolué.

Enfin, ce que l’on trouve lors du déballage mérite qu’on s’y attarde : un robuste carton brun de type chaussette protège l’appareil… Et surprise, à l’intérieur, outre les divers accessoires tels que la paire de crochets « Omega », une élingue de sécurité et le manuel d’utilisation en Anglais / Français, on y trouve le projecteur confortablement logé dans une enveloppe noire moulée épousant parfaitement ses formes. Cette mousse de protection, livrée en standard, estampillée du logo Ayrton, est réutilisable et destinée à faciliter la fabrication de flight-cases, tout en offrant une protection optimale à la machine. Une idée lumineuse qui ravira les prestataires.

La mousse d’emballage prévue pour un flight-case

La machine est livrée dans un carton contenant cette mousse amortissante spécialement moulée à la forme de la machine.

flight-case

EXAMEN APPROFONDI

LA TÊTE

Elle regroupe les fonctions essentielles de la machine.
Une épaisse vitre en matière plastique (polycarbonate), logée dans un large capot arrondi, noir, lui aussi en plastique, protège intégralement la sortie de lumière. La conception fermée de cet ensemble place le système optique à l’abri des poussières. 4 vis permettent son retrait aisé, découvrant ainsi la plaque mobile du zoom, qui emprisonne les 31 lentilles visibles depuis l’extérieur de la machine. Trois petits moteurs pas à pas, répartis à 120 degrés, autorisent le déplacement en translation de cette plaque, tandis que 3 guides coulissants garantissent un alignement parfait des lentilles de zoom avec les collimateurs situés en dessous, ceci quelle que soit la position de la plaque. On constate en effet que les lentilles de zoom s’encastrent dans les collimateurs pour former une pièce unique lorsque la plaque de zoom est en position basse (zoom serré). Le fabricant n’a pas lésiné sur les solutions mécaniques permettant d’obtenir de tels ajustements : les guides solides sont réalisés par des cages à billes de précision coulissant le long de tiges calibrées de fort diamètre, tandis que les moteurs sont montés « souples ».

Les guides à bille du zoom

L’un des 3 systèmes de précision qui permettent le guidage en translation du zoom. Répartis à 120 degrés, ils assurent l’alignement des lentilles de zoom par rapport aux collimateurs lors du déplacement. De l’horlogerie !

Les moteurs de Zoom

Ce sont 3 microscopiques moteurs pas à pas qui assurent le déplacement de la plaque de zoom. Leur course est réduite.


Quant aux collimateurs proprement dits, les optiques primaires qui canalisent le faisceau lumineux naturellement large des sources LED, ce sont de pièces hors du commun, des blocs de 45 millimètres de diamètre. Ils sont regroupés et maintenus sur une plaque support usinée d’une seule pièce, laquelle est directement fixée au châssis en aluminium de la tête. Puis enfin, en retirant cette plaque et tous les collimateurs associés, on accède aux 31 LED Osram de type Ostar de forte puissance à 4 couleurs, combinant rouge, vert, bleu et blanc froid au sein d’un même boîtier. Cette machine totalise 124 LED unitaires ou « chip ». Les 31 LED « multi-chip » sont directement soudées sur un unique circuit rond de type MCPCB (Metal Core Printed Circuit Board), dont l’âme est en aluminium (ou matériau approchant), ceci afin de permettre un transfert thermique optimal entre les LED et le système de refroidissement choisi. Car c’est un fait, une LED, ça chauffe ! Et même beaucoup, puisqu’en général c’est près de 75% de la puissance qui lui est injectée qui se transforme en chaleur. Et mieux vaut savoir évacuer cette chaleur si l’on souhaite que la LED dure.

La sortie lumière

4 vis pour retirer le capot avant et la mécanique de la machine se dévoile : 31 systèmes optiques en 2 parties, de dimensions hors du commun (45 mm de diamètre) y sont implantés. Toute la partie frontale est mobile en translation et constitue l’effet Zoom.

Carte LED

La carte (MCPCB) équipée de 31 LED multi chip RGBW Ostar d’Osram.


D’ailleurs, il est temps de passer de l’autre côté de la tête, dédié au système de refroidissement, pour se rendre compte du savoir-faire du fabricant sur ce point.
Le bâti arrière, une pièce ajourée et dotée de nombreuses et larges ailettes, ressemble quelque peu à un saladier. Il est réalisé en fonte d’aluminium peint en noir.

Il constitue une armature protectrice emprisonnant le véritable système de refroidissement constitué d’un empilement de fines lamelles d’aluminium dans lesquelles s’encastrent des tubes en cuivre. Voici le cœur du système de refroidissement : des radiateurs appelés « caloduc » utilisant le principe de transfert de chaleur par tubes et fluides caloporteurs. Trois caloducs de ce type représentant chacun une portion de cercle sur 120°, forment une couronne. Ce système, aujourd’hui largement répandu dans certains produits high-tech (informatique notamment), reste encore très anecdotique dans le domaine de l’éclairage, et fonctionne de la manière suivante : un mélange liquide/gazeux à changement de phase est prisonnier de tubes hermétiques, lesquels sont en contact à l’une de leur extrémité avec la source de chaleur à refroidir (en l’occurrence la carte supportant les LED, elle-même fixée sur une plaque en aluminium épais constituant une semelle). Sous l’action de la chaleur, le mélange confiné dans les tubes devient gazeux et par ce fait « pompe » les calories. Il se disperse dans ces tubes, dont l’autre extrémité est dotée d’ailettes, qui sont ventilées et refroidies par l’unique ventilateur de tête de la machine.

Ventilateur de tête

Un unique ventilateur assure le refroidissement des caloducs, en liaison thermique directe avec les sources LED. Il est isolé du châssis par des « silent-blocks » afin de limiter les vibrations et le bruit.

Ceci provoque le refroidissement du mélange qui redevient partiellement liquide et retourne vers la source de chaleur, et le cycle se reproduit de façon permanente. Ce système, en circuit fermé, ne devrait demander aucun entretien particulier. Le ventilateur, associé aux caloducs, est monté sur des fixations souples afin de ne pas transmettre ses vibrations à la machine et diminuer le bruit.

LA BASE

La base regroupe sur une face le panneau de connectique, doté des classiques embases XLR en 3 et 5 broches pour le DMX IN et OUT, l’interrupteur général, un porte-fusible, et une antenne escamotable destiné au système Wireless DMX de Wireless Solution installé d’origine dans la machine : un raffinement fort utile.

La connectique de l’appareil

L’essentiel y est : Câble d’alimentation secteur en prise directe, connectique DMX In et Out sur embases XLR 3 et 5 broches, interrupteur Marche/Arrêt, porte-fusible, et l’antenne escamotable du système Wireless DMX, bien à l’abri des coups dans son logement.

L’antenne WIreless DMX

L’antenne en position de travail. Elle est articulée, et orientable sur 360 degrés.


Le panneau avant de la base est dédié à l’interface homme/machine. Outre un afficheur graphique LCD couleur du plus bel effet, bien qu’un peu petit (mais le menu de la machine y reste lisible), on découvre 6 touches pour la navigation dans les menus et une touche dédiée à la mise en route de l’afficheur lorsque celui-ci est alimenté par sa batterie…. Car la machine dispose de cet accessoire intégré, pratique lors les paramétrages à la va-vite au sortir du flight-case.
On distingue aussi un minuscule trou pour le micro servant la fonction de déclenchement audio des effets enregistrés.

Le panneau de contrôle de la machine

Très sobre, le panneau regroupe l’afficheur graphique LCD couleur et les boutons de contrôle, en plus du minuscule trou pour le capteur micro et enfin l’indicateur d’état du système Wireless.

2 poignées de transport situées sur la base disposent d’une finition caoutchoutée agréable, et le dessous révèle une plaque où vient se fixer la paire de colliers Omega. Cette plaque peut se retirer, ceci par exemple afin de fixer directement la machine sur un support quelconque au moyen de 4 vis.

La plaque de fixation

Pièce visiblement rajoutée à la lyre, maintenue par 4 grosses vis, elle permet d’y fixer 2 fixations « OMEGA » à ¼ de tour pour crochets standards, et une élingue de sécurité.

L’intérieur montre la carte mère / afficheur, sur laquelle est greffée une petite carte verte : c’est le module OEM de Wireless Solutions. En retrait, on découvre les 4 cartes de « driving » nécessaires au contrôle indépendant des 4 couronnes de LED. Puis au centre est implantée l’alimentation électronique constituée de 2 blocs distincts, logés de part et d’autre de l’axe du PAN. Pas de moteur dans la base, ils sont dans la lyre. Les deux petits ventilateurs sont également montés « souples » pour minimiser la transmission de leurs vibrations au châssis.


L’électronique

La quasi-totalité des cartes électroniques est regroupée dans la base de la machine, et l’accès est aisé. La carte mère intégrant display et boutons est en bas, coiffée par une carte verte qui est le module Wireless DMX. Les 4 cartes du haut sont les drivers des 4 couronnes de sources LED.

L’alimentation

La lyre AYRTON dispose d’une alimentation électronique spécifique, constituée de 2 blocs séparés (au centre de la base).

LA LYRE

Les bras de la lyre sont imposants, et même si leurs capots arrondis adoucissent l’allure générale. Certes, ils ont une tête d’un fort diamètre à supporter.
Mais la largeur inhabituelle s’explique aussi par l’intégration des moteurs pas à pas de PAN et de TILT, un dans chaque bras. Et les moteurs choisis sont visiblement surdimensionnés. Serait-ce le présage de vitesses de déplacement rapides ? Les essais nous le diront… L’entraînement des mouvements s’effectue de manière classique via une courroie crantée et une couronne à forte démultiplication. On trouve également dans un bras une carte de commande moteur pour la fonction Zoom, et dans l’autre bras la carte de commande moteur du PAN et du TILT.

Un bras

Ce bras intègre le moteur de PAN ainsi qu’une carte électronique relativement simple. On notera que les câbles qui vont vers la tête traversent un conduit en téflon pour éviter tout risque d’abrasion lors des rotations répétées.

L’autre bras

Classiquement, on y trouve l’entraînement du TILT par courroie et roues crantées à forte démultiplication, commandé par un moteur logé en retrait, et une carte électronique pour la gestion de la fonction zoom.

Verrouillage du TILT

Le très discret système de verrouillage du TILT, un petit loquet rotatif qui permet de bloquer la tête de la machine dans une multitude de positions.

LES ESSAIS

Les essais sont effectués selon notre protocole de test : pièce noire, climatisée, projection sur cible blanche graduée de diamètre total 5 mètres, distance de projection 5 mètres.

Mesures de Flux

I Faisceau Serré

A 5 mètres, intégration par couronnes de 10 cm
Toutes les mesures d’éclairement sont effectuées à chaud (après derating)

MESURE SUR 2 AXES (à 5 mètres) – Eclairement en lux à chaud
 GaucheHautDroitBasEclairement moyen par couronne à 5m (lux)
Centre84508450
couronne 181207960802080708043
couronne 271007050710072607128
couronne 359205650578056805758
couronne 444404140428042504278
couronne 531002910305029403000
couronne 620501870199918401940
couronne 712601190127011701223
couronne 8769736807712756

Mesures à I/2 (Eclairement au centre/2)
Diamètre du faisceau : 0,81 m
Angle correspondant : 9,26°
Eclairement au centre à l’allumage : 9126 lux
Eclairement au centre à chaud : 8450 lux
Flux à l’allumage : 3917 lm
Flux à chaud : 3627 lm

Mesure à I/10 (Eclairement au centre/10)
Diamètre du faisceau : 1,56 m
Angle correspondant : 17,68 °
Eclairement au centre à l’allumage : 9126 lux
Eclairement au centre à chaud : 8450 lux
Flux à l’allumage : 6727 lm
Flux à chaud : 6229 lm

Profil du faisceau serré
Profil du faisceau serré

II Faisceau Large

A 5 mètres, intégration par couronnes de 10 cm

MESURE SUR 1 AXES (à 5 mètres) – Eclairement en lux à chaud
 GaucheHautDroitBasEclairement moyen par couronne à 5m (lux)
Centre400400
couronne 1398398398398398
couronne 2396396396396396
couronne 3393393393393393
couronne 4390390390390390
couronne 5389389389389389
couronne 6386386386386386
couronne 7384384384384384
couronne 8383383383383383
couronne 9382382382382382
couronne 10377377377377377
couronne 11373373373373373
couronne 12365365365365365
couronne 13348348348348348
couronne 14324324324324324
couronne 15313313313313313
couronne 16293293293293293
couronne 17275275275275275
couronne 18257257257257257
couronne 19234234234234234
couronne 20213213213213213
couronne 21192192192192192
couronne 22174174174174174
couronne 23162162162162162
couronne 24147147147147147
couronne 25130130130130130
couronne 26120120120120120
couronne 27113113113113113
couronne 289090909090
couronne 298585858585
couronne 308484848484
couronne 317878787878
couronne 327373737373
couronne 336464646464
couronne 345555555555
couronne 354747474747
couronne 364040404040

Mesure à I/2 (Eclairement au centre/2)
Diamètre du faisceau : 4,10 m
Angle correspondant : 44,58°
Eclairement au centre à l’allumage : 432 lux
Eclairement au centre à chaud : 400 lux
Flux à l’allumage : 4760 lm
Flux à chaud : 4408 lm

Mesure à I/10 (Eclairement au centre/10)
Diamètre du faisceau : 7,2 m
Angle correspondant : 71,51°
Eclairement au centre à l’allumage : 432 lux
Eclairement au centre à chaud : 400 lux
Flux à l’allumage : 7463 lm
Flux à chaud : 6911 lm

Profil du faisceau large
Profil du faisceau large

En zoom serré, l’angle à i/2 est mesuré à 9,2°, soit un peu plus que la donnée constructeur (8°). Le faisceau émis est alors particulièrement intense et défini.
En zoom large, l’angle à i/2 atteint 44°, ce qui est au dessus de la valeur du fabricant.
L’homogénéité du faisceau est très bonne, ceci quelle que soit la position de zoom choisie.

La luminosité du projecteur est remarquable en regard de sa relative faible consommation (inférieure à 500 watts). Le système optique de la machine bénéficie visiblement d’un excellent rendement, car un zoom est habituellement très consommateur de flux. La notion de « Green Power » prend donc ici tout son sens.

Comme toute source à LED, avec le temps la température des sources s’échauffe, et il faut s’attendre à une baisse de luminosité (qu’on appelle le « Derating »). Le Wildsun 500S, laissé avec toutes ses sources allumées à 100%, s’est rapidement stabilisé, montrant une baisse de luminosité de moins de 8%, ce qui est un très bon point : un gage de stabilité de la luminosité dans la durée.

Derating

Couleurs et mélanges

Le projecteur, doté de sources à LED, bénéficie par nature d’une trichromie additive RVB, associée à une source blanche. Par rapport à une source de luminosité équivalente de type lampe à décharge conventionnelle associée à une trichromie soustractive CMY, certaines couleurs primaires ou combinées seront donc plus lumineuses, c’est le cas notamment du Vert, du Bleu, du Magenta et du Cyan. Dans la pratique, cette notion se vérifie avec des luminosités mesurées de respectivement 42%, 4,6%, 16% et 47% de la lumière totale émise par le projecteur (toutes les sources RVB + blanc allumées).

COULEUREclairement (Lux)Pourcentage relatif
ROUGE seul (R)93011,01
VERT seul (G)362042,84
BLEU seul (B)3904,62
BLANC CHAUD seul (WW)00,00
BLANC FROID seul (CW)473055,98
AMBRE seul (A)00,00
JAUNE (ou Rouge + Vert) (Y)458054,20
MAGENTA (ou Rouge + Bleu) (M)141016,69
CYAN (ou Vert + Bleu) (C)404047,81
R+G+B seulement490057,99
TOUS (R+G+B+W+etc…)8450100

Le rouge est profond (625-632 nm), le vert intense (521-527 nm), le bleu relativement sombre (449-453 nm) mais reste lumineux (données récoltées auprès du fabricant, issues de la Data Sheet OSRAM). Quant au blanc, il offre à lui seul la puissance nécessaire à bien des applications d’éclairage.
D’ailleurs, le choix du blanc froid en 6700K comme 4e source est propre au Wildsun 500S. S’il il privilégie l’impression de puissance lumineuse ressentie par l’œil humain, c’est peut-être au détriment de l’obtention d’une palette de couleurs très riche en teintes chaudes et ambrées.

L’effet indésirable « multi-ombres » généré par le faisceau d’un projecteur doté de sources multiples est ici logiquement présent, bien que peu marqué.

La qualité du mélange de couleurs est très bonne, les couleurs sont uniformes et n’ont aucune tendance à varier sur la périphérie du faisceau. La palette de couleurs que l’on peut obtenir est très riche, et l’ajout du blanc permet d’obtenir les teintes pastelles les plus subtiles.

Effets

Le dimmer est progressif (voir sa courbe de réponse). Il est très bon sur les niveaux bas, sans aucun effet de paliers visible (Il est contrôlé en mode 16 bits).

Variation du dimmer

La fonction « Strobe » annonce une cadence maximale de 25 Hz (normal, car la fonction est gérée uniquement par électronique). Elle dispose d’effets de flashes par rafales.

Le contrôle indépendant des couronnes de LED (3 anneaux concentriques + la LED centrale) élargit le domaine d’application de la machine. Il est par exemple possible de travailler des faisceaux bicolores, voir même de n’utiliser que la LED centrale pour effectuer du calage discret « à vue ».

Des canaux de contrôle sont dédiés à l’animation de ces couronnes de LED, offrant le choix parmi plusieurs chenillards dont il est possible de régler la vitesse et le fondu enchaîné. Un « dimmer d’effets » permet même de mixer les couleurs fixes réglées à la trichromie et les effets dynamiques ou les « presets » de couleurs préprogrammés.
Car la machine dispose également d’une roue de couleurs «virtuelle », regroupant différentes températures de couleurs de blanc, plus une poignée de couleurs spécifiques, pour enfin proposer des combinaisons bicolores ne faisant intervenir que certaines couronnes de LED. Ceci dit, sur notre modèle d’essai, les températures de couleur des blancs n’avaient pas encore été calibrées, et les couleurs préenregistrées n’ont pas de correspondance annoncée avec les références des filtres Rosco ou Lee.
Un canal DMX spécifique gère une variation dynamique de la couleur en fondu enchaîné, dont la vitesse de défilement est variable.

Zoom: les impressions

Nos mesures révèlent une amplitude de zoom variant de 9,2° à 44° (angle mesuré à i/2), soit un bon rapport 5X. Le faisceau serré est très intense, bien défini et ne bave pas. L’angle large affiche plus de 70° si l’on retient sa valeur à i/10, seuil considéré comme la limite « naturelle » de perception visuelle du faisceau. Dans cette configuration, la courbe d’intensité est en pente douce avec un léger plateau central. Il est facile dans ce cas de napper de couleur assez uniformément une grande zone, même à faible distance de projection.

A noter que les effets que procurent le contrôle séparé des couronnes de LED sont surtout efficaces visuellement en zoom serré, car en position zoom large la lumière émise par une couronne de LED a tendance à « baver » dans les optiques de la couronne voisine si celle-ci est éteinte, ce qui peut nuire à l’effet recherché si on regarde la machine de face plutôt que son faisceau projeté.

Quant à la vitesse de déplacement du zoom, elle est réglable sur la machine via son menu (mais pas via DMX). Sur l’échantillon testé, une présérie, le zoom met au mieux 2,1s pour son excursion totale (contre 3,2s pour sa vitesse lente). Le fabricant nous indique que sur la série définitive, c’est la vitesse de zoom du K7 qui sera appliquée, soit une excursion totale en 0,9 s pour la vitesse rapide, (la vitesse lente restant à 3,2 s), ce qui devrait permettre des effets de pompage étonnants.

Déplacements et Bruits : les impressions

Les déplacements Pan et Tilt sont vifs et précis, on apprécie le choix des moteurs « généreux ». Les temps de réaction sont quasi-immédiats.

La vitesse de PAN/TILT est réglable sur la machine via son menu (4 vitesses). Ces réglages influent principalement sur les amortissements en fin de course. La vitesse aller/retour du PAN sur 360° varie de 2,3s à 3,4s, tandis que celle du Tilt pour un aller/retour sur 180° varie de 2,3s à 3,6s : de très bons résultats.

En ce qui concerne les déplacements lents, comme les diagonales, le projecteur s’en sort honorablement, le résultat est bon.

Au niveau du bruit, la machine nous a étonnés : elle est particulièrement silencieuse. Elle dispose de plusieurs Modes de gestion de ses ventilateurs, mais en usage courant le mode « Auto » remplit parfaitement sa mission : le seuil maximum atteint en déplacement, mesuré à 1 mètre, n’est que de 41dB, ceci pour 33,1dB ambiant. Et lorsque la machine s’immobilise, LED allumées, le bruit descend à 39,5dB, pour finalement tomber à 36dB peu après que les LED s’éteignent (le ventilateur de tête s’arrête alors). Finalement, lorsqu’on colle l’oreille à la machine, ce sont les ventilateurs de la base que l’on entend faiblement, car dans toutes les situations testées, le ventilateur de tête reste quasiment inaudible. Aucune fréquence audible gênante n’a été remarquée. L’isolation vibratoire des ventilateurs est réussie sur cette machine.

Mesures Générales
Température la plus chaude sur le projecteur66 °C entre les ailettes du châssis de la tête (mesuré à 21°C ambiant)
Bruit ambiant33,1 dB
Bruit machine en route @1m36 dB machine en veille (LEDs éteintes) – 39,5 dB avec LEDs allumées (ventilation active)
Bruit en fonctionnement au plus bruyant @1m41dB
Consommation (Phase 230 volts)NC
Vitesses & Temps
Durée du Reset complet (OFF/ON)42 sec
Durée du réamorçage de la lampe (OFF/ON)Allumage/Extinction instantanée des sources LED
Déplacements rapides
Pan 360°de 2,3 sec (mode vitesse « Speed 1″) à 3,4 sec (mode vitesse « Speed 4″)
Tilt 180°de 1 sec (mode vitesse « Speed 1″) à 1,6 sec (mode vitesse « Speed 4″)
Aller/Retour Pan 360°de 4,2 sec (mode vitesse « Speed 1″) à 7,2 sec (mode vitesse « Speed 4″)
Aller/Retour Tilt 180°de 2,3 sec (mode vitesse « Speed 1″) à 3,6 sec (mode vitesse « Speed 4″)
Déplacements lents
Fluidité du Pan et Tilttrès bon, 4 sur 5

CONCLUSION

Le Wildsun 500S est une machine atypique au premier regard, qui brille par sa qualité de réalisation et sa technicité. Ses multiples modes d’utilisation, associés à ses banques d’effets internes, le rendent facilement accessible et efficace quelles que soient les conditions d’utilisation. Son design spécifique et sa tête bardée de multiples gros yeux lui procurent une réelle signature visuelle : il est immédiatement reconnaissable sur une scène ou un plateau. Son efficacité, tant au niveau du zoom qu’au niveau de sa luminosité ou encore de la qualité du mélange des couleurs, fait de cette machine une lyre Wash de tout premier choix dans sa gamme de puissance. Bienvenue dans le cercle prisé des nouveaux projecteurs incontournables ! Un beau retour en force d’AYRTON sur ce type de projecteurs.

Caractéristiques générales
Longueur305 mm (profondeur base)
Largeur446 mm (largeur lyre)
Hauteur544 mm (tête inclinée à 90°)
Poids22,8 Kg (donnée fabricant)
Contrôlevia protocole DMX512 -système Wireless DMX intégré
Nombre de canaux DMX et Modes DMX17 (mode Basic) / 24 (Mode Standard) / 49 (Mode Etendu)
Type de lampe – T° K – Durée de vie31 sources LED à 4 couleurs (rouge, vert, bleu et blanc 6700K) de type Ostar Osram
Système optiqueCollimateur primaire + lentille de zoom mobile, en 31 groupes
Accès à la têtevia 1 capot amovible, doté de 4 vis
Accès aux bras6 vis par capot
Accès à la base1 face avant (4 vis) + 1 face arrière (4 vis) + 2 plaques métalliques (8 vis)
Accès aux effetsFacile, le seul effet mécanique est le zoom
Nombre de moteurs5 moteurs pas à pas
Connectique2x XLR 5 + 2x XLR 3
Panneau de contrôleAfficheur LCD graphique couleur + 7 boutons
Version logicielle du modèle d’essaiV 1.2
Mise à jour logicielleOUI, via liaison DMX filaire
Fixation des crochets2 fixations rapides 1/4 de tour type Oméga amovibles
Blocage PAN et TILTOUI, 2 positions sur PAN (intervalle 180°) et 7 positions sur TILT (intervalle 45°)
Poignée(s) de transport2 sur la base
Point de fixation pour élingue de sécuritéOUI, sous la base
Fonctions
Pan et TiltPAN 540° – TILT 270°
Zoom8° à 40° linéaire
Dimmer / ShutterOUI, contrôle électronique du dimmer sur 8 ou 16 bits – strobe jusqu’à 25 flashs/sec
CouleursQuadrichromie additive R+G+B+CW et roue de couleurs virtuelle
Paramètres de vitesses2 vitesses de zoom, 4 vitesses de Pan/Tilt, 1 canal DMX de vitesse/mode de déplacement
FONCTION du canal DMX
Canal DMXMode BASIC (17 canaux)Mode STANDARD (24 canaux)Mode EXTENDED (49 canaux)1PANPANPAN2TILTPAN FINPAN FIN3VITESSE PAN/TILTTILTTILT4ROUGE GénéralTILT FINTILT FIN5VERT GénéralVITESSE PAN/TILTVITESSE PAN/TILT6Bleu GénéralROUGE GénéralSHUTTER STROBE7BLANC GénéralROUGE Général FINDIMMER Général8SHUTTER STROBEVERT GénéralDIMMER Général FIN9DIMMER GénéralVERT Général FINMACRO de COULEURS10MACRO de COULEURSBLEU GénéralPRESETS de COULEURS11PRESETS de COULEURSBLEU Général FINDIMMER pour Presets Couleurs12DIMMER pour Presets CouleursBLANC GénéralCHASE PATTERNS13CHASE PATTERNSBLANC Général FINCHASE SPEED14CHASE SPEEDSHUTTER STROBECHASE FADE15CHASE FADEDIMMER GénéralZOOM16ZOOMDIMMER Général FINZOOM FIN17RESET + Programmes InternesMACRO de COULEURSROUGE – Anneau 118 PRESETS de COULEURSROUGE – Anneau 1 -FIN19 DIMMER pour Presets CouleursVERT – Anneau 120 CHASE PATTERNSVERT – Anneau 1 – FIN21 CHASE SPEEDBLEU – Anneau 122 CHASE FADEBLEU – Anneau 1 – FIN23 ZOOMBLANC – Anneau 124 RESET + Programmes internesBLANC- Anneau 1 – FIN25  ROUGE – Anneau 226  ROUGE – Anneau 2 -FIN27  VERT – Anneau 228  VERT – Anneau 2 – FIN29  BLEU – Anneau 230  BLEU – Anneau 2 – FIN31  BLANC – Anneau 232  BLANC- Anneau 2 – FIN33  ROUGE – Anneau 334  ROUGE – Anneau 3 -FIN35  VERT – Anneau 336  VERT – Anneau 3 – FIN37  BLEU – Anneau 338  BLEU – Anneau 3 – FIN39  BLANC – Anneau 340  BLANC- Anneau 3 – FIN41  ROUGE – Anneau 442  ROUGE – Anneau 4 -FIN43  VERT – Anneau 444  VERT – Anneau 4 – FIN45  BLEU – Anneau 446  BLEU – Anneau 4 – FIN47  BLANC – Anneau 448  BLANC- Anneau 4 – FIN49  RESET + Programmes Internes

 

Ne m’appelez plus jamais Digiiii…

Tom Petty tour 2012

Tom Petty

Vétéran, réputé, et ayant derrière lui une carrière riche de collaborations tant artistiques, pédagogiques que techniques avec de nombreuses marques, Robert Scovill a été de toutes les étapes de la création du système Venue. Malgré un planning éparpillé par petits bouts façon puzzle à cause du Grand Rex, il a pris le temps de répondre à toutes nos questions sur sa configuration Avid ou le reste de l’infrastructure technique de la tournée.

