Au-delà des découpes surgit le T11 Robe

A ces débuts, le cinéma s’empara des outils du théâtre, pour mieux les détourner. Plusieurs visionnaires, aidés par la manne financière du 7e art, ont transformé les Fresnel et Poursuites en pinceau de lumière. L’une de ces inventions conjointes entre salles obscures fut la découpe, aidée par un dispositif transformant radicalement le faisceau, imprimant des formes en jeux d’ombres.

Le gobo naissait dans les années 30, acronyme pour certain de ‘Goes Before Optic’. Cent ans plus tard cette découverte reste indétrônable dans l’éclairage, effet hypnotique que Robe met particulièrement en avant dans sa découpe revisitée, le T11.
Accrochés à son histoire, nous sommes allés au spectacle de son avant-première. Notre conteur se nomme Vincent Bouquet, directeur technique de Robe France.



Un lancement mondial à Paris, fut-il dû à l’absence de Robe au LDI de Las Vegas, est toujours encourageant pour la solidité de nos métiers du spectacle. C’est ainsi que fin novembre, après une introduction secrète au Plasa, la marque Tchèque a présenté officiellement son dernier projet, en avant-première mais mû de toutes ses caractéristiques.

La T11 est un projecteur hybride, à la fois fixe comme l’exigent quantité de théâtres, mais revisité à la sauce asservie par Robe. Suite au succès des T1 et T2, spots/profile dédiés aux planches des salles ou aux studios TV par la grâce de leur mélange couleur exclusif et leurs fonctions particulières, une forte demande vers des sources fixes en complément s’est fait sentir.
Pour cette première incursion, Robe est parti d’une page blanche, influencé par ses années d’expérience. Le résultat est un appareil innovant, bâti autour d’une lanterne fixe, au design très nettement inspiré de la gamme automatique avec ces contours ovoïdes sous une carapace de plastique. D’ailleurs c’est depuis le T1, qui a fourni nombre de pièces indispensables au T11, que furent développées l’optique et la source LED.

Acte 1, présentation de la découpe.

On retrouve ici la fameuse innovation ‘Transferable Engine’ pour ce moteur de Leds interchangeable de 350 watts. Sous le terme de Multi-Spectral Light se révèle une source 5 couleurs riche en Ambre et en Rouge pour s’aligner avec les teintes dorées du Tungstène. Du Bleu, du Vert et du Lime complètent cette Pentachromie au large spectre et à l’IRC magnifiant les blancs chauds.

Capable de parcourir la courbe de Planck de 2700 à 8000K, avec un maximum de flux à 3200K la source Led annonce une luminosité de 9500 lumens avec un pic d’IRC à 96, un excellent ratio consommation/puissance pour un mélange de leds. Ce bel exploit s’associe à une ventilation Pull-Push active, très silencieuse.

Avec un gabarit relativement compact de 15 kg, le T11 se décline en 3 modèles grâce à un changement rapide du train avant et sa lentille avec 4 vis quart de tour.
Les Fresnel et PC sont équipés de verre Fresnel ou Pebble, offrant une ouverture de 5 à 60°, tandis que la découpe s’équipe d’un caillou transparent, avec un débattement de 5 à 50°.
Très proche visuellement les uns des autres, ce triumvirat offre potentiellement les mêmes fonctionnalités ; zoom, focale, couteaux, iris voire porte-gobo ; même si Robe ne livrera pas cette dernière pièce aux acheteurs des T11 Fresnel ou PC (ce qui serait relativement inutile mais terriblement tentant).

Recouvert d’un polymère satiné, lui donnant de faux airs de lego, le T11 est un concentré de solidité au service des technologies de pointe. Avec ses épaisses poignées il se révèle maniable, malgré un nez un peu lourd. Bardé de repères pour les réglages, il garde aussi le principe d’un double train focal plus zoom, protégé par des filtres en brosse. Efficace, sa lyre est tout à fait standard, et une spéciale TV avec des axes réglables par perche sera proposée également.

Acte 2, les coulisses du T11.

Les 4 couteaux se cachent au cœur de la lanterne, avec le report des réglages sur 4 bras autour du corps de la découpe. Cette tringlerie mécanique permet l’utilisation de lames de couteau très fines avec un débattement très important, chaque couteau pouvant pivoter jusqu’au suivant. Les couteaux peuvent être verrouillés par pincement métallique grâce au loquet sur le côté.

Un espace pour insérer un frost suit, avec 2 modèles au choix de 1° et 5°. Le changement se fait en quelques secondes par une trappe située au-dessus et un blocage magnétique MagFrost. Idée géniale, le compartiment interne révèle un emplacement pour stocker les Frost ! Même soucis du détail avec le flight-case et ses mousses Robe prédécoupées, qui permet de recevoir la découpe avec les couteaux et iris sortis. Toute la gamme des T11 est d’ailleurs pourvue d’accessoires en options, comme des porte-gélatine, des volets, coupe flux et j’en oublie.

Le modèle Découpe est livré lui avec une cassette pote-gobo, et un gobo type ‘feuillage’. De tailles identiques à la lyre T1, un kit de 10 gobos divers existe en option. Un iris manuel peut éventuellement venir s’insérer à la place du gobo. Cerise sur le projo, un module spécial est proposé en supplément par Robe, pour injecter un peu de folies DMX dans sa découpe. Celui-ci concentre sur quelques centimètres un iris 14 lames, 3 gobos statiques et 2 gobos rotatifs, en DMX et tous interchangeables.

Acte 3, dans la lumière.

Cet ‘iGobo’ se glisse à l’intérieur de la découpe en un tour de main et se câble avec un simple connecteur. Le seul paramètre manuel reste la focale, pour le moment ! Cet amour du DMX se ressent dans les modes disponibles et les fonctionnalités présentes.

Pas moins de 8 gestions se bousculent, d’un seul canal utile à 28 (!), avec les différents mélanges de couleurs, correction de température, minus green, IRC macros et gestion de leds, sans compter le module de gobo et d’iris. A cela s’ajoute plusieurs brevets Robe, tel une fonction ‘RedShift’ pour simuler des lampes de 750 W à 2,5 kW, le contrôle du dimmer en 18 bits avec le L3 (Low Light Linearity) ou encore le DataSwatch et son choix de presets de couleurs et de correcteurs standards.

Ce n’est pas encore fini, les Tchèques ajoutent encore dans la corbeille les options CPulse pour des leds Flicker-Free ; le RCC, Robe Colour Calibration, une calibration parfaite des blancs et couleurs de 2700 à 8000K ; l’Epass, un switch actif hors courant en option, un filtre d’homogénéité des couleurs qui pourra être débrayé au besoin, du RDM, de l’ArtNet, du sACN, du DMX sans fil en option, et plus et plus et plus…

Il va falloir prendre le temps de lire la notice avant de démarrer, l’afficheur à l’arrière plus sobre que les habituels menus couleur Robe, avec 4 boutons et un écran discret demandant aussi un peu de réflexion. Mais au final l’utilisateur curieux découvrira un monde de possibilités, comme ce mode manuel avec l’utilisation des 4 encodeurs dédiés encadrant le menu pour modifier en direct l’intensité ou le CCT, avec mémorisation automatique et désactivation à la console au besoin.

Une présentation complète est prévue sur le Stand Robe Lighting pour le retour du Prolight+Sound en avril, au même moment que son lancement officiel.
Pour vous faire patienter, un clip dédié est disponible sur le site de Robe :

T11 Product Video from ROBE lighting on Vimeo.


Plus d’infos sur le site Robe Lighting France

 

Crédits - Texte Tristan Szylobryt - Vidéo Allison Cussigh

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