Je connais peu de techniciens capables de lancer à un groupe d’observateurs invités : «Bon, on doit être en retard d’une bonne heure mais n’hésitez pas à m’interrompre pendant le calage si vous me voyez faire quelque chose d’étrange (Eh blaireau, mais pourquoi tu fais ça?) je me ferai un plaisir de vous répondre !”

Robert Scovill en pleine explication de sa configuration Avid

Robert Scovill en pleine explication de sa configuration Avid devant un auditoire composé d’une vingtaine de professionnels invités pour l’occasion.

Robert Scovill choisit l’endorsement par passion

SLU : Pourquoi avoir si souvent travaillé avec des marques…

Robert Scovill (RS) : Ce n’était pas vraiment voulu, on m’a souvent demandé de collaborer à l’élaboration de produits en tant que consultant, et comme j’aime ça je l’ai fait mais en respectant des règles comme utiliser vraiment ces dernières et ne pas y associer directement mon nom.

SLU : C’est ce que l’on appelle chez les musiciens de l’endorsement…

RS : C’est exact, et quand j’ai commencé, on n’était pas très nombreux à le faire, je pense juste à Mike Frandelli. J’ai été le premier à devenir partenaire de marques de micros, dont par exemple Neumann qui était intéressé par mon parcours mêlant studio et live au moment où cette société a décidé d’investir la scène.

La Régie façade

La Régie façade avec de dos Robert Scovill et son ingé système en plein design des points de diffusion spécifiques au lieu. On distingue deux micros Earthworks montés au bout d’un émetteur HM Lectrosonics et perchés en haut d’un pied droit. Enfin comme le rack à gauche l’indique, c’est la société californienne Sound Image qui fournit le matériel pour ce long Mojo Tour débuté en 2010 et pour l’occasion le prestataire d’Escondido a acquis pas moins de 48 K1, 36 Kudo, 24 K1-SB et 24 SB28 !!

Robert Scovill et son assistant

Robert Scovill et à sa droite son assitant et ingé système Jim Brentlinger


Le Telefunken M80 dévolu à Tom Petty

Le Telefunken M80 dévolu à Tom Petty, un micro que l’on ne va pas tarder à écouter de près à SLU.

SLU : Tu utilises encore leurs micros…

RS : On vient juste de changer de micro chant pour Tom (Petty, leader du groupe homonyme NDR) J’ai basculé vers le Telefunken M80. On a utilisé le Neumann KMS 150 pendant plus de 15 ans mais j’ai préféré revenir à un modèle dynamique. Je suis pour le reste assez old school en ce qui concerne le repiquage, et comme en plus le groupe a certaines préférences et habitudes sonores, je reste fidèle à des valeurs sûres comme le SM57 dont le rendu est connu de tous et figure sur d’innombrables enregistrements. J’ajouterai que les micros dynamiques ont fait d’énormes progrès et sonnent réellement comme des statiques avec une sensibilité très élevée tout en gardant une réponse polaire très serrée. Si à l’époque on avait choisi des statiques pour Tom c’était à cause de son volume de chant assez faible, il nous fallait donc un micro qui ait du niveau et de la définition. Le problème est qu’on repique très large, trop, et que sur scène, même si le niveau a bien baissé, ça reste encore très bruyant. On a donc testé plein de modèles avant d’arrêter notre choix sur deux, le Heil PR22 et le Telefunken M80 qui nous ont convaincus. On a failli tirer au sort pour les départager. La relative douceur dans les 3-4 kHz du M80 a fait la différence car la voix de Tom peut justement être un peu dure dans cette partie du spectre.

En 97, il découvre les consoles numériques et les problèmes de latence

SLU : Quand as-tu pour la première fois mis les mains dans une table numérique sur scène ?

RS : La première console numérique que j’ai employée a été une PM1D, et c’est en pensant à cette table que j’ai conçu une diffusion en 5.1 pour le groupe Rush, je crois en 1997. Ces premières expériences en numérique m’ont vite permis de voir que je ne pouvais pas faire ce que je voulais comme avec une analogique. Et c’est lors de mes premières collaborations avec Digidesign dans la conception d’une console de scène que j’ai compris que ce qui me gênait sur la PM1D comme sur d’autres numériques : la non compensation des délais engendrés par le traitement du son. Grâce à l’architecture de ProTools, il allait être possible sur la Venue d’aligner des effets sans risques, une fonction essentielle à mes yeux. Après la PM1D j’ai essayé la D5 Digico avant de constater que le problème restait le même.

SLU : Quelle table analogique utilisais-tu à cette époque ?

RS : La Paragon d’ATI, j’ai collaboré avec cette marque. Les quatre principales consoles analogiques avec lesquelles j’ai mixé jusqu’à présent ont été la Série 4 Soundcraft, la Gamble EX56, pendant longtemps l’XL4 Midas et enfin la Paragon. A partir de 2005 j’ai basculé sur Venue.

SLU : Seulement en 2005 ? Tu es très sensible à la phase…

RS : Absolument. La gestion de la phase est pour moi essentielle, et en dehors d’une analogique je ne voyais pas quelle numérique aurait pu me satisfaire, sans oublier qu’elles ne sonnaient pas très bien à leurs débuts.

SLU : Qu’est-ce qui posait problème au niveau du son selon toi ?

RS : Essentiellement la combinaison préampli et convertisseur et bien sûr l’architecture des bus de mixage. Je n’étais pas fan non plus des effets internes qui n’étaient pas très bons. Le sacrifice sonore dépassait les avantages.

SLU : Sans parler de la fiabilité toute relative d’un ordinateur comparé à une analogique.

RS : C’est un point intéressant. Je trouve que globalement les consoles numériques sont fiables, mais ça ne veut pas pour autant dire qu’on peut leur faire confiance (rires NDC) On a tous eu droit à l’ordinateur qui marche parfaitement toute la journée, le soir venu on l’éteint, on le rallume le lendemain et… non, il ne se rallume pas. Mystère. On va dire qu’un ordinateur par essence est fiable mais imprévisible. Je me souviens lors de mes premiers séminaires Venue d’avoir demandé de ne pas être obligé d’affirmer que nos produits ne plantent jamais car cela est un mensonge et aurait été reçu comme tel. En revanche, c’est vrai qu’on a beaucoup travaillé la manière dont on gère et sort d’un crash sur les produits Venue. Je peux affirmer que nous sommes les meilleurs en cas de plantage car il est possible de continuer le show et redémarrer sans difficulté et coupures audio, et surtout on peut réellement agir sur la table sans attendre que l’ordinateur soit à nouveau opérationnel. Pour simplifier, nous avons gardé dans le DSP de la console un certain nombre de fonctions vitales ce qui fait que l’on ne les perd pas en cas de crash.

Une vue de la salle

Une vue de la salle au décor si caractéristique et ses balcons. On distingue clairement à droite le stack de trois K1-SB surplombé par trois K1 dont la boîte du bas est piquée pour couvrir les premiers sièges. Ouille…

Partisan du tout numérique
Et contre l’inflation en traitements externes

SLU : Comment ça se fait que contrairement à bon nombre de tes confrères français tu n’as pas exploré le numérique plus tôt en adaptant et « améliorant » des produits basiques comme des 02R…

RS : Je fais partie des gens qui croient dans les produits et surtout qui s’en servent à fond de leurs possibilités et de la manière dont ils ont été conçus. Je n’ai pas besoin de les réinventer pour en tirer la quintessence. Plus je respecte la philosophie de chaque produit, mieux il me servira. Par exemple, une fois converti un signal, il doit rester numérique jusqu’au bout de la chaîne.

SLU : Tout à fait d’accord. En France on a tendance à dire qu’on perd plus qu’on ne gagne à faire un aller-retour juste pour un périphérique.

RS : C’est une bonne façon de voir les choses ! Il ne faut pas aussi trop mélanger le monde du studio et de la scène. En studio on se trouve dans un seul endroit, on a du temps devant soi et surtout la possibilité de créer et profiter de configurations complexes. Sur la route il faut faire simple et pratique. Jamais il ne me viendrait à l’esprit de sortir une configuration du studio pour tourner avec chaque jour. Il m’arrive encore aujourd’hui d’avoir du mal à appréhender les régies techniques de certains confrères tellement elles sont complexes. Certains ingés son continuent à ne penser qu’analogique, or ce ne sont pas les mêmes outils, on ne s’en sert pas de la même manière. Je te donne un exemple. En analogique quand on enregistre, on recherche tout le temps le haut du spectre, la brillance et les harmoniques de chaque son car on sait que lors du passage sur bande, on va en perdre une partie. En numérique c’est exactement le contraire. On recherche l’épaisseur, le gras, la chaleur avant d’enregistrer afin d’éviter de devoir après coup recréer ce que nous aimons tant. C’est une autre façon de penser. Il y a aussi quelque chose qui échappe encore à certains confrères. En studio on fait deux choses bien distinctes : les prises et le mixage. Souvent ce n’est pas le même matériel, la même personne qui opère et cela ne se passe pas nécessairement au même endroit. Sur scène, ces deux phases bien distinctes ne font qu’une, il faut donc une grosse quantité de ressources intellectuelles et matérielles ce qui a conduit durant une quinzaine d’années à une incroyable inflation dans le nombre de périphériques avec bien souvent des configurations dont peu de studios peuvent se prévaloir. Revers de la médaille, le poids, l’encombrement et la difficulté de maintenir le tout en parfait état de marche. Pour moi le numérique doit éviter tout ça. J’ai souvenir d’avoir passé des semaines entières à concevoir, mettre sur plan et câbler des configurations analogiques qui en finissaient plus. De nos jours c’est fini. Je dispose de tout ce dont j’ai besoin dans la boîte.

Le boulevard Poissonnière à Paris

Le boulevard Poissonnière à Paris bloqué par les semis de Tom Petty manœuvrant pour venir à tour de rôle vider leur contenu face à l’accès de la salle. Et le temps file….

SLU : OK, je connais l’argument, mais commodité, légèreté et puissance mises à part, et sans même parler spécifiquement Venue, penses-tu disposer d’un rendu aussi bon qu’avec les configurations d’antan ?

RS : Suffisamment proche oui. J’accepte sans problème de sacrifier 10%, même 15% de qualité audio sur l’autel de la praticité.

SLU : D’accord, mais les systèmes de diffusion sont de mieux en mieux. Ne penses-tu pas qu’on risque d’entendre ce sacrifice ? Quand tu as tout bon partout, micros, instruments, groupe, diffusion, ce n’est pas tentant de chercher à gagner aussi ces derniers pourcents de qualité ?

RS : Toutes les consoles ont assez de résolution pour ne pas jouer le rôle du maillon faible, mais tu oublies quelque chose d’essentiel. Ce n’est pas tout d’avoir tout bon si tu ne sais pas mixer ou ne disposes pas des outils qui te permettent de vraiment faire un mixage produit, celui que toi, ton artiste et le public recherchez. Venue me donne plus d’outils que toute autre table. Les meilleurs en quantité et en qualité. Je connais plein de gens qui disent que Venue ne sonne pas bien et notamment que les préamplis ne sont pas bons ou en tous cas qu’ils manquent de caractère. Mais je ne veux pas qu’ils en aient ! Je veux qu’ils soient transparents et capables de prendre n’importe quelle couleur. Je peux faire sonner Venue comme une XL4, je ne pourrai jamais faire d’une XL4 une console linéaire et sans son légendaire contenu harmonique. Je peux faire sonner une console digitale plus analogique qu’une analogique, l’inverse n’est pas vrai. Ecoute ce soir lors du concert, et tu me diras si tu trouves que le son manque de caractère. Dans ma carrière, j’ai utilisé nombre de tables, et je sais ce que je recherche et ce vers quoi je veux aller.

SLU : Penses-tu malgré tout qu’étant immergé autant dans une marque, tu gardes assez de recul et de hauteur pour pouvoir juger sereinement ?

RS : C’est certain que vu mon rôle et mon passé chez Avid, personne ne me croit sur parole !

SLU : Une Vi6 avec, par exemple, un ordinateur et un Virtual Rack insérés, peut faire la même chose qu’une Venue…

RS : Sans problème, simplement je ne pense pas que ce soit une solution fiable car il n’y a pas de redondance des effets, et si tu perds l’ordinateur, ton show va être tout de suite moins bon et puis on en revient au problème de temps de calcul et donc de latence qui ne sera pas compensée.

Robert Scovill avec à sa droite Bruno Dabard d’Algam.

Robert Scovill avec à sa droite Bruno Dabard d’Algam.

SLU : Tu es donc assez loin de la philosophie d’un Yves Jaget qui depuis toujours invente des configurations originales et qui pour le dernier tour de Zazie a carrément construit des racks entiers de préamplis, égaliseurs et compresseurs d’époque.

RS : Je connais Yves mais je m’interroge. A ton avis, le public a-t’il apprécié le rendu en salle dont tu me parles ? C’était un show pour les ingés son ou pour les spectateurs ? Je ne voudrais pas qu’on interprète mal mes propos. Malgré le risque et la complexité de ce style de configuration, j’adore l’esprit créatif et entrepreneurial que cela implique mais tu ne peux pas te servir de ces exemples extrêmes comme argument pour invalider les consoles existantes. Elles sont toujours là et font un très bon boulot. Ton argument reviendrait à dire que comme Ferrari existe, aucune autre marque de voiture ne devrait rouler…

SLU : Non, je ne vois pas cela comme ça mais je pense que certains ingés son font avancer les constructeurs par leur exigence, et puis ils ont cette touche de folie qui fait leur charme.

RS : J’ai la même mais dans d’autres cas de figure que la scène ou alors uniquement si cela bénéficie au show. Et puis il y a aussi un argument difficile à contrer. Si je vais chez le prestataire choisi pour la tournée, et que je demande une Venue mais aussi 96 préamplis Neve, des égaliseurs externes et j’en passe, le chargé d’affaires me dira « pas de problème, on va vous trouver ça » ! Tu crois que, quand le devis arrivera sur le bureau de Tom Petty, on aura ces périphériques ?
Plus prosaïquement, si je fais dépenser admettons 10 000$ de location en plus par semaine, et que le show dure un an, ça va faire un demi-million de dollars de moins dans les poches de l’artiste ! J’ai intérêt à trouver quelque chose qui sonne VRAIMENT bien !! (rires NDC). J’ai des comptes à rendre, Yves (Jaget NDR) sans doute pas. Dans la vraie vie, il faut respecter certains équilibres. Est-ce que pour autant j’aimerais avoir ce type de configurations ? Mille fois oui mais qui va me les payer… Yves Jaget, c’est lui l’artiste ! Prends l’exemple de la Midas XL8. Elle a été conçue pour offrir le meilleur son et les possibilités les plus étendues, sans limites d’aucune sorte y compris de prix de vente. Elle a été spécifiée par des techniciens, achetée par des prestataires et ces derniers ont presque quadruplé son prix de location. Qu’ont dit les artistes et les tourneurs ? « Pourquoi paie-t-on quatre fois le prix habituel pour une table ? » Bref, tout le monde la veut, mais qui peut se l’offrir ?

Echange une 48 canaux/96 kHz contre une 96 canaux/48 kHz !

SLU : L’avantage de Midas réside dans sa puissance et sa fréquence d’échantillonnage de 96kHz…

RS : Je ne suis pas d’accord, dès lors que tu tournes en 96 tu perds des ressources.

SLU : Dans le cas de cette marque, le 96 kHz est prévu en standard sur toute la gamme.

RS : 96 kHz est intéressant en tant qu’option. Je préfère avoir 96 canaux à 48 que 48 à 96 ! A part Midas, les autres marques à leurs débuts ont aussi souffert du problème 48/96 à cause de la liaison entre le stage rack et la table qui, en 96kHz, était plus court de moitié. Une fois encore, je préfère avoir des préamplis déportés en 48, que du 96 avec les préamplis à mes pieds et donc un vieux multipaire analogique pour me remonter les signaux ! Ce que tu gagnes d’un côté, tu le manges de l’autre. On aurait pu faire marcher Venue en 96kHz mais notre liaison coaxiale aurait été limitée à 80 mètres, autant dire que personne n’en aurait voulu. Depuis qu’on dispose de la fibre, tout est résolu.

SLU : Je comprends pourquoi ils t’aiment chez Avid. Tu as réponse à tout !

RS : (rires NDR) Je ne sais pas si elles sont toutes bonnes mes réponses, mais elles existent !

SLU : Comment tu te situes professionnellement. Un cerveau qui pense mono marque, un ingé son endorsé mais libre de faire ce qu’il veut, un employé d’Avid qui fait une tournée de temps en temps…

RS : Un peu de tout ça mais avant tout un ingé son qui, en continuant à mixer, garde l’esprit ouvert et cherche des solutions aux challenges qu’il rencontre afin que Venue évolue constamment.

Un Plug in sonne-t’il comme l’original ?

SLU : Oui mais peux-tu être aussi efficace que des ingés son qui mixent sur toutes les marques et donc ont plus de références à l’esprit…

RS : Je ne peux travailler qu’avec Venue, c’est évident, car utiliser une autre marque c’est la promotionner, et tu te doutes bien qu’on ne va pas apprécier chez Avid. C’est une limitation liée à mon poste, et je l’accepte mais à côté de ça j’ai mon propre studio qui est plein de matériel d’autres marques, et cela m’est utile pour garder de la hauteur et du recul. En privé je fais ce que je veux. Quand nous avons défini le modèle de préamplificateur équipant Venue, j’ai dû écouter 150 circuits et modèles différents pour arrêter un choix qui soit le plus neutre possible. Si je devais citer une marque, je dirais qu’on est proche du Grace en termes de réponse, de couleur et de qualité. Maintenant parle autour de toi des préamplis micro Grace, tu verras que peu d’ingés son les apprécient car ils sont transparents comme de l’eau de roche et n’apportent rien au son. C’est pourtant exactement ce que nous voulions, laisser le choix de la couleur à chaque utilisateur, ne pas leur imposer. Nous voulons à terme émuler Neve, API, Midas, SSL et tous les autres, et pour ça on doit partir d’un son le plus pur possible.

Tom Petty


SLU : On reste dans l’émulation, …

RS : C’est vrai, mais tu penses que SSL mettrait en péril son nom si les plugs étaient mauvais ?

SLU : SSL est comme toutes les marques, elle préfère vendre 100 plugs qu’un vrai rack. Ca rapporte plus, et puis, crise aidant, les périphériques plus personne n’en veut !

RS : Enfin dis-toi bien que si un plug sonnait comme l’original, plus personne n’achèterait l’original ! L’émulation ne te donne pas 100% mais, pour les quelques pourcents que tu laisses en route, tu économises du poids, de l’argent et des maux de tête. C’est une décision qui s’impose d’elle-même, sans oublier que dans une salle moyenne, Venue prend moins de place, donc retire moins de sièges payants au moment de l’addition finale.

C’est l’album Mojo qui sert de support à la tournée de Tom Petty

SLU : Quelques mots sur la façon dont cette tournée a été préparée et lancée par le dernier album de Tom Petty and the Heartbreakers…

RS : Tout est venu du fait qu’ils ont souhaité enregistrer l’album Mojo qui sert de support au tour dans leur salle de répétition, un lieu magique par leur vécu mais pas du tout adapté puisqu’équipé de bains de pieds, de multiples enceintes, sans aucune isolation pour la batterie bref, une configuration live. On a commencé par placer une D-Show aux retours et c’est le stage de cette table qui a alimenté en ECx, en sortie des convertisseurs, le ProTools qui a enregistré une à une les chansons de l’album durant les répétitions. Une Icon a été utilisée pour mixer l’album dans cette même salle de répétition donc on peut dire que tout a été fait « in the box » avec 100% préamplis Venue et mix ProTools Avid. Tout en 48 kHz.

La configuration de mixage de Robert Scovill

La configuration de mixage de Robert Scovill avec une D-Show reposant sur pas moins de 4 racks dont un occupé par un cœur FOH équipé à plein de 5 cartes DSP et relié au stage par une simple BNC et un snake 75 ohms. Ce même FOH échange en MADI avec les deux ProTools servant à enregistrer tous les shows de la tournée et à offrir le Virtual Soundcheck. Pourquoi deux ProTools ? Vers la moitié du show, des drivers capricieux dans l’un des deux nous ont offert la plus belles des raisons via d’innombrables messages d’erreurs et d’arrêts intempestifs ;0)

SLU : Robert, cela aurait pu être fait avec n’importe quelle marque en tirant du Madi et en enregistrant par exemple avec Logic.

RS : (il réfléchit NDR) Euhhhh oui, oui c’est possible. Disons par exemple avec Logic et Euphonix, mais pourquoi personne ne le fait ? Tu m’as demandé avant où était ma créativité, voilà un exemple de configuration que j’ai imaginée de toutes pièces. J’ai fait de mon mieux pour simplifier la tâche aux membres du groupe et leur permettre de faire dans les meilleures conditions leur album, sans même qu’ils s’en rendent compte. J’ai fait passer le côté opérationnel de cette configuration avant le rendu, et puis n’oublie pas que ce disque a été enregistré en 2009, et qu’à cette époque Venue était de loin le système le plus flexible.

Une vue de la D-Show

Une vue de la D-Show avec dans l’écran de gauche affichés par catégories, les plugs insérés par Robert dans le mix avec de gauche à droite le groupe System & Mix, le Drums & Bass, le Guitars & Keys et enfin le Vocals. Il fait grand usage d’un plug de Crane Song, le Phoenix, afin de compresser et colorer le signal en émulant pour cela les effets de la bande magnétique. Pour la batterie il se sert d’un plug Eventide 2016 Stereo Room dont il modifie la couleur à l’aide d’un plug API collant ainsi parfaitement à un traitement studio. Bien entendu Waves et Pultec sont à l’honneur pour les voix et les guitares sans pour autant délaisser les égaliseurs et compresseurs natifs de la console elle-même. Pour Tom un compresseur dynamique Serato vient aider à gérer le bas médium de sa voix en fonction du niveau. Chez Softube on retrouve la gamme d’égaliseurs Trident A-Range, des modules qui outre de très bons filtres offrent aussi un réglage fin de saturation très utile sur certains titres. Pour le piano et les orgues c’est Sony et la réverbération Oxford qui est de sortie alors que pour la basse c’est Softube encore avec une version de compresseur à FET.

SLU : Ne penses-tu pas que d’intégrer autant les ressources d’enregistrement d’un album et celles de mixage de la tournée, risquent à terme d’appauvrir les shows au risque qu’ils ne deviennent plus que les clones des CD ?

RS : Au contraire. Des gens passent des heures à créer des sonorités, à chercher des effets, à programmer des ambiances. Ce travail de production fait pour le disque doit pouvoir être exploité aussi en live. Il n’y a rien de pire que de passer des heures un casque sur la tête à se demander « mais comment ont-ils fait pour me sortir ce son » et de tenter de le recréer. Et cela est surtout vrai pour les retours. Si tu dis à ton artiste que tu seras en mesure de lui donner exactement le même effet avec les mêmes réglages que sur le disque, il va accepter immédiatement. Si je veux faire un mix encore plus beau que l’album, pourquoi déjà ne pas partir de celui de l’album…

SLU : Ça facilite la tâche des producteurs qui exigent de plagier l’album !

RS : C’est vrai, il y en a, mais heureusement ce n’est pas le cas avec Tom Petty qui est seul maitre à bord ! Attention, ce n’est pas parce que la table te donne la possibilité d’importer des mix entiers que tu es forcé de le faire. C’est une possibilité qu’on te donne. Lors de l’enregistrement de l’album dans la salle de répétition de Tom Petty, j’ai veillé à faire deux pistes d’ambiance pour capter le son spécifique de ce lieu où l’on a enregistré d’une façon assez naturelle, avec peu d’effets. Depuis je recréé sur scène cette ambiance particulière que je ne peux pas retrouver à cause d’une prise plus « serrée » en ajoutant une réverbération Tight Dark Room de 1,2 ms. Facile avec Venue (gros rire !! NDR)

Et si on parlait de l’évolution de la Venue !

SLU : Quelle est la résolution du mixeur de Venue ?

RS : 48 bits.

SLU : Fixes ou flottants ?

RS : 48 fixes.

SLU : Pourquoi en ce cas ne pas faire évoluer votre moteur en adoptant l’architecture plus moderne des cartes du ProTools HDX qui tournent en 64 flottants ?

RS : Il est clair que l’architecture HDX montre la voie des projets en cours au sein de la gamme Avid Venue.

Encore un fan de L-Acoustics !

SLU : J’ai lu te concernant que tu es un grand amateur de produits L-Acoustics, et hier tu as même fait un saut à Marcoussis. D’où te vient cette préférence ?

RS : J’ai toujours considéré que ce qui compte d’abord c’est la couverture dans le haut du spectre, et à ce jeu-là j’estime encore aujourd’hui que L-Acoustics délivre le meilleur son au-delà de 1000Hz, le plus naturel et le plus cohérent en termes de phase surtout au lointain, cela dit j’aime bien aussi le Milo et les produits d&b, pour ces derniers plus le bas que le haut du spectre. Nous allons jouer ce soir avec le K1 de L-Acoustics dans une configuration très différente de celle habituelle, ce lieu étant très petit et haut comparé aux grandes salles que nous investissons habituellement avec cette tournée (2700 spectateurs pour le Grand Rex NDR). Le calage risque d’être délicat mais comme vous le verrez, nous allons le faire sans le groupe, uniquement en rejouant les précédents shows que j’enregistre chaque soir. Je ne passe jamais le moindre CD pour écouter le son de la salle et de ses murs mais toujours des éléments séparés du groupe avec lequel je tourne. Dès 1994 j’ai personnellement travaillé sur ce qui s’appelle désormais le Virtual Soundcheck et c’est à partir de 1999, 2000, quand j’ai rejoint Avid, que j’ai compris que cela allait être possible pour le plus grand nombre grâce à nos configurations.

les deux ProTools principaux

Le rack de droite sous la console façade avec les deux ProTools principaux en charge de l’enregistrement de chaque date et par conséquence du Virtual Soundcheck. Les deux machines fonctionnent en parallèle en assurant leur redondance. Une horloge principale Apogee Big Ben les verrouille ainsi que les deux Venue à l’échantillon près ce qui permettrait, le cas échéant, d’importer des éléments de la Venue des retours sans aucune anicroche. Enfin des afficheurs de time code placés sur la D-Show permettent d’en suivre les péripéties éventuelles. Robert enregistrant les shows de Tom Petty depuis 1994, ce dernier dispose d’un stock impressionnant auquel, dès la prochaine tournée, sera ajoutée en plus du son l’image par le biais d’une captation simultanée. Un commutateur KVM permet de n’avoir qu’un clavier, un écran et une souris malgré le nombre important d’ordinateurs présents.

La première fois que j’ai tourné en Venue avec Tom c’était en 2005. Lors de l’une des premières dates où je peaufinais tranquillement mes playbacks avant la balance, il est entré dans la salle par l’arrière, s’est assis et m’a regardé travailler sans même que je m’aperçoive de sa présence. Au bout de quelques minutes je l’ai aperçu, et j’ai surtout vu l’ampoule illuminée au-dessus de sa tête, un vrai dessin animé. Il venait de comprendre qu’il n’aurait sans doute jamais plus besoin de faire de balances et c’est ce qui s’est produit. On a fait les 4 dernières lors de cette tournée de 2005, et depuis c’est fini. L’avantage est de laisser tout son jus à l’artiste, qu’il soit jeune ou plus âgé, et encore plus s’il est chevronné et maitrise ses titres comme Tom qui les joue depuis une trentaine d’années. A quoi bon l’obliger à venir pour vous, laissez-le se détendre, il n’en sera que meilleur le soir même, et puis la plupart des fois les artistes ne donnent rien en balance, et jouent d’autres titres ce qui ne vous avance à rien !! Le Virtual Soundcheck se révèle très utile aussi pour les retours.

Du K1 au Grand Rex

Une vue de la scène prise depuis le 1er balcon

Une vue de la scène prise depuis le 1er balcon durant la balance de la première partie. L’ensemble de la diffusion est visible.

Le temps passant, aidé par son assistant dévolu au système, Robert continue à caler sa diffusion sans pour autant s’arrêter de nous donner des précisions sur la façon avec laquelle il place son système, et surtout comment il l’exploite habituellement.

Un des deux micros Earthworks

Un des deux micros Earthworks montés sur un émetteur HM Lectrosonics et utilisés sur pied afin de caler le système, une configuration chère mais pratique pour ne plus avoir de fil à la patte au moins en salle puisque sur scène, tous les micros et les instruments sont filaires.

Robert en plein calage

Robert en plein calage face au Smaart. Bien visible, le micro de mesure Earthworks en premier plan.

La fonction « delay finder » du Smaart.

La fonction « delay finder » du Smaart.


RS : En général, dans les salles, je place ma diffusion en montage LCR aidé en cela par la table qui le permet facilement. Ce type de montage est assez classique en film et broadcast mais répond à des règles strictes avec, par exemple, tous les dialogues dans l’enceinte centrale, musique et effets se répartissant sur le droite /gauche. Bien entendu dans notre cas c’est exclu car il serait impossible de mettre en phase les voix et la musique ailleurs que face au système et de toute façon le cluster central seul ne pourrait pas couvrir toute la salle. Je travaille donc toujours en stéréo mais en répartissant. Quand le Pan est au centre, la même énergie est envoyée sur les 3 points de diffusion et quand on panoramise, l’ensemble se déplace ce qui fait que l’image stéréo est intacte. Il ne s’agit donc pas d’un cluster mono au centre d’un stéréo, ce qui en détruirait totalement l’effet et empêcherait tout panoramique mais bien d’une sorte d’élargisseur de couverture horizontale qui permet malgré tout de garder une image stéréo. J’ai commencé avec le LCR en 97/98, et depuis je le fais le plus souvent possible. L’idée m’est venue un jour dans une salle typiquement américaine et qu’on appelle shed mêlant un côté couvert de 5000 places proche de la scène et un côté découvert beaucoup plus grand. Avec un simple gauche droite, on n’arrive pas à bien couvrir les côtés. J’ai tenté une fois de mettre des rappels latéraux mais à cause de la proximité des murs, j’ai généré des problèmes de phase insolubles. Vouloir couvrir 30° avec des boites qui ouvrent à 90° s’est révélé être un très mauvais choix. La solution a été d’ouvrir le gauche droite pour couvrir les côtés et « remplir » le centre par une ligne C. J’ai réutilisé ce montage par la suite dans plein d’autres salles avec l’avantage majeur de ne pas devoir monter de rappels latéraux, sauf à devoir dépasser les 190/200° d’ouverture. Pour aujourd’hui, rien de tout ça ! Retour aux basiques avec un gauche droite complété par des groupes au sol pour les premiers rangs, autant vous dire qu’on va encore passer du temps à caler les délais pour faire cohabiter tout ce petit monde.

La diffusion à cour

La diffusion à cour. Trois K1-SB surmontés de trois K1 pour l’orchestre et au-dessus six autres K1 pour couvrir les balcons.

La diffusion de l’orchestre à jardin

La diffusion de l’orchestre à jardin, trois K1-SB surmontés de trois K1. A droite les racks de contrôleurs amplifiés LA8.

Un riff de guitare vient clôturer cette passionnante tirade de Robert ; sur scène aussi les backliners s’activent.

SLU : Y’a du niveau sur scène et la salle est petite, tu pourras couvrir tout ça ?

RS : Ohh oui tu verras. “ It’s not a loud show, but it’s not a quiet show. It’s a rock show !!”

SLU : Peut-être qu’en tournant les amplis autrement tu aurais pu diminuer un peu cette pollution.


RS : C’est du rock, il faut s’y faire et en plus imagine, dans les salles où je ne peux pas placer de front fills, ce qui reste pour les spectateurs des premiers rangs si je vire les amplis !

SLU : Le piano est-il exploité acoustiquement ?

RS : Tu veux dire est-il MIDI ? Non, c’est un vrai de vrai. Ils refusent je jouer sur autre chose.

SLU : Mais si pour des questions d’hygrométrie ou de température il ne tient pas le show…

RS : No way ! C’est vrai piano ou pas de piano. Dans l’équipe, nous avons quelqu’un qui en prend soin et l’accorde chaque jour. En plus le choix est vite fait. Je préfère un musicien heureux sur un piano éventuellement limite qu’un pianiste frustré et sans inspiration pour avoir un son un peu meilleur.

SLU : Vous avez chacun votre Venue à la face et aux retours. Vous vous partagez un stage rack ?

RS : Non, il y en a deux, chacun a le sien. Les micros sont splittés en actif via des boîtiers XTA. On ne peut pas pointer à deux sur le même avec Venue. La seule solution est de se servir du MADI mais, dans ce cas, un seul des deux a la main sur les gains.

Une vue en détail du double rack supportant la D-Show

Une vue en détail du double rack supportant la D-Show. Au-dessus du cœur FOH se trouve un préampli Digidesign utilisé en local afin de recevoir un micro 5.1 DPA ainsi que deux autres Neumann d’ambiance. Leurs signaux sont ensuite routés dans le double ProTools principal, ainsi que dans un des quatre mac mini cachés dans des Rackmac mini Sonnet qu’on distingue dans le rack de droite. Le rôle de ces ambiances est de servir à « diluer » les enregistrements quotidiens et surtout servent dans le mac mini qui reçoit aussi le gauche/droite depuis la console à créer tous les jours des MP3 en 5.1 qui sont après coup gérés par le groupe et une personne qui filme et photographie la tournée pour poster en surround sur YouTube. Le second mac mini gère le Smaart, le troisième prend en charge Itunes pour la musique d’ambiance et Flux, un second analyseur (cocoricooooo !! NDR) le quatrième enfin enregistre la visualisation des écrans Venue lors de certains shows à des fins de pédagogie par Robert himself. Les deux Mbox servent au Flux et à iTunes. Tout ce petit monde bénéficie d’un double onduleur UPS.

SLU : Ça vous gêne de ne pas être en direct sur l’électronique ?

RS : Je te pose la question à l’envers. Il vaut mieux avoir chacun son gain ou bien n’avoir qu’un stage pour deux ? En plus grâce au split actif, chaque micro ne voit qu’un préampli donc, d’un point de vue audio, c’est parfait.

SLU : Plus tôt tu as indiqué que tu veux avoir la main sur le système en lieu et place de ton assistant dont c’est pourtant le rôle. Pourquoi ?

RS : Je vois les choses comme ça. Si je mixe le show et que tout à coup le système sonne différemment, je veux savoir pourquoi cela se produit. Est-ce la console, le drive, la salle… Si j’ai la main sur mon système, je n’ai aucun doute. En plus avoir quelqu’un qui modifie des réglages sans que je le voie pourrait inconsciemment me pousser à compenser ces changements. C’est aussi pour ça que je veux caler moi-même mon système, là où de nombreux autres mixeurs se reposent entièrement sur leur ingé système.

SLU : Pourquoi avoir choisi un plug Serato Rane pour faire tes retouches sur la sortie au lieu d’un plus classique Dolby ?

RS : Les corrections les plus importantes, nous les faisons au travers du LA Network Manager. Ce qui reste n’est vraiment que cosmétique et la solution du plug me convient largement. Et puis le Serato est très bien conçu.

Le dernier ordinateur en façade

Le dernier ordinateur en façade est classiquement dédié à la diffusion et plus particulièrement au LA Network Manager qui assure seul de drive du système. Sur le même pied on aperçoit un support pour un iPad utilisé par Robert pour communiquer en réseau local avec son ingé système pendant ses balades une fois le show lancé.

L’égaliseur de sortie

L’égaliseur de sortie Rane aussi en plug dû au talent des Néo-Zélandais de Serato.


SLU : C’est rare de voir la Venue employée pour les retours.

RS : Elle convient très bien. Elle dispose de 24 sorties, largement assez pour ce show. Nous avons trois artistes avec un ear et des wedges et tous les autres en wedges. Comme les retours sont mono, ça passe largement. La configuration est très simple.

Un train d’impulsions sort du système heureusement à faible volume. Robert s’en sert pour débusquer les réflexions de la salle. Toc, toc, toc…Le Grand Rex sonne très mat : rien d’étonnant pour une salle de cinéma. En revanche, dès que les premières notes de musique résonnent, un sous-groupe de basse et batterie, quelques soucis se font jour ou se confirment. D’abord le choix du K1, un système à longue portée et de très forte puissance, surprend dans une salle de la jauge mais plus encore de la forme du Grand Rex, surtout quand on voit les 3 K1 de l’orchestre posées au sol sur 3 K1-SB, ce qui place la première des trois boîtes à hauteur d’oreilles et à 3 mètres à peine des premiers sièges. Autre élément étonnant, le choix de dV-Sub posés eux aussi au sol en trois ensembles situés à cour, à jardin et au centre, et supportant chacun deux dV pour déboucher les premiers rangs.

Un des trois ensembles de dV-Sub et de deux dV

Un des trois ensembles de dV-Sub et de deux dV installés au pied de la scène et jouant le rôle de front fills et accessoirement de sacs d’embrouilles temporelles ;0)

La scène étant arrondie, la mise en phase de ces 3 groupes de rappels avec le reste de la diffusion est délicate sans parler de la différence de technologie, de rendu et d’époque entre la famille dV et K. Plus classique, les deux balcons disposent de 6 K1 par côté. Rappelons que le poids maxi pour l’accroche de la diffusion au Grand Rex est d’une tonne par côté ce qui n’arrange rien. Malgré un soin tout particulier dans le choix des groupes de boîtes et leur calage temporel dans le LA Network Manager, des zones de conflit subsistent y compris dans le grave qui semble souffrir tout autant du style de la salle aussi haute que profonde, que de la présence de 5 points d’émission à l’orchestre, plus deux accrochés.


SLU : Robert, il me semble que la phase n’est pas parfaite à certains endroits de l’orchestre…

RS : Peut-être oui, probablement. Le fait d’avoir coupé en deux la ligne de K1, fait du calage une recherche du meilleur compromis et il y a toujours des endroits où l’on ressent ces compromis. Le fait d’améliorer ici, compromettra le rendu là-bas et je pense que ce soir ça sera mieux aux balcons qu’à l’orchestre.

Tom Petty

La projection et la puissance du médium et de l’aigu du K1 dans une salle comme le Grand Rex fait merveille, voire en fait un peu trop. En haut du balcon, on a l’impression d’être à un mètre des boîtes et l’extrême aigu du V-Dosc plutôt fait d’harmoniques, sort du K1 avec une précision rare et sans aucune fioriture. Un coup d’œil au Motts confirme ce sentiment. Le son tient en 3dB entre 300 Hz et 16kHz avec un contour de 20 dB à 50Hz. Le grave face aux K1 et K1-SB est remarquable de définition, d’attaque et d’absence de trainage, un rendu audiophile qui me rappelle une paire de TAD en studio. Bon, il est vrai que c’est Steve Ferrone à la batterie, le type de musicien dont la qualité de jeu est telle que si problème il y a dans le rendu de son instrument, il ne peut en être la cause ! Comme annoncé par l’intéressé, le mix est rock, dense, plein comme un œuf et on ne peut que féliciter Robert pour avoir réussi à sortir la voix d’un Tom Petty qui envoie très peu. L’équilibre entre playback et chant est respecté à la limite de l’accrochage car il y a du niveau. Toujours à l’étage compliments en tous genres, il faut saluer l’honnêteté intellectuelle de ce même Robert Scovill qui a dit avec une simplicité forçant le respect qu’il n’était pas pleinement satisfait de sa prestation le soir de notre reportage. Cela n’a pas empêché la magie d’opérer et le public de prendre un pied bleu plein d’étoiles comme le plafond du Grand Rex.

 

8 gemmes en devenir

The Voice tour 2012

Et dire qu’on pensait la télévision fâchée à tout jamais avec la musique. Il n’en est rien et l’insolente réussite de l’émission The Voice, nourrie comme il se doit à la Starac’ en poudre et à la bouillie de Nouvelle Star en est la preuve éclatante. Magie cathodique aidant, 8 artistes en devenir sillonnent ce début d’été toute la France pour le The Voice Tour 2012, ovationnés par un public aussi jeune qu’enthousiaste et accompagnés par un groupe en béton, des lumières efficaces et cinq pointures au son. SLU était à la date bordelaise, l’une des toutes premières.

[private]

La Patinoire Mériadeck de Bordeaux

La Patinoire Mériadeck de Bordeaux en mode Salle de spectacle avec un parterre de chaises sur la moitié avant de la surface normalement glacée et un gradin érigé sur la partie arrière de cette même surface. Tout à droite, et en phase de montage, la scène ; tout à gauche on distingue la régie son et lumière.

Lors d’un précédent reportage, nous avions laissé la Patinoire de Bordeaux en mode Captain Igloo.Nous la retrouvons cette fois-ci chauffée à bloc, sans glace sous nos pieds et avec une tribune imposante dressée face à la scène. Renseignement pris auprès de la prod, la salle va être comble : une bonne chose dans un lieu à l’acoustique pour le moins difficile. S’agissant du premier véritable show de la tournée avec montage et démontage le même jour, je me fais tout petit, le temps que les affaires courantes ne soient expédiées au ciel à grand renfort de moteurs. L’équipe son est composée d’Axel Vivini et Ben Rico aux retours, Didier Golvin au montage système, Seb Barbato au calage système et Stéphane Plisson à la face : l’équipe de RFM80 qui a repris du service en somme !! Première surprise, ce sont deux consoles qui vont mixer les retours, des Vi6 Soundcraft. Seconde surprise, Stéphane Plisson a encodé le show sur une Midas Pro6. Autant dire que mon dictaphone me brûle les doigts ! Profitant d’une pause, j’évacue la première question auprès d’Axel Vivini.

Sébastien Barbato et Stéphane Plisson

A gauche un p’chi gars qui ira loing, Sébastien Barbato, ingé système et à droite un p’tit gars qui a déjà pas mal roulé sa bosse, Stéphane Plisson et son nouveau jouet tout bleu !

Aux retours : 2 consoles et deux marques de ears

SLU : Pourquoi donc deux tables aux retours, et comment vous partagez-vous le travail ?

Axel Vivini (ingé son retours) : La console de Ben alimente les musiciens et choristes. Ils sont 100% ears sauf le sub du batteur et moi je m’occupe des chanteurs, tous en ears à l’exception d’une chanteuse qui est en wedges (Dominique Magloire NDR)

SLU : Une seule ?

AV : Oui, elle ne veut pas de ears et elle a aussi eu des wedges durant les primes de TF1 avec Alex Maggi aux retours (Alex, si tu nous écoutes NDR). Y’en avait sur tout le plateau (rires)

La console retours d’Axel Vivini

La console retours d’Axel Vivini en charge des chanteurs et devant laquelle trône l’intéressé. Remarquez à sa droite dans son PC portable le scanner lui donnant avec un rafraichissement de quelques secondes, l’étendue des champs RF présents.

Le rack sous la console d’Axel Vivini

Le rack sous la console d’Axel Vivini. Ici encore 10 Vitalizer donnent des couleurs aux retours des 8 chanteurs, du guest éventuel et du boîtier d’Axel. Tout en bas une horloge Antelope Isochrone donne le « la » aux deux tables 48000 fois par seconde. Remarquez tout à gauche le stage rack quasi complet, la table dédiée aux chanteurs étant maître sur les entrées et donc les gains.

SLU : Mais pratiquement, ça ne tenait pas dans une seule Vi6 ?

AV : Non, il en aurait fallu deux à cause du nombre de sorties de cette table. J’aurais pu m’en occuper seul en les linkant en MADI direct out post fader mais comme le groupe est en Earsonics et tous les chanteurs en Westone, il devenait impossible d’être cohérent pour un seul ingé son entre deux marques d’oreillettes et des wedges en plus, d’où la présence de Ben Rico au mix là où au départ il devait m’assister.

SLU : Pourquoi deux marques différentes ?

AV : TF1 a acheté 24 paires des ears moulés ES2 Westone pour l’ensemble des chanteurs participant à l’émission, il était logique de ne pas rééquiper les 8 finalistes juste pour la tournée.

SLU : Mais qui s’occupe du plateau et des HF si Ben et toi êtes sur vos tables ?

AV : C’est un peu le problème (rires). Ben était au départ mon assistant mais comme désormais il mixe, on a un plan B avec Nickos, un des gars de la déco, qui nous file un coup de main durant le show ne serait-ce que pour les pieds micro. Ce problème devrait malgré tout se solutionner prochainement.

SLU : Et les artistes ?

AV : Ils se gèrent tous seuls. Ils sont pré équipés avant le show et ont chacun leur récepteur et leur micro donc une fois le spectacle lancé, ils sont indépendants.

SLU : C’est Alex Maggi qui a initié les chanteurs aux ears…

AV : C’est exact, si ce n’est qu’en télé, la majorité a pris l’habitude de ne porter qu’un côté. J’ai passé un deal avec eux au début des répétitions, en leur demandant de garder les deux sans pour autant leur interdire de revenir aux vieilles habitudes si ça ne leur convenait pas. Pour l’instant tout le monde paraît heureux. On n’en est qu’à la deuxième date mais ça semble bien parti.

SLU : Une salle comme Mériadeck devrait les inciter à rester chaussés !

AV : C’est certain, et c’est un peu le discours que je leur ai tenu en rappelant la différence entre une diffusion sur un plateau télé, et celle nécessaire à une salle de concert. Ça n’a rien à voir !

ben Rico et Axel Vivini

A gauche ben Rico en charge des retours musiciens et à droite Axel Vivini s’occupant quant à lui des chanteurs.

SLU : Vos relations avec eux sont donc bonnes.

AV : Les chanteurs sont tous très entiers et à l’écoute. C’est intéressant de travailler avec ce type d’artiste plutôt novice car il faut vraiment l’éduquer afin qu’il sache par exemple dire ce dont il a besoin et ce qui le perturbe.

SLU : Entre vous deux ça baigne aussi…

AV : On a déjà tourné ensemble. J’étais l’assistant de Ben sur la tournée de Florent Pagny. On n’avait qu’un chanteur mais 14 musiciens avec le chanteur en wedges et les musiciens en ears. A l’époque Ben était en PM1D et le fait d’être en Vi6 impose tout de suite une seconde console.

Deux des quatre wedges M15 Adamson

Deux des quatre wedges M15 Adamson prévus pour assurer en bi-amplification les retours de Dominique Magloire. A gauche, un des six 8XT en charge d’arroser le premier rang et qui, du fait du démontage des 6 Kara pour dégager la visibilité aux spectateurs sur les côtés, ont joué plus fort que d’habitude. Signalons que Seb Barbato a veillé à les baisser à chaque déboulé de fans contre les crash barrière.

Le rack de puissance pour les retours

Le rack de puissance pour les retours disposant de quatre PLM10000Q Lab Gruppen, des amplis embarquant aussi suffisamment de ressources DSP pour piloter en direct 4 wedges M15 Adamson en actif. Elle est gâtée Dominique Magloire non ?


SLU : Elle est bien pour l’emploi cette table ! (rires) Outre les quatre wedges M15 Adamson, je vois des Arcs II L-Acoustics posées sur des SB28 et jouant le rôle de side. Ça marche bien dans cette fonction cette nouvelle boîte ?

AV : Très bien. Elle a une couverture hyper homogène qui me permet de ne pas déranger les musiciens tout en couvrant parfaitement le front de scène où se déplace l’artiste. L’arcs II dispose d’une ouverture verticale asymétrique de 60° (-20°/+40°), ce qui fait qu’une fois couchée, on bénéficie d’une couverture parfaite où l’on rase le bord du plateau et on ne va pas vers le groupe.

SLU : Pour en revenir aux deux Soundcraft Vi6, elles étaient disponibles chez Melpomen ?

AV : Elles ne sont pas fournies par Melpo sauf les Vitalizer et les émetteurs Sennheiser mais par West Indies Projects.

Tous les micros du show passent par un dé-esseur SPL

SLU : C’est quoi cet étrange rack où pour chaque récepteur HF il y a un dé-esseur SPL ?

AV : C’est notre rack de réception des micros du show qui passent tous par les SPL avant d’attaquer le stage de la Midas de Stéph et notre stage en commun avec Ben. Ça permet de traiter à la source toutes les sifflantes à moindres frais.

Le rack des récepteurs des micros HF

Le rack des récepteurs des micros HF, des Sennheiser 3732 en dessous desquels prend place un dé-esseur SPL 9629, chaque double récepteur transitant en analogique par un double dé-esseur.

SLU : Du coup vous êtes en analogique alors que les 3732 Sennheiser sortent désormais en AES…

AV : Oui, mais ça nous permet d’utiliser ces dé-esseurs que j’adore et qui fonctionnent très bien.

SLU : Qu’est-ce que tu aimes dans le 9629 SPL ?

AV : Il est super naturel, super musical et il se débrouille tout seul ou presque. Tu le mets en auto-seuil et tu indiques s’il va travailler sur une voix d’homme ou de femme. Tu donnes une quantité de réduction et il creuse en opposition de phase. On s’est quand même donné la possibilité de tester la sortie numérique des 3732, dans ce cas on ne se servira pas du SPL. On écoutera quelle combinaison sonne le mieux.


Ben Rico face à sa Vi6

Ben Rico face à sa Vi6 avec laquelle il fournit aux six musiciens ainsi qu’aux trois choristes leurs retours.

Sous la Vi6 de Ben Rico

Sous la Vi6 de Ben Rico pour les retours musiciens. A gauche, 10 générateurs de « gros son bien brillant » SPL 9739 plus connus en tant que Vitalizers MK2-T, embarquant des 12AX7. A droite neuf émetteurs Sennheiser SR2050 envoient leur signal vers deux combineurs AC3000, ces derniers étant à leur tour combinés par un PA821SWB de marque…Shure. Mais non je ne l’ai pas dit !


SLU : Revenons aux ears. Ben toi tu écoutes donc en Earsonics et Axel en Westone…

Ben Rico (ingé son retours) : Oui, mais nous avons chacun un exemplaire des deux marques et basculons de temps en temps de l’un à l’autre. On s’envoie de table à table nos PFL si on a besoin de se faire écouter des trucs. On veut garder de la cohérence entre ce que les chanteurs et les musiciens entendent.

AV : L’avantage d’avoir deux consoles et d’être à deux dessus réside aussi dans la possibilité de faire des traitements plus poussés et différents. Enfin ce n’est pas un vrai luxe les deux Vi6 car elles sont au taquet. Ben n’a que 4 tranches de libres et moi j’atteins les 96 canaux.

Les deux Vi sont reliées en Madi et n’en font qu’une

SLU : Comment procédez-vous avec deux tables, une seule gère les lignes ?

AV : C’est ça. Les micros rentrent dans la mienne et c’est moi qui règle les gains. Ensuite toutes mes tranches ressortent en pré fader, pré EQ, pré dynamiques, pré tout en somme dans la deuxième carte MADI de la Vi6 de Ben. Stéph, à la façade, récupère tout au patch analogique pour sa Pro6. On splitte à l’arrière des racks des Soundcraft.

Une vue arrière de la régie retours

Une vue arrière de la régie retours avec, aux couleurs de SSE Group, les plaques de patch. On distingue à gauche de la photo et en arrière-plan le moteur de la Soundcraft Vi6 de Ben Rico.

SLU : Vos deux tables sont donc bien imbriquées…

AV : Oui, on a une fibre en MADI 64 canaux qui va de l’une à l’autre dans les deux sens ce qui me permet de récupérer chez Ben des effets qui me manquent. Je n’en ai pas assez dans la console. J’ai besoin de 8 effets pour les chanteurs…On fait tout avec ce qu’offrent les Vi6, sans périphériques externes. J’ai aussi un mix secours pour la façade au cas où.

BR : Pour résumer, on a 64 préamplis mais bien 96 canaux avec les retours d’effets, le mac, les pfl croisés, les talks des musiciens et les autres signaux divers et variés. Les talks des techniciens, on a été obligé de les router vers une XL88 Midas car on n’avait plus assez de tranches et surtout on peut comme ça aller dans plusieurs directions.

Un trio pétri de compétence

Un trio pétri de compétence. De gauche à droite Jean-Michel Salou dit Jamy, backliner, Jean-Philippe Schevingt, deuxième clavier de la tournée et maitre du ProTools sur lequel se trouvent les séquences audio de transition du show et le TC qui pilote les media serveurs pour les images correspondantes. Enfin, à droite, Jean-Rémy Mazenc dit JR, le second backliner.

SLU : Comment gérez-vous les priorités, en clair, qui parle à qui ?

BR : En balance, tout le monde parle à tout le monde. Durant le show, au contraire, les musiciens parlent à nous et aux backliners uniquement, sans s’entendre les uns les autres. Axel et moi-même recevons tous les talks en permanence par dessus notre pfl. Quoi qu’il arrive on entend tout le monde. Enfin nous avons installé une pédale devant chaque table qui nous permet de nous parler juste entre nous, et bien sûr on grimpe chez Steph à la façade via son stage.

SLU : Combien de jours avez-vous eu pour caler le show ?

AV : Cinq. Nous avons été en résidence à Planet’ Live en région parisienne. Trois pour les musiciens et les deux derniers avec les huit chanteurs.

SLU : Allez, la question qui fâche (rires). Il est gérable le Plisson ? Par exemple, qui a choisi les micros ?

AV : Plutôt lui, même si c’est très collégial. J’ai pas mal travaillé avec lui en assistant Laurent Midas donc je le connais. Pour Ben en revanche c’est une première (rires).

BR : Oui mais il est cool. T’as vu ce matin, je lui ai proposé de repiquer une timbale par dessous et il a accepté tout de suite !

Les amplis Fender d’Hervé Brault

Les amplis Fender d’Hervé Brault confiés aux bons soins d’une paire de Neumann TLM102, tout comme les overheads de la batterie.

SLU : Qui a choisi de placer à l’arrière de la scène les amplis des gratteux ?

BR : De toute manière il n’y avait pas la place sur les pratos devant, alors on les a mis derrière et tournés vers le fond. Au moins ils ne partent pas directement dans la capsule des chanteurs ! Stéphane les aurait bien gardés devant mais c’était difficilement gérable. Rien que leurs pédaliers mangent toute la place !

Quand on parle du loup, il arrive généralement à pas feutrés.

SLU : Stéphane, tu l’aimes le Neumann TLM102…

Stéphane Plisson (ingé son façade) : Je l’adore, j’en mettrais partout. Il a le même rendu que le 103, son défaut dans le bas médium en moins. Il est sur les amplis guitare, en top et bottom de la caisse claire et en over. J’en ai six !

SLU : Il ne prend pas trop large sur une caisse claire ?

SP : Non pas trop, et il m’apporte une clarté et une dynamique que je n’ai pas avec le classique SM57. T’as un son plein.

SLU : Elle est profonde la caisse claire en plus…

SP : Et surtout c’est Jean-Phi Fanfant qui tape, et il tape bien le garçon (rires).

La caisse claire principale de Jean-Philippe Fanfant

La caisse claire principale de Jean-Philippe Fanfant, ce dernier utilisant aussi une Piccolo sur certains titres. Remarquez le repiquage effectué à l’aide de deux Neumann 102 en top et bottom.

du Beyerdynamic sur les tom-toms

C’est un classique chez Stéphane Plisson, du Beyerdynamic sur les tom-toms et des Beta Shure à large membrane sur les tom basse. Classique mais efficace !

Stéphane Plisson revient à Midas

Le groupe qui accompagne les 8 chanteurs est quasiment le même que celui des shows sur TF1 avec des arrangements signés Olivier Schulteis et Michel Amsallem pour ceux propres à la tournée. Une mention spéciale pour Jean-Philippe Fanfant dont la frappe puissante, généreuse et à la fois féline, l’inventivité, le groove et le sourire indéboulonnable portent réellement le show avec la complicité de Stéphane à la façade qui lui fait un son énorme dans lequel viennent s’imbriquer les autres pointures, toutes capables de passer d’un style musical à un autre. Avec ce type de formation, on doit se sentir pousser des ailes aux cordes vocales !!

SLU : C’est un nouvel exercice que de mixer des « jeunes voix » pour toi.

SP : Je suis ravi d’être là, c’est super intéressant comme travail. Je suis encore un peu fébrile car c’est le second jour et je les découvre encore tous avec leurs différences et leur candeur, et puis j’ai un groupe du tonnerre. Tu verras, à la fin du show les huit chanteurs font trois chansons tous ensemble. Je donne le bac de gauche de la console à Seb (Barbato, ingé système et assistant façade NDR) pour qu’il me mette un peu d’ordre en suivant les paroles et le découpage par artiste !

SLU : On t’avait laissé en Soundcraft et on te retrouve en Midas, c’est quoi ce tour de passe-passe ?

SP : Ca fait un bout de temps qu’on me dit « il faut que t’essaies Midas, tu verras, c’est bien » dont quelqu’un de cette tournée qui n’a eu de cesse de me le répéter. Moi qui achète toujours mes consoles et qui aime la technique, j’ai malgré tout été stoppé net par le prix de l’XL8. Pour moi et beaucoup d’autres elle est intouchable, et puis je connais tellement bien les Soundcraft, leur soft, leurs raccourcis, le son, que je ne me voyais pas changer. On me relance encore il y a trois semaines et je finis par charger sur leur site la doc et l’OS de la Pro2. Je les avale et je contacte Jean Marandet chez EVI. Bien entendu, on se rend compte ensemble que c’est une Pro6 ou une Pro9 dont j’ai besoin, et comme la tournée The Voice s’annonce, j’arrive à avoir une Pro6 en prêt. Le vrai test étant le live, plus que le studio avec deux petites écoutes, je me suis lancé, j’ai acheté la Pro6 que tu vois, et j’ai laissé la bâche sur la Vi. J’ai encodé le show et je la découvre de jour en jour.

La Pro6 de la façade

La Pro6 de la façade, perchée tout en haut et à l’arrière de la patinoire, juste sous la longue ligne très incurvée de dV de la salle. A droite, le rack très dépouillé de périphériques servant de support à l’écran du mac mini et à la télécommande de la Lexicon 960.

SLU : Et alors ?

SP : Y’a du monde, elle est pleine, et pour tout dire elle est trop petite en capacité de mixage car elle n’a que 56 canaux primaires et 56 préamplis. Je suis un adepte des 64 canaux MADI avec 64 préamplis pour pouvoir tranquillement jouer avec Logic le concert du jour avant, et surtout d’une table sachant gérer 96 canaux pour avoir la place de faire revenir tout ce qui sert en tournée : des effets, la musique d’ambiance, les intercoms, le retour du ProTools, un mix tv et j’en passe. Tel que tu me vois, j’ai été obligé de bidouiller un peu. La Pro6 peut convenir à certains mais pour moi, le format standard c’est plutôt la Pro9. Pour ne faire que 56 canaux, la Pro2 suffit même si elle n’a pas les mêmes préamplis !

SLU : Tu commences à peine et déjà tu sors le flingue ? (rires)

SP : Tu me connais, j’ai déjà quelques pages de doléances, enfin, de fonctions que je m’attends à trouver facilement comme sur ma table de référence et qui n’existent pas ou alors sont bien planquées. Bien entendu, en termes d’expérience je n’ai que la date de Nantes et 3 jours de résidence, donc je passe certainement à côté de nombreux raccourcis ou trouvailles Midas que je n’ai pas appris. Il faudrait que je parcoure à fond les préférences, il n’empêche que quelques évolutions du soft seraient sympas. Cela étant dit, le show est encodé dedans et j’y suis parvenu sans peine, ce qui prouve que c’est un bon produit d’autant que j’y ai été cher en snapshots et autres crossfades.

Le rack de périphériques de la régie de façade

Le rack de périphériques de la régie de façade. De haut en bas le compresseur API 2500 inséré sur les sorties, un Eventide Eclipse, un TC reverb 4000, le convertisseur de format DN9650 Klark Teknik employé pour faire cohabiter le MADI avec l’AES50, l’inévitable machine à faire vibrer les gens le DBX 120XP, le Rackman Mini de Sonnet dans lequel se cache le mac mini, la réverb, et plus si affinités, 960L Lexicon et enfin un mini onduleur Riello.

SLU : Un exemple de doléance ?

SP : Les « Pop » par exemple sont par snapshot, ce qui est intéressant, mais ne peuvent pas être débrayés. Si je veux les garder pour un global console, je ne peux pas. Je suis obligé de refaire tous mes snapshots. En outre, les Pop n’appartiennent qu’au bac de gauche là où je voudrais organiser mes tranches librement. Je répète, je ne la connais pas encore assez, peut être que tout est dedans !

SLU : Mais sinon t’es heureux du son ?

SP : Ca paraît très bien. Déjà elle tourne en 96 kHz natif et son « moteur » est en 40 bits flottants. Ensuite elle marche parfaitement sans horloge externe. Les égaliseurs sont beaucoup plus fins du fait de cette fréquence d’échantillonnage et de cette résolution et les dynamiques sonnent bien, surtout les gates. La sortie analogique est aussi très bonne, ça me permet d’insérer un compresseur API 2500…

Le micro de mesure raccordé au Flux de Stéphane Plisson.

Le micro de mesure raccordé au Flux de Stéphane Plisson.

SLU : Tu pourrais la raccorder en AES sur le Dolby quand même ta table, moins t’as de conversions…

SP : Je vais te surprendre mais je reste un inconditionnel de l’entrée analogique du Lake. Elle a un son que j’aime beaucoup. Curieusement je la préfère à son entrée numérique. Pour le reste, à part la 960 Lexicon sur les voix, tous les effets sont dans la console, et globalement ça va.

SLU : Tu es dans la retenue pour quelqu’un qui vient de basculer vers une autre marque…


SP : Je ne veux pas tomber dans le sapin de Noël. J’ai testé beaucoup de marques et j’ai parfois eu quelques déceptions. Je suis un grand fan de Midas grace à la XL4 que j’ai beaucoup employée et même bricolée pour en corriger certaines limites (Souvenez-vous de l’hybride XL4 pour les préamplis, puis le cœur Digidesign pour les plugs et l’automation et enfin à nouveau l’XL4 pour le mélangeur NDC). Ce que j’entends pour le moment me plaît et me rappelle le côté « tu branches un bass/batt/guitare, et ça sonne » de l’XL4. Certains détestent, moi je suis fan. La Pro6 est racée, le contraire d’une console de studio. Elle est plus rock’n’roll avec une grosse dynamique. On aime où on n’aime pas. Prends une XL4. Certains disent que les égaliseurs sont fabuleux. Quand tu les chatouilles, t’as la phase qui dérouille et l’image qui se barre. Sur la Pro6 je retrouve des égaliseurs musicaux, puissants et à phase constante. A la fin de la tournée je vais la prendre en studio, et je vais faire quelques écoutes comparatives pour valider ou contredire mes impressions.

Les V-Dosc de cour en phase d’assemblage

Les V-Dosc de cour en phase d’assemblage, quatre par quatre sous la houlette de Didier « pas un câble ne doit dépasser » Golvin. Le reste de la diffusion au sol et en l’air est déjà en place, et va considérablement bouger afin de dégager la vue aux spectateurs placés latéralement.

12 V-Dosc en principal et de 6 Kudo...

La diffusion de cour composée de 12 V-Dosc en principal et de 6 Kudo en charge des gradins latéraux. Les élingues de sécurité de même que les mètres ruban pendent encore, preuve que le montage n’étant pas terminé.

A quelle hauteur cette ligne de V-Dosc se trouve-t-elle ?

Quizz du jour. A quelle hauteur cette ligne de V-Dosc se trouve-t-elle ? Regardez attentivement le mètre ruban qui en descend et est plaqué au sol à l’aide d’un morceau de gaffer pour trouver la réponse !


SLU : Peut-on dire qu’une console c’est le son d’abord ?

SP : Non, tout doit être bon sur une console. Au jour d’aujourd’hui, Soundcraft dispose de la meilleure ergonomie, les écrans tactiles sont d’enfer, le soft est de loin le plus abouti et la liberté d’action en live sur la console est géniale. Une console numérique de nos jours se doit d’avoir un soft en béton et la Vi est la plus logique en utilisation concert. Je ne supporte pas les copier/coller. On est dans l’artistique, pas la programmation, surtout pour moi qui fonctionne beaucoup en « safe ». Autant dire que chez Midas il y a des progrès à faire à ce niveau là car le soft me paraît trop verrouillé.

SLU : J’ai vu que tu écoutais en multi le concert d’hier, il est où ton mac ?

SP : Je suis passé au mac mini en rack avec une solution Sonnet. C’est plus pratique et largement assez puissant. Ce mac mini me permet en plus d’avoir mon habituel rack de périphériques virtuels Multirack Waves et mon analyseur Flux dont j’ai pu avoir une version de soft spécifiquement faite pour moi et la façade.

SLU : Tu le raccordes comment ton mac mini pour faire du son ?

SP : Il sort en Thunderbolt. J’ai donc un adaptateur Sonnet Echo ExpressCard qui accepte une carte Madiface RME. Cette dernière dialogue ensuite en optique avec le Klark Teknik DN9650 qui sait presque tout interfacer vers l’AES50 qui est le protocole choisi par Midas pour ses tables. Le 9650 parle le Dante, l’Aviom, le Cobranet, l’Ethersound et bien sûr le MADI. Mon mac mini a un disque 7200 tours en 500 giga pour la musique, et roule ma poule !

La ligne de 6 Kudo

La ligne de 6 Kudo de cour servant à déboucher les côtés laissés pour compte par les V-Dosc. Regardez tout en haut, au milieu de la première boîte, on aperçoit sur son côté un rectangle rouge. Il s’agit du capteur de l’inclinomètre utilisé par Didier Golvin.

L’inclinomètre de Dider Golvin

L’inclinomètre de Dider Golvin durant le montage des lignes.


SLU : Il a l’air d’assurer Sebastien Barbato ton ingé système…

SP : Absolument. C’est Axel Vivini qui me l’a présenté lors des RFM80. Il a un seul défaut, il vient d’en bas et donc il est un peu pincé dans le bas mid. Fais lui dire « pingouin » tu comprendras (rires). Il était l’assistant d’Axel, on tourne question affectations, mais je peux t’assurer que c’est un bon. Mériadeck ce n’est pas le lieu le plus facile ! Sinon je l’aurais déjà poussé ! (La régie son et lumières est installée au premier gradin juste sous la ligne de dV de la patinoire NDC). J’ai Didier Golvin aussi (la Rolls des monteurs système NDC) et je peux te dire que c’est un luxe de l’avoir. Chaque jour je me demande s’il sera là le lendemain car c’est un véritable artiste qui a dû accepter de toucher à nouveau au V-Dosc, lui qui ne sort qu’en K1 (rires).

SLU : A ce propos, chez Melpo ils ont d’autres références que du Dosc tout de même.

SP : Oui, j’aurais pu avoir du K1 mais à quoi bon, les salles sont d’une jauge qui ne nécessite vraiment pas trop du K1. Comme Melpo fait partie du groupe anglais SSE, j’aurais pu avoir par exemple du Nexo mais bon, mes oreilles sont façonnées par Christian Heil. C’est pantoufle ! J’ai essayé plein de trucs, y’en a des bons mais je reviens toujours à cette marque et Dieu sait si en ce moment sortent plein de nouveaux systèmes tous plus intéressants les uns que les autres. Le V-Dosc a aussi profité à plein des contrôleurs LA8 qui lui ont redonné une seconde jeunesse avec plus de douceur dans le haut.

Le rack de puissance pour la diffusion de cour

Le rack de puissance pour la diffusion de cour avec 12 contrôleurs LA8. Oui je sais, on voit quelques câbles qui trainent mais cela est dû à l’heure où cette image a été prise. Didier « tout propre » Golvin a ensuite rendu cet endroit aussi net que le bureau d’une comptable…

SLU : Ce n’est pas fréquent de voir Melpomen sur une grande tournée nationale.

SP : Oui mais comme le producteur de la tournée est tourangeau et qu’il est bien sur le grand ouest, et que Melpo est une boite nantaise, le choix est logique. Il arrive même que les départs des bus se fassent de Nantes et pas de la sempiternelle porte d’Orléans à Paris. Comme j’habite à une heure de Nantes, ce n’est pas moi qui vais m’en plaindre !

Sébastien Barbato, l’ingé système zen de cette tournée.

SLU : Pourquoi t’es-tu spécialisé dans le système ?

Sébastien Barbato : Qui moi ? Alors là… (Un ange passe entre les ondes cylindriques et finit par en chevaucher une en se marrant NDR) J’ai fait de tout : face, retours, console, assistanat, système. Je suis attiré par tous les postes mais je ne saurais te dire pourquoi. Disons que l’avantage du système est de côtoyer beaucoup de mixeurs qui m’apportent beaucoup. Je ne sais pas si je ferai ça toute ma vie. Pour le moment ça m’éclate mais si on me propose de partir sur un projet intéressant à la console, je le ferai sans états d’âme. Je mixerai et je mettrai quand même les mains dans mon système car je trouve intéressant de maitriser sa chaîne et comprendre pourquoi ça marche et comment ça marche. C’est tout aussi intéressant de faire des design et des setups.

Une vue du poste de travail de Séb Barbato

Une vue du poste de travail de Séb Barbato au drive avec sa tablette pour avoir la main sur les Lake, l’écran de droite affichant le LA Network Manager et celui de droite l’analyseur Flux.

SLU : Via Arpège, tu as essentiellement manipulé du Heil ?

SB : C’est ça, du Dosc et du K1, un tout p’chi peu de Meyer (on est quasi marseillais ou pas ?? NDR) mais là où je suis le plus à l’aise c’est sur du L-Acoustics. Fatalement, on est un peu formaté quand on travaille beaucoup pour un seul prestataire.

SLU : Tu nous détailles ta gestion du système ?

SB : Je drive avec le LA Network Manager et j’ai un Dolby et un LM26 avec lesquels je fais le matriçage, le délai et les égalisations. Steph me donne le signal analogique depuis son compresseur API2500. Je le convertis avec le Dolby, je transite vers le LM en AES et de là, je redescends avec un 12 paires en analogique en direction des amplis. Les quatre signaux principaux Dosc, Subs, Kudo et Kara sont gérés par le Dolby. Le reste, à savoir les 12XT, les 8XT front fills et autres sont pris par le LM26.

Le stack central de 4 SB28

Le stack central de 4 SB28 placé au centre de la scène venant compléter le tir opéré par des ensembles de 6 SB28 par côté en 2x3 caissons en mode cardioïde. Le total set de 16 SB28 pour 24 V-Dosc, Steph Plisson oblige !

Une vue de la diffusion à cour

Une vue de la diffusion à cour. De gauche à droite le SB28 et l’Arcs II servant de side, les trois Kara en charge de couvrir les premiers rangs et qui visibilité oblige repartiront dans le Bahut et la 12XT prévue pour couvrir les latéraux que les 6 Kudo accrochés oublieraient. Posés au sol en mode cardioïde, 6 subs SB28.


SLU : Tu fais où tes délais ?

SB : Comme je ne descends qu’une ligne pour mes subs à cour et jardin, et qu’ils sont montés en cardioïde, je me sers pour eux du LA Network. le reste des délais est généré par les Lake, ce qui me permet d’avoir tout le temps la main dessus via ma tablette quand je me balade (et il en fait des balades le Seb !! NDR)

Place au concert

Le concert commence quasiment à l’heure et 4500 fans en fusion se prennent tout comme moi l’habituelle claque Plissonnienne. Malgré le peu de temps sur sa nouvelle table, le peu de temps avec des chanteurs presque tous novices et d’une totale fraîcheur, ce qui les rend indisciplinés avec le micro ou avec leur voix, malgré enfin une salle peu propice au joli son, ça tape dur et carrément bien. Il est vrai que nos huit gemmes sont diablement bien accompagnées par le groupe. Je retrouve la patate et la finesse de jeu qui les caractérise, qu’un traitement d’antenne castrateur ou un « humectage » d’ambiance et d’applos trop généreux, voire les deux avaient sacrément éteint lors des primes TV. Pauvre Jean-Marc Aringoli (ingé son TV pour Silence NDR). Rien de tout ça ici, le son est ample, rond, et je dois quitter la plateforme sur laquelle repose la Pro6 pour retrouver un grave simplement énorme. Le haut est fin, peut être un poil trop chargé ce qui crée un sentiment « loudness » assez prononcé mais pas désagréable tant il donne l’illusion du volume sans que ce dernier ne grimpe trop en dBA. Le maxi sur de courtes durées n’a flirté qu’avec les 100dB(A). Saluons à ce propos le choix de Stéphane Plisson d’avoir auprès de lui son sonomètre Amix avec le fameux afficheur rouge auquel il a jouté depuis peu un analyseur Flux spécifiquement paramétré pour le live avec une intégration LEQ en dBA comme l’Amix, une analyse en fréquence avec comparaison face / sortie console stéréo et enfin un phase scope. Cette version va bientôt être en vente. Pour en revenir aux voix des huit chanteurs, la grande liberté de mouvement qui leur est laissée dans le mix conduit parfois vers une légère dureté dans le haut mid liée à des résonances, du nez ou des voix de tête mal maitrisés, ou bien à des écarts de dynamique un peu brusques. Peut-être qu’un filtre dynamique ou un compresseur multibande auraient pu contenir certaines voix ou au contraire les remplir en aidant à mieux les discipliner. J’ai quelques doutes quant aux dé-esseurs au travers desquels passent obligatoirement tous les micros chant. Il me semble avoir entendu leur action sur certaines voix qui du coup sonnent plus soufflées que vraiment habitées dans le haut. Sans doute utiles pour des mix retours dans des ears, il aurait peut-être fallu laisser la face libre de choisir ou pas de les employer et surtout d’en régler la profondeur d’intervention. Pour le reste on ne peut que saluer le rendu final musical, gros et porteur du Label « j’te fais lever une salle sans lui fumer les tympans ». Signalons aussi le travail de Seb au système, calé aux petits oignons et ce malgré une avalanche de petites pannes passagères durant la journée de montage, quelque chose qui arrive fréquemment lors des débuts de tournées, mais dont il s’est acquitté sereinement. Le très jeune public s’est régalé et nous avec, rendant à chaque fin de chanson l’usage des bouchons nécessaire, que dis-je, indispensable tellement il hurle, et puis, quel bonheur de voir des gamins s’éclater sur des vieux standards tels que Think d’Aretha Franklin ou se faire arracher les pieds du sol par un impassible Michel-Yves Kochmann se délectant avec sa gratte sur Creep de Radiohead ! Contacté il y a quelques jours, Stéphane Plisson a déjà fait évoluer et peaufiné son mix, et surtout son routing en insérant un HEDD 192 Crane Song sur la sortie AES et en 96kHz de la Midas pour ajouter la chaleur et la compression/limitation naturelle d’un bon vieux magnéto demi-pouce, mais avec parcimonie car « sinon ça ne veut plus rien dire ». Ce périphérique attaque le compresseur API 2500 et en bout de chaîne le Dolby en analogique. Les chanteurs aussi ont eu droit à leur V2.0 avec l’insertion d’un Multirack Waves et de plugs C6 et API2500 sur les voix solo, et par un groupe avec plusieurs compresseurs pour la collégiale à savoir les trois chansons où les 8 artistes chantent ensemble : un régal pour se dégourdir les doigts sur les faders ! Il est d’ailleurs prévu que le traitement sur les voix solo devienne individuel avec un insert et des plugs par micro afin de mieux respecter la couleur et le style de chacun. Enfin la console a aussi entre temps changé en passant en version 2, une évolution majeure. Laissons la parole à l’intéressé : « La fonction principale et qui fait défaut sur d’autres tables numériques est une matrice d’entrée configurable ce qui permet par exemple d’y affecter les retours d’effets en ne mobilisant qu’une paire stéréo. Du coup le manque de voies de la Pro6 est bien atténué quand on voit que 16 lignes aboutissent sur 2 voies. Pour ceci faire on utilise un effet interne qui devient une matrice, un sacrifice qui n’en est en définitive pas un et qu’on peut multiplier si on souhaite avoir plus de retours et ce qui laisse les 56 préamplis sur 56 voies de mixage. Les effets aussi ont pas mal évolué avec l’arrivée d’un compresseur multibande qui m’est bien utile sur le groupe des voix. Enfin j’ai modifié l’algorithme des compresseurs en revenant vers des versions non « Vintage » qui ont trop tendance à ajouter des harmoniques qui peuvent durcir quelque peu le rendu des voix. C’est bien de pouvoir ainsi choisir une couleur sonore même si ça demande de lire le manuel ce qu’on a tendance à ne plus faire. Cette nouvel OS permet aussi la prise de contrôle par iPad interposé. Enfin en plus de la Pro6, j’ai acheté aussi une Pro2 avec un rack de 32 préamplificateurs de la même gamme que la Pro6 ce qui me donne la puissance d’une XL8. Bref, la télé sur scène ça sonne définitivement mieux qu’à la maison !

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DAC et ampli casque pour iDevices

Fostex HP-P1

L’HP-P1 Fostex révolutionne réellement le triste rendu des appareils Apple. Cette association convertisseur N/A et ampli casque dédiée à Apple pourrait bien vous faire enfin aimer le MP3 à condition de choisir le bon casque.

Fostex-HPP1-avant

De gauche à droite, le port USB d’entrée de flux audio (appareils Apple), l’entrée analogique ligne en mini jack, la sortie casque et la diode indiquant la mise en marche et l’état de la batterie : vert tout va bien, rouge il est temps de la recharger.

Fostex-HPP1-arr

La face arrière bénéficie d’une sérigraphie complète et très explicite. Tout à droite le port d’entrée mini USB pour la recharge de la batterie.

De vous à moi, que peut-on reprocher aux iPods et autres iPhone. Ils sont désirables, fonctionnels, innovants et savent quasiment tout faire sauf que… quand la pomme passe, le son trépasse !! Pour une société qui a bâti sa réputation sur la musique et sa nouvelle manière de nous la faire consommer en tube à 0,99 €, les modèles Apple se suivent et se ressemblent.
Convertisseurs bas de gamme, amplis casque très moyens, bridage certes indispensable pour nous garder quelques clients après 40 ans mais qui aplatit encore plus le rendu des iPod, iPhone et autres iPad, on a beau ne jouer que du FLAC, le son s’apparente à une crêpe. Tout ceci est fini, l’appareil remplaçant le beurre, l’argent du beurre et le Nutella de la crémière, est arrivé chez Fostex et s’appelle le HP-P1. Surtout ne lisez pas ce banc d’essai, vous finiriez par aimer les MP3 !

Un format portable

Fostex-HPP1-iPhone

L’HP-P1 raccordé à un bon vieux iPhone 3GS via le cordon fourni. Le logiciel visible sur le mobile est le Sonic Max Pro de BBE Sound, un player générateur de brillance et gonfleur de basses, un plug nettement moins utile avec l’ampli Fostex.

A peine plus grand qu’un iPhone 4 et épais à peine moins du double, l’HP-P1 est un convertisseur DAC portable, autoalimenté et équipé d’un ampli casque performant, et il est exclusivement prévu pour fonctionner relié à un appareil mobile Apple de type iPod Classic, Touch ou Nano, iPhone et iPad. Pour cec faire, il récupère les data directement depuis le connecteur dock à l’aide d’un port 30 points fourni et évite donc entièrement l’étage de conversion et d’amplification d’Apple ne laissant aux appareils à la pomme que ce qu’ils savent faire le mieux, l’ergonomie, le stockage et l’affichage. Une entrée ligne est malgré tout prévue pour relier l’HP-P1 à des références Apple plus anciennes et non compatibles car ne délivrant pas le flux numérique (voir fiche de compatibilité en bas de l’article) ou bien à toute autre marque de baladeur. Une sortie ligne analogique est aussi prévue tout comme une sortie au format S/PDif pour interfacer des enregistreurs, un ampli domestique ou de la diffusion sans quitter le domaine numérique. Raccordé à un iPhone ou iPod, ce dernier est pleinement fonctionnel tant que l’HP-P1 est éteint, mais il suffit de le mettre sous tension en tournant la commande de volume pour qu’il prenne la main en coupant l’audio du player, ce dernier émettant la classique note aigrelette de connexion à une unité externe. La complicité entre Fostex et Apple est évidente puisque l’HP-P1 s’affiche dans les menus du lecteur et on peut même connaître sa version de micro logiciel. Toujours au niveau des commandes, l’HP-P1 dispose pour l’ampli casque d’un triple choix de gain extrêmement bien pensé. La position 3 est celle qui donne le niveau de sortie le plus important et est à réserver aux casques à moyenne ou haute impédance. La seconde convient aux casques de type baladeur déjà conçus pour les étages anémiques des lecteurs les plus répandus. La première est à réserver aux intras, surtout ceux disposant de transducteurs à basse impédance et haut rendement. L’avantage de cette commande de gain est l’optimisation du rapport signal/bruit (de la dynamique), une quête essentielle tant par exemple l’usage d’in-ears moulés isolant du bruit ambiant met en exergue le léger souffle des étages de sortie de l’H1-P1 si vous laissez le gain en position 3. Ce même petit souffle se révèle en revanche pratiquement inaudible avec un casque fermé de studio comme le K271 AKG. De la même façon le silence est quasiment total avec des ears comme les EM3-Pro Earsonics sur la position 1 du gain de sortie tout en disposant déjà d’un niveau quasi insoutenable à trois quarts du volume. Une seconde commande donne accès au filtre numérique du convertisseur et offre deux réglages. La position 1 est celle standard avec une pente de coupure raide classique. La seconde proposée par AKM, le fabricant des convertisseurs équipant l’H1-P1 se révèle être bien plus intéressante et musicale en limitant le temps de retard de groupe, ce qui a pour effet d’assouplir, de chauffer et à la fois de rendre plus précis le rendu. Bien entendu le réglage du filtre n’a d’utilité que si le convertisseur est mis à contribution en l’alimentant via l’entrée USB, et son effet ne s’entend que sur la sortie casque et ligne, pas sur celle S/P DIF qui ne fait que répliquer après conversion de format le signal numérique rentrant.

Fostex-HPP1-housse

Le montage type de l’HP-P1 plus iPhone bien emballé dans la housse noire sur mesure livrée avec le boîtier. Ce sac dispose de deux anneaux métalliques pour dragonne (non fournie) mais surtout d’un passant de ceinture (le port conseillé).

On reviendra plus loin sur une analyse plus précise même si subjective de l’effet du filtre, son influence n’a pu être mise en évidence au travers de nos mesures vue la façon dont l’H1-P1 s’interface uniquement via un baladeur Apple. Assez économe en énergie malgré une puissance de sortie de 80 mW à 32 ohms, l’HP-P1 tient jusqu’à 7 heures en marche et se recharge en 5 au maximum branché sur le port USB d’un PC ou d’un mac voire moins sur un bloc secteur délivrant 5 Volt. Deux diodes précisent l’état de la batterie de bord et son chargement.

Le son retrouve du relief

Fostex HP1 open

La carte imprimée supporte l’ensemble de l’électronique et de la connectique. La batterie est montée sur un support qui s’insère dans un rainurage du châssis.

Livré avec une pochette sur mesure noire prévue pour l’emporter en toute sécurité à la ceinture avec un iPhone voire un iPod, l’HP-P1 révolutionne réellement le triste rendu des appareils Apple. Pour vous la faire brève le son retrouve une largeur, une profondeur et un relief insoupçonné, y compris sur de pauvres MP3 à 128 kbps que j’ai convertis pour l’occasion. On a très souvent critiqué, raillé le son des fichiers compressés sans trop se rendre compte qu’on les écoute rarement dans de bonnes conditions et qu’on met toujours sur le dos de ce format tous les maux. Loin de moi l’idée de tenter de vous convaincre qu’une compression psycho-acoustique destructrice comme celle intervenant lors de l’encodage d’un MP3 peut être « rattrapée » par l’HP-P1, mais il est certain que jouer ce type de fichier dans d’excellentes conditions le rend moins pénible et surtout si l’on évite comme la peste le 128 kbps et qu’on opte pour un sage 192 voire plus, les micro informations dans le haut, la spatialisation et la banane dans le grave permettent un rendu de grande qualité.

De bas en haut, le grave retrouve délié et articulation, sècheresse et dynamique, délaissant enfin le côté surcompressé et « mélasseux » habituel. Le médium s’ouvre de droite à gauche et de bas en haut avec, je trouve, une légère touche couleur entre 1 et 4 kHz mais rien qui puisse faire de l’ombre à la remarquable amélioration du rendu. L’aigu enfin est sur certains morceaux transfiguré par la dynamique, la profondeur et la précision diabolique de micro informations qui remontent à la surface avec une insolente facilité et s’étalent dans une image stéréo d’une largeur inédite. Comme tout bon convertisseur qui se respecte, l’HP-P1 apporte aussi une grande fluidité au son où chaque note retrouve sa place, chaque instrument peut à nouveau être isolé mentalement dans le mix, une sensation jouissive quand on retire son mini-jack du player pour le brancher dans le Fostex. La position 1 du filtre renforce le sentiment de fermeté et de précision, peut-être un peu trop et peut se révéler décevante sur certains titres déjà rêches. La seconde en revanche apporte un supplément d’âme, un grave plus enveloppant, un médium à peine plus doux et un aigu franchement plus beau et plaisant à l’écoute sans pour autant dénaturer en quoi que ce soit le rendu. La puissance disponible est intenable avec des ears, confortable avec des casque ouverts ou fermés de faible à moyenne impédance et se révèle un poil limite avec des casques de studio à rendement moyen où certains utilisateurs recherchant des niveaux importants risquent de se retrouver une fois encore au taquet. Rappelons tout de même que le volume dépend intrinsèquement du niveau et de la dynamique des fichiers audio qui peut varier grandement en fonction de l’âge du titre et du master. À fond les ballons, l’HP-P1 rappelle qu’on ne peut pas faire de miracles avec une simple batterie de 3,7 Volt. Ecouté par exemple avec un AKG K271 en position de gain 2 et à plein volume, on arrive à obtenir une pression encore supportable (pas longtemps me concernant) mais déjà entachée de distorsion même si cette dernière reste acceptable. Passer en position 3 n’apporte qu’un gain apparent dû à l’écrêtage de l’ampli, surtout si le titre est fortement compressé. Rien de tout cela avec les intras où je mets quiconque au défi de résister, voire de mettre le volume au maxi. Un coup d’œil à l’intérieur et au travers du banc de mesure confirme cette bonne impression générale.

Fabrication

L’électronique répartie sur une seule carte imprimée époxy à trous métallisés est implantée des deux côtés du substrat avec des composants de surface pour l’essentiel. La carte occupe la totalité d’un élégant coffret en alliage d’aluminium extrudé anodisé noir, étudié pour s’adapter au profil d’une hanche lorsque l’appareil est porté à la ceinture dans sa housse. La batterie Li-ion de 3,7 V ultra plate insérée dans un film isolant se positionne au-dessus de la carte imprimée grâce à un support venant s’insérer dans un rainurage de maintien opéré dans le profilé. C’est la seule liaison filaire avec la carte, les connecteurs d’entrées-sorties étant directement placés sur la carte. C’est toujours mieux, tant pour la fiabilité dans le temps que pour les performances. Un connecteur au lieu du soudage direct des fils sur la carte aurait malgré tout été le bienvenu. De part et d’autre du profilé, deux plaques d’alu brossé vissées (par Torx) ferment le coffret avec des orifices ménagés pour l’ensemble de la connectique. Le design permet un assemblage rapide avec un minimum d’intervention manuelle.
Fostex a opté pour des composants de qualité. La partie amplification de puissance analogique fait notamment appel à un circuit Texas instruments TPA6120 à contre-réaction de courant, probablement ce qui se fait de mieux aujourd’hui en structure intégrée. Il est alimenté en symétrique grâce à une conversion de tension DC-DC. La conversion numérique/analogique fait appel à un DAC AK4480 AKM qui présente la particularité de disposer de filtres numériques (32 bits en sur-échantillonnage à 8 fs) commutables forte pente ou temps de retard de groupe minimum. Positions que l’on retrouve en face arrière avec une sélection par commutateur.

Les mesures

Nous avons procédé à deux catégories de mesures, dans le domaine purement analogique : entrée ligne vers sortie casque et en numérique/analogique avec lecture de fichiers de test au format .wav (en 44,1 kHz/16 bits) depuis un iPad via le connecteur de docking/USB. Les premières caractérisent donc uniquement la section analogique (l’ampli casque lui-même) alors que les secondes prennent en compte toute la chaîne avec le traitement numérique.
Tout d’abord concernant la puissance, on retrouve les spécifications du constructeur avec 82 mW par canal sur 32 ohms (1,62 VRMS) à un peu moins de 1% de distorsion (THD) à 1 kHz. Sur haute impédance (600 ohms), on obtient 8 mW (2,2 VRMS), la limitation provenant des rails d’alimentation (probablement +/- 5V DC).
C’est plus qu’amplement suffisant pour une écoute nomade avec les sensibilités des casques actuels. Signalons que le HP1 acceptent par ailleurs des impédances de 16 ohms avec les mêmes prestations.
La réponse en fréquence (sur 32 ohms) quel que soit le gain reste parfaitement plate de 10 Hz à plus de 80 kHz (figure 1).

Fostex HP1 rep3gains

Figure 1 : Réponse gain/fréquence, entrée ligne vers sortie casque (32 ohms) des deux canaux aux trois gains commutables.

On note sur cette courbe, les trois valeurs de gain offertes (+5, +1 et – 5 dB) qu’on utilisera selon la sensibilité du casque. Pour le gain médian, à 1 VRMS en sortie, le rapport signal/bruit atteint respectivement 106 dB en non pondéré et 109 dB (A).
La distorsion harmonique, mesurée à mi – puissance max sur 32 ohms, reste inférieure (sur les 2 canaux) à 0,0015 % à 100 Hz et 1 kHz et 0,0025 % à 10 kHz (bande de 80 kHz), ce qui est excellent.
D’entrée USB (iPad) vers sortie casque (20 mW/32 ohms) avec lecture de fichiers 44,1 kHz/16 bits, on obtient 0,015 % à 40 Hz, 0,007 % à 1 kHz et 0,065 % à 10 kHz. La distorsion d’intermodulation (SMPTE) dans les mêmes conditions ne dépasse pas 0,012% (figure 2).

Fostex HP1 IMDtot

Figure 2 : taux d’intermodulation relevé sur les deux canaux, entrée USB (flux audio 44,1 kHz/16 bits) vers sortie casque (32 ohms), puissance 20 mW.

Le spectre de sortie (FFT sur une bande de 500 kHz) pour un signal numérique à 1 kHz (- 6 dBFS) montre que l’harmonique 2 est prépondérant dans la distorsion harmonique et qu’au delà de la coupure du filtre, les bandes latérales de la fréquence d’échantillonnage à 44,1 +/- 1 kHz, 88,2 +/-1 kHz, 176,4 +/-1 kHz, etc., sont rejetées à plus de 80 dB. Il n’y pas de différence notable entre les deux positions du filtre (figure 3), hormis dans le domaine temporel, ce que nous ne pouvons pas appréhender à la mesure par lecture de fichiers .wav (sans synchronisme générateur/analyseur).
On peut dire que globalement les résultats sont très bons.

Fostex-HP1-FFT filtre 1 et 2

Figure 3 : Spectres de sortie sous 32 ohms avec un signal à 1 kHz (- 6 dBFS) lu depuis un iPad. Les raies hors bande restent à plus de 80 dB du fondamental. Très correct. Difficile de distinguer la différence entre les 2 filtres.

Pour conclure

Bien pensé, bien fabriqué, sonnant remarquablement bien pour un appareil nomade, l’HP-P1 a tout pour plaire et devrait être cofinancé par Apple tellement il donne à ses appareils leurs lettres de noblesse. Je ne peux malgré tout pas passer sous silence deux défauts et une lacune. Tout d’abord son prix. A 589 € TTC, Fostex met la barre trop haut et risque de ne pas trouver son public, et Dieu sait si le marché potentiel pour cet appareil est vaste. Ensuite la puissance. Bien entendu nous ne cautionnons pas les excès, mais puisqu’on parle de prix, il aurait été bien que l’HP-P1 soit en mesure de faire face à tout casque quelle qu’en soit l’impédance ou l’efficacité en l’équipant d’une batterie plus grosse.
Texas Instruments donne une échelle de tensions d’alimentation allant de +/-5V à +/-12V pour son ampli TPA6120 ; autant vous dire qu’à +/-12V ce serait une toute autre histoire. Enfin j’aurais aimé qu’il puisse être branché aussi sur un ordinateur en USB, transformant le plus basique Mac et PC en une superbe machine audiophile. Alors, achat ou pas. Oui sans hésiter. Fostex a apparié dans un même boîtier un bon convertisseur avec un très bel ampli casque, et rien que pour ça le jeu en vaut la chandelle sauf si vous espérez vous balader dans la rue avec un Sennheiser HD650 ou d’autres bijoux aussi durs à « bouger ». J’ai l’air de me répéter mais l’écouter, c’est l’adopter.

 

Soignés par Laurent Midas

Les retours de Julien Clerc Symphonique

Nous avons longuement détaillé les solutions techniques retenues par Laurent « Bellote » Delenclos pour mettre en son la tournée symphonique de Julien Clerc, place maintenant aux retours confiés à l’un des spécialistes français : Laurent Midas.

Laurent Midas en plein line check, son casque à l’oreille et gratouillant les micros avant qu’ils n’aillent se clipser sur leurs instruments respectifs.

Première surprise, malgré le nombre de musiciens présents sur scène, c’est la technique du ear monitor qui a été retenue, de loin la plus simple et qualitative pour la façade mais parfois aussi mal acceptée par les artistes eux-mêmes, surtout les musiciens classiques.

La régie retours de Laurent Midas

La régie retours de Laurent Midas en contrebas du plateau avec un Stéphane Jouve (particulièrement emmitouflé) sur la Soundcraft Vi6.

Les retours en Ears
Une solution incontournable

SLU : Comment en es-tu venu aux ears. Ca été dur de tous les convaincre ?

LoMid (Laurent Midas NDC) : Au tout début, il y a peut-être un an, quand Bellote m’a mis dans la boucle, j’ai travaillé sur une option mix d’appoint avec des sides pour ajouter un peu de réverbération et mettre tout le monde dans une ambiance acoustique de salle ”classique”. Un mois et demi avant de partir en tournée, on m’a appelé pour me dire qu’il y aurait un click et des séquences ce qui a rendu mon choix initial non viable. En discutant avec le Chef d’orchestre et le chef des cordes, ce dernier étant un peu aussi le manager de l’orchestre, j’ai donc décidé de donner des ears à tout le monde.

SLU : C’est un choix très qualitatif…

LoMid : Oui mais c’est dans la droite ligne de ce qu’ils veulent : un son studio où il soit possible de faire passer des séquences…

Bellote (qui nous a rejoints aux retours) : Il ne faut pas oublier qu’au départ il y a eu un doute quant à l’épaisseur, la masse sonore d’un orchestre de quarante pièces et, en sécu, il a été prévu bon nombre de séquences pour gonfler le rendu final, par exemple des cordes. Au final il ne reste quasiment plus rien et le résultat est bon tel quel.

Garwood APM31

Un des pieds supportant deux amplis mélangeurs Garwood APM31 à la fois, et venant se placer idéalement entre deux musiciens. Le tout est fourni par Da capo. Chaque APM31 dispose de trois entrées distinctes dont on règle le gain et le panoramique pour les deux mono, un master en face avant permettant de doser le volume de l’ensemble, un boîtier particulièrement complet malgré qu’il ait été conçu il y a plus de dix ans.

LoMid : Le choix de Bellote de la proximité dans la captation de l’orchestre remplit moins qu’un couple ou deux couples au-dessus des instruments mais si tu veux avoir du niveau dans le grave, il n’y a pas trop de solutions. J’ai donc chiffré le coût d’une option 100% ears sans être convaincu que la production nous suive. Je suis parti sur une solution médiane évitant de mobiliser plusieurs consoles, ce qui financièrement ne serait pas passé, et j’ai misé sur la technologie Garwood auprès de Da capo, une société néerlandaise spécialisée dans l’amplification des orchestres classiques. On aurait aussi pu choisir un système similaire chez Fischer Amps mais il ne dispose pas du même nombre d’entrées que le Garwood et cela aurait été très risqué de tout changer quelques jours avant de partir. On a testé durant les répétitions la solution Da capo avec huit pupitres, en pensant partir avec le double de boîtiers distributeurs pour mieux affiner le mix par pupitre mais en fin de compte on est resté, pour diverses raisons, avec cette solution plus basique. Je sors donc huit mix stéréo de ma console que j’adresse aux distributeurs qui eux alimentent autant de boîtiers amplificateurs que nécessaire.

SLU : Tu délègues donc une grosse partie du boulot aux musiciens eux-mêmes..

LoMid : En quelque sorte oui. Je commence par créer un mix par pupitre, comme par exemple les V1, V2, et aide les musiciens à trouver un équilibre qui les satisfasse entre eux. Ce qui marche par exemple bien sur les violons est plus délicat sur les pupitres de cuivres où les trompettes, les trombones et les cors ne jouent pas du tout pareil, et ne veulent pas s’entendre de la même manière. Cela génère au quotidien des demandes totalement opposées.

La baie de brassage telle que livrée par Da Capo

La baie de brassage telle que livrée par Da Capo et comportant ici 4 unités APM200 Garwood offrant donc huit départs stéréo vers autant de circuits de retour au travers des amplis mélangeurs APM31. Cette même baie comporte à l’arrière un câblage spécifique recueillant les micros et les brassant vers chaque boîtier individuel en même temps que le click et le mix stéréo. Un système cher mais malin et très pratique.

SLU : Effectivement pour satisfaire tout le monde…

LoMid : Il m’aurait fallu deux PM1D ou trois Vi pour disposer d’autant de départs , et sur ma Vi je n’en ai que trente deux. Même si j’avais eu une table avec plus de sorties, à un moment il faut se rendre à l’évidence, t’as qu’un cerveau et je n’aurais pas eu le budget pour en avoir deux. N’oublions pas non plus que faire des retours c’est savoir gérer un musicien en lui donnant ce dont il a besoin mais sans se laisser déborder. Quand ce dernier sait que tu fais un mix rien que pour lui, tu vas avoir du courrier ! (rires !). Dans notre kit, comme ils savent qu’ils ne sont pas seuls sur chaque mix, ils font avec, et ça se passe bien.

SLU : En dehors du budget, aurais-tu eu le temps de préparer les retours individuellement ?

LoMid : Non, je ne pense pas. Nous avons eu trois jours de répétitions, enfin, un de montage, deux de répétitions et un show. Je n’aurais pas eu le temps de tout caler.

la régie retours avec Stéphane Jouve

Idéalement bien placé même si légèrement en contrebas, la régie retours avec Stéphane Jouve en train de jouer dans les écoutes L-Acoustics d’anciens enregistrements à l’aide de Logic.

SLU : Elle marche comment cette boiboîte Garwood ?

LoMid : Elle comporte trois entrées distinctes : une stéréo prévue pour le mix en provenance de la console retours, une seconde mono pour un click et enfin une entrée micro dans laquelle est injecté le capteur de chaque musicien en provenance du patch où il est dupliqué à cet effet. Il peut donc doser à sa guise la quantité d’orchestre, de click et enfin de son propre instrument dans les oreillettes.

SLU : Comment se fait-il qu’un orchestre classique ait un click ?

LoMid : Il est envoyé par le batteur qui est maître vers l’ensemble des musiciens, chef d’orchestre inclus. C’est important en classique afin que tout le monde soit bien dedans et c’est une demande que j’ai respectée car l’artiste n’aime pas quand ça ne joue pas carré.

SLU : Les musiciens s’en sortent bien avec autant de réglages sur leur boîtier individuel ?

LoMid : On leur explique comment ça marche et ça roule, sauf parfois où l’on trouve des amplis avec click et micro à fond et niveau général au mini pour compenser. Il en résulte que le signal stéréo de tout le pupitre est inaudible ! Certains touchent, d’autres pas. Quoi qu’il en soit, j’envoie très vite mes lieutenants écouter sur place ce qui rentre dans leurs oreilles car depuis ma console je ne peux rien faire ou presque. Un autre avantage de ce boîtier c’est qu’il y a deux prises casque. On peut donc écouter facilement sans déranger. Garwood a pensé à tout avec ce modèle mais qui est malheureusement assez vieux et du coup fragile, sujet à de nombreuses petites pannes.

SLU : Tu nous as dit faire huit mix filaires mais je vois que tu as huit autres mix HF..

LoMid : Oui, j’envoie mes 8 mix stéréo vers le système Da capo et les autres vers des émetteurs HF pour le patron, le percussionniste, le chef d’orchestre, le batteur, Alain Lanty au piano, un spare et le backline.

Un des racks de Laurent Midas

Un des racks de Laurent Midas avec, comme il nous l’a rappelé, une configuration, en tout SPL préampli et déesseur pour la voix du patron, à laquelle il reste fidèle depuis Christophe Maé avec un Frontliner en tête et un 9629 pour nettoyer en douceur les aspérités de Julien. A droite du rack on entrevoit l’inverseur « Julien 1 Julien 2 » dont la fonction est bien compréhensible et, juste en-dessous, les deux récepteurs micro Sennheiser bien séparés afin d’offrir une vraie redondance aux deux émetteurs main de Julien Clerc et éviter le coup…du fusible !!

SLU : Est-ce que tout le monde porte les deux oreillettes à la fois ?

LoMid : Non pas tout le monde. Quelques cuivres et bois les mettent mais tu as raison, ils ne sont pas très nombreux en définitive, sur quarante ils doivent être une dizaine. Ils ont un rapport à l’instrument qui est trop fort pour s’en couper totalement.

SLU : Da Capo a fourni quoi exactement ?

Bellote : Ils ont fourni l’ensemble des boîtiers Garwood avec leurs petits pieds supportant deux boîtiers à la fois, les alimentations et les multipaires en Socapex qui permettent de tout ramener à un seul point placé derrière la batterie, au centre du plateau. Cela simplifie d’autant le câblage puisqu’il suffit d’alimenter ce rack spécifique avec les mix stéréo par pupitre, le click et les micros individuels splittés à cet effet, et tout repart avec l’alimentation vers chaque boîtier. Da Capo est une toute petite boîte néerlandaise très spécialisée et à laquelle j’ai personnellement déjà fait appel aussi pour les Victoires de la Musique.

Soundcraft Vi6 de LoMid

Servant de support à la Soundcraft Vi6 de LoMid, à gauche se trouve la chaufferie au propre comme au figuré, constituée de pas moins de dix Vitalizer Mk2 T au-dessus de laquelle repose le convertisseur, sélecteur et ampli casque Grace Design m904 dont Laurent se sert comme référence de direct. A droite les émetteurs des ears avec tout en haut et éteinte la génération 3000 et, sous les combineurs, les plus modernes 2500 utilisés sur cette tournée. Puisqu’on parle de combineur, remarquez l’unité AC3000 prête à prendre la relève en cas de problème car comme dit le dicton « LoMid échaudé, craint le pain »

SLU : J’ai vu avec Bellote que vous avez fait le choix de partager les préamplis de sa Studer en sacrifiant la redondance.

LoMid : Oui mais tu sais, il y a tellement d’autres choses qui peuvent tomber en panne qu’il faut accepter un petit risque qui par ailleurs nous apporte une qualité audio parfaite. On est tous les deux en MADI avec notre propre horloge ce qui ne pose en plus aucun problème, pas de click ou de dégradation du son, rien. Les problèmes surgissent toujours là où on ne les attend pas. J’ai un jour perdu un combineur HF dont le fusible a lâché sans raison apparente. Le temps de comprendre ce qui se passait, pourquoi certains faisaient de grands signes et d’autres pas, pourquoi nous-mêmes n’avions quasiment plus rien, c’était juste la guerre atomique ! J’ai vite basculé les émetteurs les plus importants sur le second combineur, en sacrifiant nous, le pfl, les choristes et en ne laissant que basse, batterie, guitares et chanteur, l’essentiel quoi !! Depuis, je ne remplis plus jamais un combineur et je pars toujours avec une unité en spare !!

Les deux derniers racks servant de support à la console Vi6 posée dessus

Les deux derniers racks servant de support à la console Vi6 posée dessus. Ils contiennent le cerveau de la console, l’horloge Antelope dont on aperçoit les trois afficheurs bleus indiquant 48kHz, la fréquence de travail des deux consoles façade et retours. A droite, sous un octuple mélangeur en rack 1U, prend place un Eclipse Eventide et une 480 Lexicon. Tout en bas le mac gère notamment Logic.

Earsonics SM3 pour tous les musiciens : royal !

SLU : Je vois que les musiciens ont été gâtés ! Dans leurs oreilles ce sont des SM3 d’Earsonics..

Bellote : Oui absolument. Ça leur fait tout bizarre et c’est un grand luxe car habituellement ils ne disposent que des ears, certes universels, mais à une voie et pas des trois voies comme sur cette tournée. Ils sont très fidèles et restituent bien la qualité délivrée par les micros DPA.

Un des SM3 universels à la disposition de tous les musiciens classiques, un très bon casque disposant d’une bande passante très large et d’un rendu fidèle.

Un des SM3 universels à la disposition de tous les musiciens classiques, un très bon casque disposant d’une bande passante très large et d’un rendu fidèle.

SLU : Et ces fameux EM4 et EM6 ?

LoMid : C’est de la bombe. Il est vraiment fort ce Franck (Lopez, créateur des modèles et gérant d’Earsonics NDC). Il a en plus sorti d’excellents amplis casque en commençant par celui pour baladeur. Je lui ai alors demandé de m’en faire un pour la scène, capable de remplacer les vieux PSM600 XLR, et faire plaisir aux batteurs et autres musiciens statiques qui veulent avoir le gros son. Le résultat est très bien ! Je ne l’ai pas éprouvé encore sur scène pour tout ce qui est pannes, faux contacts et mauvais traitements, mais d’un point de vue du son, on est au niveau de mon Grace Design m904 (qui sonne très bien NDC). Ça reste un produit cher à 599€ TTC mais le rendu audio est ce que j’appelle du pur classe A avec des qualités intrinsèques comme la qualité du timbre ou la dynamique. Il a pris le temps mais il a réussi son coup.

Le m904

Le m904, ce que Grace Design appelle justement un stereo monitor controller capable de router vers ses sorties y compris celle casque, un large nombre de sources afin d’en contrôler la qualité. Sans doute l’un des meilleurs amplis casque.

SLU : Et les casques ?

LoMid : Ecoute, ce que j’ai là au bout des oreilles, ça fait quinze ans que je l’attendais.

SLU : Tu parles de l’EM4 ou de l’EM6 ?? On lit çà et là qu’ils sont en définitive assez différents.

LoMid : Ah bon ? Non, pas pour moi. L’EM6 a plus de drivers et délivre un headroom supérieur, c’est tout. Je n’ai peut-être pas les oreilles assez fines pour m’en rendre compte (C’est c’la oui, oui, oui…NDC) ou bien c’est une histoire de goût ou d’avis mais, en ce qui me concerne, les deux sont aussi bons. Pour te dire à quel point ils se ressemblent, j’ai une paire d’EM4 que j’utilise pour le plaisir et une paire d’EM6 pour le travail. Avant-hier j’ai passé un coup de fil avec du bruit et j’ai donc enfilé les EM4 pour entendre mon interlocuteur, inutile de te dire que j’ai complètement oublié ce que j’avais dans les oreilles et j’ai fait le show avec. Au moment de ranger mon matériel j’ai pris la boîte de l’EM6 qui était…pleine. Voilà ma réponse à ceux qui entendent des trucs radicalement différents.

SLU : Il semble pourtant que les doubles drivers de l’EM6 donnent un son différent dans le haut mais à la fois plus travaillable par la réserve dynamique supérieure…

LoMid : Je vais te donner l’historique tel que me l’a raconté Franck, tu comprendras. Il a commencé par faire l’EM4 en remplacement de l’EM3-Pro. C’est un trois voies avec quatre drivers. J’ai eu la chance de l’écouter et de partager avec lui son développement, et Nico d’Amato l’a testé quelque temps en tournée. C’est là qu’un léger manque de headroom s’est fait sentir au niveau du driver en charge du médium : un secteur crucial. On en a discuté avec Franck, et presque sur le ton de la boutade je lui ai dit ”..bin, fais l’EM6, double les drivers partout !” Deux jours après il m’a rappelé pour m’annoncer que l’EM6 était dans les tuyaux. Une fois qu’il a validé le montage, il a commencé le travail d’accord et de réglage sonore afin de faire en sorte que l’EM6 ait le même rendu que l’EM4 et ce n’est pas tout à fait pareil…

SLU : (rires !!) Ahhh raconte !!

LoMid : En fait l’EM4 est à mon sens un poil trop smooth. Le vrai son, celui que je retrouve quand j’enlève mes ears et que j’écoute mes enceintes, je l’ai avec l’EM6. Pour moi ce casque c’est la vérité. Il offre de plus un boost dans le bas aux alentours des 70Hz ce qui me convient parfaitement là où dans l’EM4 on le retrouve moins bien placé, vers 100-110Hz. A choisir je prends donc l’EM6 ce qui ne m’a pas empêché de mettre le « mauvais » casque et faire tout le show avec !! Du coup Franck dispose maintenant de deux références, une apte à reproduire la musique masterisée et une autre faite pour la scène et sans aucun compromis de niveau.

SLU : Ça prouve déjà que tu n’écoutes pas fort !

LoMid : C’est sûr que si je m’allumais la tête je l’aurais remarqué tout de suite car ça crunche.

SLU : Pour terminer tu nous as parlé d’une télécommande déportée pour ta table..

Le siège de Laurent Midas avec son propriétaire

Le siège de Laurent Midas avec son propriétaire. Magie du web et des photos qui grossissent à la demande, vous pouvez facilement apercevoir une pancarte traitant de la vente de l’alcool aux mineurs. La morale est sauve, LoMid est majeurs depuis…quelque temps.

LoMid : Oui, je dispose en version beta d’un soft pour iPad qui prend la main en wifi sur la Vi6, et qui est déjà bien complet tel quel même s’il va évoluer dans le futur vers un contrôle total. Pour le moment on n’a pas accès à l’égaliseur d’entrée et au compresseur de chaque tranche mais quasiment tout le reste est modifiable à distance, notamment au niveau des sorties et des EQ 31 bandes ce qui me permet de travailler les wedges beaucoup plus facilement sur scène. Cette application a mis du temps à sortir puisque au départ elle avait été conçue pour un iPhone qui s’est révélé trop petit en termes d’écran, d’où la version iPad refaite à partir de zéro. Elle risque d’ailleurs d’être exclusive à l’univers mac. Autre détail important, le DSP n’accepte d’être piloté que par une seule surface de contrôle à la fois, si l’iPad est déclaré, c’est lui qui a la main. A terme cela aussi devrait évoluer.

les piles sont désormais avantageusement remplacées par des accumulateurs

De plus en plus boutées hors des spectacles, les piles sont désormais avantageusement remplacées par des accumulateurs, d’où la présence de cet imposant rack de quadruples chargeurs Fischer Amps ALC 161.


Peu de temps avant le show, un carton plein de Mighty Bright brille de tous ses feux

Peu de temps avant le show, un carton plein de Mighty Bright brille de tous ses feux. Il s’agit de lampes sur col de cygne prévues pour les pupitres et tirant leur énergie de 3 batteries LR3, d’où le grand nombre de chargeurs de batteries Fischer Amps.

 

AED Rent se fâche avec son voisinage !!

JBL VTX V25

Voici le système vu de face avec 9 têtes V25 surplombant deux stacks de 4 subs 4880A.

Voici le système vu de face avec 9 têtes V25 surplombant deux stacks de 4 subs 4880A.

A la traîne sur la marché européen (un peu) et sur celui français (beaucoup) JBL fait un retour remarqué dans le marché du touring avec un nouveau gros système, le V25, fer de lance de la gamme VTX et comprenant outre la tête deux modèles de subwoofers, les S28 pour être S-tackés et les G28 pour être G-roundés. Nous avons pu écouter une ligne de neuf V25 le 29 mars en extérieur grâce à SCV et surtout à AED Rent qui vient de commander 330 boîtes entre têtes et subs, et a joué l’hôte bienveillant devant ses dépôts de la Courneuve en région parisienne. Les murs des voisins en tremblent encore.

Appelée Next Generation Line Array System Solution, la gamme VTX est désormais opérationnelle et grâce à la puissance de l’outil industriel de JBL, ce qui n’était qu’un prototype fonctionnel unique il y a encore que quelques mois, sort désormais des chaines d’assemblage à rythme soutenu. Seuls les deux subs se font encore quelque peu attendre. Equipé de deux 15 pouces double aimant et double bobine, quatre 8 pouces disposant aussi de cette même technologie Differential Drive et de trois moteurs D2, chacun disposant de deux diaphragmes, le V25 est capable, sur le papier, de délivrer 99 dB dans le grave, 103 dans le médium et 116 dans l’aigu à 1 W, accepte au total 6000 W continus, a une réponse en fréquence de 41 à 18 kHz à +/- 3 dB et enfin arrose à 90° entre 250 et 16 kHz à -6 dB. Autant dire que ce système descend et surtout grimpe très haut, engloutit des puissances supérieures à la concurrence et semble avoir une excellente couverture horizontale.

Une vue arrière du système tel que déployé à la Courneuve en région parisienne au siège d’AED Rent France. Les boîtes sont arrivées et reparties le jour même de Belgique, on distingue le camion blanc à gauche, prêt à assurer la navette.

Une vue arrière du système tel que déployé à la Courneuve en région parisienne au siège d’AED Rent France. Les boîtes sont arrivées et reparties le jour même de Belgique, on distingue le camion blanc à gauche, prêt à assurer la navette.

Accroché en extérieur avec un dégagement latéral acceptable et plus de deux cent mètres devant, les 9 boîtes ont été calées afin de taper jusqu’à 100 mètres et des jalons ont été positionnés à cet effet à même le macadam. Le bumper ayant été volontairement tilté à -3°, l’aigu plonge nettement une fois la portée voulue atteinte.  Huit subs 4880A, des modèles plus anciens et complétant normalement les 4889, viennent renforcer le bas du spectre et donner plus de headroom aux têtes, presque 6 dB. Le filtrage a été choisi à 60 Hz entre têtes et subs. L’écoute s’est déroulée d’abord têtes seules en full et ensuite avec les subs.
C’est Laurent Delenclos qui s’est chargé du montage et du calage à la demande de SCV, un calage très droit et sans aucun parti pris artistique ou personnel. Le choix de jouer en extérieur avec tous les problèmes que cela implique en termes de gêne au voisinage ou de conditions climatiques défavorables a été fait pour permettre de juger un rendu le moins coloré possible par une acoustique de salle. En comparaison A/B il peut être fait abstraction des défauts rapportés mais avec un seul modèle l’ambiance doit être la plus neutre possible.

Bellote aux commandes de la Vi6 Soundcraft, on est corporate ou on ne l’est pas, en charge d’alimenter en signal le système. Les potentiomètres ouverts en arrière-plan trahissent la mise à plat d’un titre de Mylène Farmer au SdF.

Bellote aux commandes de la Vi6 Soundcraft, on est corporate ou on ne l’est pas, en charge d’alimenter en signal le système. Les potentiomètres ouverts en arrière-plan trahissent la mise à plat d’un titre de Mylène Farmer au SdF.

Une Soundcraft Vi6 reçoit les sources, essentiellement un lecteur de CD, un mini jack à la disposition des professionnels présents et enfin un ProTools via une carte Madiface joue la mise à plat d’un titre du dernier concert de Mylène Farmer à St Denis apporté par Stéphane Plisson présent lors de cette écoute.

Un temps superbe mais malheureusement un vent insidieux qui a rendu l’écoute du haut du spectre impossible au-delà de la régie et parfois même avant lors de fortes rafales.

Un temps superbe mais malheureusement un vent insidieux qui a rendu l’écoute du haut du spectre impossible au-delà de la régie et parfois même avant lors de fortes rafales.

La première impression dès les toutes premières notes est très favorable. Malgré l’absence des subs et un nombre de boîtes raisonnable, à 35 mètres le grave et plus encore l’impact dans le bas généré par les V25 est stupéfiant. Comme bon nombre de personnes présentes on ne peut s’empêcher de demander en régie si les subs sont bien à l’arrêt. L’impact est tel que l’on ne ressent à aucun moment un quelconque manque dans le bas et même l’octave 30/60 Hz passe sans efforts. Seuls les amplis assez sollicités prouvent que la ligne ne comporte que 9 têtes, n’est pas filtrée dans le bas et joue en extérieur. Le délié dans le grave malgré sa richesse et son extension sont à mettre au crédit de JBL. Le bas médium est lui aussi d’une précision appréciable et surtout bénéficie à plein du parfait guidage du son, donnant un relief et une projection « hors de la boîte » des instruments.

Un Vrack Crown équipé de trois amplis I-Tech 12000 capables de délivrer 4500 Watt par canal à 4 ohm et des crêtes de 6000 à 2 ohm. L’ampli de référence pour la série VTX sera le I-Tech 4x3500HD.

Un Vrack Crown équipé de trois amplis I-Tech 12000 capables de délivrer 4500 W par canal à 4 ohms et des crêtes de 6000 W à 2 ohms. L’ampli de référence pour la série VTX sera le I-Tech 4x3500HD.

Le médium est reproduit sans aucune dureté, le calage neutre allant dans ce sens, et ici encore jaillit de la ligne en vous habillant comme un gant. Malheureusement comme souvent en extérieur le vent est venu gâcher l’écoute rendant impossible d’émettre le moindre jugement quant à l’aigu qui paraît quand même fin et très « facile ». Remarquable couverture horizontale allant rigoureusement et sans aucune décroissance gênante ou irrégulière à+/- 45° de l’axe.
Passé ce cap le haut disparaît abruptement. Nous avons juste remarqué à 15/20 mètres de la ligne une pointe de couleur pile dans l’axe des 8 pouces quand on passe devant, une impression à vérifier lors d’une prochaine écoute où nous disposerons de plus de recul latéral.

Une vue des 8 subs 4880A raccordés ici par paires.

Une vue des 8 subs 4880A raccordés ici par paires.

La mise en marche des subs apporte manifestement du niveau et une dimension encore plus physiques au bas du spectre. Le calage très droit et parfaitement exécuté entre les 8 subs au sol et les 9 boîtes permet d’apprécier les V25 sans que leur joli grave ne soit masqué ou coloré par la trop classique purée de vent. Un extrait de techno et une petite accalmie dans le vent laissent le système donner la pleine mesure de ses capacités. Nous n’avons pas le sentiment que le rendu soit totalement neutre, mais l’énergie, la projection, le délié et le côté « dans la figure » sont bluffants. Un dernier extrait basé sur une voix féminine assez surmixée donne un aperçu de la relative neutralité du médium et du haut médium, le côté agressif et piquant de cette voix n’étant en rien mis en exergue.

Umberto Maurizio le responsable de la filiale France d’AED Rent à côté d’une V25 laissée à portée de main et d’objectif. Merci encore pour l’accueil et les bières, belges bien sûr !!

Umberto Maurizio le responsable de la filiale France d’AED Rent à côté d’une V25 laissée à portée de main et d’objectif. Merci encore pour l’accueil et les bières, belges bien sûr !!

Compliments à JBL pour ce système dont, il faut en plus le rappeler, les presets ne sont qu’une première version, et que nous avons écouté sans les subs prévus à cet effet sur une aire de parking en goudron et très, trop dégagée. Il est fort probable que cette marque se retrouve très vite sur les fiches techniques y compris françaises aidée en cela par la commande massive effectuée par AED Rent qui va rapidement disposer de son parc complet de 220 têtes et 110 subs entre sa base Belge et ses dépôts hollandais, français, allemands et anglais. Et les voisins dans tout ça…Ils ont envoyé les flics pardi, des policiers municipaux tristes de ne pas avoir leur CD préféré dans le véhicule de fonction !!

La salle des machines de cette écoute avec pas moins de 4 V-Rack et la bagatelle de 12 I-Tech 12000 Crown totalisant 100 kWatt.

La salle des machines de cette écoute avec pas moins de 4 V-Rack et la bagatelle de 12 I-Tech 12000 Crown totalisant 100 kW.

Une vue de la platine arrière des V25. Les deux 15 pouces sont attaqués isolément l’un de l’autre. Nouvelle gamme, nouvelles habitudes. Designed in the USA, Assembled in Mexico…

Une vue de la platine arrière des V25. Les deux 15 pouces sont attaqués isolément l’un de l’autre. Nouvelle gamme, nouvelles habitudes. Designed in the USA, Assembled in Mexico…

Une vue en détail du système d’accroche et de calage de la V25 appelé SAFE.

Une vue en détail du système d’accroche et de calage de la V25 appelé SAFE.

 

Bellote, re-Bellote et douze de DOSC

Julien Clerc Symphonique

Comme d’autres avant lui, Julien Clerc a succombé au symphonique et s’est adjoint une formation de 40 musiciens, grâce à laquelle ses mélodies présentes et passées prennent un relief tout particulier. Fidèle à l’artiste et accompagné par Laurent Midas aux retours, Laurent « Bellote » Delenclos a été chargé de mettre en son cette tournée plus pop que vraiment classique à l’aide de quelques trouvailles dont il a le secret.

Laurent Delenclos dit Bellote et Wilfried Mautret, son assistant. Photo prise dans la patinoire de Meriadeck à Bordeaux

A gauche et debout Laurent Delenclos dit Bellote et à droite Wilfried Mautret, son assistant. Non, cette photo n’a pas été prise en extérieur mais c’est tout comme, on se gèle !!

Il nous a accueillis dans la patinoire Mériadeck de Bordeaux, un lieu à l’acoustique très « tagada (voilà les Dalton) » et où les ondes sonores rebondissent autant que les palets de hockey malgré un traitement acoustique omniprésent ! En voilà un chouette de cha-cha..llen-llen..ge-ge rendu encore plus ardu par les températures polaires régnant en France mi-février y compris et surtout dans la salle elle-même !

C’est dans ce lieu pour le moins coriace que l’on retrouve Bellote de bon matin en train de vérifier la pose de lourds draps noirs sur les hauts panneaux en plexi qui protègent le public des palets en fond de salle, là où se trouvent les buts mais aussi la régie sur le parterre modulaire déposé sur la glace, pile dans l’axe de tir des Dosc.

Bellote : C’est à cette heure-ci que vous arrivez ? A midi tout est déjà en l’air, on t’attendait pour nous filer un coup de main ! (rires !)

Soundlightup : Tu mixes pour Julien depuis quand ?

Bellote : Depuis 2006. Je vais l’accompagner aussi aux Victoires de la Musique cette année où je travaillerai de toute façon. La dernière tournée était assez minimaliste et j’assurais tous les postes seul. Cette année en revanche Laurent s’occupe des retours et de mon côté je suis assisté par Wilfried (Mautret NDC).

Les nouvelles règles du jeu, simplifiées par Vista

La régie son et éclairage derrière laquelle prend place le vidéoprojecteur, un assemblage classique, efficace et rapide à assembler et caser.

La régie son et éclairage derrière laquelle prend place le vidéoprojecteur, un assemblage classique, efficace et rapide à assembler et caser.

Soundlightup : Explique nous les particularités de cette formation symphonique.

Bellote : Pour garder une assise rythmique, il y a un batteur mais sans charley ni toms autres qu’un tom basse. Il assure aussi avec le timbalier les percussions et envoie quelques rares séquences. La basse est assurée par les contrebasses et les violoncelles. En fait les arrangements ont été écrits par Philippe Uminski qui n’a pas de formation classique, du coup le résultat est, disons, de la pop classique où les musiciens ont dû trouver leurs repères. Les contrebasses par exemples ont travaillé les notes piquées à l’archet, quelque chose qui au départ ne leur parlait pas trop !

Un détail de la manière avec laquelle Bellote a « construit » sa Vista avec par exemple en bleu le VCA Piano qui cache l’ensemble de moyens de repiquage de cet instrument, en gris des entrées dites normales avec celle notamment de Julien et enfin en jaune un Aux, dans notre cas le fameux « DBX », un nom générique pour le synthétiseur de sub harmoniques LoAir en plug dont il se sert pour clore certains titres et faire vibrer les chaises !!

Un détail de la manière avec laquelle Bellote a « construit » sa Vista avec par exemple en bleu le VCA Piano qui cache l’ensemble de moyens de repiquage de cet instrument, en gris des entrées dites normales avec celle notamment de Julien et enfin en jaune un Aux, dans notre cas le fameux « DBX », un nom générique pour le synthétiseur de sub harmoniques LoAir en plug dont il se sert pour clore certains titres et faire vibrer les chaises !!

Soundlightup : J’imagine que ça te change aussi pas mal les habitudes entre une boîte de direct et…

Bellote : … sept musiciens pour la basse, trois contrebasses et quatre violoncelles ! Pour changer ça change ! La contrebasse fait l’infra et le violoncelle joue l’attaque. La prise de son est aussi assez particulière puisque chaque contrebasse est reprise par un micro et par un capteur Schertler. Ce relatif luxe dans la captation a nécessité de partir avec une table offrant de grosses capacités en termes d’entrées, la Studer Vista 5SR. J’ai mis le nez dedans et c’est une putain de console ! Une très bonne surprise.

Le cœur de la Vista 5SR avec en orange la somme de fibres qui vont et viennent entre le stage, les retours et le mac. Sous le rack de gauche on distingue la iClock Mutec, en dessous le rack de calcul du multieffet TC 6000 et encore en dessous un onduleur. Sous le rack de droite le générateur « d’orchestre » Lexicon 960L, un sacré bébé !!

Le cœur de la Vista 5SR avec en orange la somme de fibres qui vont et viennent entre le stage, les retours et le mac. Sous le rack de gauche on distingue la iClock Mutec, en dessous le rack de calcul du multieffet TC 6000 et encore en dessous un onduleur. Sous le rack de droite le générateur « d’orchestre » Lexicon 960L, un sacré bébé !!

Je peux par exemple disposer d’EQ et de dynamiques relatifs aux VCA. Prenons par exemple mes huit violons appelés V1. Je les égalise tous les huit à même le VCA. Ça me permet d’avoir les quarante six musiciens sur trente faders. Par habitude j’ai placé le VCA basse contre le fader du pied et de la caisse claire, même si on parle bien d’un symphonique (rires). Avec la Studer on construit totalement sa console et le terme n’est pas galvaudé. Au sujet de cette table, c’est la première fois où je me sers réellement d’une console numérique sans la traficoter, sans lui adjoindre tout ce qu’il faut pour lui donner un son, les préamplis, les sommateurs, j’ai juste mis une horloge externe et je trouve le résultat bluffant, vraiment bien.

Chacun son horloge ? Mais oui c’est possible !

SLU : Une horloge sur une Studer ? Ils savent faire quand même !

Bellote : Franchement on entend la différence. Je ne sais pas ce qu’ils ont mis dedans mais ça marche mieux avec une iClock Mutec. C’est clair et net. La seule où je n’ai pas besoin d’horloge externe c’est la SSL. Comme la Vista est au départ une table broadcast, je la référence à l’aide de black burst. On peut tout faire avec cette console, c’est le paradis du bidouilleur et tu peux aller vraiment loin.

SLU : Il m’a semblé voir dans les racks de LoMid (Laurent Midas NDC) son horloge Antelope Trinity avec laquelle il référence sa table. Comment vos deux horloges peuvent-elles cohabiter ?

Bellote : Normalement il faudrait que nous soyons tous lockés sur la même horloge mais le MADI, je ne sais comment, accepte dans notre cas cette double référence. Nous avons tiré, au cas où, une BNC entre les deux régies et comme sa Trinity est plus stable que ma Mutec, j’avais prévu de m’y accrocher, mais les 100 mètres de coaxial m’ont paru assez…bref, comme ça marche tel quel, on l’a laissé (rires !). On nous a dit que c’est possible car le MADI est très souple question horloge, quoi qu’il en soit rien ne garantit que si je passe ma Mutec en wordclock ça marche aussi bien !

Prise de son atypique pour Symphonique introverti

Un des innombrables DPA4099 attendant sagement sur le pupitre son instrument, un micro disposant de deux atouts décisifs en dehors de son rendu : une pince très astucieuse et un col de cygne.

Un des innombrables DPA4099 attendant sagement sur le pupitre son instrument, un micro disposant de deux atouts décisifs en dehors de son rendu : une pince très astucieuse et un col de cygne.

SLU : Revenons à ta prise de son pour les cordes. Tu joues la proximité.

Bellote: Oui absolument. J’ai commencé par mettre des Schoeps partout et tenté de mettre de l’air et de la distance mais je me suis vite calmé. C’est un symphonique tellement ramassé sur lui-même que je me retrouve avec les timbales à un mètre des violons ce qui dans la « vraie vie » n’arrive jamais. J’adore les Schoeps mais ils repiquent trop généreusement, je suis donc revenu vers des choix plus raisonnables et gérables.

Le coin du timbalier, protégé comme il se doit contre les fuites sonores par des feuilles de plexi. Il faut dire que devant des imposants futs en cuivre se trouvent les violons… Sennheiser 421 et Shure KSM137 pour la somme de petites percussions jouées entre deux roulements de timbales.

Le coin du timbalier, protégé comme il se doit contre les fuites sonores par des feuilles de plexi. Il faut dire que devant des imposants futs en cuivre se trouvent les violons… Sennheiser 421 et Shure KSM137 pour la somme de petites percussions jouées entre deux roulements de timbales.

A défaut de charley, le tempo de quasiment chaque titre a été donné par le batteur avec ce tambourin à pédale ou bien par le timbalier à l’aide de divers œufs et shakers. C’est un Sennheiser e904 qui assure la reprise.

A défaut de charley, le tempo de quasiment chaque titre a été donné par le batteur avec ce tambourin à pédale ou bien par le timbalier à l’aide de divers œufs et shakers. C’est un Sennheiser e904 qui assure la reprise.

J’ai choisi le DPA 4099 qui sonne bien, est très directif, statique et dispose d’une pince très pratique. Pour les flutes j’ai pris des AKG C535, des Audio-Technica ATM350 sur les clarinettes et deux sur le hautbois, un sur l’embouchure et un sur les doigts. Pour les cors j’ai placé des Neumann TLM102 et des AKG C414 sur les cuivres. Le cache en plexi derrière le cor vient absorber un peu de repisse dans les contrebasses qui sont juste derrière et dans lesquelles j’avais plus de vent que de corde !

SLU : Drôle ta batterie sans charley…

Bellote : Ca ne s’y prête pas vraiment, en revanche il y a une chouette bidouille avec une pédale de pied et un tambourin pour rythmer certains titres. Pour la grosse caisse et le tom floor j’ai mis un Beta 52 que je traite de manière très soft. La caisse claire par exemple n’est reprise que par un 414 au-dessus. On ne fait pas du rock’n’roll. Sur les timbales j’ai des Sennheiser 421 et un SM137 Shure pour des petites percussions.

SLU : Et julien il chante dans quoi ?

Bellote : Un Sennheiser 5000 avec une tête dynamique classique qui ne se fait plus, la 5500, et c’est bien dommage. Je la préfère beaucoup à la tête Neumann qui s’adapte aussi à cet émetteur, enfin, à la manière dont le compander HF de l’émetteur réagit à des têtes statiques à réponse très large comme la Neumann. J’adore le filaire Neumann mais pas sa version HF. Je n’ai malheureusement pas réussi à convaincre Julien de rester avec un fil, pas cette fois ! Il m’a fait part de son souhait de pouvoir se balader dans l’orchestre.

Le couple de Schoeps en charge de repiquer « par l’air » le son du piano de Julien Clerc, un Silent Yamaha. Une paire de capteurs Yamahiko viennent apporter un surplus de grave et en cas de danger, il reste la possibilité de basculer sur l’électronique.

Le couple de Schoeps en charge de repiquer « par l’air » le son du piano de Julien Clerc, un Silent Yamaha. Une paire de capteurs Yamahiko viennent apporter un surplus de grave et en cas de danger, il reste la possibilité de basculer sur l’électronique.

SLU : Je vois deux pianos, ce n’est pas très symphonique ça non plus !

Bellote : C’est normal ! Julien joue le sien et Alain Lanty, son vieux complice, est sur l’autre ; en fait un faux piano qui lui permet de varier les accompagnements. Parfois il vient sur celui de Julien quand ce dernier chante debout face public. Pour le repiquage du piano principal et pour disposer de plusieurs options, j’œuvre de trois façons différentes. J’ai d’abord un couple de Schoeps CMC6 monté en MK4 placé en dessous car on joue couvercle fermé. Ces deux micros, comme d’ailleurs le piano dans son ensemble, reposent sur des silentblocs. Ensuite j’ai une paire de pickups Yamahiko, des accéléromètres qui sont placés entre la table d’harmonie et la structure pour renforcer un peu le bas et enfin je sors sur des DI. C’est un piano Yamaha Silent que je fais malgré tout jouer en acoustique car je trouve le son plus joli mais il m’arrive parfois de devoir switcher en cour de concert car l’accord ne tient pas. On le secoue beaucoup et surtout il est soumis à des écarts de température trop importants. Il existe la possibilité de louer un piano dans chaque ville mais on a eu des mauvaises surprises par le passé ; on se trimbale donc le nôtre.

Un capteur Schertler positionné dans le chevalet d’une contrebasse

Un capteur Schertler positionné dans le chevalet d’une contrebasse

SLU : Comment partagez-vous les micros entre Laurent et toi ?

Bellote : On a fait le choix d’être sur les mêmes préamplis Studer, les miens. Laurent est donc alimenté sur sa Vi6 par la sortie de redondance de ma stagebox. Les micros attaquent en direct une seule électronique : un gage de qualité. Comme je suis câblé sur la sortie 1, c’est moi qui gère les gains.

SLU : Mais en fait, il se mange un peu de latence le Patron et il n’aime pas ça… (Sur une précédente tournée, Bellote avait inventé une sortie à zéro latence pour que dans ses ears monitors Julien ne soit pas dérangé NDC)

Bellote : C’est exact, mais à l’époque c’était une DIGIDESIGN qui atteint les 3 millisecondes et donc créait un filtre en peigne pile où il ne fallait pas entre voix de tête et retours. La Studer est à moins de 2 millisecondes ce qui repousse le peigne à des fréquences plus hautes et moins gênantes. Il est ravi car il dispose en outre des derniers EARSONIC EM6. Laurent t’en parlera mieux que moi mais ce sont les premiers ears monitors qu’il n’égalise pas !!

Deux belles réverbérations et un Multirack Waves

A gauche et affichant l’analyseur Flux l’écran du mac supportant à la fois les effets du show, l’enregistreur et, cerise sur le gâteau, la musique d’attente. A droite le portable ayant en charge les Lake.

A gauche et affichant l’analyseur Flux l’écran du mac supportant à la fois les effets du show, l’enregistreur et, cerise sur le gâteau, la musique d’attente. A droite le portable ayant en charge les Lake.

SLU : Toujours très peu d’effets à ce que je vois…

Bellote : Deux très belles réverbérations tout de même : une LEXICON 960 et une TC 6000. La 960 est sur les cordes et les bois pour redonner de l’ampleur et de la longueur à une prise de son très proche et qui gomme trop le lien « orchestre ». La 6000 sert à la voix de Julien. Par des petits délais et de la réverbération je lui donne de la largeur. J’ai aussi un MULTIRACK WAVES dans le MAC dont je me sers pour traiter la voix de Julien avec un compresseur multibande C6 et un compresseur limiteur monobande CLA76. J’ai aussi un plug LoAir que j’utilise pour gonfler certaines fins de chansons ou passages courts en infra. Il paraît en plus que bientôt le Multirack sera ouvert à d’autres marques de plugs ce qui sera un plus appréciable car il n’y a pas que Waves qui sache en développer !

SLU : D’un point de vue du son, le plug-in en général te satisfait-il ?

Bellote : Ahh c’est bien oui, et puis surtout c’est tellement pratique… Je ne trimbale plus rien et avec cette configuration et ma carte MADI, je peux faire 64 inserts !

SLU : Ils ne te plaisent pas les compresseurs de la Studer ?

Bellote : Ils ne sont pas maaaaal mais bon… Le modèle de base est trop simple, j’ai essayé le « Vintage Dynamics » qui est plus paramétrable et il fait l’affaire sans être topissime. Quitte à simuler un effet analogique, j’ai choisi un algorithme externe sur les WAVES. L’égaliseur en revanche est très efficace de même que les coupe haut et coupe bas dont on peut régler les pentes à -12, -18 ou -24, ça c’est terrible ! (Chassez le naturel, il revient au galop ! NDC). Un autre point fort dans cette table c’est le VIRTUAL SOUND PANNING avec lequel en classique j’arrive à ouvrir mon orchestre sans pénaliser les spectateurs qui sont sur les latéraux. C’est la console idéale en classique et cette fonction est juste redoutable. Du coup j’en ai mis partout. (Rires !)

SLU : Et ta mono ?

Bellote : Je n’en donne pas, j’ai sorti un seul côté. Honnêtement ça phase un peu, ça fonctionne avec des délais. La vraie somme mono est un peu bizarre mais comme je n’ai rien « panné » mes deux côtés peuvent faire l’affaire ! Sur les stéréo de la console, les sorties ou les groupes, t’as des élargisseurs stéréo énormes. Les Vitalizer à côté c’est rien. A 200% c’est terrassant, t’as la tête à l’envers. Je m’en sers à un moment du show ou Alain Lanty fait quelques notes d’accompagnement et ça rend très bien. J’utilise à peine 20% de l’automation de la console mais je suis conquis.

SLU : T’avais jamais pratiqué la Vista ?

Bellote : Non ! J’ai passé trois semaines seul avec le nez dans le manuel pour la comprendre et faire ma liste de questions. J’aurais mieux fait de me faire aider par quelqu’un qui la connaissait bien car elle est vraiment ouverte. Tu peux tout configurer y compris le nombre de canaux dans une fibre à l’aide de dip-switches à même les cartes. Inutile de te dire que si l’utilisateur précédent a mis les mains dans le cambouis, tu peux y passer un moment avant de trouver, surtout quand tu n’es pas habitué à ce modèle qui est en plus d’une puissance considérable. Tout confondu, on peut brasser trois cents entrées vers trois cents sorties grâce au MADI.

SLU : Une idée du routing ?

Bellote : J’ai trois cartes MADI. Une me sert avec le Mac pour faire mes 64 inserts avec le Virtuel Rack Waves via une carte RME, une seconde pour enregistrer le show et faire du virtual check avec Logic, j’ai deux fibres et 128 canaux pour cela sur une carte SSL, et enfin une dernière pour recevoir les signaux depuis le stage rack sur scène. Je renvoie d’ailleurs mes 128 signaux vers Laurent pour qu’il puisse enregistrer à son tour avec son Logic et fasse lui aussi un sound check virtuel. Comme je n’ai pas de patch fibre, je brasse à la main. J’y perds en commodité ce que j’y gagne en fiabilité en enlevant une couche d’électronique qui peut toujours défaillir.

SLU : C’est quoi tes minuscules boîtes Meyer autour de la console ? (genre mug question encombrement NDC).

Bellote : Ce sont des MM-4XP. Elles sont minuscules et bluffantes. Elles sont alimentées par leur sub le MM10 et je les ai mesurées (noon, c’est bien la première fois…NDC) c’est très correct. Y’a vraiment rien à dire. Ecoute. T’as une sacrée patate pour un aussi petit truc. C’est aussi préaccentué qu’une Bose mais ça sonne mieux. Je route dedans les talks, les PFL. C’est conçu pour de l’installation mais j’ai trouvé que ça faisait très bien l’affaire pour voyager léger. (Je confirme, ça sonne bien, clair, sec et fort, très Meyer, avec bien entendu une directivité très prononcée. NDC)

SLU : Ton mac il en fait des trucs…

Bellote : Et il est loin d’être à genoux. C’est mon outil à tout faire. Il diffuse la musique d’ambiance, les titres pour caler la diffusion, l’analyseur Flux, le Logic avec 128 pistes, le Multirack Waves. C’est un quatre cœurs et même quand je lance tout, l’analyseur est encore à 60 images par seconde.

La Diffusion made in Bellotte

SLU : Parle-nous un peu de ta diffusion.

Bellote : J’ai opté encore une fois pour un filtrage complet en FIR que j’ai réalisé à l’aide de quatre Dolby, deux à cour et deux à jardin avec une traversée du signal entre les deux en Dante. Je rentre dans la première machine en AES et c’est de là que s’opère la distribution du signal en Dante via un routeur en 1GB. J’ai aussi un secours en quatre paires analogiques si on perd le réseau ou l’AES. Le seul hic est que je dois corriger la petite latence due au protocole Dante dans les trois Dolby qui le reçoivent par rapport au premier qui le génère et où je cale donc des petits retards pour que les enceintes soient en phase. C’est aussi la première machine qui convertit le 48 kHz de la table en 96 kHz, ce qui fait que les quatre Dolby sont parfaitement synchrones.

: Le système à cour et composé de douze V-Dosc et de neuf Kara pour couvrir les latéraux. Deux époques bien différentes et qui se côtoient et se complètent plutôt bien. Non visibles 3 autres Kara posés sur la scène, ramènent le front sonore à hauteur des musiciens.

: Le système à cour et composé de douze V-Dosc et de neuf Kara pour couvrir les latéraux. Deux époques bien différentes et qui se côtoient et se complètent plutôt bien. Non visibles 3 autres Kara posés sur la scène, ramènent le front sonore à hauteur des musiciens.

Le stack de trois Kara posé à même la scène sur son bumper à jardin. Son rôle avec celui placé à cour est de « tirer » vers le bas l’image sonore et redonner cohérence à ce que voit l’œil, 45 musiciens, et ce qu’entend l’oreille, un son venant des étoiles. En arrière-plan l’accordeur a fort à faire avec un piano qui subit des variations de température extrêmes.

Le stack de trois Kara posé à même la scène sur son bumper à jardin. Son rôle avec celui placé à cour est de « tirer » vers le bas l’image sonore et redonner cohérence à ce que voit l’œil, 45 musiciens, et ce qu’entend l’oreille, un son venant des étoiles. En arrière-plan l’accordeur a fort à faire avec un piano qui subit des variations de température extrêmes.

SLU : En termes de boîtes ?

Bellote : Par côté douze Dosc en face, douze Kara en latéral, neuf pendus et trois posés sur scène et un cluster unique et central de douze subs SB28. C’est mon kit de base. Les deux ensembles de trois Kara posés servent à tirer l’image vers le bas. J’ai aussi 4 UPJ Meyer dont j’exploite la possibilité de faire pivoter de 90° le moteur. Ce sont des 80×40 que je couche sur leur tranche. Comme Meyer sait travailler sa phase et L-Acoustics aussi, les deux enceintes se marient parfaitement.

Les douze SB28 montés en quatre stacks de trois caissons chacun et assemblés en antenne cardioïde (voir les simulations) Solidaires d’un pont de 500 et placés à la verticale du public, ils bénéficient à 1.4 tonne, de toutes les attentions du rigging.

Les douze SB28 montés en quatre stacks de trois caissons chacun et assemblés en antenne cardioïde (voir les simulations) Solidaires d’un pont de 500 et placés à la verticale du public, ils bénéficient à 1.4 tonne, de toutes les attentions du rigging.

SLU : Parle-nous de ton montage de subs en antenne centrale. Ça vient d’où ?

Bellote : C’est un rêve. Déjà n’avoir qu’un point d’émission pour l’infra c’est l’idéal et ce n’est pourtant pas fréquent de pouvoir le faire. Ensuite j’étais confronté à la difficulté de devoir gérer un orchestre avec soixante micros sur scène et l’envie de ne pas faire un son de Mickey (rires). Ce n’est pas parce que c’est du classique que j’abandonne un vrai bas et un niveau correct. J’ai donc décidé de nettoyer au maximum l’arrière de la scène. Un mode cardioïde c’est pas mal, mais à 30 Hz c’est « mes genoux » (« ça ne marche pas » en Delenclos NDC). donc j’ai préféré créer une antenne composée de quatre fois trois subs pour que la directivité soit maintenue jusqu’à 30 Hz. Le choix de stacks de 3 unités chacun est dicté par la volonté de ne pas être pour le coup trop directif en allant taper en fond de salle. Chaque ensemble est séparé de l’autre d’un mètre vingt pour ne pas dépasser la demi-longueur d’onde. Avec ces douze subs je ne couvre qu’entre 30 et 60 Hz. Les V-Dosc descendent en Full jusqu’à 60 Hz et je leur ajoute une dernière octave. Mon antenne est ce soir un peu trop en avant mais je n’ai pas pu faire autrement. Comme la boule que je génère démarre à moitié du montage, j’aurais pu le mettre à l’aplomb de Julien, cela aurait mieux couvert les premiers rangs. L’autre avantage de cette configuration est que j’ai moins de réflexions en fond de salle, le grave est mieux réparti, plus homogène.

SLU : As-tu retardé tes subs pour les faire piquer vers le bas plus encore ?

Bellote : Non, pas besoin. Je ne monte qu’à 60 Hz, et comme je n’ai mis que trois caissons en vertical ça ne pose pas de problème. En revanche, quand tu commences à en mettre 8 ou 10 il faut les retarder. A Bercy (pour Mylène Farmer NDC) j’avais mis 16 subs, et ça devient tellement directif qu’il faut absolument retarder. Avec mes douze SB28 j’obtiens un headroom intéressant, juste ce qu’il faut même pour un artiste « tranquille » comme Julien. Je préfère aussi avoir mes subs en hauteur pour éviter de décoiffer un public moins amateur de sensations fortes. Quand tu viens écouter un chanteur, t’as payé 60 € et te retrouves devant, tu peux être mécontent, sans oublier que ça reste très désagréable d’être face à une telle purée, même pour du rock. Vlad avait fait la même antenne pour Farmer je crois, mais au sol. La nouveauté est de l’avoir accroché. (pas tout à fait, Vladimir Coulibre avait fait des antennes de quatre groupes de quatre SB dont l’élément bas était à 180° NDC).

Pour les plus observateurs, l’écran affiche bien sur le second graphique en vert en partant du bas une phase. Aussi droite qu’un filtrage en filtrage FIR le permet. Ce n’est pas beau qu’à l’œil, l’oreille se délecte aussi.

Pour les plus observateurs, l’écran affiche bien sur le second graphique en vert en partant du bas une phase. Aussi droite qu’un filtrage en filtrage FIR le permet. Ce n’est pas beau qu’à l’œil, l’oreille se délecte aussi.

SLU : En termes de filtrage comment opères-tu entre les V et les SB ?

Bellote : Un LR24 à 60 Hz sur les Dosc. C’est inutile de les laisser descendre plus, ils deviendraient interférents et m’ôteraient l’avantage de n’avoir qu’un point central de sub. Je recommencerais à créer des lobes ce que j’arrive justement à éviter avec ce montage, et puis le V n’est pas conçu pour descendre aussi bas. Du K1 sans doute mais pas le Dosc.

SLU : Ca s’accroche facilement tes 12 subs ?

Bellote : Très, ils restent par trois dans le bahut. Avec les riggeurs on a monté un pont de 500 pré-réglé. On arrive avec nos 4 ensembles et hop, ça lève et c’est fini. Dans de rares salles où l’on ne peut pas trouver la place où on est bloqué par le poids de l’ensemble, 1400 kg, on fait un gauche droite. Pour les Dosc et Kara, je passe par une classique simulation avec Soundvision et ensuite on affine en salle. Là par exemple on va baisser le gain sur les trois boîtes en bas de ligne car l’aigu ”pique les yeux”. On ne peut pas envoyer le même niveau d’aigu dans une ligne qui couvre par ses boites du haut des spectateurs placés loin et perdus en hauteur où la chaleur et la distance le détériorent et dans celles du bas qui culminent à dix mètres des premières oreilles. On fait donc une mesure uniquement sur les trois boites du bas, et on les aligne sur la réponse globale mesurée depuis la régie. Je vais baisser aussi un peu le haut des Kara.

Avant le début du show, une vue de deux des trois écrans à disposition de Bellote et Wilfried Mautret. A gauche celui de la Studer Vista 5SR indiquant que c’est bien le snapshot d’ouverture qui est pré sélectionné et à droite celui du mac à tout faire cassé en 4 avec un peu de Flux, de Logic, d’iTunes et de Multirack Waves. Qui peut le plus peut le moins.

Avant le début du show, une vue de deux des trois écrans à disposition de Bellote et Wilfried Mautret. A gauche celui de la Studer Vista 5SR indiquant que c’est bien le snapshot d’ouverture qui est pré sélectionné et à droite celui du mac à tout faire cassé en 4 avec un peu de Flux, de Logic, d’iTunes et de Multirack Waves. Qui peut le plus peut le moins.

Conclusion

Le noir salle se fait et dès les premières notes jouées par l’orchestre, j’évacue bon nombre de mauvaises impressions glanées lors de la courte balance où l’artiste s’est préservé et la salle vide et ses sièges plastique ont snipé à vue. Le mix de Bellote accompagne parfaitement une orchestration très pop, un mix où les instruments classiques sont bien reproduits malgré la proximité de la captation; seule la voix me semble trop présente, un sentiment qui s’estompera très vite, Julien envoyant moins fort et Laurent ne compensant justement pas complètement à la console. Le rendu de la voix est très naturel, dynamique et l’intelligibilité est bonne. Le choix du micro convient à l’artiste. L’orchestre remplit bien l’espace même si sur certains titres peut être qu’un poil plus de 960 aurait encore mieux soudé les pupitres entre eux et apporté plus d’esprit symphonique. Comme je l’avais déjà ressenti lors du concert de Zazie à l’Olympia sonorisé par Yves Jaget avec Laurent au système, le V-Dosc filtré en FIR respire beaucoup mieux, a un aigu encore plus fin et précis et perd nettement de son défaut « natal » dans le bas-médium. Les coordonnées horizontales sont aussi modifiées et sans vouloir le comparer à des systèmes plus récents en termes de positionnement spatial du son, le V-Dosc fait encore sacrément l’affaire avec une couleur dans le haut à nul autre pareil et un rendu qui colle parfaitement au classique et aux voix. Quoi dire de l’antenne de subs sinon que ça marche et que ça plairait aux militaires ricains tant le rendu est chirurgical en termes de directivité. Nous nous sommes baladés avec Bellote sous la grappe de la mort et, les simulations en témoignent, cette fameuse dernière octave est contrôlée au mètre et demi près, ce qui laisse la scène assez propre et les coupe-bas plus tranquilles qu’à l’accoutumée. Une balade dans la salle témoigne de la justesse de ce choix avec juste un regret, le manque d’impact des neuf Kara dans le bas, une fois sorti des V-Dosc. Même si la boule générée par les douze SB28 remplit bien la salle, on perçoit un manque entre le grave assez inédit des deux 15” en FULL et celui plus maigrichon craché par les deux 8” des Kara. Le bas est à la fois rond et précis à l’orchestre et dans l’axe des V-Dosc et le reste même au fin fond du balcon, mais décroit au fur et à mesure qu’on quitte latéralement les V et qu’on s’éloigne de l’ensemble de subs qui, rappelons-le, ne montent qu’à 60 Hz.
Mais tout ceci n’est rien comparé au vrai problème de cette salle : ses grosses vilaines réflexions. Les spectateurs placés à l’orchestre entre la moitié de la salle et la scène, reçoivent d’épaisses réflexions venant fouetter leurs oreilles par l’arrière. Il en va de même au balcon où, sur les côtés et près de scène : le rapport entre direct et réfléchi vole bien bas à cause de retours arrière et latéraux très denses que des Kara calés à -9dB ne couvrent que faiblement. Saluons le choix de Bellote qui a évité la politique du tapis de bombes qui génère autant de problèmes qu’il n’en règle, et n’aurait pas collé avec la nature du spectacle et de son public. Le niveau est donc resté sage au bénéfice d’une dynamique laissant respirer le show, quitte à ce qu’à certains endroits, le rendu soit moins précis. Laurent a beau me dire que la salle de Chambéry, toute neuve et bien ronde, est plus réfléchissante encore que celle de Mériadeck, je me dis qu’il est temps que les seuls patins à glace résonnent dans cet endroit et que la musique soit accueillie enfin dans une salle digne de ce nom. Malheureusement l’ambitieux projet de Grand Arena prévu à Floirac a perdu son financement début 2012, et malgré le courage des élus locaux, il semble bien que la patinoire ait encore de beaux jours devant elle, semble-t-il au moins 3 ans car, par les temps qui courent, les poches des banquiers regorgent d’oursins.

Graphiques

Voici une représentation faite au SIM du comportement de l’antenne telle que déployée par Bellote à 32Hz. Le comportement est tel que décrit et surtout ressenti dans la salle avec une forte réjection arrière, même à une fréquence aussi basse.

A 50Hz un léger lobe arrière se forme, inévitable vu le choix de ne pas porter trop loin devant, un lobe en pratique très peu gênant puisque les subs couvrent une seule octave et sont coupés à partir de 60Hz.

A 85Hz la simulation montre un lobe arrière s’ouvrant en corolle mais une fois encore faible au regard de l’énergie projetée vers l’avant et de propreté plus importante obtenue à l’arrière.

Pour le plaisir, la même antenne à 125Hz, une fréquence très haute où généralement ne s’aventure pas le SB28.

 

Rachat d'entreprise

Peter Johansen achète SGM Lighting au groupe RCF

Peter Johansen
RCF Group annonce la vente de SGM Lighting, sa division éclairage, à un consortium dirigé par Peter Johansen que l’on connaît pour avoir créer Martin Professional dans les années 80.

Cette nouvelle société SGM A/S, dont le siège se situe à Aabyhøj au Danemark, se concentrera sur le développement des projecteurs à Led pour le spectacle et l’architecture, tout en conservant le catalogue SGM des projecteurs à lampe à décharge.

Peter est ravi de revenir sur ce marché en tant que fabricant indépendant, un statut qu’il avoue lui permettre d’exploiter au mieux ses compétences.

La scission entre les deux sociétés n’est pas totale. RCF restera distributeur de SGM en Italie et dB technologie en Allemagne.

Et les deux compagnies  exposeront côte à côte à Prolight & Sound ou SGM A/S prévoit le lancement de 17 nouveaux produits.

Peter Johansen, principal actionnaire de SGM A/S est rejoint par son équipe de R&D spécialiste des LED et par la force de vente de SGM. Dans cette nouvelle configuration, les départements R&D, administration des ventes et  SAV seront basés au Danemark avec des usines de production en Italie, Thaïlande et Chine, le stock étant situé en Hollande.

”Les raisons pour lesquelles je suis vraiment enthousiaste sont d’une part d’assurer le relai d’une marque leader sur son marché et d’autre part d’avoir les mains libres pour la développer. ” précise Peter Johansen.

Contact : SGM A/S,
Soeren Frichs Vej 51-53,
DK – 8230 Aabyhoej,
Denmark.
Tel: +45 7020 7400.
E-mail (Sales): [email protected].
E-mail (Support): [email protected].
E-mail (Info): [email protected]
info: www.sgmlight.com

 

Sous la lumière divine de Dimitri Vassiliu

Adam et Eve au jardin des del*

AdamEtEve_Obispo


Donner une seconde chance à l’humanité de vivre en harmonie dans la fraternité et le respect de la nature, c’est l’occasion pour Pascal Obispo de décrire notre monde de contrastes et d’apporter un contenu musical et chorégraphique très riche mariant rock, pop et musique électro à sa comédie musicale. L’amour du riche golden boy aux cheveux blonds Adam pour la jolie métis pauvre Eve sauvera-t’il le monde ? En tous cas ces deux-là, chacun avec son clan, attirent quasiment en permanence vingt-cinq artistes sur scène : chanteurs, danseurs et même voltigeurs. On devine la difficulté pour l’éclairagiste Dimitri Vassiliu, de mettre en valeur tout ce petit monde dans le décor…


Commençons justement par le décor. Réalisé par le célèbre Mark Fisher, il montre, côté cour, le monde d’Eve, un arbre portant une moitié de pomme, et à jardin, le monde d’Adam, les pattes métalliques d’un scorpion support de l’autre moitié de la pomme, les deux rives étant reliées par un pont. On remercie en passant Pascal Obispo de partager la pomme donc la responsabilité du péché originel entre Adam et Eve.

Concilier la modernité et la nature, c’est aussi le choix de Dimitri Vassiliu quand il choisit dans son kit lumière, la toute dernière génération de projecteurs à LED Ayrton, autrement dit la plus écologique des sources de lumière. Il y aurait même paraît-il sur cette scène une, voire deux exclusivités.

C’est à l’occasion d’un des derniers filages du spectacle au Palais des Sports que nous rencontrons Dimitri Vassiliu et son fidèle pupitreur Philippe Marty.

La comédie musicale, entre concert et théâtre

Soundlightup : Dimitri, si j’ai bien suivi ta carrière, c’est la première fois que tu crées la lumière d’une comédie musicale. As-tu rencontré des difficultés particulières qui n’existent pas en concert ?

Dimitri Vassiliu : La difficulté c’est d’être entre le show et le théâtre sans que l’un ou l’autre prenne le dessus. Adam et Eve n’est pas tout à fait un show car il y a beaucoup d’artistes sur scène, partout, et il faut réussir à éclairer tout le monde sans perdre le fil de l’histoire, c’est à dire le chanteur. On ne travaille pas en plein feu. Il faut diriger le regard aux bons endroits, toujours vers l’action qui est importante, sinon on ne sait jamais vraiment où est le chanteur, sans négliger les danseurs.

Je travaille donc chaque scène comme une chanson, sauf qu’en plus j’ai un gros décor et que je ne peux pas prendre trop de place pour ne pas gêner les mouvements des chanteurs et les danseurs.

La complicité avec Ayrton

SLU : j’ai entendu dire que tu as dans ton kit beaucoup de projecteurs à LED Ayrton, et même quelques inédits !

projos Ayrton

Led RGBW de 15 W pour le Wildsun 500, avec un radiateur à gaz caloporteur actif et des optiques à très haut rendement. On comprend pourquoi son flux est aussi élevé. Et en plus elle est jolie cette lyre.

DV : En effet, j’ai une nouvelle petite barre de huit LED , appelée Rollapix, très jolie, ultra plate, avec un double zoom. Quand j’ai rencontré Yvan Peard et qu’il me l’a montrée avec son zoom, je lui ai demandé de la motoriser en tilt et je l’ai ”boosté” afin qu’il me fabrique une présérie pour Adam et Eve.

Je voulais un petit projecteur discret, à placer en devant de scène. Idéalement des rampes.

Pour ne pas boucher le devant de scène, il fallait que cette barre soit très plate et bouge en tilt pour diriger les faisceaux vers la salle ou vers la scène. Parfois on les lève un peu pour prendre les chorégraphies, ou on les baisse pour prendre plus les décors. C’est un super outil. On peut faire clignoter les LED en blanc, c’est bien.

Elle permet de donner des illusions de mouvements. Je lui avais même demandé de développer un pied spécial pour placer le Rollapix à la verticale et me permettre d’aller chercher des chorégraphies un peu dans tous les sens, ce que l’on n’a finalement pas pu appliquer parce que je n’ai pas la place dans les couloirs, il y a trop d’actions.

J’ai aussi mis un coup de pouce sur le Versapix, un projecteur à LED , que Yvan n’avait pas l’intention de produire aussi vite. Ce projecteur est modulaire et avec sa forme de quart de couronne, il m’a permis de faire réaliser une grosse boule à facettes dont l’ossature est justement constituée de 16 Versapix. Ca forme un luminaire intéressant car chaque élément RGBW de chaque LED se commande individuellement. Mais nous n’avons pas encore eu le temps de le programmer donc tu ne le verras pas fonctionner ce soir.

SLU : Ca doit être un enfer à programmer un engin de ce type !

Chorégraphies

Les Chorégraphies sont encore plus vivantes et chatoyantes quand les danseurs évoluent dans les faisceaux créés par les gobos des VL 3000 et 3500.

DV : Bien au contraire. Pour Philou (Philippe Marty) c’est un plaisir (rire).

J’ai surtout positionné, dans le décor au sol, des lyres Wildsun 500. L’avantage du Wildsun c’est que son zoom grossit beaucoup pour prendre le décor et il serre assez pour aller chercher un point précis. Il ne serre pas encore assez à mon avis mais c’est pas mal.

On s’appuie aussi avec des petites lyres VariLed A7 zoom car j’ai besoin de petites sources plus serrées à placer dans le décor. Il y en a plein qui sont planquées un peu partout.

SLU : As-tu essayé d’autres marques de projecteurs
à LED ?

DV : J’ai beaucoup utilisé le A7 Zoom, mais il y a finalement peu de temps que j’utilise des LED . J’ai longtemps été réticent parce que c’était moche.

SLU : Alors c’est Ayrton qui t’a réconcilié avec la LED ?

éclairage fouillé

Un éclairage fouillé mixant les faisceaux colorés des VL (des associations de couleurs absolument magnifiques) dans un bain de lumière bleue saturée de Wildsun.

DV : On peut le dire, oui. Avec Ayrton on a de beaux blancs et vraiment de belles couleurs avec du niveau. On peut vraiment travailler des pastels, des vrais rouges, des vrais blancs. Ca devient intéressant. En plus, ce fabricant travaille le design du projecteur en lui même. Car si un projecteur est à vue, j’ai envie qu’il soit beau. Le Rollapix est une jolie petite barre avec une belle finition. Le Wildsun est superbe. L’arrière est aussi très élégant. C’est important de ne pas mettre à vue des gros machins moches. En plus je les ai fait chromer spécialement pour qu’ils se fondent dans le décor. Ca fonctionne bien, on n’a pas ce truc imposant, ces espèces de trous noirs sur scène, surtout quand ils sont éteints. Ils sont ainsi moins visibles.

SLU : C’est un besoin ou une envie d’utiliser les projecteurs à LED ?

DV : Il faut reconnaître qu’ils ont beaucoup évolué donc ça devient vraiment intéressant. Pour éviter les surcharges de poids dans les ponts, les surcharges de consommation, c’est quand même assez pratique

SLU : Quelles sont les autres sources de ton kit ?

DV : Des Wildsun 500 aussi dans les ponts, les incontournables MAC 2000 wash XB, VL 3000 Spot et VL 3500 Spot, des Beam 1500 Clay Paky à contre au sol mais je vais peut-être les bouger. Ca marche vraiment bien. On a aussi beaucoup de projecteurs traditionnels, des découpes et des rampes de PAR 64 et des découpes ETC. Il y a par exemple la passerelle sur laquelle on est vraiment à bout portant quand les acteurs sont dessus et on a placé à cet endroit toute une rampe de PAR en faisceau large. On a aussi quatre grosses lanternes à LED Ayrton Icecolor 500, deux à cour et deux à jardin pour prendre le décor et des CP 400 qui éclairent une toile peinte. Il n’y a que le blanc qui éclaire par transparence et le CP 400 le fait très bien.

SLU : J’imagine que vous devez enchaîner les tableaux avec délicatesse.

DV : Ca c’est un vrai casse-tête pour Philou car il n’y a pas de noir sec entre chaque chanson. La dernière cue des chansons enchaîne directement avec un dialogue.

Adam et Eve

Les médias de Gilles Papain racontent l’istoire de l’humanité sur écran LED placé en fond de scène. Ici la cité perdue Eden.

Widsun et VL 300

Dans une nappe bleue Wildsun 500, Adam et Eve sont révélés par les faisceaux du VL 3000.

Rollapix

Rollapix, la nouvelle petite barre de 8 LED, motorisée en tilt est fixée verticalement sur un élément du décor. Wildsun 500 en version chromée, diffuse de très jolies couleurs chaudes comme des jaunes et des ambres. La lumière sur le décor est riche de nuances.

La carrière de Dimitri

SLU : Je me suis laissée dire que tu es sollicité pour quasiment tous les projets de design lumière de concert et de tournée en France cette année, avec Adam et Eve, Julien Clerc, Benabar….

DV : C’est exagéré, il y a un milliard de choses qui tournent dans tous les sens et il y a plein de super bons éclairagistes qui travaillent beaucoup.

SLU : Est-ce que tu aimerais travailler avec des artistes ou des groupes étrangers ? Exporter ton travail de designer ?

DV : Ca m’intéresserait mais comme j’ai l’habitude de travailler avec tous mes potes, je ne me vois pas partir sans une garde rapprochée.

SLU : Es-tu intéressé aussi par les shows télé ?

DV : Oui, ça m’intéresse. J’ai d’ailleurs fait les Victoires de la Musique pour la première fois l’année dernière. C’était assez éclatant à faire avec les Sharpy Clay Paky qui débarquaient en France. On était les premiers à les utiliser.

Je refais les Victoires cette année et j’essaie de modifier mon implantation pour apporter quelque chose de différent.

J’ai fait aussi quelques plateaux avec des ingé vision que je ne connaissais pas et comme je ne parle pas la langue de la technique vidéo, j’ai eu des expériences… Maintenant j’impose l’ingénieur de la vision et je travaille avec.

SLU : Aimerais-tu explorer d’autres horizons ?

DV : Je m’intéresse au théâtre et à l’Opéra. j’aimerais bien côtoyer ce monde pour découvrir leurs méthodes de travail. J’aime aussi faire des groupes de rock. J’ai créé un tout petit design pour Arthur H avec huit PAR LED que j’emmène en tournée, deux A7 Zoom et je prends sur place huit PC 2kW. Je me suis régalé. Ce n’est pas si facile de faire un show avec 8 PAR LED quand tu es habitué à de gros kits. Je me suis bien creusé la tête et je suis bien content du résultat. Et musicalement j’aime bien.

J’ai appris à poser la lumière avec Laurent chapot. Il est très fort pour placer la bonne lumière au bon moment et elle peut changer au milieu du refrain si la note, le rythme ou le mot le permet.

Et quand j’arrive là avec une comédie musicale à éclairer pour la première fois, je me régale aussi.

Régie vidéo

La régie vidéo avec les écrans du Catalyst version PM 4.4. A gauche un morceau de la Grand Ma2 de Romain. Au fond, on voit très bien les Rollapix placés à l’avant scène, projeter leur lame de lumière bleue vers la salle.

5300 paramètres actifs de LED.

Philippe Marty est un des pupitreurs attitrés de Dimitri Vassiliu. Il aime toujours autant jouer les béta testeurs et essuyer le plâtres. Sur Adam et Eve, il gère tous les projecteurs, automatiques à lampe, à LED et projecteurs traditionnels sur une seule console Grand Ma 1 et encode donc la totalité du spectacle lumière.

SLU : Philippe tu t’es paraît-il amusé à enchaîner les titres ?

Philippe Marty (allias Philou) : C’est plus compliqué qu’un concert classique traditionnel car il n’y a pas de noir entre les morceaux donc c’est plus long à programmer. A la fin d’un morceau, pendant le dialogue, j’essaye de garder les wash dont on a besoin, et je prépare les autres machines au noir qui viennent se placer. C’est presque deux fois plus de travail mais on a aussi deux fois plus de temps.

On travaille ensemble, tout le temps, avec les danseurs, les voltigeurs, le chorégraphe… c’est plus long techniquement que sur un concert et là c’est vraiment lourd car il y a du monde sur scène, pratiquement partout et tout le temps. C’est trois semaines d’encodage du matin au soir. Mais la scéno-graphie est belle et le show sympa. C’est la première fois que j’encode la lumière d’une comédie musicale et ça me plait.

SLU : Tu as combien de sorties DMX sur ta console ?

PM : 12 univers DM X sur une Grand Ma. Les projecteurs à LED sont particulièrement gourmands en canaux DM X.

SLU : As-tu eu des problèmes avec les nouveaux projecteurs Ayrton ?

PM : Que des problèmes de jeunesse que leur technicien est venu régler en upgradant un certain nombre de machines. C’est normal au démarrage de la vie des produits, rien de grave et c’est comme ça que l’on avance. Sinon je pense du bien de ces projecteurs, les couleurs sont très belles.”

Nous passons ensuite à la régie vidéo où Romain Labat pilote les média serveurs pour envoyer les vidéos créées par Gilles Papin. Il dispose de trois surfaces de projection différentes.

Trois écrans pour les images et une synchro

Romain Labat : La surface principale est constituée d’un écran à LED . C’est la première fois qu’un écran de ce type est utilisé en fond de scène sur une comédie musicale. C’est un Lighthouse R7, les LED étant espacées de 7 mm. La deuxième surface est formée d’un tulle qui vient fermer tout le cadre de scène. Deux vidéoprojecteurs Christie 20 K, 20 000 lumens projettent les images dessus en soft edge pour couvrir toute la surface de 25 x 8 m . Il sert aussi en rétro projection. Et enfin, les écrans latéraux du Palais des Sports sont récupérés aussi pour quelques diffusions de journaux télévisés afin d’ouvrir un peu plus la vision du spectacle.

On a un média serveur Catalyst sur mac qui alimente les trois écrans. Les fichiers vidéo que fournit Gilles Papain, le créateur d’images, sont stockés sur disque dur et moi je pilote le Catalyst avec une Grand Ma. Je charge les vidéos, je les déclenche et je fais les fondus. Et les vidéos sont synchronisées par time code généré par le multipiste audionumérique de la régie son. La console lumière elle aussi reçoit le time code et quand les encodages seront terminés, les shows lumière et vidéo seront mergés dans une seule Grand Ma, celle de Philou, qui pilotera la vidéo et la lumière sur time code.

Un spectacle magnifique, généreux et survitaminé.

SLU : Ta console, c’est une Grand Ma 2 et Philippe a une Grand Ma 1. Ca fonctionne ça en réseau ?

Romain Labat : Oui car j’ai une Grand Ma2 qui tourne avec le soft de la Grand Ma 1. On s’est mis d’accord avec Philippe au départ. J’étais plus à l’aise sur Grand Ma, il préférait encoder sur Wholehog. Au final on a fait le choix du réseau MaNet entre les consoles. L’avantage de piloter la vidéo avec une console lumière, c’est de profiter de toute sa puissance et de son ergonomie pour piloter les médias. Tu profites des outils de copie, de palette, de dimensionnement, qui t’assurent une grande vitesse de programmation.


synoptique

Synoptique de contrôle lumière et vidéo.

Les superlatifs ne manquent pas pour apprécier les deux ans de travail de Pascal Obispo et de son équipe, vidéo et lumière étant complices du décor et des artistes à 300 %. Chaque scène, chaque séquence est fouillée dans la créativité et l’émotion. Le spectacle fourmille de suggestions apportées par l’image en fond de scène qui raconte l’histoire avec beaucoup d’originalité et de poésie, la lumière appuyant la solennité et la dramaturgie des scènes de violence, de douceur et de vie.

Je suis impressionnée par le flux en couleur des lyres à LED Wildsun 500. Sollicitées quasiment en permanence par Dimitri Vassiliu, elles apportent des couleurs riches, saturées et denses, des ambres magnifiques, des niveaux de bleu et de rouge saturés jusqu’à ce jour inenvisageables d’une source aussi compacte qui se glisse dans le décor. Toutes ces ”petites” sources peuvent agir en proximité, serrer sur un élément de décor ou laver l’espace en couleur grâce à leur zoom et apportent une nouvelle possibilité de servir le relief. La gestion des LED par couronnes autorise des effets de vibration et la réponse de l’électronique donne des strobes ultrarapides et très forts en niveau.

Les petites rampes Rollapix jouent les stars à l’avant scène, nous offrant un violent clignotement électronique en blanc pendant les JT, ou encore de ravissants effets de chute lente de fumée lourde sur lame bleue vers le public.

sortie Catalyst

En sortie de Catalyst, le signal vidéo est séparé en quatre pour alimenter les différents écrans.

J’adore les tableaux des ombres immenses des danseur portées sur l’écran tulle grâce aux VL 3000 en rouge saturé à contre, la pénombre dans les sous-bois teintée de couleurs chaudes, j’adore la lumière qui rappe, les tableaux violents, contrastés qui strobent, la lumière divine, multifaisceaux en douche, qui entraine doucement Adam et Eve sur leur couche… C’est vraiment magnifique.

Adam et Eve – Dossier technique lumière v1

 

C'est Karament bien !

Dracula assoiffé de son offre un bain de sang à Plisson



Broadway…Pendant de longues années, de Broadway, nous n’avons eu dans nos oreilles que la version java de Sardou. Puis le phénomène « musical » est arrivé en France vite rattrapé par le rouleau compresseur Stage Entertainment, le distributeur/producteur des plus grands succès mondiaux. Comme dirait un journaliste connu, on a connu tout et son contraire au niveau technique, depuis la débauche de petites boîtes en A/B et ses consoles analogiques sur mesure, le tout imposé à l’XLR près, jusqu’à la simple ligne de V-Dosc à peine renforcé dans le centre. Le but ?? Offrir à la fois intelligibilité dans le jeu et patate dans le chant. Dracula joue la carte de la sobriété du haut d’une infrastructure moderne et maline, délivrant à niveau raisonnable des mots bien clairs et des sensations de concert. Normal me direz-vous quand le producteur du show s’appelle Thierry Suc et qu’un certain Stéph est de la partie, heureux comme un Plisson dans l’eau.

Un nouvel exercice pour Plisson

SLU : A quand peut-on dater ton premier « bain de sang » ?

Stéphane Plisson (ingé son façade et concepteur audio) SP : On a attaqué le montage de Dracula le 20 août et les répétitions le 29. Bien entendu toute l’équipe travaillait depuis longtemps les visuels ou la chorégraphie. Le son s’est plutôt greffé sur le noyau existant que l’inverse et l’absence d’un groupe sur scène a un peu simplifié mon travail. J’ai donc commencé par observer avant de faire certains choix techniques.

SLU : C’est Thierry Suc qui a souhaité t’avoir ?

SP : On se connaît bien, cela a facilité les choses (rires !!). Il voulait avoir un autre type de rendu que ce qu’il avait entendu jusque-là et ce qu’il recherchait on ne pouvait le faire qu’ensemble. J’ai malgré tout commencé par décliner son offre car j’estime qu’il y a des spécialistes du musical en France, et que c’est un autre métier où il faut traiter non seulement le chant, mais aussi la comédie. Je lui ai fait part de mes doutes quant à ma capacité à m’en sortir tout comme je lui avais tenu le même discours pour Mylène à Bercy ou au Stade de France mais il a coupé court en me disant « on y va, mais on y va ensemble » La suite tu la connais.

SLU : Tu n’avais avant Dracula jamais collaboré à un musical ?

SP : Pire, je n’ai jamais assisté à une représentation complète en tant que spectateur ! La seule fois où j’ai eu des places avec ma femme, on est parti au bout de quelques minutes car on s’est retrouvé sur le côté dans les couvertures, la tête dans les subs et elle déteste ça (rires !!) Je n’étais d’ailleurs pas venu pour écouter du son. J’ai donc attaqué Dracula avec une expérience zéro et même un peu de moquerie de certains camarades qui voient les musicaux comme une routine pépère. Petit à petit la mayonnaise a pris grâce aussi à Kamel Ouali, qui est un type très sympa, et à toute l’équipe qui m’a d’une certaine manière aidé en me prenant en son sein. Il m’est arrivé de passer du temps calé dans un fauteuil à les regarder répéter en me demandant comment faire… J’ai décidé de ne pas parler technique. La troupe existait bien avant que la première boîte ne soit accrochée, c’est donc à nous de nous greffer de la façon la plus transparente possible sans leur faire perdre du temps. Ma seule requête a été de travailler deux heures chaque matin avec les artistes de chant pour faire du son.

Détail de l’accrochage des ensembles de 4 SB28. Inutile de préciser l’importance du rigging quand l’on sait que le public se trouve à l’aplomb de ces subs pesant 93 Kg pièce.

Une multidifusion en ligne source !

Aupremierplanundesdeux ensembles de 2x2 subs SB28 en montage cardioïde placés au-dessus du public, un troisième composé de 2x3 caissons étant positionné au plus près de la scène. A leur droite l’un des 8 clus- ters de 6 Kara et tout à droite une des deux grappes de JM-1P Meyer Sound. Les MSL4 de Dispatch au- raient-elles définitivement rejoint la maison de retraite ?

Au premier plan un des deux ensembles de 2x2 subs SB28 en montage cardioïde placés au-dessus du public, un troisième composé de 2x3 caissons étant positionné au plus près de la scène. A leur droite l’un des 8 clusters de 6 Kara et tout à droite une des deux grappes de JM-1P Meyer Sound. Les MSL4 de Dispatch auraient-elles définitivement rejoint la maison de retraite ?

SLU : Quand l’idée de la diffusion a-t-elle germée dans ta tête ?

SP : Entre les mois d’avril et mai. Le principe de base étant que chant et comédie sont au même niveau, j’ai établi mon projet en pensant d’abord comédie et pas l’inverse. Pour ceci faire j’ai imaginé une sorte de barre de son, un peu comme celle qu’on retrouve dans le salon de monsieur Toutlemonde, en la plaçant au-dessus du cadre de la scène et en jouant sur la phase de chaque cluster. Ce projet a été porté techniquement par Vlad (Vladimir Coulibre, ingénieur système et ingénieur du son NDC) Le problème est que ça demande un paquet de boîtes et ce n’est pas forcément adapté à ce genre de salle, sans oublier que financièrement ça flirte avec le grand délire (rires !!) On aurait été les premiers à déployer cette config sur ce type de spectacle, un risque important, mais je sais que ça se fera un jour…En même temps à chaque fois qu’on peut avancer, ça m’intéresse. J’ai ensuite exclu la simple stéréo à l’aide de deux lignes de K1 de part et d’autre de la scène, l’ouverture est trop grande mais j’ai gardé les Kara qui étaient prévues pour compléter le kit en décidant d’en mettre partout. Comme Bellote (Laurent Delenclos dit Bellote ingénieur système et ingénieur du son NDC) a eu la même idée, il a comme toujours rendu possible ce qui dans ma tête a du mal à en sortir. Et entre temps on a même eu d’autres idées pour le placement des subs (regard en coin avec Bellote)

SLU : Comment appellerais-tu ce type de diffusion ?

SP : Ce n’est rien de bien spécial. C’est une simple multidiffusion mais tirant parti des petits systèmes en ligne source alors qu’à une époque pas si lointaine on l’aurait faite avec 80 UPA.

SLU : Vous savez qu’à l’étranger certains vendent leurs concepts (rire !)

SP : Oui je sais, mais ça ne se fait pas en France et c’est bien dommage car notre but et notre rôle c’est de tirer la qualité vers le haut ce qui prend beaucoup de temps. Je ne veux pas entrer dans le schéma du « ça le fait, ça le fera » surtout avec les outils dont on dispose aujourd’hui et qui permettent de faire toujours mieux notre métier.

e point de travail de Greg Carlet, le préposé à l’envoi des sources. Tout est en double, les HD24 comportant les chansons comme les claviers maitres Akai MPK Mini pilotant le Live d’Ableton et servant à habiller les parties de comédie.

e point de travail de Greg Carlet, le préposé à l’envoi des sources. Tout est en double, les HD24 comportant les chansons comme les claviers maitres Akai MPK Mini pilotant le Live d’Ableton et servant à habiller les parties de comédie.

SLU : Pourquoi ne pas avoir employé la boîte habituelle des comédies musicales, le dV…

SP : Parce que je trouve que le Kara a une meilleure ouverture et cohésion de son, un peu comme le K1, et ensuite j’aime son bas-mid contrairement au dV où il est beaucoup plus pincé. Me servir de ces boîtes aurait impliqué que j’ajoute des dV-Sub. Il faut vivre avec son temps, 15 ans séparent les deux modèles. J’aurais pu travailler avec d’autres marques d’enceintes offrant la même couleur que les Kara mais à ma connaissance elles n’existent pas. Thierry Suc enfin est ravi du résultat. Cela semble correspondre à ce qu’il avait en tête. Il a de la chance de savoir ce qu’il veut entendre, moi ça n’est pas le cas, mais comme il sait me guider vers ce qu’il veut, ça roule entre nous !! (rires !!) Je n’ai pas la prétention de savoir où je vais car la plupart des fois je repars à zéro. Il m’arrive en studio de recevoir des mises à plat où face à un résultat déjà plaisant, tu ne sais pas où aller. Puis petit à petit tu plonges et tu amènes le projet ailleurs. C’est pareil pour Dracula. J’ai insufflé ma manière d’entendre les choses tout en gardant la main sur la table pour suivre précisément chaque show et surtout le chant qui n’est jamais le même.

La régie façade avec la Vi4 Sound- craft de Stéphane Plisson bien accompagnée par la princesse des ambiances réussies, mieux que Roche d’Or, une Lexicon 480 dont on aperçoit la télécommande main gauche.

La régie façade avec la Vi4 Sound- craft de Stéphane Plisson bien accompagnée par la princesse des ambiances réussies, mieux que Roche d’Or, une Lexicon 480 dont on aperçoit la télécommande main gauche.

Quatre vénérables dV utilisées pour élargir l’espace de part et d’autre de la salle. Ils reçoivent un signal spécifique issu d’un groupe de sortie en plus du gauche/droite dans lequel sont routés les effets et certaines sonorités reproduites par le Live.

Quatre vénérables dV utilisées pour élargir l’espace de part et d’autre de la salle. Ils reçoivent un signal spécifique issu d’un groupe de sortie en plus du gauche/droite dans lequel sont routés les effets et certaines sonorités reproduites par le Live.

SLU : En termes d’ambiances latérales tu as prévu quoi ?

SP : Je veux surtout de l’espace et pour ceci faire j’ai simplement accroché deux clusters de 4 dV sur les côtés. Je veux pouvoir ouvrir l’image à l’aide de certains sons. En écoutant l’album j’ai repéré nombre d’effet dont des réverbérations inversées sur les voix que j’ai gardées dans la salle et ai injectées dans les latéraux. J’ai veillé malgré tout à ne pas trop charger, car pour moi, les plus beaux effets sont ceux que tu n’entends pas. J’utilise beaucoup une Lexicon 480 pour créer l’ambiance. Elle n’a pas d’égal aujourd’hui et pourtant crois-moi, j’ai tout essayé.

SLU : Ne penses-tu pas que la diffusion répartie de Dracula convient mieux au Palais des Sports que la simple paire de lignes stéréo, même au-delà des comédies musicales ?

SP : A fond !! Cette salle avec un simple gauche/droite c’est souvent une boucherie, enfin, ça fonctionne mais on n’a pas le même confort d’écoute que ce qu’on a là. En multidiffusion on excite moins les défauts de la salle en n’allant notamment pas dans le dôme ou bien dans les sorties qui génèrent de très vilaines réflexions pour nombre de sièges malgré le fait qu’elles aient été habillées par des panneaux acoustiques. Il y a aussi les panneaux publicitaires qui reviennent et te flagellent la tête quand tu tapes avec du Dosc car ça vibre et ça revient d’en haut. (rires !!)

…et des subs accrochés au plafond en mode cardioïde !!

 La diffusion à jardin. Trois rangs de six Kara complétés par un quatrième visible tout en bas à gauche de la photo et par une grappe de trois JM-1P non présente sur cette image et se chargeant de déboucher les derniers gradins latéraux.

La diffusion à jardin. Trois rangs de six Kara complétés par un quatrième visible tout en bas à gauche de la photo et par une grappe de trois JM-1P non présente sur cette image et se chargeant de déboucher les derniers gradins latéraux.

SLU : Le placement des subs au plafond en trois ensembles cardioïdes fonctionne bien, mais ne forme-t-il pas malgré tout une antenne ?

Bellote (Ingé système et Ingé son) : Tout est optimisable, même le placement des Kara et leur calage. J’ai un truc qui me chiffonne dans les presets sur le bas médium et..(explosion de rires !!) Les subs tels qu’ils sont placés en deux fois trois et en deux ensembles de deux fois deux finissent par être directifs. Même si elle est très longue et cardioïde, cette antenne est plus directive qu’elle ne le devrait. La solution existe. Sans trop en dire, l’idéal aurait été de ne faire qu’un unique groupe central entre deux passerelles avec du délai pour piquer le lobe vers le bas. Cela aurait été encore plus homogène dans la salle.

SP : Tu sais quoi ? Il faut essayer ! On fait ça samedi entre les deux shows, c’est notre spécialité (rires !!)

SLU : Musicalement parlant, as-tu pu obtenir ce dont tu avais besoin pour travailler ?

SP : Oui et non. L’album n’ayant pas suffisamment rencontré son public, l’équipe artistique qui l’a écrit et enregistré s’est moins mobilisée lors du montage du spectacle. Je n’ai donc reçu au départ que des PBO et des stems qui se sont révélés être inutilisables en salle car trop compressés et mixés dans une optique radio. Tiens écoute (Je reconnais; dans une diffusion aussi précise et analytique que celle déployée pour Dracula, leur dynamique très tassée, leur préaccentuation et le choix même du niveau de certains sons par rapport à d’autres ne marche pas NDC) Il aurait fallu que j’égalise et taille beaucoup dedans pour laisser place aux voix, beaucoup trop, alors j’ai contacté Volodia qui a coréalisé l’album et ai obtenu sur disque dur la totalité des morceaux que j’ai pu remixer ici, dans la salle sur ma Vi4.

LE COIN DES GRAPHES
L’implantation et la couverture des subs

Sub Dracula à 30 Hz

Sub Dracula à 30 Hz

Sub Dracula à 30Hz: Voici un exemple de répartition à 30 Hz de l’implantation équivalente aux subs du palais des Sports grâce à la complicité de Bellote. Le moins que l’on puisse dire c’est que l’antenne est peu directive et que la répartition de l’infra s’effectue de façon très homogène autour des trois points composés de gauche à droite de 6, 4 et encore 4 SB28.

Sub Dracula à 63 Hz

Sub Dracula à 63 Hz

Sub Dracula à 63Hz : Le même exemple de répartition mais cette fois-ci à 63 Hz de l’implantation équivalente aux subs du palais des Sports. Les lobes sont forcément plus pincés mais restent très homogènes et à cette fréquence les Kara rentrent progressivement en jeu.

Vue 3D dessus accroche.

Vue 3D accroche.

Vue 3D dessus accroche: L’ensemble du kit accroché au Palais des Sports. Ne manque que la ligne de 6 UPJ placée dans le bandeau de la scène face aux premiers rangs.


Vue 3D Face Console.

Vue 3D Face console: L’ensemble du kit du Palais des Sports tel qu’on le voit depuis la régie console. On distingue aussi la ligne de 6 UPJ placée dans le bandeau de la scène face aux premiers rangs. Les seules boîtes qui n’ont en définitive pas été installées sont les 4 posées sur les côtés de la scène, à cour et à jardin.

Le Play Back Orchestre sur deux HD 24 Alesis

SLU : En termes de sources, de quoi disposes-tu ?

SP : Au départ pendant les répétitions j’ai travaillé avec deux ProTools. Par la suite l’équipe a fait le choix financier de transférer les éléments sur deux HD24 Alesis ce qui a occasionné la venue de mon complice de toujours Jean-Philippe Schevingt pour mettre en route cette configuration et la redondance entre les deux machines. Je garde un ProTools en régie pour pouvoir le cas échéant retravailler un titre.

SLU : Tu as assez de 24 pistes pour faire tenir tous les PBO et les chants de sécurité ?

SP : On reparlera plus tard des chants sécu, pour ce qui est des PBO j’ai environ 16 pistes. En termes de sources à mixer, j’ai 12 voix dont 7 chanteurs. Les chanteurs jouent la comédie mais l’inverse n’est pas vrai. Enfin nous avons un Live Ableton qui nous sert à envoyer des ambiances, des bruitages et les musiques qui soutiennent les scènes de comédie à l’aide deux claviers maitres MPK mini Akai, un étant en sécu. Le fait que ce soit une unité distincte des HD24 permet de laisser plus de latitude de jeu aux artistes sur scène. Les PBO de chaque titre sont lancés et arrêtés manuellement, les deux lecteurs ne se quittant pas d’un poil. C’est Greg Carlet qui a la main sur les machines. La nouveauté réside dans les trois Radial SW8, des switches automatiques qui ont chacun deux fois huit entrées analogiques pour huit sorties et sont ici linkés par trois pour avoir 24 canaux. Leur rôle est de basculer automatiquement entre les signaux issus des HD24 dès lors qu’un des deux s’arrête. Pour cela il suffit d’enregistrer un signal continu à 1kHz sur les pistes 1 ou 24 des deux machines et dès qu’un des deux vient à manquer, le SW8 bascule instantanément sur l’autre. C’est un outil génial que j’ai déjà utilisé par le passé et évite toute intervention humaine.

SLU : Alors ces chants sécu…

SP : Peut-être à tort, je pars du principe que lorsque je travaille avec un chanteur, je n’ai aucune voix en backup. S’il s’agit d’un problème technique, j’ai de quoi le régler à la seconde par le biais de micros main HF allumés et prêts à prendre la relève, j’en ai un à cour et un autre à jardin. Si c’est un problème de physique avec un les artistes, je ne vois pas pourquoi je le ferais chanter puisqu’il y a des doublures, deux hommes et une femme. Je n’ai jamais sciemment remplacé un chant en direct par un playback et encore moins zappé un chanteur contre sa voix pré enregistrée d’un simple clic. J’ai du mal avec ça, je n’assume pas. Vers la fin des répétitions, comme ça me travaillait et que je n’aurais de toute manière plus eu le temps de monter ces playbacks, j’ai préféré en parler à Kamel et aux chanteurs en leur annonçant mon choix.

SLU : Ils ont dû être surpris…

SP : Oui absolument, mais ensuite ils ont bien compris et ont reconnu que c’est plus naturel comme ça. Le live comporte sa dose d’erreur, c’est normal.

Le traitement des voix

SLU : Comment traites-tu les voix ?

SP : J’ai fait le choix de n’avoir qu’un son pour la comédie comme pour le chant et un niveau identique. A partir de là j’ai modulé mon mix en rentrant tout ce qui est dur ou qui pose problème. Le son pour moi doit être profond et large. Travailler en force et dans la dureté, balancer en mono et avec de la distorsion, tout ça n’est pas « rock » pour moi, c’est juste mauvais. C’est ce que je pense et je l’assume. J’ai eu la chance de longtemps bosser avec la Mano et ils avaient bien compris que jouer fort ne signifiait pas faire du bon son. Les meilleurs groupes de rock ne sont pas ceux qui sont les plus forts sur scène contrairement à une idée reçue. T’as un gros son quand t’as l’impact là où il faut qu’il soit, le son de guitare comme il doit être, un super pied…

SLU : Et nos voix alors (rires !)

SP : Toujours le Multirack Waves branché à ma Vi4 où je chaîne un C4, un Renaissance DeEsser un CLA 76 et en sortie. Le CLA-76 qui émule le classique 1176 est spécifique à ce show et convient bien au micro casque DPA 4088. Mon problème réside dans la distance entre la bouche et le micro, distance qui ne varie pas quand le chanteur monte et attaque des notes en pleine voix plus dans le nez que dans le ventre. S’il avait un micro main, naturellement il l’écarterait. La petite cellule du 4088 n’apprécie pas beaucoup. Je fais un peu le ménage avec le C4 mais en tâchant de ne pas ôter le naturel à la couleur de son des voix. Peut-être mon choix de micro n’est pas le bon. L’omni de DPA sonnerait mieux mais au prix de contraintes de salle peu gérables.

SLU : Tu n’as vraiment aucune différence de traitement entre chant et comédie ?

SP : Presque pas, je route simplement toutes les voix dans un groupe que j’active à la fin de chaque chanson et qui est vachement compressé afin de ne pas avoir trop d’écart de dynamique entre les comédiens. Qu’il y ait une personne ou douze sur scène, on est cohérent. J’en profite aussi pour tailler aussi un peu de grave et râper un peu d’extrême aigu qui ressort trop bien quand on va les chercher, un extrême aigu dans les 10/12 kHz qui n’existe pas dans la vraie vie. La différence je la fais avec les effets que j’appuie en début de scène et allège rapidement pour ne pas noyer et abîmer la compréhension des mots. J’apporte parfois une petite note « Disney » que j’aime bien à certains passages, et je pense que si je refais un musical après Dracula, j’irai encore plus loin dans les ambiances.

C’est beau des vampires vous ne trouvez pas ? De gauche à droite Stéphane Plisson, Bellote, Greg Carlet et Youri. Installation fixe oblige, seul l’un des deux premiers est présent chaque soir à la console.

C’est beau des vampires vous ne trouvez pas ? De gauche à droite Stéphane Plisson, Bellote, Greg Carlet et Youri. Installation fixe oblige, seul l’un des deux premiers est présent chaque soir à la console.

SLU : Mais ça t’a plu alors la comédie musicale, tu ne préparerais pas ta sédentarisation ? (rires !!)

SP : Ah non, non, non !! J’aime la route, les musiciens et le live, mais avec Dracula c’est intéressant car je vis une expérience différente qui sera peut-être utile pour d’autres projets similaires. J’espère avoir apporté une petite pierre à l’édifice du musical. On verra. Il n’y a que le public pour le dire car à mon niveau je ne m’en rends pas compte. Quoi qu’il en soit, si je retravaille dans ce domaine je demanderai à intervenir sur les musiques en amont pour bénéficier des meilleures sources possibles. Idéalement il faut penser « spectacle » quand on crée les chansons et qu’on les enregistre faute de quoi elles manquent d’accroche avec le show. Il faut que les équipes de l’album et du spectacle travaillent en équipe.

SLU : Allez, t’es donc prêt à repartir sur un musical !

SP : Oui à partir du moment où on reconstruit une nouvelle histoire depuis le début, un nouveau challenge. Ce que j’aime aussi c’est la troupe. Je suis féru de cirque et je retrouve le même esprit que j’adore. Ils sont tous adorables ici. Il se passe quelque chose de différent et de plus fort qu’avec quatre musiciens et un chanteur. Cet esprit de troupe on le retrouve entre techniciens en tournée, plus rarement avec les artistes. L’exception c’est Marc Lavoine. C’est un type profondément humain, avec une belle voix, qui a confiance en toi et te donne carte blanche tout le temps. J’ai vécu une expérience d’enfer, une vraie rencontre avec un mec passionné et passionnant et pourtant on se connaît depuis 6 ans et on vient d’enchaîner 210 dates !!

CONCLUSION

D’abord un regret, celui de ne pas avoir pu écouter un tel système avec des sources dignes de ce nom. Le talent de Stéphane et de certaines compositions n’y suffit pas, la qualité des sonorités et les arrangements des playbacks est pour le moins inégale, parfois insuffisante. Malgré cela et tout en restant à environ 95dB(A), la pression paraît plus forte et emballe bien la salle avec une mention spéciale pour les passages classiques. Yvan Cassar a su tisser une toile dense et riche faisant enfin briller une sono qui ne demande que ça. Même le problème récurrent de trou dans l’impact entre les subs et les petites gamelles des lignes compactes comme le Kara et ses deux petits 8 pouces se résorbe, offrant un front sonore naturel et d’une très belle richesse spectrale avec des cordes plus vraies que nature. La couverture offerte par les 8 clusters de six boites est quasi parfaite et aucun spectateur n’est oublié. L’intelligibilité ne souffre d’aucune critique. La faible distance avec les enceintes et leur précision chirurgicale apporte un réel confort en annihilant pratiquement tout défaut de salle. On arrive presque à se demander l’utilité de systèmes en A/B ou l’installation de douzaines de boîtes dans tous les coins… Seule la présence de deux grappes de trois JM-1P Meyer, une par côté pour déboucher les gradins les plus extérieurs, surprend, par la manière plus franche et rentre-dedans de projeter le haut du spectre et une texture un peu plus dure de leur haut médium. Quelques dernières Kara iraient tellement bien !! Les premiers rangs ne sont pas oubliés grâce à six UPJ astucieusement cachées par un tissu acoustique. Bravo aussi pour la répartition du grave et de l’infra. Les trois rangs de subs fonctionnent bien et ajoutent aux quarante-huit têtes un peu de muscle de manière très naturelle. Quelques bruits de vent sur les DPA 4088 ont vite été jugulés par des coupe-bas plus serrés. Le seul inconvénient est que cela tend à décharner le rendu déjà sec et cristallin de ces bons capteurs qui restituent idéalement les passages parlés mais un peu moins bien le chant où l’assise d’un « large diaphragme » manque sur certaines voix. Très bel apport « Concert » de Stéphane Plisson avec ses savoureux penchants pour des voix maitrisées, un grave plein et des événements soulignant tel ou tel instrument ou passage de comédie en jouant avec les deux lignes de quatre dV utilisées en « élargisseurs » . La cohérence revendiquée entre parlé et chanté est bien réelle et comble l’écart que l’on ressent habituellement dans les musicaux entre ces deux phases. Chapeau enfin d’arriver à mixer tout là-haut sur un sol extrêmement sonore et jouant le rôle de membrane dans le bas. L’envie de tailler dans cette purée en piègerait plus d’un, moi le premier !!